René Martel, vive la France Libre
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RTA_Oscarbob- Lt Colonel
- Nombre de messages : 12635
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Re: René Martel, vive la France Libre
Chapeau bas Harry
615sqn_Volta- Group Captain
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Localisation : Dans les cieux en Avion
Date d'inscription : 26/07/2006
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
- Nombre de messages : 12635
Localisation : (en bas à droite)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
bonjour je veu faire parti d'un escadron je suis un bleu je suis motiver.
Geist-Reither- USAAF Cadet
- Nombre de messages : 60
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Re: René Martel, vive la France Libre
Heu :face: Salut Tomahok
Peut-être devrais tu commencer par te présenter sur le forum général
Ensuite faire ton choix dans l'une des escadrilles du du GEFUV et pour finir, si tu remplis toutes les conditions (généralement rappelées sur les sites des escadrilles) t'inscrires.
Peut-être devrais tu commencer par te présenter sur le forum général
Ensuite faire ton choix dans l'une des escadrilles du du GEFUV et pour finir, si tu remplis toutes les conditions (généralement rappelées sur les sites des escadrilles) t'inscrires.
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
merci je je croi que j'ai un peux de difiqulter a trouver le forome principal mes votre sujet est trés intéressant je vous fout la paix merci
Geist-Reither- USAAF Cadet
- Nombre de messages : 60
Date d'inscription : 30/09/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
Tomahok, le forum principal est le "tripot de macao", c'est vrai qu'au début on sait pas trop où aller.
615sqn_Pyker- Squadron Leader
- Nombre de messages : 1502
Age : 56
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 02/01/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
pffffffoouuuu je vien de tout lire :study: :study: :study: cétrobo :geek:
ENCORE
ENCORE
615sqn_Devarenne- Flying Officer
- Nombre de messages : 2563
Age : 78
Localisation : Gergovi
Date d'inscription : 04/04/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
Bravo Harry et merci pour ces quelques heures passées à lire votre aventure au boulot, un bon moment de détente....
J'espère que tu penses à la suite et qu'on ne reste pas sur notre 'fin!!"
J'espère que tu penses à la suite et qu'on ne reste pas sur notre 'fin!!"
F/JG300_Jagermeister- Unterfeldwebel
- Nombre de messages : 173
Age : 53
Localisation : Strasbourg
Date d'inscription : 04/06/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
III/JG26_Jagermeister a écrit:Bravo Harry et merci pour ces quelques heures passées à lire votre aventure au boulot, un bon moment de détente....
J'espère que tu penses à la suite et qu'on ne reste pas sur notre 'fin!!"
A bas bravo..donne moi le n° de ton BOSS
Bon, si tu dis rien pour moi, je dit rien pour toi
Re: René Martel, vive la France Libre
- Sergeant Martel, je salue votre comportement exemplaire lors de la bataille d'Angleterre. Je suis heureux de vous nommer Pilot Officer, le sergent Louis Kierkegaard est quant à lui nommé Warrant Officer. Félicitation et bon vol à tous.
Le Vice-Air Marshall Freeman remonta le rang en serrant la main de tous les membres de l'escadrille. En ce mois de février 1941, le vent et la neige balayaient la base de Northolt du Nord au Sud, rendant pratiquement impossible un vol. Les pilotes alignés sur le tarmac, sentaient la neige coller dans le dos de leur vareuse en laine bleue et manière plus désagréable dans leur nuque. C'est soulagés qu'ils rompirent les rangs et filèrent au plus vite au mess où les attendaient une salle bien chauffée par un gros poêle ronflant et un excellent repas. En effet, les pilote du squadron 615 quittaient Northolt pour Manston et le départ de l'escadrille était fêté comme il se doit par le personnel des cuisines de la base. En effet, la conversion sur Hurricane MkIIb était à peine terminée, qu'une nouvelle affectation survenait pour le squadron 615. L'escadrille était maintenant commandée par Archy qui était passé Wing Commander. Flower avait passé squadron leader. Les pertes et ces nominations avaient permis à plusieurs pilotes d'obtenir de l'avancement. Cette mutation n'était pas sans intérêt. En effet, au bas de la lettre Martel avait lu avec un intérêt tout particulier le dernier paragraphe "... où vous serez formés sur le nouveau Spitfire MkV...". Cette phrase avait arraché une exclamation à Louis:
- Et bien mon vieux René, on dirait que l'on va enfin le piloter ce fameux Spitfire! Et une des dernières versions en plus! Les Fritz n'ont qu'à bien se tenir cette fois!
Le lendemain, après un réveil difficile, les membres du squadron 615 laissaient leur Hurricane MkII aux mains du squadron 22 et chargeaient dans les camions qui les conduisaient à la gare. Le fraîchement nommé Archibald Nowik pas peu fier de ses nouveaux galons ouvrant la marche à l'arrière d'une Austin officielle. La neige tombait de plus belle et recouvrait la route d'un épais tapis blanc et ouateux. L'Austin se dandinait un peu sur ses pneus étroits. Northolt était une petite ville de la banlieue Nord de Londres à quelques encablures de la campagne anglaise. De la gare, on pouvait voir au loin sous les nuages gris, quelques fermes ou habitations isolée emmitouflées dans un épais manteau de neige. Martel, enfonça sa nouvelle casquette plus bas sur la tête, remonta le col de sa vareuse et se frotta les mains avec un air satisfait.
- Regardez-moi ce paysage! C'est magnifique! On croirait une gravure américaine, vous savez comme celles de Walter Disney.
François Devarenne qui tapait du pied un peu en retrait haussa les épaules.
- Ouai, tu trouves que c'est beau toi! Moi je suis frigorifié! J'espère qu'il arrive bientôt le tortillard.
Emile Volta quant à lui humait profondément l'air frais.
- Moi je trouve qu'après ce que nous avons déjà vécu, c'est fantastiquement tonifiant et revitalisant cette météo... mais il me tarde de reprendre le combat.
Les sons étouffés provenait de la gare où maintenant arrivait cahin-caha un petit train à vapeur régional. La locomotive était vert foncé et les wagons marrons avec des inscriptions et des motifs dorés. Un chef de gare à l'uniforme chamarré avait nettoyé le quai qu moyen d'une large pelle en bois. Flegmatique, il regarda sa montre à gousset et invita les passagers à monter en voiture. S'agrippant aux balustrades en laiton poli, les pilotes s'installèrent tous dans les wagons de première classe car le convoi était presque vide. Situation qui ne déplut pas à René et Louis, leur évitant une situation gênante vis-à-vis de François et Emile qui étaient encore sous-officier et qui n'auraient pas pu partager leur compartiment. Les quatre compatriotes se laissèrent tomber dans d'épais sièges en velours vert. Les fenêtres étaient encadrées par des rideaux de la même couleur que les sièges. Une odeur de graisse chaude et d'enduit pour traverses de chemin de fer régnait à l'intérieur. A l'entrée de la voiture, un poêle à charbon maintenait une température agréable. Il était possible de chauffer un peu d'eau dans un récipient expressément prévu à cet effet et de se faire un thé, ce que ne se privèrent pas les quatre français, plus par curiosité que par intérêt pour la boisson chaude typiquement anglaise. Cela faisait maintenant deux mois qu'ils n'avaient plus combattu et l'action commençait de leur manquer. Ce n'était pas sans satisfaction qu'ils se rendaient sur les lieux de leur nouvelle affectation. Manston était à 190 km de Northolt et il leur faudrait au moins la journée pour rejoindre la base. Après s'être installés confortablement, Martel observait rêveur, les petites collines avoisinantes recouvertes d'un épais manteau blanc. La neige continuait de tomber de plus belle. Sortant son jeu de cartes, Louis se mis en quête de nouveaux joueurs à plumer. Il faut dire que même si à ce jour, ils n'avaient pas pu confondre leur compatriote, des gros soupçons de tricherie pesaient sur lui et ils avaient depuis longtemps abandonné l'idée de partager une partie avec lui. Aussi, Louis se mis à remonter le wagon haranguant ces camarades britanniques, canadiens ou néo-zélandais.
René Martel sortit de son sac un livre en français qu'il avait trouvé par hasard dans une boutique de Londres. Bercé par les tressautements du train, il s'endormit bientôt.
Deux heures plus tard, alors que la campagne britannique continuait de défiler devant leurs yeux. Louis revenu de sa partie s'essaya bruyamment.
Henri le dévisagea:
- Et ben quoi, tu fais une drôle de gueule Louis, 'a va pas?
- Ces foutus Néo-Zélandais... ils parlent tellement mal l'Anglais que j'ai rien compris à ce qu'ils se disaient... ils m'ont mis sur la paille.
René partit en éclat de rire.
- Et bien mon vieux, je vais être méchant certes, mais je ne me gênerais pas pour le dire... Avec tout ce que tu nous a piqué, c'est bien fait! Le plumeur plumé! Hahahaha!
Louis la tête engoncée dans le col de sa chemise maugréa:
- M'en fout, suis WO maintenant, j'aurais une meilleure solde...
Puis se retournant vers Volta:
- Emil.. heu un truc... j'ai quelques soucis financiers passagers...enfin tu vois quoi...
Volta impassible ne leva pas la tête de son journal.
- Mmh je te vois venir Louis... pas la peine d'insister c'est... non!
Kierkegaard insista:
- T'es pas correct Emile, tu oublies que je t'ai sauvé la vie ... au moins ... heu... deux fois.
Le nez toujours son journal Volta répondit.
- Oui je connais la rengaine, ça fait déjà trois fois que tu me la sors. Je ne marche plus... avec tout l'argent que tu me dois, tu peux encore me sauver la vie au minimum une bonne douzaine de fois.
Louis joua l'offusqué:
- Quoi? Une fortune mais je te dois juste 40 penny!
Toujours impassible, le doigt en l'air sur un signe de négation Volta le coupa:
- Que nenni camarade du Nord de la France, depuis qu'on est en Angleterre, ça va faire 68 pennies et 4 cents même... pour la cigarette de la semaine dernière. Il te faudra au moins 2 mois de solde pleine pour me rembourser et comme je n'ai pas le moindre espoir de voir un jour mon argent, ce n'est pas la peine d'insister mon petit Louis.
Résigné, le jeune français s'assied faisant mine d'ignorer ses camarades.
René l'interpella.
- Allez Louis fait pas cette gueule, ça devait bien t'arriver un jour hein? Allez vient boire un thé, tu te serreras la ceinture quelques semaines.
Kierkegaard quitta la banquette avec un gros soupir suivit Martel jusqu'à la bouilloire. Evitant de renverser l'eau chaude, il remplit leur deux mugs en porcelaine blanche.
A l'extérieur, la neige tombait de plus belle. René, s'était un peu penché en avant pour mieux voir le paysage.
- Regardes ça Louis, c'est pas magnifique. Si seulement on avait eu une pareille neige à Noël plutôt que ce mélange affreux de pluie, de neige mouillée et de brouillard.
Louis était appuyé contre le cadre de la porte de la voiture. Il répondit le ton bas.
- Ouai... ça me fout le bourdon plutôt. Ca me rappelle le pays. On a souvent de la neige comme ça chez moi. Derrière la maison, il y a un petit chemin qui descend de la forêt. Peu avant Noël, avec mon père et mes deux sœurs on allait chercher le sapin. On prenait toujours un beau grand sapin, si vous aviez vu les beaux sapins qu'on a dans cette forêt, des sapins rouges. Au retour, ma mère nous attendait avec du thé à la cannelle, au cumin et au sucre brun. Après on montait au grenier pour faire la décoration...j'ai la chance d'avoir fait partie d'une famille aisée et le 25 au matin, il y avait plein de cadeaux sous le sapin. Ca sentait bon les clous de girofle et le houx.
Il resta un moment silencieux les yeux dans le vague.
- Je me souviens pour mes 10 ans, mon père m'avait fait une luge. Elle était magnifique avec des patins en fer. Je filais comme le vent, j'étais le plus rapide... je ne me souviens comment je l'avais remercié... j'étais tellement heureux.
Il se retourna vers René, cachant avec peine son émotion.
- ... Tu vois René, j'ai tout eu dans ma jeunesse. Des parents qui m'aimaient et qui m'ont offert une bonne éducation. Je n'ai jamais eu faim ou froid. J'ai été dans les meilleures écoles ce qui m'a permis de rejoindre l'armée de l'air. J'ai eu des trucs que bien d'autres enfants m'enviaient et j'ai parfois l'impression de ne pas avoir été assez respectueux de tout ça. Aujourd'hui, je réalise dans cette situation où nos familles ne savent rien de nous que je n'ai pas été assez reconnaissant avec elle... Si au moins on pouvait leur laisser un message de réconfort.
René également pensif, répondit.
- Non ce n'est pas possible, c'est trop risqué pour eux. Il faut malheureusement rester discret. C'est notre destin Louis. Il nous faut survivre à tout prix, mais d'abord, il nous faudra s'investir pour libérer la France.. au prix de nos vies peut-être.
Volta qui les avait rejoint, sortit sa bourse.
- Tiens, je te file 20 pennies Louis. Je te les donne comme ça tu seras quitte de te demander comment me les rendre.
Il lui donna une tape amicale sur l'épaule et tout en allumant sa pire retourna à sa place.
Kierkegaard, le rattrapa.
- Non Volta, attends. Tiens ton argent, t'as raison je dois faire plus attention. Je te rendrais tes sous jusqu'au dernier centime.
Surpris Emile Volta resta un moment interdit.
- Bon ok, si tu veux. Mais bon, tu auras droit à mon offre qu'une seule fois. Pas la peine de venir me relancer dans 10 minutes.
François Devarenne extirpa de son sac une bouteille et quatre verres et rejoint ses trois camarades.
- Allez les gars, c'est de l'Armagnac, on va boire à nos familles, à la France et à nos futures Spitfire!
Il remplit les quatre verres.
René Martel leva son verre:
- A LA FRANCE LIBRE!
Le Vice-Air Marshall Freeman remonta le rang en serrant la main de tous les membres de l'escadrille. En ce mois de février 1941, le vent et la neige balayaient la base de Northolt du Nord au Sud, rendant pratiquement impossible un vol. Les pilotes alignés sur le tarmac, sentaient la neige coller dans le dos de leur vareuse en laine bleue et manière plus désagréable dans leur nuque. C'est soulagés qu'ils rompirent les rangs et filèrent au plus vite au mess où les attendaient une salle bien chauffée par un gros poêle ronflant et un excellent repas. En effet, les pilote du squadron 615 quittaient Northolt pour Manston et le départ de l'escadrille était fêté comme il se doit par le personnel des cuisines de la base. En effet, la conversion sur Hurricane MkIIb était à peine terminée, qu'une nouvelle affectation survenait pour le squadron 615. L'escadrille était maintenant commandée par Archy qui était passé Wing Commander. Flower avait passé squadron leader. Les pertes et ces nominations avaient permis à plusieurs pilotes d'obtenir de l'avancement. Cette mutation n'était pas sans intérêt. En effet, au bas de la lettre Martel avait lu avec un intérêt tout particulier le dernier paragraphe "... où vous serez formés sur le nouveau Spitfire MkV...". Cette phrase avait arraché une exclamation à Louis:
- Et bien mon vieux René, on dirait que l'on va enfin le piloter ce fameux Spitfire! Et une des dernières versions en plus! Les Fritz n'ont qu'à bien se tenir cette fois!
Le lendemain, après un réveil difficile, les membres du squadron 615 laissaient leur Hurricane MkII aux mains du squadron 22 et chargeaient dans les camions qui les conduisaient à la gare. Le fraîchement nommé Archibald Nowik pas peu fier de ses nouveaux galons ouvrant la marche à l'arrière d'une Austin officielle. La neige tombait de plus belle et recouvrait la route d'un épais tapis blanc et ouateux. L'Austin se dandinait un peu sur ses pneus étroits. Northolt était une petite ville de la banlieue Nord de Londres à quelques encablures de la campagne anglaise. De la gare, on pouvait voir au loin sous les nuages gris, quelques fermes ou habitations isolée emmitouflées dans un épais manteau de neige. Martel, enfonça sa nouvelle casquette plus bas sur la tête, remonta le col de sa vareuse et se frotta les mains avec un air satisfait.
- Regardez-moi ce paysage! C'est magnifique! On croirait une gravure américaine, vous savez comme celles de Walter Disney.
François Devarenne qui tapait du pied un peu en retrait haussa les épaules.
- Ouai, tu trouves que c'est beau toi! Moi je suis frigorifié! J'espère qu'il arrive bientôt le tortillard.
Emile Volta quant à lui humait profondément l'air frais.
- Moi je trouve qu'après ce que nous avons déjà vécu, c'est fantastiquement tonifiant et revitalisant cette météo... mais il me tarde de reprendre le combat.
Les sons étouffés provenait de la gare où maintenant arrivait cahin-caha un petit train à vapeur régional. La locomotive était vert foncé et les wagons marrons avec des inscriptions et des motifs dorés. Un chef de gare à l'uniforme chamarré avait nettoyé le quai qu moyen d'une large pelle en bois. Flegmatique, il regarda sa montre à gousset et invita les passagers à monter en voiture. S'agrippant aux balustrades en laiton poli, les pilotes s'installèrent tous dans les wagons de première classe car le convoi était presque vide. Situation qui ne déplut pas à René et Louis, leur évitant une situation gênante vis-à-vis de François et Emile qui étaient encore sous-officier et qui n'auraient pas pu partager leur compartiment. Les quatre compatriotes se laissèrent tomber dans d'épais sièges en velours vert. Les fenêtres étaient encadrées par des rideaux de la même couleur que les sièges. Une odeur de graisse chaude et d'enduit pour traverses de chemin de fer régnait à l'intérieur. A l'entrée de la voiture, un poêle à charbon maintenait une température agréable. Il était possible de chauffer un peu d'eau dans un récipient expressément prévu à cet effet et de se faire un thé, ce que ne se privèrent pas les quatre français, plus par curiosité que par intérêt pour la boisson chaude typiquement anglaise. Cela faisait maintenant deux mois qu'ils n'avaient plus combattu et l'action commençait de leur manquer. Ce n'était pas sans satisfaction qu'ils se rendaient sur les lieux de leur nouvelle affectation. Manston était à 190 km de Northolt et il leur faudrait au moins la journée pour rejoindre la base. Après s'être installés confortablement, Martel observait rêveur, les petites collines avoisinantes recouvertes d'un épais manteau blanc. La neige continuait de tomber de plus belle. Sortant son jeu de cartes, Louis se mis en quête de nouveaux joueurs à plumer. Il faut dire que même si à ce jour, ils n'avaient pas pu confondre leur compatriote, des gros soupçons de tricherie pesaient sur lui et ils avaient depuis longtemps abandonné l'idée de partager une partie avec lui. Aussi, Louis se mis à remonter le wagon haranguant ces camarades britanniques, canadiens ou néo-zélandais.
René Martel sortit de son sac un livre en français qu'il avait trouvé par hasard dans une boutique de Londres. Bercé par les tressautements du train, il s'endormit bientôt.
Deux heures plus tard, alors que la campagne britannique continuait de défiler devant leurs yeux. Louis revenu de sa partie s'essaya bruyamment.
Henri le dévisagea:
- Et ben quoi, tu fais une drôle de gueule Louis, 'a va pas?
- Ces foutus Néo-Zélandais... ils parlent tellement mal l'Anglais que j'ai rien compris à ce qu'ils se disaient... ils m'ont mis sur la paille.
René partit en éclat de rire.
- Et bien mon vieux, je vais être méchant certes, mais je ne me gênerais pas pour le dire... Avec tout ce que tu nous a piqué, c'est bien fait! Le plumeur plumé! Hahahaha!
Louis la tête engoncée dans le col de sa chemise maugréa:
- M'en fout, suis WO maintenant, j'aurais une meilleure solde...
Puis se retournant vers Volta:
- Emil.. heu un truc... j'ai quelques soucis financiers passagers...enfin tu vois quoi...
Volta impassible ne leva pas la tête de son journal.
- Mmh je te vois venir Louis... pas la peine d'insister c'est... non!
Kierkegaard insista:
- T'es pas correct Emile, tu oublies que je t'ai sauvé la vie ... au moins ... heu... deux fois.
Le nez toujours son journal Volta répondit.
- Oui je connais la rengaine, ça fait déjà trois fois que tu me la sors. Je ne marche plus... avec tout l'argent que tu me dois, tu peux encore me sauver la vie au minimum une bonne douzaine de fois.
Louis joua l'offusqué:
- Quoi? Une fortune mais je te dois juste 40 penny!
Toujours impassible, le doigt en l'air sur un signe de négation Volta le coupa:
- Que nenni camarade du Nord de la France, depuis qu'on est en Angleterre, ça va faire 68 pennies et 4 cents même... pour la cigarette de la semaine dernière. Il te faudra au moins 2 mois de solde pleine pour me rembourser et comme je n'ai pas le moindre espoir de voir un jour mon argent, ce n'est pas la peine d'insister mon petit Louis.
Résigné, le jeune français s'assied faisant mine d'ignorer ses camarades.
René l'interpella.
- Allez Louis fait pas cette gueule, ça devait bien t'arriver un jour hein? Allez vient boire un thé, tu te serreras la ceinture quelques semaines.
Kierkegaard quitta la banquette avec un gros soupir suivit Martel jusqu'à la bouilloire. Evitant de renverser l'eau chaude, il remplit leur deux mugs en porcelaine blanche.
A l'extérieur, la neige tombait de plus belle. René, s'était un peu penché en avant pour mieux voir le paysage.
- Regardes ça Louis, c'est pas magnifique. Si seulement on avait eu une pareille neige à Noël plutôt que ce mélange affreux de pluie, de neige mouillée et de brouillard.
Louis était appuyé contre le cadre de la porte de la voiture. Il répondit le ton bas.
- Ouai... ça me fout le bourdon plutôt. Ca me rappelle le pays. On a souvent de la neige comme ça chez moi. Derrière la maison, il y a un petit chemin qui descend de la forêt. Peu avant Noël, avec mon père et mes deux sœurs on allait chercher le sapin. On prenait toujours un beau grand sapin, si vous aviez vu les beaux sapins qu'on a dans cette forêt, des sapins rouges. Au retour, ma mère nous attendait avec du thé à la cannelle, au cumin et au sucre brun. Après on montait au grenier pour faire la décoration...j'ai la chance d'avoir fait partie d'une famille aisée et le 25 au matin, il y avait plein de cadeaux sous le sapin. Ca sentait bon les clous de girofle et le houx.
Il resta un moment silencieux les yeux dans le vague.
- Je me souviens pour mes 10 ans, mon père m'avait fait une luge. Elle était magnifique avec des patins en fer. Je filais comme le vent, j'étais le plus rapide... je ne me souviens comment je l'avais remercié... j'étais tellement heureux.
Il se retourna vers René, cachant avec peine son émotion.
- ... Tu vois René, j'ai tout eu dans ma jeunesse. Des parents qui m'aimaient et qui m'ont offert une bonne éducation. Je n'ai jamais eu faim ou froid. J'ai été dans les meilleures écoles ce qui m'a permis de rejoindre l'armée de l'air. J'ai eu des trucs que bien d'autres enfants m'enviaient et j'ai parfois l'impression de ne pas avoir été assez respectueux de tout ça. Aujourd'hui, je réalise dans cette situation où nos familles ne savent rien de nous que je n'ai pas été assez reconnaissant avec elle... Si au moins on pouvait leur laisser un message de réconfort.
René également pensif, répondit.
- Non ce n'est pas possible, c'est trop risqué pour eux. Il faut malheureusement rester discret. C'est notre destin Louis. Il nous faut survivre à tout prix, mais d'abord, il nous faudra s'investir pour libérer la France.. au prix de nos vies peut-être.
Volta qui les avait rejoint, sortit sa bourse.
- Tiens, je te file 20 pennies Louis. Je te les donne comme ça tu seras quitte de te demander comment me les rendre.
Il lui donna une tape amicale sur l'épaule et tout en allumant sa pire retourna à sa place.
Kierkegaard, le rattrapa.
- Non Volta, attends. Tiens ton argent, t'as raison je dois faire plus attention. Je te rendrais tes sous jusqu'au dernier centime.
Surpris Emile Volta resta un moment interdit.
- Bon ok, si tu veux. Mais bon, tu auras droit à mon offre qu'une seule fois. Pas la peine de venir me relancer dans 10 minutes.
François Devarenne extirpa de son sac une bouteille et quatre verres et rejoint ses trois camarades.
- Allez les gars, c'est de l'Armagnac, on va boire à nos familles, à la France et à nos futures Spitfire!
Il remplit les quatre verres.
René Martel leva son verre:
- A LA FRANCE LIBRE!
Dernière édition par le Mer 2 Jan 2008 - 16:17, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Le train dû faire deux arrêts avant la gare de Manston. Le soir tombait, dans les wagons, le couvre feu interdisait aux passagers d'allumer la lumière. La neige tombait toujours, emportée par des bourrasques de vent sifflant entre les bâtiments gris et sales de la banlieue d'une quelconque ville anglaise. Le convoi ferroviaire venait de s'arrêter pour la deuxième fois et les quatre pilotes français avaient quitté leur place, tapant du pied sur le ballast. Plongée dans le noir, la ville était lugubre. Très haut dans le ciel le bourdonnement sourd d'un raid de bombardiers parvenait à leurs oreilles. De temps à autre, l'aboiement ouaté par la neige des pièces lourdes de DCA raisonnait. René frissonna, après avoir remonté le col de sa vareuse, il se décida à rejoindre la voiture où l'attendait un thé. Sur la plate-forme, il se secoua pour faire tomber la neige et après avoir tapé ses chaussures pénétra dans le wagon. Enserrant la tasse des deux mains, il laissa le contenu le réchauffer, sirotant à petites gorgées le breuvage.
Le train finit par repartir et une vingtaine de minutes plus tard, il arrivait enfin à destination. Fatigués par leur long voyage les pilotes du squadron 615 s'approchèrent d'un adjudant qui les cherchaient en criant.
- Touuus les pilotes du squadron 615 se réunissent ici!
Ils s'entassèrent pèle-mêle avec leur matériel sur le pont d'un camion qui prit la route quelques minutes plus tard. La neige avait cessé de tomber et les roues du poids-lourd faisaient crisser la neige fraîche sur la route non dégagée. Un froid intense avait remplacé les chutes de neige. Volta s'appliqua à fermer comme il faut la bâche du camion pour empêcher les courants d'air glacials de pénétrer sur le pont.
Après trente minutes le camion se présenta à l'entrée de la base. Les formalités d'usage passées, le lourd véhicule s'immobilisa devant un bâtiment d'où filtraient de minces raies de lumière au travers des persiennes.
Le groupe de pilotes dont faisaient partie les 6 Français, déchargea ses affaires du camion et pénétra en file indienne dans le bâtiment en question qui s'avéra être le bureau principal de la base. Le bureau était faiblement éclairé par une lampe en cuivre, cela sentait la paraffine et le charbon provenant du poêle dans un coin de la pièce. Au fond de la salle était accroché un tableau avec le nom de toutes les escadrilles basées à Manston avec en dessous de longues liste de noms. Tout à droite, on pouvait y lire "Squadron 615". D'un coup de coude, Louis Kierkegaard le montra à ses camarades.
- Là les gars... vous avez vu on nous attend... le nom de notre escadrille est inscrit sous Fighter Squadron.
Il rayonnait!
- Bientôt nous serons devant! Les meilleurs c'est nous!
René sourit, sacré Louis toujours optimiste!
Un officier de renseignements le visage blafard et les traits tirés, contrôla rapidement leurs papiers et vérifia leurs noms sur sa liste. Il remit à chacun un ordre de mission accompagné d'un jeu de clefs en leur indiquant le numéro de leur cantonnement ainsi que l'emplacement des diverses servitudes de la base. En quittant le bureau, René Martel s'immobilisa quelques instants devant la porte pour attendre ses camarades. Restant silencieux dans la nuit froide, il tenta de percer du regard les ténèbres. Après que son regard se soit adapté à la pénombre, il s'aperçut que Manston était bien plus important que Northolt ou Tangmere. Dans la nuit, il pouvait deviner de nombreux hangars ainsi que l'ombre indistincte de gros appareils multimoteurs qui semblaient en attente. Bientôt, Kierkegaard, Fabien, Devarenne et Volta le rejoignirent. Ils étaient fatigués et cheminaient silencieusement. Finalement, c'est Kierkegaard qui brisa le silence
- Vous avez déjà remarqué les gars, les Anglais semblent toujours faire la gueule. c'est vrai quoi, vous en avez déjà vu souvent sourire vous? Non franchement quand on voit la tronche de l'Officier de renseignements qui nous a reçu, il y a de quoi s'inquiéter. On a l'impression que les boches sont à nos portes!
René Martel répondit silencieusement:
- N'empêche Louis... la guerre n'est de loin pas finie et actuellement, j'ai l'impression que les Anglais font surtout de la figuration. Il faudra autre chose que des raids de 6 Blenheim sur le Havre ou St-Malo pour chasser les Allemands de notre pays.
Ils étaient arrivés devant la grille d'accès aux cantonnements, ils furent reçu par un soldat de garde.
René en profita pour demander ce que faisaient les avions en attente au bord de la piste.
- Ce sont des chasseurs de nuit Sir, les Havoc du Squadron 85 commandés par Sir Townsend, ils sont en alertes, mais avec une météo pareille, ça m'étonnerait qu'ils aient à intervenir cette nuit.
René fut heureux d'apprendre qu'ils allaient partager la vie de son ancienne escadrille. Il se promit d'aller voir Peter Townsend dès que l'occasion se présenterait.
Il découvrit enfin sa cabane. Son grade et son nom étaient inscrit sur la porte.
- Les Américains!
Volta qui avait le cantonnement contigu au sien, avait formulé ces deux mots tout en époussetant sa longue gabardine de laine bleu-gris. Martel fronça les sourcils:
- Comment...
Volta le fixa dans la nuit.
- Je dis:; "Les Américains"... seule leur aide pourra nous aider à remporter la victoire finale. Ils ont une industrie très puissante, capable de produire des milliers d'avions et de former des milliers de pilotes... bonne nuit René... à demain.
Il lui fit un clin d'œil et pénétra dans sa chambre.
René en fit de même. La pièce plongée dans le noir était humide, il s'empressa d'allumer la lampe à pétrole. Dans la lumière diffuse, il jeta un regard circulaire, elle n'était pas très grande. Un lit, une armoire, une table et deux chaises en composaient le mobilier. Dans un coin, au pied de son lit, se trouvaient le traditionnel poêle en fonte grise et son tube d'évacuation en tôle traversant la paroi ainsi que la caisse renfermant le charbon et le nécessaire d'allumage composé d'une boîte d'allumettes et d'un récipient contenant un mélange infâme d'un liquide dégageant une forte odeur de pétrole lampé. Il alluma son poêle en prenant soin de bien laisser la trappe d'accès ouverte pour améliorer le tirage. Il entrouvrit la porte et la fenêtre afin d'évacuer la fumée nauséabonde qui se répandait et dès que le feu lui sembla intense, il referma trappe, porte et fenêtre. Une dizaine de minutes plus tard, il put enfin profiter d'une faible chaleur. Il vida son sac à effets et rangea dans son armoire son uniforme de sortie, son Irving Jacket et sa tenue de vol. Il déposa ses bottes devant le fourneau. Assis sur son lit, il se déshabilla et fourbu, s'allongea sous les draps de lin recouverts par deux épaisses couvertures de laine brune avant de s'endormir dans un sommeil profond.
Le lendemain, à l'aube, il se rendit avec les pilotes de l'escadrille dans une énorme cantine pour y prendre son breakfast. Il y avait également les équipages des chasseurs de nuit terminant leur tour de garde. Les traits tirés par la fatigue, après un faible salut, ils mangeaient machinalement, ne rêvant certainement que d'une chose; rejoindre au plus vite leur lit. Les pilotes du squadron 615 avaient rendez-vous au hangar 15 à 07h00 et il fallait traverser la base pour s'y rendre, Martel et ses camarades se dépêchèrent donc de finir leur thé brûlant et quittèrent le mess d'un bon pas. La neige tombait toujours et des camions pourvus de grandes lames effectuaient une ronde incessante sur les portions bétonnées pour dégager au mieux la piste et les voies d'accès. Ils passèrent à proximité des Havoc du squadron 85 et René sourit à la vue des gros VY peint sur les flancs des gros chasseurs de nuit. Kierkegaard grommela
- Et ben merde alors, j'en voudrais pas de leurs camions, t'as vu ces bahuts, heureusement qu'on nous a muté avant d'être converti là dessus...
Il faisait trop froid pour répondre. Le nez caché derrière une grosse écharpe de laine bleue foncée, les mains enfoncées profondément dans les poches de leur lourde Irving Jacket, les pilotes arrivèrent enfin au hangar en question. A l'intérieur du bâtiment en tôle, deux Spitfire au camouflage gris deux tons, tranchant avec le vert et brun qui revêtaient habituellement les chasseurs de la RAF étaient stationnés devant un grand tableau noir. Un officier supérieur accompagné d'un adjudant instructeur les attendaient. L'officier supérieur pris la parole.
- Messieurs, je vous présente l'adjudant Boscomb, c'est lui qui supervisera votre instruction. Votre conversion sur le Spitfire MkV sera de courte durée... en effet, nous sommes devant une situation qui ne nous permets pas de convertir les unités volant actuellement sur Spitfire MkII, qui sont trop précieuses pour la défense du territoire et pour la protection de nos bombardiers rapides. C'est pourquoi nous avons choisis des escadrilles qui étaient en deuxième ligne comme la vôtre pour être converties sur le nouveau Spitfire. Je sais qu'il vous tarde d'essayer ce nouvel appareil, dont les performances semblent vraiment intéressantes, je peux vous rassurer... nous aussi, nous sommes pressés de le mettre en ligne. Cela dépendra de vous maintenant! Si vous êtes bons ça ira vite et je pense que dans trois, voir quatre semaines maximums, vous devriez être opérationnels!
Le train finit par repartir et une vingtaine de minutes plus tard, il arrivait enfin à destination. Fatigués par leur long voyage les pilotes du squadron 615 s'approchèrent d'un adjudant qui les cherchaient en criant.
- Touuus les pilotes du squadron 615 se réunissent ici!
Ils s'entassèrent pèle-mêle avec leur matériel sur le pont d'un camion qui prit la route quelques minutes plus tard. La neige avait cessé de tomber et les roues du poids-lourd faisaient crisser la neige fraîche sur la route non dégagée. Un froid intense avait remplacé les chutes de neige. Volta s'appliqua à fermer comme il faut la bâche du camion pour empêcher les courants d'air glacials de pénétrer sur le pont.
Après trente minutes le camion se présenta à l'entrée de la base. Les formalités d'usage passées, le lourd véhicule s'immobilisa devant un bâtiment d'où filtraient de minces raies de lumière au travers des persiennes.
Le groupe de pilotes dont faisaient partie les 6 Français, déchargea ses affaires du camion et pénétra en file indienne dans le bâtiment en question qui s'avéra être le bureau principal de la base. Le bureau était faiblement éclairé par une lampe en cuivre, cela sentait la paraffine et le charbon provenant du poêle dans un coin de la pièce. Au fond de la salle était accroché un tableau avec le nom de toutes les escadrilles basées à Manston avec en dessous de longues liste de noms. Tout à droite, on pouvait y lire "Squadron 615". D'un coup de coude, Louis Kierkegaard le montra à ses camarades.
- Là les gars... vous avez vu on nous attend... le nom de notre escadrille est inscrit sous Fighter Squadron.
Il rayonnait!
- Bientôt nous serons devant! Les meilleurs c'est nous!
René sourit, sacré Louis toujours optimiste!
Un officier de renseignements le visage blafard et les traits tirés, contrôla rapidement leurs papiers et vérifia leurs noms sur sa liste. Il remit à chacun un ordre de mission accompagné d'un jeu de clefs en leur indiquant le numéro de leur cantonnement ainsi que l'emplacement des diverses servitudes de la base. En quittant le bureau, René Martel s'immobilisa quelques instants devant la porte pour attendre ses camarades. Restant silencieux dans la nuit froide, il tenta de percer du regard les ténèbres. Après que son regard se soit adapté à la pénombre, il s'aperçut que Manston était bien plus important que Northolt ou Tangmere. Dans la nuit, il pouvait deviner de nombreux hangars ainsi que l'ombre indistincte de gros appareils multimoteurs qui semblaient en attente. Bientôt, Kierkegaard, Fabien, Devarenne et Volta le rejoignirent. Ils étaient fatigués et cheminaient silencieusement. Finalement, c'est Kierkegaard qui brisa le silence
- Vous avez déjà remarqué les gars, les Anglais semblent toujours faire la gueule. c'est vrai quoi, vous en avez déjà vu souvent sourire vous? Non franchement quand on voit la tronche de l'Officier de renseignements qui nous a reçu, il y a de quoi s'inquiéter. On a l'impression que les boches sont à nos portes!
René Martel répondit silencieusement:
- N'empêche Louis... la guerre n'est de loin pas finie et actuellement, j'ai l'impression que les Anglais font surtout de la figuration. Il faudra autre chose que des raids de 6 Blenheim sur le Havre ou St-Malo pour chasser les Allemands de notre pays.
Ils étaient arrivés devant la grille d'accès aux cantonnements, ils furent reçu par un soldat de garde.
René en profita pour demander ce que faisaient les avions en attente au bord de la piste.
- Ce sont des chasseurs de nuit Sir, les Havoc du Squadron 85 commandés par Sir Townsend, ils sont en alertes, mais avec une météo pareille, ça m'étonnerait qu'ils aient à intervenir cette nuit.
René fut heureux d'apprendre qu'ils allaient partager la vie de son ancienne escadrille. Il se promit d'aller voir Peter Townsend dès que l'occasion se présenterait.
Il découvrit enfin sa cabane. Son grade et son nom étaient inscrit sur la porte.
- Les Américains!
Volta qui avait le cantonnement contigu au sien, avait formulé ces deux mots tout en époussetant sa longue gabardine de laine bleu-gris. Martel fronça les sourcils:
- Comment...
Volta le fixa dans la nuit.
- Je dis:; "Les Américains"... seule leur aide pourra nous aider à remporter la victoire finale. Ils ont une industrie très puissante, capable de produire des milliers d'avions et de former des milliers de pilotes... bonne nuit René... à demain.
Il lui fit un clin d'œil et pénétra dans sa chambre.
René en fit de même. La pièce plongée dans le noir était humide, il s'empressa d'allumer la lampe à pétrole. Dans la lumière diffuse, il jeta un regard circulaire, elle n'était pas très grande. Un lit, une armoire, une table et deux chaises en composaient le mobilier. Dans un coin, au pied de son lit, se trouvaient le traditionnel poêle en fonte grise et son tube d'évacuation en tôle traversant la paroi ainsi que la caisse renfermant le charbon et le nécessaire d'allumage composé d'une boîte d'allumettes et d'un récipient contenant un mélange infâme d'un liquide dégageant une forte odeur de pétrole lampé. Il alluma son poêle en prenant soin de bien laisser la trappe d'accès ouverte pour améliorer le tirage. Il entrouvrit la porte et la fenêtre afin d'évacuer la fumée nauséabonde qui se répandait et dès que le feu lui sembla intense, il referma trappe, porte et fenêtre. Une dizaine de minutes plus tard, il put enfin profiter d'une faible chaleur. Il vida son sac à effets et rangea dans son armoire son uniforme de sortie, son Irving Jacket et sa tenue de vol. Il déposa ses bottes devant le fourneau. Assis sur son lit, il se déshabilla et fourbu, s'allongea sous les draps de lin recouverts par deux épaisses couvertures de laine brune avant de s'endormir dans un sommeil profond.
Le lendemain, à l'aube, il se rendit avec les pilotes de l'escadrille dans une énorme cantine pour y prendre son breakfast. Il y avait également les équipages des chasseurs de nuit terminant leur tour de garde. Les traits tirés par la fatigue, après un faible salut, ils mangeaient machinalement, ne rêvant certainement que d'une chose; rejoindre au plus vite leur lit. Les pilotes du squadron 615 avaient rendez-vous au hangar 15 à 07h00 et il fallait traverser la base pour s'y rendre, Martel et ses camarades se dépêchèrent donc de finir leur thé brûlant et quittèrent le mess d'un bon pas. La neige tombait toujours et des camions pourvus de grandes lames effectuaient une ronde incessante sur les portions bétonnées pour dégager au mieux la piste et les voies d'accès. Ils passèrent à proximité des Havoc du squadron 85 et René sourit à la vue des gros VY peint sur les flancs des gros chasseurs de nuit. Kierkegaard grommela
- Et ben merde alors, j'en voudrais pas de leurs camions, t'as vu ces bahuts, heureusement qu'on nous a muté avant d'être converti là dessus...
Il faisait trop froid pour répondre. Le nez caché derrière une grosse écharpe de laine bleue foncée, les mains enfoncées profondément dans les poches de leur lourde Irving Jacket, les pilotes arrivèrent enfin au hangar en question. A l'intérieur du bâtiment en tôle, deux Spitfire au camouflage gris deux tons, tranchant avec le vert et brun qui revêtaient habituellement les chasseurs de la RAF étaient stationnés devant un grand tableau noir. Un officier supérieur accompagné d'un adjudant instructeur les attendaient. L'officier supérieur pris la parole.
- Messieurs, je vous présente l'adjudant Boscomb, c'est lui qui supervisera votre instruction. Votre conversion sur le Spitfire MkV sera de courte durée... en effet, nous sommes devant une situation qui ne nous permets pas de convertir les unités volant actuellement sur Spitfire MkII, qui sont trop précieuses pour la défense du territoire et pour la protection de nos bombardiers rapides. C'est pourquoi nous avons choisis des escadrilles qui étaient en deuxième ligne comme la vôtre pour être converties sur le nouveau Spitfire. Je sais qu'il vous tarde d'essayer ce nouvel appareil, dont les performances semblent vraiment intéressantes, je peux vous rassurer... nous aussi, nous sommes pressés de le mettre en ligne. Cela dépendra de vous maintenant! Si vous êtes bons ça ira vite et je pense que dans trois, voir quatre semaines maximums, vous devriez être opérationnels!
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615sqn_Harry- Wing Commander
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Re: René Martel, vive la France Libre
Cinq jours plus tard, après de longues heures passées dans les salles de théorie, les pilotes du squadron 615 étaient remontés à bloc. Dehors, les nuages gris avaient laissé place à un soleil éclatant. Devant le hangars 15, les mécaniciens s'affairent autour des deux Spitfire MkVb, Trépignant d'impatience, René Martel qui avait l'honneur d'être le premier à voler aux commandes du magnifique chasseur, s'équipait. Louis l'aidait.
- Ca y est René! on l'a notre Spitfire! Vas-y...
Il donna un tape sur l'épaule de son camarade.
René, la gorge serrée, grimpa sur l'aile et s'installa dans le cockpit. Celui-ci était beaucoup plus étroit que celui du Hurricane. Sur l'anneau du manche, deux boutons, celui contre lui commandait les deux canons de 20mm et l'autre à l'opposé, actionné par l'index, déclenchait le feu des 4 mitrailleuses de calibre .30. Bien sanglé dans le siège, Le Flying Officer Martel écoutait les dernières instruction de l'adjudant Boscomb.
-... tenez le bien en ligne au roulage.. mettez les gaz progressivement... et une fois en l'air attendez d'avoir atteint au moins 120 nœuds avant de virer. Montez à 15000 pieds maximum. Interdiction d'utiliser la surpuissance. Allez jusqu'à Preston et revenez. Evitez Canterbury, les gars de la DCA ont la détente facile. Interdiction formelle de vous diriger vers le Sud où la côte. Interdiction également d'engager un avion ennemi, à moins que ce soit pour vous défendre. C'est Ok? Alors bon vol!
Et le hood en perpex se referma sur sa tête. La procédure de mise en marche étant la même que sur le Hurricane, bientôt le moteur Merlin s'ébroua. Par rapport au Hawker, le bruit était beaucoup plus présent dans l'habitacle. A chaque sollicitation sur la manette des gaz, le moteur répondait avec agilité. Les coudes serrés contre le torse, Martel mit en mouvement le Spitfire sur le taxiway, dandinant à droite et à gauche un peu maladroitement pour voir la piste. Enfin la large bande bétonnée de la piste "C" se profila devant lui. Le cœur battant à tout rompre, René demanda l'autorisation de décoller. La réponse lui parvint aux oreilles comme dans un rêve. Le Merlin se mit à vrombir et rapidement la queue du chasseur quitta le sol. Boscomb l'avait averti, l'avion était nerveux et avait tendance à louvoyer. Il fallait corriger par petites pressions sur le palonnier, ce que s'efforça de faire Martel. Bientôt les roues quittèrent la piste, et René avança progressivement la manette des gaz. Dans un fantastique rugissement, le Spitfire bondit dans le ciel lumineux. Collé au dossier de son siège, le souffle saccadé, le pilote français se demandait s'il rêvait, quelle puissance! La terre s'éloignait rapidement et il accentua le taux de montée. C'est à peine si la vitesse baissa de quelques nœuds. 180 nœuds, il vira légèrement sur la droite et pris le cap de Preston. Le Spitfire montait toujours. 8000 pieds, le pilote français mit le Spitfire en palier. Il essaya un virage serré. Sans broncher, le chasseur passa sur la tranche et le pilote dû donner du manche pour éviter le voile noir. Il tenta un "split S" et d'autres manœuvres encore et encore! Les tonneaux déclenchés et les boucles se succédaient à un rythme effrénés. Le Spitfire répondait à chaque sollicitation des gaz dans un bruit rageur, des aigrettes de condensation au bout des saumons d'ailes.
Les yeux perlés de larmes de joie, la tête dans les nuages, René Martel découvrait avec un bonheur infini que la machine faisait tout ce qu'elle lui demandait.
- Poussin de grande maison... vous nous recevez? Votre position!
René en avait oublié de communiquer avec la base.
- Ici Poussin, tout se passe bien... c'est... c'est formidable...
Se ressaisissant, il s'efforça de maîtriser sa voix.
- Heu.. ici Poussin. Je n'ai pas encore fait le test d'altitude, je monte et je rentre.
A nouveau, le Merlin sollicité à fond grimpait vers l'azur. Rien ne semblait arrêter le Spitfire. ce n'est qu'à 22'000 pieds, bien au-delà de l'altitude autorisée, que le moteur commença de montrer des signes de faiblesse.
René bascula gentiment le chasseur sur un virage gauche et un oeil sur le radio compas, prit le cap de Manston. Plein gaz le chasseur britannique pris de la vitesse et Martel s'offrit une boucle de plus. Il coupa sa radio et hurla.
- Yaaaaouuuuuu! Je suis le maître du ciel! je suis un oiseau!
Au loin, de l'autre côté de la Manche apparaissait la côte française...
René la regarda avec mélancolie et réenclencha sa radio.
Bientôt il l'a survolera et malheur à celui qui se mettra en travers de son chemin!
La séquence d'atterrissage fut sujette à quelques émotions. Martel, obnubilé par la facilité de pilotage du Spitfire faillit oublier les quelques prescriptions et fit son approche trop lentement. Une fusée rouge montant vers le ciel le rappela à l'ordre. Martel remis les gaz, fit un passage dans le rugissement du Merlin et fit son approche en respectant tous les points. En touchant la piste l'appareil fit un petit rebond.
Lorsqu'il quitta l'avion, les jambes tremblantes, il eut de la peine à tenir debout. C'est le visage lumineux qu'il s'approcha de ses camarades. L'adjudant le sermonna pour son approche ratée, mais rien n'y faisait. René Martel, pilote des FAFL venait de vivre le moment le plus intense de sa vie et rien ne lui enlèverait son sourire. Boscomb finit par lui donner une tape amicale sur l'épaule.
- Et bien Sir.. on dirait que cette expérience a été bénéfique pour votre moral n'est-ce pas?
- Vous ne pouvez pas savoir adjudant, c'est du cristal de roche cet avion. La 8ème merveille du monde. Non mais quand vous sortez d'un Hurricane et que vous montez la dedans, c'est... c'est incroyable ...
Ses camarades qui le regardaient un peu interloqués!
- Boscomb, mettez-nous vite opérationnels! Demain... demain je pars affronter la Luftwaffe tout seul!
Le visage de l'instructeur se renfrogna quelque peu.
- Ne vous leurrez pas Martel, les Allemands ont également fait des progrès importants et leurs chasseurs restent redoutables malgré tout.
Il monta sur l'aile et jeta un oeil au tableau de bord.
- Bien Martel, vous avez résisté à l'envie d'utiliser la surpuissance.
Il regarda le groupe des pilotes prêts à monter dans l'avion.
- Allez au suivant, Sergeant Devarenne, c'est votre tour.
- Ca y est René! on l'a notre Spitfire! Vas-y...
Il donna un tape sur l'épaule de son camarade.
René, la gorge serrée, grimpa sur l'aile et s'installa dans le cockpit. Celui-ci était beaucoup plus étroit que celui du Hurricane. Sur l'anneau du manche, deux boutons, celui contre lui commandait les deux canons de 20mm et l'autre à l'opposé, actionné par l'index, déclenchait le feu des 4 mitrailleuses de calibre .30. Bien sanglé dans le siège, Le Flying Officer Martel écoutait les dernières instruction de l'adjudant Boscomb.
-... tenez le bien en ligne au roulage.. mettez les gaz progressivement... et une fois en l'air attendez d'avoir atteint au moins 120 nœuds avant de virer. Montez à 15000 pieds maximum. Interdiction d'utiliser la surpuissance. Allez jusqu'à Preston et revenez. Evitez Canterbury, les gars de la DCA ont la détente facile. Interdiction formelle de vous diriger vers le Sud où la côte. Interdiction également d'engager un avion ennemi, à moins que ce soit pour vous défendre. C'est Ok? Alors bon vol!
Et le hood en perpex se referma sur sa tête. La procédure de mise en marche étant la même que sur le Hurricane, bientôt le moteur Merlin s'ébroua. Par rapport au Hawker, le bruit était beaucoup plus présent dans l'habitacle. A chaque sollicitation sur la manette des gaz, le moteur répondait avec agilité. Les coudes serrés contre le torse, Martel mit en mouvement le Spitfire sur le taxiway, dandinant à droite et à gauche un peu maladroitement pour voir la piste. Enfin la large bande bétonnée de la piste "C" se profila devant lui. Le cœur battant à tout rompre, René demanda l'autorisation de décoller. La réponse lui parvint aux oreilles comme dans un rêve. Le Merlin se mit à vrombir et rapidement la queue du chasseur quitta le sol. Boscomb l'avait averti, l'avion était nerveux et avait tendance à louvoyer. Il fallait corriger par petites pressions sur le palonnier, ce que s'efforça de faire Martel. Bientôt les roues quittèrent la piste, et René avança progressivement la manette des gaz. Dans un fantastique rugissement, le Spitfire bondit dans le ciel lumineux. Collé au dossier de son siège, le souffle saccadé, le pilote français se demandait s'il rêvait, quelle puissance! La terre s'éloignait rapidement et il accentua le taux de montée. C'est à peine si la vitesse baissa de quelques nœuds. 180 nœuds, il vira légèrement sur la droite et pris le cap de Preston. Le Spitfire montait toujours. 8000 pieds, le pilote français mit le Spitfire en palier. Il essaya un virage serré. Sans broncher, le chasseur passa sur la tranche et le pilote dû donner du manche pour éviter le voile noir. Il tenta un "split S" et d'autres manœuvres encore et encore! Les tonneaux déclenchés et les boucles se succédaient à un rythme effrénés. Le Spitfire répondait à chaque sollicitation des gaz dans un bruit rageur, des aigrettes de condensation au bout des saumons d'ailes.
Les yeux perlés de larmes de joie, la tête dans les nuages, René Martel découvrait avec un bonheur infini que la machine faisait tout ce qu'elle lui demandait.
- Poussin de grande maison... vous nous recevez? Votre position!
René en avait oublié de communiquer avec la base.
- Ici Poussin, tout se passe bien... c'est... c'est formidable...
Se ressaisissant, il s'efforça de maîtriser sa voix.
- Heu.. ici Poussin. Je n'ai pas encore fait le test d'altitude, je monte et je rentre.
A nouveau, le Merlin sollicité à fond grimpait vers l'azur. Rien ne semblait arrêter le Spitfire. ce n'est qu'à 22'000 pieds, bien au-delà de l'altitude autorisée, que le moteur commença de montrer des signes de faiblesse.
René bascula gentiment le chasseur sur un virage gauche et un oeil sur le radio compas, prit le cap de Manston. Plein gaz le chasseur britannique pris de la vitesse et Martel s'offrit une boucle de plus. Il coupa sa radio et hurla.
- Yaaaaouuuuuu! Je suis le maître du ciel! je suis un oiseau!
Au loin, de l'autre côté de la Manche apparaissait la côte française...
René la regarda avec mélancolie et réenclencha sa radio.
Bientôt il l'a survolera et malheur à celui qui se mettra en travers de son chemin!
La séquence d'atterrissage fut sujette à quelques émotions. Martel, obnubilé par la facilité de pilotage du Spitfire faillit oublier les quelques prescriptions et fit son approche trop lentement. Une fusée rouge montant vers le ciel le rappela à l'ordre. Martel remis les gaz, fit un passage dans le rugissement du Merlin et fit son approche en respectant tous les points. En touchant la piste l'appareil fit un petit rebond.
Lorsqu'il quitta l'avion, les jambes tremblantes, il eut de la peine à tenir debout. C'est le visage lumineux qu'il s'approcha de ses camarades. L'adjudant le sermonna pour son approche ratée, mais rien n'y faisait. René Martel, pilote des FAFL venait de vivre le moment le plus intense de sa vie et rien ne lui enlèverait son sourire. Boscomb finit par lui donner une tape amicale sur l'épaule.
- Et bien Sir.. on dirait que cette expérience a été bénéfique pour votre moral n'est-ce pas?
- Vous ne pouvez pas savoir adjudant, c'est du cristal de roche cet avion. La 8ème merveille du monde. Non mais quand vous sortez d'un Hurricane et que vous montez la dedans, c'est... c'est incroyable ...
Ses camarades qui le regardaient un peu interloqués!
- Boscomb, mettez-nous vite opérationnels! Demain... demain je pars affronter la Luftwaffe tout seul!
Le visage de l'instructeur se renfrogna quelque peu.
- Ne vous leurrez pas Martel, les Allemands ont également fait des progrès importants et leurs chasseurs restent redoutables malgré tout.
Il monta sur l'aile et jeta un oeil au tableau de bord.
- Bien Martel, vous avez résisté à l'envie d'utiliser la surpuissance.
Il regarda le groupe des pilotes prêts à monter dans l'avion.
- Allez au suivant, Sergeant Devarenne, c'est votre tour.
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615sqn_Harry- Wing Commander
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Re: René Martel, vive la France Libre
Dix jours plus tard, la plupart des pilotes du squadron 615 avaient accumulé un vingtaine d'heures sur le nouveau Spitfire. 18 MkVb nouveau modèle flambant neuf, attiraient le regard envieux des autres escadrilles basées à Manston. Soigneusement camouflés dans les hangars, ils attendaient chaque jour leur pilote. Les vols en formation et les entraînements au tir s'étaient succédés. Grâce aux expériences acquises durant la bataille d'Angleterre, la RAF avait revu certains points dans la tactique de combat et dans la formation. Ainsi, les Flight à trois appareils étaient abandonnés au profit de groupes composés de deux paires d'avions se protégeant mutuellement. Deux accidents ayant coûté la vie à deux pilotes assombrirent cette période, le premier avait percuté une colline lors d'un exercice d'attaque au sol à basse altitude et l'autre après s'être perdu dans le brouillard.
Une fois la convergence des canons de 20mm maîtrisée, René eut l'impression que ceux ci étaient d'une grande puissance. Cette impression, n'en sera plus une deux jours plus tard.
Le Pilot Officer Pyker, un volontaire belge qui les avait rejoint lorsqu'ils étaient à Northolt menait un groupe de 6 avions, la deuxième paire était dirigée par Martel, son ailier étant un pilote Néo Zélandais. le sergeant Mark Donohue. Quand le Fighter Command annonça un raid de chasseurs bombardiers allemands sur le port de Sherness et qu'il s'avéra que l'escadrille la plus proche était à plus de 20 minutes de vol, le PO Pyker n'hésita pas une seconde.
- Ici coq de combats à boîte à savon. Nous avons reçu le message, nous sommes à moins de 5 minutes, nous y allons...
Il y eut quelques secondes de silences sur le ondes.
- Coq... coq de combats??? Pouvez-vous nous donner l'indicatif exact de votre escadrille et votre position?
Pyker rigola.
- De poussins à boîte à savons, les petits sont devenus grands nous attaquons la formation ennemies qui est au-dessous de nous.
Les 5 Spitfire avaient suivi sans broncher leur leader. Il y avait trop longtemps qu'ils attendaient ça. René retrouva le goût amère dans sa bouche, celui qui apparaît juste avant d'engager le combat. Il était tellement nerveux, partagés entre le fait qu'il retrouvait le combat et surtout qu'il faisait une bêtise, qu'il ne chercha pas les contacts ennemis, conservant les yeux rivés sur le Spitfire de tête qui maintenant basculait sur l'aile droite.
Dans les écouteurs, la voix lointaine du Fighter Command raisonnait.
- Rompez le combat! Rompez le combat, ordre de Manston, vous n'êtes pas opérationnels!
Mais c'était trop tard, les 6 chasseurs britanniques tombaient sur la formation ennemie. Des Bf109, René eut le temps d'en compter au moins 12. Ils rentraient de leur mission plein gaz au ras du sol, cherchant à gagner le large. Sous le soleil printanier qui inondait le Kent ce jour là c'était peine perdue. Le Pilot Officer Martel plaça le centre lumineux de son collimateur sur l'avion le plus à droite de la formation. Les pilotes allemands ne les avait pas vu. Martel visa le nez de l'appareil. Les deux canons de 20mm aboyèrent brutalement une secondes et le Messerschmitt explosa et tomba dans une traînée d'essence enflammée. La formation ennemie s'égaya dans tous les sens.
Les cris habituels des pilotes en combats couvrirent les ondes. Le Spitfire de René Martel grimpait maintenant plein gaz vers le ciel. A 6000 pieds, il jeta un coup d'œil et s'aperçu qu'un chasseur ennemi l'avait pris en chasse. Les Jabo avaient une couverture haute que Pyker n'avait pas vu. Les Bf109 qui avaient de l'énergie s'approchaient, Martel plongea dans une spirale descendante. Un chasseur allemand tenta de le suivre dans sa manœuvre sans succès. Au ras des flots, le pilote français cabra sa machine vers le ciel et mit les gaz à fond, le Rolls Royce Merlin, rageur réagit instantanément et un chasseur ennemi qui maintenant montait également plein gaz grandissait dans le collimateur. René était grisé, il le rattrapait! Qu'il était loin le temps où sur son vieux Hurricane il évitait les attaques. Il hurla à la radio:
- Je te tiens mon salaud, vas-y grimpe! Montres-moi ce qu'a ton zing dans le ventre! Allez vas-y! Tu ne vois pas que je te rattrape?
Le pilote allemand n'était pas un débutant et lorsqu'il aperçut le Spitfire remonter sur lui, effectua un demi-tonneau et plongea vers la Manche. Martel effectua la même manœuvre et fila à la suite du chasseur allemand. Il n'entendait plus rien, il ne voyait que la petite croix noire qui maintenant le semait gentiment mais sûrement. D'une main ferme, il empoigna la manette des gaz qu'il décala sur la gauche et poussa brusquement en avant, brisant le plomb. Le moteur Merlin s'anima brutalement, collant son pilote dans le fond du siège. René eut l'impression que son moteur allait exploser. Une légère fumée grise crachée par les échappement chauffés à blanc suivait son appareil. Dans son masque à oxygène il s'entendit murmurer:
- Ca y est, je le rattrape, je le tiens.
Les cannons aboyèrent une nouvelle fois, courant le long de l'emplanture de l'aile les impacts arrachèrent de larges plaques de tôle qui s'envolèrent en virevoltant autour de son appareil. Martel déboulant plein gaz, eut le temps de voir le train du Bf109 sortir de son logement. Il aperçu également le regard stupéfait du pilote allemand. Ce dernier largua sa verrière et sauta. Le Flying Officer Martel ramena la manette des gaz et coupa la surpuissance. Il resta encore quelques instants derrière sa proie désemparée, pour que sa ciné mitrailleuse puisse bien valider la victoire. Soudainement, il aperçu avec stupeur que la poursuite l'avait emmenée non loin des côtes françaises. Il était temps pour lui de rentrer. Il effectua un virage à gauche pour revenir sur l'Angleterre. Un regard circulaire le rassura, il était seul.
Son radio compas le dirigea vers Manston. Il savait que ce combat serait fort peu apprécié de leurs instructeurs et il s'attendait à une sérieuse remontrance au retour. Il annonça qu'il avait pris un cap retour.
- Bien reçu poussin 3, le comité d'accueil vous attend.
Le retour ne fut pas très agréable et lorsqu'il aperçu la bande bétonnée de la piste de Manston, il s'efforça d'effectuer l'atterrissage le plus propre possible. Son Spitfire roula jusqu'au hangar 15 où les mécaniciens l'attendaient en gesticulant. Tremblant, Martel quitta son chasseur. Lorsqu'il sauta sur le tarmac, le chef mécanicien l'attendait avec un large sourire, sa voix se fit complice.
- Vous êtes le dernier à rentrer... ouh la la, ça va chauffer pour vous Sir. Pyker est déjà chez le patron et en tant que second vous y êtes attendu impatiemment. Dites-moi...vous en avez eu combien. Sir Pyker en a descendu 2 et tous les autres 1 sauf Donohue votre ailier qui vous a perdu dès le début de l'engagement et qui est rentré tout seul...
Ses yeux s'écarquillèrent à la vue des traînées blanches qui courraient à la sortie des tuyères d'échappement et remontaient le long du capot.
- Mince alors... vous avez utilisé la surpuissance, mais vous savez que c'est formellement interdit, c'est juste pour se tirer d'affaire....
Il y avait de l'excitation dans sa voix.
- Et le moteur? Il a tenu le moteur?
Il s'approcha et posa la main sur le capot moteur.
- Ahah! Même pas chaud. Il me tarde de le démonter pour voir son taux d'usure.
Il se retourna vers Martel.
- Combien de temps vous l'avez laissée enclenchée.
René s'était calmé. Il répondit avec un demi-sourire:
- Je l'ai laissée enclenchée deux bonnes minutes si vous voulez tout savoir et j'ai deux Bf109 de plus au palmarès. Je les ai rattrapé comme ça.
Exité, il ponctua de la main la manière dont il avait rattrapé le Bf109.
Il n'eut pas le temps d'ajouter quelque chose. L'adjudant Boscomb fit son apparition dans une petite Austin, il avait les lèvres pincées.
- Sir, on nous attends au Dispersal. Le FO Pyker s'y trouve déjà.
René Martel s'assied lourdement dans voiture.
- Vous voulez que je vous dises Boscomb...
L'adjudant resta silencieux.
- ... je m'en fout royalement de ce qui va m'arriver. J'ai vécu le combat le plus grisant de ma carrière aujourd'hui.
Il se retourna vers le sous-officier supérieur qui conduisait le regard rivé sur la piste.
- ... Boscomb, c'est la première fois que nous avions le contrôle du combat. On en faisait ce qu'on en voulait des 109. Le premier a explosé comme une grenade, le deuxième je l'ai rattrapé comme une balle...
L'Austin s'arrêta dans un grincement de pneus devant le dispersal.
- C'est ici Sir. Vous pouvez laisser votre barda à l'arrière, j'irais le ranger. Votre sort n'est plus entre mes mains, mais entre celles du Group Captain Marvey, commandant de la base. Bonne chance...
Gêné, le pilote français quitta la petite voiture qui s'éloigna sans que le chauffeur ne lui accorda le moindre regard. Il pénétra dans le Dispersal où une vigie lui fit signe d'approcher.
- C'est ici Sir, entrez! Sir Marvey vous attends.
Il pénétra dans le bureau. Le Flying Officer Pyker était assis droit comme un "i" sur une chaise. Devant lui, il y avait un grand bureau et derrière se bureau, Sir Lee Marvey, commandant de la base de Manston. Martel ne le connaissait que peu, c'était un bureaucrate avant tout qui ne quittait que rarement son bureau. Il portait sa casquette parfaitement droite, et la visière faisait un peu d'ombre sur son visage émacié. Ses deux mains aux longs doigts maigres, étaient réunies comme pour souligner une intense réflexion. IL lui indiqua une deuxième chaise
- Asseyez-vous Martel.
Il se leva! Le ton était sec et tranchant.
- Un! Lorsqu'un Officier supérieur de la RAF vous donne un ordre vous l'exécutez et le respectez tout Français ou Belge que vous êtes. L'Armée britannique n'est pas une horde de bourbakis sans contrôle. Deux, nous vous avons confié nos meilleurs chasseurs et nous attendons de vous que vous en fassiez le meilleur usage et non une parade pour épater les filles de la région.
Alors que le sang commençait de monter au visage de René, le téléphone sonna. Marvey répondit sèchement!
- Group Captain Marvey... Oh Sir, excusez-moi, je ne vous avais pas reconnu.
Son visage s'était adoucit.
- Que puis-je pour vous? Ah oui vous lez parler de ce ... combat qui a eu lieux au-dessus de Sherness? Justement j'étais entrain de sermonner les pilo... hein? Mais mais Sir... bien Sir, il s'agissait de six Spitfire du squadron 615... menés par le Flying Officer Pyker et le Pilot Officer Martel... oui... co...comment. Bien Sir je vais leur annoncer.
Il raccrocha le téléphone doucement. Il avait un peu pâli. Il fixa ses deux interlocuteurs d'un regard dur.
- C'était l'Air Marshal Brand... je ne sais pas, par quel miracle, il a eu le rapport du capitaine du HMS Stafford un destroyer qui accompagnait les navires marchands attaqués par les Bf109 que vous avez accrochés. Il est très élogieux... il me fait dire que vous êtes opérationnels dès ce jour...
Pyker et Martel échangèrent un regard de satisfaction. Marvey poursuivit.
- Il a ajouté... que vous êtes proposés pour la Croix du Mérite. On vous attribue 7 Bf109 de type E7/Jabo.
Il installa sur son nez de petites lunettes et se plongea dans la lecteur d'un des nombreux dossiers qui se trouvaient sur son bureau.
- Vous pouvez disposer Messieurs et allez au contrôle faire valider vos victoires.
Alors qu'ils s'apprêtaient à quitter le bureau, il les apostropha une dernière fois.
- Vous vous en sortez bien cette fois... mais sachez que vous n'aurez pas une deuxième chance.
Un peu plus tard, sur le tableau du bureau de renseignements, sous la mention "Squadron 615" apparaissait la mention "Operational Unit", 7 petites croix blanches correspondant à des chasseurs ennemis abattus figuraient dans la case "victory"
Une fois la convergence des canons de 20mm maîtrisée, René eut l'impression que ceux ci étaient d'une grande puissance. Cette impression, n'en sera plus une deux jours plus tard.
Le Pilot Officer Pyker, un volontaire belge qui les avait rejoint lorsqu'ils étaient à Northolt menait un groupe de 6 avions, la deuxième paire était dirigée par Martel, son ailier étant un pilote Néo Zélandais. le sergeant Mark Donohue. Quand le Fighter Command annonça un raid de chasseurs bombardiers allemands sur le port de Sherness et qu'il s'avéra que l'escadrille la plus proche était à plus de 20 minutes de vol, le PO Pyker n'hésita pas une seconde.
- Ici coq de combats à boîte à savon. Nous avons reçu le message, nous sommes à moins de 5 minutes, nous y allons...
Il y eut quelques secondes de silences sur le ondes.
- Coq... coq de combats??? Pouvez-vous nous donner l'indicatif exact de votre escadrille et votre position?
Pyker rigola.
- De poussins à boîte à savons, les petits sont devenus grands nous attaquons la formation ennemies qui est au-dessous de nous.
Les 5 Spitfire avaient suivi sans broncher leur leader. Il y avait trop longtemps qu'ils attendaient ça. René retrouva le goût amère dans sa bouche, celui qui apparaît juste avant d'engager le combat. Il était tellement nerveux, partagés entre le fait qu'il retrouvait le combat et surtout qu'il faisait une bêtise, qu'il ne chercha pas les contacts ennemis, conservant les yeux rivés sur le Spitfire de tête qui maintenant basculait sur l'aile droite.
Dans les écouteurs, la voix lointaine du Fighter Command raisonnait.
- Rompez le combat! Rompez le combat, ordre de Manston, vous n'êtes pas opérationnels!
Mais c'était trop tard, les 6 chasseurs britanniques tombaient sur la formation ennemie. Des Bf109, René eut le temps d'en compter au moins 12. Ils rentraient de leur mission plein gaz au ras du sol, cherchant à gagner le large. Sous le soleil printanier qui inondait le Kent ce jour là c'était peine perdue. Le Pilot Officer Martel plaça le centre lumineux de son collimateur sur l'avion le plus à droite de la formation. Les pilotes allemands ne les avait pas vu. Martel visa le nez de l'appareil. Les deux canons de 20mm aboyèrent brutalement une secondes et le Messerschmitt explosa et tomba dans une traînée d'essence enflammée. La formation ennemie s'égaya dans tous les sens.
Les cris habituels des pilotes en combats couvrirent les ondes. Le Spitfire de René Martel grimpait maintenant plein gaz vers le ciel. A 6000 pieds, il jeta un coup d'œil et s'aperçu qu'un chasseur ennemi l'avait pris en chasse. Les Jabo avaient une couverture haute que Pyker n'avait pas vu. Les Bf109 qui avaient de l'énergie s'approchaient, Martel plongea dans une spirale descendante. Un chasseur allemand tenta de le suivre dans sa manœuvre sans succès. Au ras des flots, le pilote français cabra sa machine vers le ciel et mit les gaz à fond, le Rolls Royce Merlin, rageur réagit instantanément et un chasseur ennemi qui maintenant montait également plein gaz grandissait dans le collimateur. René était grisé, il le rattrapait! Qu'il était loin le temps où sur son vieux Hurricane il évitait les attaques. Il hurla à la radio:
- Je te tiens mon salaud, vas-y grimpe! Montres-moi ce qu'a ton zing dans le ventre! Allez vas-y! Tu ne vois pas que je te rattrape?
Le pilote allemand n'était pas un débutant et lorsqu'il aperçut le Spitfire remonter sur lui, effectua un demi-tonneau et plongea vers la Manche. Martel effectua la même manœuvre et fila à la suite du chasseur allemand. Il n'entendait plus rien, il ne voyait que la petite croix noire qui maintenant le semait gentiment mais sûrement. D'une main ferme, il empoigna la manette des gaz qu'il décala sur la gauche et poussa brusquement en avant, brisant le plomb. Le moteur Merlin s'anima brutalement, collant son pilote dans le fond du siège. René eut l'impression que son moteur allait exploser. Une légère fumée grise crachée par les échappement chauffés à blanc suivait son appareil. Dans son masque à oxygène il s'entendit murmurer:
- Ca y est, je le rattrape, je le tiens.
Les cannons aboyèrent une nouvelle fois, courant le long de l'emplanture de l'aile les impacts arrachèrent de larges plaques de tôle qui s'envolèrent en virevoltant autour de son appareil. Martel déboulant plein gaz, eut le temps de voir le train du Bf109 sortir de son logement. Il aperçu également le regard stupéfait du pilote allemand. Ce dernier largua sa verrière et sauta. Le Flying Officer Martel ramena la manette des gaz et coupa la surpuissance. Il resta encore quelques instants derrière sa proie désemparée, pour que sa ciné mitrailleuse puisse bien valider la victoire. Soudainement, il aperçu avec stupeur que la poursuite l'avait emmenée non loin des côtes françaises. Il était temps pour lui de rentrer. Il effectua un virage à gauche pour revenir sur l'Angleterre. Un regard circulaire le rassura, il était seul.
Son radio compas le dirigea vers Manston. Il savait que ce combat serait fort peu apprécié de leurs instructeurs et il s'attendait à une sérieuse remontrance au retour. Il annonça qu'il avait pris un cap retour.
- Bien reçu poussin 3, le comité d'accueil vous attend.
Le retour ne fut pas très agréable et lorsqu'il aperçu la bande bétonnée de la piste de Manston, il s'efforça d'effectuer l'atterrissage le plus propre possible. Son Spitfire roula jusqu'au hangar 15 où les mécaniciens l'attendaient en gesticulant. Tremblant, Martel quitta son chasseur. Lorsqu'il sauta sur le tarmac, le chef mécanicien l'attendait avec un large sourire, sa voix se fit complice.
- Vous êtes le dernier à rentrer... ouh la la, ça va chauffer pour vous Sir. Pyker est déjà chez le patron et en tant que second vous y êtes attendu impatiemment. Dites-moi...vous en avez eu combien. Sir Pyker en a descendu 2 et tous les autres 1 sauf Donohue votre ailier qui vous a perdu dès le début de l'engagement et qui est rentré tout seul...
Ses yeux s'écarquillèrent à la vue des traînées blanches qui courraient à la sortie des tuyères d'échappement et remontaient le long du capot.
- Mince alors... vous avez utilisé la surpuissance, mais vous savez que c'est formellement interdit, c'est juste pour se tirer d'affaire....
Il y avait de l'excitation dans sa voix.
- Et le moteur? Il a tenu le moteur?
Il s'approcha et posa la main sur le capot moteur.
- Ahah! Même pas chaud. Il me tarde de le démonter pour voir son taux d'usure.
Il se retourna vers Martel.
- Combien de temps vous l'avez laissée enclenchée.
René s'était calmé. Il répondit avec un demi-sourire:
- Je l'ai laissée enclenchée deux bonnes minutes si vous voulez tout savoir et j'ai deux Bf109 de plus au palmarès. Je les ai rattrapé comme ça.
Exité, il ponctua de la main la manière dont il avait rattrapé le Bf109.
Il n'eut pas le temps d'ajouter quelque chose. L'adjudant Boscomb fit son apparition dans une petite Austin, il avait les lèvres pincées.
- Sir, on nous attends au Dispersal. Le FO Pyker s'y trouve déjà.
René Martel s'assied lourdement dans voiture.
- Vous voulez que je vous dises Boscomb...
L'adjudant resta silencieux.
- ... je m'en fout royalement de ce qui va m'arriver. J'ai vécu le combat le plus grisant de ma carrière aujourd'hui.
Il se retourna vers le sous-officier supérieur qui conduisait le regard rivé sur la piste.
- ... Boscomb, c'est la première fois que nous avions le contrôle du combat. On en faisait ce qu'on en voulait des 109. Le premier a explosé comme une grenade, le deuxième je l'ai rattrapé comme une balle...
L'Austin s'arrêta dans un grincement de pneus devant le dispersal.
- C'est ici Sir. Vous pouvez laisser votre barda à l'arrière, j'irais le ranger. Votre sort n'est plus entre mes mains, mais entre celles du Group Captain Marvey, commandant de la base. Bonne chance...
Gêné, le pilote français quitta la petite voiture qui s'éloigna sans que le chauffeur ne lui accorda le moindre regard. Il pénétra dans le Dispersal où une vigie lui fit signe d'approcher.
- C'est ici Sir, entrez! Sir Marvey vous attends.
Il pénétra dans le bureau. Le Flying Officer Pyker était assis droit comme un "i" sur une chaise. Devant lui, il y avait un grand bureau et derrière se bureau, Sir Lee Marvey, commandant de la base de Manston. Martel ne le connaissait que peu, c'était un bureaucrate avant tout qui ne quittait que rarement son bureau. Il portait sa casquette parfaitement droite, et la visière faisait un peu d'ombre sur son visage émacié. Ses deux mains aux longs doigts maigres, étaient réunies comme pour souligner une intense réflexion. IL lui indiqua une deuxième chaise
- Asseyez-vous Martel.
Il se leva! Le ton était sec et tranchant.
- Un! Lorsqu'un Officier supérieur de la RAF vous donne un ordre vous l'exécutez et le respectez tout Français ou Belge que vous êtes. L'Armée britannique n'est pas une horde de bourbakis sans contrôle. Deux, nous vous avons confié nos meilleurs chasseurs et nous attendons de vous que vous en fassiez le meilleur usage et non une parade pour épater les filles de la région.
Alors que le sang commençait de monter au visage de René, le téléphone sonna. Marvey répondit sèchement!
- Group Captain Marvey... Oh Sir, excusez-moi, je ne vous avais pas reconnu.
Son visage s'était adoucit.
- Que puis-je pour vous? Ah oui vous lez parler de ce ... combat qui a eu lieux au-dessus de Sherness? Justement j'étais entrain de sermonner les pilo... hein? Mais mais Sir... bien Sir, il s'agissait de six Spitfire du squadron 615... menés par le Flying Officer Pyker et le Pilot Officer Martel... oui... co...comment. Bien Sir je vais leur annoncer.
Il raccrocha le téléphone doucement. Il avait un peu pâli. Il fixa ses deux interlocuteurs d'un regard dur.
- C'était l'Air Marshal Brand... je ne sais pas, par quel miracle, il a eu le rapport du capitaine du HMS Stafford un destroyer qui accompagnait les navires marchands attaqués par les Bf109 que vous avez accrochés. Il est très élogieux... il me fait dire que vous êtes opérationnels dès ce jour...
Pyker et Martel échangèrent un regard de satisfaction. Marvey poursuivit.
- Il a ajouté... que vous êtes proposés pour la Croix du Mérite. On vous attribue 7 Bf109 de type E7/Jabo.
Il installa sur son nez de petites lunettes et se plongea dans la lecteur d'un des nombreux dossiers qui se trouvaient sur son bureau.
- Vous pouvez disposer Messieurs et allez au contrôle faire valider vos victoires.
Alors qu'ils s'apprêtaient à quitter le bureau, il les apostropha une dernière fois.
- Vous vous en sortez bien cette fois... mais sachez que vous n'aurez pas une deuxième chance.
Un peu plus tard, sur le tableau du bureau de renseignements, sous la mention "Squadron 615" apparaissait la mention "Operational Unit", 7 petites croix blanches correspondant à des chasseurs ennemis abattus figuraient dans la case "victory"
Dernière édition par le Mer 2 Jan 2008 - 17:08, édité 8 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Magnifique comme d'hab Sir Harry.
Je vois que pour ma première apparition dans vos récits vous avez faillit me faire saquer
Petite remarque : J'ai pris mon pseudo car c'était le surnom de Jean Offenberg.
Le 05 mai 1941, grisé par la performance du Spit qu'il essayait, il a profité d'un essais moteur avec interdiction de quitter les environs de la base pour se rapprocher de la côte française.
Il attaque deux hydravions et en abat un, mais en rentrant s'aperçoit qu'il est pousuivi par deux 109, il fait face, en abat un et endommage le second.
Lorsqu'il rentre à la base, il est convoqué chez le Group-Captain qui lui passe un savon mémorable.... avant de le proposer pour la DFC.
En bref Sir Harry, la fiction rejoint la réalité
Je vois que pour ma première apparition dans vos récits vous avez faillit me faire saquer
Petite remarque : J'ai pris mon pseudo car c'était le surnom de Jean Offenberg.
Le 05 mai 1941, grisé par la performance du Spit qu'il essayait, il a profité d'un essais moteur avec interdiction de quitter les environs de la base pour se rapprocher de la côte française.
Il attaque deux hydravions et en abat un, mais en rentrant s'aperçoit qu'il est pousuivi par deux 109, il fait face, en abat un et endommage le second.
Lorsqu'il rentre à la base, il est convoqué chez le Group-Captain qui lui passe un savon mémorable.... avant de le proposer pour la DFC.
En bref Sir Harry, la fiction rejoint la réalité
615sqn_Pyker- Squadron Leader
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Age : 56
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 02/01/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
.... effectivement ... c'est du Harry tout craché .... la nuit fut calme et le stylo bouillant.
merci pour ce petit survol de Manston en 1940
et Bravo rené/Pyker .... hihi
merci pour ce petit survol de Manston en 1940
et Bravo rené/Pyker .... hihi
Re: René Martel, vive la France Libre
Tous simplement ..................................Magnifique
615sqn_Volta- Group Captain
- Nombre de messages : 5707
Localisation : Dans les cieux en Avion
Date d'inscription : 26/07/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
615sqn_Pyker a écrit:Magnifique comme d'hab Sir Harry.
Je vois que pour ma première apparition dans vos récits vous avez faillit me faire saquer
Petite remarque : J'ai pris mon pseudo car c'était le surnom de Jean Offenberg.
Le 05 mai 1941, grisé par la performance du Spit qu'il essayait, il a profité d'un essais moteur avec interdiction de quitter les environs de la base pour se rapprocher de la côte française.
Il attaque deux hydravions et en abat un, mais en rentrant s'aperçoit qu'il est pousuivi par deux 109, il fait face, en abat un et endommage le second.
Lorsqu'il rentre à la base, il est convoqué chez le Group-Captain qui lui passe un savon mémorable.... avant de le proposer pour la DFC.
En bref Sir Harry, la fiction rejoint la réalité
Et bien pour être honnête, je n'étais pas du tout au courant de cette épisode.
L'histoire suivra son cours...
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Rouillac petit village girondin - 03 juillet 1942. Poussant sa bicyclette, la belle Julie Lebour s'efforçait de camoufler son opulente chevelure blonde sous un châle en laine bleue. Mal à l'aise, elle sentait le regard inquisiteur des soldats allemands qui ne se gênaient pas de l'interpeller.
- Hep schöne Fraülein...
Imperturbable, elle poursuivait son chemin sans les regarder. Elle ramenait un panier plein de légumes. Des pommes de terre, des carottes et deux gros choux-fleurs qu'elle avait recouvert d'une serviette pour les soustraire aux contrôles. Elle avait pressé le pas, là au bout de la rue pavée, il y avait la maison de ses parents.
- HALT!
Le sous-officier allemand lui barrait le chemin. Elle leva son regard d'ange. La patrouille était composée de 5 soldats en plus de leur chef. Ils portaient une mitraillette en bandoulière. Dans un mauvais français, le sous-officier de la Wermacht avait montré un temps d'arrêt, certainement surpris par la beauté de la jeune femme.
- Ah... mademoiselle.. Je m'excuse, nous faisons un contrôle. Avez-vous vos papiers d'identité.
Julie les avait, comme toujours, ce n'était pas la première fois qu'elle subissait un contrôle. Elle appuya son vélo contre un poteau télégraphique et sorti sa carte d'identité qu'elle tendit à l'Allemand. Ce dernier la parcouru rapidement.
- Vous habitez le village n'est-ce pas?
- Oui... la maison au bout de la rue... avec mon père et ma mère.
Le sous-officier poursuivit:
- C'est juste, selon le registre d'état civil, vous avez un frère, plus jeune. Florent Lebour.
Julie resta un moment indécise. Visiblement ce contrôle n'était pas le fruit du hasard. Elle fixa le sous-officier allemand d'un regard dur.
- Mon frère était soldat français. Il a disparu en mai 1940. Nous sommes sans nouvelle de lui depuis cette date. Il est mort où enfermé dans un de vos camps de prisonniers en Allemagne. Mais si vous avez consulté le registre de la commune, vous devez le savoir.
Le soldat allemand semblait quelque peu contrarié par le ton utilisé par la française.
- Je suis désolé pour votre frère Madame, mais c'est la guerre.
Il se dirigea vers le panier qui se trouvait sanglé sur le porte-bagages de la bicyclettes et leva d'un coup sec la serviette.
- Hum, des légumes frais. Vous avez de la chance. Pas tout le monde mange des légumes frais en France.
Il remua le contenu sans ménagement, puis rassuré que le panier ne contenait effectivement que quelques légumes, il claquât sèchement les talons et rendit les papiers à Julie.
- Auf wiedersehen Fraülein Lebour. Bonne journée.
La patrouille s'éloigna au pas.
Tremblante elle enfourcha son vélo et reprit la direction de la maison. A la fenêtre, elle put voir le visage inquiet de sa mère qui s'empressa de lui ouvrir la porte.
- Mon Dieu, tu as de la chance, j'ai bien cru qu'ils allaient te voler les légumes.
Julie avait la gorge sèche et bu un grand verre de cidre. Ses parents possédaient un verger qui donnait de beaux fruits, dont des pommes qui fournissaient un excellent cidre. Heureusement les Allemands pas trop nombreux dans le village ne s'étaient pas encore intéressés aux petits commerces, dont celui de son père, qui fournissait des fruits en échange de légumes ou de viande aux autres marchands du village. Ils possédaient également deux vaches qu'ils gardaient le plus secrètement possible. Mais avec l'installation d'une nouvelle garnison dans le village cela allait devenir plus difficile.
Le soir le repas fut composé de pommes de terre et de quelques morceaux de lards. En cette période de disette, c'était comme un dîner de fête et tous les trois apprécièrent ce repas en silence. Il y avait Florent bien sûr, mais il y avait également un autre nom qui pesait très lourd dans le cœur de la belle Française; René. René Martel, pilote dans l'armée française. Il l'avait laissée un soir de printemps brumeux sur le quai de la gare d'Angoulême, un mouchoir pour essuyer quelques larmes puis un dernier baiser avant de voir disparaître son visage dans le brouillard de soir. Il était parti rejoindre son unité dans le Nord de la France. Depuis, plus de nouvelles non plus de son amoureux. Le cœur de Julie s'était éteint et son regard était devenu triste. Parfois, lorsqu'elle entendait le ronronnement d'un avion, là haut tout là haut dans le ciel, elle levait le regard. Mais c'était toujours les même dessins qu'elle voyait se découper dans le ciel. De sinistres dessins ornés de croix noires et blanches; la RAF ne s'aventurait pas si loin. Avec la disparition de son frère, les parents de Julie étaient devenus mélancoliques et parlaient peu. Ils avaient quelques contacts avec le préfet de la région dont ils soupçonnaient une liaison avec "le réseau". Ce dernier leur avait promis de faire de son mieux pour retrouver une trace de leur fils. De temps autre, Roger, le secrétaire de "Monsieur" venait les trouver discrètement pour les rassurer.
Le repas était terminé. Julie donna un coup de main à sa mère pour faire la vaisselle. Le couvre-feu interdisait toute lumière, aussi tout se faisait à la faible lueur d'une bougie. Julie se retira dans les étages et rejoignit sa chambre. elle fit une rapide toilette et se coucha.
Alors qu'elle commençait de s'endormir, un petit bruit attira son attention. Elle se leva doucement. Le bruit se fit à nouveau entendre. Cette fois elle le situa. Quelqu'un lançait des petits cailloux contre ses persiennes. Elle se rendit à la fenêtre. Celle-ci donnait sur l'arrière de la maison, là où se trouvait le verger. Elle essaya de percer les ténèbres du regard mais ne vit rien si ce n'est des ombres provenant des arbres fruitier. Elle chuchota.
- Qui va là? Qu'est-ce que c'est?
Une voix lui répondit sur le même ton:
- C'est moi Madame Julie... Roger. Venez m'ouvrir. J'ai quelque chose d'important pour vous...
- Roger??? Mais que venez-vous faire chez nous au milieu de la nuit?
- Ne posez pas de question... descendez vite... nous n'avons pas de temps à perdre.
Elle aperçut plusieurs ombres se mouvoir. Elle se vêtis d'un grand châle de laine et descendit sans bruit les escaliers. Devant la porte de la chambre de ses parents, elle marqua un temps d'arrêt. A l'intérieur, un ronflement léger et régulier la rassura et elle poursuivit sa progression. Elle traversa le dépôt et ouvrit la porte de derrière. Roger l'homme de main du préfet était entouré d'une dizaine d'hommes. Elle s'aperçut avec stupeur que ceux-ci étaient tous armés de mitraillettes ou de fusils. Ils étaient vêtu de noir. Roger s'engouffra dans le dépôt, il s'approcha d'une table les yeux brillants.
- Julie... venez j'ai quelque chose d'important pour vous.
Il avait allumé une bougie sur un établi et dont le cache flamme diffusait une lumière très faible. Julie tressailli.
- Mais vous êtes fou! Si les Allemands nous aperçoivent, je suis morte et vous ... et... et vos amis aussi.
Le maquisard la fixa d'un regard dur.
- Tous les hommes et les femmes qui sont là dehors sont prêts à mourir pour la France Julie.
Il extirpa un journal plié en quatre de la poche de sa vareuse noire.
- Les hommes qui sont là dehors ont risqué leur vie pour vous ramener ce bout de papier. Lisez!
Il ouvrit le journal sur l'établi. C'était le "Times" un journal anglais. Julie cru défaillir en voyant une petite photo sur la première page.
Il s'agissait du Flight Leutnant René Martel. Pilote des FAFL. La légende suivante figurait sous la photographie.
"Flight Leutnant Rene Martel, FAFL pilot squadron 615, was decorated with the DSO for its brilliances states of service within the RAF"
Julie ne pouvait détacher ses grands yeux bleus inondés de larmes, de la photo. René avait le sourire enjôleur, la casquette légèrement de travers.
Roger lui donna une petite tape sur l'épaule.
- Et ben dites donc ma p'tite dame, ça m'a l'air d'être un sacré gaillard notre René. Il a un bon paquet d'avions boches à son actif. En plus, vous avez vu ça c'est un officier de la RAF. Ah dans la RAF, c'est pas des rigolos.
- Pouvez-vous me laisser ce journal Roger?
Le résistant semblait indécis.
- Ecoutez ma petite, je ne devrais pas. Si les Allemands trouvent ce canard et qu'ils vous interrogent. Vous risquez de compromettre tout le réseau.
Il hésita.
- Bon ok, je vais faire comme ça, je vous laisse la photo... juste la photo et le reste on le brûle, c'est bon comme ça?
Julie ne se fit pas prier. Elle prit soigneusement la photo contre elle.
Lorsqu'elle se retourna pour rejoindre sa chambre, elle eut un choc. Son père était là debout dans l'embrasure de la porte. Silencieusement, il avait rejoint le dépôt. Il portait un fusil à l'épaule.
Roger ne fut pas surpris outre mesure, il s'adressa aux autres hommes qui attendaient toujours à l'extérieur.
- C'est bon les gars, le patron est là on va pouvoir y aller.
Puis il échangea une poignée de main chaleureuse avec le père de Julie qui découvrait en son père, un homme qu'elle n'avait jamais imaginé. Celui-ci s'approcha de sa fille et lui porta un regard malicieux.
- Comme ça tu es dans la confidence Julie. Maman est également dans le coup. Alors tu es contente de savoir que ton René est vivant.
Il souriait de toutes ses dents.
- Mais.. mais papa. Je croyais qu'après Verdun... 14-18 et tout ça, tu ne voulais plus jamais toucher un fusil de ta vie...
Solennel Louis Lebour rétorqua.
- Julie... Julie, je suis français et fier de l'être. Je suis un homme qui a toujours vécu debout et qui mourra ainsi; debout. Pas question de plier l'échine devant l'ennemi. C'était à Florent de défendre l'honneur français de la famille... il n'est plus là, c'est à moi de prendre la relève. Vas te coucher maintenant. Nous avons à faire cette nuit.
Julie vit son père se fondre silencieusement dans la nuit. En remontant dans sa chambre, elle trouva sa mère dans la pénombre devant la fenêtre du corridor.
- Maman...
- Oui je sais tu as appris beaucoup de choses cette nuit. Il te sera difficile sans doute de dormir.. comme moi qui n'irai au lit que lorsque ton père sera rentré.
Elle l'embrassa doucement.
- Bonne nuit ma petite dors bien.
Sans un mot de plus, Julie rejoignit sa chambre et s'allongea sur le dos. Les yeux grands ouverts elle serrait sur son cœur la photo de son amour momentanément retrouvé...
Au loin dans la nuit retenti une sourde explosion. Demain matin, les convois ferroviaires partant d'Angoulême ne rejoindront pas tout de suite la base des U-Boot de La Rochelle...
- Hep schöne Fraülein...
Imperturbable, elle poursuivait son chemin sans les regarder. Elle ramenait un panier plein de légumes. Des pommes de terre, des carottes et deux gros choux-fleurs qu'elle avait recouvert d'une serviette pour les soustraire aux contrôles. Elle avait pressé le pas, là au bout de la rue pavée, il y avait la maison de ses parents.
- HALT!
Le sous-officier allemand lui barrait le chemin. Elle leva son regard d'ange. La patrouille était composée de 5 soldats en plus de leur chef. Ils portaient une mitraillette en bandoulière. Dans un mauvais français, le sous-officier de la Wermacht avait montré un temps d'arrêt, certainement surpris par la beauté de la jeune femme.
- Ah... mademoiselle.. Je m'excuse, nous faisons un contrôle. Avez-vous vos papiers d'identité.
Julie les avait, comme toujours, ce n'était pas la première fois qu'elle subissait un contrôle. Elle appuya son vélo contre un poteau télégraphique et sorti sa carte d'identité qu'elle tendit à l'Allemand. Ce dernier la parcouru rapidement.
- Vous habitez le village n'est-ce pas?
- Oui... la maison au bout de la rue... avec mon père et ma mère.
Le sous-officier poursuivit:
- C'est juste, selon le registre d'état civil, vous avez un frère, plus jeune. Florent Lebour.
Julie resta un moment indécise. Visiblement ce contrôle n'était pas le fruit du hasard. Elle fixa le sous-officier allemand d'un regard dur.
- Mon frère était soldat français. Il a disparu en mai 1940. Nous sommes sans nouvelle de lui depuis cette date. Il est mort où enfermé dans un de vos camps de prisonniers en Allemagne. Mais si vous avez consulté le registre de la commune, vous devez le savoir.
Le soldat allemand semblait quelque peu contrarié par le ton utilisé par la française.
- Je suis désolé pour votre frère Madame, mais c'est la guerre.
Il se dirigea vers le panier qui se trouvait sanglé sur le porte-bagages de la bicyclettes et leva d'un coup sec la serviette.
- Hum, des légumes frais. Vous avez de la chance. Pas tout le monde mange des légumes frais en France.
Il remua le contenu sans ménagement, puis rassuré que le panier ne contenait effectivement que quelques légumes, il claquât sèchement les talons et rendit les papiers à Julie.
- Auf wiedersehen Fraülein Lebour. Bonne journée.
La patrouille s'éloigna au pas.
Tremblante elle enfourcha son vélo et reprit la direction de la maison. A la fenêtre, elle put voir le visage inquiet de sa mère qui s'empressa de lui ouvrir la porte.
- Mon Dieu, tu as de la chance, j'ai bien cru qu'ils allaient te voler les légumes.
Julie avait la gorge sèche et bu un grand verre de cidre. Ses parents possédaient un verger qui donnait de beaux fruits, dont des pommes qui fournissaient un excellent cidre. Heureusement les Allemands pas trop nombreux dans le village ne s'étaient pas encore intéressés aux petits commerces, dont celui de son père, qui fournissait des fruits en échange de légumes ou de viande aux autres marchands du village. Ils possédaient également deux vaches qu'ils gardaient le plus secrètement possible. Mais avec l'installation d'une nouvelle garnison dans le village cela allait devenir plus difficile.
Le soir le repas fut composé de pommes de terre et de quelques morceaux de lards. En cette période de disette, c'était comme un dîner de fête et tous les trois apprécièrent ce repas en silence. Il y avait Florent bien sûr, mais il y avait également un autre nom qui pesait très lourd dans le cœur de la belle Française; René. René Martel, pilote dans l'armée française. Il l'avait laissée un soir de printemps brumeux sur le quai de la gare d'Angoulême, un mouchoir pour essuyer quelques larmes puis un dernier baiser avant de voir disparaître son visage dans le brouillard de soir. Il était parti rejoindre son unité dans le Nord de la France. Depuis, plus de nouvelles non plus de son amoureux. Le cœur de Julie s'était éteint et son regard était devenu triste. Parfois, lorsqu'elle entendait le ronronnement d'un avion, là haut tout là haut dans le ciel, elle levait le regard. Mais c'était toujours les même dessins qu'elle voyait se découper dans le ciel. De sinistres dessins ornés de croix noires et blanches; la RAF ne s'aventurait pas si loin. Avec la disparition de son frère, les parents de Julie étaient devenus mélancoliques et parlaient peu. Ils avaient quelques contacts avec le préfet de la région dont ils soupçonnaient une liaison avec "le réseau". Ce dernier leur avait promis de faire de son mieux pour retrouver une trace de leur fils. De temps autre, Roger, le secrétaire de "Monsieur" venait les trouver discrètement pour les rassurer.
Le repas était terminé. Julie donna un coup de main à sa mère pour faire la vaisselle. Le couvre-feu interdisait toute lumière, aussi tout se faisait à la faible lueur d'une bougie. Julie se retira dans les étages et rejoignit sa chambre. elle fit une rapide toilette et se coucha.
Alors qu'elle commençait de s'endormir, un petit bruit attira son attention. Elle se leva doucement. Le bruit se fit à nouveau entendre. Cette fois elle le situa. Quelqu'un lançait des petits cailloux contre ses persiennes. Elle se rendit à la fenêtre. Celle-ci donnait sur l'arrière de la maison, là où se trouvait le verger. Elle essaya de percer les ténèbres du regard mais ne vit rien si ce n'est des ombres provenant des arbres fruitier. Elle chuchota.
- Qui va là? Qu'est-ce que c'est?
Une voix lui répondit sur le même ton:
- C'est moi Madame Julie... Roger. Venez m'ouvrir. J'ai quelque chose d'important pour vous...
- Roger??? Mais que venez-vous faire chez nous au milieu de la nuit?
- Ne posez pas de question... descendez vite... nous n'avons pas de temps à perdre.
Elle aperçut plusieurs ombres se mouvoir. Elle se vêtis d'un grand châle de laine et descendit sans bruit les escaliers. Devant la porte de la chambre de ses parents, elle marqua un temps d'arrêt. A l'intérieur, un ronflement léger et régulier la rassura et elle poursuivit sa progression. Elle traversa le dépôt et ouvrit la porte de derrière. Roger l'homme de main du préfet était entouré d'une dizaine d'hommes. Elle s'aperçut avec stupeur que ceux-ci étaient tous armés de mitraillettes ou de fusils. Ils étaient vêtu de noir. Roger s'engouffra dans le dépôt, il s'approcha d'une table les yeux brillants.
- Julie... venez j'ai quelque chose d'important pour vous.
Il avait allumé une bougie sur un établi et dont le cache flamme diffusait une lumière très faible. Julie tressailli.
- Mais vous êtes fou! Si les Allemands nous aperçoivent, je suis morte et vous ... et... et vos amis aussi.
Le maquisard la fixa d'un regard dur.
- Tous les hommes et les femmes qui sont là dehors sont prêts à mourir pour la France Julie.
Il extirpa un journal plié en quatre de la poche de sa vareuse noire.
- Les hommes qui sont là dehors ont risqué leur vie pour vous ramener ce bout de papier. Lisez!
Il ouvrit le journal sur l'établi. C'était le "Times" un journal anglais. Julie cru défaillir en voyant une petite photo sur la première page.
Il s'agissait du Flight Leutnant René Martel. Pilote des FAFL. La légende suivante figurait sous la photographie.
"Flight Leutnant Rene Martel, FAFL pilot squadron 615, was decorated with the DSO for its brilliances states of service within the RAF"
Julie ne pouvait détacher ses grands yeux bleus inondés de larmes, de la photo. René avait le sourire enjôleur, la casquette légèrement de travers.
Roger lui donna une petite tape sur l'épaule.
- Et ben dites donc ma p'tite dame, ça m'a l'air d'être un sacré gaillard notre René. Il a un bon paquet d'avions boches à son actif. En plus, vous avez vu ça c'est un officier de la RAF. Ah dans la RAF, c'est pas des rigolos.
- Pouvez-vous me laisser ce journal Roger?
Le résistant semblait indécis.
- Ecoutez ma petite, je ne devrais pas. Si les Allemands trouvent ce canard et qu'ils vous interrogent. Vous risquez de compromettre tout le réseau.
Il hésita.
- Bon ok, je vais faire comme ça, je vous laisse la photo... juste la photo et le reste on le brûle, c'est bon comme ça?
Julie ne se fit pas prier. Elle prit soigneusement la photo contre elle.
Lorsqu'elle se retourna pour rejoindre sa chambre, elle eut un choc. Son père était là debout dans l'embrasure de la porte. Silencieusement, il avait rejoint le dépôt. Il portait un fusil à l'épaule.
Roger ne fut pas surpris outre mesure, il s'adressa aux autres hommes qui attendaient toujours à l'extérieur.
- C'est bon les gars, le patron est là on va pouvoir y aller.
Puis il échangea une poignée de main chaleureuse avec le père de Julie qui découvrait en son père, un homme qu'elle n'avait jamais imaginé. Celui-ci s'approcha de sa fille et lui porta un regard malicieux.
- Comme ça tu es dans la confidence Julie. Maman est également dans le coup. Alors tu es contente de savoir que ton René est vivant.
Il souriait de toutes ses dents.
- Mais.. mais papa. Je croyais qu'après Verdun... 14-18 et tout ça, tu ne voulais plus jamais toucher un fusil de ta vie...
Solennel Louis Lebour rétorqua.
- Julie... Julie, je suis français et fier de l'être. Je suis un homme qui a toujours vécu debout et qui mourra ainsi; debout. Pas question de plier l'échine devant l'ennemi. C'était à Florent de défendre l'honneur français de la famille... il n'est plus là, c'est à moi de prendre la relève. Vas te coucher maintenant. Nous avons à faire cette nuit.
Julie vit son père se fondre silencieusement dans la nuit. En remontant dans sa chambre, elle trouva sa mère dans la pénombre devant la fenêtre du corridor.
- Maman...
- Oui je sais tu as appris beaucoup de choses cette nuit. Il te sera difficile sans doute de dormir.. comme moi qui n'irai au lit que lorsque ton père sera rentré.
Elle l'embrassa doucement.
- Bonne nuit ma petite dors bien.
Sans un mot de plus, Julie rejoignit sa chambre et s'allongea sur le dos. Les yeux grands ouverts elle serrait sur son cœur la photo de son amour momentanément retrouvé...
Au loin dans la nuit retenti une sourde explosion. Demain matin, les convois ferroviaires partant d'Angoulême ne rejoindront pas tout de suite la base des U-Boot de La Rochelle...
Dernière édition par le Sam 19 Jan 2008 - 22:58, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
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Re: René Martel, vive la France Libre
Harryyyyyyyyyy :study: un plaisir, c'est si peu et tant a la fois ... ça caresses les neurones .. fait surgir une larme et laisse derriere une etrange impression de bien-etre .... tu fabriques des romans historiques, un peu comme Zola, tu transportes le lecteur comme un spectateur de l'action. Vivre le moment, cela s'appele aussi vivre tout court.
héhé, c'est de la Virtoire ....
héhé, c'est de la Virtoire ....
Re: René Martel, vive la France Libre
615sqn_Archy a écrit: Harryyyyyyyyyy :study: un plaisir, c'est si peu et tant a la fois ... ça caresses les neurones .. fait surgir une larme et laisse derriere une etrange impression de bien-etre .... tu fabriques des romans historiques, un peu comme Zola, tu transportes le lecteur comme un spectateur de l'action. Vivre le moment, cela s'appele aussi vivre tout court.........
C'est toujours avec une grande admiration et un grand plaisir que je lis tes histoires qui nous transportent il y a 65 ans en arrière
615sqn_Volta- Group Captain
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Re: René Martel, vive la France Libre
C'est toujours avec une grande admiration et un grand plaisir que je lis tes histoires qui nous transportent il y a 65 ans en arrière
ben c'est chouette moi ça me rajeuni de lire ça j'etais méme pas né
grand respect pour ton talent Sir Harry :spit: :spit:
:spit: :spit:
615sqn_Devarenne- Flying Officer
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Re: René Martel, vive la France Libre
Si un scénariste tombe sur ça, Sir Harry nous quittera pour Holliwood :(
615sqn_Pyker- Squadron Leader
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Re: René Martel, vive la France Libre
Wouuuuuuuaaaaaaaa què tombeur ce René !!!
Vivement la suite
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RTA_Oscarbob- Lt Colonel
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