L'enfant du Tigre 3ème partie
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L'enfant du Tigre 3ème partie
Le lendemain, Cbal eu la surprise de trouver dès potron-minet le Lt Harry au mess, les sourcils froncés, penché sur le manuel de vol. Il l'interpella:
- Bonjour Harry, belle journée n'est-ce pas. Alors, vous découvrez votre nouveau P40?
Harry fit la moue.
- Vous m'avez dit hier que le P40E avait la réputation d'embarquer au décollage encore plus que nos vieilles caisses. Je ne vois rien qui figure dans ce manuel, à ce sujet. Je ne trouve rien non plus concernant la vitesse d'approche, de piqué. C'est un peu déconcertant.
Cbal se servi un café et pris un plateau avec un petit déjeuner. Il s'assied à la même table.
- Oubliez ce manuel Harry. Il est incomplet. Comme vous avez pu le remarquer il manque plein d'informations importantes. En résumé, c'est un P40B, plus puissant et plus stable. Ensuite, au décollage, alors que le "B" embarque en roulis, le "E" embarque en direction, à droite. Il faut mettre plein pied à gauche et ensuite relâcher lentement avec la prise de vitesse. En l'air, il est assez stable.
Il poursuit tout en mastiquant.
- A l'atterrissage. Deux problèmes: Le capot plus large que le celui du "B", vous masque la piste et vous êtes aveugles entre 5 et 6 secondes avant de toucher le sol. Le bon truc c'est d'avoir des repères hauts, comme le coin d'un toit de cabane, un drapeau, enfin un truc haut et surtout fixe sur lequel vous vous fixez pour rester aligné. Le deuxième problème, il a une foutue tendance à partir en cheval de bois. Posez en dehors d'une piste balisée et c'est la culbute sur le nez assurée. Si vous devez vous vacher en rase campagne, posez-vous sur le ventre, c'est plus sûr.
Harry, vida d'en trait son café et leva.
- Bon, on y va Sir? J'ai hâte d'essayer cet engin.
Bellow regarda son plat encore plein.
- Heu, je vous propose ceci. Vous demandez aux mécanos de préparer les n° 4 et 5. Vous profitez d'étudier votre tableau de bord. Pendant ce temps, je finis de manger et quand j'arrive si vous avez des questions concernant les commandes ou les instruments de bord, je suis à votre disposition. ok?.
Harry vissa sa casquette sur la tête et pris le chemin de la sortie.
- Ok Sir on y va comment ça. A tout à l'heure.
Le pilote sorti du mess et d'un pas encore hésitant s'éloigna en direction des abris.
Le capitaine Redfox le croisa sur le pas de porte. Il paru surpris de croiser l'ancien AVG.
- Ah tient, bonjour lieutenant, vous êtes bien matinal...
Harry poursuivit sa route en maugréant quelque chose d'incompréhensible.
Visiblement le temps n'était pas encore au beau fixe entre les deux hommes.
Le capitaine rejoint Bellow et s'assied en face de lui.
- Et bien on dirait qu'Harry ne me porte toujours pas dans son cœur. Vous avez vu ? Il a l'air presque en forme. C'est vous qui l'avez convoqué ce matin?
Tout en lisant sa carte, Bellow reprit nonchalamment.
- Oui, nous allons faire un vol d'essai.
Redfox resta sceptique.
- Et que dit Carpenter Sir? Je veux dire à cause de sa malaria bien sûr.
Cbal posa sa carte et sa tasse de café.
- Red! Harry a arrêté de boire et Carpenter l'a jeté dehors de l'infirmerie. J'ai vu son dossier. Il n'y a aucune prescription médicale pour qu'il ne vole pas.
Le Capitaine reprit.
- Vous savez comme moi, que nous prenons un risque de faire voler cet olibrius. Il a arrêté de boire quand? C'est une sacré nouvelle bon sang... je vous parie que dès la première occasion, il succombera à nouveau. Et s'il a une crise de paludisme en plein vol, il va se passer quoi? Nom de Dieu Sir, vous savez toutes les peines que nous avons pour obtenir des pièces de rechange et des avions de remplacement.
Bellow s'insurgea.
- Ca suffit Red, ici c'est moi qui commande et je décrète que le Lt Harry volera avec nous... pour autant qu'il réussisse avec succès le vol d'essais de tout à l'heure. Dans 10 minutes, j'ai rendez-vous avec lui. Je verrai de quoi il est capable. Et maintenant, pour conclure, comme tu le dits, nous sommes loin de tout ici. Entourés de Japonais. Harry a de l'expérience et la moitié de nos pilotes ont tout juste vu un zing japonais en photo. Ces prochaines semaines, nous aurons des pertes, il ne restera que les meilleurs... et les plus chanceux. dans cette situation, son expérience peut nous être précieuce.
Le Capitaine Redfox se résigna.
- Bien Sir, c'est vous le patron ici... je vais essayer de comprendre le risque que vous nous faites prendre...mais dans tous les cas, vous serez le seul à l'assumer.
Bellow qui venait de s'allumer une cigarette, rejeta nonchalamment la fumée, les yeux dans le vague.
- Je ne sais pas Red... mais Harry a quelque chose de fascinant en lui... je crois qu'il mérite à être connu. Je pense qu'il ne boira plus et ... j'espère qu'il ne sera pas victime d'une crise de malaria en plein vol... j'irais voir Carpenter pour trouver un médicament ou un truc qu'il pourrait prendre en cas de problème.
Redfox soupira. Bu son café chaud d'un trait. Il grimaça.
- Bien... il ne reste plus qu'à vous souhaiter bon vol Sir.
Dix minutes plus tard, Bellow trouvait son pilote assis aux commandes du n° 6. Un mécano a côté de l'appareil était prêt à surveiller la mise en route. Cbal s'approcha.
- Alors Harry, des questions?
- Négatif sir, on peut y aller!
- Ok, alors on est parti.
D'un geste tournoyant de la main, Cbal fit signe aux mécaniciens qu'ils allaient mettre en marche. Bientôt les deux Curtiss s'alignaient sur la piste.
Depuis le perron du mess, le capitaine Redfox observa les deux P40 prendre de la vitesse. L'empennage du n° 6 balaya quelques fois la piste, mais une fois la queue soufflée, l'appareil se stabilisa et pris lentement l'air dans l'aile du n° 5.
La voix du Lt-Colonel raisonna dans les écouteurs du Lt Harry:
- Bien, on va prendre un cap 70, j'ai vu un rapport ce matin qui traînait au centre de commandement comme quoi il y aurait des avions ennemis qui font des repérages pour l'artillerie japonaise.
- Ok Sir, je suis derrière vous.
Les chasseurs US se stabilisèrent à 3000 mètres. Après quelques minutes de vol. Le Lt-Colonel Bellow aperçu des battement d'ailes nerveux de l'avion de son ailier.
- Ca ne va pas Lieutenant? Vous semblez nerveux!
- Affirmatif Sir... je déteste voler à cette altitude. Si les Japs nous tombent dessus, on est mal.
- Je vous rappelle que nous nous cherchons des avions qui pointent pour l'artillerie et qui volent nécessairement bas. A 5000 mètres on ne les verra pas.
- Non Sir, mais leur escorte, par contre, nous apercevra gros comme le nez au milieu de la figure. Où on vole bas au ras des arbres, où on vole très haut, mais entre-deux c'est dangereux.
Le Lt-Colonel Bellow hésita.
- Ok, descendons.
Les deux P40 rasaient maintenant la cime des arbres. Passant en trombe au dessus des fortifications chinoises et des positions de tir.
Bellow fut un peu inquiet.
- J'espère que les artilleurs chinois ne nous transforment pas en passoire par accident.
Harry rigola.
- Ne vous en faites pas Sir, ils reconnaissent parfaitement le bruit de nos Allison. Et les Japs ne se risquent pas si bas.
Ils volèrent ainsi une bonne vingtaine de minutes dans un silence monacal à peine troublé par le ronronnement rassurant du moteur neuf. La voix de son leader sorta Harry de torpeur.
- Là... à 1 heure... environ 800 mètres de nous, entre 300 et 500 mètres, un contact. Ca ne peut être qu'un jap, regardez il y a des tirs DCA qui l'encadrent.
Anxieusement Harry observa le ciel plus haut. Il savait qu'ils étaient là... ils devaient être là... c'est comme ça que Spencer s'était fait descendre à peine 3 semaines plus tôt. Il avait vu le "Sally", s'en était approché et quelques secondes plus tard, son avion en proie des flammes, s'était écrasé dans la jungle.
Ses Ray Ban sur les yeux, Harry fouilla anxieusement l'azur. Ca y est! Là... même pas planquées dans le soleil! Deux croix noirs... pas de doute, longues ailes claires prolongées d'un fin fuselage. Des Ki! Des "Oscar", rapides et véloces. Nerveusement Harry ajusta ses lunettes de vol. Il sentait la sueur lui couler du front, elle contournait ses lunettes, insidieuse, elle chatouillait les ailes de son nez, faisait une pause salée aux commissures de ses lèvres et disparaissait le long de sa gorge serrée. Devant lui, le P40 de Bellow montait déjà en direction de l'appareil de reconnaissance. Un bon gros "Sally" bien juteux et vulnérable. Mais là en dessus, au moindre cris d'alerte de l'équipage, deux tueurs étaient prêts à leur tomber dessus.
Harry hurla dans son micro.
- NON! NON! Attendez...Il y a des chasseurs en dessus de nous... n'y allez pas Sir! N'y allez pas!
Mais le Lt Colonel avait déjà mis plein gaz, il était maintenant à moins de 500 mètres du bimoteurs.
- Trop tard, je ne peux plus me débiner maintenant, occupez-vous de ces bandits Harry, je prends le bombardier.
Harry paniqua un instant, il chercha des yeux les deux contacts. Son sang se glaça, les deux "Oscar" descendaient maintenant plein gaz en direction de Bellow.
- Attention Sir, ils descendent.... ils... ils vous arrivent dessus.
- Mais bordel, ne restez pas là comme un âne! Bougez! Occupez vous de ces chasseurs.
Harry épongea de la manche la sueur qui perlait sur son visage. Il observa les deux chasseurs ennemis encore une fois. Apparemment, ils ne l'avait pas vu. Toujours au ras du sol, pour ne pas alerter les pilotes de Ki par un mouvement brusque, il engagea doucement son P40 sur un virage droite ascendant de manière à se trouver perpendiculairement sur la trajectoire des appareils ennemis. En mettant plein gaz, il fut surpris par la vigueur du moteur Allison qui au travers de ses tuyères surchauffées à blanc, crachait toute sa puissance dans un bruit rageur et monstrueux. Le Lt Harry, était aux commandes d'un "Gueule de Requin" et un requin est un redoutable prédateur, cette idée saugrenue le remis d'aplomb! Foutus japs ils allaient voir! Quelques secondes plus tard, les ailes illuminées par six flammes blanches suivies de traçantes rouges, il coupa la trajectoire des deux "Oscar". Les deux pilotes ennemis surpris par cette intervention impromptue brisèrent leur formation. Harry bascula sur dos et pris en chasse l'appareil qui tournait à droite et qui entamait déjà un virage serré pour sortir du champ de tir du Curtiss. Cependant, la manœuvre du pilote américain avait placé le P40 à l'intérieur de la courbe du Ki. Du coin de l'œil, Harry aperçu l'avion qui remontait depuis sa gauche. Au moment où celui-ci fut caché par son capot moteur. D'un geste rageur, le pilote américain tira de toutes ses armes, l'avion japonais passa en trombe devant son nez des morceaux de tôle s'éparpillèrent dans le ciel. Le Ki43 réservoir percé, s'éloigna vers les lignes japonaise...
Harry réalisa soudainement que l'autre chasseur devait être entrain de se placer derrière lui. Il bascula une fois encore rageusement le P40 sur le dos et tira sec sur le manche. A la limite du voile noir, il passa au ras des arbres, cherchant, la tête lourde à trouver l'avion ennemi. Mais celui-ci semblait avoir disparu. Il effectua encore quelques manœuvres évasives, mais le ciel était définitivement vide. Harry finit par réduire les gaz avant que le moteur ne soit en surchauffe. Il ouvrit le radiateur en grand. Il chercha du regard son leader. Il réalisa par la même occasion, que dans sa précipitation, il avait coupé sa radio. Au loin, une longue colonne de fumée montait depuis une rizière. Non, pas ça, la gorge serrée, la main tremblante, il enclencha fébrilement son poste.
- ...ous m'entendez? Harry, Red Two de Red leader? Est-ce que vous m'entendez?
Harry penaud repris hésitant.
- Je... je vous entends sir, j'ai eu... j'ai eu un problème radio. Où en êtes vous avec l'avion de reco?
Une vois soulagée lui répondit:
- Dieu soit loué, j'ai cru qu'il vous était arrivé un malheur. Le "Sally" a été descendu. Et vous, quelle est votre situation.
- Mon avion est intact, et j'ai endommagé un des chasseurs. L'autre a disparu. Donnez-moi votre position que je puisse vous rejoindre.
- Pas la peine, prenez un cap base Red Two. Nous allons fêter ça au mess.
La sueur avait un drôle de goût dans sa bouche. Harry retira son masque à oxygène qui était plein de sang. Il en avait plein sa chemise. Il saignait du nez. Il avait mal supporté son voile noir.
- Une quinzaine de minutes plus tard. La bande herbeuse de Kweilin fit son apparition au fond de la vallée. Le Lt Harry s'efforça de remettre de l'ordre dans ses idées. Il ne s'agissait pas de faire un accident à l'atterrissage. Le P40E descendait gentiment vers la piste. Au loin, Harry pouvait deviner celui de Bellow qui était déjà poussé par les rampants dans une des niches camouflées. Il y avait foule le long de la piste. Probablement que la nouvelle avait été annoncée. Clignant des yeux, le pilote remit ses Ray Ban. Le Curtiss toucha enfin la piste. Un oeil sur la vitesse, Harry plaqua enfin la queue sur le sol et freina gentiment. Il ouvrit son cockpit, l'air frais soufflée par l'hélice lui fit du bien. Devant lui, un mécanicien le dirigeait. les bras croisés, il lui fit signe de tout arrêter. Quand le moteur s'arrêta, le ventre creux, les mains tremblantes, Harry remarqua tout juste le brouhaha des autres pilotes du groupe qui l'attendait à a descente de son avion. Il finit par s'extirper lentement du cockpit. Il avait oublié son visage en sang et les traces qui maculaient sa chemise.
Le Lt Tempestino fut le premier à réagir.
- Merde il est blessé! Infirmiers! Infirmiers!
Harry s'efforça de descendre de son appareil avec le plus d'élégance possible.
- Non, non les gars, tout va bien, je me suis juste pris un voile noir trop violent. Je saigne juste du nez, ce n'est rien.
Anxieusement, il voyait déjà le Lt Carpenter courant sur ses petites jambes dans sa direction.
Tex "Hill" s'approcha avec un sourire.
- Et bien Harry, on dirait que ça va mieux?
Harry murmura:
- Ouai merci sir... ça n'a pas été facile.
Un peu plus loin Bellow arrivait le visage radieux!
- Allez! Venez Harry, je vous invite ainsi que les réservistes au bar. Capitaine Redfox! Vous prenez 5 volontaires et vous organisez la patrouille matinale. Moi j'ai déjà donné ce matin!
Le Capitaine Redfox était debout à l'entrée du local radio, un bout de papier à la main.
- Un de nos observateurs déclare avoir aperçu un chasseur japonais s'écraser au Nord de la colline U234. Le pilote blessé a été capturé vivant... une fois n'est pas coutume... par les Chinois. On dirait bien que votre "Oscar" vous sera accordé Harry!
...
- Bonjour Harry, belle journée n'est-ce pas. Alors, vous découvrez votre nouveau P40?
Harry fit la moue.
- Vous m'avez dit hier que le P40E avait la réputation d'embarquer au décollage encore plus que nos vieilles caisses. Je ne vois rien qui figure dans ce manuel, à ce sujet. Je ne trouve rien non plus concernant la vitesse d'approche, de piqué. C'est un peu déconcertant.
Cbal se servi un café et pris un plateau avec un petit déjeuner. Il s'assied à la même table.
- Oubliez ce manuel Harry. Il est incomplet. Comme vous avez pu le remarquer il manque plein d'informations importantes. En résumé, c'est un P40B, plus puissant et plus stable. Ensuite, au décollage, alors que le "B" embarque en roulis, le "E" embarque en direction, à droite. Il faut mettre plein pied à gauche et ensuite relâcher lentement avec la prise de vitesse. En l'air, il est assez stable.
Il poursuit tout en mastiquant.
- A l'atterrissage. Deux problèmes: Le capot plus large que le celui du "B", vous masque la piste et vous êtes aveugles entre 5 et 6 secondes avant de toucher le sol. Le bon truc c'est d'avoir des repères hauts, comme le coin d'un toit de cabane, un drapeau, enfin un truc haut et surtout fixe sur lequel vous vous fixez pour rester aligné. Le deuxième problème, il a une foutue tendance à partir en cheval de bois. Posez en dehors d'une piste balisée et c'est la culbute sur le nez assurée. Si vous devez vous vacher en rase campagne, posez-vous sur le ventre, c'est plus sûr.
Harry, vida d'en trait son café et leva.
- Bon, on y va Sir? J'ai hâte d'essayer cet engin.
Bellow regarda son plat encore plein.
- Heu, je vous propose ceci. Vous demandez aux mécanos de préparer les n° 4 et 5. Vous profitez d'étudier votre tableau de bord. Pendant ce temps, je finis de manger et quand j'arrive si vous avez des questions concernant les commandes ou les instruments de bord, je suis à votre disposition. ok?.
Harry vissa sa casquette sur la tête et pris le chemin de la sortie.
- Ok Sir on y va comment ça. A tout à l'heure.
Le pilote sorti du mess et d'un pas encore hésitant s'éloigna en direction des abris.
Le capitaine Redfox le croisa sur le pas de porte. Il paru surpris de croiser l'ancien AVG.
- Ah tient, bonjour lieutenant, vous êtes bien matinal...
Harry poursuivit sa route en maugréant quelque chose d'incompréhensible.
Visiblement le temps n'était pas encore au beau fixe entre les deux hommes.
Le capitaine rejoint Bellow et s'assied en face de lui.
- Et bien on dirait qu'Harry ne me porte toujours pas dans son cœur. Vous avez vu ? Il a l'air presque en forme. C'est vous qui l'avez convoqué ce matin?
Tout en lisant sa carte, Bellow reprit nonchalamment.
- Oui, nous allons faire un vol d'essai.
Redfox resta sceptique.
- Et que dit Carpenter Sir? Je veux dire à cause de sa malaria bien sûr.
Cbal posa sa carte et sa tasse de café.
- Red! Harry a arrêté de boire et Carpenter l'a jeté dehors de l'infirmerie. J'ai vu son dossier. Il n'y a aucune prescription médicale pour qu'il ne vole pas.
Le Capitaine reprit.
- Vous savez comme moi, que nous prenons un risque de faire voler cet olibrius. Il a arrêté de boire quand? C'est une sacré nouvelle bon sang... je vous parie que dès la première occasion, il succombera à nouveau. Et s'il a une crise de paludisme en plein vol, il va se passer quoi? Nom de Dieu Sir, vous savez toutes les peines que nous avons pour obtenir des pièces de rechange et des avions de remplacement.
Bellow s'insurgea.
- Ca suffit Red, ici c'est moi qui commande et je décrète que le Lt Harry volera avec nous... pour autant qu'il réussisse avec succès le vol d'essais de tout à l'heure. Dans 10 minutes, j'ai rendez-vous avec lui. Je verrai de quoi il est capable. Et maintenant, pour conclure, comme tu le dits, nous sommes loin de tout ici. Entourés de Japonais. Harry a de l'expérience et la moitié de nos pilotes ont tout juste vu un zing japonais en photo. Ces prochaines semaines, nous aurons des pertes, il ne restera que les meilleurs... et les plus chanceux. dans cette situation, son expérience peut nous être précieuce.
Le Capitaine Redfox se résigna.
- Bien Sir, c'est vous le patron ici... je vais essayer de comprendre le risque que vous nous faites prendre...mais dans tous les cas, vous serez le seul à l'assumer.
Bellow qui venait de s'allumer une cigarette, rejeta nonchalamment la fumée, les yeux dans le vague.
- Je ne sais pas Red... mais Harry a quelque chose de fascinant en lui... je crois qu'il mérite à être connu. Je pense qu'il ne boira plus et ... j'espère qu'il ne sera pas victime d'une crise de malaria en plein vol... j'irais voir Carpenter pour trouver un médicament ou un truc qu'il pourrait prendre en cas de problème.
Redfox soupira. Bu son café chaud d'un trait. Il grimaça.
- Bien... il ne reste plus qu'à vous souhaiter bon vol Sir.
Dix minutes plus tard, Bellow trouvait son pilote assis aux commandes du n° 6. Un mécano a côté de l'appareil était prêt à surveiller la mise en route. Cbal s'approcha.
- Alors Harry, des questions?
- Négatif sir, on peut y aller!
- Ok, alors on est parti.
D'un geste tournoyant de la main, Cbal fit signe aux mécaniciens qu'ils allaient mettre en marche. Bientôt les deux Curtiss s'alignaient sur la piste.
Depuis le perron du mess, le capitaine Redfox observa les deux P40 prendre de la vitesse. L'empennage du n° 6 balaya quelques fois la piste, mais une fois la queue soufflée, l'appareil se stabilisa et pris lentement l'air dans l'aile du n° 5.
La voix du Lt-Colonel raisonna dans les écouteurs du Lt Harry:
- Bien, on va prendre un cap 70, j'ai vu un rapport ce matin qui traînait au centre de commandement comme quoi il y aurait des avions ennemis qui font des repérages pour l'artillerie japonaise.
- Ok Sir, je suis derrière vous.
Les chasseurs US se stabilisèrent à 3000 mètres. Après quelques minutes de vol. Le Lt-Colonel Bellow aperçu des battement d'ailes nerveux de l'avion de son ailier.
- Ca ne va pas Lieutenant? Vous semblez nerveux!
- Affirmatif Sir... je déteste voler à cette altitude. Si les Japs nous tombent dessus, on est mal.
- Je vous rappelle que nous nous cherchons des avions qui pointent pour l'artillerie et qui volent nécessairement bas. A 5000 mètres on ne les verra pas.
- Non Sir, mais leur escorte, par contre, nous apercevra gros comme le nez au milieu de la figure. Où on vole bas au ras des arbres, où on vole très haut, mais entre-deux c'est dangereux.
Le Lt-Colonel Bellow hésita.
- Ok, descendons.
Les deux P40 rasaient maintenant la cime des arbres. Passant en trombe au dessus des fortifications chinoises et des positions de tir.
Bellow fut un peu inquiet.
- J'espère que les artilleurs chinois ne nous transforment pas en passoire par accident.
Harry rigola.
- Ne vous en faites pas Sir, ils reconnaissent parfaitement le bruit de nos Allison. Et les Japs ne se risquent pas si bas.
Ils volèrent ainsi une bonne vingtaine de minutes dans un silence monacal à peine troublé par le ronronnement rassurant du moteur neuf. La voix de son leader sorta Harry de torpeur.
- Là... à 1 heure... environ 800 mètres de nous, entre 300 et 500 mètres, un contact. Ca ne peut être qu'un jap, regardez il y a des tirs DCA qui l'encadrent.
Anxieusement Harry observa le ciel plus haut. Il savait qu'ils étaient là... ils devaient être là... c'est comme ça que Spencer s'était fait descendre à peine 3 semaines plus tôt. Il avait vu le "Sally", s'en était approché et quelques secondes plus tard, son avion en proie des flammes, s'était écrasé dans la jungle.
Ses Ray Ban sur les yeux, Harry fouilla anxieusement l'azur. Ca y est! Là... même pas planquées dans le soleil! Deux croix noirs... pas de doute, longues ailes claires prolongées d'un fin fuselage. Des Ki! Des "Oscar", rapides et véloces. Nerveusement Harry ajusta ses lunettes de vol. Il sentait la sueur lui couler du front, elle contournait ses lunettes, insidieuse, elle chatouillait les ailes de son nez, faisait une pause salée aux commissures de ses lèvres et disparaissait le long de sa gorge serrée. Devant lui, le P40 de Bellow montait déjà en direction de l'appareil de reconnaissance. Un bon gros "Sally" bien juteux et vulnérable. Mais là en dessus, au moindre cris d'alerte de l'équipage, deux tueurs étaient prêts à leur tomber dessus.
Harry hurla dans son micro.
- NON! NON! Attendez...Il y a des chasseurs en dessus de nous... n'y allez pas Sir! N'y allez pas!
Mais le Lt Colonel avait déjà mis plein gaz, il était maintenant à moins de 500 mètres du bimoteurs.
- Trop tard, je ne peux plus me débiner maintenant, occupez-vous de ces bandits Harry, je prends le bombardier.
Harry paniqua un instant, il chercha des yeux les deux contacts. Son sang se glaça, les deux "Oscar" descendaient maintenant plein gaz en direction de Bellow.
- Attention Sir, ils descendent.... ils... ils vous arrivent dessus.
- Mais bordel, ne restez pas là comme un âne! Bougez! Occupez vous de ces chasseurs.
Harry épongea de la manche la sueur qui perlait sur son visage. Il observa les deux chasseurs ennemis encore une fois. Apparemment, ils ne l'avait pas vu. Toujours au ras du sol, pour ne pas alerter les pilotes de Ki par un mouvement brusque, il engagea doucement son P40 sur un virage droite ascendant de manière à se trouver perpendiculairement sur la trajectoire des appareils ennemis. En mettant plein gaz, il fut surpris par la vigueur du moteur Allison qui au travers de ses tuyères surchauffées à blanc, crachait toute sa puissance dans un bruit rageur et monstrueux. Le Lt Harry, était aux commandes d'un "Gueule de Requin" et un requin est un redoutable prédateur, cette idée saugrenue le remis d'aplomb! Foutus japs ils allaient voir! Quelques secondes plus tard, les ailes illuminées par six flammes blanches suivies de traçantes rouges, il coupa la trajectoire des deux "Oscar". Les deux pilotes ennemis surpris par cette intervention impromptue brisèrent leur formation. Harry bascula sur dos et pris en chasse l'appareil qui tournait à droite et qui entamait déjà un virage serré pour sortir du champ de tir du Curtiss. Cependant, la manœuvre du pilote américain avait placé le P40 à l'intérieur de la courbe du Ki. Du coin de l'œil, Harry aperçu l'avion qui remontait depuis sa gauche. Au moment où celui-ci fut caché par son capot moteur. D'un geste rageur, le pilote américain tira de toutes ses armes, l'avion japonais passa en trombe devant son nez des morceaux de tôle s'éparpillèrent dans le ciel. Le Ki43 réservoir percé, s'éloigna vers les lignes japonaise...
Harry réalisa soudainement que l'autre chasseur devait être entrain de se placer derrière lui. Il bascula une fois encore rageusement le P40 sur le dos et tira sec sur le manche. A la limite du voile noir, il passa au ras des arbres, cherchant, la tête lourde à trouver l'avion ennemi. Mais celui-ci semblait avoir disparu. Il effectua encore quelques manœuvres évasives, mais le ciel était définitivement vide. Harry finit par réduire les gaz avant que le moteur ne soit en surchauffe. Il ouvrit le radiateur en grand. Il chercha du regard son leader. Il réalisa par la même occasion, que dans sa précipitation, il avait coupé sa radio. Au loin, une longue colonne de fumée montait depuis une rizière. Non, pas ça, la gorge serrée, la main tremblante, il enclencha fébrilement son poste.
- ...ous m'entendez? Harry, Red Two de Red leader? Est-ce que vous m'entendez?
Harry penaud repris hésitant.
- Je... je vous entends sir, j'ai eu... j'ai eu un problème radio. Où en êtes vous avec l'avion de reco?
Une vois soulagée lui répondit:
- Dieu soit loué, j'ai cru qu'il vous était arrivé un malheur. Le "Sally" a été descendu. Et vous, quelle est votre situation.
- Mon avion est intact, et j'ai endommagé un des chasseurs. L'autre a disparu. Donnez-moi votre position que je puisse vous rejoindre.
- Pas la peine, prenez un cap base Red Two. Nous allons fêter ça au mess.
La sueur avait un drôle de goût dans sa bouche. Harry retira son masque à oxygène qui était plein de sang. Il en avait plein sa chemise. Il saignait du nez. Il avait mal supporté son voile noir.
- Une quinzaine de minutes plus tard. La bande herbeuse de Kweilin fit son apparition au fond de la vallée. Le Lt Harry s'efforça de remettre de l'ordre dans ses idées. Il ne s'agissait pas de faire un accident à l'atterrissage. Le P40E descendait gentiment vers la piste. Au loin, Harry pouvait deviner celui de Bellow qui était déjà poussé par les rampants dans une des niches camouflées. Il y avait foule le long de la piste. Probablement que la nouvelle avait été annoncée. Clignant des yeux, le pilote remit ses Ray Ban. Le Curtiss toucha enfin la piste. Un oeil sur la vitesse, Harry plaqua enfin la queue sur le sol et freina gentiment. Il ouvrit son cockpit, l'air frais soufflée par l'hélice lui fit du bien. Devant lui, un mécanicien le dirigeait. les bras croisés, il lui fit signe de tout arrêter. Quand le moteur s'arrêta, le ventre creux, les mains tremblantes, Harry remarqua tout juste le brouhaha des autres pilotes du groupe qui l'attendait à a descente de son avion. Il finit par s'extirper lentement du cockpit. Il avait oublié son visage en sang et les traces qui maculaient sa chemise.
Le Lt Tempestino fut le premier à réagir.
- Merde il est blessé! Infirmiers! Infirmiers!
Harry s'efforça de descendre de son appareil avec le plus d'élégance possible.
- Non, non les gars, tout va bien, je me suis juste pris un voile noir trop violent. Je saigne juste du nez, ce n'est rien.
Anxieusement, il voyait déjà le Lt Carpenter courant sur ses petites jambes dans sa direction.
Tex "Hill" s'approcha avec un sourire.
- Et bien Harry, on dirait que ça va mieux?
Harry murmura:
- Ouai merci sir... ça n'a pas été facile.
Un peu plus loin Bellow arrivait le visage radieux!
- Allez! Venez Harry, je vous invite ainsi que les réservistes au bar. Capitaine Redfox! Vous prenez 5 volontaires et vous organisez la patrouille matinale. Moi j'ai déjà donné ce matin!
Le Capitaine Redfox était debout à l'entrée du local radio, un bout de papier à la main.
- Un de nos observateurs déclare avoir aperçu un chasseur japonais s'écraser au Nord de la colline U234. Le pilote blessé a été capturé vivant... une fois n'est pas coutume... par les Chinois. On dirait bien que votre "Oscar" vous sera accordé Harry!
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Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 1:22, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
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