60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
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Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Y aura une suite, promis. ;)
615sqn_Harry- Wing Commander
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Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
ça commence ! le bougre il arrive avec une bouteille de sky et on est dejà la binouze a la main heu............. suite du programme a cette allure : :vomito:
La suite au prochain n°
La suite au prochain n°
Invité- Invité
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Dandinant doucement sur ses suspensions souples, le vieux Cherokee Chief grimpait vers Red Stone. Le paysage avait pris des allures de vieilles séries américaines. Dans cet environnement magnifique, le temps semblait s'être arrêté au milieu des années '50. La vieille Jeep, le poste diffusant "i be bound to write to you" de Muddy Waters, un titre sorti en 1942, le soleil couchant. L'inspecteur Harry ou le chien Lassy serait sorti d'un bosquet que j'en aurais pas été surpris. Le Colonel Gunter était assis à ma droite. En bras de chemise, le coude à la portière, ses cheveux blancs flottant dans la brise légère. Son regard semblait tourné définitivement vers le ciel incandescent de cette fin de soirée.
J'en avais déjà vu des vétérans de la 2ème, certains tenaient bien le coup, mais la plupart avaient des problèmes de santé. Là par contre, c'est bien la première fois que j'en rencontrais quatre d'un coup tout en bonne santé, qui plus est le poings et le verbe encore sacrément agiles!
Encore deux virages et Red Stone, la cabane mythique faisait son apparition. Le charme de l'endroit fit son effet sur les visiteurs.
Adamas réajusta ses lunettes:
- Oh mince alors, c'est à vous ce coin chef?
Gunter était pas peu fier de son palais.
- Ouai, c'est à moi. Ici ne viennent que quelques initiés. Celui qui vient m'emmerder est accueilli avec du plomb et du vrai de cow-boy, du 30/30 Winchester!
Kasey avait retiré sa veste à carreaux et son chapeau, avec ses lunettes, lui aussi semblait sortir d'une vieille série "B".
- Vous avez à boire dans votre case commandant? Parce que là, votre terre est très belle, mais rudement aride.
Gunter s'approcha avec un petit sourire de la porte qu'il ouvra. Je savais pourquoi il souriait...
Les trois invités restèrent un moment sans voix devant le panneau de capot moteur de Corsair ornant la fameuse bannière à tête de mort. Kasey contemplait des photos où on le voyait 60 ans plus jeune. A chacune, il faisait un commentaire.
- Ah là, celle-là je m'en souviens comme si s'était hier... on venait de rentrer de mission, c'était notre première, après le désastre des FM2 sur Leytes...
Il resta un moment songeur.
- Vous vous rendez compte M. Franklin.... 60 ans, un paille hein? Et pourtant pour moi, c'était hier... ma jeunesse détruite par la guerre. Toute ma vie a été conditionnée par ce qui s'est passé pour moi, entre 1943 et 1945. Il ne s'est pas passé un jour, où je n'ai pas pensé aux copains, ceux qui sont restés bien sûr, mais ceux aussi qui sont partis... mais surtout ceux qui tombaient depuis 6000 mètres en hurlant dans leur cokpit en feu. Boum! Une gerbe d'eau et le cri se taisait dans les écouteurs. Puis, il y avait un silence lourd... il y avait toujours un silence. J'étais pétrifié de peur.... de dégoût... de honte... sacré putain de saloperie de guerre...
L'énorme hélice semblait également impressionner Adamas qui rêveur en caressait une des pales. Il murmura:
- ...avant chaque mission, je caressais une pale de l'hélice de mon avion... j'aurais pas pensé qu'un jour je referais ce geste.
Tchaikaram s'approcha du capot, il l'ausculta avec attention.
- Pff, c'est incroyable ... c'est bien le capot de votre Corsair. je peux même vous dire lequel, celui que vous avez utilisé lors de notre deuxième tour d'opération dans les Mariannes.
Gunter sembla quelque peu surpris.
- C'est bien ça, mais comment fais-tu pour le reconnaître après toutes ces années?
Tchaikram extirpa de sa poche un stylo bille avec lequel il pointa une des pattes de fixation.
- Regardez là, la patte de fixation inférieure. Elle est redressée et je suis sûr que si on regarde derrière le panneau, il est encore maculé d'huile.
Il se retourna vers moi.
- Oui Monsieur Franklin, c'était en février 1944...
Gunter l'interrompit
- Attends, on va s'installer dehors j'ai des bières au frais. En plus Spencer et mon fils devraient bientôt arriver. Je leur ai demandé de préparer des côtes de bœufs et des potatos. Ils vont nous mettre en route le BQ.
Quelques minutes plus tard, nous étions tous installés une bière bien fraîche sur le perron donnant sur les plaines à perte de vue.
Tchaikaram repris.
- En février 1944, Nimitz a envoyé l'Amiral Mitsher avec quatre porte-avions légers au large des Mariannes pour harceler les Japonais en vue d'un débarquement. Les quatre escadrilles qui avaient été envoyées là bas, n'étaient constituées que de volontaires. Car si on savait quand notre tour d'opérations commençait, on ne savait pas du tout quand il allait se terminer. Il n'y avait pas d'avions d'assaut, que des chasseurs. L'attaque au sol était réservée aux Corsair de la "17". Par contre, on nous avait soigné en dotation. On avait les premiers F4U-1D, de vraies bêtes de course. Les VF15 et VF11 avaient touché des F6F-5. Il restait la VF22 dotée de F6F-3 et de FM2. Ils avaient pour mission la protection de la flotte. Les pauvres n'ont pratiquement pas vu un japs pendant 4 mois.
Il rigola. Entre temps, Spencer était arrivé avec le repas du soir. Il avait rempli un grand grill de charbon auquel il avait mis le feu. Sur un planche, huit grosses tranches avaient été badigeonnées d'un mélange d'ingrédients divers et de moutarde. Kasey et Adamas qui avaient le ventre creux s'étaient levés regardaient avec appétit la belle viande rouge.
Le Général Tchaikaram continua:
- Pour éviter aux Japs de nous trouver, Mitsher déplaçait tout le temps sa flotte. Trois jours à Saipan, puis, alors que les Japonais nous cherchaient au Sud, on filait au large de Guam et c'était reparti pour un tour. Le même jour, on filait vers l'Est et le lendemain on était à portée de Tinian. Les Japs devenaient fous. Ils pensaient qu'on venait des Salomons.
Il riait tout en contemplant sa bouteille de Miller.
- Le 27 février 1944, on a lancé la première attaque sur l'aérodrome principal de Saipan. Il était 05h00 du matin. on alignait 22 Corsair, tous armés de deux bombes de 1000 livres. Trente Hellcat chargés de roquettes HVAR, nous accompagnaient. 40 minutes plus tard, on déboulait à 650 km sur l'aérodrome... sacré réveil qu'ils ont eu ce matin là. Leurs zings étaient alignés comme à la parade. Après le premier passage il ne restait que des carcasses fumantes, les Hellcat ont dû balancer leurs roquettes sur ce qui restait; quelques cabanes et un ou deux miradors. N'empêche, ce fut une des plus belles attaques au sol que nous ayons fait. Ce jour là, pas loin de la moitié du parc aérien japonais de Saipan avait été détruits. Au retour, on a encore descendu deux gros hydravions et les Hellcat ont mitraillé des navires dans la baie de Tanapag. Un sacré succès. Nous on était prêt à y retourner pour une deuxième razzia, mais Mitsher a décidé de se retirer. Certainement que nous sommes passés à côté de l'occasion de détruire toute la flotte aérienne de Saipan, mais Mitsher avait raison. A ce moment, on ne savait pas de quoi était exactement constitué la flotte aérienne nipponne sur les Mariannes. Il y avait quand même environ 500 avions japonais sur les trois îles, dont au moins 300 chasseurs. On a joué au chat et la souris comme ça pendant trois mois. Les périodes de déplacement entre chaque opération, nous permettaient de bien nous reposer.
Les côtes de bœufs répandaient une délicieuse odeur de grillade. Spencer avait mis en route un gros plat de potatos enrobées dans du papier d'aluminium. Louise avait préparé une délicieuse sauce aigre-douce. Pendant que la viande cuisait lentement. Je relançais le Général.
- Vous vous vouliez nous parler du capot moteur du Colonel Gunter.
Tchaikaram ouvrit une nouvelle bouteille de bière.
- Ah oui, c'est juste... en fait, c'est sur Guam que le zing du Colonel a pris une balle. Rien d'important au premier abord, mais qui après démontage s'était avéré beaucoup plus important qu'on y pu le croire. C'était une arme légère qui avait fait ces dommages, peut-être même un simple fantassin avec son fusil. Le projectif avait endommagé le système de maintien du capot, mais avait surtout sectionné net une conduite d'un des radiateurs d'huile. Comme l'huile sortait derrière le radiateur, elle était froide et ne vaporisait pas. Gunter a remarqué qu'il avait un problème quelques minutes après qu'on ait repris le chemin du retour. Sa pression d'huile baissait sensiblement. Comme il ne voyait rien derrière l'avion et que l'huile s'écoulait sous l'appareil, il ne voyait rien. Il a cru à un problème de capteur de pression ou d'instruments. Il n'a pas pris de précaution et est rentré comme si de rien n'était. Une heure plus tard, son moulin a commencé de chauffer, il a réalisé qu'il n'avait effectivement plus d'huile, que ses instruments fonctionnaient parfaitement bien. Quand il a apponté, le ventre de son avion était noir d'huile épaisse et son carter était quasiment vide. Heureusement, le moteur du Corsair était sacrément solide. Mais ce coup là, la surchauffe avait eu raison de lui, il était foutu..
Le soleil se couchait, Spencer nous avait servi. Je n'écoutais plus, je dégustais la viande avec délectation.
- ... et tout ça pour dire que 'est pour cela que j'ai reconnu le panneau du capot qui est là derrière.
Il rigola.
Kasey repris tout en engouffrant un gros morceau de viande.
- Mmh délicieux! On a terminé notre tour d'opérations en juin, une semaine avant l'offensive sur les Mariannes...Vous imaginez! 130000 soldats! Notre flotte d'attaque était composée de trois divisions de Marines, une division d’infanterie en réserve, douze portes-avions d’escorte, cinq cuirassés et onze croiseurs. Puis venait la 5ème flotte de Spruance. Sept cuirassés, vint-et uns croiseurs, soixante-neuf destroyers. Mitsher est revenu avec quatre groupes de porte-avions soit quinze porte-avions 1000 avions. Vous imaginez l'armada Mister Franklin? On était loin des trois portes-avions bancals de la bataille de Midway. Nous, on était plus dans le coup. On est revenu en octobre pour participer à la bataille de Leyte. Mais après un tel déploiement de force, on se croyait imbattable. On vous a déjà raconté la suite...
Il me manquait encore la période durant laquelle Gunter avait volé avec les Eagle Squadron. Une sacré zone d'ombre dans ma biographie...
J'en avais déjà vu des vétérans de la 2ème, certains tenaient bien le coup, mais la plupart avaient des problèmes de santé. Là par contre, c'est bien la première fois que j'en rencontrais quatre d'un coup tout en bonne santé, qui plus est le poings et le verbe encore sacrément agiles!
Encore deux virages et Red Stone, la cabane mythique faisait son apparition. Le charme de l'endroit fit son effet sur les visiteurs.
Adamas réajusta ses lunettes:
- Oh mince alors, c'est à vous ce coin chef?
Gunter était pas peu fier de son palais.
- Ouai, c'est à moi. Ici ne viennent que quelques initiés. Celui qui vient m'emmerder est accueilli avec du plomb et du vrai de cow-boy, du 30/30 Winchester!
Kasey avait retiré sa veste à carreaux et son chapeau, avec ses lunettes, lui aussi semblait sortir d'une vieille série "B".
- Vous avez à boire dans votre case commandant? Parce que là, votre terre est très belle, mais rudement aride.
Gunter s'approcha avec un petit sourire de la porte qu'il ouvra. Je savais pourquoi il souriait...
Les trois invités restèrent un moment sans voix devant le panneau de capot moteur de Corsair ornant la fameuse bannière à tête de mort. Kasey contemplait des photos où on le voyait 60 ans plus jeune. A chacune, il faisait un commentaire.
- Ah là, celle-là je m'en souviens comme si s'était hier... on venait de rentrer de mission, c'était notre première, après le désastre des FM2 sur Leytes...
Il resta un moment songeur.
- Vous vous rendez compte M. Franklin.... 60 ans, un paille hein? Et pourtant pour moi, c'était hier... ma jeunesse détruite par la guerre. Toute ma vie a été conditionnée par ce qui s'est passé pour moi, entre 1943 et 1945. Il ne s'est pas passé un jour, où je n'ai pas pensé aux copains, ceux qui sont restés bien sûr, mais ceux aussi qui sont partis... mais surtout ceux qui tombaient depuis 6000 mètres en hurlant dans leur cokpit en feu. Boum! Une gerbe d'eau et le cri se taisait dans les écouteurs. Puis, il y avait un silence lourd... il y avait toujours un silence. J'étais pétrifié de peur.... de dégoût... de honte... sacré putain de saloperie de guerre...
L'énorme hélice semblait également impressionner Adamas qui rêveur en caressait une des pales. Il murmura:
- ...avant chaque mission, je caressais une pale de l'hélice de mon avion... j'aurais pas pensé qu'un jour je referais ce geste.
Tchaikaram s'approcha du capot, il l'ausculta avec attention.
- Pff, c'est incroyable ... c'est bien le capot de votre Corsair. je peux même vous dire lequel, celui que vous avez utilisé lors de notre deuxième tour d'opération dans les Mariannes.
Gunter sembla quelque peu surpris.
- C'est bien ça, mais comment fais-tu pour le reconnaître après toutes ces années?
Tchaikram extirpa de sa poche un stylo bille avec lequel il pointa une des pattes de fixation.
- Regardez là, la patte de fixation inférieure. Elle est redressée et je suis sûr que si on regarde derrière le panneau, il est encore maculé d'huile.
Il se retourna vers moi.
- Oui Monsieur Franklin, c'était en février 1944...
Gunter l'interrompit
- Attends, on va s'installer dehors j'ai des bières au frais. En plus Spencer et mon fils devraient bientôt arriver. Je leur ai demandé de préparer des côtes de bœufs et des potatos. Ils vont nous mettre en route le BQ.
Quelques minutes plus tard, nous étions tous installés une bière bien fraîche sur le perron donnant sur les plaines à perte de vue.
Tchaikaram repris.
- En février 1944, Nimitz a envoyé l'Amiral Mitsher avec quatre porte-avions légers au large des Mariannes pour harceler les Japonais en vue d'un débarquement. Les quatre escadrilles qui avaient été envoyées là bas, n'étaient constituées que de volontaires. Car si on savait quand notre tour d'opérations commençait, on ne savait pas du tout quand il allait se terminer. Il n'y avait pas d'avions d'assaut, que des chasseurs. L'attaque au sol était réservée aux Corsair de la "17". Par contre, on nous avait soigné en dotation. On avait les premiers F4U-1D, de vraies bêtes de course. Les VF15 et VF11 avaient touché des F6F-5. Il restait la VF22 dotée de F6F-3 et de FM2. Ils avaient pour mission la protection de la flotte. Les pauvres n'ont pratiquement pas vu un japs pendant 4 mois.
Il rigola. Entre temps, Spencer était arrivé avec le repas du soir. Il avait rempli un grand grill de charbon auquel il avait mis le feu. Sur un planche, huit grosses tranches avaient été badigeonnées d'un mélange d'ingrédients divers et de moutarde. Kasey et Adamas qui avaient le ventre creux s'étaient levés regardaient avec appétit la belle viande rouge.
Le Général Tchaikaram continua:
- Pour éviter aux Japs de nous trouver, Mitsher déplaçait tout le temps sa flotte. Trois jours à Saipan, puis, alors que les Japonais nous cherchaient au Sud, on filait au large de Guam et c'était reparti pour un tour. Le même jour, on filait vers l'Est et le lendemain on était à portée de Tinian. Les Japs devenaient fous. Ils pensaient qu'on venait des Salomons.
Il riait tout en contemplant sa bouteille de Miller.
- Le 27 février 1944, on a lancé la première attaque sur l'aérodrome principal de Saipan. Il était 05h00 du matin. on alignait 22 Corsair, tous armés de deux bombes de 1000 livres. Trente Hellcat chargés de roquettes HVAR, nous accompagnaient. 40 minutes plus tard, on déboulait à 650 km sur l'aérodrome... sacré réveil qu'ils ont eu ce matin là. Leurs zings étaient alignés comme à la parade. Après le premier passage il ne restait que des carcasses fumantes, les Hellcat ont dû balancer leurs roquettes sur ce qui restait; quelques cabanes et un ou deux miradors. N'empêche, ce fut une des plus belles attaques au sol que nous ayons fait. Ce jour là, pas loin de la moitié du parc aérien japonais de Saipan avait été détruits. Au retour, on a encore descendu deux gros hydravions et les Hellcat ont mitraillé des navires dans la baie de Tanapag. Un sacré succès. Nous on était prêt à y retourner pour une deuxième razzia, mais Mitsher a décidé de se retirer. Certainement que nous sommes passés à côté de l'occasion de détruire toute la flotte aérienne de Saipan, mais Mitsher avait raison. A ce moment, on ne savait pas de quoi était exactement constitué la flotte aérienne nipponne sur les Mariannes. Il y avait quand même environ 500 avions japonais sur les trois îles, dont au moins 300 chasseurs. On a joué au chat et la souris comme ça pendant trois mois. Les périodes de déplacement entre chaque opération, nous permettaient de bien nous reposer.
Les côtes de bœufs répandaient une délicieuse odeur de grillade. Spencer avait mis en route un gros plat de potatos enrobées dans du papier d'aluminium. Louise avait préparé une délicieuse sauce aigre-douce. Pendant que la viande cuisait lentement. Je relançais le Général.
- Vous vous vouliez nous parler du capot moteur du Colonel Gunter.
Tchaikaram ouvrit une nouvelle bouteille de bière.
- Ah oui, c'est juste... en fait, c'est sur Guam que le zing du Colonel a pris une balle. Rien d'important au premier abord, mais qui après démontage s'était avéré beaucoup plus important qu'on y pu le croire. C'était une arme légère qui avait fait ces dommages, peut-être même un simple fantassin avec son fusil. Le projectif avait endommagé le système de maintien du capot, mais avait surtout sectionné net une conduite d'un des radiateurs d'huile. Comme l'huile sortait derrière le radiateur, elle était froide et ne vaporisait pas. Gunter a remarqué qu'il avait un problème quelques minutes après qu'on ait repris le chemin du retour. Sa pression d'huile baissait sensiblement. Comme il ne voyait rien derrière l'avion et que l'huile s'écoulait sous l'appareil, il ne voyait rien. Il a cru à un problème de capteur de pression ou d'instruments. Il n'a pas pris de précaution et est rentré comme si de rien n'était. Une heure plus tard, son moulin a commencé de chauffer, il a réalisé qu'il n'avait effectivement plus d'huile, que ses instruments fonctionnaient parfaitement bien. Quand il a apponté, le ventre de son avion était noir d'huile épaisse et son carter était quasiment vide. Heureusement, le moteur du Corsair était sacrément solide. Mais ce coup là, la surchauffe avait eu raison de lui, il était foutu..
Le soleil se couchait, Spencer nous avait servi. Je n'écoutais plus, je dégustais la viande avec délectation.
- ... et tout ça pour dire que 'est pour cela que j'ai reconnu le panneau du capot qui est là derrière.
Il rigola.
Kasey repris tout en engouffrant un gros morceau de viande.
- Mmh délicieux! On a terminé notre tour d'opérations en juin, une semaine avant l'offensive sur les Mariannes...Vous imaginez! 130000 soldats! Notre flotte d'attaque était composée de trois divisions de Marines, une division d’infanterie en réserve, douze portes-avions d’escorte, cinq cuirassés et onze croiseurs. Puis venait la 5ème flotte de Spruance. Sept cuirassés, vint-et uns croiseurs, soixante-neuf destroyers. Mitsher est revenu avec quatre groupes de porte-avions soit quinze porte-avions 1000 avions. Vous imaginez l'armada Mister Franklin? On était loin des trois portes-avions bancals de la bataille de Midway. Nous, on était plus dans le coup. On est revenu en octobre pour participer à la bataille de Leyte. Mais après un tel déploiement de force, on se croyait imbattable. On vous a déjà raconté la suite...
Il me manquait encore la période durant laquelle Gunter avait volé avec les Eagle Squadron. Une sacré zone d'ombre dans ma biographie...
Dernière édition par le Mer 5 Avr 2006 - 9:19, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
bravo harry tu a vraiment une tres belle plume , c'est fluide , agreable a lire et bien construi , il faudrais vraiment regrouper ses nouvelles que tu nous écrit , les faire relier cuir avec une belle inscription a l'or fin :
Gefuv history by 615sqn_harry
la suite ! , la suite ! ...
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Adamas- Nombre de messages : 2352
Age : 54
Localisation : Mérignac (Gironde)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Je viens de tout imprimer...il na me reste plus qu'à le lire
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Ouai, je peux d'ors et déjà vous annoncer qu'il y aura au moins deux volets
Au fait, une question comme ça. Lisez-vous le texte entre les lignes?
Je veux dire j'essaye parfois de glisser discrètement dans le texte des événements survenus au GEFUV. Il y a quelques noms légèrement transformés qui devraient vous inspirer non?
Genre les gars enterrés à Richmond par exemple . L'adjoint du sheriff m'a bien fait rire, y vous inspire qui l'adjoint, mouarf!
Au fait, une question comme ça. Lisez-vous le texte entre les lignes?
Je veux dire j'essaye parfois de glisser discrètement dans le texte des événements survenus au GEFUV. Il y a quelques noms légèrement transformés qui devraient vous inspirer non?
Genre les gars enterrés à Richmond par exemple . L'adjoint du sheriff m'a bien fait rire, y vous inspire qui l'adjoint, mouarf!
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Oui oui Harry! Ca m'a fait rire d'ailleurs de voir comment tu les a intégrés à ton texte .
Sinon, chapeau! Vivement la suite :).
Sinon, chapeau! Vivement la suite :).
VF17_Kasey- Nombre de messages : 268
Localisation : Genève
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
- C'était une machine de course extraordinaire. Je ne sais pas si durant le conflit il y a eu un avion construit avec autant de soin, autant de style. Une des plus grandes légendes de la deuxième guerre mondiale... non! Pour une fois je serais honnête, mais je le dirai qu'une fois, il EST l'avion légendaire de la WWII. Le seul appareil réunissant beauté et efficacité. Il devait voler vite et manœuvrer plus serrer que n'importe qu'elle chasseur ennemi. Son armement était léger mais d'une redoutable efficacité pour celui qui savait s'en servir. Le seul chasseur qui rivalisait avec les Zéro dans son domaine de vol. Qui a semé l'inquiétude autant sur le front Ouest que dans le Pacifique. Quand on a voulu l'utiliser pour faire autre chose que de la chasse, ils l'ont dénaturé. Le Spitfire est l'avion qui m'a inspiré le plus de respect de toute ma carrière de pilote militaire! Vous pensez, quand j'ai connu cet avion, je sortais d'un P26.
La nuit était tombée maintenant. Des millions d'étoiles crépissaient le ciel parfaitement limpide de petites lucioles blanches. Les assiettes avaient été débarrassées. Sur la table devant le perron, il ne restait que trois bouteilles de Bourbon. Le Colonel était assis dans son rocking chair face à la vallée, balançant doucement, un plaid sur les genoux. Kasey était resté à table et finissait le dessert. Tchaikaram et Adamas s'étaient installés sur un gros divan qui était adossé à la façade sous le perron. Adamas fatigué écoutait son ancien leader parler, les yeux mi-clos. Tchaikaram avait fait du thé et il s'en était servi un gros gobelet fumant. Moi j'étais assis au bout de la table, à côté de Kasey, les doigts dansants sur le clavier de mon portable, au rythme du récit de Gunter. La fameuse période entourée d'ombre... celle où il avait servi en 1941 - 1942 pour la RAF.
Il reprit.
- A Tuskegee en Alabama, le meilleur appareil école que l'USAAC avait à nous proposer était le P26. En 1939, lorsque j'y suis rentré...
Je coupais la parole à Gunter.
- L'USAAC??? Vous n'avez donc pas fait vos classes dans la Navy?
J'étais surpris.
Il ricana.
- Non M. Franklin, j'ai rejoint l'armée des États-Unis d'Amérique dans l'USAAC. Vous connaissez certainement Tuskegge, Cette base est devenue célèbre quelques années plus tard lorsque les premiers pilotes noirs y ont été formés.
Tuskegee, tu penses que je connaissais, c'est là que Cbal avait été formé.
- Bien sûr que je connais cette base Colonel. Le Colonel Cbal y a également fait ses classes.
Gunter repris.
- Oui Cbal bien sûr, on partageait la même chambre et Harry J. Flower aussi.
Je ne le connaissais pas celui là.
- Harry était un gars du Wyoming, son père était bûcheron ou un truc comme ça. Avec Cbal, on venait tous trois de milieux assez défavorisés. Je débarquais de Chicago, Cbal de la Virgine et Harry de sa montagne. Nous sommes rapidement devenus amis. Cbal était l'intello de l'équipe, y nous faisait parfois chier avec ses théories, mais en général il avait raison. Alors on se taisait. Harry et moi, c'était un peu tout le contraire. On aimait pas les chieurs…
Il rigole.
- Avec nous, les cons ne faisaient pas long feu. J'me souviens d'un californien qui faisait de la boxe française…. Sacré sport … qu'est ce que je lui ai mis au blondinet, Franck Garth qu'il s'appelait. Fin 1942, je l'ai retrouvé à San Diego. Toujours aussi con… con mais Général, ce qui n'était pas pour m'arranger… je me suis retrouvé avec la "17" et ses Birdcage en Nouvelle-Guinée… Je ne me lasserai pas de le remercier de m'avoir fait ce cadeau. A l'origine il était prévu que je rejoins la VMF32 sur le Shamrock…
Il ricane:
- A Tuskegee après quelques bagarres mémorables. On nous a mis "au fixe", Harry et moi, avec menace de radiation, si on ne se calmait pas. Il nous restait quelques semaines à tirer avant la fin de l'école. J'ai fait le poing dans la poche, Harry qui n'arrivait pas à la fermer, a envoyé sur les roses Mc Gregor, le commandant de la base. Il en a profité pour le foutre dehors et l'obliger à finir son service sous les drapeaux dans une unité d'infanterie en Floride. Sur le chemin qui le menait vers les Everglades, Harry a déserté. Il a rejoint New-York, et a embarqué, je ne sais pas trop comment sur un cargo à destination de l'Angleterre avec la ferme intention de rejoindre la RAF qui avait un gros besoin de pilotes après la bataille d'Angleterre. On était en juin 1941. A quelques miles de la côte écossaise, le cargo sur lequel il se trouvait a été coulé. L'équipage et les passagers du bateau ont été récupérés par la Home Fleet. Harry qui avait perdu toutes ses affaires dans le naufrage, a passé les contrôles sans difficulté. Il a rejoint le squadron 71, le fameux "Eagle Squadron" où tous les volontaires américains étaient affectés. J'y étais avec Cbal, c'est d'ailleurs là que j'ai fait connaissance avec le Spitfire. Lorsque Harry est arrivé ce fut quand même un petit choc. On savait qu'il ne devait pas se trouver là. Il nous a mis dans le secret et on a fermé nos gueules. Seulement, au lieu de rester discret, et d'adopter un profil bas, il a fait la star cet imbécile. Après avoir décroché ses deux premières victoires, la presse américaine a commencé de parler de lui. Ca a fait un sacré ramdam aux États-Unis. L'Etat-Major de l'USAAC voulait le récupérer pour le juger. Ca a été un sacré merdier. La Grande-Bretagne qui avait besoin urgent de pilotes ne voulait pas le renvoyer aux USA. Finalement, en septembre, alors que ça cartonnait sec sur la côte Sud, deux inspecteurs de l'USAAC sont venus auditionner Harry et faire une enquête. Ils ont rapidement découvert que Cbal et moi on était dans le secret. Ca sentait le caca pour nous aussi. Dowding qui avait d'autres chats à fouetter, a décrété que tant que nous dépendions de la RAF, nous dépendions des règlements en vigueur chez eux. L'Amérique n'était pas en guerre à ce moment là, les Anglais n'avaient aucune obligation de nous renvoyer aux États-Unis. Cependant, peu avant fin septembre, les pontes de la RAF on estimé qu'il était préférable qu'on nous oublie quelques temps et on a été transféré dans le squadron 134... si on avait su ce qui nous attendait… Enfoiré d'Harry!
Gunter se servit un double sctoch.
- Je nous vois encore tous les trois comme des cons à l'entrée de la base de Goxhill. Le squadron leader du 134ème s'appelait Archibald Nowik, un bon bougre, mais droit comme un "i", un buveur de thé quoi. Les zings affectés à cette escadrille étaient des Hurricane, des MkIIb à 12 mitrailleuses et moteur à injection.. Pendant quelques semaines, on a fait des vols d'entraînement. Le Hurricane tournait un peu mieux que le Spitfire. Par contre, partout ailleurs il était moins bon, surtout face au Spitfire MkVb. En octobre, on a appris qu'elle était notre nouvelle affectation...p.tain quand j'y pense.
Le Colonel éclusa d'un coup sec son verre qui déposa sèchement sur le table. Je saisissais la bouteille et je le servais une nouvelle fois.
- Cet abruti d'Harry qui aimait le Hurricane est devenu copain avec Archy et il a été nommé Flight Leutnant peu de temps avant notre départ pour... Mourmansk. Oui Mister Franklin, MOURMANSK, le trou du cul de la terre au fin fond de la Sibérie. Notre escadrille faisait partie d'un contingent de renfort pour la VVS. Le 12 octobre nous avons embarqué avec les gars du Squadron 81 sur le HMS Empire. Huit jours plus tard, on a débarqué chez les fous. On est resté en Russie jusqu'en février 1942. Entre-temps, les Japs avaient fracassé Pearl Harbord et nous on était en Union soviétique à batailler contre des 109 avec des antiquités. Comme il manquait des officiers, Cbal et moi avons été nommé leader de paire. Harry est aussi monté d'un cran et a été nommé Squadron Leader. Depuis Mourmansk, on nous a transféré dans une base paumée au sud de Moscou à Mozhaisk. J'ai jamais eu aussi froid de toute ma vie que dans ce trou à rats. On avait des cabanes en bois chauffées avec un gros poêle. Harry était avec un officier anglais, le squadron leader Ejybe, Cbal et moi on partageait la même cahute. Les Hurricane étaient stationnés à l'abri et régulièrement les mécanos mettaient les moteurs en marche pour éviter que le liquide de refroidissement et l'huile ne gèlent ou figent. Question opération, il n'y avait pas d'organisation. Chaque commandant d'escadrille dépendait d'un général qui avait tout un secteur sous ses ordres. Il commandait autant l'artillerie que l'infanterie, que l'aviation. C'était un joyeux bordel, chacun faisait comme il voulait, le but étant de survivre avant tout. Les pilotes russes volaient n'importe comment, ils se paumaient, volaient par petits groupes sans coordination, attaquaient des objectifs d'opportunité, ils connaissaient des pertes énormes. Face à la Luftwaffe très structurée, ils se faisaient étriller. Des escadrilles entières sont allées au tas à cause de stratégie inappropriée. A part un ou deux, leurs officiers étaient des incapables. Archy et son second Fowly, bataillaient comme ils pouvaient pour nous éviter d'être dans le pétrin. Ils n'avaient pas leur pareil pour nous pondre des missions à la con, comme celle que nous avons faites peu avant Noël à la limite de notre rayon d'action. On avait escorté des Il2 sur une gare où était censé venir un haut ponte de la Wermacht. J'ai failli y rester ce coup là. Quelques jours avant de quitter la Russie, Harry est venu nous trouver Cbal et moi. Il avait des remords.
Kasey avait terminé les plats. Il s'était servi un café et fumait une cigarette. Adamas avait fini par s'endormir, il ronflait doucement les lunettes sur le bout du nez. Tchaikaram l'avait couché sur le divan et recouvert d'une couverture. Il s'essaya vers Kasey et moi. Il sorti sa petite pipe qu'il bourra méthodiquement. Il l'alluma en expédiant quelques volutes de fumée parfumée vers le ciel.
- Quel coin magnifique Gunter. Je crois que je pourrais y mourir l'esprit en paix.
Gunter qui avait rempli son verre à ras bord, répondit très sérieux.
- Pas tout de suite Tchaikaram, je te l'interdit d'ailleurs. D'abord Mister Franklin doit terminer son livre. Je veux que toi, Kasey et Adamas vous lisiez le manuscrit avant qu'il ne soit mis sous presse! Ce n'est pas mon histoire, mais la nôtre. Une fois que tout sera en règle chacun pourra rentrer chez lui pour y mourir tranquillement.
Il rigola.
- Bon j'en était où?
Je le relançai.
- Harry avait des remords Colonel.
Il avala une gorgé de Bourbon et reprit son histoire:
- Ouai, c'est ça, il est venu nous voir avec une sacré bonne bouteille de whisky . Il avait aussi un petit drapeau américain. Il l'a posé sur la table et on a chialé tous les trois comme des gosses. Notre pays était dans la merde et on était à l'autre bout de la terre à voler sur des Hurricane anglais. Harry nous a promis de tout faire pour que nous puissions réintégrer l'USAAF dès notre retour en Grande-Bretagne. Quelques semaines après Noël, nous sommes rentrés. Harry nous a appris que nous étions réhabilités. L'Amérique manquait cruellement de pilotes d'expérience. J'ai rejoint l'USN comme Major a San Diego et Cbal est passé Major dans l'USAAF. Il resté en Angleterre, pour organiser l'arrivée de nos B17 et des premiers P47 sur territoire Anglais. Harry pouvait également rejoindre l'USAAF, mais en tant que 1st Leutnant. Il a préféré rester dans la RAF, d'ailleurs il a eu la nationalité britannique quelques mois plus tard. A part quelques semaines de permissions par ci, par là, il n'a rejoint le Wyoming que bien plus tard, en 1946 je crois. Il a payé cher sa désertion. A son retour de russie, il s'est retrouvé au 615ème squadron qui a été envoyé en Asie pour appuyer l'offensive en Birmanie d'Auchinleck. Nous nous sommes retrouvés tous les trois en Corée. Avec son statut un peu particulier. Harry y commandait un groupe de Vampire pour la RAF. Cbal était dans une escdrille de "Sabre" et nous on avait nos Corsair... après la Corée, on s'est tous perdus de vue. Voila mon histoire, Mister Francklin. Croyez-vous qu'il sera possible de remplir un livre avec ça?
La nuit était fraîche. L'écran de mon ordinateur portable diffusait une lumière un peu irréelle. Dans l'ombre je sentais le regard du Colonel Gunter me scruter.
- Et bien ce que j'ai appris ces dernières semaines me fournira le corps du livre Colonel. Ensuite, s'il y a encore quelques anecdotes je serais preneur. Et puis, on tâchera de retrouver la liste des opérations les plus importantes auxquelles la "17" a participé. J'y collerai vos témoignages. On devrait pouvoir sortir un bon pavé...
Gunter finit son verre et se leva.
- Il faudra faire assez vite Mister Francklin. J'aimerais que chacun des gars qui est ici, puisse jeter un coup d'œil à votre ouvrage avant qu'il ne sois mis en vente.
- Je ferais au mieux Colonel.
- J'y compte bien Mister Francklin, nous sommes vieux et nous pouvons "partir" à n'importe quel moment.
Il indiqua du chef Adamas qui dormait à poings fermés. Tchaikaram s'approcha de lui. Il lui parla doucement.
- Adamas, hep Adamas, c'est l'heure, vient on rentre, tu seras mieux dans ton lit.
L'intéressé ouvrit les yeux.
- hein... quoi... ah ... oui, je viens, tu m'aides à rejoindre la voiture.
Deux jours plus tard, mon Dodge Durango de location prenait le chemin du retour...
J'avais une petite larme qui perlait au coin de l'oeil droit.
La nuit était tombée maintenant. Des millions d'étoiles crépissaient le ciel parfaitement limpide de petites lucioles blanches. Les assiettes avaient été débarrassées. Sur la table devant le perron, il ne restait que trois bouteilles de Bourbon. Le Colonel était assis dans son rocking chair face à la vallée, balançant doucement, un plaid sur les genoux. Kasey était resté à table et finissait le dessert. Tchaikaram et Adamas s'étaient installés sur un gros divan qui était adossé à la façade sous le perron. Adamas fatigué écoutait son ancien leader parler, les yeux mi-clos. Tchaikaram avait fait du thé et il s'en était servi un gros gobelet fumant. Moi j'étais assis au bout de la table, à côté de Kasey, les doigts dansants sur le clavier de mon portable, au rythme du récit de Gunter. La fameuse période entourée d'ombre... celle où il avait servi en 1941 - 1942 pour la RAF.
Il reprit.
- A Tuskegee en Alabama, le meilleur appareil école que l'USAAC avait à nous proposer était le P26. En 1939, lorsque j'y suis rentré...
Je coupais la parole à Gunter.
- L'USAAC??? Vous n'avez donc pas fait vos classes dans la Navy?
J'étais surpris.
Il ricana.
- Non M. Franklin, j'ai rejoint l'armée des États-Unis d'Amérique dans l'USAAC. Vous connaissez certainement Tuskegge, Cette base est devenue célèbre quelques années plus tard lorsque les premiers pilotes noirs y ont été formés.
Tuskegee, tu penses que je connaissais, c'est là que Cbal avait été formé.
- Bien sûr que je connais cette base Colonel. Le Colonel Cbal y a également fait ses classes.
Gunter repris.
- Oui Cbal bien sûr, on partageait la même chambre et Harry J. Flower aussi.
Je ne le connaissais pas celui là.
- Harry était un gars du Wyoming, son père était bûcheron ou un truc comme ça. Avec Cbal, on venait tous trois de milieux assez défavorisés. Je débarquais de Chicago, Cbal de la Virgine et Harry de sa montagne. Nous sommes rapidement devenus amis. Cbal était l'intello de l'équipe, y nous faisait parfois chier avec ses théories, mais en général il avait raison. Alors on se taisait. Harry et moi, c'était un peu tout le contraire. On aimait pas les chieurs…
Il rigole.
- Avec nous, les cons ne faisaient pas long feu. J'me souviens d'un californien qui faisait de la boxe française…. Sacré sport … qu'est ce que je lui ai mis au blondinet, Franck Garth qu'il s'appelait. Fin 1942, je l'ai retrouvé à San Diego. Toujours aussi con… con mais Général, ce qui n'était pas pour m'arranger… je me suis retrouvé avec la "17" et ses Birdcage en Nouvelle-Guinée… Je ne me lasserai pas de le remercier de m'avoir fait ce cadeau. A l'origine il était prévu que je rejoins la VMF32 sur le Shamrock…
Il ricane:
- A Tuskegee après quelques bagarres mémorables. On nous a mis "au fixe", Harry et moi, avec menace de radiation, si on ne se calmait pas. Il nous restait quelques semaines à tirer avant la fin de l'école. J'ai fait le poing dans la poche, Harry qui n'arrivait pas à la fermer, a envoyé sur les roses Mc Gregor, le commandant de la base. Il en a profité pour le foutre dehors et l'obliger à finir son service sous les drapeaux dans une unité d'infanterie en Floride. Sur le chemin qui le menait vers les Everglades, Harry a déserté. Il a rejoint New-York, et a embarqué, je ne sais pas trop comment sur un cargo à destination de l'Angleterre avec la ferme intention de rejoindre la RAF qui avait un gros besoin de pilotes après la bataille d'Angleterre. On était en juin 1941. A quelques miles de la côte écossaise, le cargo sur lequel il se trouvait a été coulé. L'équipage et les passagers du bateau ont été récupérés par la Home Fleet. Harry qui avait perdu toutes ses affaires dans le naufrage, a passé les contrôles sans difficulté. Il a rejoint le squadron 71, le fameux "Eagle Squadron" où tous les volontaires américains étaient affectés. J'y étais avec Cbal, c'est d'ailleurs là que j'ai fait connaissance avec le Spitfire. Lorsque Harry est arrivé ce fut quand même un petit choc. On savait qu'il ne devait pas se trouver là. Il nous a mis dans le secret et on a fermé nos gueules. Seulement, au lieu de rester discret, et d'adopter un profil bas, il a fait la star cet imbécile. Après avoir décroché ses deux premières victoires, la presse américaine a commencé de parler de lui. Ca a fait un sacré ramdam aux États-Unis. L'Etat-Major de l'USAAC voulait le récupérer pour le juger. Ca a été un sacré merdier. La Grande-Bretagne qui avait besoin urgent de pilotes ne voulait pas le renvoyer aux USA. Finalement, en septembre, alors que ça cartonnait sec sur la côte Sud, deux inspecteurs de l'USAAC sont venus auditionner Harry et faire une enquête. Ils ont rapidement découvert que Cbal et moi on était dans le secret. Ca sentait le caca pour nous aussi. Dowding qui avait d'autres chats à fouetter, a décrété que tant que nous dépendions de la RAF, nous dépendions des règlements en vigueur chez eux. L'Amérique n'était pas en guerre à ce moment là, les Anglais n'avaient aucune obligation de nous renvoyer aux États-Unis. Cependant, peu avant fin septembre, les pontes de la RAF on estimé qu'il était préférable qu'on nous oublie quelques temps et on a été transféré dans le squadron 134... si on avait su ce qui nous attendait… Enfoiré d'Harry!
Gunter se servit un double sctoch.
- Je nous vois encore tous les trois comme des cons à l'entrée de la base de Goxhill. Le squadron leader du 134ème s'appelait Archibald Nowik, un bon bougre, mais droit comme un "i", un buveur de thé quoi. Les zings affectés à cette escadrille étaient des Hurricane, des MkIIb à 12 mitrailleuses et moteur à injection.. Pendant quelques semaines, on a fait des vols d'entraînement. Le Hurricane tournait un peu mieux que le Spitfire. Par contre, partout ailleurs il était moins bon, surtout face au Spitfire MkVb. En octobre, on a appris qu'elle était notre nouvelle affectation...p.tain quand j'y pense.
Le Colonel éclusa d'un coup sec son verre qui déposa sèchement sur le table. Je saisissais la bouteille et je le servais une nouvelle fois.
- Cet abruti d'Harry qui aimait le Hurricane est devenu copain avec Archy et il a été nommé Flight Leutnant peu de temps avant notre départ pour... Mourmansk. Oui Mister Franklin, MOURMANSK, le trou du cul de la terre au fin fond de la Sibérie. Notre escadrille faisait partie d'un contingent de renfort pour la VVS. Le 12 octobre nous avons embarqué avec les gars du Squadron 81 sur le HMS Empire. Huit jours plus tard, on a débarqué chez les fous. On est resté en Russie jusqu'en février 1942. Entre-temps, les Japs avaient fracassé Pearl Harbord et nous on était en Union soviétique à batailler contre des 109 avec des antiquités. Comme il manquait des officiers, Cbal et moi avons été nommé leader de paire. Harry est aussi monté d'un cran et a été nommé Squadron Leader. Depuis Mourmansk, on nous a transféré dans une base paumée au sud de Moscou à Mozhaisk. J'ai jamais eu aussi froid de toute ma vie que dans ce trou à rats. On avait des cabanes en bois chauffées avec un gros poêle. Harry était avec un officier anglais, le squadron leader Ejybe, Cbal et moi on partageait la même cahute. Les Hurricane étaient stationnés à l'abri et régulièrement les mécanos mettaient les moteurs en marche pour éviter que le liquide de refroidissement et l'huile ne gèlent ou figent. Question opération, il n'y avait pas d'organisation. Chaque commandant d'escadrille dépendait d'un général qui avait tout un secteur sous ses ordres. Il commandait autant l'artillerie que l'infanterie, que l'aviation. C'était un joyeux bordel, chacun faisait comme il voulait, le but étant de survivre avant tout. Les pilotes russes volaient n'importe comment, ils se paumaient, volaient par petits groupes sans coordination, attaquaient des objectifs d'opportunité, ils connaissaient des pertes énormes. Face à la Luftwaffe très structurée, ils se faisaient étriller. Des escadrilles entières sont allées au tas à cause de stratégie inappropriée. A part un ou deux, leurs officiers étaient des incapables. Archy et son second Fowly, bataillaient comme ils pouvaient pour nous éviter d'être dans le pétrin. Ils n'avaient pas leur pareil pour nous pondre des missions à la con, comme celle que nous avons faites peu avant Noël à la limite de notre rayon d'action. On avait escorté des Il2 sur une gare où était censé venir un haut ponte de la Wermacht. J'ai failli y rester ce coup là. Quelques jours avant de quitter la Russie, Harry est venu nous trouver Cbal et moi. Il avait des remords.
Kasey avait terminé les plats. Il s'était servi un café et fumait une cigarette. Adamas avait fini par s'endormir, il ronflait doucement les lunettes sur le bout du nez. Tchaikaram l'avait couché sur le divan et recouvert d'une couverture. Il s'essaya vers Kasey et moi. Il sorti sa petite pipe qu'il bourra méthodiquement. Il l'alluma en expédiant quelques volutes de fumée parfumée vers le ciel.
- Quel coin magnifique Gunter. Je crois que je pourrais y mourir l'esprit en paix.
Gunter qui avait rempli son verre à ras bord, répondit très sérieux.
- Pas tout de suite Tchaikaram, je te l'interdit d'ailleurs. D'abord Mister Franklin doit terminer son livre. Je veux que toi, Kasey et Adamas vous lisiez le manuscrit avant qu'il ne soit mis sous presse! Ce n'est pas mon histoire, mais la nôtre. Une fois que tout sera en règle chacun pourra rentrer chez lui pour y mourir tranquillement.
Il rigola.
- Bon j'en était où?
Je le relançai.
- Harry avait des remords Colonel.
Il avala une gorgé de Bourbon et reprit son histoire:
- Ouai, c'est ça, il est venu nous voir avec une sacré bonne bouteille de whisky . Il avait aussi un petit drapeau américain. Il l'a posé sur la table et on a chialé tous les trois comme des gosses. Notre pays était dans la merde et on était à l'autre bout de la terre à voler sur des Hurricane anglais. Harry nous a promis de tout faire pour que nous puissions réintégrer l'USAAF dès notre retour en Grande-Bretagne. Quelques semaines après Noël, nous sommes rentrés. Harry nous a appris que nous étions réhabilités. L'Amérique manquait cruellement de pilotes d'expérience. J'ai rejoint l'USN comme Major a San Diego et Cbal est passé Major dans l'USAAF. Il resté en Angleterre, pour organiser l'arrivée de nos B17 et des premiers P47 sur territoire Anglais. Harry pouvait également rejoindre l'USAAF, mais en tant que 1st Leutnant. Il a préféré rester dans la RAF, d'ailleurs il a eu la nationalité britannique quelques mois plus tard. A part quelques semaines de permissions par ci, par là, il n'a rejoint le Wyoming que bien plus tard, en 1946 je crois. Il a payé cher sa désertion. A son retour de russie, il s'est retrouvé au 615ème squadron qui a été envoyé en Asie pour appuyer l'offensive en Birmanie d'Auchinleck. Nous nous sommes retrouvés tous les trois en Corée. Avec son statut un peu particulier. Harry y commandait un groupe de Vampire pour la RAF. Cbal était dans une escdrille de "Sabre" et nous on avait nos Corsair... après la Corée, on s'est tous perdus de vue. Voila mon histoire, Mister Francklin. Croyez-vous qu'il sera possible de remplir un livre avec ça?
La nuit était fraîche. L'écran de mon ordinateur portable diffusait une lumière un peu irréelle. Dans l'ombre je sentais le regard du Colonel Gunter me scruter.
- Et bien ce que j'ai appris ces dernières semaines me fournira le corps du livre Colonel. Ensuite, s'il y a encore quelques anecdotes je serais preneur. Et puis, on tâchera de retrouver la liste des opérations les plus importantes auxquelles la "17" a participé. J'y collerai vos témoignages. On devrait pouvoir sortir un bon pavé...
Gunter finit son verre et se leva.
- Il faudra faire assez vite Mister Francklin. J'aimerais que chacun des gars qui est ici, puisse jeter un coup d'œil à votre ouvrage avant qu'il ne sois mis en vente.
- Je ferais au mieux Colonel.
- J'y compte bien Mister Francklin, nous sommes vieux et nous pouvons "partir" à n'importe quel moment.
Il indiqua du chef Adamas qui dormait à poings fermés. Tchaikaram s'approcha de lui. Il lui parla doucement.
- Adamas, hep Adamas, c'est l'heure, vient on rentre, tu seras mieux dans ton lit.
L'intéressé ouvrit les yeux.
- hein... quoi... ah ... oui, je viens, tu m'aides à rejoindre la voiture.
Deux jours plus tard, mon Dodge Durango de location prenait le chemin du retour...
J'avais une petite larme qui perlait au coin de l'oeil droit.
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Deux mois s'étaient déroulés depuis mon retour à la "civilisation".
...8 Corsair parfaitement échelonnés étaient alignés derrière celui de Gunter. Cela faisait maintenant une bonne heure que l'on volait avec nos bombes de 1000 lbs sous le ventre. Plus bas, les boxes de B25 suivaient, impassibles, leur cap. Notre objectif, un point de débarquement près de Buna sur Oro Bay. Les bombardiers devaient s'occuper du port et nous, des éventuels navires de guerre qui ne manqueraient pas de se trouver amarrés dans le secteur. On avait une double mission, escorte et neutralisation des bâtiments ou de la DCA qui pourraient opérer dans le secteur.
Un café à la main, je relisais le témoignage du Lt Adamas une dernière fois.
... environ 10 minutes avant l'objectif, nous avons accéléré afin de devancer de quelques minutes les bimoteurs. Enfin les premiers moutons de noirs de DCA commençaient de nous encadrer. En bas, on découvrait avec stupeur que les Japonais, ne s'étaient pas contenté de créer un point de débarquement, ils avaient carrément construit un port! Le Colonel Gunter avisait le leader des bombardiers de la situation. En ce qui nous concernait, en bas deux formes oblongues et grises, parfois parsemées de petits éclairs attiraient notre attention. Des destroyers japonais.
- De Leader à tous. On attaque par paire. Les autres restent en haut et attendent le résultat avant d'entamer votre attaque.
Quelques minutes plus tard, c'est à mon tour, je file plein gaz derrière Kasey qui s'aligne sur le destroyer le plus au Sud dans la rade. des traçantes remontent vers nous depuis les bateaux mais aussi depuis le port, mais je ne vois qu'une chose, ce long cigare fin et gris d'où des traçantes filent maintenant vers nous. J'ai le souffle court, de la sueur coule le long de mon cou, la différence de pression due au changement rapide d'altitude me bouche les oreilles. Le point central de mon viseur est ajusté sur la proue du navire. Le sifflement hurlant au travers des volets de refroidissement du capot moteur, machinalement, d'un geste rapide je passe le compresseur en position une, toujours à tâtons, j'empoigne la commande de largage d'une main ferme.... 2000 .... 1500....1000... la structure de mon Corsair se met à vibrer... encore quelques secondes. A présent, je distingue, la superstructure du navire, ses tourelles, son château et les cheminées. A cette distance je ne peux pas le louper. Clong... le largage des bombes allègent mon appareil qui fait un bon et remonte comme une balle dans le ciel lumineux. Explosion! Une gerbe d'eau, ce sont les bombes de Kasey, une seule touche le bâtiment. Je suis en ressource... j'entends le fracas de mes bombes, un regard en arrière, elles ont touché le bateau. Voile noir, je réduis mon taux de montée, j'ai envie de vomir. Je ravale ma salive. Je suis maintenant inscrit dans un virage gauche, nouveau voile. Soudainement, un terrible fracas, l'espace d'un instant, les commandes de mon Corsair sont molles. Je jette un oeil à mon altimètre et à mon badin, mais le tableau de bord est fracassé. La plupart des instruments son détruits. Je reprends mes esprits, un coup d'œil à l'arrière, pas d'avion ennemi, c'est la DCA qui m'a touché. D'ailleurs elle continue de s'acharner sur moi. Ma manœuvre m'a ramené vers l'un des destroyer. Je constate que malgré les dommages que nos bombes lui aient fait subir, les servants continuent de tirer. Je m'éloigne au plus vite. En sécurité, je fais la check liste de mes dégâts. La plupart de mes instruments sont endommagés et ma radio est morte. Mon aile droite est criblée de trous. Le moteur et les commandes ne semblent pas trop touchées quoique j'ai un flottement dans la dérive. Le plus inquiétant, un long panache blanc prolonge l'arrière de mon chasseur; perte de carburant. La jauge étant détruite impossible de savoir quelle quantité de carburant il me reste. Mon compas et ma boussole sont fichus, mais j'emporte toujours avec moi ma boussole portable. Je la fixe autour de ma jambe gauche avec une sangle en cuir. Je prends un cap Sud-Ouest qui devrait me ramener vers Port Moresby. Je vole à 1500 mètres, il va falloir traverser le Mont Owen Stanley culminant à 3000 Reste à savoir si mon précieux carburant me permet d'y arriver. Un peu plus tard, Kasey s'approche de mon appareil, nous communiquons par signes. Il comprend que je suis sans radio, il m'indique qu'il reste avec moi et qu'il va m'indiquer le chemin. Je respire, je me sens moins seul. Devant moi, le Mt Owen Stanley se dresse menaçant. En cette fin de journée, le soleil couchant joue avec les ombres, donnant un aspect inquiétant à cette foutue colline qu'il nous faut chaque fois survoler, à la portée des armes légères des escouades japonaises . Je réduis le pas d'hélice et la richesse, j'incline doucement le Corsair. Faut qu'il monte en consommant le moins possible. Faut que je passe au moins la montagne, de l'autre côté, la ligne de front n'est pas loin, je pourrais toujours m'éjecter, mais ici, ça serait la catastrophe. Ce secteur de la jungle appartient aux troupes japonaises. Je n'ai qu'une maigre instruction en ce qui concerne la survie en territoire hostile. Et toujours pas d'avions japonais dans le secteur. je me dis que j'ai quand même de la chance dans mon malheur. La photo de ma fiancée souriante sur le tableau de bord, je n'ose affronter son regard charmeur. Je la retire de son support et la glisse dans ma poche. Machinalement, je vérifie les sangles de mon parachute, je contrôle la fermeture de la gaine de cal. 45... Anxieux, j'essaye d'actionner le système d'ouverture de ma verrière... ouf ça a l'air de fonctionner, je laisse ouvert. Je me penche à l'extérieur pour essayer de juger l'importance des dégâts. le réservoir principal n'a pas l'air touché. C'est un des réservoirs d'aile qui perd du carburant. Je me penche vers l'arrière et constate avec effroi qu'il manque un énorme bout de fuselage à un mètre derrière le fuselage. Les batteries principales sont détruites, je ne marche plus que sur les auxiliaires, normal que mes instruments ne fonctionnent pas. Kasey est toujours là dans mes 11 heures 1000 mètres en dessus, m'indiquant le plus court chemin. Où sont les autres? La mission a réussi? C'est bien le moment de me poser ce genre de questions. Je n'ose pas essayer mon train d'atterrissage de peur de ne plus pouvoir le rentrer. En dessous de mes ailes, enfin le sommet du Mont Owen. Au loin, à l'horizon il doit y avoir notre base, j'ai une grosse bouffée d'optimisme. En dessous, c'est une espèce de nomansland où les Australiens et les Japonais se livrent à des escarmouches. C'est le moment où mon moteur décide d'avoir une première ratée. Imperceptible, mais je l'ai bien ressentie, suivie d'un petit ralentissement. Mon cœur bat la chamade. Je perds de la vitesse, j'ai encore du chemin à faire avant d'être en sécurité. Je me penche pour regarder le sol. Nous longeons la fameuse route de Kokoda qui traverse la montagne. De temps à autre, apparaît une carcasse de camions britanniques ou japonais. Mais point de mouvements. L'accès est trop dangereux et le bruit de mon moteur doit inquiéter les fantassins ou tankistes qui attendent le bon moment pour reprendre leur chemin en direction des quelques unités bataillant dans le secteur.
Mon moteur a de nouveau une ratée, cette fois elle était nettement perceptible. Cinq minutes plus tard, je suis entouré pour seuls bruits, le vent s'engouffrant dans le cockpit, le sifflement de l'hélice et une espèce de clang clang derrière ma tête. Un panneau d'aluminium entier s'est détaché et tape en rythme le fuselage. Je suis trop bas pour sauter, mais je devrais pouvoir tenter un atterrissage sur le ventre sur la route ou ses abords partiellement dégagés. J'aperçois un tronçon rectiligne. J'aligne le Corsair qui doit encore filer à au moins 300 km/h. A 100 mètres du sol, je m'aperçois avec horreur que la route et ses alentours sont jonchés de carcasses de camions ou de blindés. Devant mon capot apparaît soudainement une colonne en mouvement. Je n'ai pas le temps, d'identifier son origine, mais comme elle se dirige vers le Nord, j'ose espérer qu'ils sont des nôtres. Au-dessus de moi, le Corsair de Kasey continue de tourner. Je passe in extremis au-dessus de plusieurs véhicules, il y a des soldats qui se jettent dans le fossé. J'y crois pas, on ne voit pratiquement jamais de mouvement sur cette p.tain de route et voilà qu'au moment où je dois m'y vacher en urgence, je tombe en plein sur une colonne motorisée. J'ai sorti les volets, je ne connais pas ma vitesse, mais elle de toute façon beaucoup trop élevée. Dans un bruit effroyable de tôle froissée, mon Corsair heurte le sol avec brutalité. Les sangles que j'avais tendues juste avant de débuter ma manœuvre, me scient les épaules, ma tête part en avant et frôle le collimateur. L'avion part du nez, j'ai l'impression qu'il va basculer sur le dos. J'ai les deux mains contre le tableau de bord. Saloperie, tu vas t'arrêter oui! Le temps semble s'éterniser. Pourvu qu'il ne pique pas feu. Le Corsair quitte la route à gauche, traverse une zone herbeuse. L'aile droite heurte un blindé calciné, l'appareil fait un demi-tour violent et s'immobilise enfin a quelques mètres des premiers arbres de la jungle. Tremblant, comme une feuille. J'essaye maladroitement de décrocher mon harnais. Ma verrière a été arrachée, je ne sais trop comment et je perçois maintenant nettement les sons de la forêt tropicale. en arrière fond, je devine des bruits de moteur, des gens qui crient et qui court. Je suis cassé, je n'arrive plus à bouger. Ca y est le premier soldat arrive à ma hauteur. Il a une tête toute rouge, il est rouquin et il sent la transpiration, pas de doute, c'est un Anglais. Je suis sauvé. Un deuxième arrive avec son casque en forme de galette. Vive la Reine d'Angleterre et les Anglais.
Les voix me semblent lointaines, il ne faut pas qu'il brûle, sortez-moi de là avant qu'il ne brûle!
- Hein, qu'est ce qu'il dit... vive la reine d'Angleterre?!
Rire.
- Foutez-vous de ça Robson, il délire! Sortons-le de là, avant que les Japs alertés par tout ce ramdam se pointent dans le coin.
Je sens un objet passer sous les sangles qui me retiennent au siège. D'un seul coup je suis libéré, j'aimerai aider mes sauveurs à quitter ce piège, mais je suis parfaitement incapable de faire le moindre mouvement. Une sensation gluante sur le côté gauche de la tête révèle une blessure... merde, je suis blessé. Mon regard est trouble mais j'aperçois les restes de mon Corsair. Une bonne partie du fuselage s'est détachée ainsi que l'aile droite. Il ne reste qu'une carcasse fumante de mon valeureux chasseur. Chiez Gunter va encore gueuler parce que j'ai bousillé un avion. On m'assied près d'un petit blindé. Un type qui doit être infirmier ou médecin a sorti d'une trousse de soins, de la gaze qu'il imbibe d'alcool. Il nettoie ma plaie tout en me parlant.
- Et bien Lieutenant, on dirait que vous avez eu une sacré p.tain de chance aujourd'hui? Hein? Vous m'entendez?
J'essaye de parler le plus clairement possible. L'alcool sur ma plaie me fait hurler.
- Et merde toubib! Allez-y doucement, ça réveille un mort vot' truc là!
Je suis presque réveillé. J'essaye de me relever.
- Attendez Lieutenant, vous n'êtes pas encore en forme pour vous lever. On va vous transporter dans un véhicule sanitaire.
Je réalise que le gars qui est en face de moi a un accent effroyable. Ma vue est redevenue nette.
- Merci l'ami. Au fait, vous êtes de quelle arme?
- 4ème brigade blindée du corps expéditionnaire australien Sir. Je suis le capitaine Dwight.
Je reprenais lentement mes esprits et quelques heures plus tard, mon état me permit de rejoindre une jeep plutôt que le petit camion servant au transport des blessés. J'apprenais que cette colonne se rendait dans la région de Kokoda pour tenter de reprendre la base aérienne capturée par les Japonais quelques mois auparavant. Le problème c'est que les Australiens filent vers le Nord et que moi j'aimerai aller vers le Sud. En plus, je n'ai aucun moyen pour informer les copains que j'ai survécu à mon crash. J'ai perçu l'avion de Kasey mais je pense qu'il commençait d'être à court de carburant et il a fini par rentrer.
Heureusement 4 jours plus tard, grâce à une colonne rentrant avec des blessés sur Port-Moresby, j'ai pu rejoindre mon unité 10 jours après mon accident. Tout le monde a cru que j'étais mort. Il a fallu envoyer un télégramme aux Etats-Unis pour que qu'on intercepte la lettre d'annonce de mon décès destinée à mes parents avant qu'elle n'arrive à destination. Mais le pire ça a été de récupérer mes affaires qui avaient déjà été réparties entre les autres pilotes.
Doucement je fermais le livre. Ainsi s'achevait le premier paragraphe de leur tour d'opérations en Nouvelle-Guinée. Sur la couverture, on trouvait une photo de l'époque. Le Colonel Gunter et ses pilotes devant un Corsair. La photo avait été prise sur leur base en Nouvelle-Guinée. Je glissais le livre dans ma serviette et quelques minutes plus tard, un taxi me transportait à l'aéroport où un avion m'attendait à destination de la Virginie. Le Colonel Gunter avait tenu à étudier et lire le manuscrit avant la mise sous presse. Aujourd'hui, je lui livrais en mains propres le premier ouvrage. Je refaisais le chemin parcouru quelques mois auparavant. Les champs de maïs avaient mûri et de gros épis dorés battaient maintenant au rythme d'une brise légère et tiède. J'avais remplacé le Durango par une Jeep Grand Cherokee et toujours sur le siège ma serviette rapiécée. Bientôt, au détour d'une colline apparu Crymson Ranch et sa façade immaculée. Au bas de la colline, l'usine d'emballage et ses cheminées rejetant des vapeurs d'arachide et là bas au loin, invisible, Red Stone; sa cabane et son point de vue de rêve. J'empruntais la route serpentant et bientôt je stationnais ma voiture de location dans la cours. Spencer m'accueillait avec le sourire.
- Et bien Monsieur Francklin, je vous installe dans votre chambre habituelle. La famille Gunter est en tournée d'inspection. Ils vous convient au souper. Vous resterez bien parmi nous.
Il me fit un clin d'œil.
Oui, j'allais rester à Crymson Ranch, j'avais de toute façon encore une carte à jouer... la dernière avant de me retirer.
...8 Corsair parfaitement échelonnés étaient alignés derrière celui de Gunter. Cela faisait maintenant une bonne heure que l'on volait avec nos bombes de 1000 lbs sous le ventre. Plus bas, les boxes de B25 suivaient, impassibles, leur cap. Notre objectif, un point de débarquement près de Buna sur Oro Bay. Les bombardiers devaient s'occuper du port et nous, des éventuels navires de guerre qui ne manqueraient pas de se trouver amarrés dans le secteur. On avait une double mission, escorte et neutralisation des bâtiments ou de la DCA qui pourraient opérer dans le secteur.
Un café à la main, je relisais le témoignage du Lt Adamas une dernière fois.
... environ 10 minutes avant l'objectif, nous avons accéléré afin de devancer de quelques minutes les bimoteurs. Enfin les premiers moutons de noirs de DCA commençaient de nous encadrer. En bas, on découvrait avec stupeur que les Japonais, ne s'étaient pas contenté de créer un point de débarquement, ils avaient carrément construit un port! Le Colonel Gunter avisait le leader des bombardiers de la situation. En ce qui nous concernait, en bas deux formes oblongues et grises, parfois parsemées de petits éclairs attiraient notre attention. Des destroyers japonais.
- De Leader à tous. On attaque par paire. Les autres restent en haut et attendent le résultat avant d'entamer votre attaque.
Quelques minutes plus tard, c'est à mon tour, je file plein gaz derrière Kasey qui s'aligne sur le destroyer le plus au Sud dans la rade. des traçantes remontent vers nous depuis les bateaux mais aussi depuis le port, mais je ne vois qu'une chose, ce long cigare fin et gris d'où des traçantes filent maintenant vers nous. J'ai le souffle court, de la sueur coule le long de mon cou, la différence de pression due au changement rapide d'altitude me bouche les oreilles. Le point central de mon viseur est ajusté sur la proue du navire. Le sifflement hurlant au travers des volets de refroidissement du capot moteur, machinalement, d'un geste rapide je passe le compresseur en position une, toujours à tâtons, j'empoigne la commande de largage d'une main ferme.... 2000 .... 1500....1000... la structure de mon Corsair se met à vibrer... encore quelques secondes. A présent, je distingue, la superstructure du navire, ses tourelles, son château et les cheminées. A cette distance je ne peux pas le louper. Clong... le largage des bombes allègent mon appareil qui fait un bon et remonte comme une balle dans le ciel lumineux. Explosion! Une gerbe d'eau, ce sont les bombes de Kasey, une seule touche le bâtiment. Je suis en ressource... j'entends le fracas de mes bombes, un regard en arrière, elles ont touché le bateau. Voile noir, je réduis mon taux de montée, j'ai envie de vomir. Je ravale ma salive. Je suis maintenant inscrit dans un virage gauche, nouveau voile. Soudainement, un terrible fracas, l'espace d'un instant, les commandes de mon Corsair sont molles. Je jette un oeil à mon altimètre et à mon badin, mais le tableau de bord est fracassé. La plupart des instruments son détruits. Je reprends mes esprits, un coup d'œil à l'arrière, pas d'avion ennemi, c'est la DCA qui m'a touché. D'ailleurs elle continue de s'acharner sur moi. Ma manœuvre m'a ramené vers l'un des destroyer. Je constate que malgré les dommages que nos bombes lui aient fait subir, les servants continuent de tirer. Je m'éloigne au plus vite. En sécurité, je fais la check liste de mes dégâts. La plupart de mes instruments sont endommagés et ma radio est morte. Mon aile droite est criblée de trous. Le moteur et les commandes ne semblent pas trop touchées quoique j'ai un flottement dans la dérive. Le plus inquiétant, un long panache blanc prolonge l'arrière de mon chasseur; perte de carburant. La jauge étant détruite impossible de savoir quelle quantité de carburant il me reste. Mon compas et ma boussole sont fichus, mais j'emporte toujours avec moi ma boussole portable. Je la fixe autour de ma jambe gauche avec une sangle en cuir. Je prends un cap Sud-Ouest qui devrait me ramener vers Port Moresby. Je vole à 1500 mètres, il va falloir traverser le Mont Owen Stanley culminant à 3000 Reste à savoir si mon précieux carburant me permet d'y arriver. Un peu plus tard, Kasey s'approche de mon appareil, nous communiquons par signes. Il comprend que je suis sans radio, il m'indique qu'il reste avec moi et qu'il va m'indiquer le chemin. Je respire, je me sens moins seul. Devant moi, le Mt Owen Stanley se dresse menaçant. En cette fin de journée, le soleil couchant joue avec les ombres, donnant un aspect inquiétant à cette foutue colline qu'il nous faut chaque fois survoler, à la portée des armes légères des escouades japonaises . Je réduis le pas d'hélice et la richesse, j'incline doucement le Corsair. Faut qu'il monte en consommant le moins possible. Faut que je passe au moins la montagne, de l'autre côté, la ligne de front n'est pas loin, je pourrais toujours m'éjecter, mais ici, ça serait la catastrophe. Ce secteur de la jungle appartient aux troupes japonaises. Je n'ai qu'une maigre instruction en ce qui concerne la survie en territoire hostile. Et toujours pas d'avions japonais dans le secteur. je me dis que j'ai quand même de la chance dans mon malheur. La photo de ma fiancée souriante sur le tableau de bord, je n'ose affronter son regard charmeur. Je la retire de son support et la glisse dans ma poche. Machinalement, je vérifie les sangles de mon parachute, je contrôle la fermeture de la gaine de cal. 45... Anxieux, j'essaye d'actionner le système d'ouverture de ma verrière... ouf ça a l'air de fonctionner, je laisse ouvert. Je me penche à l'extérieur pour essayer de juger l'importance des dégâts. le réservoir principal n'a pas l'air touché. C'est un des réservoirs d'aile qui perd du carburant. Je me penche vers l'arrière et constate avec effroi qu'il manque un énorme bout de fuselage à un mètre derrière le fuselage. Les batteries principales sont détruites, je ne marche plus que sur les auxiliaires, normal que mes instruments ne fonctionnent pas. Kasey est toujours là dans mes 11 heures 1000 mètres en dessus, m'indiquant le plus court chemin. Où sont les autres? La mission a réussi? C'est bien le moment de me poser ce genre de questions. Je n'ose pas essayer mon train d'atterrissage de peur de ne plus pouvoir le rentrer. En dessous de mes ailes, enfin le sommet du Mont Owen. Au loin, à l'horizon il doit y avoir notre base, j'ai une grosse bouffée d'optimisme. En dessous, c'est une espèce de nomansland où les Australiens et les Japonais se livrent à des escarmouches. C'est le moment où mon moteur décide d'avoir une première ratée. Imperceptible, mais je l'ai bien ressentie, suivie d'un petit ralentissement. Mon cœur bat la chamade. Je perds de la vitesse, j'ai encore du chemin à faire avant d'être en sécurité. Je me penche pour regarder le sol. Nous longeons la fameuse route de Kokoda qui traverse la montagne. De temps à autre, apparaît une carcasse de camions britanniques ou japonais. Mais point de mouvements. L'accès est trop dangereux et le bruit de mon moteur doit inquiéter les fantassins ou tankistes qui attendent le bon moment pour reprendre leur chemin en direction des quelques unités bataillant dans le secteur.
Mon moteur a de nouveau une ratée, cette fois elle était nettement perceptible. Cinq minutes plus tard, je suis entouré pour seuls bruits, le vent s'engouffrant dans le cockpit, le sifflement de l'hélice et une espèce de clang clang derrière ma tête. Un panneau d'aluminium entier s'est détaché et tape en rythme le fuselage. Je suis trop bas pour sauter, mais je devrais pouvoir tenter un atterrissage sur le ventre sur la route ou ses abords partiellement dégagés. J'aperçois un tronçon rectiligne. J'aligne le Corsair qui doit encore filer à au moins 300 km/h. A 100 mètres du sol, je m'aperçois avec horreur que la route et ses alentours sont jonchés de carcasses de camions ou de blindés. Devant mon capot apparaît soudainement une colonne en mouvement. Je n'ai pas le temps, d'identifier son origine, mais comme elle se dirige vers le Nord, j'ose espérer qu'ils sont des nôtres. Au-dessus de moi, le Corsair de Kasey continue de tourner. Je passe in extremis au-dessus de plusieurs véhicules, il y a des soldats qui se jettent dans le fossé. J'y crois pas, on ne voit pratiquement jamais de mouvement sur cette p.tain de route et voilà qu'au moment où je dois m'y vacher en urgence, je tombe en plein sur une colonne motorisée. J'ai sorti les volets, je ne connais pas ma vitesse, mais elle de toute façon beaucoup trop élevée. Dans un bruit effroyable de tôle froissée, mon Corsair heurte le sol avec brutalité. Les sangles que j'avais tendues juste avant de débuter ma manœuvre, me scient les épaules, ma tête part en avant et frôle le collimateur. L'avion part du nez, j'ai l'impression qu'il va basculer sur le dos. J'ai les deux mains contre le tableau de bord. Saloperie, tu vas t'arrêter oui! Le temps semble s'éterniser. Pourvu qu'il ne pique pas feu. Le Corsair quitte la route à gauche, traverse une zone herbeuse. L'aile droite heurte un blindé calciné, l'appareil fait un demi-tour violent et s'immobilise enfin a quelques mètres des premiers arbres de la jungle. Tremblant, comme une feuille. J'essaye maladroitement de décrocher mon harnais. Ma verrière a été arrachée, je ne sais trop comment et je perçois maintenant nettement les sons de la forêt tropicale. en arrière fond, je devine des bruits de moteur, des gens qui crient et qui court. Je suis cassé, je n'arrive plus à bouger. Ca y est le premier soldat arrive à ma hauteur. Il a une tête toute rouge, il est rouquin et il sent la transpiration, pas de doute, c'est un Anglais. Je suis sauvé. Un deuxième arrive avec son casque en forme de galette. Vive la Reine d'Angleterre et les Anglais.
Les voix me semblent lointaines, il ne faut pas qu'il brûle, sortez-moi de là avant qu'il ne brûle!
- Hein, qu'est ce qu'il dit... vive la reine d'Angleterre?!
Rire.
- Foutez-vous de ça Robson, il délire! Sortons-le de là, avant que les Japs alertés par tout ce ramdam se pointent dans le coin.
Je sens un objet passer sous les sangles qui me retiennent au siège. D'un seul coup je suis libéré, j'aimerai aider mes sauveurs à quitter ce piège, mais je suis parfaitement incapable de faire le moindre mouvement. Une sensation gluante sur le côté gauche de la tête révèle une blessure... merde, je suis blessé. Mon regard est trouble mais j'aperçois les restes de mon Corsair. Une bonne partie du fuselage s'est détachée ainsi que l'aile droite. Il ne reste qu'une carcasse fumante de mon valeureux chasseur. Chiez Gunter va encore gueuler parce que j'ai bousillé un avion. On m'assied près d'un petit blindé. Un type qui doit être infirmier ou médecin a sorti d'une trousse de soins, de la gaze qu'il imbibe d'alcool. Il nettoie ma plaie tout en me parlant.
- Et bien Lieutenant, on dirait que vous avez eu une sacré p.tain de chance aujourd'hui? Hein? Vous m'entendez?
J'essaye de parler le plus clairement possible. L'alcool sur ma plaie me fait hurler.
- Et merde toubib! Allez-y doucement, ça réveille un mort vot' truc là!
Je suis presque réveillé. J'essaye de me relever.
- Attendez Lieutenant, vous n'êtes pas encore en forme pour vous lever. On va vous transporter dans un véhicule sanitaire.
Je réalise que le gars qui est en face de moi a un accent effroyable. Ma vue est redevenue nette.
- Merci l'ami. Au fait, vous êtes de quelle arme?
- 4ème brigade blindée du corps expéditionnaire australien Sir. Je suis le capitaine Dwight.
Je reprenais lentement mes esprits et quelques heures plus tard, mon état me permit de rejoindre une jeep plutôt que le petit camion servant au transport des blessés. J'apprenais que cette colonne se rendait dans la région de Kokoda pour tenter de reprendre la base aérienne capturée par les Japonais quelques mois auparavant. Le problème c'est que les Australiens filent vers le Nord et que moi j'aimerai aller vers le Sud. En plus, je n'ai aucun moyen pour informer les copains que j'ai survécu à mon crash. J'ai perçu l'avion de Kasey mais je pense qu'il commençait d'être à court de carburant et il a fini par rentrer.
Heureusement 4 jours plus tard, grâce à une colonne rentrant avec des blessés sur Port-Moresby, j'ai pu rejoindre mon unité 10 jours après mon accident. Tout le monde a cru que j'étais mort. Il a fallu envoyer un télégramme aux Etats-Unis pour que qu'on intercepte la lettre d'annonce de mon décès destinée à mes parents avant qu'elle n'arrive à destination. Mais le pire ça a été de récupérer mes affaires qui avaient déjà été réparties entre les autres pilotes.
Doucement je fermais le livre. Ainsi s'achevait le premier paragraphe de leur tour d'opérations en Nouvelle-Guinée. Sur la couverture, on trouvait une photo de l'époque. Le Colonel Gunter et ses pilotes devant un Corsair. La photo avait été prise sur leur base en Nouvelle-Guinée. Je glissais le livre dans ma serviette et quelques minutes plus tard, un taxi me transportait à l'aéroport où un avion m'attendait à destination de la Virginie. Le Colonel Gunter avait tenu à étudier et lire le manuscrit avant la mise sous presse. Aujourd'hui, je lui livrais en mains propres le premier ouvrage. Je refaisais le chemin parcouru quelques mois auparavant. Les champs de maïs avaient mûri et de gros épis dorés battaient maintenant au rythme d'une brise légère et tiède. J'avais remplacé le Durango par une Jeep Grand Cherokee et toujours sur le siège ma serviette rapiécée. Bientôt, au détour d'une colline apparu Crymson Ranch et sa façade immaculée. Au bas de la colline, l'usine d'emballage et ses cheminées rejetant des vapeurs d'arachide et là bas au loin, invisible, Red Stone; sa cabane et son point de vue de rêve. J'empruntais la route serpentant et bientôt je stationnais ma voiture de location dans la cours. Spencer m'accueillait avec le sourire.
- Et bien Monsieur Francklin, je vous installe dans votre chambre habituelle. La famille Gunter est en tournée d'inspection. Ils vous convient au souper. Vous resterez bien parmi nous.
Il me fit un clin d'œil.
Oui, j'allais rester à Crymson Ranch, j'avais de toute façon encore une carte à jouer... la dernière avant de me retirer.
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Un truc me dit que tu ferais un tres bon écrivain :
apres quelques minutes a te lire j'oublie que je suis en train de lire , les images deviennent nette j'ai l'impressionde voir un film au cinéma... peu de mes lectures on cet effet sur moi
merci Harry
apres quelques minutes a te lire j'oublie que je suis en train de lire , les images deviennent nette j'ai l'impressionde voir un film au cinéma... peu de mes lectures on cet effet sur moi
merci Harry
Adamas- Nombre de messages : 2352
Age : 54
Localisation : Mérignac (Gironde)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Merci les gars...
La fin de l'écrit est proche. Mais tout se rejoindra... vous verrez!
La fin de l'écrit est proche. Mais tout se rejoindra... vous verrez!
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Ah! Oui! J'allais oublier!
VF17_Kasey- Nombre de messages : 268
Localisation : Genève
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Comme d'habitude Louise nous avait gâté et son repas du soir avait été excellent. Le Colonel Gunter m'avait accueilli avec une grande sympathie.
- Vous pouvez rester le temps que vous voulez Mister Franklin.
M'avait-il dit. L'hospitalité des gens de son pays d'origine, n'était pas une légende. La discussion allait bon train, je lui avais remis le livre; son livre, celui relatant la vie de son escadrille. Il l'avait rapidement feuilleté, s'arrêtant sur l'une ou l'autre photo. Un certain nombre avait été récupéré dans les archives militaires. Il y en avait quelques-unes unes inédites qui le surprirent. Une notamment, assez extraordinaire, dont j'étais assez fier. Elle attira son attention. Cette photo avait été prise à Goxhill, peu avant que le Squadron 134 ne parte pour la Russie. Après un moment de silence, il l'a commenta.
- C'est assez incroyable que vous ayez trouvé cette photo M. Franklin. Je ne me souviens pas d'avoir été photographié à cette époque. En la contemplant, j'ai vraiment l'impression de sortir des souvenirs enterrés très profondément dans ma mémoire.
Il rigola:
- Des noms que j'avais oubliés me reviennent instantanément. Là, tout à gauche, c'était le sergent Yann Per, un volontaire français. C'était un chasseur et sacré pilote automobile aussi. Il pilotait les Gaz de la base comme un fou, les Russes l'aimaient bien, en particulier un certain Oleg à qui, il avait piqué la bagnole, qu'est ce qu'on avait rigolé ce coup là. Il avait récupéré un fusil soviétique et de temps à autre, il partait chasser du gibier. Grâce à lui, on a amélioré notre quotidien en repas. un bon gars ce Yann, la vie n'a pas été facile avec lui...A côté de lui, c'est le Wing Commander Fowly, un pilote hors pair doublé d'un grand stratège. Il nous a préparé des missions impossibles, mais il était toujours avec nous, c'était parfois limite, mais on avait confiance et ses missions ont toujours été des réussites. Probablement le meilleur élément du groupe... même s'il détestait l'entendre. Le long escogriffe, qui sourit comme un dadet, c'est le fameux Harry a qui Cbal et moi on doit un séjour dans le frigo russe. Juste à sa droite, droit comme "i" c'est ce sacré buveur de thé de Groupe Captain Nowik. Il paraît qu'il a vécu un sacré truc en Birmanie plus tard. Accroupi devant, on trouve le Squadron Leader Ejybe et son ailier attitré, Pitpit, un Canadien. Puis à côté de moi, il y a Cbal, le play boy du groupe, fallait voir lorsqu'il rentrait, il y avait toujours une de ces pilotes russes qui l'attendait, les Soviétiques avaient des femmes pilotes. Y en a un sacré nombre qui défilé dans pieu . Les autres je ne me souviens pas tous d'eux, je reconnais encore les sergents Moyus, Booper, Williams et Pasadena, un pt'it jeune qui venait de rejoindre le groupe.
Gunter se pencha un peu plus sur la photo.
- Je peux même vous dire quand cette photo a été prise. Regardez les Hurricane qui sont alignés derrière nous. Leurs verrières ont été recouvertes avec une bâche. On ne le voit pas là, mais les canons des armes de bords avaient été bouchés avec de la graisse et emballés pour éviter que l'air marin ne les oxyde. Ce travail avait été fait par les mécaniciens le jour avant notre départ.
Gunter reposa le livre et bu une gorgée de son café. Je profitais de cette pause pour faire ma proposition.
- Colonel... avez-vous déjà entendu parler du meeting de Duxford?
Gunter paru un peu surpris par ma demande.
- Non M. Franklin, je ne connais par ce meeting. Si je me rappelle bien, Duxford était une base aérienne en Angleterre.
Je reprends.
- Ca l'est toujours, enfin, elle a été plus ou moins conservée comme telle après la guerre. Aujourd'hui, en juillet, on y organise le plus grand meeting aérien réunissant des warbird. J'aimerais vous y inviter vous et vos anciens pilotes, c'est la société d'édition pour laquelle je travaille, qui couvre les frais de voyage, de logement sur place et tout le reste. Qu'en pensez-vous?
Le Colonel resta quelques instants perplexe.
- Mmh... que voulez-vous que faisions là bas? Il y aura des Corsair?
- Il y en aura, c'est sur, et des Avenger, des Wildcat et des Hellcat aussi.
Gunter réfléchi un instant.
- Ca fait quand même dans presque une année...et une année ça compte à notre âge, mais enfin, pourquoi pas. Si nous sommes toujours vivant... Mais il faut que je contacte mes anciens camarades.
Le prochain meeting avait lieu dix mois plus tard. Cela me laissait le temps de tout organiser sur place... mais j'avais encore du chemin à faire si je voulais tout mettre en place ce que j'avais en tête.
Et c'est ainsi que dix mois plus tard, un MD-11 de la Pan-Am, m'emmenait vers l'Angleterre en compagnie du Colonel Gunter, du Général Tchaikaram, des Capitaines Kasey et Adamas. Une dizaine de personnes de l'entourage de ces derniers nous accompagnaient également. Adamas avait trouvé une compagne, Simone, qui était avec lui. Il parlait pour huit l'ex officier de l'USN, ce voyage lui plaisait. Gunter souriait gentiment. Régulièrement, il demandait à Adamas de se taire... mais peine perdue, quand Adamas est lancé, c'est comme quand il piquait sur les navires japs, rien ne l'arrête. On le charrie, et on rigole bien toute l'équipe. Kasey s'était mis à table. Il me regardait en souriant.
- Plus la peine de le cacher aujourd'hui... l'altitude me donne faim.
Et il croqua à pleine dents dans son sandwich. Lui aussi avait eu droit à quelques calembours.
Gunter déclara solennellement:
- Capitaine Kasey, si le commandant vient se plaindre de vos restes de bouffes, ce coup là, je ne pourrais faire valoir mon autorité pour empêcher une suite! Vous assumerez!
Six heures plus tard, notre avion se posait à Gatwick.
J'étais un peu tendu, c'est maintenant que mon programme mis en place avec beaucoup d'écueils franchis péniblement, se mettait en route. Une voix sensuelle sortant des haut-parleurs du hall d'arrivées, nous appela.
- Les passager suivant du vol 132 en provenance de New-York, Mister Gunter, Adamas, Kasey, Tchaikaram et Franklin, ainsi que leurs accompagnateurs sont attendus au terminal 2, portique 21.
Gunter paru surpris.
- Ah bon, on ne prend pas le train?
Je restais un peu gêné.
- Heu non, je vous ai organisé un autre transport.
Douze minutes plus tard, nous nous retrouvions devant le portique 21. Une accorte hôtesse qui faisait briller les yeux de Kasey nous accompagna jusqu'à l'avion, un petit Falcon à réaction. Le pilote se présenta.
- Bonjour Messieurs, permettez-moi d'abord de me présenter. Je suis le Commandant Frank Bellow et voici mon co-pilote M. Enzo Calderari. Nous vous souhaitons la bienvenue à bord et bon vol. Nous nous poserons à Luton dans 18 minutes.
Gunter entrain de s'attacher me regarda les sourcils froncés.
- Bellow... Bellow, c'est le vrai nom de mon ancien camarade Cbal, Chris Bellow exactement.
Il ria.
- Curieuse coïncidence vous ne trouvez pas.
Je répondais en lui faisant un clin d'œil.
- Haem... ce n'est pas une coïncidence Colonel. Le commandant Frank Bellow, n'est autre que le petit-fils du Colonel Bellow.. dit Cbal.
Le Colonel fut interloqué.
- Je me doutais bien que ce n'était pas un hasard! Mister Franklin, j'ai l'impression que notre petite balade en Angleterre pourrait nous révéler encore quelques surprises. Qu'avez-vous encore organisé que je ne sache pas?
Je souriais. De toute façon, maintenant c'était trop tard pour changer quelque chose. Je répondais en riant au Colonel.
- Je crois que vous n'êtes pas au bout de vos surprises Colonel. Vous venez d'assister au premier acte, nous allons passer au deuxième.
Sans ajouter un mot je me lève et je récupère un gros sac que j'avais déposé à l'arrière de la cabine. Je l'ouvre et j'en extirpe quatre sacs de sport avec chacun une étiquette inscrite au nom des pilotes de la "17".
- Colonel Gunter, voilà le vôtre, Général Tchaikaram, Mister Kasey et Adamas.
Gunter en extirpa une chemise d'uniforme, une veste en cuir, une casquette et toute la panoplie de la tenue de repos des pilotes de l'USN de 1944.
Tchaikaram resta un moment surpris devant ces habits. Je savais qu'il n'était pas homme à se donner en spectacle. Aussi, je reprenais rapidement.
- Messieurs vous représentez quelque chose de très fort non seulement pour les gens que vous allez rencontrer à Duxford, mais aussi pour une grande majorité d'Anglais. Je vous rassure, je ne suis pas entrain de préparer un reportage...
Adamas avait déjà revêtu sa veste en cuir et sa casquette. Debout devant son amie, il l'interpella.
- Regardes Simone, c'était quand même la classe non? Quand on sortait en ville, on était les stars. Toutes les filles nous courraient après. Et les rampants nous enviaient. Dites-moi, Monsieur Franklin, où avez vous trouvé ces uniformes? Ils sont vraiment classes.
Je répondais.
- Et bien dans la presse l'avantage c'est que nous avons des relations assez étendues. J'ai un bon copain qui est attaché de presse pour la Warner Bros à Hollywood. Il m'a trouvé un tailleur qui pioché dans leur stock et qui fait refaire ce qui manquait.
Tchaikaram était encore un peu sceptique.
- Dites-moi franchement ce que vous êtes entrain de manigancer Mister Franklin?
- Écoutez Général, je ne vous ais jamais joué de mauvais tour jusqu'à présent non. Faites-moi confiance, vous ne serez pas déçus.
Finalement, les quatre hommes se soumirent à mon idée un peu saugrenue et s'équipèrent non sans mal. Il faut dire que la place, beaucoup et la souplesse, un peu, manquaient, mais lorsque le Flacon se posait à Luton, c'est quatre pilotes, certes un peu fanés, mais équipé comme à l'époque de leur gloire qui quittaient l'avion de transport. Dans tous les cas, personne n'avait envie de rire.
Frank Bellow fit un clin d'œil Gunter.
- Mon grand-père m'a beaucoup parlé de vous Colonel. Je suis fier de pouvoir vous rencontrer et vous serrer la main.
Gunter le regarda étrangement.
- Merci Mister Bellow, comment va votre grand-père? Il est toujours en vie?
Le pilote du Falcon souriait.
- Oui, il est toujours en vie, et mis à part quelques bobos dus à son âge, il va bien.
Juste avant de le quitter, toujours hésitant, Gunter se tourna une dernière fois vers lui.
- Ah oui... inutile de vous demander de lui transmettre mes salutations la prochaine fois que vous le voyez... vous le ferez sans autre, n'est-ce pas.
Bellow n'un pas le temps de répondre, tous les regards étaient maintenant fixés vers l'azur.
Dans le ciel bleu moutonné de l'aérodrome de Luton un grondement sourd et impressionnant se fit entendre. Majestueux, "Sally B" la Magnifique apparu et se présenta à l'atterrissage. Le célèbre B17 de la collection de Duxford se posa sans cahot sur la piste en béton.
Gunter murmura.
- La dernière fois que j'ai fait du B17... c'était fin '42, quand je suis rentré d'Angleterre pour une permission et intégrer l'USN, juste après la période sur le front russe.
Les quatre hommes ne disaient plus rien. Frank Bellow avait revêtu une tenue de vol en équation avec l'époque du quadrimoteurs. Il s'approcha des deux hommes d'équipage du bombardiers qui venaient de quitter leur poste.
- Salut les gars, alors comment c'est comporté cette vieille Sally jusqu'ici.
L'un des pilotes lui répondit:
- Bien, ci ce n'est qu'à deux, c'est toujours un peu tendu, il faut qu'il y en ait un qui de temps à autre, joue le rôle du mécanicien et piloter seul ce bahut, c'est quand même physique.
Il s'approchèrent des quatre vétérans de l'USN. Le petite-fils du Colonel Bellow, fit les présentation et bientôt, nous nous installions dans le B17. Kasey posait plein de questions.
Il a servi en 39-45? Combien de chevaux, et d'autres encore. Fier de faire partie de l'équipe du vaisseau amiral de la collection de Duxford, Bellow répondait avec attention à chacun des questions.
Tchaikaram pu s'installer à la place du mécanicien et participer à la mise en marche des moteurs. Adamas toujours aussi volubile prit place à l'avant dans la verrière à la place du mitrailleur avant.
- Il me manque que la pétoire que j'avais dans l'Avenger avec Nil et Kilpatrick, tu te souviens Gun?
Il hurlait au travers de l'habitacle. Gun riait doucement de ce bonheur simple.
Sacré Adamas, il vivait chaque instant sans arrières pensées, il s'en fichait, il était fier de son uniforme, il y avait même accroché ses décorations. Il revivait.
- Vous pouvez rester le temps que vous voulez Mister Franklin.
M'avait-il dit. L'hospitalité des gens de son pays d'origine, n'était pas une légende. La discussion allait bon train, je lui avais remis le livre; son livre, celui relatant la vie de son escadrille. Il l'avait rapidement feuilleté, s'arrêtant sur l'une ou l'autre photo. Un certain nombre avait été récupéré dans les archives militaires. Il y en avait quelques-unes unes inédites qui le surprirent. Une notamment, assez extraordinaire, dont j'étais assez fier. Elle attira son attention. Cette photo avait été prise à Goxhill, peu avant que le Squadron 134 ne parte pour la Russie. Après un moment de silence, il l'a commenta.
- C'est assez incroyable que vous ayez trouvé cette photo M. Franklin. Je ne me souviens pas d'avoir été photographié à cette époque. En la contemplant, j'ai vraiment l'impression de sortir des souvenirs enterrés très profondément dans ma mémoire.
Il rigola:
- Des noms que j'avais oubliés me reviennent instantanément. Là, tout à gauche, c'était le sergent Yann Per, un volontaire français. C'était un chasseur et sacré pilote automobile aussi. Il pilotait les Gaz de la base comme un fou, les Russes l'aimaient bien, en particulier un certain Oleg à qui, il avait piqué la bagnole, qu'est ce qu'on avait rigolé ce coup là. Il avait récupéré un fusil soviétique et de temps à autre, il partait chasser du gibier. Grâce à lui, on a amélioré notre quotidien en repas. un bon gars ce Yann, la vie n'a pas été facile avec lui...A côté de lui, c'est le Wing Commander Fowly, un pilote hors pair doublé d'un grand stratège. Il nous a préparé des missions impossibles, mais il était toujours avec nous, c'était parfois limite, mais on avait confiance et ses missions ont toujours été des réussites. Probablement le meilleur élément du groupe... même s'il détestait l'entendre. Le long escogriffe, qui sourit comme un dadet, c'est le fameux Harry a qui Cbal et moi on doit un séjour dans le frigo russe. Juste à sa droite, droit comme "i" c'est ce sacré buveur de thé de Groupe Captain Nowik. Il paraît qu'il a vécu un sacré truc en Birmanie plus tard. Accroupi devant, on trouve le Squadron Leader Ejybe et son ailier attitré, Pitpit, un Canadien. Puis à côté de moi, il y a Cbal, le play boy du groupe, fallait voir lorsqu'il rentrait, il y avait toujours une de ces pilotes russes qui l'attendait, les Soviétiques avaient des femmes pilotes. Y en a un sacré nombre qui défilé dans pieu . Les autres je ne me souviens pas tous d'eux, je reconnais encore les sergents Moyus, Booper, Williams et Pasadena, un pt'it jeune qui venait de rejoindre le groupe.
Gunter se pencha un peu plus sur la photo.
- Je peux même vous dire quand cette photo a été prise. Regardez les Hurricane qui sont alignés derrière nous. Leurs verrières ont été recouvertes avec une bâche. On ne le voit pas là, mais les canons des armes de bords avaient été bouchés avec de la graisse et emballés pour éviter que l'air marin ne les oxyde. Ce travail avait été fait par les mécaniciens le jour avant notre départ.
Gunter reposa le livre et bu une gorgée de son café. Je profitais de cette pause pour faire ma proposition.
- Colonel... avez-vous déjà entendu parler du meeting de Duxford?
Gunter paru un peu surpris par ma demande.
- Non M. Franklin, je ne connais par ce meeting. Si je me rappelle bien, Duxford était une base aérienne en Angleterre.
Je reprends.
- Ca l'est toujours, enfin, elle a été plus ou moins conservée comme telle après la guerre. Aujourd'hui, en juillet, on y organise le plus grand meeting aérien réunissant des warbird. J'aimerais vous y inviter vous et vos anciens pilotes, c'est la société d'édition pour laquelle je travaille, qui couvre les frais de voyage, de logement sur place et tout le reste. Qu'en pensez-vous?
Le Colonel resta quelques instants perplexe.
- Mmh... que voulez-vous que faisions là bas? Il y aura des Corsair?
- Il y en aura, c'est sur, et des Avenger, des Wildcat et des Hellcat aussi.
Gunter réfléchi un instant.
- Ca fait quand même dans presque une année...et une année ça compte à notre âge, mais enfin, pourquoi pas. Si nous sommes toujours vivant... Mais il faut que je contacte mes anciens camarades.
Le prochain meeting avait lieu dix mois plus tard. Cela me laissait le temps de tout organiser sur place... mais j'avais encore du chemin à faire si je voulais tout mettre en place ce que j'avais en tête.
Et c'est ainsi que dix mois plus tard, un MD-11 de la Pan-Am, m'emmenait vers l'Angleterre en compagnie du Colonel Gunter, du Général Tchaikaram, des Capitaines Kasey et Adamas. Une dizaine de personnes de l'entourage de ces derniers nous accompagnaient également. Adamas avait trouvé une compagne, Simone, qui était avec lui. Il parlait pour huit l'ex officier de l'USN, ce voyage lui plaisait. Gunter souriait gentiment. Régulièrement, il demandait à Adamas de se taire... mais peine perdue, quand Adamas est lancé, c'est comme quand il piquait sur les navires japs, rien ne l'arrête. On le charrie, et on rigole bien toute l'équipe. Kasey s'était mis à table. Il me regardait en souriant.
- Plus la peine de le cacher aujourd'hui... l'altitude me donne faim.
Et il croqua à pleine dents dans son sandwich. Lui aussi avait eu droit à quelques calembours.
Gunter déclara solennellement:
- Capitaine Kasey, si le commandant vient se plaindre de vos restes de bouffes, ce coup là, je ne pourrais faire valoir mon autorité pour empêcher une suite! Vous assumerez!
Six heures plus tard, notre avion se posait à Gatwick.
J'étais un peu tendu, c'est maintenant que mon programme mis en place avec beaucoup d'écueils franchis péniblement, se mettait en route. Une voix sensuelle sortant des haut-parleurs du hall d'arrivées, nous appela.
- Les passager suivant du vol 132 en provenance de New-York, Mister Gunter, Adamas, Kasey, Tchaikaram et Franklin, ainsi que leurs accompagnateurs sont attendus au terminal 2, portique 21.
Gunter paru surpris.
- Ah bon, on ne prend pas le train?
Je restais un peu gêné.
- Heu non, je vous ai organisé un autre transport.
Douze minutes plus tard, nous nous retrouvions devant le portique 21. Une accorte hôtesse qui faisait briller les yeux de Kasey nous accompagna jusqu'à l'avion, un petit Falcon à réaction. Le pilote se présenta.
- Bonjour Messieurs, permettez-moi d'abord de me présenter. Je suis le Commandant Frank Bellow et voici mon co-pilote M. Enzo Calderari. Nous vous souhaitons la bienvenue à bord et bon vol. Nous nous poserons à Luton dans 18 minutes.
Gunter entrain de s'attacher me regarda les sourcils froncés.
- Bellow... Bellow, c'est le vrai nom de mon ancien camarade Cbal, Chris Bellow exactement.
Il ria.
- Curieuse coïncidence vous ne trouvez pas.
Je répondais en lui faisant un clin d'œil.
- Haem... ce n'est pas une coïncidence Colonel. Le commandant Frank Bellow, n'est autre que le petit-fils du Colonel Bellow.. dit Cbal.
Le Colonel fut interloqué.
- Je me doutais bien que ce n'était pas un hasard! Mister Franklin, j'ai l'impression que notre petite balade en Angleterre pourrait nous révéler encore quelques surprises. Qu'avez-vous encore organisé que je ne sache pas?
Je souriais. De toute façon, maintenant c'était trop tard pour changer quelque chose. Je répondais en riant au Colonel.
- Je crois que vous n'êtes pas au bout de vos surprises Colonel. Vous venez d'assister au premier acte, nous allons passer au deuxième.
Sans ajouter un mot je me lève et je récupère un gros sac que j'avais déposé à l'arrière de la cabine. Je l'ouvre et j'en extirpe quatre sacs de sport avec chacun une étiquette inscrite au nom des pilotes de la "17".
- Colonel Gunter, voilà le vôtre, Général Tchaikaram, Mister Kasey et Adamas.
Gunter en extirpa une chemise d'uniforme, une veste en cuir, une casquette et toute la panoplie de la tenue de repos des pilotes de l'USN de 1944.
Tchaikaram resta un moment surpris devant ces habits. Je savais qu'il n'était pas homme à se donner en spectacle. Aussi, je reprenais rapidement.
- Messieurs vous représentez quelque chose de très fort non seulement pour les gens que vous allez rencontrer à Duxford, mais aussi pour une grande majorité d'Anglais. Je vous rassure, je ne suis pas entrain de préparer un reportage...
Adamas avait déjà revêtu sa veste en cuir et sa casquette. Debout devant son amie, il l'interpella.
- Regardes Simone, c'était quand même la classe non? Quand on sortait en ville, on était les stars. Toutes les filles nous courraient après. Et les rampants nous enviaient. Dites-moi, Monsieur Franklin, où avez vous trouvé ces uniformes? Ils sont vraiment classes.
Je répondais.
- Et bien dans la presse l'avantage c'est que nous avons des relations assez étendues. J'ai un bon copain qui est attaché de presse pour la Warner Bros à Hollywood. Il m'a trouvé un tailleur qui pioché dans leur stock et qui fait refaire ce qui manquait.
Tchaikaram était encore un peu sceptique.
- Dites-moi franchement ce que vous êtes entrain de manigancer Mister Franklin?
- Écoutez Général, je ne vous ais jamais joué de mauvais tour jusqu'à présent non. Faites-moi confiance, vous ne serez pas déçus.
Finalement, les quatre hommes se soumirent à mon idée un peu saugrenue et s'équipèrent non sans mal. Il faut dire que la place, beaucoup et la souplesse, un peu, manquaient, mais lorsque le Flacon se posait à Luton, c'est quatre pilotes, certes un peu fanés, mais équipé comme à l'époque de leur gloire qui quittaient l'avion de transport. Dans tous les cas, personne n'avait envie de rire.
Frank Bellow fit un clin d'œil Gunter.
- Mon grand-père m'a beaucoup parlé de vous Colonel. Je suis fier de pouvoir vous rencontrer et vous serrer la main.
Gunter le regarda étrangement.
- Merci Mister Bellow, comment va votre grand-père? Il est toujours en vie?
Le pilote du Falcon souriait.
- Oui, il est toujours en vie, et mis à part quelques bobos dus à son âge, il va bien.
Juste avant de le quitter, toujours hésitant, Gunter se tourna une dernière fois vers lui.
- Ah oui... inutile de vous demander de lui transmettre mes salutations la prochaine fois que vous le voyez... vous le ferez sans autre, n'est-ce pas.
Bellow n'un pas le temps de répondre, tous les regards étaient maintenant fixés vers l'azur.
Dans le ciel bleu moutonné de l'aérodrome de Luton un grondement sourd et impressionnant se fit entendre. Majestueux, "Sally B" la Magnifique apparu et se présenta à l'atterrissage. Le célèbre B17 de la collection de Duxford se posa sans cahot sur la piste en béton.
Gunter murmura.
- La dernière fois que j'ai fait du B17... c'était fin '42, quand je suis rentré d'Angleterre pour une permission et intégrer l'USN, juste après la période sur le front russe.
Les quatre hommes ne disaient plus rien. Frank Bellow avait revêtu une tenue de vol en équation avec l'époque du quadrimoteurs. Il s'approcha des deux hommes d'équipage du bombardiers qui venaient de quitter leur poste.
- Salut les gars, alors comment c'est comporté cette vieille Sally jusqu'ici.
L'un des pilotes lui répondit:
- Bien, ci ce n'est qu'à deux, c'est toujours un peu tendu, il faut qu'il y en ait un qui de temps à autre, joue le rôle du mécanicien et piloter seul ce bahut, c'est quand même physique.
Il s'approchèrent des quatre vétérans de l'USN. Le petite-fils du Colonel Bellow, fit les présentation et bientôt, nous nous installions dans le B17. Kasey posait plein de questions.
Il a servi en 39-45? Combien de chevaux, et d'autres encore. Fier de faire partie de l'équipe du vaisseau amiral de la collection de Duxford, Bellow répondait avec attention à chacun des questions.
Tchaikaram pu s'installer à la place du mécanicien et participer à la mise en marche des moteurs. Adamas toujours aussi volubile prit place à l'avant dans la verrière à la place du mitrailleur avant.
- Il me manque que la pétoire que j'avais dans l'Avenger avec Nil et Kilpatrick, tu te souviens Gun?
Il hurlait au travers de l'habitacle. Gun riait doucement de ce bonheur simple.
Sacré Adamas, il vivait chaque instant sans arrières pensées, il s'en fichait, il était fier de son uniforme, il y avait même accroché ses décorations. Il revivait.
Dernière édition par le Mar 11 Avr 2006 - 17:49, édité 3 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
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Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Gunter s'était assis à l'arrière et ne savait pas trop comment s'installer. Une fois en l'air, le bruit infernal des quatre moteurs emplissant la carlingue, il s'adressa à moi.
- Dites-moi Mister Franklin... pourquoi faites-vous tout cela... comment de vieux rabougris comme nous peuvent vous intéresser autant, au point d'organiser un tel scénario?
Je restais un moment pensif. Puis je répondais.
- Je ne sais pas M. Gunter, je me pose aussi la question des fois... au début j'étais fasciné par votre passé, votre vécu. Puis le temps a passé, je vous ai connu vous et vos pilotes. Je crois que je me suis attaché....
Le colonel ne répondit rien. Un nouvel événement m'épargna la gêne d'une explication confuse. De la main je lui indiquais le hublot le plus proche.
- Allez jeter un coup d'œil Colonel, je pense que cela vaut la peine.
Gunter se pencha. Il se retourna et me regarda, souriant, le pouce en l'air!
Deux Corsair venant de Duxford nous avaient rejoint et nous escortaient. Les codes et les couleurs ne correspondaient pas aux appareils de la "17", cependant, j'avais demandé à ce qu'une petite bannière à tête de mort soit apposée de part et d'autre des flancs du capot. Les deux chasseurs s'approchaient. D'une main hésitante, le Colonel qui s'était installé dans un des postes de mitrailleurs latéral qui avait été masqué avec des panneau transparent en lexan, fit un petit signe de la main à l'avion qui se trouvait sur notre gauche. Le pilote balança des ailes et fit signe à son tour. Lorsque Duxford apparu enfin, les deux Corsair mirent plein gaz et couvrant le bruit des moteurs du bombardier de leur puissante mécanique, s'éloignèrent pour laisser le B17 se poser.
Nous étions jeudi soir, le public était encore absent. Sur l'aérodrome, il régnait une activité importante. Gunter et Tchaikaram furent presque soulagé de quitter le B17 incognito.
Un Spitfire passa en trombe et quelques minutes plus tard, il se posa derrière les Corsair. Les vétéran de la "17" purent converser avec les pilotes des deux Corsair, qui eurent droit à plusieurs autographes. Un peu plus loin, Gunter fut attiré par le Spitfire qui venait d'arriver. Il portait le code KW-A et ses marquages bleus et blancs démontraient un passé ou en tout cas une appartenance aux Squadron de la RAF qui avaient été engagés en Asie du Sud Est. Il s'approcha vers le pilote.
- Bonjour Monsieur, il est à vous ce Sptifire?
Le pilote lui répondit en souriant.
- Bonjour, oui il est à moi. Il vous plaît?
Gunter indiqua le code sur le fuselage.
- Il est très beau, son immatriculation m'intrigue. C'est celle du Squadron 615. Le commandant de ce groupe a dirigé une escadrille dans laquelle j'ai servi en 1941-42 en ex Union soviétique, le Squadron 134.
L'interlocuteur de Gunter resta un moment sceptique,
- Vous avez servi dans le Squadron 134??? Le commandant de cette unité ne s'appelait pas Archibald Nowick?
Gunter riait, il se retournait vers moi et m'appela et s'adressant au pilote.
- Oui c'est bien ça, et vous allez m'apprendre sans doute qu'il est parmi nous n'est-ce pas? Ah au fait, je ne vous présente pas M. Franklin, qui a certainement organisé tout cela.
J'étais fort gêné, car cette fois je n'y étais pour rien. Je me présentais.
- Heu non Colonel, je ne suis pas à l'origine de l'arrivée de ce Spitfire à Duxford et je n'en connais pas ce monsieur.
L'homme qui était en face, avait visiblement décidé de prendre la chose avec humour. De son côté le Colonel Gunter avait le visage cramoisi. Le pilote du Spitfire poursuivit.
- Bien, et si nous commencions par nous présenter? Je m'appelle Daniel Warwick, je suis le propriétaire et le pilote du Spitfire en question. Cet avion a été découvert il y a trois ans, en pleine jungle birmane par une équipe de recherche que j'ai financé personnellement. Il s'agit de l'appareil avec lequel le Group Captain Nowik s'est crashé dans le jungle en '43 et suite auquel il a effectué un périple de plusieurs mois en territoire hostile. Je l'ai fait restaurer et il est depuis deux mois en état de vol. Pour ce qui est de Sir Nowik, il est toujours en vie, mais malheureusement il est ... comment dirais-je assez irascible et il ne viendra certainement pas nous trouver ici ces prochains jours. Cet un homme tellement discret que certains pensent qu'il est décédé, mais je peux vous assurer qu'il vit encore.
Gunter présenta Tchaikaram, Adamas et Kasey. La discussion pris rapidement une tournure passionnée et Warwick permis au quatre hommes de s'installer dans le cockpit de son chasseur. Gunter eu quelques peine a s'extirper du siège, ce qui fit rire Adamas.
- Ben dites donc mon Colonel, je me demande comment vous avez casé votre carcasse dans ce truc. C'est pas possible, si à chaque fois, il fallait la moitié du personnel de la base pour vous sortir de là, je comprend pourquoi les Anglais vous ont envoyé faire du Hurricane en Sibérie.
Il rit aux éclats, Kasey et Tchaikaram en font de même.
Gunter qui soufflait comme un boeuf le visage tout rouge dans l'effort, jurat.
- Triple buses, je ne faisais que 90 kg à l'époque, j'avais 60 ans de moins et puis je suis sûr que les MkII avaient un fuselage moins étroit.
Warwick rigola,
- Non Colonel, je suis désolé, le MkII a strictement la même largeur.
Il se retourna s'adressant à moi.
- Mister Franklin, une question. Est-ce que vos protégés sont logés dans le secteur?
- Oui bien sûr Mister Warwik, nous avons réservé des chambres dans un petit hôtel en ville.
- Laissez tomber votre hôtel. Je vous propose de vous loger personnellement dans un endroit beaucoup plus... bucolique. Ca vous dit?
J'interrogeais du regard Gunter qui encore échauffé par son exercice de tout à l'heure me répond assez sèchement.
- Ca m'est complètement égal. De toute façon, depuis que nous sommes arrivés, nous ne faisons que subir les événements. Mister Franklin étant tout à fait capable de nous faire dormir sous tente pour nous rappeler "le bon vieux temps", j'accepte sans détour votre offre Monsieur Warwick.
Alors que le Colonel et notre hôte s'éloignaient me laissant quelque peu désabusé. Kasey me donna une tape amicale sur l'épaule.
- Ne vous en faites pas, c'est tout Gunter ça!
Et avec Adamas et Tchaikaram qui me fit un clin d'oeil au passage, ils lui emboîtèrent le pas.
- Dites-moi Mister Franklin... pourquoi faites-vous tout cela... comment de vieux rabougris comme nous peuvent vous intéresser autant, au point d'organiser un tel scénario?
Je restais un moment pensif. Puis je répondais.
- Je ne sais pas M. Gunter, je me pose aussi la question des fois... au début j'étais fasciné par votre passé, votre vécu. Puis le temps a passé, je vous ai connu vous et vos pilotes. Je crois que je me suis attaché....
Le colonel ne répondit rien. Un nouvel événement m'épargna la gêne d'une explication confuse. De la main je lui indiquais le hublot le plus proche.
- Allez jeter un coup d'œil Colonel, je pense que cela vaut la peine.
Gunter se pencha. Il se retourna et me regarda, souriant, le pouce en l'air!
Deux Corsair venant de Duxford nous avaient rejoint et nous escortaient. Les codes et les couleurs ne correspondaient pas aux appareils de la "17", cependant, j'avais demandé à ce qu'une petite bannière à tête de mort soit apposée de part et d'autre des flancs du capot. Les deux chasseurs s'approchaient. D'une main hésitante, le Colonel qui s'était installé dans un des postes de mitrailleurs latéral qui avait été masqué avec des panneau transparent en lexan, fit un petit signe de la main à l'avion qui se trouvait sur notre gauche. Le pilote balança des ailes et fit signe à son tour. Lorsque Duxford apparu enfin, les deux Corsair mirent plein gaz et couvrant le bruit des moteurs du bombardier de leur puissante mécanique, s'éloignèrent pour laisser le B17 se poser.
Nous étions jeudi soir, le public était encore absent. Sur l'aérodrome, il régnait une activité importante. Gunter et Tchaikaram furent presque soulagé de quitter le B17 incognito.
Un Spitfire passa en trombe et quelques minutes plus tard, il se posa derrière les Corsair. Les vétéran de la "17" purent converser avec les pilotes des deux Corsair, qui eurent droit à plusieurs autographes. Un peu plus loin, Gunter fut attiré par le Spitfire qui venait d'arriver. Il portait le code KW-A et ses marquages bleus et blancs démontraient un passé ou en tout cas une appartenance aux Squadron de la RAF qui avaient été engagés en Asie du Sud Est. Il s'approcha vers le pilote.
- Bonjour Monsieur, il est à vous ce Sptifire?
Le pilote lui répondit en souriant.
- Bonjour, oui il est à moi. Il vous plaît?
Gunter indiqua le code sur le fuselage.
- Il est très beau, son immatriculation m'intrigue. C'est celle du Squadron 615. Le commandant de ce groupe a dirigé une escadrille dans laquelle j'ai servi en 1941-42 en ex Union soviétique, le Squadron 134.
L'interlocuteur de Gunter resta un moment sceptique,
- Vous avez servi dans le Squadron 134??? Le commandant de cette unité ne s'appelait pas Archibald Nowick?
Gunter riait, il se retournait vers moi et m'appela et s'adressant au pilote.
- Oui c'est bien ça, et vous allez m'apprendre sans doute qu'il est parmi nous n'est-ce pas? Ah au fait, je ne vous présente pas M. Franklin, qui a certainement organisé tout cela.
J'étais fort gêné, car cette fois je n'y étais pour rien. Je me présentais.
- Heu non Colonel, je ne suis pas à l'origine de l'arrivée de ce Spitfire à Duxford et je n'en connais pas ce monsieur.
L'homme qui était en face, avait visiblement décidé de prendre la chose avec humour. De son côté le Colonel Gunter avait le visage cramoisi. Le pilote du Spitfire poursuivit.
- Bien, et si nous commencions par nous présenter? Je m'appelle Daniel Warwick, je suis le propriétaire et le pilote du Spitfire en question. Cet avion a été découvert il y a trois ans, en pleine jungle birmane par une équipe de recherche que j'ai financé personnellement. Il s'agit de l'appareil avec lequel le Group Captain Nowik s'est crashé dans le jungle en '43 et suite auquel il a effectué un périple de plusieurs mois en territoire hostile. Je l'ai fait restaurer et il est depuis deux mois en état de vol. Pour ce qui est de Sir Nowik, il est toujours en vie, mais malheureusement il est ... comment dirais-je assez irascible et il ne viendra certainement pas nous trouver ici ces prochains jours. Cet un homme tellement discret que certains pensent qu'il est décédé, mais je peux vous assurer qu'il vit encore.
Gunter présenta Tchaikaram, Adamas et Kasey. La discussion pris rapidement une tournure passionnée et Warwick permis au quatre hommes de s'installer dans le cockpit de son chasseur. Gunter eu quelques peine a s'extirper du siège, ce qui fit rire Adamas.
- Ben dites donc mon Colonel, je me demande comment vous avez casé votre carcasse dans ce truc. C'est pas possible, si à chaque fois, il fallait la moitié du personnel de la base pour vous sortir de là, je comprend pourquoi les Anglais vous ont envoyé faire du Hurricane en Sibérie.
Il rit aux éclats, Kasey et Tchaikaram en font de même.
Gunter qui soufflait comme un boeuf le visage tout rouge dans l'effort, jurat.
- Triple buses, je ne faisais que 90 kg à l'époque, j'avais 60 ans de moins et puis je suis sûr que les MkII avaient un fuselage moins étroit.
Warwick rigola,
- Non Colonel, je suis désolé, le MkII a strictement la même largeur.
Il se retourna s'adressant à moi.
- Mister Franklin, une question. Est-ce que vos protégés sont logés dans le secteur?
- Oui bien sûr Mister Warwik, nous avons réservé des chambres dans un petit hôtel en ville.
- Laissez tomber votre hôtel. Je vous propose de vous loger personnellement dans un endroit beaucoup plus... bucolique. Ca vous dit?
J'interrogeais du regard Gunter qui encore échauffé par son exercice de tout à l'heure me répond assez sèchement.
- Ca m'est complètement égal. De toute façon, depuis que nous sommes arrivés, nous ne faisons que subir les événements. Mister Franklin étant tout à fait capable de nous faire dormir sous tente pour nous rappeler "le bon vieux temps", j'accepte sans détour votre offre Monsieur Warwick.
Alors que le Colonel et notre hôte s'éloignaient me laissant quelque peu désabusé. Kasey me donna une tape amicale sur l'épaule.
- Ne vous en faites pas, c'est tout Gunter ça!
Et avec Adamas et Tchaikaram qui me fit un clin d'oeil au passage, ils lui emboîtèrent le pas.
Dernière édition par le Mar 11 Avr 2006 - 20:17, édité 2 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
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Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
J'avais maintenant un autre problème. Il y avait d'autres invités qui devaient arriver le lendemain dans la journée et il y avait les accompagnateurs. Il fallait que j'en parle discrètement à Sir Warwick. Heureusement quelques minutes plus tard, alors qu'il s'était éloigné pour donner quelques instructions au personnel du meeting concernant son appareil, je pouvais discuter avec lui. Il me rassura.
- Ne vous en faites pas, là où nous allons, je peux loger 30 personnes sans problèmes.
Quelques minutes plus tard, alors que les quatre vétérans étaient entassés dans la Bentley, deux minibus avaient été organisés pour les accompagnateurs et moi. L'ambiance était bon enfant, j'avais maintenant l'impression d'être en course d'école.
La Bentley nous conduit dans la campagne Anglaise a environ 30 minutes de Duxford. Je découvrais une série de trois petites maisons posées comme ça au milieu d'un pré, juste à côté d'un petit bosquet d'arbres. Quel curieux endroit pour construire.
Warwick installa les pilotes dans la maison la plus importante, les deux autres un peu plus petites, nous étaient destinées. Je découvrais une architecture intérieure typiquement anglaise, faite de fanfreluches, de meubles empires et de bibelots en porcelaine. A l'intérieur, il y avait également cette odeur que l'on retrouve dans la vie traditionnelle anglaise, un mélange de thé, d'épices et de moisi émanant de lourdes tentures ou de l'habillage des fauteuils craquant sous mon poids.
Note hôte nous attendait à l'extérieur pour une petite visite guidée.
- Mesdames, Messieurs, est-ce que vous avez la moindre idée où nous sommes?
Gunter, Adamas, Kasey et Tchaikaram avaient revêtu des habits civils. Le dernier nommé qui était allé faire un tour dans le secteur répondit.
- Un aéroclub quelconque qui probablement durant l'été 1940 avait été transformé en urgence en base aérienne. La piste devait être par là, de l'autre côté du pré, les avions sans doute camouflés sous les arbres qui longent la route là bas. Je me trompe?
Warwick rigola.
- Non Mister Tchaikaram, vous ne vous trompez pas. Les Squadron de chasse 16, 128 et 142 ont établis leurs quartier ici entre août 1940 et mai 1945. Les maisons dans lesquelles nous sommes installées, ont été construites en 1941 et servaient de logement aux officiers. Dans le bosquet, il y a un petit mausolée où sont enterrés les officiers supérieurs qui ont servi sur cette base et qui sont morts en opération. Après la guerre, le terrain a été rendu à l'aéroclub a qui il appartenait avant le conflit, mais la proximité de Duxford a fait, que finalement, il a été abandonné. Seules les habitations, un hangar et le mausolée ont été conservés. J'ai racheté le tout en 1985 que j'ai fait restaurer. Le hangar a été déplacé et transformé en mess. Il se trouve de l'autre côté du terrain.
Il nous indique l'endroit au loin. Le toit d'une construction apparaît effectivement au-dessus des arbres.
- Je vous ferais visiter à l'occasion si vous le désirez.
Le lendemain, la journée fut bien remplie pour tous et c'est fatigués que nous rejoignons le cottage de Sir Warwick.
Le samedi avait lieu le premier jour du meeting. A la mi journée, Warwick s'approcha de moi et me souffla à l'oreille.
- Au fait pour vos invités, c'est bon. Ca a été un peu compliqué pour celui qui dans sa chaise, mais tout le monde sera présent ce soir, j'ai organisé la réception dans le hangar. Ca vous va?
On ne pouvait mieux faire. Mais avant cet événement clef, nous devions en vivre un autre et non des moindres.
C'est au début d'après-midi que Sir Warwick devait faire voler son Spitfire MkVIII. Lorsque l'avion pris l'air, nous avons la surprise d'apercevoir un vieil homme portant un imperméable beige fendre la foule jusqu'à la barrière et saluer de manière très solennelle l'avion. Gunter qui est à coté de moi me prend brusquement le bras.
- Je rêve où c'est encore un de vos coups fourrés Franklin?
Je suis complètement dépassé par les événements.
- Hein quoi, ben non je n'ai rien fait! Qui c'est ce bonhomme, vous le connaissez?
La voix de Gunter se fit rêveuse.
- Sir Archibald Nowik! Le Group Captain Nowik, commandant des Squadron 85, 134 et 615.
L'homme avait maintenant rejoint un membre du personnel de sécurité et avait quitté la tribune. Quelques minutes plus tard, il traversait le terrain en direction du Spitfire de Mister Warwick...
Le public qui réalisait que quelque chose d'inhabituel se déroulait faisait moins de bruit. Des milliers de regards suivaient maintenant cet homme qui claudiquant s'approchait du chasseur. Il en caressa les flanc.
Adamas et Kasey pleuraient. Adamas avait sorti de sa poche un gros mouchoir. Il se moucha bruyamment.
- Excusez-moi, mais c'est beau ces retrouvailles. Vous vous rendez compte 60 ans plus tard... deux vieux frères d'armes.
Gunter et Tchaikaram restaient impassibles.
Adamas repris.
- Je suis sûr que tu retrouverais ton vieux Corsair que tu chialerais aussi.
Gunter sourit.
- Sans doute, sans doute Adamas, encore faudrait-il en retrouver un.
Entre temps, le speaker avait annoncé que l'homme là bas était bien Sir Nowik. Il s'était installé dans l'avion et avait mis en marche le moteur.
Kasey inquiet, se manifesta.
- Il ne manquerait plus qu'il mette les gaz et qu'il parte faire un tour, tu verrais la tête de Warwick.
Gunter répondit.
- C'est une idée qui traverserait l'esprit de n'importe lequel d'entre nous Kasey, mais pas lui. Nowik est le type le plus chiant que j'ai connu...
Il hésita
- Quoiqu'Harry était aussi dans le peloton de tête. Par contre, Archy était aussi lofficer plus honnête, le plus loyal et et plus droit que j'aie rencontré. Jamais il ne ferait cela, sauf bien sûr si la reine le lui demandait, mouahaha.
Au tour de lui, plusieurs spectateurs, probablement parfaits sujets britanniques, eurent un regard réprobateur à son égard.
Je m'éclipsais à la recherche de Warwick. Il fallait que Nowik participe à la soirée.
Le programme se poursuivait. Le vol de quatre Corsair d'un Avenger et deux Widlcat, en fait des Martlet de la FAA, fut attentivement suivit par les vétérans de l'USN. La fin de journée se profilait. Elle fut conclue avec Wing de 12 Spitfire et de 4 Hurricane qui nous gratifia d'une somptueuse prestation. Tous les vétérans, y compris Gunter, Tchaikaram, Kasey et Adamas furent convié à un défilé d'honneur sur la piste. Assis sur GMC, Adamas toujours heureux faisait de grands signes au public qui l'acclamait comme une star de cinéma.
C'est fatigués que nous reprenions le chemin du retour. Pourtant, la soirée allait être encore longue.
- Pour ce soir, vous êtes tous conviés au mess pour le repas.
Nous avons annoncé Sir Warwick. Il avait fait les choses en ordre, au-delà de ce que j'espérais. Tout débuta par l'arrivée de deux petits camions Humer et de leur chauffeur vêtu d'uniformes d'époque. Du côté USN, tous avaient mis l'uniforme que je leur avais donné le jour auparavant. A la vu des camions, Adamas s'exclama.
- A ben ça, c'est une camion comme ça qui m'a ramené à Port Moresby en 1943, après mon crash sur la route de Kokoda.
On s'entassait comme on pouvait dans les deux véhicules qui coupèrent à travers le champ, en fait l'ancienne piste qui d'ailleurs sous cet angle de vue m'apparaissait de manière plus évidente. La soirée était douce et j'imaginais aisément les flight de Spitfire décollant groupés et filant vers l'azur, les roues du train rentrant alternativement dans leur logement. Le crissement des pneus du camion s'arrêtant me sortit de mes rêves. Le "mess" était devant nous. Il s'agissait d'un ancien hangar typique du milieu de la guerre. De forme semi elliptique tout en tôle zinguée, des fenêtres à croisillons en losanges avaient été ajoutées. A l'intérieur, il y avait de la lumière, et devant la porte principale plusieurs véhicules étaient stationnés, il devait y avoir la Land rover de Sir Nowik, et une camionnette aussi, avec un système permettant de transporter une chaise roulante. Alors que nous nous approchions, j'aperçu un homme qui nous tournait le dos, il portait une veste d'uniforme marron de l'USAAF et la casquette légèrement de travers. Je le reconnu instantanément, ce n'était pas difficile, je l'avais fréquenté trois ans auparavant.
Gunter le reconnu lui aussi. Il s'immobilisa, un instant. A l'angle de ses yeux perla une larme, nerveusement il extirpa son paquet de cigarettes de sa vareuse et s'en alluma une fébrilement.
- Bon et maintenant Mister Franklin? Vous allez me sortir Roosevelt ou Nimitz de votre manche.
Je ne répondais pas, je le laissais s'approcher de Cbal qui resta le dos tourné.
- Je reconnaîtrais cette démarche et ce reniflement à 100 mètres à la longue. Hein Gunter?
Les deux hommes restèrent un moment immobiles et silencieux. Cbal finit par romple le silence.
- Alors comme ça va vieux frère?
Gunter le pris par les épaules. Il parlait difficilement.
- Ca fait une paye hein... quand tu pilotais tes lampes à souder au-dessus de la 38ème parallèle.
Adams avait sorti son mouchoir, Tchaikaram et Kasey respectait l'émotion qui entourait ces retrouvailles. Kasey chuchota à Adamas.
- Tu le connaissais?
- Non, mais je suis un type sensible moi snirfl.
Je repris la direction des opérations.
- Hem... hem, bien Messieurs, je pense qu'il est temps que nous rentrions dans le mess, il y a du monde qui doit nous attendre.
Sir warwick avait magnifiquement organisé la réception. Les locaux avaient été décorés avec goût, un vieux gramophone diffusait Sydney Bechet en sourdine. Je fis les présentations.
- Bien Colonel, si vous permettez, je fais le tour des gens qui sont ici et que vous connaissez certainement encore. Je ne vous présente pas le Colonel Cbal que vous avez retrouvé dehors, ni Sir Nowik que vous avez vu cet après midi.
Archy fit un petit signe de la tête.
Je poursuis avec le Capitaine Redfox, vous vous souvenez sans doute de lui, il était le second du Capitaine Keunig, lorsque vous étiez en Nouvelle Guinée, c'est lui qui a pris l'escadrille après sa disparition, il y a aussi, le Lt Deefhen le Lt Nano et le Lt Robbie aussi. Ensuite, des camarades qui ont combattu avec vous dans la RAF, Sir Williams qui est très connu ici en Grande-Bretagne par rapport à sa collectin de warbird, Sir Yann Per...
Gunter ne savait plus où donner la main.
- ... Sir Moyus et Sir Booper...
Je m'approchais d'un homme assis dans une chaise, son regard semblait lointain.
-... Harry J. Flower.
Gunter s'approcha.
- Pauvre vieux, qu'est-ce qui lui est arrivé?
Un infirmier qui l'accompagnait répondit avec un air contrit .
- Une attaque cérébrale il y a deux ans.
Harry bavait et tentait de prononcer quelque chose.
- Gggg.... gnnnn... areuuu!
Plein de compassion Gunter s'approcha. D'un geste maladroit Harry lui fit signe de venir plus près... encore plus près. Quand Gunter fut tout près. Harry lui souffla à l'oreille.
- Salut gros babouin. Tu sais que tu pues toujours autant la clope et la bière ?
Gunter se retira brusquement. Il fulminait.
- Quoi? Vous vous foutez de moi ou quoi, il n'est pas plus sénile que vous et moi!
Harry et son infirmier partirent d'un grand rire!
- Meu non que je ne suis pas gaga.
Il leva la couverture montrant la raison de sa position dans une chaise roulante. Sa jambe gauche s'arrêtait au genou.
- Un Mig 15 en 1952. En m'éjectant de mon Vampire ma jambe a été happée et brisée en trois par l'empennage, tu sais bipoutres comme sur les P38. Les toubibs n'ont pas pu réparer.
Dans la salle c'était l'hilarité. Gunter le prit par le bras.
- Tu sais que t'es vraiment un enfoiré de mes deux. A chaque fois qu'on s'est croisé pendant nos putains de vie, tu m'auras emmerdé.
Harry tendit la main vers une sacoche qui pendait derrière sa chaise. Il en extirpa une bouteille de bourbon et un petit drapeau américain.
- Tu les reconnais Gunter?
- Tu parles si je les reconnais, j'espère qu'on ne va pas boire pour les mêmes raisons que la dernière fois!
Je reprenais la parole.
- Mesdames et Messieurs, j'ai mis presque une année pour vous réunir tous. Ce fut un long parcours, mais j'ai un grand plaisir à partager ce moment avec vous. J'aimerai remercier tout particulièrement Mister Daniel Warwick pour son exceptionnel accueil qui nous permet de conclure cette aventure en en magnifique point d'orgue!
- Ne vous en faites pas, là où nous allons, je peux loger 30 personnes sans problèmes.
Quelques minutes plus tard, alors que les quatre vétérans étaient entassés dans la Bentley, deux minibus avaient été organisés pour les accompagnateurs et moi. L'ambiance était bon enfant, j'avais maintenant l'impression d'être en course d'école.
La Bentley nous conduit dans la campagne Anglaise a environ 30 minutes de Duxford. Je découvrais une série de trois petites maisons posées comme ça au milieu d'un pré, juste à côté d'un petit bosquet d'arbres. Quel curieux endroit pour construire.
Warwick installa les pilotes dans la maison la plus importante, les deux autres un peu plus petites, nous étaient destinées. Je découvrais une architecture intérieure typiquement anglaise, faite de fanfreluches, de meubles empires et de bibelots en porcelaine. A l'intérieur, il y avait également cette odeur que l'on retrouve dans la vie traditionnelle anglaise, un mélange de thé, d'épices et de moisi émanant de lourdes tentures ou de l'habillage des fauteuils craquant sous mon poids.
Note hôte nous attendait à l'extérieur pour une petite visite guidée.
- Mesdames, Messieurs, est-ce que vous avez la moindre idée où nous sommes?
Gunter, Adamas, Kasey et Tchaikaram avaient revêtu des habits civils. Le dernier nommé qui était allé faire un tour dans le secteur répondit.
- Un aéroclub quelconque qui probablement durant l'été 1940 avait été transformé en urgence en base aérienne. La piste devait être par là, de l'autre côté du pré, les avions sans doute camouflés sous les arbres qui longent la route là bas. Je me trompe?
Warwick rigola.
- Non Mister Tchaikaram, vous ne vous trompez pas. Les Squadron de chasse 16, 128 et 142 ont établis leurs quartier ici entre août 1940 et mai 1945. Les maisons dans lesquelles nous sommes installées, ont été construites en 1941 et servaient de logement aux officiers. Dans le bosquet, il y a un petit mausolée où sont enterrés les officiers supérieurs qui ont servi sur cette base et qui sont morts en opération. Après la guerre, le terrain a été rendu à l'aéroclub a qui il appartenait avant le conflit, mais la proximité de Duxford a fait, que finalement, il a été abandonné. Seules les habitations, un hangar et le mausolée ont été conservés. J'ai racheté le tout en 1985 que j'ai fait restaurer. Le hangar a été déplacé et transformé en mess. Il se trouve de l'autre côté du terrain.
Il nous indique l'endroit au loin. Le toit d'une construction apparaît effectivement au-dessus des arbres.
- Je vous ferais visiter à l'occasion si vous le désirez.
Le lendemain, la journée fut bien remplie pour tous et c'est fatigués que nous rejoignons le cottage de Sir Warwick.
Le samedi avait lieu le premier jour du meeting. A la mi journée, Warwick s'approcha de moi et me souffla à l'oreille.
- Au fait pour vos invités, c'est bon. Ca a été un peu compliqué pour celui qui dans sa chaise, mais tout le monde sera présent ce soir, j'ai organisé la réception dans le hangar. Ca vous va?
On ne pouvait mieux faire. Mais avant cet événement clef, nous devions en vivre un autre et non des moindres.
C'est au début d'après-midi que Sir Warwick devait faire voler son Spitfire MkVIII. Lorsque l'avion pris l'air, nous avons la surprise d'apercevoir un vieil homme portant un imperméable beige fendre la foule jusqu'à la barrière et saluer de manière très solennelle l'avion. Gunter qui est à coté de moi me prend brusquement le bras.
- Je rêve où c'est encore un de vos coups fourrés Franklin?
Je suis complètement dépassé par les événements.
- Hein quoi, ben non je n'ai rien fait! Qui c'est ce bonhomme, vous le connaissez?
La voix de Gunter se fit rêveuse.
- Sir Archibald Nowik! Le Group Captain Nowik, commandant des Squadron 85, 134 et 615.
L'homme avait maintenant rejoint un membre du personnel de sécurité et avait quitté la tribune. Quelques minutes plus tard, il traversait le terrain en direction du Spitfire de Mister Warwick...
Le public qui réalisait que quelque chose d'inhabituel se déroulait faisait moins de bruit. Des milliers de regards suivaient maintenant cet homme qui claudiquant s'approchait du chasseur. Il en caressa les flanc.
Adamas et Kasey pleuraient. Adamas avait sorti de sa poche un gros mouchoir. Il se moucha bruyamment.
- Excusez-moi, mais c'est beau ces retrouvailles. Vous vous rendez compte 60 ans plus tard... deux vieux frères d'armes.
Gunter et Tchaikaram restaient impassibles.
Adamas repris.
- Je suis sûr que tu retrouverais ton vieux Corsair que tu chialerais aussi.
Gunter sourit.
- Sans doute, sans doute Adamas, encore faudrait-il en retrouver un.
Entre temps, le speaker avait annoncé que l'homme là bas était bien Sir Nowik. Il s'était installé dans l'avion et avait mis en marche le moteur.
Kasey inquiet, se manifesta.
- Il ne manquerait plus qu'il mette les gaz et qu'il parte faire un tour, tu verrais la tête de Warwick.
Gunter répondit.
- C'est une idée qui traverserait l'esprit de n'importe lequel d'entre nous Kasey, mais pas lui. Nowik est le type le plus chiant que j'ai connu...
Il hésita
- Quoiqu'Harry était aussi dans le peloton de tête. Par contre, Archy était aussi lofficer plus honnête, le plus loyal et et plus droit que j'aie rencontré. Jamais il ne ferait cela, sauf bien sûr si la reine le lui demandait, mouahaha.
Au tour de lui, plusieurs spectateurs, probablement parfaits sujets britanniques, eurent un regard réprobateur à son égard.
Je m'éclipsais à la recherche de Warwick. Il fallait que Nowik participe à la soirée.
Le programme se poursuivait. Le vol de quatre Corsair d'un Avenger et deux Widlcat, en fait des Martlet de la FAA, fut attentivement suivit par les vétérans de l'USN. La fin de journée se profilait. Elle fut conclue avec Wing de 12 Spitfire et de 4 Hurricane qui nous gratifia d'une somptueuse prestation. Tous les vétérans, y compris Gunter, Tchaikaram, Kasey et Adamas furent convié à un défilé d'honneur sur la piste. Assis sur GMC, Adamas toujours heureux faisait de grands signes au public qui l'acclamait comme une star de cinéma.
C'est fatigués que nous reprenions le chemin du retour. Pourtant, la soirée allait être encore longue.
- Pour ce soir, vous êtes tous conviés au mess pour le repas.
Nous avons annoncé Sir Warwick. Il avait fait les choses en ordre, au-delà de ce que j'espérais. Tout débuta par l'arrivée de deux petits camions Humer et de leur chauffeur vêtu d'uniformes d'époque. Du côté USN, tous avaient mis l'uniforme que je leur avais donné le jour auparavant. A la vu des camions, Adamas s'exclama.
- A ben ça, c'est une camion comme ça qui m'a ramené à Port Moresby en 1943, après mon crash sur la route de Kokoda.
On s'entassait comme on pouvait dans les deux véhicules qui coupèrent à travers le champ, en fait l'ancienne piste qui d'ailleurs sous cet angle de vue m'apparaissait de manière plus évidente. La soirée était douce et j'imaginais aisément les flight de Spitfire décollant groupés et filant vers l'azur, les roues du train rentrant alternativement dans leur logement. Le crissement des pneus du camion s'arrêtant me sortit de mes rêves. Le "mess" était devant nous. Il s'agissait d'un ancien hangar typique du milieu de la guerre. De forme semi elliptique tout en tôle zinguée, des fenêtres à croisillons en losanges avaient été ajoutées. A l'intérieur, il y avait de la lumière, et devant la porte principale plusieurs véhicules étaient stationnés, il devait y avoir la Land rover de Sir Nowik, et une camionnette aussi, avec un système permettant de transporter une chaise roulante. Alors que nous nous approchions, j'aperçu un homme qui nous tournait le dos, il portait une veste d'uniforme marron de l'USAAF et la casquette légèrement de travers. Je le reconnu instantanément, ce n'était pas difficile, je l'avais fréquenté trois ans auparavant.
Gunter le reconnu lui aussi. Il s'immobilisa, un instant. A l'angle de ses yeux perla une larme, nerveusement il extirpa son paquet de cigarettes de sa vareuse et s'en alluma une fébrilement.
- Bon et maintenant Mister Franklin? Vous allez me sortir Roosevelt ou Nimitz de votre manche.
Je ne répondais pas, je le laissais s'approcher de Cbal qui resta le dos tourné.
- Je reconnaîtrais cette démarche et ce reniflement à 100 mètres à la longue. Hein Gunter?
Les deux hommes restèrent un moment immobiles et silencieux. Cbal finit par romple le silence.
- Alors comme ça va vieux frère?
Gunter le pris par les épaules. Il parlait difficilement.
- Ca fait une paye hein... quand tu pilotais tes lampes à souder au-dessus de la 38ème parallèle.
Adams avait sorti son mouchoir, Tchaikaram et Kasey respectait l'émotion qui entourait ces retrouvailles. Kasey chuchota à Adamas.
- Tu le connaissais?
- Non, mais je suis un type sensible moi snirfl.
Je repris la direction des opérations.
- Hem... hem, bien Messieurs, je pense qu'il est temps que nous rentrions dans le mess, il y a du monde qui doit nous attendre.
Sir warwick avait magnifiquement organisé la réception. Les locaux avaient été décorés avec goût, un vieux gramophone diffusait Sydney Bechet en sourdine. Je fis les présentations.
- Bien Colonel, si vous permettez, je fais le tour des gens qui sont ici et que vous connaissez certainement encore. Je ne vous présente pas le Colonel Cbal que vous avez retrouvé dehors, ni Sir Nowik que vous avez vu cet après midi.
Archy fit un petit signe de la tête.
Je poursuis avec le Capitaine Redfox, vous vous souvenez sans doute de lui, il était le second du Capitaine Keunig, lorsque vous étiez en Nouvelle Guinée, c'est lui qui a pris l'escadrille après sa disparition, il y a aussi, le Lt Deefhen le Lt Nano et le Lt Robbie aussi. Ensuite, des camarades qui ont combattu avec vous dans la RAF, Sir Williams qui est très connu ici en Grande-Bretagne par rapport à sa collectin de warbird, Sir Yann Per...
Gunter ne savait plus où donner la main.
- ... Sir Moyus et Sir Booper...
Je m'approchais d'un homme assis dans une chaise, son regard semblait lointain.
-... Harry J. Flower.
Gunter s'approcha.
- Pauvre vieux, qu'est-ce qui lui est arrivé?
Un infirmier qui l'accompagnait répondit avec un air contrit .
- Une attaque cérébrale il y a deux ans.
Harry bavait et tentait de prononcer quelque chose.
- Gggg.... gnnnn... areuuu!
Plein de compassion Gunter s'approcha. D'un geste maladroit Harry lui fit signe de venir plus près... encore plus près. Quand Gunter fut tout près. Harry lui souffla à l'oreille.
- Salut gros babouin. Tu sais que tu pues toujours autant la clope et la bière ?
Gunter se retira brusquement. Il fulminait.
- Quoi? Vous vous foutez de moi ou quoi, il n'est pas plus sénile que vous et moi!
Harry et son infirmier partirent d'un grand rire!
- Meu non que je ne suis pas gaga.
Il leva la couverture montrant la raison de sa position dans une chaise roulante. Sa jambe gauche s'arrêtait au genou.
- Un Mig 15 en 1952. En m'éjectant de mon Vampire ma jambe a été happée et brisée en trois par l'empennage, tu sais bipoutres comme sur les P38. Les toubibs n'ont pas pu réparer.
Dans la salle c'était l'hilarité. Gunter le prit par le bras.
- Tu sais que t'es vraiment un enfoiré de mes deux. A chaque fois qu'on s'est croisé pendant nos putains de vie, tu m'auras emmerdé.
Harry tendit la main vers une sacoche qui pendait derrière sa chaise. Il en extirpa une bouteille de bourbon et un petit drapeau américain.
- Tu les reconnais Gunter?
- Tu parles si je les reconnais, j'espère qu'on ne va pas boire pour les mêmes raisons que la dernière fois!
Je reprenais la parole.
- Mesdames et Messieurs, j'ai mis presque une année pour vous réunir tous. Ce fut un long parcours, mais j'ai un grand plaisir à partager ce moment avec vous. J'aimerai remercier tout particulièrement Mister Daniel Warwick pour son exceptionnel accueil qui nous permet de conclure cette aventure en en magnifique point d'orgue!
Dernière édition par le Mar 11 Avr 2006 - 20:32, édité 1 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Voilà, cette fois c'est terminé.
Je dédie cet écrit à notre ami Gunter, sans qui, ne l'oublions pas, le GEFUV n'existerait pas!
Qui m'a fait découvrir une nouvelle dimension de l'amitié qui de virtuel est passée au réelle!
Qui me permet de rêver aux commandes des plus prestigieux chasseur de la WWII soir après soir depuis bientôt 4 ans!
Qui m'a permis de rencontrer des gens provenant de milieux aussi différents que variés, mais que des gens d'une grande richesse que j'espère pouvoir rencontrer un jour en réel... à la Ferté Alais?
Puisse cet écrit en toute modestie nous permettre de nous retrouver dans 60 ans, et ce quoi qu'il arrive, que l'on oublie jamais le GEFUV et les gens qui l'on construit!
Et bien sûr longue vie à notre petite association que ce soit sur Il2 et plus tard sur BoB et dans des jeux qui nous approcherons toujours plus de la réalité sans jamais la toucher!
Jeanmi alias "Harry J. Flower" alias "Mister Franklin"
Je dédie cet écrit à notre ami Gunter, sans qui, ne l'oublions pas, le GEFUV n'existerait pas!
Qui m'a fait découvrir une nouvelle dimension de l'amitié qui de virtuel est passée au réelle!
Qui me permet de rêver aux commandes des plus prestigieux chasseur de la WWII soir après soir depuis bientôt 4 ans!
Qui m'a permis de rencontrer des gens provenant de milieux aussi différents que variés, mais que des gens d'une grande richesse que j'espère pouvoir rencontrer un jour en réel... à la Ferté Alais?
Puisse cet écrit en toute modestie nous permettre de nous retrouver dans 60 ans, et ce quoi qu'il arrive, que l'on oublie jamais le GEFUV et les gens qui l'on construit!
Et bien sûr longue vie à notre petite association que ce soit sur Il2 et plus tard sur BoB et dans des jeux qui nous approcherons toujours plus de la réalité sans jamais la toucher!
Jeanmi alias "Harry J. Flower" alias "Mister Franklin"
Dernière édition par le Mar 11 Avr 2006 - 20:33, édité 1 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
somptueux final Harry ,
c'est vrais qu'un petit tour en Sally B ne serais pas pour me deplaire ... il a de l'alure se bel oiseau ...
tu est un compteur tres talentueux et se sera pour moi un tràs grand plaisir de te rencontrer
sa fait maintenant un peu plus d'un ans que je suis au Gefuv et nous formons tous une sacré equipe
merci pour se tres beaux recit
c'est vrais qu'un petit tour en Sally B ne serais pas pour me deplaire ... il a de l'alure se bel oiseau ...
tu est un compteur tres talentueux et se sera pour moi un tràs grand plaisir de te rencontrer
sa fait maintenant un peu plus d'un ans que je suis au Gefuv et nous formons tous une sacré equipe
merci pour se tres beaux recit
Adamas- Nombre de messages : 2352
Age : 54
Localisation : Mérignac (Gironde)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Merci, j'y compte bien.
Sinon, vous l'aurez deviné, le texte en question a un lien avec les écrits suivants:
Les Hurricane du Grand Nord
https://gefuv.1fr1.net/viewtopic.forum?t=47
Birmanie 1943 - Bienvenue en Enfer
https://gefuv.1fr1.net/viewtopic.forum?t=46
Rendez-vous avec son passé
https://gefuv.1fr1.net/viewtopic.forum?t=51
Bonne lecture et si vous lisez dans le bain, mettez assez d'eau chaude, c'est long
Sinon, vous l'aurez deviné, le texte en question a un lien avec les écrits suivants:
Les Hurricane du Grand Nord
https://gefuv.1fr1.net/viewtopic.forum?t=47
Birmanie 1943 - Bienvenue en Enfer
https://gefuv.1fr1.net/viewtopic.forum?t=46
Rendez-vous avec son passé
https://gefuv.1fr1.net/viewtopic.forum?t=51
Bonne lecture et si vous lisez dans le bain, mettez assez d'eau chaude, c'est long
615sqn_Harry- Wing Commander
- Nombre de messages : 8393
Localisation : Al Fayat
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
MERCI HARRY, tu es un chic type, un très bon écrivain, doué d'une imagination sans faille.. un GRAND BRAVO A TOI..
PS:Redfdox, peux tu nous faire des mouchoires GEFUV, :bob:
PS:Redfdox, peux tu nous faire des mouchoires GEFUV, :bob:
Invité- Invité
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Superbe Harry !
Je crois que c'est le premier écrit qui me fait verser une larme.
Chapeau !
Je crois que c'est le premier écrit qui me fait verser une larme.
Chapeau !
615sqn_William- Squadron Leader
- Nombre de messages : 1885
Age : 35
Localisation : A défilement de tourelle
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: 60 ans plus tard, quelques part en Virginie...
Un Grand merci, Harry, pour tous ces textes, pour ta personne, ton humour, et ta grande humanité. :)
VF17_Kasey- Nombre de messages : 268
Localisation : Genève
Date d'inscription : 26/10/2005
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