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L'enfant du Tigre 2ème partie

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L'enfant du Tigre 2ème partie Empty L'enfant du Tigre 2ème partie

Message par 615sqn_Harry Dim 26 Mar 2006 - 6:16

L'enfant du Tigre 2ème partie Older018ij

Le capitaine "Tex" Hill tendit une feuille au Lt-Colonel "Seeball" Bullow.
- Il devrait me rester 6 appareils plus ou moins en état de vol.
Le commandant resta un peu sceptique.
- Comment ça "devrait"? "Plus ou moins"? Vous les avez ces avions oui ou non?
Le Capitaine des AVG semblait un peu gêné.
- Ben le problème, c'est qu'à Kweilin, il ne reste que deux P40. Celui du Lt Harry et le mien. Ces deux avions sont troués comme des passoires, réparés avec des pièces d'origine diverses, parfois même japonaises. Maintenant ma liste tient compte des appareils que j'ai vu voler ces derniers huit jours, ceux de Boyington, Shilling et Williamson sont probablement à Loiwing, les autres, répartis entre Lashio et Magwe.
Bellow soupira. Il n'avait pas fini d'avoir des problèmes avec les anciens AVG.
- A ce jour, savons nous enfin ce que deviennent les anciens pilotes de Chennault qui sont restés en Chine? Sont-ils décidé à rejoindre nos rangs où comptent-ils encore jouer avec nous longtemps.
L'ancien AVG adopta une attitude un peu gênée.
- Pour le moment seuls Shillig, Harry et moi avons signé. Je crois que Boyington espère une place dans l'USN, pour les autres je ne sais pas Sir.
- Bon nous n'allons pas nous énerver avec cela. Les P40 chinois encore en état de vol seront avant tout utilisés pour des vols de liaison... pour autant que nous les récupérions. Pour ce qui est des pilotes, à la fin de la semaine, ils devront avoir signé pour le réintégration dans l'USAAF. Passé ce délai, ils iront se faire pendre ailleurs.
Les deux hommes poursuivirent leur discussion jusque tard dans l'après-midi. Quand Bellow quitta enfin la salle des opérations, un vent tiède et agréable balayait la piste. Le soleil descendait gentiment derrière les collines avoisinantes, recouvertes d'une végétation clairsemée. Des senteurs de cuisine chinoise attisèrent son appétit. Il faut dire que cette nourriture était plutôt raffinée et contrastait agréablement avec les traditionnels oeufs au bacon ou autre sachet de soupe lyophilisée, que les C47 transportaient péniblement depuis Calcutta.
Alors qu'il cheminait le regard un peu rêveur, son attention fut attirée par une ombre furtive près des deux anciens P40 chinois rescapés. Il s'approcha discrètement et aperçu un petit enfant chinois debout sur l'aile, observant l'intérieur du cockpit du Curtiss, celui du Lt Harry.
Bellow interpella.
- Hep petit qu'est-ce que tu fais là?
Le petit garçon sursauta, leste comme un chat sauta de l'aile et fila comme le vent. Le Lt-Colonel n'essaya pas de le rattraper.
- Hé! Attends je ne te veux pas de mal.
Mais l'enfant disparu dans les broussailles.
- Vous excitez pas Sir, c'est Li Quang, un petit orphelin venant du village de Sou Chong a quelques kilomètres d'ici. Il traîne souvent vers nos avions. Les gardes le connaissent et lui foutent la paix. Il n'est pas dangereux.
Bellow se retourna et aperçu le Lt Harry appuyé nonchalamment contre un des avions se roulant une cigarette. Il s'approcha.
- Vous le connaissez Lieutenant?
Harry alluma sa cigarette.
- Ouai plutôt. Il y sa sœur aussi, la petites Mo Chong. Leurs parents sont morts il y a trois mois... lors du bombardement de la base. Salauds de japs, ils mitraillent même les civils.
Bellow sorti une blonde de sa poche et se l'alluma.
- Vous n'aimez pas les Japs, hein Harry?
Harry était pâle. Il n'était visiblement pas encore en bonne santé.
- Pour tout vous dire je les hais. Ce sont des êtres sanguinaires, sans pitié. Et puis, vous n'allez pas me dire que vous les respectez après ce qu'ils ont fait à Pearl Habour.
Bellow était un soldat avant tout. Il n'aimait pas avoir d'état d'âme. Il estimait que les sentiments, l'émotion et tous ces trucs affaiblissait dangereusement le mental des soldats, les rendaient plus vulnérables.
- Je vais vous choquer Harry, mais j'ai une opinion très tranchée au sujet de Pearl Harbor. Nos huiles portent une grosse responsabilité dans ce désastre. Les avertissements n'ont pas manqué, ils ont fait preuve d'un grand dilettantisme.
L'ancien AVG sembla quelque peu surpris par cette affirmation.
- Vous y étiez?
- Non, si tel avait été le cas, je ne serais sans doute pas là pour en parler. J'ai fais les Philippines, j'étais à Corregidor.
Le Lt Harry paru impressionné.
- Corregidor... la vache? Nos gars ont pris dur dans ce coin. On dit qu'il n'y a eu que trois survivants sur tout le contingent de pilotes envoyés là-bas.
Bellow grimaça. Il murmura.
- Oui trois... je suis un de ceux là. Salauds de Japs.
Il se râcla la gorge.
- Allons bon... oublions cela vous voulez bien. De toute façon aujourd'hui nous sommes obligés de faire avec ce que nous avons. Vous venez, je vous offre un verre au mess... A moins que ce brave docteur Carpenter ne vous l'interdise.
Harry fit la grimace.
- Carpenter a estimé que j'allais mieux et m'a foutu dehors de l'infirmerie. Saloperie de malaria... Ca sera un café pour moi de toute façon Bellow, j'arrête de boire.
Les deux hommes se mirent à cheminer en direction des cabanons. Le Lt Colonel repris
- Du café??? Vous n'allez pas bien Harry. A décharge de cette brave femme, il faut dire que vous n'êtes pas du genre commode comme patient.
Le Lieutenant grimaça.
- Vous avez déjà vu quelque part que l'alcool rendait intelligent Colonel... je suis devenu alcoolique dans ces foutues contrées. Le toubib m'a dit que mon foie faisait une drôle de gueule et que si je continuais à ce rythme, j'allais crever. Ca fait deux jours que je ne bois plus d'alcool, mais je ne tiens plus sur mes jambes. Dieu que c'est difficile.
Bellow constata que c'était sérieux. Harry arrêtait de boire. Il s'arrêta et lui tendit la main.
- Félicitation Lieutenant Harry. Je vous félicite pour votre décision et je vous souhaite la bienvenue dans mon escadrille... je confirme que vous y avez votre place...à moins que vous ne vouliez pas piloter dans mon groupe.
- J'accepte. De tout façon, je n'ai pas le choix... je ne sais pas faire autre chose... piloter et combattre, et vu mon état, il n'y a qu'ici qu'on m'acceptera...
Devant le mess, le Lt-Colonel se ravisa.
- Attendez... allons plutôt dans ma tente. J'ai un excellent thé ramené de l'Assam.
Il voulait surtout éviter le mess à Harry où la bière et le whisky étaient disponibles.
Bellow mis en route un petit réchaud à essence sur lequel il installa une théière. Il laissa l'ancien AVG s'installer sur sa chaise, lui même s'assied sur son lit.
- Dites moi Harry, si on parlait un peu des Japonais et de leurs avions? Vous les avez affrontés souvent?.
Harry se détendit quelque peu.
- Et bien, ici il y a pas mal de bombardiers. Lorsque nous sommes arrivés, ils volaient seuls sans escorte. On en a massacré un bon nombre, avant que les Japonais décident de les escorter. La situation est devenue plus difficile. Nos vieux P40 ne font pas le poids face à leurs chasseurs. On les tient en vitesse, mais dès qu'ils nous aperçoivent, ils se mettent à tourner et c'est foutu. Celui qui se met à tourner avec eux, est mort. De plus, on se bat souvent à 4 contre 1. Ces derniers mois, nous avons plus souvent pris la fuite que combattu.
Cbal s'alluma une cigarette. Il tendit son paquet à Harry qui en extirpa une. Le thé était prêt.
- Parlez moi de ces chasseurs plus précisément Lieutenant.
Harry huma avec une grimace sa tasse de thé.
- Beurk, ça sera dur...
Il souprira et reprit:
- Je pense que les avions que vous avez affrontés à Corregidor ne sont pas les mêmes que ceux que nous avons ici. Aux Philippines, c'était des appareils de l'aéronavale, des Zéros, des vrais. Ici, ce sont des avions de l'armée de terre, ils sont probablement moins bon que les Zéro. Leur armement surtout, ils n'ont que deux mitrailleuses de capots. D'après les rapports que j'ai pu avoir, il semblerait que les avions que l'on trouve à proximité de la flotte japonaise, ont de l'armement dans les ailes, des canons de 20 mm. Ce qui n'est heureusement pas le cas des avions que nous rencontrons ici. Il arrive encore de croiser de temps à autre des appareils avec le train fixe pantalonné. Ils n'avancent pas, mais comme tout leurs avions, ils tournent dans un mouchoir de poche. C'est incroyable, on se demande comment parfois ils font.
Bellow l'interrompit.
- A Corregidor, il y avait des avions d'assaut avec le train fixe. Des bombardiers en piqué.
Harry reprit.
- Oui mais moi je vous parle de chasseurs. Les seuls bombardiers que nous rencontrons ici, sont des bimoteurs assez lents et vulnérables.
Le Lt-Colonel saisi la théière et resservit le lt Harry.
- Hé là doucement avec votre mixture Sir... il ne faudrait.. hem... ne pas trop abuser de ces choses là.
Bellow relança la discussion.
- Dites moi Harry, jusqu'à présent je n'ai entendu que les points positifs de ces chasseurs japonais. Quels sont leurs points faibles par rapport à nos Curtiss.
Harry ricana.
- On est plus vite qu'eux en piqué. En palier ça se tient, en montée, les chasseurs japs sont de vrais balles. Aucune chance de les rattraper ou de les semer. Au dessus de 5000 mètres ils commencent d'être mauvais, à 6000 on les domine, le problème c'est qu'il n'y aura jamais un Japonais assez con pour monter si haut. Sinon, nos P40 ont un meilleur taux de roulis. Avec un peu de vitesse en effectuant de rapides ciseaux on arrive... à retarder l'échéance. Si vous êtes seuls et bas, vous êtes foutus, si vous avez un coéquipier dans le coin, ça peu lui permettre d'avoir le temps de venir à votre secours. J'ai vu que nos nouveaux P40 étaient armés de 6 mitrailleuses de 12,7. C'est un avantage certain, les avions japs sont très mal protégés. Une seule balle à la bonne place et ils crament comme des torches.
Bellow qui avait piloté un P40B aux Philippines connaissait bien l'avion en question. Le P40E était plus rapide, plus stable et surtout mieux armé. Il resta un moment pensif.
Harry poursuivit:
- Les avions japonais sont bons, mais il faut reconnaître que leurs pilotes sont très efficaces. Ils connaissent bien leur machine et surtout ils sont très agressifs. Ils ne refusent jamais le combat, ils ne connaissent ni la fuite ni la peur de la mort.
Le Lt-Colonel s'alluma une nouvelle cigarette. Harry refusa le paquet qu'il lui tendait.
- Je connais tout cela Harry. A Corregidor, j'ai vu des pilotes ennemis se sacrifier en jetant leur Zéro endommagé contre nos navires où nos troupes, plutôt que de s'éjecter derrière nos lignes...
- Ouai, entre-nous, je ferai de même si je n'avais fait rien que la moitié de toutes les saloperies qu'ils font. Ce sont de vrais sauvages. Faut voir le massacre qu'ils ont fait à Nankin en '37. Une véritable horreur, ils ont massacré la moitié de la ville gratuitement. Alors aujourd'hui, z'ont pas intérêt à tomber entre les pattes des Chinois.
Le Lt-Colonel l'interrompit.
- Mmh, vous savez Harry, les Japonais ont une conception de la vie et de guerre qui nous échappent un peu. Ils sont fidèles au Bushido et surtout à leur empereur. Ceci dit ça n'excuse pas leur attitude.
Harry se renfrogna.
- J'en ai rien à foutre de leur discipline de vivre, le code de conduite des samouraïs et toutes les autres conneries concernant le Bushido, si descendre un pilote pendu au bout de son parachute fait partie de leur code de conduite, ce n'est qu'un code de lâches.
Bellow était surpris par les connaissances du Lt Harry.
- Dites moi Harry, vous me surprenez quand même. Comment avez-vous toutes ces infos?
Harry rigola doucement.
- Avant de venir ici, j'étais correspondant de guerre. J'ai fait Yale. J'avais aussi une licence civile. Quand j'ai su que Chennault cherchait des pilotes, j'en ai profité pour devenir pilote militaire. Ca n'a pas été sans mal. Le Lockheed Electra que je pilotais habituellement dans le civil, me prédestinait plutôt à devenir pilote de C47. Mais à force d'insister, Chennault qui manquait de pilote m'a finalement engagé. Ca n'a pas été facile, au début je n'étais jamais envoyé en mission, c'est ce qui m'a permis sans doute d'être en vie aujourd'hui. Puis le contingent des pilotes s'amenuisant j'ai été engagé, de plus en plus. En mai dernier j'ai connu ma première victoire sur un bimoteurs. Puis quelques jours plus tard, j'ai eu mon premier chasseur, et mon premier saut en parachute aussi. 8 jours de galères avec les Chinois qui m'ont finalement ramené ici. Ensuite plus d'avion pendant presque 3 semaines avant que je récupère celui de Williamson qui n'a pas voulu rejoindre l'USAAF. Pendant mon escapade j'ai réussi à contracté la malaria... et me voilà.
Bellow se leva.
- Encore un thé Lieutenant?
Harry n'était pas encore prêt à succomber aux bienfaits du thé, fut-il de qualité.
- Non, vraiment sans façon. Je crois que je vais me contenter d'eau pour le moment. Votre thé me retourne l'estomac Sir. Si vous me permettez, ça va être l'heure du repas du soir... Je vais vous laisser.
- Ok Lieutenant. Merci de vos informations... ah oui, au fait. Demain matin, j'aimerais que nous soyez mon ailier pour la patrouille matinale, on m'a signalé pas mal de va et vient d'avions de reconnaissance japonais le long des colline B 234 et D 68. Vous vous présenterez une heure avant le départ, que je puisse vous donner quelques explications sur le P40E par rapport à votre ancien appareil.
Harry sourit.
- Bien. compris Sir, j'y serai... Merci de me faire confiance. A demain.
Bellow regarda la silhouette s'effacer dans la nuit en direction des cantonnements. Au loin, des bruits de fêtes émanaient du mess...
615sqn_Harry
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