le Mitsubishi 12 Shi A6M Type O "ZEKE"

Un programme ambitieux


C'est le 19 mai 1937, alors que le modèle da chasseur Mitsubishi Type 96 entre a peine en service, que la Marine impériale fait connaître de nouvelles
Spécifications, appelées 12 Shi, visant Justement le remplacement futur du chasseur Type 96. Soumises aux deux principaux fournisseurs aéronautiques
Mitsubishi et Nakajima, ces spécifications requièrent la conception d'un monoplace, monoplan, monomoteur à train d'atterrissage escamotable et capable d'opérer à bord des porte-avions de la Flotte. A ce moment, personne ne sait encore que ces données techniques vont donner naissance au plus célèbre avion Japonais de tous les temps, à un appareil prestigieux et légendaire
Confinant au mythe. C'est l'ingénieur Jiro Horikoshi et son équipe, déjà responsables du Type 96, qui s'attaquent au problème. Des premières ébauches apparaissent, mais rien
de définitif n'est arrêté. D'ailleurs, en octobre 1937, après quelques mois d'une expérience tactique issue des premiers mois de guerre avec la Chine, la Marine impériale précise ses ambitions 'et complète les spécifications 12 Shi. On sait maintenant que le futur intercepteur doit atteindre la vitesse maximale de 500 km/h à 4.000 mètres d'altitude, grimper à 30000 mètres en
9'30", voler pendant deux heures au régime nominal ou de 6 à 3 heures au régime économique. Enfin, il doit posséder au moins deux canons de 20 mm
et deux mitrailleuses légères, ainsi que des attaches pour emporter deux bombes de 60 kg, II est précisé en outre qu'il doit avoir un équipement complet de radio et de navigation, que sa distance de décollage ne doit pas
Dépasser 70 mètres avec un vent debout de 50 km/h et enfin posséder une maniabilité semblable à celle du Type 96 A5M. C'est sans doute ce dernier point des spécifications qui va donner à l'étude toute son originalité.
A la fin du mois de janvier 1938, la société Nakajima fait savoir qu'elle se retire de la compétition, laissant ainsi seule en course la société Mitsubishi,
Dont d'ailleurs l'équipe créatrice étudie alors les meilleures structures du futur intercepteur. En effet, les deux spécialistes, Yoshio Yoshikawa et Yoshitoshi
Sone, préconisent l'emploi du nouvel alliage ultraléger ESD ( 1 ) mis au point par la firme Sumitomo, car la consigne permanente de l'ingénieur Jiro Horikoshi est la recherche systématique de la plus grande légèreté. Selon celui-ci, les performances sont a ce prix et plus l'appareil sera allégé, plus il aura de possibilités,




notamment en manœuvrabilité. C'est ainsi que l'avion est dessiné sans la moindre protection, tant du pilote que des organes vitaux, et qu'on adopte une méthode de construction super allégée. Toutefois, afin de
Conserver une certaine rigidité, on décide alors d'adopter la technique de construction monocoque. Le fuselage sera donc fabriqué en deux tronçons monocoques totalement équipés et assemblés par un petit nombre de boulons. Si ce procédé est effectivement celui qui offre le plus faible devis de poids, c'est également celui qui est industriellement le plus long, le plus délicat et
Qui requiert la main d'œuvre la plus hautement qualifiée.
Au mois d'avril -1938, les bureaux d'études de l'Arsenal aéronaval de Yokosuka donnent le feu vert, acceptant à la fois le nouveau modèle et son mode de construction. C'est au cours de l'été que la firme Mitsubishi est autorisée à
Mettre en chantier la construction de deux prototypes dénommés A6M1/12 Shi dotés d'un moteur Mitsubishi Zuisei 13 de 780 ch., qui entraîne une hélice
Bipale à pas variable.

(1) Ce sont les initiales de « Extra -Super Duralumin «





Description sommaire

Le nouvel intercepteur est donc un monoplace monoplan & train d'atterrissage escamotable, le premier que commande la Marine. Le fuselage, de construction entièrement métallique, débute par un capotage cylindrique enfermant le moteur .choisi et doté de deux prises d'air, l'une supérieure, l'autre inférieure, situées au niveau des volets périphériques de ventilation. Entre les deux cloisons pare-feu se situent le réservoir principal de carburant, le réservoir d'huile et les magasins à munitions des armes de capot. Sur la
partie supérieure de ce compartiment, prennent place en effet les deux mitrailleuses synchronisées de 7,7 mm dont les poignées d'armement se trouvent a la partie supérieure du tableau de bord.

Le poste de pilotage, surélevé afin de donner une bonne visibilité au pilote, est recouvert par une canopée à vision totale largement renforcée d'arceaux. A la suite du pare-brise très enveloppant, vient la partie centrale coulissante, puis un volume vitre se raccordant, au dos du fuselage. C'est d'ailleurs Juste à cet endroit que se situe la jonction des deux coques avant et arrière.

Au-delà, le fuselage, de section ovoïde large, décroît régulièrement jusqu'aux empennages.
Ceux-ci sont constitués d'un plan de profondeur de dessin trapézoïdal à bords marginaux arrondis et de grande surface avec des gouvernes dotées de flettners encastrés et d'un plan vertical de forme triangulaire de base généreuse avec une gouverne de grande taille avec flettner débordant. La roulette de queue se rétracte totalement dans la pointe arrière du fuselage. Quant au mât d'antenne radio, il est planté dans i'axe et dans la dernière partie vitrée de la canopée, La voilure cantilever et entièrement métallique est bâtie autour de deux
Longerons principaux. L'aile est implantée au fuselage en position basse et adopte une forme trapézoïdale à forte corde et bords marginaux arrondis.
Les ailerons occupent une grande partie de l'envergure, ne laissant qu'assez peu de longueur aux volets de courbure. Le train d'atterrissage est classique et se relève latéralement vers l'intérieur. Si les jambes oléopneumatiques se logent dans l'épaisseur de l'aile, les roues trouvent leur place sous le fuselage,
Où des volets semi-circulaires viennent obturer totalement les logements, complétant les panneaux portés par les jambes. Au-delà des articulations des
Jambes du train, la voilure reçoit les deux canons Type 99 de 20 mm.
Il s'agit donc d'un appareil ultraléger, à très faible charge alaire, qui prétend posséder les étonnantes caractéristiques de vol du chasseur Type 96
De la même marque, tout en apportant des améliorations très sensibles dans les domaines de la vitesse, de l'armement et du rayon d'action.




Des débuts peu satisfaisants

Ainsi conçu, le premier prototype Mitsubishi 12 Shi/A6M1 est terminé en février 1939 et sort quelques jours plus tard de l'atelier des appareils expérimentaux de Nagoya, Le 19 mars suivant, l'avion est recouvert d'une bâche, pour des raisons de secret militaire, et remorqué jusqu'au terrain d'essais de l'Armée de Kagamigahara, où le l er avril dans l'après-midi, le pilote d'essais Katsuzo Shima lui fait faire son premier vol. Si l'appareil démontre d'assez bonnes qualités de vol, ce n'est cependant pas enthousiasmant, II est lent à répondre aux commandes et ne possède pas une maniabilité étonnante, Le 25
avril, lors d'un des premiers essais de vitesse, le A6M1/12 Shi poussé au régime maximal ne peut atteindre que 483 km/h ; ce qui est sensiblement
Inférieur aux spécifications qui requièrent 500 km/h à 4000 mètres et au régime nominal.

Les essais se poursuivent et, en juillet, des pilotes de la Marine prennent le prototype en mains. Leurs constatations sont semblables à celles des
Pilotes d'essais. Ils signalent en outre des vibrations notables provenant du moyeu d'hélice, Ces remarques amènent le remplacement de l'hélice bipale par une tripale à vitesse constante. Cela provoque une légère amélioration du comportement de l'avion, qui demeure cependant mou et sans prestation particulière. Toutefois, le 14 septembre 1939, la Marine impériale accepte le
Modèle pour le service à terre avec la désignation Type 0 et fait entreprendre les essais spécifiquement marins. Ceux-ci sont assez décevants et les responsables rejettent le modèle à peu près au même moment où le second prototype 12 Shi/A6M1 effectue son premier vol, c'est-à-dire en octobre 1939.

L'avenir du modèle est assez compromis et l'équipe créatrice se désespère lorsque la Marine suggère de monter sur deux nouveaux prototypes le nouveau
Moteur Nakajima Sakae 12 [NK1C] de 940 ch (1). L'installation du nouveau

( 1 ) Ca moteur est l'équivalent du ha.25 de l'Armée et porta également l'appellation de Type 99/950 ch.

Moteur a nécessité un dessin également nouveau du capotage et le report de la prise d'air supérieure sur la lèvre inférieure du capotage. De plus, la ventilation ne se fait plus par l’intermédiaire de fentes périphériques, mais par de petits volets groupés, situés à mi-hauteur du couple.

Un succès sans précédent

Ces deux nouveaux appareils expérimentaux prennent la désignation 12 Shi/A6M2. Le premier d'entre eux sort de l'usine à la mi-décembre 1939 et effectue son premier vol le 28 du même mois. Cette fois, c'est une réussite,
Car le changement de moteur se révèle un succès au-delà de toute espérance.

Les performances font un bond prodigieux, en même temps que le comportement général et les qualités de vol de l'avion passent subitement de la médiocrité à l'excellence. Cette fois la Marine est enthousiasmée et décide de commander 15 appareils de préséries dénommés Type 0 A6M2 Modèle 11 qui
Vont être expérimentés opérationnellement afin d'accélérer la mise au point définitive selon une méthode nippone désormais bien établie.

Le second prototype 12 Shi/A6M2 accomplit son premier vol le 18 janvier 1940 et confirme bien entendu les très bons résultats obtenus avec le premier.
Cependant, le 11 mars 1940. Le second prototype 12 Shi/A6M1, qui effectue un nouveau vol de mise au point, explose brutalement en plein vol et se désintègre, tuant son pilote. Cet accident, survenu sans la moindre raison apparente, est si inattendu que la Marine ordonne une enquête. D'ailleurs, l'accident va entraîner un complément d'études et un renforcement consécutif de la
Voilure au niveau des longerons et des ferrures d'emplanture.

La construction des appareils de préséries est activement poussée, mais la complexité structurale de l'appareil fait que la fabrication se révèle plus lente que prévu. Ce n'est pas en mai 1940, mais en juin que le nombre minimal d'avions est disponible et une sélection de bons pilotes vient se familiariser avec le nouveau type d'intercepteur.

Le 21 juillet 1940. Les quinze appareils de préséries Mitsubishi Type 0 A6M2
Modèle 11 sont affectés au 12° Rengo Kokutai (12° Corps Naval Aérien Combiné) et expédiés en Chine, tandis que les deux prototypes A6M2 entreprennent de nouveaux essais marins qui d'ailleurs sont couronnés de succès, à l'entière satisfaction des difficiles utilisateurs que sont les pilotes embarqués.

Cette fois, il n'y a plus aucune réticence et la Marine ordonne la fabrication en grande série du nouveau modèle avec la désignation de Type 0 A6M2 Modèle 21 et en qualité d'avion de chasse standard tant à bord des porte-
Avions qu'au sein des unités de première ligne basées à terre.

Les informations parvenant de Chine indiquent que l'introduction du nouveau modèle de chasseur nippon a fait l'effet d'une véritable bombe. Suite à la
Première rencontre aérienne qui a lieu le 13 septembre 1940, l'avion est montré comme dépassant de loin tout ce



qui est connu en matière de maniabilité et d'armement. Même si l'on filtre les superlatifs employés en faisant
la part de la propagande, il est certain que l'appareil crée cependant une surprise incontestable et très arrière pour les aviateurs chinois. L'unité engagée d'origine est sans cesse renforcée au fur et & mesure de la production industrielle et bientôt de nouvelles formations sont dotées du nouveau modèle.

C'est ainsi que l'une d'elles peut afficher le score de 99 appareils chinois détruits pour la perte de seulement 2 de ses chasseurs, encore que ceux-ci ont été touchés par la D.C.A. légère ennemie. Il est évident que cette activité
Opérationnelle en Chine permet non seulement de mettre parfaitement au point le nouveau chasseur, mais aussi et peut-être surtout de donner à de nombreux pilotes Japonais une inestimable expérience et un entraînement tactique incomparable. Ce sont ces deux derniers éléments associés aux. Indiscutables qualités de l'avion qui vont expliquer les futures et éclatantes victoires sur les forces aériennes occidentales, mais n'anticipons pas.

Le nombre total d'appareils du Type 0 A6M2 Modèle 11 s'élève à 62 exemplaires, dont les 15 avions de préséries, mais les unités constituées complètent naturellement leur dotation avec les nouveaux Modèles 21 qui prennent
La relève sur les chaînes de fabrication.



L'immortel « Zéro »

En fait, le nouveau modèle 21 est très semblable au Modèle 11 et se caractérise par le renforcement du longeron arrière de voilure a partir du 22e appareil de production et l'introduction des bouts d'ailes repliables manuellement a partir du 65e exemplaire. En effet, l'envergure de l'avion dépasse d'un
Mètre seulement la dimension maximale .admise par les plates-formes des ascenseurs de porte-avions. C'est pourquoi les parties repliables sont si courtes. Quant au renforcement du longeron, il a été dicté par le fin tragique du second prototype 12 Shi/A6M1.

Peu après, da nouvelles modifications de détails sont encore introduites sur les chaînes de production du Modèle 21. Ainsi, a partir du 127e exemplaire
De série, on monte de nouveaux flettners aux ailerons de voilure. Tel qu'il se présente alors, le monoplace Mitsubishi Type 0 A6M2 Modèle 21 est sans
Aucun doute le meilleur monoplace de chasse embarqué du monde et il peut sans aucune, difficulté rivaliser avec les meilleurs chasseurs terrestres ; ce qui est aussi étonnant qu'extraordinaire.

L'expérimentation tactique de l'appareil en Chine dure pratiquement un an jour pour jour et en septembre 1941 tous les « Zéro » sont rappelés au Japon en vue de frapper les premiers coups de la guerre du Pacifique qui va bientôt commencer. Ce sont naturellement les grands porte-avions de combat de la Flotte combinée qui ont été convertis les premiers avec le nouveau
Modèle de chasseur, mais également les unités de première ligne basées a terre ; choisies pour soutenir la grande expansion militaire nippone. Lorsque
Les responsables japonais lancent l'opération surprise contre Pearl Harbour, la Marine impériale a en compte 326 monoplaces Mitsubishi Type 0.
Que ce soit & Pearl Harbour, le dimanche 7 décembre 1941 (1), aux Philippines ou en Malaisie dans les heures qui suivent, le Mitsubishi Type 0 surprend
Tous les aviateurs alliés. (2) et constitue une véritable révélation dans les milieux militaires occidentaux. En quelques heures, le "Zéro" balaie toute résistance aérienne et détruit tant au sol qu'en vol une grande parti de l’aviation alliée d'Extrême-Orient. C'est à ce moment que se crée autour du nom
(Zéro) la légende faite de panique, d'admiration et de rage impuissante fondée sur la très grande vitesse, la prodigieuse maniabilité et la. Quasi invulnérabilité du nouveau chasseur nippon. Cette légende, qui fait d'ailleurs confondre en une seule et même entité tout monoplace japonais aperçu, qu'il soit de la Marine ou de l'Armée, par les aviateurs alliés, confinera bientôt au mythe et il faudra attendre le printemps de 1943 pour que cette psychose
Commence seulement à s'estomper grâce aux progrès techniques réalisés dans le camp des nations occidentales.

Avec le chasseur « Zéro », le Japon dispose d'une supériorité technique et tactique incontestable qui va assurer, nous le répétons, le succès des opérations militaires entreprises. Sous tous les cieux du Pacifique et de l'Asie du Sud-est, le Mitsubishi Type 0 est partout présent et sa seule présence est capable bien souvent de déterminer la démoralisation des Alliés. En effet,
Dans bien des secteurs, un tout petit nombre de monoplaces « Zéro » suffit à déclencher, sinon la panique, au moins la peur et le découragement. D'ailleurs,




Les Japonais le savent et ils ne cessent de déplacer leurs unités afin de tromper leurs adversaires sur leur potentiel réel, finalement limité. Ce sera le cas en Malaisie, dans les Philippines méridionales, aux Célèbes, aux Moluques, à Bornéo, à Java, à Sumatra et en Nouvelle Guinée.

Le Mitsubishi Type 0 A6M2 Modèle 21 constitue donc la première grande version opérationnelle dont 740 exemplaires est construits tant chez Mitsubishi
Que chez Nakajima sans aucun autre changement notable et cela jusqu'au printemps de 1943.


a suivre

Merci polo pour cette documentation plutôt exaustive.
Serait-il possible d'avoir aussi de la documentation du D3A1 Val et du G4M1 Betty?Si ça ne te dérange pas bien sûr
Ca me rendrai beaucoup service car je n'arrive pas à trouver une documentation aussi complète que la tienne et qui plus est, en français
De plus, je suis très interressé par ces deux appareils que j'ai la chance de pouvoir utiliser.
d'avance,merci.

Ca me rendrai beaucoup service

c'est le coté RTA qui ressort ????

Serait-il possible d'avoir aussi de la documentation du D3A1 Val et du G4M1 Betty

mais non je ne ferais un plaisir de te rendre service
je vais t'envoyer la doc sur ces deux avions ,mais pas de suite

Paolo ; historien officiel du Gefuv ?

C'est passionnant en tout cas.

9/Grp_PAOLO a écrit:mais non je ne ferais un plaisir de te rendre service
je vais t'envoyer la doc sur ces deux avions ,mais pas de suite

Je serai très patient promis!

9/Grp_Adamas a écrit:c'est le coté RTA qui ressort ????

Adamas.... :sniper: