René Martel, vive la France Libre
+19
KWM_Spit973
615sqn_Yoyo
F/JG300_Touch
615sqn_Yann-per
RTA_Sam
F/JG300_Jagermeister
615sqn_Devarenne
615sqn_Pyker
Geist-Reither
615sqn_Volta
615sqn_Fabien
615sqn_Archy
RTA_Redfox
615sqn_Rene
615sqn_William
RTA_Goliat
RTA_Oscarbob
615sqn_Kierkegaard
615sqn_Harry
23 participants
Page 1 sur 6
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
René Martel, vive la France Libre
Le train filait cahin-caha. De temps à autre le mécanicien lançait un coup de sifflet. Dans le compartiment dans lequel était installé le Sergent pilote Martel; peu de civils. Des militaires, des fantassins essentiellement au regard anxieux et un curé aussi qui lisait "Paris Soir". Le jeune pilote s'efforçait de rester concentré sur son ouvrage, "Manuel de vol - Hawk 75". Juste 5 heures de pratique sur ce nouveau chasseur, c'était un peu court pour aller au combat, mais avait-il le choix? L'heure était grave, la France en péril. On avait plus le temps de peaufiner le détail, il fallait y aller. Après un rapide passage chez lui en Gironde il avait pris la route vers le Nord de la France où l'attendait le GCI/5 escadrille a laquelle il avait été affectée.
Parti depuis Angoulême, le train l'avait emmené au travers de la France par Poitiers, Orléans, Troyes, Chaumont et enfin St-Dizier. Un voyage de presque 24 heures, dans la fumée des Boyard et la transpiration des malheureux soldats d'infanterie. Empêtrés dans leur harnachement, ils s'installaient tant bien que mal dans le couloir, les compartiments étant en général réservés aux sous-officiers ou aux officiers.
Par la grande fenêtre, le paysage bucolique de la Haute-Marnes défilait au rythme des cahots sur la voie. Mais où était donc la guerre?
- St-Dizier.. 5 minutes... terminus, tout le monde descend!
Lorsque le train s'arrêta enfin dans un grincement de freins, la guerre apparu enfin au Sergent Martel. Visiblement la Luftwaffe, avait déjà fait un passage dans le secteur. Wagons éventrés, rails arrachés ainsi que qu'une partie de la gare de marchandises portaient encore les stigmates d'un raid récent. Sur le quai des officiers tentaient tant bien que mal de réunir leurs soldats courant dans tous les sens. Le jeune pilote français, resta quelques instants dubitatif devant ce spectacle. Finalement, après avoir tenté de vainement trouver le chef de gare débordé, il s'approcha d'un manutentionnaire.
- M'ssieurs, svp! Je m'excuse, mais savez-vous où se trouve l'aérodrome militaire de St-Dizier, je suis affecté au groupe de chasse I/5?
Le gars un peu bourru le regarda d'un oeil méfiant.
- T'es un gars du sud toi avec ton accent hein?
- Heu oui, enfin pas tout à fait, je viens de la Gironde, pouvez-vous m'indiquer la base aérienne de St-Dizier.
- Ouai... vous n'avez qu'à longer la ligne là...
Il indiqua de la main les rails s'éloignant vers le Nord.
- La place d'aviation est à environ 1,5 km, avec un peu de chance vous y trouverez encore quelques pilotes,
Il ricana:
- ... Car au train où ça va, dans deux semaines, ils seront basés à Montpellier vos copains... Elle est bien belle notre armée.
Le sergent Martel s'éloigna sans un mot. Trébuchant sur le ballast éventré par les bombes il remonta la ligne, quelques centaines de mètre plus loin il se retrouva en pleine campagne. Son sac sur l'épaule, une brindille d'herbe au coin des lèvres il se mis à marcher d'un bon pas, sur le chemin au bas de ligne de chemin de fer. Il se surpris à siffler, l'insouciance de sa jeunesse lui faisait encore apprécier des plaisirs simples. Bientôt le ronronnement de deux moteurs attira son attention. Il monta sur la voie de chemin de fer et, une main sur le front regarda dans la direction d'où venait le bruit.
- Ah des copains du GCI/5 sans doute.
Bientôt la silhouette de deux appareils venant dans sa direction, apparu. Ces avions volaient à une centaine de mètres d'altitude à peine. "Ils effectuent leur approche" se dit Martel qui se remis à marcher. Cependant, le gars de la gare avait dit "le long de la ligne de chemin de fer...", alors pourquoi volaient-ils perpendiculairement à la voie. Le pilote français qui marchait maintenant sur la butte eu un mauvais pressentiment se retourna pour à nouveau regarder les deux avions. Train fixe, dièdre d'aile cassé...
- Nom de Dieu, des Stuka!
Il n'en avait jamais vu, mais on lui avait parlé à maintes reprises de ce terrible bombardier en piqué. En moins d'une seconde, alors que les balles commençaient de pleuvoir autour de lui, il se jeta au bas de la butte. Les deux Ju87 firent demi-tour et refirent une passe. Le sergent Martel avait repéré un bosquet à une trentaine de mètres, il attendit la tête entre les épaules que les mitrailleuses aient arrêté de crépiter et il piqua un sprint jusqu'au petit groupe d'arbres qu'il rejoint enfin. Il s'abrita du mieux qu'il pu sous le tronc d'un arbre mort. Après quelques minutes, les deux Stuka s'éloignèrent définitivement. Il resta encore quelques minutes prostré, tremblant, dans son abri qu'il quitta enfin.
- Bande de fumiers! Salauds!
Il hurla en brandissant son poing dans la direction où avaient disparu les deux avions allemands.
Il avait piètre allure. Son bel uniforme tout neuf était maculé de boue, son visage et ses mains griffées par les mûriers où il avait atterri après avoir bondi de la butte.
Il récupéra son sac perforé par une balle et se remis en marche vers l'aérodrome qui se trouvait finalement à quelques centaines de mètres.
Des carcasses d'avions et de véhicules incendiés parsemaient la piste. Les bâtiments de service également détruits semblaient abandonnés. Il restait quelques trous d'hommes dans lesquels pointaient l'affût d'armes antiaériennes. Il s'approcha du plus proche et interpella un caporal et deux soldats.
- Dites-donc les gars, vous n'avez pas vu deux Stuka qui mitraillaient dans le secteur.
Le Caporal qui fumait la pipe, rétorqua.
- Si bien sûr qu'on les avait vu. Mais on a pour ordre de ne tirer que sur ceux qui attaquent la base...
Parti depuis Angoulême, le train l'avait emmené au travers de la France par Poitiers, Orléans, Troyes, Chaumont et enfin St-Dizier. Un voyage de presque 24 heures, dans la fumée des Boyard et la transpiration des malheureux soldats d'infanterie. Empêtrés dans leur harnachement, ils s'installaient tant bien que mal dans le couloir, les compartiments étant en général réservés aux sous-officiers ou aux officiers.
Par la grande fenêtre, le paysage bucolique de la Haute-Marnes défilait au rythme des cahots sur la voie. Mais où était donc la guerre?
- St-Dizier.. 5 minutes... terminus, tout le monde descend!
Lorsque le train s'arrêta enfin dans un grincement de freins, la guerre apparu enfin au Sergent Martel. Visiblement la Luftwaffe, avait déjà fait un passage dans le secteur. Wagons éventrés, rails arrachés ainsi que qu'une partie de la gare de marchandises portaient encore les stigmates d'un raid récent. Sur le quai des officiers tentaient tant bien que mal de réunir leurs soldats courant dans tous les sens. Le jeune pilote français, resta quelques instants dubitatif devant ce spectacle. Finalement, après avoir tenté de vainement trouver le chef de gare débordé, il s'approcha d'un manutentionnaire.
- M'ssieurs, svp! Je m'excuse, mais savez-vous où se trouve l'aérodrome militaire de St-Dizier, je suis affecté au groupe de chasse I/5?
Le gars un peu bourru le regarda d'un oeil méfiant.
- T'es un gars du sud toi avec ton accent hein?
- Heu oui, enfin pas tout à fait, je viens de la Gironde, pouvez-vous m'indiquer la base aérienne de St-Dizier.
- Ouai... vous n'avez qu'à longer la ligne là...
Il indiqua de la main les rails s'éloignant vers le Nord.
- La place d'aviation est à environ 1,5 km, avec un peu de chance vous y trouverez encore quelques pilotes,
Il ricana:
- ... Car au train où ça va, dans deux semaines, ils seront basés à Montpellier vos copains... Elle est bien belle notre armée.
Le sergent Martel s'éloigna sans un mot. Trébuchant sur le ballast éventré par les bombes il remonta la ligne, quelques centaines de mètre plus loin il se retrouva en pleine campagne. Son sac sur l'épaule, une brindille d'herbe au coin des lèvres il se mis à marcher d'un bon pas, sur le chemin au bas de ligne de chemin de fer. Il se surpris à siffler, l'insouciance de sa jeunesse lui faisait encore apprécier des plaisirs simples. Bientôt le ronronnement de deux moteurs attira son attention. Il monta sur la voie de chemin de fer et, une main sur le front regarda dans la direction d'où venait le bruit.
- Ah des copains du GCI/5 sans doute.
Bientôt la silhouette de deux appareils venant dans sa direction, apparu. Ces avions volaient à une centaine de mètres d'altitude à peine. "Ils effectuent leur approche" se dit Martel qui se remis à marcher. Cependant, le gars de la gare avait dit "le long de la ligne de chemin de fer...", alors pourquoi volaient-ils perpendiculairement à la voie. Le pilote français qui marchait maintenant sur la butte eu un mauvais pressentiment se retourna pour à nouveau regarder les deux avions. Train fixe, dièdre d'aile cassé...
- Nom de Dieu, des Stuka!
Il n'en avait jamais vu, mais on lui avait parlé à maintes reprises de ce terrible bombardier en piqué. En moins d'une seconde, alors que les balles commençaient de pleuvoir autour de lui, il se jeta au bas de la butte. Les deux Ju87 firent demi-tour et refirent une passe. Le sergent Martel avait repéré un bosquet à une trentaine de mètres, il attendit la tête entre les épaules que les mitrailleuses aient arrêté de crépiter et il piqua un sprint jusqu'au petit groupe d'arbres qu'il rejoint enfin. Il s'abrita du mieux qu'il pu sous le tronc d'un arbre mort. Après quelques minutes, les deux Stuka s'éloignèrent définitivement. Il resta encore quelques minutes prostré, tremblant, dans son abri qu'il quitta enfin.
- Bande de fumiers! Salauds!
Il hurla en brandissant son poing dans la direction où avaient disparu les deux avions allemands.
Il avait piètre allure. Son bel uniforme tout neuf était maculé de boue, son visage et ses mains griffées par les mûriers où il avait atterri après avoir bondi de la butte.
Il récupéra son sac perforé par une balle et se remis en marche vers l'aérodrome qui se trouvait finalement à quelques centaines de mètres.
Des carcasses d'avions et de véhicules incendiés parsemaient la piste. Les bâtiments de service également détruits semblaient abandonnés. Il restait quelques trous d'hommes dans lesquels pointaient l'affût d'armes antiaériennes. Il s'approcha du plus proche et interpella un caporal et deux soldats.
- Dites-donc les gars, vous n'avez pas vu deux Stuka qui mitraillaient dans le secteur.
Le Caporal qui fumait la pipe, rétorqua.
- Si bien sûr qu'on les avait vu. Mais on a pour ordre de ne tirer que sur ceux qui attaquent la base...
Dernière édition par le Sam 21 Oct 2006 - 0:18, édité 3 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Dégoûté, le sergent Martel fit demi-tour sans un mot et se dirigea vers une grande tente partiellement camouflée d'où émanait des conversations radios.
Il se présenta à l'intérieur.
- Bonjour, je suis le sergent René Martel, j'ai été affecté à cette escadrille.
Un sous-lieutenant d'infanterie le dévisagea avec suspicion et lui répondit sèchement:
- Et ben dites donc Sergent, en voilà une tenue pour vous présenter à un officier.
- J'ai été pris à partie par deux Stuka à quelques centaines de mètres d'ici et j'ai dû me mettre à l'abri en catastrophe...
Il reprit sarcastique:
- ... Je suis désolé, je n'ai pas trouvé ni douche ni tailleur entre l'endroit de l'attaque et la base lieutenant. Je suis d'ailleurs fort surpris d'apprendre que la DCA de cette aérodrome est assistée en spectateur à ma petite séance de cache-cache avec les deux Stuka.
L'Officier ne sembla pas s'offusquer du ton employé par Martel.
- Ah... c'est donc vous que les Ju87 mitraillaient à quelques centaines de mètres d'ici. Il fallait éviter la ligne de chemin de fer pour venir ici. Les Boches adorent la remonter pour mitrailler nos convois... Bon, suivez-moi, je vais vous conduire auprès du commandant de la base.
Quelques minutes plus tard, il rencontra le Capitaine Moron. Il était assis à son bureau recouvert d'un fatras de papiers et de restes de nourritures. Sur une petite table, entre une cafetière et une tasse, un poste radio pour l'instant muet. Le sergent Martel remis sa lettre d'affectation à l'officier qui resta impassible.
- Sergent René Martel, j'ai été affecté à votre escadrille mon Capitaine.
Moron, regarda le document quelques secondes, puis il se mis à rire. Il se leva, empoigna une bouteille d'alcool et se servi un verre.
- Vous avez soif Martel?
Le jeune pilote surpris par cette réaction bafouilla.
- Heu... ben non mon Capitaine, je n'ai pas soif, enfin pas trop.
Le Capitaine lui servi un verre et lui tendit d'un geste ferme.
- Buvez Sergent! Allez buvez! Nous allons boire à la France... notre malheureuse France.
D'un geste sec il éclusa son verre. Martel hésitant finit par en faire de même non sans grimacer tant le breuvage était mauvais. Moron reprit:
- C'est de la patate, pas mal hein? Dites-moi Martel, d'où venez-vous?
La voix un peu enrouée par l'alcool. Martel répondit.
- De Bassac... en Gironde mon Capitaine.
- Et que faisiez-vous avant d'entrer dans l'armée?
Martel surpris par la tournure de la discussion, reprit:
- Et bien j'aidais mon père et mon oncle dans le domaine familiale. Nous faisons du Cognac et des vins doux... Dites-moi mon Capitaine et si maintenant vous me disiez où je dois déposer mon barda, il me tarde de combattre!
Le Capitaine se mit de nouveau à rire.
- Combattre? Mais avec quoi mon petit Martel? AVEC QUOI?. Venez avec moi.
Ils quittèrent la cahute.
Moron montra du doigt 4 avions camouflés sous des filets.
- Voilà tout ce qui reste du GCI/5, 4 avions plus ou moins en état de vol! Il y a 10 jours on était encore 23 pilotes, avec les Anglais qui avaient des Hurricane, on était presque 40. Aujourd'hui il me reste, avec vous, 9 pilotes et 4 avions. Tout ce j'ai pour vous Martel, c'est une bicyclette.
Martel se rebiffa.
- Mais je veux combattre mon Capitaine! Je veux défendre mon pays!
Le Capitaine Moron retourna sans un mot à son bureau. Une fois assis, il fixa son pilote dans les yeux.
- Arrêtez de rêver Martel, pour l'armée régulière la guerre sera finie dans les semaines qui suivront. Si vous voulez vous battre en France, prenez un fusil, des grenades, cachez-vous dans les bois, attendez quelques semaines que tout ce soit calmé; sortez la nuit et cassez du Boches en cachette. Si vous voulez piloter, faites comme de nombreux pilotes français, rejoignez l'Angleterre et la RAF. Voilà, la discussion est terminée, je suis désolé qu'on vous ait fait faire tout ce voyage pour rien! Rompez et partez d'ici sergent, partez avant que les Allemands ne soient là et vous prennent! Allez... allez... c'est un ordre!
Abasourdi par ce qu'il lui arrivait, René Martel prit sans un mot son sac et après avoir traversé la base, il repris la route de St-Dizier.
20 minutes plus tard, il retrouva la gare qu'il avait quittée il avait à peine une heure. Après être resté assis, pensif, réfléchissant sur ce qu'il allait faire, il interpella un officier d'artillerie qui semblait attendre un train.
- Dites-moi Lieutenant, pouvez-vous me dire où le front se situe actuellement? En fait, j'aimerais rejoindre la côte dans le Nord où en Normandie.
L'officier le dévisagea avec stupeur.
- Et bien mon cher, si vous voulez de l'action s'est bien là qu'il y en aura. Aux dernières nouvelles les Allemands étaient à Lilles. Prenez le train pour Orléans, il part dans une heure si tout va bien, puis essayez de vous diriger plutôt vers Amiens ou Abbeville. Mais je doute que vous trouviez un avion pour vous là-bas.
Martel répondit sans réfléchir.
- Un fusil me suffira mon lieutenant!
Et il parti à la recherche du fameux train.
Une heure plus tard, il était installé dans un wagon marchandise avec une dizaine de soldats, le convoi roulait la nuit. En effet, la journée, les convois ferroviaires étaient trop vulnérables aux attaques aériennes. Bercé par les mouvement réguliers du wagon, il s'endormit profondément.
A minuit, le train s'arrêta à Orléans, il profita pour se dégourdir un peu les jambes. Il s'approcha d'un groupe de soldats qui discutaient vivement.
- Les Anglish se barrent, ils sont à Dunkerque avec les Allemands aux fesses!
- Pfff, les lâches!
- Ouai, mais ils doivent organiser la défense chez eux, c'est normal qu'il se regroupent et qu'ils battent en retraite.
- Tu veux que je te dise Marius, les Anglais, ils n'en ont rien à foutre de la France! Ils n'n ont jamais rien eu à foutre, au contraire ils auraient été content de l'occuper tout comme les Boches!
- Arrêtes Emile tu racontes n'importe quoi....
Martel s'éloigna et remonta dans son wagon. Diable, la situation semblait empirer de jour en jour.
Le lendemain matin, le train s'arrêta a 5 km d'Amiens alors sous le feu des bombes Allemandes. Affamés, il profita d'une cantine pour manger un peu de soupe.
Les soldats français semblaient perdus, ils ne savaient pas où aller, ni quoi faire. Sur la route, c'était l'exode. au milieu de soldats ou de véhicules militaires, des milliers de civils prenaient la fuite devant l'avance allemande. Il s'approcha d'un couple de personnes âgées poussant une charrette remplie de leur quelques richesses.
- Excusez-moi! Savez-vous s'il y a un aérodrome dans le coin.
L'homme continua de pousser le regard fixé sur la route.
- ... militaire, non il n'y a plus rien, tout a été rasé ces dernières semaines. Il y a l'aéroclub de Cagny. Mais je suis bien incapable de vous dire s'il reste des avions là bas.
Il s'arrêta un instant et lui indiqua un village au loin,
- Ca c'est Boves, suivez la route qui part à l'Est et vous arriverez à Cagny. Vous ne pourrez pas louper l'aéroclub, il est à l'entrée du village.
Après un bref remerciement, le pilote français remonta la colonne en courant. A un moment donné il fut interpellé .
- Hep, où tu vas comme ça toi?
Martel, dévisagea celui qui l'avait appelé. Il s'agissait d'un jeune sergent pilote comme lui, il se présenta:
- Je m'appelle René Martel, et toi?
- Louis Kierkegaard, je sais c'est un drôle de nom, je suis du Nord. J'étais au GCII/3 et toi?
- GCI/5... enfin, lorsque je suis arrivé il n'y avait plus d'avions pour moi... alors je suis parti... je vais essayer de rejoindre l'Angleterre...
Louis qui marchait avec lui maintenant reprit jovial
- Ah ben, enfin quelqu'un de positif dans ce merdier, je viens avec toi.
Le pilote nordiste poursuivit.
- Notre groupe a été anéanti dès les premières jours de la bataille. Leurs bimoteurs ont rasé notre base, 12 de nos MS406 ont été détruits. On a fait avec les 11 restants, on s'est battu comme des lions, mais contre les 109, c'est difficile. Les copains ont abattu un bon nombre d'avions ennemis, moi j'ai surtout tourné et évité de me faire descendre. Il y a trois jours ont avait plus d'appareils, les officier pétaient les plombs, j'avais plus rien à faire là, alors avec deux autres pilotes, on est parti. On s'est séparé à Abbeville, ils voulaient aller à Dunkerque et embarquer pour l'Angleterre, mais là bas c'était un terrible bordel. M'étonnerait qu'ils aient pu traverser les lignes...
Alors qu'ils discutaient tout en cheminant, ils finirent par arriver à Cagny. L'aéroclub était bien là et les hangars semblaient intacts. Dans le premier, ils trouvèrent deux planeurs à moitié démontés. Dans le deuxième, ils découvrirent avec satisfaction et surprise un Morane MS230 armé, avion utilisé par les écoles de pilotage et que tout deux connaissaient bien pour avoir fait leur premières heures de vol dessus.
Kierkegaard siffla entre ses dents
- Ben dit-donc, qu'est ce que fout un avion de l'armée ici dans ce coin. Bizarre non?
Martel était déjà entrain de vérifier les niveaux d'essence et d'huile au moteur.
- M'en fout, tant qu'on a un zing à deux places pour rejoindre l'Angleterre, je me pose pas trop de questions. Ok, il y a de l'essence dans le réservoir et là-bas j'ai aperçu un fut qui a l'air plein, on va compléter. Les batteries ont l'air chargé, vas-y ouvre les portes qu'on ait un peu de lumière. C'est notre jour de chance mon vieux Louis.
Kierkegaard semblait tout à coup moins sûr.
- Dit-donc René, si les boches nous tombent dessus avec un avions à cocardes, on va être mal, tu crois vraiment que c'est une bonne idée? En plus, ça fait quand même une trotte jusqu'en Angleterre, tu penses qu'on a le rayon d'action pour aller jusque là-bas?
René en bras de chemises, les mains noires de cambouis, s'essuya à une vieille pate et se campa devant son collègue.
- Et que crois-tu qu'il se passera si on est dans un avion civil? Qu'ils vont nosu faire des politesses? Avec ça, au pire, on pourra au moins se défendre.
Le sergent Kierkegaard faisait la moue:
- En 230 face à du Bf110, ça va être léger...
René le fixa dans les yeux.
- Bon écoutes Louis, moi j'y vais, je ne resterais pas ici à attendre que les Allemands nous capturent et nous foutent dans un camp. Alors je tente le coup, je préfère encore un bain dans la Manche et quelques heures de natations, que de rester les bras ballants à attendre que je me fasse capturer.
Son camarade sembla plus rassuré.
- Ok... ça va... je suis avec toi.
René repris.
- Si tu veux c'est moi qui pilote. Toi tu t'occupes de la mitrailleuse arrière et je te mettrais deux bidons d'essence. On fera le plein en vol si nécessaire.
- Le ... le plein en vol??? mais comment tu vas t'y prendre?
- Je ne sais pas... tu prendras les commandes et je montrais sur l'aile s'il le faut.
Les deux pilotes se regardèrent et explosèrent de rire.
- Tu nous vois en plein combat, toi sur l'aile ton pistolet à la main à canarder les Boches et moi une main sur les commandes et l'autre maniant la mitrailleuse arrière?
Ils s'esclaffèrent de plus belle.
Un petit quart d'heure plus tard, le Morane était prêt à l'envol devant le hangar.
Les deux hommes se consultèrent du regard.
- ... on y va!
Martel s'installa aux commandes, mis le contact, enclencha la pompe à essence et attendit que la pression s'établisse. Il lança le démarreur. Cette manœuvre, il l'avait faite des centaines de fois, et lorsque le moteur s'ébroua dans un nuage blanc. Il ne fut pas surpris outre mesure. Kierkegaard s'installa à l'arrière en se faufilant au mieux entre les deux bidons de carburant. Une fois assis, il arma la mitrailleuse et le vieux chasseur français se mis à rouler. Martel eut toutes les peines à lever la queue de l'avion à cause des 80 lt d'essence supplémentaire qui déséquilibraient l'appareil. Après bien des hésitations le monoplan prit l'air non sans louvoyer. Le sergent Martel dû batailler pour maintenir l'avion en ligne. Il hurla pour couvrir le bruit du moteur.
- Balances un bidon Kier, on n'y arrivera jamais.
Kierkegaard empoigna un des fut et péniblement le hissa sur le bord de la carlingue. Martel inclina l'avion et le fut tomba dans le vide. Louis lui tapa sur l'épaule, le pouce en l'air. Le Moranes persistait à avoir un comportement dangereux.
- Balances l'autre Kier, on a y arrivera jamais, le zing ne monte pas!
- T'es malade René on y arrivera jamais!
- Balances je te dit! regarde la côte est là bas, on va la remonter jusqu'à Calais, après on piquera sur l'Angleterre!
A contrecœur, le sergent Kierkegaard balança le deuxième bidons par dessus bord. Le Morane soudain allégé fit un bond en l'air et accéléra. Martel se retourna:
- Je vais voler sur un filet de gaz, ça ira... on a 250 km à faire jusqu'à Calais ensuite on traverse le channel...
Un peu moins d'une heure plus tard, la Manche apparu au loin. Le Morane volait maintenant à 4000 mètres. Alors que René regardait avec satisfaction sa jauge dont l'aiguille naviguait au tier du cadran. Le sang du sergent Kierkegaard se glaça dans ses veines. Au loin, il venait d'apercevoir plusieurs dizaines de contacts volant sur un même cap légèrement plus bas. Il tapa l'épaule de Martel.
- Stuka!
- Ouai et en dessus les petits points nerveux ... l'escorte.
Il se présenta à l'intérieur.
- Bonjour, je suis le sergent René Martel, j'ai été affecté à cette escadrille.
Un sous-lieutenant d'infanterie le dévisagea avec suspicion et lui répondit sèchement:
- Et ben dites donc Sergent, en voilà une tenue pour vous présenter à un officier.
- J'ai été pris à partie par deux Stuka à quelques centaines de mètres d'ici et j'ai dû me mettre à l'abri en catastrophe...
Il reprit sarcastique:
- ... Je suis désolé, je n'ai pas trouvé ni douche ni tailleur entre l'endroit de l'attaque et la base lieutenant. Je suis d'ailleurs fort surpris d'apprendre que la DCA de cette aérodrome est assistée en spectateur à ma petite séance de cache-cache avec les deux Stuka.
L'Officier ne sembla pas s'offusquer du ton employé par Martel.
- Ah... c'est donc vous que les Ju87 mitraillaient à quelques centaines de mètres d'ici. Il fallait éviter la ligne de chemin de fer pour venir ici. Les Boches adorent la remonter pour mitrailler nos convois... Bon, suivez-moi, je vais vous conduire auprès du commandant de la base.
Quelques minutes plus tard, il rencontra le Capitaine Moron. Il était assis à son bureau recouvert d'un fatras de papiers et de restes de nourritures. Sur une petite table, entre une cafetière et une tasse, un poste radio pour l'instant muet. Le sergent Martel remis sa lettre d'affectation à l'officier qui resta impassible.
- Sergent René Martel, j'ai été affecté à votre escadrille mon Capitaine.
Moron, regarda le document quelques secondes, puis il se mis à rire. Il se leva, empoigna une bouteille d'alcool et se servi un verre.
- Vous avez soif Martel?
Le jeune pilote surpris par cette réaction bafouilla.
- Heu... ben non mon Capitaine, je n'ai pas soif, enfin pas trop.
Le Capitaine lui servi un verre et lui tendit d'un geste ferme.
- Buvez Sergent! Allez buvez! Nous allons boire à la France... notre malheureuse France.
D'un geste sec il éclusa son verre. Martel hésitant finit par en faire de même non sans grimacer tant le breuvage était mauvais. Moron reprit:
- C'est de la patate, pas mal hein? Dites-moi Martel, d'où venez-vous?
La voix un peu enrouée par l'alcool. Martel répondit.
- De Bassac... en Gironde mon Capitaine.
- Et que faisiez-vous avant d'entrer dans l'armée?
Martel surpris par la tournure de la discussion, reprit:
- Et bien j'aidais mon père et mon oncle dans le domaine familiale. Nous faisons du Cognac et des vins doux... Dites-moi mon Capitaine et si maintenant vous me disiez où je dois déposer mon barda, il me tarde de combattre!
Le Capitaine se mit de nouveau à rire.
- Combattre? Mais avec quoi mon petit Martel? AVEC QUOI?. Venez avec moi.
Ils quittèrent la cahute.
Moron montra du doigt 4 avions camouflés sous des filets.
- Voilà tout ce qui reste du GCI/5, 4 avions plus ou moins en état de vol! Il y a 10 jours on était encore 23 pilotes, avec les Anglais qui avaient des Hurricane, on était presque 40. Aujourd'hui il me reste, avec vous, 9 pilotes et 4 avions. Tout ce j'ai pour vous Martel, c'est une bicyclette.
Martel se rebiffa.
- Mais je veux combattre mon Capitaine! Je veux défendre mon pays!
Le Capitaine Moron retourna sans un mot à son bureau. Une fois assis, il fixa son pilote dans les yeux.
- Arrêtez de rêver Martel, pour l'armée régulière la guerre sera finie dans les semaines qui suivront. Si vous voulez vous battre en France, prenez un fusil, des grenades, cachez-vous dans les bois, attendez quelques semaines que tout ce soit calmé; sortez la nuit et cassez du Boches en cachette. Si vous voulez piloter, faites comme de nombreux pilotes français, rejoignez l'Angleterre et la RAF. Voilà, la discussion est terminée, je suis désolé qu'on vous ait fait faire tout ce voyage pour rien! Rompez et partez d'ici sergent, partez avant que les Allemands ne soient là et vous prennent! Allez... allez... c'est un ordre!
Abasourdi par ce qu'il lui arrivait, René Martel prit sans un mot son sac et après avoir traversé la base, il repris la route de St-Dizier.
20 minutes plus tard, il retrouva la gare qu'il avait quittée il avait à peine une heure. Après être resté assis, pensif, réfléchissant sur ce qu'il allait faire, il interpella un officier d'artillerie qui semblait attendre un train.
- Dites-moi Lieutenant, pouvez-vous me dire où le front se situe actuellement? En fait, j'aimerais rejoindre la côte dans le Nord où en Normandie.
L'officier le dévisagea avec stupeur.
- Et bien mon cher, si vous voulez de l'action s'est bien là qu'il y en aura. Aux dernières nouvelles les Allemands étaient à Lilles. Prenez le train pour Orléans, il part dans une heure si tout va bien, puis essayez de vous diriger plutôt vers Amiens ou Abbeville. Mais je doute que vous trouviez un avion pour vous là-bas.
Martel répondit sans réfléchir.
- Un fusil me suffira mon lieutenant!
Et il parti à la recherche du fameux train.
Une heure plus tard, il était installé dans un wagon marchandise avec une dizaine de soldats, le convoi roulait la nuit. En effet, la journée, les convois ferroviaires étaient trop vulnérables aux attaques aériennes. Bercé par les mouvement réguliers du wagon, il s'endormit profondément.
A minuit, le train s'arrêta à Orléans, il profita pour se dégourdir un peu les jambes. Il s'approcha d'un groupe de soldats qui discutaient vivement.
- Les Anglish se barrent, ils sont à Dunkerque avec les Allemands aux fesses!
- Pfff, les lâches!
- Ouai, mais ils doivent organiser la défense chez eux, c'est normal qu'il se regroupent et qu'ils battent en retraite.
- Tu veux que je te dise Marius, les Anglais, ils n'en ont rien à foutre de la France! Ils n'n ont jamais rien eu à foutre, au contraire ils auraient été content de l'occuper tout comme les Boches!
- Arrêtes Emile tu racontes n'importe quoi....
Martel s'éloigna et remonta dans son wagon. Diable, la situation semblait empirer de jour en jour.
Le lendemain matin, le train s'arrêta a 5 km d'Amiens alors sous le feu des bombes Allemandes. Affamés, il profita d'une cantine pour manger un peu de soupe.
Les soldats français semblaient perdus, ils ne savaient pas où aller, ni quoi faire. Sur la route, c'était l'exode. au milieu de soldats ou de véhicules militaires, des milliers de civils prenaient la fuite devant l'avance allemande. Il s'approcha d'un couple de personnes âgées poussant une charrette remplie de leur quelques richesses.
- Excusez-moi! Savez-vous s'il y a un aérodrome dans le coin.
L'homme continua de pousser le regard fixé sur la route.
- ... militaire, non il n'y a plus rien, tout a été rasé ces dernières semaines. Il y a l'aéroclub de Cagny. Mais je suis bien incapable de vous dire s'il reste des avions là bas.
Il s'arrêta un instant et lui indiqua un village au loin,
- Ca c'est Boves, suivez la route qui part à l'Est et vous arriverez à Cagny. Vous ne pourrez pas louper l'aéroclub, il est à l'entrée du village.
Après un bref remerciement, le pilote français remonta la colonne en courant. A un moment donné il fut interpellé .
- Hep, où tu vas comme ça toi?
Martel, dévisagea celui qui l'avait appelé. Il s'agissait d'un jeune sergent pilote comme lui, il se présenta:
- Je m'appelle René Martel, et toi?
- Louis Kierkegaard, je sais c'est un drôle de nom, je suis du Nord. J'étais au GCII/3 et toi?
- GCI/5... enfin, lorsque je suis arrivé il n'y avait plus d'avions pour moi... alors je suis parti... je vais essayer de rejoindre l'Angleterre...
Louis qui marchait avec lui maintenant reprit jovial
- Ah ben, enfin quelqu'un de positif dans ce merdier, je viens avec toi.
Le pilote nordiste poursuivit.
- Notre groupe a été anéanti dès les premières jours de la bataille. Leurs bimoteurs ont rasé notre base, 12 de nos MS406 ont été détruits. On a fait avec les 11 restants, on s'est battu comme des lions, mais contre les 109, c'est difficile. Les copains ont abattu un bon nombre d'avions ennemis, moi j'ai surtout tourné et évité de me faire descendre. Il y a trois jours ont avait plus d'appareils, les officier pétaient les plombs, j'avais plus rien à faire là, alors avec deux autres pilotes, on est parti. On s'est séparé à Abbeville, ils voulaient aller à Dunkerque et embarquer pour l'Angleterre, mais là bas c'était un terrible bordel. M'étonnerait qu'ils aient pu traverser les lignes...
Alors qu'ils discutaient tout en cheminant, ils finirent par arriver à Cagny. L'aéroclub était bien là et les hangars semblaient intacts. Dans le premier, ils trouvèrent deux planeurs à moitié démontés. Dans le deuxième, ils découvrirent avec satisfaction et surprise un Morane MS230 armé, avion utilisé par les écoles de pilotage et que tout deux connaissaient bien pour avoir fait leur premières heures de vol dessus.
Kierkegaard siffla entre ses dents
- Ben dit-donc, qu'est ce que fout un avion de l'armée ici dans ce coin. Bizarre non?
Martel était déjà entrain de vérifier les niveaux d'essence et d'huile au moteur.
- M'en fout, tant qu'on a un zing à deux places pour rejoindre l'Angleterre, je me pose pas trop de questions. Ok, il y a de l'essence dans le réservoir et là-bas j'ai aperçu un fut qui a l'air plein, on va compléter. Les batteries ont l'air chargé, vas-y ouvre les portes qu'on ait un peu de lumière. C'est notre jour de chance mon vieux Louis.
Kierkegaard semblait tout à coup moins sûr.
- Dit-donc René, si les boches nous tombent dessus avec un avions à cocardes, on va être mal, tu crois vraiment que c'est une bonne idée? En plus, ça fait quand même une trotte jusqu'en Angleterre, tu penses qu'on a le rayon d'action pour aller jusque là-bas?
René en bras de chemises, les mains noires de cambouis, s'essuya à une vieille pate et se campa devant son collègue.
- Et que crois-tu qu'il se passera si on est dans un avion civil? Qu'ils vont nosu faire des politesses? Avec ça, au pire, on pourra au moins se défendre.
Le sergent Kierkegaard faisait la moue:
- En 230 face à du Bf110, ça va être léger...
René le fixa dans les yeux.
- Bon écoutes Louis, moi j'y vais, je ne resterais pas ici à attendre que les Allemands nous capturent et nous foutent dans un camp. Alors je tente le coup, je préfère encore un bain dans la Manche et quelques heures de natations, que de rester les bras ballants à attendre que je me fasse capturer.
Son camarade sembla plus rassuré.
- Ok... ça va... je suis avec toi.
René repris.
- Si tu veux c'est moi qui pilote. Toi tu t'occupes de la mitrailleuse arrière et je te mettrais deux bidons d'essence. On fera le plein en vol si nécessaire.
- Le ... le plein en vol??? mais comment tu vas t'y prendre?
- Je ne sais pas... tu prendras les commandes et je montrais sur l'aile s'il le faut.
Les deux pilotes se regardèrent et explosèrent de rire.
- Tu nous vois en plein combat, toi sur l'aile ton pistolet à la main à canarder les Boches et moi une main sur les commandes et l'autre maniant la mitrailleuse arrière?
Ils s'esclaffèrent de plus belle.
Un petit quart d'heure plus tard, le Morane était prêt à l'envol devant le hangar.
Les deux hommes se consultèrent du regard.
- ... on y va!
Martel s'installa aux commandes, mis le contact, enclencha la pompe à essence et attendit que la pression s'établisse. Il lança le démarreur. Cette manœuvre, il l'avait faite des centaines de fois, et lorsque le moteur s'ébroua dans un nuage blanc. Il ne fut pas surpris outre mesure. Kierkegaard s'installa à l'arrière en se faufilant au mieux entre les deux bidons de carburant. Une fois assis, il arma la mitrailleuse et le vieux chasseur français se mis à rouler. Martel eut toutes les peines à lever la queue de l'avion à cause des 80 lt d'essence supplémentaire qui déséquilibraient l'appareil. Après bien des hésitations le monoplan prit l'air non sans louvoyer. Le sergent Martel dû batailler pour maintenir l'avion en ligne. Il hurla pour couvrir le bruit du moteur.
- Balances un bidon Kier, on n'y arrivera jamais.
Kierkegaard empoigna un des fut et péniblement le hissa sur le bord de la carlingue. Martel inclina l'avion et le fut tomba dans le vide. Louis lui tapa sur l'épaule, le pouce en l'air. Le Moranes persistait à avoir un comportement dangereux.
- Balances l'autre Kier, on a y arrivera jamais, le zing ne monte pas!
- T'es malade René on y arrivera jamais!
- Balances je te dit! regarde la côte est là bas, on va la remonter jusqu'à Calais, après on piquera sur l'Angleterre!
A contrecœur, le sergent Kierkegaard balança le deuxième bidons par dessus bord. Le Morane soudain allégé fit un bond en l'air et accéléra. Martel se retourna:
- Je vais voler sur un filet de gaz, ça ira... on a 250 km à faire jusqu'à Calais ensuite on traverse le channel...
Un peu moins d'une heure plus tard, la Manche apparu au loin. Le Morane volait maintenant à 4000 mètres. Alors que René regardait avec satisfaction sa jauge dont l'aiguille naviguait au tier du cadran. Le sang du sergent Kierkegaard se glaça dans ses veines. Au loin, il venait d'apercevoir plusieurs dizaines de contacts volant sur un même cap légèrement plus bas. Il tapa l'épaule de Martel.
- Stuka!
- Ouai et en dessus les petits points nerveux ... l'escorte.
Dernière édition par le Mar 8 Aoû 2006 - 10:06, édité 5 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
La suite, la suite la suite !
615sqn_Kierkegaard- Flying Officer
- Nombre de messages : 571
Localisation : Au bout d'un parachute...
Date d'inscription : 27/03/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
'a viendra
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Les Stuka passèrent dans un vrombissement terrible à proximité du Morane. Les deux français pouvaient très bien apercevoir la tête des pilotes des appareils passant tout près d'eux. C'est à peine si quelques têtes ornées de casques en cuir clair et de paires de lunettes de vol convergèrent dans leur direction. Deux Bf109 firent mine de se diriger vers eux. Immédiatement, Martel fit basculer son avion qu'il inscrit dans une spirale descendante serrée. Les chasseurs allemands refusèrent de le suivre, et reprirent leur position vers les bombardiers en piqué. Le pilote français rétabli à 2000 mètres et s'éloigna plein gaz vers la mer. Il se retourna vers Louis Kierkegaard, pâle comme un mort.
- 'tain j'ai bien cru que notre dernière heure allait arriver.
Martel avait également quelques peines à maîtriser un tremblement nerveux dans sa jambe droite. Non pas que les chasseurs allemands l'aient outre mesure impressionnés, mais la brutalité du contact avec les appareils ennemis lui avait causé une mauvaise surprise. Il avait également été impressionné par la passivité des pilotes de Stuka qui avaient à peine daigné les regarder alors qu'ils étaient en plein milieu de leur formation avec un chasseur portant des marquages français, certes ancien l'avion, mais chasseur quand même.
Alors qu'il reprenait leur cap vers la manche et qu'au loin apparaissaient déjà les falaises de Douvres, René Martel ne put s'empêcher de penser que les pilotes de la Luftwaffe affichaient une grosse confiance en eux et qu'effectivement, la défaite ne devait pas être loin pour la France.
Leurs problèmes ne semblaient par pour autant terminés, car bientôt six nouveaux contacts grandissants dans l'horizon ensoleillé de ce début juin '40, apparurent au-dessus des côtes britanniques. Les deux Français respirèrent un grand coup quand il reconnurent les cocardes anglaises. Les avions de la RAF s'approchèrent du Morane, le contournèrent et l'encadrèrent de part et d'autre. Un des avions s'approcha. Le pilote leur fit signe de les suivre. René répondit par signes qu'il n'avait bientôt plus de carburant. L'aviateur anglais acquiesça du chef pour montrer qu'il avait compris.
- Des Spitfire! S'écria Louis admiratif.
Martel ne put s'empêcher de contempler la ligne fine et racée du chasseur anglais. Le vrombissement de leur moteur couvrait celui du MS.230. Louis tapa sur l'épaule de Martel:
- Dis-donc René! Tu crois pas qu'ils en auraient un ou deux de ces beaux engins pour nous?
Martel répondit avec un sourire, mais il avait d'autres soucis; la jauge à essence était au plus bas. Ils avaient dépassé la côte anglaise et malgré toutes ses précautions, le niveau d'essence commençait d'être sérieusement inquiétant. 15 minutes plus tard, alors qu'il commençait de chercher du regard un endroit où poser le Morane, de longs bâtiments gris et bruns apparurent enfin à l'horizon.
Martel se retourna souriant vers son passager.
- Le paradis enfin!
Les 6 Spitfire se mirent à tourner autour de la base aérienne pendant que le chasseur français s'alignait sur une des longues et larges bandes qui apparaissaient plus claire dans l'herbe de la campagne environnante. Le Morane toucha enfin le sol. Soulagé, le sergent Martel suivit les indications d'un soldat anglais qui lui fait signe depuis le bord de la piste. Une petite minute plus tard, quand l'hélice s'immobilisa enfin, le silence se fit presque pesant. Ils étaient partis comme des voleurs, sans équipement de vol. Juste une paire de lunettes et des gants trouvés près des planeurs. Malgré ce début d'été très chaud, à 4000 mètres ils avaient eu froid. Les deux homme s'extirpèrent péniblement de l'avion. Quand, tremblants comme une feuille, ils mirent pieds à terre un petit comité d'accueil les attendait. Un caporal de l'armée de sa Gracieuse Majesté leur demanda dans un français effroyable, s'il voulait qu'il ordonne de faire le plein à leur appareil pour qu'ils puissent retourner au combat. Louis qui avait appris trois mots d'Anglais avec les pilotes de la RAF qui avait partagé leur quotidien quelques semaines en France, répondit tant bien que mal:
- Heuu non! Nous, pas venir ravitailler avec coucou antique pour suicide. France foutue, nous venir Grande-Bretagne pour rejoindre RAF.
Le soldat britannique leur fit signe de le suivre jusqu'à un ce qui ressemblait à un mess. A cet endroit, on leur servit du thé ainsi que des oeufs brouillés, du lard grillé et des petites saucisses accompagnées de pain grillé. Affamés, ils dévorèrent ce repas, sans s'imaginer un instant que ces aliments allaient constituer le principal de leur subsistance pendant les 4 années qui allaient suivre...
- 'tain j'ai bien cru que notre dernière heure allait arriver.
Martel avait également quelques peines à maîtriser un tremblement nerveux dans sa jambe droite. Non pas que les chasseurs allemands l'aient outre mesure impressionnés, mais la brutalité du contact avec les appareils ennemis lui avait causé une mauvaise surprise. Il avait également été impressionné par la passivité des pilotes de Stuka qui avaient à peine daigné les regarder alors qu'ils étaient en plein milieu de leur formation avec un chasseur portant des marquages français, certes ancien l'avion, mais chasseur quand même.
Alors qu'il reprenait leur cap vers la manche et qu'au loin apparaissaient déjà les falaises de Douvres, René Martel ne put s'empêcher de penser que les pilotes de la Luftwaffe affichaient une grosse confiance en eux et qu'effectivement, la défaite ne devait pas être loin pour la France.
Leurs problèmes ne semblaient par pour autant terminés, car bientôt six nouveaux contacts grandissants dans l'horizon ensoleillé de ce début juin '40, apparurent au-dessus des côtes britanniques. Les deux Français respirèrent un grand coup quand il reconnurent les cocardes anglaises. Les avions de la RAF s'approchèrent du Morane, le contournèrent et l'encadrèrent de part et d'autre. Un des avions s'approcha. Le pilote leur fit signe de les suivre. René répondit par signes qu'il n'avait bientôt plus de carburant. L'aviateur anglais acquiesça du chef pour montrer qu'il avait compris.
- Des Spitfire! S'écria Louis admiratif.
Martel ne put s'empêcher de contempler la ligne fine et racée du chasseur anglais. Le vrombissement de leur moteur couvrait celui du MS.230. Louis tapa sur l'épaule de Martel:
- Dis-donc René! Tu crois pas qu'ils en auraient un ou deux de ces beaux engins pour nous?
Martel répondit avec un sourire, mais il avait d'autres soucis; la jauge à essence était au plus bas. Ils avaient dépassé la côte anglaise et malgré toutes ses précautions, le niveau d'essence commençait d'être sérieusement inquiétant. 15 minutes plus tard, alors qu'il commençait de chercher du regard un endroit où poser le Morane, de longs bâtiments gris et bruns apparurent enfin à l'horizon.
Martel se retourna souriant vers son passager.
- Le paradis enfin!
Les 6 Spitfire se mirent à tourner autour de la base aérienne pendant que le chasseur français s'alignait sur une des longues et larges bandes qui apparaissaient plus claire dans l'herbe de la campagne environnante. Le Morane toucha enfin le sol. Soulagé, le sergent Martel suivit les indications d'un soldat anglais qui lui fait signe depuis le bord de la piste. Une petite minute plus tard, quand l'hélice s'immobilisa enfin, le silence se fit presque pesant. Ils étaient partis comme des voleurs, sans équipement de vol. Juste une paire de lunettes et des gants trouvés près des planeurs. Malgré ce début d'été très chaud, à 4000 mètres ils avaient eu froid. Les deux homme s'extirpèrent péniblement de l'avion. Quand, tremblants comme une feuille, ils mirent pieds à terre un petit comité d'accueil les attendait. Un caporal de l'armée de sa Gracieuse Majesté leur demanda dans un français effroyable, s'il voulait qu'il ordonne de faire le plein à leur appareil pour qu'ils puissent retourner au combat. Louis qui avait appris trois mots d'Anglais avec les pilotes de la RAF qui avait partagé leur quotidien quelques semaines en France, répondit tant bien que mal:
- Heuu non! Nous, pas venir ravitailler avec coucou antique pour suicide. France foutue, nous venir Grande-Bretagne pour rejoindre RAF.
Le soldat britannique leur fit signe de le suivre jusqu'à un ce qui ressemblait à un mess. A cet endroit, on leur servit du thé ainsi que des oeufs brouillés, du lard grillé et des petites saucisses accompagnées de pain grillé. Affamés, ils dévorèrent ce repas, sans s'imaginer un instant que ces aliments allaient constituer le principal de leur subsistance pendant les 4 années qui allaient suivre...
Dernière édition par le Mer 19 Déc 2007 - 12:36, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
- Au nom de sa gracieuse majesté le roi Georges V, je vous nomme Flight Sergeant, Sir Martel et je vous remets vos ailes! Bienvenue dans la RAF. Vous êtes affecté au Squadron 85 basé à Tangmere. Bonne chance!
Le Groupe Captain Colhingsbury lui sera la main.
Après un dernier salut, il fit rompre les rangs, laissant les nouveaux pilotes se congratuler. Kierkegaard s'approcha le visage lumineux.
- Et bien on y est ce coup-ci René! On dirait bien qu'on va enfin pouvoir se rendre utile.
D'un regard compatissant Martel regarda ses camarades de classe. Quelques français comme lui, pilotes militaires venaient de terminer l'OTU. Il voyait là son vieux copain Louis Kierkegaard, mais il y avait aussi Emil Volta et Henri Devarenne tous les quatre allaient rejoindre le Squadron 85 où semble t'il plusieurs pilotes français se trouvaient. Le torse enfin orné des fameuses ailes, Volta et Kier marchaient fièrement en tête du groupe répondant aux saluts des soldats comme s'ils étaient des officiers d'un haut rang. Cette insouciance juvénile fit sourire Martel. Sans doute les 3 ans qui faisaient de lui l'aîné du petit groupe de volontaires lui conférait une espèce de maturité que ses camarades n'avaient pas encore. Alors qu'ils marchaient en direction de la salle de briefing pour récupérer leurs affaires et leurs bons de transport, il eut une pensée pour sa famille, sa copine, Julie qu'il n'avait plus vue depuis trois mois et qui restait sans nouvelle de lui. Ces 6 semaines intenses passées à Cardiff, ne lui avait guère laissé le temps de réfléchir sur ceux qu'il avait laissés en Gironde. Maintenant, que la première étape était franchie et qu'il avait rejoint la RAF officiellement, la pression enfin tombée, lui laissait un peu de temps pour penser à sa famille. Personne ne savait qu'il était en Grande-Bretagne. Ses parents et sa petite amie le croyaient sans doute mort. Cette pensée lui serra le cœur. Alors qu'il consultait son ordre de mission, Devarenne lui donna une tape amicale sur l'épaule.
- Allez vieux frère, tu sais qu'on a encore du job qui nous attend. Et pas qu'un peu. Ils comptent sur nous là bas de l'autre côté de la Manche.
René acquiesça silencieusement de la tête. Oui ils allaient devoir encore faire du chemin avant de voir la France à nouveau libre. Il eut un instant de découragement. C'est avec les idées encore sombres qu'il se présenta au poste de garde à la sortie de la base. Un sergent s'approcha d'eux.
- Un instant Messieurs, quelqu'un veut encore vous voir avant que vous ne quittiez la base. Venez, suivez-moi.
Un peu surpris par cette situation inattendue, les quatre français s'installèrent dans un bureau mal éclairé.
Kierkegaard nerveux, tripotait son bonnet de laine bleue.
- Ah merde alors... je me suis pourtant tenu tranquille ces derniers jours. Ca fait au moins une semaine que je n'ai plus plumé d'Anglais au poker. Volta? T'as de nouveau piqué un truc à la cuisine ou au magasin.
Volta s'offusqua.
- Ca va pas la tête non, j'ai jamais rien piqué moi! Juste récupéré un peu de matériel et de nourriture pour les copains qui se faisait plumer au jeu par un certain Louis, et qui étaient, par sa faute, dans la merde lors des contrôles en chambre, si tu vois ce que je veux dire...
Avant que le Kierkegaard puisse répondre la porte s'ouvrit sur un homme portant une grande gabardine. Après avoir déposé son manteau et son képi, il s'approcha des 4 hommes. Il était d'une haute stature, le visage volontaire, le nez proéminent, il s'avança en souriant.
Martel se leva brutalement de sa chaise.
- Oh merde De... De Gaule... heu... mon Général... je ...je suis désolé on ne nous avait pas prévenu que c'était vous... enfin, on vous aurait accueilli d'une manière moins cavalière.
Les trois autres pilotes français qui n'avaient réalisé tout de suite étaient paralysés par cette apparition et ne disaient plus un mot.
Le général leur sourit chaleureusement.
- Restez assis Messieurs, restez assis. Il s'agit d'une visite totalement informelle. Je n'étais pas très loin, alors quand j'ai appris que la nouvelle promotion de cette OTU comprenait plusieurs éléments français, j'ai tenu à faire un petit détour pour vous féliciter.
Il extirpa de sa poche une bouteille de Cognac. Sur l'étiquette dorée figurait un nom.
René Martel eut la gorge serrée et baissa le regard.
- C'est... c'est du cognac de chez moi mon Général. Je veux dire de notre exploitation familiale... c'est la cuvée spéciale 1929... Il y en eut que 300 bouteilles... une grande année.
De Gaule le regard malicieux lui fit un clin d'œil.
- Tiens quel heureux hasard sergent n'est-ce pas.
S'adressant aux autres,
- Et bien vous n'aller pas rester là planté comme des haricots. Vous avez certainement tous un gobelet de service dans vos affaires Messieurs, n'est-ce pas? On va voir ce que vaut cette fameuse cuvée spéciale.
Ce n'est que bien plus tard dans la soirée que les cinq hommes se séparèrent sur une chaleureuse poignée de main. Quelques minutes plus tard, alors que la voiture de service du Général s'éloignait dans la nuit brumeuse, un camion Austin les conduisait enfin à la gare de Cardiff. L'ambiance était beaucoup plus sereine maintenant, la discussion avec le chef de file de la France Libre, leur avait remis le moral d'aplomb et c'est l'esprit en paix que les quatre volontaires français s'endormirent dans le train qui les menait vers la banlieue Nord de Londres!
Le 15 août 1940 à l'aube le train s'arrêtait enfin à Tangmere. Le temps était gris et maussade. Une brume humide rendait les quais de la gare lugubres. La BBC avait annoncé toute une série de raids dans le Sud de l'Angleterre. Les antennes radars et certaines bases aériennes, notamment Manston et Biggin Hill avaient subi des attaques aériennes. Le désormais Flight Sergeant Martel, revoyait les événements survenus à St-Dizier quelques mois auparavant, soit ballast éparpillé, rails tordus et wagons calcinés. Les Allemands avaient déjà fait quelques passages meurtriers. Un peu plus loin les restes fumants d'un bombardiers allemand gardé par deux soldats, achevait de se consumer.
- Dornier! Fit gravement Louis Kierkegaard.
- Je connais bien cet avion, mon groupe en a intercepté plusieurs au début de la bataille de France.
Devant la carcasse, les corps de l'équipage allemand, recouverts de toile de parachute attendaient d'être évacué par une équipe sanitaire.
Le regard des pilotes français s'était assombri. La guerre son lot d'images de destruction et de mort s'étalait sous leurs yeux.
Martel encouragea ses camarades.
- Allez les gars on y va. Ils doivent nous attendre avec impatience là bas.
- Alors les Frenchies! Combien d'heures sur Hurricane?
Tout en enfilant ses gants, le Squadron Leader Peter Townsend toisait les quatre pilotes d'un regard à la fois inquiet et moqueur.
Kierkegaard s'avança d'un pas.
- 14 heures Sir!
Townsend s'éloignait déjà vers un des avions du groupe.
- Et bien vous en ferez 15 avant qu'un Allemand ne vous croque tout cru à son petit déjeuner. Prenez le "I".
Alors qu'il se rendait vers son appareil. Plusieurs pilotes de l'escadrille qui étaient en attente devant le mess raillèrent à son passage.
- De poulet de grain à Grand Duc en une seule leçon! Tacatacatacatacatac!
Bientôt les deux Hurricane prirent l'air.
- Ok n° 2 me recevez-vous?
Louis Kierkegaard qui était collé dans l'aile droite de son leader, répondit.
- Ici n° 2, je vous reçois fort et clair Sir.
- Ok, bien reçu. C'est parti, tâchez de me suivre.
Le Hurricane de Townsend entama un tonneau et fila vers les nuages quelques centaines de mètres plus bas. Louis, surpris par la brutalité de la manœuvre, mis un peu de temps pour déclencher et suivre. Quelques secondes plus tard, son leader disparu dans la couche. Transpirant, le Flight Sergeant tâcha de ne pas céder à l'énervement, et se remémora quelques trucs appris à Oran lorsqu'il était à l'école de l'air. Un rapide coup d'œil lui indiqua la position du soleil dans ses 4 heures. Il entama aussitôt un virage ascendant à gauche pour se placer dans le disque lumineux. A peine en place, le ventre beige du Hurricane de Townsend effectuant une ressource, fit son apparition. Serrant les dents, Louis fit basculer son appareil et le placer dans le sillage de celui de son leader. Celui-ci quelque peu surpris pas la manœuvre de ce frenchie débutant contra en virant sec dans l'autre sens. Emporté par son élan, Kierkegaard ne pu suivre. Par contre au lieu de chercher à suivre à tout prix Townsend qui avait déjà entamé une barrique, il profita de sa vitesse pour remonter. S'en suivi un dogfight assez intense où aucun des deux pilotes ne put se placer vraiment derrière l'autre. Après quelques minutes, alors que le jeune pilote français commençait de ressentir de la fatigue et des douleurs dans ses membres consécutives aux quelques voiles, il fut soulagé de l'entendre annoncer la fin de l'exercice.
- C'est tout bon Sergeant... mettez-vous en formation. On rentre.
Quelque peu anxieux, Martel, Volta et Devarenne observaient maintenant les deux Hurricane se poser côte à côte sans rebond. D'un coup de gaz nerveux, le Flight Sergeant Kierkegaard stationna son chasseur d'une seule fois. Le cokpit s'ouvrit et d'un bond souple et agile, il quitta son avion le visage hilare et fit un clin d'œil à ses camarades. Townsend s'approcha de lui.
- Voyez-vous Louis, quelque chose me dit que vous m'avez un peu menti au sujet de vos ridicules 14 heures de vol.
Le jeune français répondit facétieux.
- Sir, je suis désolé, vous m'avez demandé "Combien d'heures j'avais sur Hurricane", si vous consultez mon carnet de vol vous verrez que j'en ai effectivement 14... par contre il est vrai que j'en ai quelques dizaine de plus sur Morane 406.
Le pilote anglais conserva son flegme.
- ... des victoires?
- Une demie sur un Do-17 Sir, mais en France on compte surtout les demis de blanc. Aussi, actuellement aucune espèce de victoire officielle pour moi pour l'instant... si ce n'est d'être en vie, ce qui est déjà pas mal vu la situation.
Townsend rigola.
- Sacrés farceurs ces Français, mais ça me plaît.
Il s'approcha des trois autres nouveaux pilotes.
- Soyez la bienvenue au Squadron 85 Messieurs. Après la démonstration de votre camarade, je vous exempte de vol test d'aptitude au combat. Votre renfort sera fort apprécié. Les Allemands ont débuté une grosse offensive il y a trois jours. Les bases de Manston et Biggin on déjà eu la visite de la Luftwaffe, il ne fait aucun doute que sans le mauvais temps, ils nous auraient déjà rendu visite.
Le Groupe Captain Colhingsbury lui sera la main.
Après un dernier salut, il fit rompre les rangs, laissant les nouveaux pilotes se congratuler. Kierkegaard s'approcha le visage lumineux.
- Et bien on y est ce coup-ci René! On dirait bien qu'on va enfin pouvoir se rendre utile.
D'un regard compatissant Martel regarda ses camarades de classe. Quelques français comme lui, pilotes militaires venaient de terminer l'OTU. Il voyait là son vieux copain Louis Kierkegaard, mais il y avait aussi Emil Volta et Henri Devarenne tous les quatre allaient rejoindre le Squadron 85 où semble t'il plusieurs pilotes français se trouvaient. Le torse enfin orné des fameuses ailes, Volta et Kier marchaient fièrement en tête du groupe répondant aux saluts des soldats comme s'ils étaient des officiers d'un haut rang. Cette insouciance juvénile fit sourire Martel. Sans doute les 3 ans qui faisaient de lui l'aîné du petit groupe de volontaires lui conférait une espèce de maturité que ses camarades n'avaient pas encore. Alors qu'ils marchaient en direction de la salle de briefing pour récupérer leurs affaires et leurs bons de transport, il eut une pensée pour sa famille, sa copine, Julie qu'il n'avait plus vue depuis trois mois et qui restait sans nouvelle de lui. Ces 6 semaines intenses passées à Cardiff, ne lui avait guère laissé le temps de réfléchir sur ceux qu'il avait laissés en Gironde. Maintenant, que la première étape était franchie et qu'il avait rejoint la RAF officiellement, la pression enfin tombée, lui laissait un peu de temps pour penser à sa famille. Personne ne savait qu'il était en Grande-Bretagne. Ses parents et sa petite amie le croyaient sans doute mort. Cette pensée lui serra le cœur. Alors qu'il consultait son ordre de mission, Devarenne lui donna une tape amicale sur l'épaule.
- Allez vieux frère, tu sais qu'on a encore du job qui nous attend. Et pas qu'un peu. Ils comptent sur nous là bas de l'autre côté de la Manche.
René acquiesça silencieusement de la tête. Oui ils allaient devoir encore faire du chemin avant de voir la France à nouveau libre. Il eut un instant de découragement. C'est avec les idées encore sombres qu'il se présenta au poste de garde à la sortie de la base. Un sergent s'approcha d'eux.
- Un instant Messieurs, quelqu'un veut encore vous voir avant que vous ne quittiez la base. Venez, suivez-moi.
Un peu surpris par cette situation inattendue, les quatre français s'installèrent dans un bureau mal éclairé.
Kierkegaard nerveux, tripotait son bonnet de laine bleue.
- Ah merde alors... je me suis pourtant tenu tranquille ces derniers jours. Ca fait au moins une semaine que je n'ai plus plumé d'Anglais au poker. Volta? T'as de nouveau piqué un truc à la cuisine ou au magasin.
Volta s'offusqua.
- Ca va pas la tête non, j'ai jamais rien piqué moi! Juste récupéré un peu de matériel et de nourriture pour les copains qui se faisait plumer au jeu par un certain Louis, et qui étaient, par sa faute, dans la merde lors des contrôles en chambre, si tu vois ce que je veux dire...
Avant que le Kierkegaard puisse répondre la porte s'ouvrit sur un homme portant une grande gabardine. Après avoir déposé son manteau et son képi, il s'approcha des 4 hommes. Il était d'une haute stature, le visage volontaire, le nez proéminent, il s'avança en souriant.
Martel se leva brutalement de sa chaise.
- Oh merde De... De Gaule... heu... mon Général... je ...je suis désolé on ne nous avait pas prévenu que c'était vous... enfin, on vous aurait accueilli d'une manière moins cavalière.
Les trois autres pilotes français qui n'avaient réalisé tout de suite étaient paralysés par cette apparition et ne disaient plus un mot.
Le général leur sourit chaleureusement.
- Restez assis Messieurs, restez assis. Il s'agit d'une visite totalement informelle. Je n'étais pas très loin, alors quand j'ai appris que la nouvelle promotion de cette OTU comprenait plusieurs éléments français, j'ai tenu à faire un petit détour pour vous féliciter.
Il extirpa de sa poche une bouteille de Cognac. Sur l'étiquette dorée figurait un nom.
René Martel eut la gorge serrée et baissa le regard.
- C'est... c'est du cognac de chez moi mon Général. Je veux dire de notre exploitation familiale... c'est la cuvée spéciale 1929... Il y en eut que 300 bouteilles... une grande année.
De Gaule le regard malicieux lui fit un clin d'œil.
- Tiens quel heureux hasard sergent n'est-ce pas.
S'adressant aux autres,
- Et bien vous n'aller pas rester là planté comme des haricots. Vous avez certainement tous un gobelet de service dans vos affaires Messieurs, n'est-ce pas? On va voir ce que vaut cette fameuse cuvée spéciale.
Ce n'est que bien plus tard dans la soirée que les cinq hommes se séparèrent sur une chaleureuse poignée de main. Quelques minutes plus tard, alors que la voiture de service du Général s'éloignait dans la nuit brumeuse, un camion Austin les conduisait enfin à la gare de Cardiff. L'ambiance était beaucoup plus sereine maintenant, la discussion avec le chef de file de la France Libre, leur avait remis le moral d'aplomb et c'est l'esprit en paix que les quatre volontaires français s'endormirent dans le train qui les menait vers la banlieue Nord de Londres!
Le 15 août 1940 à l'aube le train s'arrêtait enfin à Tangmere. Le temps était gris et maussade. Une brume humide rendait les quais de la gare lugubres. La BBC avait annoncé toute une série de raids dans le Sud de l'Angleterre. Les antennes radars et certaines bases aériennes, notamment Manston et Biggin Hill avaient subi des attaques aériennes. Le désormais Flight Sergeant Martel, revoyait les événements survenus à St-Dizier quelques mois auparavant, soit ballast éparpillé, rails tordus et wagons calcinés. Les Allemands avaient déjà fait quelques passages meurtriers. Un peu plus loin les restes fumants d'un bombardiers allemand gardé par deux soldats, achevait de se consumer.
- Dornier! Fit gravement Louis Kierkegaard.
- Je connais bien cet avion, mon groupe en a intercepté plusieurs au début de la bataille de France.
Devant la carcasse, les corps de l'équipage allemand, recouverts de toile de parachute attendaient d'être évacué par une équipe sanitaire.
Le regard des pilotes français s'était assombri. La guerre son lot d'images de destruction et de mort s'étalait sous leurs yeux.
Martel encouragea ses camarades.
- Allez les gars on y va. Ils doivent nous attendre avec impatience là bas.
- Alors les Frenchies! Combien d'heures sur Hurricane?
Tout en enfilant ses gants, le Squadron Leader Peter Townsend toisait les quatre pilotes d'un regard à la fois inquiet et moqueur.
Kierkegaard s'avança d'un pas.
- 14 heures Sir!
Townsend s'éloignait déjà vers un des avions du groupe.
- Et bien vous en ferez 15 avant qu'un Allemand ne vous croque tout cru à son petit déjeuner. Prenez le "I".
Alors qu'il se rendait vers son appareil. Plusieurs pilotes de l'escadrille qui étaient en attente devant le mess raillèrent à son passage.
- De poulet de grain à Grand Duc en une seule leçon! Tacatacatacatacatac!
Bientôt les deux Hurricane prirent l'air.
- Ok n° 2 me recevez-vous?
Louis Kierkegaard qui était collé dans l'aile droite de son leader, répondit.
- Ici n° 2, je vous reçois fort et clair Sir.
- Ok, bien reçu. C'est parti, tâchez de me suivre.
Le Hurricane de Townsend entama un tonneau et fila vers les nuages quelques centaines de mètres plus bas. Louis, surpris par la brutalité de la manœuvre, mis un peu de temps pour déclencher et suivre. Quelques secondes plus tard, son leader disparu dans la couche. Transpirant, le Flight Sergeant tâcha de ne pas céder à l'énervement, et se remémora quelques trucs appris à Oran lorsqu'il était à l'école de l'air. Un rapide coup d'œil lui indiqua la position du soleil dans ses 4 heures. Il entama aussitôt un virage ascendant à gauche pour se placer dans le disque lumineux. A peine en place, le ventre beige du Hurricane de Townsend effectuant une ressource, fit son apparition. Serrant les dents, Louis fit basculer son appareil et le placer dans le sillage de celui de son leader. Celui-ci quelque peu surpris pas la manœuvre de ce frenchie débutant contra en virant sec dans l'autre sens. Emporté par son élan, Kierkegaard ne pu suivre. Par contre au lieu de chercher à suivre à tout prix Townsend qui avait déjà entamé une barrique, il profita de sa vitesse pour remonter. S'en suivi un dogfight assez intense où aucun des deux pilotes ne put se placer vraiment derrière l'autre. Après quelques minutes, alors que le jeune pilote français commençait de ressentir de la fatigue et des douleurs dans ses membres consécutives aux quelques voiles, il fut soulagé de l'entendre annoncer la fin de l'exercice.
- C'est tout bon Sergeant... mettez-vous en formation. On rentre.
Quelque peu anxieux, Martel, Volta et Devarenne observaient maintenant les deux Hurricane se poser côte à côte sans rebond. D'un coup de gaz nerveux, le Flight Sergeant Kierkegaard stationna son chasseur d'une seule fois. Le cokpit s'ouvrit et d'un bond souple et agile, il quitta son avion le visage hilare et fit un clin d'œil à ses camarades. Townsend s'approcha de lui.
- Voyez-vous Louis, quelque chose me dit que vous m'avez un peu menti au sujet de vos ridicules 14 heures de vol.
Le jeune français répondit facétieux.
- Sir, je suis désolé, vous m'avez demandé "Combien d'heures j'avais sur Hurricane", si vous consultez mon carnet de vol vous verrez que j'en ai effectivement 14... par contre il est vrai que j'en ai quelques dizaine de plus sur Morane 406.
Le pilote anglais conserva son flegme.
- ... des victoires?
- Une demie sur un Do-17 Sir, mais en France on compte surtout les demis de blanc. Aussi, actuellement aucune espèce de victoire officielle pour moi pour l'instant... si ce n'est d'être en vie, ce qui est déjà pas mal vu la situation.
Townsend rigola.
- Sacrés farceurs ces Français, mais ça me plaît.
Il s'approcha des trois autres nouveaux pilotes.
- Soyez la bienvenue au Squadron 85 Messieurs. Après la démonstration de votre camarade, je vous exempte de vol test d'aptitude au combat. Votre renfort sera fort apprécié. Les Allemands ont débuté une grosse offensive il y a trois jours. Les bases de Manston et Biggin on déjà eu la visite de la Luftwaffe, il ne fait aucun doute que sans le mauvais temps, ils nous auraient déjà rendu visite.
Dernière édition par le Mer 30 Aoû 2006 - 13:22, édité 6 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Alors que les quatre nouveaux pensionnaires du squadron passaient à la hauteur des pilotes en attente qui les regardaient un peu comme des extraterrestres, Kierkegaard les pointa des deux index en riant.
- Tacatacatacatac hein? A qui le tour les gars.
Un peu plus tard, ils firent connaissance avec les officiers de l'escadrille. Townsend les présenta:
- Pour commencer voici le Flight Leutnant Ejybe qet là avec la pipe, le Flying Officer Harry qui est néo-zélandais et accessoirement le patron de l'escadrille "B", le Flight Leutnant Archy un polonais, qui nous vient du 615 et votre chef direct, le Flight Leutnant Gerry qui dirige le Flight où donc vous serez affectés.
15 minutes, plus tard, après avoir revêtu leur tenue de vol et s'être vu attribué un Hurricane, ils prenaient place aux côtés des autres pilotes du groupe. A peine assis. La fenêtre du Dispersal s'ouvrait en coup de vent!
- Scramble! Scramble! escdarille "B" en l'air! On a un raid au 192, altitude 4.0.0.0!
Empêtré dans son parachute, suffoquant à moitié, le Flying Sergeant Martel courrait de toutes ses jambes pour rejoindre son chasseur parqué en bout de piste. Deux mécaniciens avec lesquels il n'avait pas eu le temps de faire connaissance, l'aidèrent à s'installer. Cette course l'avait mis en nage et il avait la très désagréable sensation d'avoir ses bottes remplient d'eau. Son front perlait de sueur. Il s'essuya tant bien que mal pendant qu'on le sanglait comme un saucisson à son siège. Machinalement il effectua les quelques gestes nécessaires pour la mise en marche du Merlin qui bien réglé, s'ébroua dans un vrombissement sourd, crachant quelques flammes ainsi qu'une fumée âcre et grise par ses échappements. Un coup d'œil à gauche pour apercevoir le Hurricane de son leader s'éloignant cahin-caha vers le point d'envol, un autre pour s'assurer qu'un des mécanos le pouce en l'air lui indiquait que les cales étaient bien retirées et la manette des gaz au quart de sa course, René Martel prennait la direction de la piste principale. Quelques instants plus tard, le cœur serré par la peur, il s'envolait pour sa première mission de guerre.
Bientôt, les 12 Hurricane de l'escadrille "B" étaient en formation. Régulièrement dans les écouteurs, les indications du Fighter Command résonnaient. En tête du groupe jaune, le Flight Leutnant Gerry qui maintenait son groupe à droite de la formation, suivait fidèlement les changements de cap ordonné par Townsend. En arrière fond dans le casque, couvrant parfois la voix calme de l'opérateur radio, les cris de rages et injonctions d'un autre groupe apparemment déjà aux prises avec la Luftwaffe, obligeaient l'opérateur à répéter, imperturbable, ses indications. Au travers de son canopy, Martel aperçu une multitude de contacts, certains suivis de traînées de condensation, d'autres plus sinistres, d'un long panache noir partant vers le sol. Fébrilement, il alluma son collimateur. Au lieu d'engager son groupe dans la mêlée, Townsend éloigna l'escadrille plus au Sud. Derrière, les ailes de certains appareils commençaient de balancer nerveusement.
- Mais qu'est-ce qu'il fout bordel! Rumina intérieurement René. Le combat est sur nos 11 heures.
L'escadrille s'écartait du combat tournoyant. Mais bientôt d'autres contacts apparurent environ 3000 pieds en dessous de leurs ailes! La voix de Peter Townsend raisonna dans les écouteurs!
- Les voilà! Des Stuka! Le contrôle nous a amené pile dessus! Apparemment pas d'escorte. Servez-vous comme vous voulez, mais gardez un oeil dans le soleil. Taïaut! Taïaut!
Les 6 Hurricane du groupe jaune fonçaient maintenant vers la formation des bombardiers en piqué. Martel s'efforça de rester derrière son leader mais après la première passe, la situation devint tellement confuse, qu'il se retrouva rapidement seul au milieu de la mêlée. Un oeil dans ses "6", il décida de reprendre un peu d'altitude. Le chasseur britannique se cabra dans l'azur. Quand il s'estima assez haut, le pilote effectua un demi-tonneau et piqua sur la formation de Ju87. Il en choisit un à l'écart qui, après avoir largué sa bombe au petit bonheur cherchait à battre en retraite en se réfugiant dans un nuage. Mais c'était peine perdue, ressassant en quelques secondes ce qu'on lui avait appris, Martel effectua une ressource qui plaça son Hurricane sous le Stuka, le pilote ne devait pas avoir remarqué sa manœuvre car il poursuivait, imperturbable, droit devant lui. Dans le réticule de visée, le dessous bleu ciel de l'avion ennemi grandissait. Les croix noires et blanches étaient maintenant bien visibles! Les mains crispées sur le manche, René revit en l'espace d'un éclair l'attaque des deux Stukas à St-Dizier! Il n'aura pas de pitié! A moins de deux cent mètres, les huit mitrailleuses s'allumèrent simultanément arrachant la toile cirée qui protégeaient les orifices des armes. Dans l'habitacle, le staccato des calibres .30 raisonna avec brutalité en même temps que des émanations de cordite se emplirent le cockpit. La vitesse du Hurricane baissait! Le dessous du Stuka s'éclaira d'une myriades de petites étincelles. Les fentes du radiateur vomirent une épaisse fumée noire et des flammèches se mirent à lécher les flancs de l'avion d'assaut allemand qui se cabra brutalement dans le ciel, bascula sur l'aile droite avant de tomber en tournoyant vers le sol. Tout cela avait duré quelques secondes. Fasciné par ce spectacle terrible, le sergent Martel suivit des yeux sa première victime tomber vers le sol. Il en oublia de contrôler sa vitesse, si bien que le Hurricane se mit à vibrer brutalement avant de décrocher à son tour.
- Attention! Des Bf109 entrent dans la danse! Surveillez vos fesses!
Le message avait sonné brutalement dans les écouteurs des pilotes du Squadron 85. Alors que René sortait rapidement son chasseur de sa vrille, au-dessus de lui, un ennemi autrement plus dangereux faisait son apparition. Il s'écarta quelque peu vers le Sud, profita des quelques secondes de tranquillité pour vérifier ses instruments, notamment sa jauge à carburant qui affichait un réservoir à moitié plein, vira sec sur la gauche et pris la direction des combats. Dans le casque, il crut reconnaître le mauvais anglais de Volta.
- J'en ai un au cul qui me lâche pas... suis à 9000 pieds... demande de l'aide...
René chercha du regard en dessous de lui. Il aperçu effectivement un groupe de trois appareils en file indienne environ 2000 pieds en dessous de lui!
Il hurla en français:
- Tiens le coup Volta, j'arrive, tourne à gauche... à gauche!
Alors qu'un "Shut up bloody Frenchy!" raisonnait menaçant dans les écouteurs
Volta répondit dans la même langue.
- Peux presque pas virer... demi-plan de profondeur endommagé suis bientôt foutu!
Le Hurricane de Martel vibrait maintenant de toute sa structure. Devant lui, il apercevait le Hurricane endommagé de son camarade et derrière lui, ailes aux embouts carré, camouflage dans les tons gris, fuselage bleu ciel et capot moteur jaune; deux Bf109. Au détriment de toute prudence, il dépassa l'ailier, qui surprit par l'apparition subite du chasseur britannique effectua une barrique et cherchait maintenant à se placer pour couvrir son chef de file. Mais Martel en avait fit. Le 109 n° 1 avait cassé sa vitesse pour rester derrière sa proie qui traînait derrière elle un long panache blanc. Une nouvelle fois, le staccato des mitrailleuses de 7.7 raisonna sauvagement dans l'habitacle, faisant vibrer la structure de l'avion anglais. Une nouvelle fois, Martel aperçu des dizaines d'impacts courir le long du fuselage et remonter vers le moteur.
[/
Le Bf109 bascula sur l'aile et tomba en vrille vers le sol. Le jeune pilote français n'eut pas le temps de savoir si son tir avait été fatal, car il était maintenant à son tour encadré par des traçantes jaunes. Il effectua un virage très serré sur la droite pour écarter le chasseur ennemi du Hurricane de Volta qui maintenant s'éloignait vers le Sud. Quand le Messerschmitt passa en trombe derrière lui, il perçut nettement le sifflement caractéristique du compresseur. Au lieu de revenir dans le combat, l'appareil allemand, probablement limite en carburant s'éloigna vers l'Ouest. Le casque collés sur les tempes par la sueur, le souffle court, Martel remonta ses lunettes sur le front et retira d'un geste fébrile son masque à oxygène. Basculant son avion à droite et à gauche, il chercha Volta du regard. Bientôt, il repéra le panache blanc dans le sillage du Hurricane blessé. Il s'approcha, dans l'habitacle, il vit Volta concentré.
- Ici, yellow 4, Comment ça va Blue 6?
Il avait parlé en Anglais. Volta répondit calmement.
- Ca va, je perds du petrol, j'ai la profondeur qui déconne et la moitié de mes instruments sont détruits. Je n'arrive pas à m'orienter, je vais diriger mon taxi dans une zone neutre et m'éjecter.
René prit son souffle.
- Attends Volta, je peux t'aider à rejoindre la base.
- Négatif René, j'ai le moteur en carafe.
Pour confirmer ses dires, l'hélice s'immobilisa dans le crépuscule de cette première journée de combats...
- Tacatacatacatac hein? A qui le tour les gars.
Un peu plus tard, ils firent connaissance avec les officiers de l'escadrille. Townsend les présenta:
- Pour commencer voici le Flight Leutnant Ejybe qet là avec la pipe, le Flying Officer Harry qui est néo-zélandais et accessoirement le patron de l'escadrille "B", le Flight Leutnant Archy un polonais, qui nous vient du 615 et votre chef direct, le Flight Leutnant Gerry qui dirige le Flight où donc vous serez affectés.
15 minutes, plus tard, après avoir revêtu leur tenue de vol et s'être vu attribué un Hurricane, ils prenaient place aux côtés des autres pilotes du groupe. A peine assis. La fenêtre du Dispersal s'ouvrait en coup de vent!
- Scramble! Scramble! escdarille "B" en l'air! On a un raid au 192, altitude 4.0.0.0!
Empêtré dans son parachute, suffoquant à moitié, le Flying Sergeant Martel courrait de toutes ses jambes pour rejoindre son chasseur parqué en bout de piste. Deux mécaniciens avec lesquels il n'avait pas eu le temps de faire connaissance, l'aidèrent à s'installer. Cette course l'avait mis en nage et il avait la très désagréable sensation d'avoir ses bottes remplient d'eau. Son front perlait de sueur. Il s'essuya tant bien que mal pendant qu'on le sanglait comme un saucisson à son siège. Machinalement il effectua les quelques gestes nécessaires pour la mise en marche du Merlin qui bien réglé, s'ébroua dans un vrombissement sourd, crachant quelques flammes ainsi qu'une fumée âcre et grise par ses échappements. Un coup d'œil à gauche pour apercevoir le Hurricane de son leader s'éloignant cahin-caha vers le point d'envol, un autre pour s'assurer qu'un des mécanos le pouce en l'air lui indiquait que les cales étaient bien retirées et la manette des gaz au quart de sa course, René Martel prennait la direction de la piste principale. Quelques instants plus tard, le cœur serré par la peur, il s'envolait pour sa première mission de guerre.
Bientôt, les 12 Hurricane de l'escadrille "B" étaient en formation. Régulièrement dans les écouteurs, les indications du Fighter Command résonnaient. En tête du groupe jaune, le Flight Leutnant Gerry qui maintenait son groupe à droite de la formation, suivait fidèlement les changements de cap ordonné par Townsend. En arrière fond dans le casque, couvrant parfois la voix calme de l'opérateur radio, les cris de rages et injonctions d'un autre groupe apparemment déjà aux prises avec la Luftwaffe, obligeaient l'opérateur à répéter, imperturbable, ses indications. Au travers de son canopy, Martel aperçu une multitude de contacts, certains suivis de traînées de condensation, d'autres plus sinistres, d'un long panache noir partant vers le sol. Fébrilement, il alluma son collimateur. Au lieu d'engager son groupe dans la mêlée, Townsend éloigna l'escadrille plus au Sud. Derrière, les ailes de certains appareils commençaient de balancer nerveusement.
- Mais qu'est-ce qu'il fout bordel! Rumina intérieurement René. Le combat est sur nos 11 heures.
L'escadrille s'écartait du combat tournoyant. Mais bientôt d'autres contacts apparurent environ 3000 pieds en dessous de leurs ailes! La voix de Peter Townsend raisonna dans les écouteurs!
- Les voilà! Des Stuka! Le contrôle nous a amené pile dessus! Apparemment pas d'escorte. Servez-vous comme vous voulez, mais gardez un oeil dans le soleil. Taïaut! Taïaut!
Les 6 Hurricane du groupe jaune fonçaient maintenant vers la formation des bombardiers en piqué. Martel s'efforça de rester derrière son leader mais après la première passe, la situation devint tellement confuse, qu'il se retrouva rapidement seul au milieu de la mêlée. Un oeil dans ses "6", il décida de reprendre un peu d'altitude. Le chasseur britannique se cabra dans l'azur. Quand il s'estima assez haut, le pilote effectua un demi-tonneau et piqua sur la formation de Ju87. Il en choisit un à l'écart qui, après avoir largué sa bombe au petit bonheur cherchait à battre en retraite en se réfugiant dans un nuage. Mais c'était peine perdue, ressassant en quelques secondes ce qu'on lui avait appris, Martel effectua une ressource qui plaça son Hurricane sous le Stuka, le pilote ne devait pas avoir remarqué sa manœuvre car il poursuivait, imperturbable, droit devant lui. Dans le réticule de visée, le dessous bleu ciel de l'avion ennemi grandissait. Les croix noires et blanches étaient maintenant bien visibles! Les mains crispées sur le manche, René revit en l'espace d'un éclair l'attaque des deux Stukas à St-Dizier! Il n'aura pas de pitié! A moins de deux cent mètres, les huit mitrailleuses s'allumèrent simultanément arrachant la toile cirée qui protégeaient les orifices des armes. Dans l'habitacle, le staccato des calibres .30 raisonna avec brutalité en même temps que des émanations de cordite se emplirent le cockpit. La vitesse du Hurricane baissait! Le dessous du Stuka s'éclaira d'une myriades de petites étincelles. Les fentes du radiateur vomirent une épaisse fumée noire et des flammèches se mirent à lécher les flancs de l'avion d'assaut allemand qui se cabra brutalement dans le ciel, bascula sur l'aile droite avant de tomber en tournoyant vers le sol. Tout cela avait duré quelques secondes. Fasciné par ce spectacle terrible, le sergent Martel suivit des yeux sa première victime tomber vers le sol. Il en oublia de contrôler sa vitesse, si bien que le Hurricane se mit à vibrer brutalement avant de décrocher à son tour.
- Attention! Des Bf109 entrent dans la danse! Surveillez vos fesses!
Le message avait sonné brutalement dans les écouteurs des pilotes du Squadron 85. Alors que René sortait rapidement son chasseur de sa vrille, au-dessus de lui, un ennemi autrement plus dangereux faisait son apparition. Il s'écarta quelque peu vers le Sud, profita des quelques secondes de tranquillité pour vérifier ses instruments, notamment sa jauge à carburant qui affichait un réservoir à moitié plein, vira sec sur la gauche et pris la direction des combats. Dans le casque, il crut reconnaître le mauvais anglais de Volta.
- J'en ai un au cul qui me lâche pas... suis à 9000 pieds... demande de l'aide...
René chercha du regard en dessous de lui. Il aperçu effectivement un groupe de trois appareils en file indienne environ 2000 pieds en dessous de lui!
Il hurla en français:
- Tiens le coup Volta, j'arrive, tourne à gauche... à gauche!
Alors qu'un "Shut up bloody Frenchy!" raisonnait menaçant dans les écouteurs
Volta répondit dans la même langue.
- Peux presque pas virer... demi-plan de profondeur endommagé suis bientôt foutu!
Le Hurricane de Martel vibrait maintenant de toute sa structure. Devant lui, il apercevait le Hurricane endommagé de son camarade et derrière lui, ailes aux embouts carré, camouflage dans les tons gris, fuselage bleu ciel et capot moteur jaune; deux Bf109. Au détriment de toute prudence, il dépassa l'ailier, qui surprit par l'apparition subite du chasseur britannique effectua une barrique et cherchait maintenant à se placer pour couvrir son chef de file. Mais Martel en avait fit. Le 109 n° 1 avait cassé sa vitesse pour rester derrière sa proie qui traînait derrière elle un long panache blanc. Une nouvelle fois, le staccato des mitrailleuses de 7.7 raisonna sauvagement dans l'habitacle, faisant vibrer la structure de l'avion anglais. Une nouvelle fois, Martel aperçu des dizaines d'impacts courir le long du fuselage et remonter vers le moteur.
[/
Le Bf109 bascula sur l'aile et tomba en vrille vers le sol. Le jeune pilote français n'eut pas le temps de savoir si son tir avait été fatal, car il était maintenant à son tour encadré par des traçantes jaunes. Il effectua un virage très serré sur la droite pour écarter le chasseur ennemi du Hurricane de Volta qui maintenant s'éloignait vers le Sud. Quand le Messerschmitt passa en trombe derrière lui, il perçut nettement le sifflement caractéristique du compresseur. Au lieu de revenir dans le combat, l'appareil allemand, probablement limite en carburant s'éloigna vers l'Ouest. Le casque collés sur les tempes par la sueur, le souffle court, Martel remonta ses lunettes sur le front et retira d'un geste fébrile son masque à oxygène. Basculant son avion à droite et à gauche, il chercha Volta du regard. Bientôt, il repéra le panache blanc dans le sillage du Hurricane blessé. Il s'approcha, dans l'habitacle, il vit Volta concentré.
- Ici, yellow 4, Comment ça va Blue 6?
Il avait parlé en Anglais. Volta répondit calmement.
- Ca va, je perds du petrol, j'ai la profondeur qui déconne et la moitié de mes instruments sont détruits. Je n'arrive pas à m'orienter, je vais diriger mon taxi dans une zone neutre et m'éjecter.
René prit son souffle.
- Attends Volta, je peux t'aider à rejoindre la base.
- Négatif René, j'ai le moteur en carafe.
Pour confirmer ses dires, l'hélice s'immobilisa dans le crépuscule de cette première journée de combats...
Dernière édition par le Mer 2 Jan 2008 - 14:54, édité 9 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
LA SUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITE !
Je le redis a chaque fois, mais qu'est ce que c'est bien !
J'ai tout lu d'une traite et j'ai pas vu le temps passer !
Sacré Harry !
Je le redis a chaque fois, mais qu'est ce que c'est bien !
J'ai tout lu d'une traite et j'ai pas vu le temps passer !
Sacré Harry !
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
- Nombre de messages : 12635
Localisation : (en bas à droite)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
mais on la connait la suite rhooo :dents:
La porte ? oui tres bien ...
:dents:Une bande de Corsairs débarque et defonce la tronche au 109 les uns apres les autres. S'en suit un tir au pigeon sur les Ju87.
Les Corsairs escorteront les Hurricanes sauvés de justesse d'une mort certaine.
A charge de revanche
La porte ? oui tres bien ...
RTA_Goliat- Major
- Nombre de messages : 8110
Age : 36
Localisation : Vaucluse
Date d'inscription : 24/04/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
Des Corsairs sauver des Hurricanes
L'inverse me paraitrait plus vraisemblable
L'inverse me paraitrait plus vraisemblable
615sqn_William- Squadron Leader
- Nombre de messages : 1885
Age : 35
Localisation : A défilement de tourelle
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Bah on peut mettre des Wildcat
RTA_Goliat- Major
- Nombre de messages : 8110
Age : 36
Localisation : Vaucluse
Date d'inscription : 24/04/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
Lentement le Hurricane de Volta s'éloigna vers le Nord Est. Visiblement le pilote cherchait à le diriger vers la mer, mais la côte était encore loin et finalement c'est vers un grand champ bordé d'arbres que le pilote français s'orienta. Martel réalisa rapidement ce que voulait tenter son camarade; un atterrissage sur le ventre. Il tenta de l'interpeller.
- Emile, éjectes-toi! T'as meilleur temps, c'est trop dangereux tu perds du carburant, il y a risque d'incendie.
Mais Emile Volta poursuivait son vol imperturbable.
- ...Peux pas René, il y a des maisons dans tous les coins... c'est trop risqué.
Martel suivit d'un regard inquiet le Hurricane qui finit par toucher le sol en labourant la terre sur une bonne centaine de mètres. Dans l'avion immobilisé, rien ne semblait bouger. Personne ne s'approchait de l'appareil non plus. Un coup d'œil sur sa jauge lui indiqua qu'il avait juste assez de carburant pour rentrer. Il était sur la réserve, le soir tombait. La voix tremblante d'émotion, il donna la position approximative du crash et prit la direction de la base. La nuit était presque tombée lorsque la piste de béton de Tangmere apparue enfin. Une fois son Hurricane immobilisé, courbaturé, René quitta le cockpit. La soirée était fraîche et il frissonna. Ignorant ses mécaniciens qui avaient déjà ouvert le capot et les trappes à munitions sur les ailes, il prit le chemin du Dispersal pour faire son rapport.
- Et bien en voilà une heure pour rentrer Martel! Ca fait bientôt vingt minutes que toute l'escadrille est au sol. Tout le monde est déjà douché et s'apprête à aller prendre le repas du soir.
Le Flight Leutnant Gerry sortit de l'ombre, casquette de travers, cigarette au coin des lèvres il s'approcha avec un demi-sourire.
- Et bien mon vieux vous êtes allés faire du tourisme à Brighton?
René qui portait encore son parachute était épuisé. Et dire que les pilotes du groupe faisaient jusqu'à cinq sorties par jours, mais comment faisaient-ils?
- Excusez-moi Sir, mais j'ai tenté d'aider mon camarade Emile Volta abattu par un 109.
L'Officier anglais lui pris des mains le parachute.
- Négatif sergent, il a été descendu par un mitrailleur de Stuka. Une fois endommagé, au lieu de rompre le combat, il a cherché à tourner avec les 109 qui venaient d'arriver.
Les deux hommes venaient d'arriver devant la porte du vestiaire des sous-officiers. René s'immobilisa avant de pénétrer dans le cabanon.
- C'était un geste très courageux Sir.
Le chef du groupe yellow extirpa son paquet de blondes et le tendit à Martel qui se servit. Une fois les bouts incandescents illuminant leur visage, Gerry reprit sur un ton plus dur.
- Ca l'aurait été si Volta était venu à la rescousse d'un pilote en difficulté, ce qui n'était pas le cas. Il aurait dû rentrer au plus vite sans discuter. Il a eut un geste idiot et il l'a peut-être payé de sa personne, car à cette heure, nous sommes toujours sans nouvelle de lui. Alors à l'avenir, j'exige que tout appareil endommagé quitte le combat et rejoigne au plus vite la base la plus proche, ensuite je ne veux plus vous entendre parler français.
Martel se vexa quelque peu et renfrogné il répondit:
- Pff c'était si grave? Quand on entend le baragouinement infernal des polonais, on ne va quand même pas nous faire le reproche de deux ou trois phrases en français.
Gerry le regard insistant:
- Parlons-en des polonais. Est-ce que vous avez compris ce qu'ils se disaient?
Le pilote français haussa les épaules:
- Ben non comment voulez-vous que je comprenne un mot de ce charabia.
- Et bien pour les pilotes britanniques qui ne pratiquent pas votre magnifique langue, le Français est malheureusement également un charabia. Alors quand l'un d'entre-vous demande du secours dans notre langue d'origine, ni le contrôle ni les camarades anglais ne comprennent un mot. Vous conviendrez dans ces conditions qu'il est difficile de venir en aide à un pilote en difficulté.
René dû admettre que son supérieur avait raison.
Le FO Gerry lui donna une tape amicale s'éloigna de quelques pas, hésita et revint vers lui.
- Ah! Au fait, une fois que vous serez changé, vous n'oublierez pas d'aller faire votre rapport auprès de l'officier de renseignements Williamson. Vous avez, il me semble, une victoire à faire revendiquer non?
Et il s'éloigna dans la nuit.
- Enfin vous voilà, je commençais de désespérer. Alors vous avez un rapport à me remettre.
Sans un mot, le sergent Martel remit une feuille comprenant un texte couvrant les ¾ de la page. Williamson prit le rapport de vol en grimaçant.
- Ces nouveaux pilotes, faut toujours qu'ils se sentent l'âme d'un grand écrivain... avec le temps ça passera.
Pourtant au fur et à mesure que la lecture avançait, il fronçait les sourcils.
- Ben dites-donc mon vieux, où vous ne manquez pas d'audace où vous êtes réellement un futur as. Deux victoires revendiquées à votre première sortie....
Il se dirigea vers son secrétaire et prit une pile de feuilles sur lesquelles étaient répertoriés les différents lieux de crash d'avions ennemis de la journée. Marmonnant, son crayon dans la bouche, il cherchait un rapport pouvant correspondre avec les victoires de Martel.
- Grmbl ... alors un Stuka dans la région de Chelwood... il doit y en avoir un tas avec le nombre de raids ennemis... mmh... ah non tient.
Il y avait du regret dans sa voix.
- ... il n'y en a qu'un. Equipage ennemi éjecté, vivant et capturé... affirme avoir été abattu par un Hurricane ... et bien ça en fait une déjà sergeant.
Visiblement contrarié, il farfouilla dans ses feuilles nerveusement.
- ... bon le 109 maintenant... il y a au moins 5 revendications de l'escadrille pour trois crashs de 109... houlala, mais ça sent la demi... voir seulement un quart de victoire, sergeant.
Martel commençait d'être un peu exaspéré par l'attitude de l'Officier.
- Sir, avec tout le respect que je vous dois, j'en ai rien à foutre de savoir si je l'ai descendu ou pas ce foutu 109, alors faites vite qu'on en finisse et que je puisse aller aux nouvelles pour mon collègue Volta.
Williamson, en bon sujet de sa Majesté resta flegmatique:
- Ah, vous voulez sans doute parler du Flying Sergent Emile Volta, nous avons eu des nouvelles il y a à peine 20 minutes , si ça peut vous rassurer, il est en bonne santé et sur le chemin de la base.
Martel fut soulagé, Volta vivant et pas blessé, prêt à reprendre du service. Quelle nouvelle formidable.
- Et bien merci lieutenant, je suis vraiment soulagé... heu Uckfield Sir.
Williamson qui consultait toujours ses rapports leva les yeux dans sa direction.
- Plaît-il?
René répondit avec sourire enjôleur.
- Le 109 que j'ai touché... c'était au-dessus d'Uckfield Sir, vous consultez là le rapport de la batterie de défense aérienne de Hawkhurst, je ne doute pas les artilleurs anglais aient d'excellents yeux Sir, mais je ne pense pas qu'ils puissent voir à cette distance un combat aérien se déroulant à Uckfield à une bonne cinquantaine de kilomètres de là.
L'officier de renseignement répondit sur un ton offusqué.
- Tout d'abord, nous parlons en Miles ici et non en kilomètres, ensuite, je vous en prie sergeant, ce n'est pas poli de lire par-dessus mon épaule. Et pour finir je vous rappelle que je cherche avant tout un crash, parce que les combats aériens, ce n'est pas cela qui a manqué aujourd'hui dans ce secteur, alors si je devais avoir un rapport précis de chacun d'entre eux, j'en aurai pour la nuit à les étudier.
Martel resta calme et rappela sur un ton enjoué à Williamson qu'une fois touché le chasseur ennemi avait décroché sur un cap plein Est et que, logiquement, le pilote avait tenté de rejoindre la Manche. Imperturbable, l'officier ignora ses paroles et poursuivit ses recherches en marmonnant. Finalement après quelques minutes:
- Je suis désolé je n'ai rien du côté Est sergeant... mis à part un 109 de la JG2 posé en catastrophe sur le ventre, pilote légèrement blessé mais qui n'a pas encore pu être entendu sur les circonstances de son accident.
- Il est comment l'insigne de la JG2, un écusson blanc bordé de rouge avec un "R" au milieu?
Williamson haussa les épaules.
- Je n'en sais absolument rien sergeant.
Martel commençait d'en avoir marre, voilà bientôt 20 minutes qu'il bataillait pour valider ces deux victoires. Il reprit agacé:
- Ce 109 avait le fuselage bleu ciel moucheté de gris, les ailes grises et le nez jaune. Sur le flanc gauche, il y avait l'écusson que je vous ai décrit! Maintenant vous me le comptez, vous me le comptez pas, je m'en fout. J'ai plus envie de discuter, j'ai faim et j'ai sommeil. Alors bonne nuit.
Alors qu'il allait faire demi-tour. Une voix forte les fit sursauter, celle du Flying Officer Archy.
- Oui c'est bien cela, c'est l'écusson de la JG2, la "Richthofen" une escadrille d'élite allemande et vous le savez Williamson, n'est-ce pas. Alors si ce 109 n'est revendiqué par personne d'autre que Martel, vous allez lui attribuer la victoire.... la victoire complète, je vous remercie de votre diligence.
L'officier de renseignements avait le visage cramoisi.
- No... Nowik!?!? Je ne savais pas que vous étiez encore dans votre bureau. Je suis désolé, mais vous savez comme le Fighter Command est pointilleux sur le nombre de victoires revendiquées.
L'officier anglais semblait quelque peu exaspéré par l'attitude de Williamson.
- Oui mais là vous cherchez un peu trop loin et votre manie de suspecter chaque revendication a tendance à profondément exaspérer l'ensemble de l'escadrille, vous êtes un emmerdeur Williamson, alors faites preuve d'un peu de souplesse ou changez de travail.
Laissant Williamson visiblement très choqué par ces paroles. Les deux pilotes quittèrent le dispersal.
Archy s'adressa à Martel.
- C'est bon sergeant, vous avez fait du très bon travail. Continuez comme cela et votre première décoration n'est pas loin. C'est excellent. Allez vous sustenter et ensuite allez vous coucher, demain nous aurons sans doute une longue journée.
A son entrée au mess des sous-officiers, le pilote français fut accueilli par les acclamations de ses camarades qui, au courant de son exploit, espéraient bien quelques pintes de bières à l'oeil. Pour achever cette soirée mémorable, Emile Volta fit son apparition peu avant minuit. Il expliqua qu'en fait sa verrière était restée coincée, l'empêchant de quitter son avion. Il avait eu de la chance que son taxi ne prenne pas feu. Lui aussi eut le droit d'offrir quelques tournées.
- Emile, éjectes-toi! T'as meilleur temps, c'est trop dangereux tu perds du carburant, il y a risque d'incendie.
Mais Emile Volta poursuivait son vol imperturbable.
- ...Peux pas René, il y a des maisons dans tous les coins... c'est trop risqué.
Martel suivit d'un regard inquiet le Hurricane qui finit par toucher le sol en labourant la terre sur une bonne centaine de mètres. Dans l'avion immobilisé, rien ne semblait bouger. Personne ne s'approchait de l'appareil non plus. Un coup d'œil sur sa jauge lui indiqua qu'il avait juste assez de carburant pour rentrer. Il était sur la réserve, le soir tombait. La voix tremblante d'émotion, il donna la position approximative du crash et prit la direction de la base. La nuit était presque tombée lorsque la piste de béton de Tangmere apparue enfin. Une fois son Hurricane immobilisé, courbaturé, René quitta le cockpit. La soirée était fraîche et il frissonna. Ignorant ses mécaniciens qui avaient déjà ouvert le capot et les trappes à munitions sur les ailes, il prit le chemin du Dispersal pour faire son rapport.
- Et bien en voilà une heure pour rentrer Martel! Ca fait bientôt vingt minutes que toute l'escadrille est au sol. Tout le monde est déjà douché et s'apprête à aller prendre le repas du soir.
Le Flight Leutnant Gerry sortit de l'ombre, casquette de travers, cigarette au coin des lèvres il s'approcha avec un demi-sourire.
- Et bien mon vieux vous êtes allés faire du tourisme à Brighton?
René qui portait encore son parachute était épuisé. Et dire que les pilotes du groupe faisaient jusqu'à cinq sorties par jours, mais comment faisaient-ils?
- Excusez-moi Sir, mais j'ai tenté d'aider mon camarade Emile Volta abattu par un 109.
L'Officier anglais lui pris des mains le parachute.
- Négatif sergent, il a été descendu par un mitrailleur de Stuka. Une fois endommagé, au lieu de rompre le combat, il a cherché à tourner avec les 109 qui venaient d'arriver.
Les deux hommes venaient d'arriver devant la porte du vestiaire des sous-officiers. René s'immobilisa avant de pénétrer dans le cabanon.
- C'était un geste très courageux Sir.
Le chef du groupe yellow extirpa son paquet de blondes et le tendit à Martel qui se servit. Une fois les bouts incandescents illuminant leur visage, Gerry reprit sur un ton plus dur.
- Ca l'aurait été si Volta était venu à la rescousse d'un pilote en difficulté, ce qui n'était pas le cas. Il aurait dû rentrer au plus vite sans discuter. Il a eut un geste idiot et il l'a peut-être payé de sa personne, car à cette heure, nous sommes toujours sans nouvelle de lui. Alors à l'avenir, j'exige que tout appareil endommagé quitte le combat et rejoigne au plus vite la base la plus proche, ensuite je ne veux plus vous entendre parler français.
Martel se vexa quelque peu et renfrogné il répondit:
- Pff c'était si grave? Quand on entend le baragouinement infernal des polonais, on ne va quand même pas nous faire le reproche de deux ou trois phrases en français.
Gerry le regard insistant:
- Parlons-en des polonais. Est-ce que vous avez compris ce qu'ils se disaient?
Le pilote français haussa les épaules:
- Ben non comment voulez-vous que je comprenne un mot de ce charabia.
- Et bien pour les pilotes britanniques qui ne pratiquent pas votre magnifique langue, le Français est malheureusement également un charabia. Alors quand l'un d'entre-vous demande du secours dans notre langue d'origine, ni le contrôle ni les camarades anglais ne comprennent un mot. Vous conviendrez dans ces conditions qu'il est difficile de venir en aide à un pilote en difficulté.
René dû admettre que son supérieur avait raison.
Le FO Gerry lui donna une tape amicale s'éloigna de quelques pas, hésita et revint vers lui.
- Ah! Au fait, une fois que vous serez changé, vous n'oublierez pas d'aller faire votre rapport auprès de l'officier de renseignements Williamson. Vous avez, il me semble, une victoire à faire revendiquer non?
Et il s'éloigna dans la nuit.
- Enfin vous voilà, je commençais de désespérer. Alors vous avez un rapport à me remettre.
Sans un mot, le sergent Martel remit une feuille comprenant un texte couvrant les ¾ de la page. Williamson prit le rapport de vol en grimaçant.
- Ces nouveaux pilotes, faut toujours qu'ils se sentent l'âme d'un grand écrivain... avec le temps ça passera.
Pourtant au fur et à mesure que la lecture avançait, il fronçait les sourcils.
- Ben dites-donc mon vieux, où vous ne manquez pas d'audace où vous êtes réellement un futur as. Deux victoires revendiquées à votre première sortie....
Il se dirigea vers son secrétaire et prit une pile de feuilles sur lesquelles étaient répertoriés les différents lieux de crash d'avions ennemis de la journée. Marmonnant, son crayon dans la bouche, il cherchait un rapport pouvant correspondre avec les victoires de Martel.
- Grmbl ... alors un Stuka dans la région de Chelwood... il doit y en avoir un tas avec le nombre de raids ennemis... mmh... ah non tient.
Il y avait du regret dans sa voix.
- ... il n'y en a qu'un. Equipage ennemi éjecté, vivant et capturé... affirme avoir été abattu par un Hurricane ... et bien ça en fait une déjà sergeant.
Visiblement contrarié, il farfouilla dans ses feuilles nerveusement.
- ... bon le 109 maintenant... il y a au moins 5 revendications de l'escadrille pour trois crashs de 109... houlala, mais ça sent la demi... voir seulement un quart de victoire, sergeant.
Martel commençait d'être un peu exaspéré par l'attitude de l'Officier.
- Sir, avec tout le respect que je vous dois, j'en ai rien à foutre de savoir si je l'ai descendu ou pas ce foutu 109, alors faites vite qu'on en finisse et que je puisse aller aux nouvelles pour mon collègue Volta.
Williamson, en bon sujet de sa Majesté resta flegmatique:
- Ah, vous voulez sans doute parler du Flying Sergent Emile Volta, nous avons eu des nouvelles il y a à peine 20 minutes , si ça peut vous rassurer, il est en bonne santé et sur le chemin de la base.
Martel fut soulagé, Volta vivant et pas blessé, prêt à reprendre du service. Quelle nouvelle formidable.
- Et bien merci lieutenant, je suis vraiment soulagé... heu Uckfield Sir.
Williamson qui consultait toujours ses rapports leva les yeux dans sa direction.
- Plaît-il?
René répondit avec sourire enjôleur.
- Le 109 que j'ai touché... c'était au-dessus d'Uckfield Sir, vous consultez là le rapport de la batterie de défense aérienne de Hawkhurst, je ne doute pas les artilleurs anglais aient d'excellents yeux Sir, mais je ne pense pas qu'ils puissent voir à cette distance un combat aérien se déroulant à Uckfield à une bonne cinquantaine de kilomètres de là.
L'officier de renseignement répondit sur un ton offusqué.
- Tout d'abord, nous parlons en Miles ici et non en kilomètres, ensuite, je vous en prie sergeant, ce n'est pas poli de lire par-dessus mon épaule. Et pour finir je vous rappelle que je cherche avant tout un crash, parce que les combats aériens, ce n'est pas cela qui a manqué aujourd'hui dans ce secteur, alors si je devais avoir un rapport précis de chacun d'entre eux, j'en aurai pour la nuit à les étudier.
Martel resta calme et rappela sur un ton enjoué à Williamson qu'une fois touché le chasseur ennemi avait décroché sur un cap plein Est et que, logiquement, le pilote avait tenté de rejoindre la Manche. Imperturbable, l'officier ignora ses paroles et poursuivit ses recherches en marmonnant. Finalement après quelques minutes:
- Je suis désolé je n'ai rien du côté Est sergeant... mis à part un 109 de la JG2 posé en catastrophe sur le ventre, pilote légèrement blessé mais qui n'a pas encore pu être entendu sur les circonstances de son accident.
- Il est comment l'insigne de la JG2, un écusson blanc bordé de rouge avec un "R" au milieu?
Williamson haussa les épaules.
- Je n'en sais absolument rien sergeant.
Martel commençait d'en avoir marre, voilà bientôt 20 minutes qu'il bataillait pour valider ces deux victoires. Il reprit agacé:
- Ce 109 avait le fuselage bleu ciel moucheté de gris, les ailes grises et le nez jaune. Sur le flanc gauche, il y avait l'écusson que je vous ai décrit! Maintenant vous me le comptez, vous me le comptez pas, je m'en fout. J'ai plus envie de discuter, j'ai faim et j'ai sommeil. Alors bonne nuit.
Alors qu'il allait faire demi-tour. Une voix forte les fit sursauter, celle du Flying Officer Archy.
- Oui c'est bien cela, c'est l'écusson de la JG2, la "Richthofen" une escadrille d'élite allemande et vous le savez Williamson, n'est-ce pas. Alors si ce 109 n'est revendiqué par personne d'autre que Martel, vous allez lui attribuer la victoire.... la victoire complète, je vous remercie de votre diligence.
L'officier de renseignements avait le visage cramoisi.
- No... Nowik!?!? Je ne savais pas que vous étiez encore dans votre bureau. Je suis désolé, mais vous savez comme le Fighter Command est pointilleux sur le nombre de victoires revendiquées.
L'officier anglais semblait quelque peu exaspéré par l'attitude de Williamson.
- Oui mais là vous cherchez un peu trop loin et votre manie de suspecter chaque revendication a tendance à profondément exaspérer l'ensemble de l'escadrille, vous êtes un emmerdeur Williamson, alors faites preuve d'un peu de souplesse ou changez de travail.
Laissant Williamson visiblement très choqué par ces paroles. Les deux pilotes quittèrent le dispersal.
Archy s'adressa à Martel.
- C'est bon sergeant, vous avez fait du très bon travail. Continuez comme cela et votre première décoration n'est pas loin. C'est excellent. Allez vous sustenter et ensuite allez vous coucher, demain nous aurons sans doute une longue journée.
A son entrée au mess des sous-officiers, le pilote français fut accueilli par les acclamations de ses camarades qui, au courant de son exploit, espéraient bien quelques pintes de bières à l'oeil. Pour achever cette soirée mémorable, Emile Volta fit son apparition peu avant minuit. Il expliqua qu'en fait sa verrière était restée coincée, l'empêchant de quitter son avion. Il avait eu de la chance que son taxi ne prenne pas feu. Lui aussi eut le droit d'offrir quelques tournées.
Dernière édition par le Mer 2 Jan 2008 - 15:00, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
- Nombre de messages : 12635
Localisation : (en bas à droite)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Début septembre 1940, le Squadron 85 n'avait pas chômé. Les pertes étaient sévères, les pilotes blessés ou tués, nombreux. A la fin de chaque journée, les pilotes français, Martel, Kierkegaard, Volta et Devarenne, ne pouvaient s'empêcher de penser qu'un jour ou l'autre l'un des leurs finiraient pas se faire descendre pour de bon. Ils étaient crevés, le passage au mess en fin de journée était obligatoire, pour décompresser, parfois s'enivrer pour oublier. Des quatre, seul le Flying Sergeant Martel n'avait pas encore ramené son avion troué comme une passoire. Depuis sa mésaventure, Volta était plus prudent, Louis Kierkegaard avait 2,5 victoires à son actif mais également deux sauts en parachute dont un dans la Manche, heureusement à proximité des côtes. Quant à Henri Devarenne, les responsables de l'escadrille se demandent encore comment le 28 août dernier il avait pu ramener son Hurricane avec un plan d'aile en moins, ceci suite à un accrochage avec un H111. Cet épisode lui avait valu la Militay Cross et la validation du Heinkel qui s'était écrasé suite au choc. D'autres français avaient entre temps, rejoint l'escadrille, il y avait entre autre Fabien Martin un ancien navigateur sur Potez 63.11 du GRB3, il y avait aussi un Belge, Roland Rakham, un pilote assez taciturne mais très agressif en combat. Un nouveau leader avait fait son apparition pour combler la perte d'un officier, le Flight Leutnant Gil qui était canadien. De mère québécoise, il parlait un français effroyable teinté d'un accent anglais, ce qui le rendait presque incompréhensible. Néanmoins, les Canadiens du groupe étaient une bande de joyeux lurons qui faisaient la noce tous les soirs, ce qui mettait une chaude ambiance que Nowik ou Flower tentaient tant bien que mal de calmer sans grand succès. Mis à part les Canadiens, il y a avait des Néo-zélandais et des Australiens, eux aussi grands fêtards devant l'Eternel. Les pilotes du groupe formaient ainsi une unité hétéroclite composée de pilotes de plusieurs nations que la guerre avait réuni sous le même toit et finalement rendus très solidaires l'un de l'autre.
Le 07 septembre 1940, le sergent Martel disposait d'une journée de repos. Le matin en se levant pour aller prendre son petit déjeuné, il avait pour une fois laissé sa tenue de vol au vestiaire et revêtu son uniforme de sortie. Une fois son repas terminé, il passa devant le Dispersal où les pilotes de garde attendaient l'ordre de décoller. Plusieurs quolibets moqueurs l'accueillirent. Mais c'était de bonne fois, car chacun avait droit à une journée de repos toutes les deux semaines. René répondit par quelques courbettes et s'éloigna en riant vers le cantonnement. A peine avait-il fermé la porte que le brouhaha habituel des pilotes s'élançant au pas de course vers leurs avions se fit entendre. Curieux il passa la tête, par la fenêtre et le regard inquiet observa les Hurricane rouler vers la piste d'envol. Le sergent Warwik semblait plus énervé que d'habitude. Alors que normalement il passait juste la tête hors de la fenêtre du dispersal et donnait l'alerte de sa voix monocorde, là, il avait quitté son poste et gesticulait vers les chasseurs comme pour les faire accélérer la manœuvre. Martel s'inquiéta quelque peu de ce mouvement. Il laissa à regret la baignoire d'eau chaude qu'il s'était préparée et le livre qu'il escomptait lire, pour rejoindre Warwik d'un pas rapide.
- Et bien dites-donc, que ce passe t-il aujourd'hui pour engendrer autant d'excitation?
Warwik se retourna le visage en sueur, les yeux inquiet.
- Biggin Hill et Manston on eut la visite des Fritz ce matin. Le contrôle signale plusieurs groupes d'avions fonçant vers nous.
Il s'éloigna au pas de course vers son poste, avant de s'enfermer au dispersal, il se retourna.
- Je serais vous je mettrai rapidement mon casque et je trouverai un coin abrité, ça risque de péter sec.
Martel regarda les derniers Hurricane qui décollaient et sceptique, s'en retourna vers son bain.
- Oh et pis merde, jusqu'à présent, les Allemands n'étaient pas venus à Tangmere. Pourquoi le feraient-ils aujourd'hui? Leurs cibles de prédilection étaient Biggin Hill et Manston.
Pourtant alors qu'il cheminait tranquillement une cigarette au coin des lèvres, un bruit de moteur attira son attention. Un bruit de moteur évoluant plein gaz, accompagné d'un sifflement sinistre qu'il connaissait bien pour l'avoir entendu souvent ces dernières semaines, celui du compresseur du Messerschmitt Bf109!
Avant même qu'il n'ait pu réagir, les chasseurs allemands étaient sur la base. Ils passèrent au ras des toits des cantonnements faisant trembler le sol. Leur apparition fut si brutale, que la DCA n'eut même pas le temps de réagir. Le bruit des armes de bords des chasseurs allemands se mis à raisonner sinistrement sur Tangmere. Les pilotes de réserve dont les Hurricane avaient été sortis précipitamment des abris furent des cibles faciles pour les Bf109. Après un premier passage, 8 carcasses brûlaient le long de la piste principale. Deux canons de 20 mm se mirent timidement et maladroitement en route. René se précipita en catastrophe dans sa chambre s'encoubla dans la baignoire, plongea son bras dans l'eau savonneuse et tiède, jura, se releva, fracassa la porte de son buffet en essayant de décoincer cette satanée porte de m... qui ne s'ouvre jamais et emporta sa veste, ses gants et son casque en cuir. Alors qu'à l'extérieur les chasseurs allemands poursuivaient leur mission de straffing, il entendit, le staccato caractéristique des 8 mitrailleuses anglaises. Ca y est, se dit-il intérieurement, les copains entrent dans la danse! Il retira d'un geste sa veste de sortie dont les boutons rebondirent sur le sol, enfila prestement sa veste de vol et bondit dehors. Alors qu'il courrait vers les hangars, il chercha du regard, un chasseur valide. Au milieu des carcasses incendiées, il aperçu un Hurricane moteur tournant qui semblait intact. Il se précipita monta sur l'aile et le spectacle à l'intérieur de l'avion le paralysa. Seul l'insigne New Zelanda sur l'épaule lui permis d'identifier la nationalité du malheureux qui s'était effondré sur les commandes. Plus par réflexe qu'autre chose, il coupa l'alimentation de la pompe à essence et le contact aux batteries, le moteur s'arrêta. Choqué, il se laissa glisser sur l'aile et titubant, il prit la direction d'une tranchée où plusieurs hommes lui faisaient des signes pressants pour qu'il les rejoignent. Sans un mot, la gorge serrée, prit par une terrible nausée, René se laissa tomber aux côtés des gars qui l'empoignèrent vigoureusement pour le caler au fond de la tranchée. Il aperçu Louis et Gil et 4 autres pilotes, le solde de la réserve. De son terrible accent Gil, les yeux exorbités, l'interpella.
- C'est Mc Kenzie! Tabernacle! A peine les mécaniciens avaient poussé les avions sur le Way, que les 109 sont arrivés, nous on a sauté dans la tranchée, Mc Kenzie est quand même monté dans son zing... il doit avoir pris un mauvais coup...
René sortit de ses gonds.
- Un mauvais coup??? Mais putain de merde t'as pas vu ce qu'il reste de lui dans l'avion!
Il empoigna le Canadien par le revers de sa veste.
- Non de Dieu Gil! T'as déjà vu un mec se prendre un obus de 20mm dans la gueule?
Il secouait son supérieur comme un prunier.
- Hein? T'as déjà vu ce qui reste de ce pauvre type?
René était un gars pas très grand, mais plutôt baraqué et le pauvre Gil eut tout le peine à lui faire lâcher prise. Finalement c'est Louis qui se précipitait.
- Arrêtes René. Je te dis d'arrêter... allez calmes toi bon sang...
René lâcha enfin prise, laissant le pauvre canadien reprendre son souffle.
- Bordel, mais t'es complètement secoué le Français ou quoi! Tabernacle, qu'est-ce que j'y peux moi que le Néo zélandais se soit fait trucider.
René était effondré, le visage livide, son bel uniforme était tâché, ses chaussures si bien cirées, pleines de poussière. Au-dessus d'eux, le ciel ne désemplissait pas. Les chasseurs allemands avaient quitté le secteur, laissant la place au H111. De longs chapelets de bombes d'égrenaient en cadence sous leur fuselage. Dans un long sifflement sinistre elles filaient vers le sol terminant leur course dans un tonnerre de Dieu. Dans la tranchée les hommes s'étaient couchés la tête dans les mains, plus pour se protéger l'ouïe du fracas des explosions que pour éviter d'être blessé par les kilos de terre et de gravas qui leur tombaient dessus. Même en hurlant, ils ne pouvaient communiquer entre eux. René eut l'impression de vivre l'apocalypse. Les hangars étaient éventrés.
Le 07 septembre 1940, le sergent Martel disposait d'une journée de repos. Le matin en se levant pour aller prendre son petit déjeuné, il avait pour une fois laissé sa tenue de vol au vestiaire et revêtu son uniforme de sortie. Une fois son repas terminé, il passa devant le Dispersal où les pilotes de garde attendaient l'ordre de décoller. Plusieurs quolibets moqueurs l'accueillirent. Mais c'était de bonne fois, car chacun avait droit à une journée de repos toutes les deux semaines. René répondit par quelques courbettes et s'éloigna en riant vers le cantonnement. A peine avait-il fermé la porte que le brouhaha habituel des pilotes s'élançant au pas de course vers leurs avions se fit entendre. Curieux il passa la tête, par la fenêtre et le regard inquiet observa les Hurricane rouler vers la piste d'envol. Le sergent Warwik semblait plus énervé que d'habitude. Alors que normalement il passait juste la tête hors de la fenêtre du dispersal et donnait l'alerte de sa voix monocorde, là, il avait quitté son poste et gesticulait vers les chasseurs comme pour les faire accélérer la manœuvre. Martel s'inquiéta quelque peu de ce mouvement. Il laissa à regret la baignoire d'eau chaude qu'il s'était préparée et le livre qu'il escomptait lire, pour rejoindre Warwik d'un pas rapide.
- Et bien dites-donc, que ce passe t-il aujourd'hui pour engendrer autant d'excitation?
Warwik se retourna le visage en sueur, les yeux inquiet.
- Biggin Hill et Manston on eut la visite des Fritz ce matin. Le contrôle signale plusieurs groupes d'avions fonçant vers nous.
Il s'éloigna au pas de course vers son poste, avant de s'enfermer au dispersal, il se retourna.
- Je serais vous je mettrai rapidement mon casque et je trouverai un coin abrité, ça risque de péter sec.
Martel regarda les derniers Hurricane qui décollaient et sceptique, s'en retourna vers son bain.
- Oh et pis merde, jusqu'à présent, les Allemands n'étaient pas venus à Tangmere. Pourquoi le feraient-ils aujourd'hui? Leurs cibles de prédilection étaient Biggin Hill et Manston.
Pourtant alors qu'il cheminait tranquillement une cigarette au coin des lèvres, un bruit de moteur attira son attention. Un bruit de moteur évoluant plein gaz, accompagné d'un sifflement sinistre qu'il connaissait bien pour l'avoir entendu souvent ces dernières semaines, celui du compresseur du Messerschmitt Bf109!
Avant même qu'il n'ait pu réagir, les chasseurs allemands étaient sur la base. Ils passèrent au ras des toits des cantonnements faisant trembler le sol. Leur apparition fut si brutale, que la DCA n'eut même pas le temps de réagir. Le bruit des armes de bords des chasseurs allemands se mis à raisonner sinistrement sur Tangmere. Les pilotes de réserve dont les Hurricane avaient été sortis précipitamment des abris furent des cibles faciles pour les Bf109. Après un premier passage, 8 carcasses brûlaient le long de la piste principale. Deux canons de 20 mm se mirent timidement et maladroitement en route. René se précipita en catastrophe dans sa chambre s'encoubla dans la baignoire, plongea son bras dans l'eau savonneuse et tiède, jura, se releva, fracassa la porte de son buffet en essayant de décoincer cette satanée porte de m... qui ne s'ouvre jamais et emporta sa veste, ses gants et son casque en cuir. Alors qu'à l'extérieur les chasseurs allemands poursuivaient leur mission de straffing, il entendit, le staccato caractéristique des 8 mitrailleuses anglaises. Ca y est, se dit-il intérieurement, les copains entrent dans la danse! Il retira d'un geste sa veste de sortie dont les boutons rebondirent sur le sol, enfila prestement sa veste de vol et bondit dehors. Alors qu'il courrait vers les hangars, il chercha du regard, un chasseur valide. Au milieu des carcasses incendiées, il aperçu un Hurricane moteur tournant qui semblait intact. Il se précipita monta sur l'aile et le spectacle à l'intérieur de l'avion le paralysa. Seul l'insigne New Zelanda sur l'épaule lui permis d'identifier la nationalité du malheureux qui s'était effondré sur les commandes. Plus par réflexe qu'autre chose, il coupa l'alimentation de la pompe à essence et le contact aux batteries, le moteur s'arrêta. Choqué, il se laissa glisser sur l'aile et titubant, il prit la direction d'une tranchée où plusieurs hommes lui faisaient des signes pressants pour qu'il les rejoignent. Sans un mot, la gorge serrée, prit par une terrible nausée, René se laissa tomber aux côtés des gars qui l'empoignèrent vigoureusement pour le caler au fond de la tranchée. Il aperçu Louis et Gil et 4 autres pilotes, le solde de la réserve. De son terrible accent Gil, les yeux exorbités, l'interpella.
- C'est Mc Kenzie! Tabernacle! A peine les mécaniciens avaient poussé les avions sur le Way, que les 109 sont arrivés, nous on a sauté dans la tranchée, Mc Kenzie est quand même monté dans son zing... il doit avoir pris un mauvais coup...
René sortit de ses gonds.
- Un mauvais coup??? Mais putain de merde t'as pas vu ce qu'il reste de lui dans l'avion!
Il empoigna le Canadien par le revers de sa veste.
- Non de Dieu Gil! T'as déjà vu un mec se prendre un obus de 20mm dans la gueule?
Il secouait son supérieur comme un prunier.
- Hein? T'as déjà vu ce qui reste de ce pauvre type?
René était un gars pas très grand, mais plutôt baraqué et le pauvre Gil eut tout le peine à lui faire lâcher prise. Finalement c'est Louis qui se précipitait.
- Arrêtes René. Je te dis d'arrêter... allez calmes toi bon sang...
René lâcha enfin prise, laissant le pauvre canadien reprendre son souffle.
- Bordel, mais t'es complètement secoué le Français ou quoi! Tabernacle, qu'est-ce que j'y peux moi que le Néo zélandais se soit fait trucider.
René était effondré, le visage livide, son bel uniforme était tâché, ses chaussures si bien cirées, pleines de poussière. Au-dessus d'eux, le ciel ne désemplissait pas. Les chasseurs allemands avaient quitté le secteur, laissant la place au H111. De longs chapelets de bombes d'égrenaient en cadence sous leur fuselage. Dans un long sifflement sinistre elles filaient vers le sol terminant leur course dans un tonnerre de Dieu. Dans la tranchée les hommes s'étaient couchés la tête dans les mains, plus pour se protéger l'ouïe du fracas des explosions que pour éviter d'être blessé par les kilos de terre et de gravas qui leur tombaient dessus. Même en hurlant, ils ne pouvaient communiquer entre eux. René eut l'impression de vivre l'apocalypse. Les hangars étaient éventrés.
Dernière édition par 615sqn_harry le Jeu 14 Aoû 2008 - 0:08, édité 10 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Lorsqu'une bombe explosaient à l'intérieur de l'un d'entre eux, les portes, les fenêtres, parfois des parois entières étaient soufflées comme des fétus de paille. La DCA répondait, mais c'est à peine si on attendait le 40 mm qui portant n'était pas discret. Certaines pièces antiaériennes ne fonctionnaient plus et pour cause, les servants, surpris par le passage éclair des chasseurs, étaient écroulés sur leur pièce. René eut un instant l'idée de bondir prendre leur place, mais le souvenir des restes du malheureux Mc Kenzie, le retint. Ceci sans compter qu'il ne s'était jamais intéressé au fonctionnement de ces armes. Non il en avait assez vu pour la journée. Le bombardement semblait perdre en intensité. Les derniers Heinkel s'éloignaient maintenant vers le Nord. L'un après l'autre les survivants quittèrent leurs abris où ce qu'il en restait, certains blessés ou désorientés, titubaient. De toute part, il y avait des gémissements parfois des cris déchirants. Déjà les ambulances et les véhicules du feu filaient sur la base. Des soldats sanitaires courraient dans tous les sens avec des brancards ou des valises comprenant le matériel de premier secours.
Alors que le sergeant Martel essayait de mesurer l'ampleur du désastre, une main ferme lui empoigna fermement le bras droit. C'était Gil. sans un mot, il l'entraîna manu militari et lui indiqua d'un mouvement de tête l'emplacement où ils se trouvaient quelques minutes plus tôt; au fond de la tranchée, les corps de deux pilotes canadiens reposaient.
- Regardes le Français, regardes bien! Là, se sont deux gars à moi, deux potes qui habitaient à quelques dizaine de miles de chez moi. Tout à l'heure je devrais écrire aux familles. Alors tu ne me fait plus jamais de scène c'est compris?
Il avait parlé d'un voix calme et posée, sans aucune émotion. Martel répondit.
- Yes... Sir.
Louis lui fit signe de la tête.
- Allez... viens René, il faut qu'on aille se présenter au dispersal, ils auront certainement besoin de nous.
Alors qu'ils cheminaient ensemble, le FO Gerry les héla.
- Et vous deux là-bas! Par ici vite!
Il était entrain de passer sa veste de vol.
- Quel merdier, on va tâcher de trouver quelques zings en état de voler et un morceau de piste intacte pour décoller. Il me semble que les avions du groupe vert qui était au repos aujourd'hui devraient être bons.
Il regarda le sergeant Martel avec insistance.
- Vous n'avez pas l'air très bien Martel?
- Ca va ça va Sir... enfin comme un gars qui vient de se prendre 20 tonnes de bombes sur le coin de la cafetière...
L'Officier anglais rigola.
- Ca va j'aime ça. Les Français vous êtes des gars qui avez déjà vu du pays, vous êtes des durs.
Sans un mot de plus, les trois pilotes se dirigèrent vers les hangars au Sud Est de la base qui effectivement semblaient avoir été épargnés par le bombardement.
A l'intérieur les Hurricane du Green Group semblaient attendre paisiblement qu'on les mette en marche. Gerry jura entre les dents.
- Et merde, les batteries sont toutes débranchées. Fait chier, ça c'est du Flower tout craché, il a tellement peur pour que son matériel merde au démarrage.
Il avait retiré la trappe d'accès des accumulateurs et au moyen d'une pince chassait les cosses sur le plots. S'adressant à Martel et Kierkegaard qui restaient les bras ballants.
- Allez! Allez! Les gars, ne perdez pas de temps, prenez un appareil, ouvrez la trappe et branchez les batteries.
Pendant que les trois hommes s'affairaient, l'officier repris.
- ... faut se dépêcher, le groupe à Archy va bientôt rentrer et vu la place qu'il reste pour se poser, ça risque d'être un terrible bordel. Faut qu'on décolle avant leur arrivée. Ceci d'autant plus que les Allemands en vont certainement pas s'arrêter en si bon chemin... ils reviendront.
Après quelques minutes de tâtonnement, les trois Hurricane étaient prêt à démarrer. Sans attendre le FO Gerry mis en marche. Dans le hangar, le boucan généré par les trois moteurs fut terrible. Donnant des coups de palonnier rageurs, ils dirigèrent leur chasseur vers la sortie. A peine dehors, Gerry suivit de ses ailiers mit les gaz. Les trois Hurricane décollèrent presque ensemble. Au sol, de nombreux rampants levèrent la tête, surpris par ces trois avions décollant dans un axe complètement inhabituel. A peine le train rentré que Gerry entra en contact avec le Fighter Command.
- Ici, Yellow Group du 85, nous sommes en l'air. Cherchons bandit! Attendons indications.
Le contrôle, probablement surpris de savoir que quelques avions pouvaient encore décoller de Tangmere, mit quelques secondes à répondre.
- Bien reçu Yellow... nous avons au moins + 50 au cap 278, altitude 2.0.0.0! Vu le cap et l'altitude c'est certainement vers vous qu'ils vont!
- Ici Yellow bien compris!
S'adressant aux deux pilotes!
- On vire à gauche et on grimpe à 12000 au moins. On les attendra dans le soleil.
Il tenta ensuite de contacter Nowik.
- Ici Yellow Group! Red me recevez-vous?
Mais part les cris habituels des pilotes engagés dans d'autres secteurs, aucune réponse. le FO Gerry s'impatienta.
- Archy, ici Gerry est-ce que tu me reçois bon sang?
Bientôt la voix posée du Flying Officer Nowik résonna.
- T'emballes pas comme ça mon bichon, je te reçois fort et clair. Que se passe-t'il?
La voix de Gerry se fit nerveuse.
- Base impraticable, nouveau raid annoncé... faut vous poser ailleurs.
Aucun réponse ne vint et pour cause, le contrôle annonçait la présence de l'ennemi a proximité des trois Hurricane.
Kierkegaard qui avait des yeux de lynx fut le premier à les apercevoir!
- Ca y est ... je les vois... Sir, plus bas à 2 heures... il y en a ... attendez je compte...
Le leader lui coupa la parole.
- c'est bon merci Yellow 3, je les vois également. Pas la peine de compter, on est de toute façon à 10 contre 1.
L'As anglais fit un grand virage à gauche pour aligner son groupe sur la formation des Heinkel.
Il parlait maintenant très tranquillement, comme s'il commentait un documentaire sur la vie agricole du Devonshire.
- Bien les gars... c'est parfait... ils ne nous ont pas vu! On va leur mettre une pâtée.
Martel aperçu bien plus haut des contacts nerveux dans le ciel, l'escorte.
- Ici Yellow 2... là haut à 13 heure... l'escorte... au moins 20 109.
Toujours aussi calme Gerry répondit.
- On s'en fiche de l'escorte, ils sont devant les bimoteurs, ils vont certainement refaire le coup de tout à l'heure et attaquer en avant poste la base. Mais cette fois notre DCA sera prête à les recevoir. Prenez chacun un bombardier, choisissez celui qui est la tête d'un groupe, c'est le leader... visez le nez, derrière leur verrière, les équipages sont mal protégés... on va s'en faire un max... taïaut!
Menant son groupe d'une main de maître, Gerry avait effectivement réussi à rester caché dans le soleil jusqu'au dernier moment, bondissant hors du disque solaire sur les bombardiers allemands.
Les ailes de son Hurricane s'illuminèrent. Quelques secondes plus tard, les flancs du bombardier allemand le cockpit fracassé, vomissaient de la fumée noire par ses hublots. Avant de tomber lentement vers un dernier voyage vers le sol.
Alors que le sergeant Martel essayait de mesurer l'ampleur du désastre, une main ferme lui empoigna fermement le bras droit. C'était Gil. sans un mot, il l'entraîna manu militari et lui indiqua d'un mouvement de tête l'emplacement où ils se trouvaient quelques minutes plus tôt; au fond de la tranchée, les corps de deux pilotes canadiens reposaient.
- Regardes le Français, regardes bien! Là, se sont deux gars à moi, deux potes qui habitaient à quelques dizaine de miles de chez moi. Tout à l'heure je devrais écrire aux familles. Alors tu ne me fait plus jamais de scène c'est compris?
Il avait parlé d'un voix calme et posée, sans aucune émotion. Martel répondit.
- Yes... Sir.
Louis lui fit signe de la tête.
- Allez... viens René, il faut qu'on aille se présenter au dispersal, ils auront certainement besoin de nous.
Alors qu'ils cheminaient ensemble, le FO Gerry les héla.
- Et vous deux là-bas! Par ici vite!
Il était entrain de passer sa veste de vol.
- Quel merdier, on va tâcher de trouver quelques zings en état de voler et un morceau de piste intacte pour décoller. Il me semble que les avions du groupe vert qui était au repos aujourd'hui devraient être bons.
Il regarda le sergeant Martel avec insistance.
- Vous n'avez pas l'air très bien Martel?
- Ca va ça va Sir... enfin comme un gars qui vient de se prendre 20 tonnes de bombes sur le coin de la cafetière...
L'Officier anglais rigola.
- Ca va j'aime ça. Les Français vous êtes des gars qui avez déjà vu du pays, vous êtes des durs.
Sans un mot de plus, les trois pilotes se dirigèrent vers les hangars au Sud Est de la base qui effectivement semblaient avoir été épargnés par le bombardement.
A l'intérieur les Hurricane du Green Group semblaient attendre paisiblement qu'on les mette en marche. Gerry jura entre les dents.
- Et merde, les batteries sont toutes débranchées. Fait chier, ça c'est du Flower tout craché, il a tellement peur pour que son matériel merde au démarrage.
Il avait retiré la trappe d'accès des accumulateurs et au moyen d'une pince chassait les cosses sur le plots. S'adressant à Martel et Kierkegaard qui restaient les bras ballants.
- Allez! Allez! Les gars, ne perdez pas de temps, prenez un appareil, ouvrez la trappe et branchez les batteries.
Pendant que les trois hommes s'affairaient, l'officier repris.
- ... faut se dépêcher, le groupe à Archy va bientôt rentrer et vu la place qu'il reste pour se poser, ça risque d'être un terrible bordel. Faut qu'on décolle avant leur arrivée. Ceci d'autant plus que les Allemands en vont certainement pas s'arrêter en si bon chemin... ils reviendront.
Après quelques minutes de tâtonnement, les trois Hurricane étaient prêt à démarrer. Sans attendre le FO Gerry mis en marche. Dans le hangar, le boucan généré par les trois moteurs fut terrible. Donnant des coups de palonnier rageurs, ils dirigèrent leur chasseur vers la sortie. A peine dehors, Gerry suivit de ses ailiers mit les gaz. Les trois Hurricane décollèrent presque ensemble. Au sol, de nombreux rampants levèrent la tête, surpris par ces trois avions décollant dans un axe complètement inhabituel. A peine le train rentré que Gerry entra en contact avec le Fighter Command.
- Ici, Yellow Group du 85, nous sommes en l'air. Cherchons bandit! Attendons indications.
Le contrôle, probablement surpris de savoir que quelques avions pouvaient encore décoller de Tangmere, mit quelques secondes à répondre.
- Bien reçu Yellow... nous avons au moins + 50 au cap 278, altitude 2.0.0.0! Vu le cap et l'altitude c'est certainement vers vous qu'ils vont!
- Ici Yellow bien compris!
S'adressant aux deux pilotes!
- On vire à gauche et on grimpe à 12000 au moins. On les attendra dans le soleil.
Il tenta ensuite de contacter Nowik.
- Ici Yellow Group! Red me recevez-vous?
Mais part les cris habituels des pilotes engagés dans d'autres secteurs, aucune réponse. le FO Gerry s'impatienta.
- Archy, ici Gerry est-ce que tu me reçois bon sang?
Bientôt la voix posée du Flying Officer Nowik résonna.
- T'emballes pas comme ça mon bichon, je te reçois fort et clair. Que se passe-t'il?
La voix de Gerry se fit nerveuse.
- Base impraticable, nouveau raid annoncé... faut vous poser ailleurs.
Aucun réponse ne vint et pour cause, le contrôle annonçait la présence de l'ennemi a proximité des trois Hurricane.
Kierkegaard qui avait des yeux de lynx fut le premier à les apercevoir!
- Ca y est ... je les vois... Sir, plus bas à 2 heures... il y en a ... attendez je compte...
Le leader lui coupa la parole.
- c'est bon merci Yellow 3, je les vois également. Pas la peine de compter, on est de toute façon à 10 contre 1.
L'As anglais fit un grand virage à gauche pour aligner son groupe sur la formation des Heinkel.
Il parlait maintenant très tranquillement, comme s'il commentait un documentaire sur la vie agricole du Devonshire.
- Bien les gars... c'est parfait... ils ne nous ont pas vu! On va leur mettre une pâtée.
Martel aperçu bien plus haut des contacts nerveux dans le ciel, l'escorte.
- Ici Yellow 2... là haut à 13 heure... l'escorte... au moins 20 109.
Toujours aussi calme Gerry répondit.
- On s'en fiche de l'escorte, ils sont devant les bimoteurs, ils vont certainement refaire le coup de tout à l'heure et attaquer en avant poste la base. Mais cette fois notre DCA sera prête à les recevoir. Prenez chacun un bombardier, choisissez celui qui est la tête d'un groupe, c'est le leader... visez le nez, derrière leur verrière, les équipages sont mal protégés... on va s'en faire un max... taïaut!
Menant son groupe d'une main de maître, Gerry avait effectivement réussi à rester caché dans le soleil jusqu'au dernier moment, bondissant hors du disque solaire sur les bombardiers allemands.
Les ailes de son Hurricane s'illuminèrent. Quelques secondes plus tard, les flancs du bombardier allemand le cockpit fracassé, vomissaient de la fumée noire par ses hublots. Avant de tomber lentement vers un dernier voyage vers le sol.
Dernière édition par 615sqn_harry le Mer 13 Aoû 2008 - 23:57, édité 4 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
De son côté René Martel avait concentré son tir sur le moteur gauche de l'avion de tête qui se trouvant à droite de la formation. Le pilote de l'avion lourd largua ses bombes et s'écarta bientôt pour prendre un cap plein Sud. Martel l'aurait bien "fini" ce qui lui aurait permis d'atteindre le chiffre fatidique des 5 victoires nécessaires au statut d'As, mais vu la situation, il se refusa cette opportunité, remonta et piqua au milieu de la formation. De son côté, comme à son habitude, Louis Kierkegaard commentait chacune de ses manœuvres. Comme un feu follet, il virevoltait au milieu des H111, tirant de temps à autre une courte rafale sur une cible apparaissant quelque dixième de secondes dans son collimateur. Martel eut froid dans le dos, ces manoeuvres effectuées au beau milieu des bombardiers en formation serrée pouvaient très bien se terminer par une collision. C'est ce que les pilotes allemands durent aussi se dirent, car bientôt la formation s'ouvrit.
Le FO Gerry, haranguait ses pilotes.
- Ouaiii c'est du bon boulot les gars, ils s'écartent... continuez! Leurs bombes iront s'éparpiller ailleurs que sur notre base.
Cependant, les Bf109 qui s'étaient positionnés pour faire un passage bas sur la base, avaient été informés de la présence des Hurricane par les pilotes de Heinckel. Ils avaient ainsi fait demi-tour et remontaient maintenant les échappement au rouge en direction de la zone des combats. Gerry analysa prestement la situation et pris une décision rapide; osée mais rapide et surtout qui allait surprendre les pilotes de chasse allemands.
- On rompt le combat avec les bombers... plein gaz sur un cap 0 vers le Sud et on monte... soyez attentifs et attendez mon ordre!
Tendus, les deux Français se placèrent de part et d'autre du Hurricane de leur leader. Un regard vers l'arrière Louis observait, inquiet, les Bf1109 qui grimpaient comme des balles à leur rencontre. Il en compta au moins 12 rien que de son côté. Intérieurement il se mis à réfléchir.
"Mais qu'est ce qui faut le Commandant? Il attend quoi pour plonger dans les nuages..."
Ca réflexion s'arrêta là, car Gerry dévoilait sa tactique.
- Au go ... Yellow 3 avec moi à gauche... Yellow deux à droite, on a l'altitude et le soleil pour nous. On fonce ensuite au milieu de leur formation, on tire de toutes nos armes dans le bordel et on file en direction de la base pour avoir une couverture de notre DCA.... C'est notre seule chance... good lock guys...GO!
D'un seul mouvement les trois chasseurs britanniques effectuèrent la manœuvre ordonnée. Kierkegaard constata que les Bf109 étaient plus loin qu'ils ne le pensait. Le virage effectué dans le soleil ne fut pas tout de suite repéré par les pilotes allemands et maintenant, au lieu d'avoir trois avions qui prenaient la fuite, ils en avaient trois qui leur foncaient dessus en frontale, une manœuvre purement suicidaire.
La voix de Gerry reprit dans les écouteurs.
- Accentuez votre piqué... il faut que leur capot gêne leur visibilité, quand je vous le dirais nous remontrons pour passer par en dessous.
Au moment où Martel accentua son angle de piqué les premières traçantes jaunes passaient quelques mètres au-dessus de son avion.
- MAINTENANT.... tirez en continu!
Les trois Hurricane la structure tremblant de toute part, les huit mitrailleuses illuminants le ciel de leurs nombreuses traçantes, redressèrent au beau milieu des chasseurs allemands qui, pour éviter une collision s'écartèrent.
- J'en ai eu un... J'en ai eu un! Il crame! Regardez!
C'est Louis Kierkegaard qui exulte à la vue d'un 109 que son tir au juché à touché par la plus grande chance.
Le FO Gerry calma immédiatement la situation.
- Silence Yellow 3... on pavoisera plus tard, cap 140 vers la base maintenant. Plein gaz dans les nuages. On se retrouve à la sortie en dessous!
Un vol dans un nuage n'est jamais agréable, on perd le sens de l'orientation, l'appareil est ballotté dans tous les sens par les turbulences, par contre, ce coup là, le Sergeant Martel respira un bon coup. Il se concentra sur ses instruments et plutôt que de sortir rapidement de la couche comme l'avait demandé Gerry, il préféra continuer sur un cap 140, les yeux rivés à ses instruments. Après quelques minutes, il imprima un léger virage descendant et lorsqu'il quitta enfin la couche ouateuse, il eut l'heureuse surprise d'apercevoir Tangmere un peu plus à L'Est. Les 109 avaient disparu. Intérieurement, il remercia Gerry pour le cap donné et précis. Quel chef quand même ce type.
Autour de lui, le ciel était vide. la DCA de la base ne tirait plus et le contrôle lui confirma que pour le moment il était clair. Par contre, il devait attendre pour se poser car plusieurs avions venant d'autres bases trop endommagées pour recevoir leurs chasseurs, étaient venus atterrir à Tangmere dont la piste principale était encore par miracle intacte sur les trois quarts de sa longueur. Celle-ci semblait dégagée et Martel insista pour se poser car le carburant commençait de sérieusement baisser. De plus ayant décollé dans l'urgence mal équipé, il souffrait du froid et du manque d'oxygène subit lorsqu'ils étaient montés à plus de 12000 pieds. Ses mains tremblaient et il claquait des dents. Sans doute que l'intensité du combat qu'il venait de livrer n'était pas étranger à cet état de nervosité extrême.
- Ok Yellow 2 essayez de vous poser, mais soyez attentif c'est un bordel sans nom ici!
Le pilote français fit son approche en effectuant un grand virage ce qui lui permis d'observer avec attention la piste. Il constata qu'effectivement il y avait des avions qui traînaient un peu partout. Des rampants s'activaient au moyen de véhicules sur les taxiway pour dégager la place. La piste semblait pour le moment libre et Martel s'y aligna sans arrière pensée. Posément, il actionna le train d'atterrissage, positionna les volets sur "landing" et lentement le Hurricane, l'hélice battant l'air tranquillement, s'approcha de la bande bétonnée. A 160 km/h les roues touchèrent le sol et le chasseur ralenti. Alors qu'il roulait encore à presque 100 km/h, l'espace d'une seconde, Martel eut le temps d'apercevoir un ombre sur sa droite.
- Merde un Spifire qui traverse la piste!
En effet, sans la moindre des hésitations, un pilote de Spitfire venant d'une autre base, avait entrepris de traverser la piste au détriment de la présence du Hurricane en roulage.
La commande des freins lui cisaillant les doigts, René tenta d'immobiliser son chasseur. Mais celui-ci ne semblait pas pouvoir s'arrêter à temps, au dernier moment, il donna un grand coup de gaz pour souffler la dérive qui maintenant était inclinée plein droite. L'avion fit une violente embardée et s'immobilisa sur la bande gazonnée dans un affreux grincement de frein surchauffé. Le pilote du Spitfire qui était toujours au milieu de la piste, regardait maintenant le Hurricane avec des yeux effarés. René, ouvrit rageusement sa verrière, décrocha ses sangles et d'un geste rageur jeta son parachute par le cockpit sur le gazon fraîchement labouré par ses roues. Il sauta de son appareil et s'approcha du Spitfire qui portait le code XR. Fou de rage, il interpella le pilote en français!
- Mais espèce de sombre abruti de canard à roulettes, ça te ferait ch..r de regarder où tu vas? Déjà que t'es chez moi ici, ALORS DEGAGES ILLICO TON CHAR A PONT DE MERDE DE MA PISTE !
Le pilote du Spitfire rigola. Il avait un accent nasillard que René n'avait jamais entendu
- Hep you are French, hein?
Sans se soucier de son Spitfire toujours immobilisé au beau milieu de la piste, il descendit de son avion, souriant de toutes ses dents. Martel resta quelque peu désarmé devant cette attitude qui n'avait rien d'anglaise. Le gars poursuivit sur le ton de la boutade.
- Je me présente je suis le 2nd Leutnant Goliat du Squadron 71 composé de volontaires américains et vous?
Le FO Gerry, haranguait ses pilotes.
- Ouaiii c'est du bon boulot les gars, ils s'écartent... continuez! Leurs bombes iront s'éparpiller ailleurs que sur notre base.
Cependant, les Bf109 qui s'étaient positionnés pour faire un passage bas sur la base, avaient été informés de la présence des Hurricane par les pilotes de Heinckel. Ils avaient ainsi fait demi-tour et remontaient maintenant les échappement au rouge en direction de la zone des combats. Gerry analysa prestement la situation et pris une décision rapide; osée mais rapide et surtout qui allait surprendre les pilotes de chasse allemands.
- On rompt le combat avec les bombers... plein gaz sur un cap 0 vers le Sud et on monte... soyez attentifs et attendez mon ordre!
Tendus, les deux Français se placèrent de part et d'autre du Hurricane de leur leader. Un regard vers l'arrière Louis observait, inquiet, les Bf1109 qui grimpaient comme des balles à leur rencontre. Il en compta au moins 12 rien que de son côté. Intérieurement il se mis à réfléchir.
"Mais qu'est ce qui faut le Commandant? Il attend quoi pour plonger dans les nuages..."
Ca réflexion s'arrêta là, car Gerry dévoilait sa tactique.
- Au go ... Yellow 3 avec moi à gauche... Yellow deux à droite, on a l'altitude et le soleil pour nous. On fonce ensuite au milieu de leur formation, on tire de toutes nos armes dans le bordel et on file en direction de la base pour avoir une couverture de notre DCA.... C'est notre seule chance... good lock guys...GO!
D'un seul mouvement les trois chasseurs britanniques effectuèrent la manœuvre ordonnée. Kierkegaard constata que les Bf109 étaient plus loin qu'ils ne le pensait. Le virage effectué dans le soleil ne fut pas tout de suite repéré par les pilotes allemands et maintenant, au lieu d'avoir trois avions qui prenaient la fuite, ils en avaient trois qui leur foncaient dessus en frontale, une manœuvre purement suicidaire.
La voix de Gerry reprit dans les écouteurs.
- Accentuez votre piqué... il faut que leur capot gêne leur visibilité, quand je vous le dirais nous remontrons pour passer par en dessous.
Au moment où Martel accentua son angle de piqué les premières traçantes jaunes passaient quelques mètres au-dessus de son avion.
- MAINTENANT.... tirez en continu!
Les trois Hurricane la structure tremblant de toute part, les huit mitrailleuses illuminants le ciel de leurs nombreuses traçantes, redressèrent au beau milieu des chasseurs allemands qui, pour éviter une collision s'écartèrent.
- J'en ai eu un... J'en ai eu un! Il crame! Regardez!
C'est Louis Kierkegaard qui exulte à la vue d'un 109 que son tir au juché à touché par la plus grande chance.
Le FO Gerry calma immédiatement la situation.
- Silence Yellow 3... on pavoisera plus tard, cap 140 vers la base maintenant. Plein gaz dans les nuages. On se retrouve à la sortie en dessous!
Un vol dans un nuage n'est jamais agréable, on perd le sens de l'orientation, l'appareil est ballotté dans tous les sens par les turbulences, par contre, ce coup là, le Sergeant Martel respira un bon coup. Il se concentra sur ses instruments et plutôt que de sortir rapidement de la couche comme l'avait demandé Gerry, il préféra continuer sur un cap 140, les yeux rivés à ses instruments. Après quelques minutes, il imprima un léger virage descendant et lorsqu'il quitta enfin la couche ouateuse, il eut l'heureuse surprise d'apercevoir Tangmere un peu plus à L'Est. Les 109 avaient disparu. Intérieurement, il remercia Gerry pour le cap donné et précis. Quel chef quand même ce type.
Autour de lui, le ciel était vide. la DCA de la base ne tirait plus et le contrôle lui confirma que pour le moment il était clair. Par contre, il devait attendre pour se poser car plusieurs avions venant d'autres bases trop endommagées pour recevoir leurs chasseurs, étaient venus atterrir à Tangmere dont la piste principale était encore par miracle intacte sur les trois quarts de sa longueur. Celle-ci semblait dégagée et Martel insista pour se poser car le carburant commençait de sérieusement baisser. De plus ayant décollé dans l'urgence mal équipé, il souffrait du froid et du manque d'oxygène subit lorsqu'ils étaient montés à plus de 12000 pieds. Ses mains tremblaient et il claquait des dents. Sans doute que l'intensité du combat qu'il venait de livrer n'était pas étranger à cet état de nervosité extrême.
- Ok Yellow 2 essayez de vous poser, mais soyez attentif c'est un bordel sans nom ici!
Le pilote français fit son approche en effectuant un grand virage ce qui lui permis d'observer avec attention la piste. Il constata qu'effectivement il y avait des avions qui traînaient un peu partout. Des rampants s'activaient au moyen de véhicules sur les taxiway pour dégager la place. La piste semblait pour le moment libre et Martel s'y aligna sans arrière pensée. Posément, il actionna le train d'atterrissage, positionna les volets sur "landing" et lentement le Hurricane, l'hélice battant l'air tranquillement, s'approcha de la bande bétonnée. A 160 km/h les roues touchèrent le sol et le chasseur ralenti. Alors qu'il roulait encore à presque 100 km/h, l'espace d'une seconde, Martel eut le temps d'apercevoir un ombre sur sa droite.
- Merde un Spifire qui traverse la piste!
En effet, sans la moindre des hésitations, un pilote de Spitfire venant d'une autre base, avait entrepris de traverser la piste au détriment de la présence du Hurricane en roulage.
La commande des freins lui cisaillant les doigts, René tenta d'immobiliser son chasseur. Mais celui-ci ne semblait pas pouvoir s'arrêter à temps, au dernier moment, il donna un grand coup de gaz pour souffler la dérive qui maintenant était inclinée plein droite. L'avion fit une violente embardée et s'immobilisa sur la bande gazonnée dans un affreux grincement de frein surchauffé. Le pilote du Spitfire qui était toujours au milieu de la piste, regardait maintenant le Hurricane avec des yeux effarés. René, ouvrit rageusement sa verrière, décrocha ses sangles et d'un geste rageur jeta son parachute par le cockpit sur le gazon fraîchement labouré par ses roues. Il sauta de son appareil et s'approcha du Spitfire qui portait le code XR. Fou de rage, il interpella le pilote en français!
- Mais espèce de sombre abruti de canard à roulettes, ça te ferait ch..r de regarder où tu vas? Déjà que t'es chez moi ici, ALORS DEGAGES ILLICO TON CHAR A PONT DE MERDE DE MA PISTE !
Le pilote du Spitfire rigola. Il avait un accent nasillard que René n'avait jamais entendu
- Hep you are French, hein?
Sans se soucier de son Spitfire toujours immobilisé au beau milieu de la piste, il descendit de son avion, souriant de toutes ses dents. Martel resta quelque peu désarmé devant cette attitude qui n'avait rien d'anglaise. Le gars poursuivit sur le ton de la boutade.
- Je me présente je suis le 2nd Leutnant Goliat du Squadron 71 composé de volontaires américains et vous?
Dernière édition par le Mer 2 Jan 2008 - 15:28, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Tangmere 11 novembre 1940.
Après avoir été transféré au squadron 615, le fraîchement nommé Pilot Officer René Martel pose devant ce qui semble être le Spitfire du FL Pyker, ceci en rapport au Nose Art et aux nombreuses victoires ornant flanc de l'avion. Martel est ici en compagnie des FO Harry et Archy. Le pilote aux commandes de l'appareil n'a pas été identifié, mais il se pourrait qu'il s'agisse de Louis Kierkegaard ou d'Emil Volta.
Cette photo a été prise par le reporter de guerre américain très connu Robbie Floyd Macker
Après avoir été transféré au squadron 615, le fraîchement nommé Pilot Officer René Martel pose devant ce qui semble être le Spitfire du FL Pyker, ceci en rapport au Nose Art et aux nombreuses victoires ornant flanc de l'avion. Martel est ici en compagnie des FO Harry et Archy. Le pilote aux commandes de l'appareil n'a pas été identifié, mais il se pourrait qu'il s'agisse de Louis Kierkegaard ou d'Emil Volta.
Cette photo a été prise par le reporter de guerre américain très connu Robbie Floyd Macker
Dernière édition par le Jeu 14 Déc 2006 - 0:09, édité 1 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
- Nombre de messages : 12635
Localisation : (en bas à droite)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Je viens de me l'imprimer depuis le début; comme tes autres histoires..Belle bibliothèque; il faudra que je leurs fasse une couverture. Par contre, Harry..J'ai des histoires non finies; c'est quoi ce boulot au taf
Re: René Martel, vive la France Libre
MORT DE RIRE Harry
ptain, tu en aura appris des choses sur PC en 2 ans :-)
ptain, tu en aura appris des choses sur PC en 2 ans :-)
Re: René Martel, vive la France Libre
RTA_Redfox a écrit:Je viens de me l'imprimer depuis le début; comme tes autres histoires..Belle bibliothèque; il faudra que je leurs fasse une couverture. Par contre, Harry..J'ai des histoires non finies; c'est quoi ce boulot au taf
C'est juste, faudra que je ressorte "l'Enfant du Tigre" de la poussière
Je pense que la semaine prochaine il devrait y avoir un ou deux nouveaux épisodes.
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: René Martel, vive la France Libre
Une grande histoire prends son envol... cool!
615sqn_Fabien- Flying Officer
- Nombre de messages : 641
Age : 53
Localisation : Bollène Vaucluse
Date d'inscription : 09/01/2006
Re: René Martel, vive la France Libre
Fin octobre 1940, ce que l'histoire retiendra comme étant la bataille d'Angleterre, s'était passablement calmée. Le mauvais temps, avait freiné les ardeurs de la Luftwaffe qui, même si elle n'avait pas renoncé à ses incursions, avait réduit ses raids nocturnes. Trois semaines auparavant, un certain nombre de pilotes du squadron 85 s'étaient vu affectés à de nouvelles escadrilles. C'est ainsi qu'un bon nombre de pilotes allaient rejoindre le squadron 615 basé à Northolt dans la banlieue nord de Londres. Martel et ses camarades faisaient partie du contingent et espéraient pouvoir enfin toucher un Spitfire. Ils déchantèrent vite quand le FO Nowik les informa que le 615 étaient équipés de Gladiator pendant la bataille de France et qu'il n'était pas impossible que ce soit encore le cas. C'est ainsi, qu'il embarquèrent pour leur nouvelle affectation avec quelques incertitudes. Alors que les officiers avaient droit à un compartiment en 1ère classe, les pilotes s'entassèrent bruyamment tant bien que mal en 3ème classe. Après avoir déposé leur bagage dans les filets prévus à cet effet au-dessus de leur tête. Martel, Kierkegaard, Volta et Devarenne s'installèrent face à face sur les baquettes en bois. La discussion porta une nouvelle fois sur les appareils qui les attendaient. Louis Kierkeggard ne décolérait pas:
- Si j'avais su qu'on allait voler sur des antiquités, j'aurais gardé le Morane! Si on doit envoyer les malheureux volontaires français au casse pipe, que l'on puisse au moins mourir dignement dans un avion français.
De son côté, Emil Volta restait impassible. Il répondit par un haussement d'épaule le regard fixé sur les bâtisses en briques rouges et fenêtres à cadres blancs qui entouraient la gare. Cela faisait un mois qu'ils bataillaient tous les jours. Inlassablement, ils prenaient place le matin devant le dispersal, puis l'alerte sonnait, c'était la galopade effrénée vers les avions, le décollage en catastrophe et puis arrivait le moment d'affronter des centaines de bombardiers, avec au-dessus les redoutables Messerschmitt d'escorte. A chaque fois, ils attendaient le dernier moment pour les affronter ou plutôt éviter leur attaque, car le malheureux Hurricane était bien incapable de suivre le Bf109 qui, après une première passe, remontait comme une balle dans le ciel. Le chasseur britannique était certes meilleur que le l'avion allemand en évolutions serrées, mais rares étaient les pilotes allemands qui s'aventuraient sur ce terrain. Au début de la bataille, quelques pilotes audacieux de la Luftwaffe avaient cru en une victoire facile en cherchant à tourner avec les Hurricane, mais après quelques pertes, il est probable que les aviateurs allemands avaient reçu des prescriptions sévères à ce sujet. Ainsi, depuis quelques semaines, les 109 se contentaient surtout d'éloigner les Hurricane de leurs bombardiers. Ce qui finalement, correspondaient à la mission que l'on attendait d'eux. Et puis surtout, ils avaient souvent fort à faire avec un ennemi autrement plus dangereux que le Hawker; le Spitfire. Le chasseur de Supermarine était presque aussi rapide et était parfaitement capable de tenir les Messerschmitt dans bien des domaines de vol, ce qui le rendait bien plus redouté des chasseurs de la Luftwaffe. La relative inefficacité de l'armement britannique sur les bimoteurs allemands et le bombardement incessant des bases de la RAF dans le Sud de l'Angleterre avaient quelque peu rongé le moral des pilotes anglais. Jours après jours, heures après heures, les H111, les Ju88 et les Dornier 17 survolaient le territoire britannique et jours après jours, heures après heures, les pilotes de la RAF grimpaient de toute leur puissance vers le ciel pour intercepter ces raids. Cependant, un événement important allait renverser sensiblement le cours de la bataille. Début septembre, du jour au lendemain, les Allemands interrompirent l'attaque des terrains d'aviation et des centres de contrôle du Fighter Command et ce, alors que les bases du Groupe 11 étaient devenues quasi impraticables et que le Fighter Command commençait d'avoir de sérieux problèmes à diriger les opérations aérienne de la RAF. Les grandes villes du sud de l'Angleterre, Londres en tête, étaient devenues les nouvelles cibles des aigles de Göring. La population civile allait certes connaître un long calvaire, mais d'un autre côté, les bases du groupe 11 du Vice Air Marchal Park allaient pouvoir profiter de cette acalmie pour se refaire une santé. Le fait de ne plus redouter des attaques aériennes mit un peu de baume au coeur de notre quatre amis français. Bientôt le sergent Martel atteignit le chiffre magique des 5 victoires. Sa cinquième victime était un Bf110. Tout cela s'était passé de manière très conventionnelle. C'était le 18 septembre. Ce matin là, l'air était frais et légèrement humide. Martel comme ses camarades du sqn 85 étaient en forme. Les plaisanteries fusaient, les pilotes de garde sirotaient tranquillement leur thé dans les fauteuils, le divan ou les chaises qui avaient été comme d'habitude, sortis du dispersal. Une petite brise bien fraîche emportait les volutes de fumées de leur cigarette ou de la pipe du FO Harry qui commandait le groupe ce matin. Volta était également dans le coup, il humait l'air frais à grandes bouffées.
- Mon p'tit René, je suis en pleine forme! Si les Boches montrent leur nez aujourd'hui, il se pourrait bien que certains ne rentrent pas pour siroter leur bière ce soir!
Martel sourit. Il est vrai qu'Emil Volta avait pris de la bouteille. Après ces quelques dérapages dus ses excès d'enthousiasme, il avait subitement acquis une maturité qui lui avait permis d'acquérir en quelques jours trois victoires.
Après 45 minutes d'attente, les pilotes commençaient de s'impatienter. Harry était appuyé contre le chambranle de la porte de la salle radio. Le sergent Warwik tapotait des dix doigts sur la table, tirant nerveusement sur sa pipe. Le téléphone restait muet. Le FO Flower s'impatientait.
- Mais qu'est-ce qui foutent ce matin.
Warwik répondit d'une voix impassible qui tranchait avec ses tiques nerveux.
- Ils sont du côté de Coventry ce matin. Ils n'ont pas encore décidé de venir de notre côté...
Il ricana:
- ... peut-être qu'on leur fait peur.
Harry réalluma sa pipe nerveusement, souffla une grosse bouffée de fumée et dans un soupir bruyant, se laissa tomber brutalement dans un fauteuil qui grinça sous son poids.
Driiiing! Driiiiing!
Tous les pilotes se dressèrent sur leur siège. Ceux qui lisaient déposèrent leur magasine. Plusieurs mégots de cigarette giclèrent d'une pichenette. Les sourcils froncés, ils attendaient, prêts à bondir vers leur chasseur. Les mécanos qui attendaient également impatiemment. se préparèrent à lancer les moteur et assister les pilotes à s'harnacher.
La tête toute rouge de Warwik apparut à la fenêtre du contrôle, comme un diable hors de sa boîte.
- ALERTE! Escadrille "B" en vol! On nous signale des bimoteurs d'assaut sur Porsmouth! Cap 210, altitude 3000 pieds!
D'un seul homme, les 12 pilotes avaient bondi et s'était la cavalcade vers les Hurri. Penchés dans l'habitacle, les mécaniciens avaient déjà mis en marche les moteurs qui, dans le bruit grave de leur 12 cylindres Rolls Royce, crachaient leur volute de fumée grise. S'agrippant au fuselage Martel grimpa souplement sur l'aile, lanca son parachute dans l'habitacle avant de s'assoire sur son siège. Le Hurricane trépidait, alors que les mécaniciens l'aidaient à se sangler, d'un rapide coup d'œil, le pilote français contrôla les manomètres dont les aiguilles tremblaient dans les cadrans. A peine les mécanos étaient descendus des ailes, qu'il donna un coup de gaz rageur. Le chasseur, comme une automobile de sport, la dérive soufflée, fit une embardée contrôlée et rapidement se dirigea vers la piste. Qu'il lui semblait loin le temps, où prudemment, il faisait évoluer son Hurricane en dandinant de droite à gauche pour voir la piste. Aujourd'hui, son appareil n'avait plus de secret pour lui. Il savait quand il pouvait engager l'ennemi, comment se dégager de l'emprise d'un Bf109 accroché à ses "6". Il avait appris à connaître les tactiques ennemies aussi. Un ennemi dangereux, redoutable certes, mais pas infaillible, ce qui lui avait permis d'acquérir ses 4 premières victoires.
Les Hurricane du Squadron 85 s'envolaient maintenant vers le Nord. La formation rapidement composée et dirigée par le contrôle au sol, s'approchait du secteur de combat.
Le FO Flower haranguait les pilotes.
- Allez les gars! Gaz à fond! Il ne faut pas perdre de temps, sinon les Fritz vont s'échapper avant qu'on arrive sur zone. Pas la peine de grimper trop haut! On stabilise à 10000 pieds.
Douze minutes plus tard, les premiers contacts ennemis étaient en vue!
- Ca y est! Ils sont là. Taïaut! A chacun le sien! Il n'y pas d'escorte.
Bientôt les cris d'exultation et les jurons fusèrent sur les ondes.
Celle d'Emile Volta ne tarda pas à jaillir dans les écouteurs!
- J'en ai eu un! Il tombe!
Le sergeant Martel qui leadait le Flight Bleu composé de lui-même, de Louis Kierkegaard et de Fabien Martin, n'eut guère le temps d'observer la victime de Volta filer vers le sol, un panache noir dans son sillage. Trois Bf110 essayaient de s'enfuire vers le Nord-Ouest. Calmement, Martel donna les indications à ses ailiers.
- A 10 heures! Trois bimoteurs au radada qui essayent de s'enfuir! On les coiffe! Je prend le n° 2, 2 et 3, à vous le n° 3! Go!
Les trois Hurricane, des aigrettes de condensation au bout des ailes, basculèrent dans l'air frais.
Rapidement, René Martel gagna sur le Messerschmitt. Il plongea pour sortir du champ de tir du mitrailleur arrière, le pilote allemand plongea également pour essayer de se soustraire aux tirs du Hurricane. Mais le pilote français avait anticipé la manœuvre et bientôt les larges ailes aux embouts carrés de l'avion allemands se dessinèrent dans son collimateur. Il n'y a rien qu'un mois, il aurait arrosé sa cible sans trop de discernement, espérant qu'une balle touche un endroit vital de l'avion. Mais le combat aérien pratiqué au quotidien lui avait apporté l'expérience nécessaire pour ne pas tomber dans ce piège de débutant. Il plaça le centre du viseur légèrement en avant du moteur gauche et attendit d'être à moins deux cents mètres pour ouvrir le feu. Les affûts des huit mitrailleuses s'illuminèrent trois secondes, arrachant la toile cirée de protection, emplissant l'habitacle du bruit infernal des armes de bords et de l'odeur habituelle de cordite. Le sergeant Martel aperçut les impacts sur le moteur gauche. Des morceaux de tôle s'envolèrent. Pendant que le mitrailleur arrière essayait vainement de l'encadrer, Martel insista avec une nouvelle rafale de trois secondes. A moins de 150 mètres, le moteur gauche du Bf110 serra brusquement, l'hélice s'arracha brutalement de son axe emportant avec elle une partie du moteur, des flammes oranges encadrées d'un épaisse fumée noire enveloppèrent l'aile du chasseur lourd allemand qui, sous l'effet de couple engendré par le moteur valide les gaz ouverts en grand, partit dans une brusque abatée sur la gauche. A moins de 100 mètres du sol, le pilote n'eut aucune chance de récupérer le décrochage. Le bimoteurs allemand s'écrasa avec une terrible gerbe de feu et d'étincelles dans un champ à quelques centaines de mètres de la côte. Le pilote du Hurricane eut tout loisir d'apercevoir la partie arrière du fuselage rebondir à au moins trente mètres du sol et s'écraser dans un fracas de tôle tordues à une bonne centaine de mètres du crash. Ce n'était pas la première fois que Martel assistait à la mort en direct d'un pilote ou même d'un équipage complet. C'était la guerre, les Allemands étaient chez lui en Gironde, ils avaient peut-être pris son père... sa famille... son amour, mais à chaque fois, il avait un terrible ressentiment au fond de lui. Il fit un tonneau de victoire au dessus du brasier, non pas pour saluer les civils anglais qui lui faisaient des signes, mais pour rendre un dernier hommage au pilote allemand et à son mitrailleur.
Pendant ce temps, le reste de la formation allemande, sans escorte, avait été disloquée. Pourtant c'est à peine s'il avait entendu les cris de victoires ou de rage de ses camarades. Il appela ses ailiers, qui, fidèles, étaient restés derrière lui et rejoint la formation:
- Blue Two, en position Sir! Bravo pour votre victoire Sir... vous êtes devenu un as!
Il n'y avait pas de joie dans ces paroles...
- Si j'avais su qu'on allait voler sur des antiquités, j'aurais gardé le Morane! Si on doit envoyer les malheureux volontaires français au casse pipe, que l'on puisse au moins mourir dignement dans un avion français.
De son côté, Emil Volta restait impassible. Il répondit par un haussement d'épaule le regard fixé sur les bâtisses en briques rouges et fenêtres à cadres blancs qui entouraient la gare. Cela faisait un mois qu'ils bataillaient tous les jours. Inlassablement, ils prenaient place le matin devant le dispersal, puis l'alerte sonnait, c'était la galopade effrénée vers les avions, le décollage en catastrophe et puis arrivait le moment d'affronter des centaines de bombardiers, avec au-dessus les redoutables Messerschmitt d'escorte. A chaque fois, ils attendaient le dernier moment pour les affronter ou plutôt éviter leur attaque, car le malheureux Hurricane était bien incapable de suivre le Bf109 qui, après une première passe, remontait comme une balle dans le ciel. Le chasseur britannique était certes meilleur que le l'avion allemand en évolutions serrées, mais rares étaient les pilotes allemands qui s'aventuraient sur ce terrain. Au début de la bataille, quelques pilotes audacieux de la Luftwaffe avaient cru en une victoire facile en cherchant à tourner avec les Hurricane, mais après quelques pertes, il est probable que les aviateurs allemands avaient reçu des prescriptions sévères à ce sujet. Ainsi, depuis quelques semaines, les 109 se contentaient surtout d'éloigner les Hurricane de leurs bombardiers. Ce qui finalement, correspondaient à la mission que l'on attendait d'eux. Et puis surtout, ils avaient souvent fort à faire avec un ennemi autrement plus dangereux que le Hawker; le Spitfire. Le chasseur de Supermarine était presque aussi rapide et était parfaitement capable de tenir les Messerschmitt dans bien des domaines de vol, ce qui le rendait bien plus redouté des chasseurs de la Luftwaffe. La relative inefficacité de l'armement britannique sur les bimoteurs allemands et le bombardement incessant des bases de la RAF dans le Sud de l'Angleterre avaient quelque peu rongé le moral des pilotes anglais. Jours après jours, heures après heures, les H111, les Ju88 et les Dornier 17 survolaient le territoire britannique et jours après jours, heures après heures, les pilotes de la RAF grimpaient de toute leur puissance vers le ciel pour intercepter ces raids. Cependant, un événement important allait renverser sensiblement le cours de la bataille. Début septembre, du jour au lendemain, les Allemands interrompirent l'attaque des terrains d'aviation et des centres de contrôle du Fighter Command et ce, alors que les bases du Groupe 11 étaient devenues quasi impraticables et que le Fighter Command commençait d'avoir de sérieux problèmes à diriger les opérations aérienne de la RAF. Les grandes villes du sud de l'Angleterre, Londres en tête, étaient devenues les nouvelles cibles des aigles de Göring. La population civile allait certes connaître un long calvaire, mais d'un autre côté, les bases du groupe 11 du Vice Air Marchal Park allaient pouvoir profiter de cette acalmie pour se refaire une santé. Le fait de ne plus redouter des attaques aériennes mit un peu de baume au coeur de notre quatre amis français. Bientôt le sergent Martel atteignit le chiffre magique des 5 victoires. Sa cinquième victime était un Bf110. Tout cela s'était passé de manière très conventionnelle. C'était le 18 septembre. Ce matin là, l'air était frais et légèrement humide. Martel comme ses camarades du sqn 85 étaient en forme. Les plaisanteries fusaient, les pilotes de garde sirotaient tranquillement leur thé dans les fauteuils, le divan ou les chaises qui avaient été comme d'habitude, sortis du dispersal. Une petite brise bien fraîche emportait les volutes de fumées de leur cigarette ou de la pipe du FO Harry qui commandait le groupe ce matin. Volta était également dans le coup, il humait l'air frais à grandes bouffées.
- Mon p'tit René, je suis en pleine forme! Si les Boches montrent leur nez aujourd'hui, il se pourrait bien que certains ne rentrent pas pour siroter leur bière ce soir!
Martel sourit. Il est vrai qu'Emil Volta avait pris de la bouteille. Après ces quelques dérapages dus ses excès d'enthousiasme, il avait subitement acquis une maturité qui lui avait permis d'acquérir en quelques jours trois victoires.
Après 45 minutes d'attente, les pilotes commençaient de s'impatienter. Harry était appuyé contre le chambranle de la porte de la salle radio. Le sergent Warwik tapotait des dix doigts sur la table, tirant nerveusement sur sa pipe. Le téléphone restait muet. Le FO Flower s'impatientait.
- Mais qu'est-ce qui foutent ce matin.
Warwik répondit d'une voix impassible qui tranchait avec ses tiques nerveux.
- Ils sont du côté de Coventry ce matin. Ils n'ont pas encore décidé de venir de notre côté...
Il ricana:
- ... peut-être qu'on leur fait peur.
Harry réalluma sa pipe nerveusement, souffla une grosse bouffée de fumée et dans un soupir bruyant, se laissa tomber brutalement dans un fauteuil qui grinça sous son poids.
Driiiing! Driiiiing!
Tous les pilotes se dressèrent sur leur siège. Ceux qui lisaient déposèrent leur magasine. Plusieurs mégots de cigarette giclèrent d'une pichenette. Les sourcils froncés, ils attendaient, prêts à bondir vers leur chasseur. Les mécanos qui attendaient également impatiemment. se préparèrent à lancer les moteur et assister les pilotes à s'harnacher.
La tête toute rouge de Warwik apparut à la fenêtre du contrôle, comme un diable hors de sa boîte.
- ALERTE! Escadrille "B" en vol! On nous signale des bimoteurs d'assaut sur Porsmouth! Cap 210, altitude 3000 pieds!
D'un seul homme, les 12 pilotes avaient bondi et s'était la cavalcade vers les Hurri. Penchés dans l'habitacle, les mécaniciens avaient déjà mis en marche les moteurs qui, dans le bruit grave de leur 12 cylindres Rolls Royce, crachaient leur volute de fumée grise. S'agrippant au fuselage Martel grimpa souplement sur l'aile, lanca son parachute dans l'habitacle avant de s'assoire sur son siège. Le Hurricane trépidait, alors que les mécaniciens l'aidaient à se sangler, d'un rapide coup d'œil, le pilote français contrôla les manomètres dont les aiguilles tremblaient dans les cadrans. A peine les mécanos étaient descendus des ailes, qu'il donna un coup de gaz rageur. Le chasseur, comme une automobile de sport, la dérive soufflée, fit une embardée contrôlée et rapidement se dirigea vers la piste. Qu'il lui semblait loin le temps, où prudemment, il faisait évoluer son Hurricane en dandinant de droite à gauche pour voir la piste. Aujourd'hui, son appareil n'avait plus de secret pour lui. Il savait quand il pouvait engager l'ennemi, comment se dégager de l'emprise d'un Bf109 accroché à ses "6". Il avait appris à connaître les tactiques ennemies aussi. Un ennemi dangereux, redoutable certes, mais pas infaillible, ce qui lui avait permis d'acquérir ses 4 premières victoires.
Les Hurricane du Squadron 85 s'envolaient maintenant vers le Nord. La formation rapidement composée et dirigée par le contrôle au sol, s'approchait du secteur de combat.
Le FO Flower haranguait les pilotes.
- Allez les gars! Gaz à fond! Il ne faut pas perdre de temps, sinon les Fritz vont s'échapper avant qu'on arrive sur zone. Pas la peine de grimper trop haut! On stabilise à 10000 pieds.
Douze minutes plus tard, les premiers contacts ennemis étaient en vue!
- Ca y est! Ils sont là. Taïaut! A chacun le sien! Il n'y pas d'escorte.
Bientôt les cris d'exultation et les jurons fusèrent sur les ondes.
Celle d'Emile Volta ne tarda pas à jaillir dans les écouteurs!
- J'en ai eu un! Il tombe!
Le sergeant Martel qui leadait le Flight Bleu composé de lui-même, de Louis Kierkegaard et de Fabien Martin, n'eut guère le temps d'observer la victime de Volta filer vers le sol, un panache noir dans son sillage. Trois Bf110 essayaient de s'enfuire vers le Nord-Ouest. Calmement, Martel donna les indications à ses ailiers.
- A 10 heures! Trois bimoteurs au radada qui essayent de s'enfuir! On les coiffe! Je prend le n° 2, 2 et 3, à vous le n° 3! Go!
Les trois Hurricane, des aigrettes de condensation au bout des ailes, basculèrent dans l'air frais.
Rapidement, René Martel gagna sur le Messerschmitt. Il plongea pour sortir du champ de tir du mitrailleur arrière, le pilote allemand plongea également pour essayer de se soustraire aux tirs du Hurricane. Mais le pilote français avait anticipé la manœuvre et bientôt les larges ailes aux embouts carrés de l'avion allemands se dessinèrent dans son collimateur. Il n'y a rien qu'un mois, il aurait arrosé sa cible sans trop de discernement, espérant qu'une balle touche un endroit vital de l'avion. Mais le combat aérien pratiqué au quotidien lui avait apporté l'expérience nécessaire pour ne pas tomber dans ce piège de débutant. Il plaça le centre du viseur légèrement en avant du moteur gauche et attendit d'être à moins deux cents mètres pour ouvrir le feu. Les affûts des huit mitrailleuses s'illuminèrent trois secondes, arrachant la toile cirée de protection, emplissant l'habitacle du bruit infernal des armes de bords et de l'odeur habituelle de cordite. Le sergeant Martel aperçut les impacts sur le moteur gauche. Des morceaux de tôle s'envolèrent. Pendant que le mitrailleur arrière essayait vainement de l'encadrer, Martel insista avec une nouvelle rafale de trois secondes. A moins de 150 mètres, le moteur gauche du Bf110 serra brusquement, l'hélice s'arracha brutalement de son axe emportant avec elle une partie du moteur, des flammes oranges encadrées d'un épaisse fumée noire enveloppèrent l'aile du chasseur lourd allemand qui, sous l'effet de couple engendré par le moteur valide les gaz ouverts en grand, partit dans une brusque abatée sur la gauche. A moins de 100 mètres du sol, le pilote n'eut aucune chance de récupérer le décrochage. Le bimoteurs allemand s'écrasa avec une terrible gerbe de feu et d'étincelles dans un champ à quelques centaines de mètres de la côte. Le pilote du Hurricane eut tout loisir d'apercevoir la partie arrière du fuselage rebondir à au moins trente mètres du sol et s'écraser dans un fracas de tôle tordues à une bonne centaine de mètres du crash. Ce n'était pas la première fois que Martel assistait à la mort en direct d'un pilote ou même d'un équipage complet. C'était la guerre, les Allemands étaient chez lui en Gironde, ils avaient peut-être pris son père... sa famille... son amour, mais à chaque fois, il avait un terrible ressentiment au fond de lui. Il fit un tonneau de victoire au dessus du brasier, non pas pour saluer les civils anglais qui lui faisaient des signes, mais pour rendre un dernier hommage au pilote allemand et à son mitrailleur.
Pendant ce temps, le reste de la formation allemande, sans escorte, avait été disloquée. Pourtant c'est à peine s'il avait entendu les cris de victoires ou de rage de ses camarades. Il appela ses ailiers, qui, fidèles, étaient restés derrière lui et rejoint la formation:
- Blue Two, en position Sir! Bravo pour votre victoire Sir... vous êtes devenu un as!
Il n'y avait pas de joie dans ces paroles...
Dernière édition par 615sqn_harry le Jeu 14 Aoû 2008 - 0:09, édité 9 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
Page 1 sur 6
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum