Un Stug pour la liberté
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Re: Un Stug pour la liberté
C't'ambiance....
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
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Date d'inscription : 26/10/2005
Re: Un Stug pour la liberté
Dans la position, l'ambiance est tendue. Discrètement, malgré le froid mordant, Goliath s'équipe. Il a retiré ses bottes et son harnachement. Il confie sa fidèle PPSH à Vylsain.
- Tiens, tu en prends soin jusqu'à mon retour. Et les magasins de rechange là.
De son sac mystérieux qu'il porte toujours en bandoulière, il a retiré une paire de bottes fourrées à la semelle souple. Il croit bon de nous en expliquer la provenance.
- C'est un cadeau de nos alliés cosaques. Elles sont fragiles, mais souple et chaudes.
Il passe une veste d'hiver de parachutistes allemands qui lui sert le corps. Par-dessus, il a passé un ceinturon ou pend un Luger et un magasin de rechange. Dans son dos, il y a son long poignard effilé. Il a pris un sac en tissus écru dont la sangle est réglable. Il y met quelques grenades emballées dans un morceau d'étoffe sale et deux charges explosives de 5 kg. Il tend la sangle pour que le sac lui plaque bien le corps. Il porte des gants fins de laine et de cuir. Après une dernière vérification de son matériel, il tire une bouffée à la cigarette de machorka que lui tend Vylsain et sans un mot, prend le même chemin que Volta, avait pris deux jours auparavant. Après avoir évacué la petite église, il se retrouve dans une cours. Alors que le vent souffle toujours, accroupis, tel un éclaireur indien, il hume l'air et scrute les environs. Après s'être assuré que tout est calme, il pénètre sans bruit dans un immeuble. Il marche sans laisser de traces, évitant soigneusement les plaques de neige qui recouvre le sol aux endroits où la façade est percée. A l'intérieur, il fait sombre et le vent siffle sinistrement au travers des murs éventrés. Ca devait être une jolie bâtisse, sous les gravas, le sol est recouvert de fins motifs de céramique et les murs sont recouverts d'un papier peint luxueux. La main courante est en bois laqué et les ferrures en laiton poli. Les propriétaires, probablement pour ne pas attiser la curiosité des commissaires, ont accroché un peu partout des photos des leaders soviétiques. Au-dessus de la porte, un slogan révolutionnaire en cyrillique a été ajouté un peu maladroitement, à la peinture rouge. Goliath laisse le sous-sol derrière lui et entreprend de monter dans les étages. Au premier, après avoir marqué un temps d'arrêt pour s'assurer qu'il est bien seul, il poursuit sa progression au deuxième, puis au troisième et enfin au dernier étage. Mais la maison est vide. En haut, le toit fracassé par une bombe ou un tir d'artillerie a laissé entré la neige. Image triste d'une chambre d'enfants aux jouets et meubles recouverts d'un manteau blanc. Goliath évite l'endroit. Il a trop peur d'y trouver un cadavre. Les cadavres d'enfants, c'est plus terrible à vivre, alors d'un pas pressant, il gagne rapidement l'autre bout du couloir. Là, la situation est presque comique, car il s'agit d'une salle de bain au plancher détruit. La baignoire accolée contre un mur intérieur est restée en place, on peut même voir des linges encore suspendus sur des supports en bois contre le mur. La cuvette WC par contre, n'est maintenue que par son tuyau d'évacuation, elle est ainsi en suspend à quelques mètres du sol, balançant doucement dans les bourrasques de vent. Goliath s'accroche au bord du mur et suspendu, rejoint le plancher intact et la baignoire. La bise noire chante toujours. Il se redresse un peu pour observer la rue. Celle qui est en face de la position. Il y aperçoit les carcasses de camion et de blindés. Il y a des Russes aussi, il en dénombre une vingtaine, probablement rescapés du dernier assaut de ce matin. La plupart sont accroupis et attendent un nouvel ordre d'assaut. Avec un bon fusil et quelques grenades, il pourrait faire un sacré carnage, mais il n'est pas là pour ça. Les soldats ennemis ne regardent pas vers lui, et il se demande bien pourquoi Ivan ne cherche pas à progresser dans les immeubles en ruine comme il le fait. Mais le temps n'est pas à la réflexion. Comme un chat, il agrippe le bord du mur juste au-dessus de la baignoire et en un seul mouvement franchit l'obstacle pour atteindre la poutraison sous le faîte du toit qui est encore intact. En dessous de lui à moins de deux mètres, il y a un plancher de bois. Mais il ne s'y aventurera pas, les planchers ça grincent. Profitant, des quelques trous dans la toiture qui lui fournissent la lumière nécessaire il progresse, s'accrochant aux solives, sautant de poutres en poutre. Toujours dans un silence monacal à peine troublé par les bourrasques, il atteint le fond des combles de l'immeuble. En dessous de lui, il y a une trappe fermée qui permet d'accéder au dernier étage de la maison. Il hésite. Il consulte sa montre. Ca fait déjà presque une heure qu'il est parti. Il a avancé de cent mètres à peine, il sait qu'il doit encore en faire une fois autant pour atteindre son objectif. Il choisit une lambourde qui descend jusqu'au plancher et tout en si maintenant, il sonde du regard le sol. Et toujours cette bise terrible qui s'engouffre en tourbillons dans chaque interstice. Dehors la neige s'est remise à tomber, mais Goliath n'a pas froid. Il a retiré un gant et de sa main nue tâte la planche qui est juste en dessous de lui. Elle est froide. Ca veut dire qu'en dessous, la pièce n'est pas chauffée. Il approche son nez d'une jointure. Pas d'odeur, ni de tabac, ni de nourriture ou de transpiration. Il pose un pied... doucement et transfert très lentement son poids sur la planche. Aucun bruit. Il ajuste ses lunettes et cherche au sol les joints des lambourdes qui soutiennent le plancher. Mesurant chacun de ses pas, il s'approche de la trappe. Et si les Russes l'avaient miné. Un doute l'assaille, mais il n'a pas le choix, c'est par-là qu'il doit passer. Se soutenant de la pointe des pieds et du bout des doigts, il se couche. Il essaye de réprimer les battements de cœurs qui martèlent ses tempes. Il a l'impression que ça doit s'entendre de loin. Finalement, il se couche et attend quelques minutes, à l'affût du moindre bruit. Devant lui, à portée de main, il y a l'anneau d'acier avec le verrou dont la commande s'actionne par en dessous. Il sort son poignard et essaye vainement d'écarter deux planches, mais le montage est solide et bien fait. A "l'Allemande" qu'il pense à l'intérieur de lui-même. Il se décide à actionner le verrou "et puis merde... de toute façon mourir pour mourir, si c'est maintenant, tant pis". Bien huilé le verrou se déplace sans bruit, millimètre après millimètre. Ca y est, il est complètement ouvert. Sans un bruit, il se redresse et s'accroupi. Il a le souffle court, son cœur bat la chamade. La main gauche tenant fermement la poignée et la droite la crosse de son Luger, il respire profondément et tire doucement sur le panneau qui s'ouvre. Un courant d'air glacial venant de l'étage en dessous lui fouette le visage. Il laisse un espace de quelques centimètres et observe du mieux qu'il peut, la pièce qui est en dessous de lui. Il s'agit en fait d'un corridor. Il aperçoit également une cage d'escalier. Se déhanchant au mieux, il arrive à voir également le mur de la façade percé de fenêtres aux vitres brisées. Lentement, il ouvre la trappe, les charnières ne grincent pas. Lorsque celle-ci est totalement ouverte et appuyée contre un support en bois, le vent s'engouffre dans les combles. En s'écartant du trou, il peut avoir une vue d'ensemble du couloir et de la cage d'escalier. Il y a des portes qui donnent sur des pièces. Rien ne bouge, dehors, quelques coups de feu claquent. Il profite du bruit pour descendre dans le corridor, non sans fermer la trappe derrière lui. L'endroit est désert. Pas un bruit. Il fait une rapide reconnaissance dans les pièces qui s'avèrent être de simples chambres. Il jette un coup d'œil discret par la fenêtre. Depuis cet endroit, il peut voir la rue transversale, celle d'où est venu le SU-85. Il y a des centaines de soldats qui attendent. Le prochain assaut n'est pas loin. Goliath grommelle intérieurement. Mais bon sang où est notre glorieuse Luftwaffe. Une seule bombe sur le paquet et il n'y a plus d'assaut. Mais en cet hiver 43-44, la Luftwaffe est bientôt réduite à peau de chagrin et ne fera que de rares passages sur Zithomir. Au bout du couloir, il y a un passage qui permet d'accéder à l'autre partie de l'étage. A cet endroit, presque toutes les fenêtres sont intactes, de nouvelles portes donnent sur d'autres chambres. Il y a un trou béant dans le mur et un peu de neige recouvre le planche. Il y a des traces, des traces de bottes allemandes. "Tient tient, on dirait que notre ami Volta le maladroit est passé par ici..." murmure intérieurement Goliath, mais malgré une recherche minutieuse de l'étage, aucune autre trace ne laisse ne révèle la présence du pilote de Stug. Toujours son Luger au poing, Goliath descend les escaliers et accède à l'étage suivant. L'immeuble est moins luxueux que le précédent. Les tristes chambres du cinquième ont laissé place à des appartements de deux ou trois pièces toutes aussi sinistres. L'ameublement est sommaire, les fenêtres rares, les lampes sont souvent de simples ampoules suspendues au plafond et les murs en béton bruts de coffrage sont recouverts des sempiternelles affiches de propagande. Déjà presque deux heures que Goliath a quitté la position. Inquiet, il laisse le quatrième étage derrière lui, il n'a pas trouvé de passage pour continuer sa progression. Il se résout à descendre au troisième. Dehors, un nouvel assaut a débuté. Les cris de rage se mêlent aux hurlements désespérés des blessés. Au bout de la rue, la Totensieger du Stabfeldwebel Archy chante sa sinistre complainte fauchant les soldats russes comme des épis de blés mûrs...
Le troisième étage est strictement identique à celui du dessus et Goliath a toutes les peines à rester silencieux. La nuit va tomber bientôt et il n'est pas équipé pour franchir ce cap. Il presse le pas et ne prend pas le temps de visiter les appartements. Il hésite, que faire, tenter un passage par le toit ou descendre encore un étage. Alors qu'il s'apprête à quitter la cage d'escalier. Un bruit, très faible, mais perceptible se produit dans l'appartement du fond. Un peu comme une chaise qu'on déplace. Tous ses sens aux aguets, Goliath a oublié le froid, l'heure et son inquiétude. Il y a quelqu'un là bas! La porte du logement en question est ouverte. Il progresse, lentement mais sûrement vers la porte. Ses semelles de cuir souple épousent chaque aspérité du sol. A deux mètres, il marque une pose. Dans la rue, le combat continue, il y a des coups de canons. Le Stug mis en batterie par Julius ou le SU-75, mais il s'en fout. Dans le logement, il y a de nouveau du bruit. Quelqu'un s'est déplacé d'un pas rapide comme s'il l'avait repéré. Goliath ne bouge plus, dans sa main droite il y a le 9mm cran de sûreté relevé et dans la gauche, son fidèle poignard. Il attend, dix minutes, il se redresse doucement car il commence d'être ankylosé, il a froid, affreusement froid, il doit encore avancer, car s'il reste comme ça, il a peur de ne pas avoir les bons réflexes. La porte est à moins d'un mètre maintenant. Il respire la bouche ouverte, soufflant vers le bas pour ne pas trahir sa présence par la vapeur qui émane de chaque expiration. Ca y est, l'inconnu bouge, doucement, mais il l'entend. "Ca" s'approche de la sortie. Plaqué contre le mur Goliath brandit sa fine lame. Les muscles tendus il est prêt à frapper, il sait où doit porter son coup pour que sa victime ne produise aucun son. Un objet tombe par terre suivit d'un miaulement strident et un chat apeuré sort en courant. Goliath ne sait pas s'il doit pleurer ou rire, la tension baisse d'en coup. Alors qu'il s'apprête à faire demi-tour un juron en russe retentit et un uniforme blanc apparaît. Le soldat soviétique est beaucoup plus grand et fort que l'Allemand, il court après le chat et reste paralysé à la vue de Goliath. Dans un premier temps, il lève les mains par réflexe, puis se reprend et empoigne le jeune allemand à la gorge de la main gauche et de la droite cherche son Tokarev à la ceinture. Il a une force herculéenne et soulève sa victime par le cou comme une poupée. Il a le sourire mauvais. Alors que sa vue se trouble sous l'effet de l'étranglement, Goliath aperçoit la dentition en mauvais état de son agresseur. Le P09, appuyé contre la parka épaisse claque sourdement. Une fois, deux fois, quatre coups en tout, tirés à bout touchant, presque par spasme. Lorsque l'étreinte se relâche, dans un mouvement rageur, le poignard se plante à son tour dans la gorge du bourreau. Goliath tombe à genoux. Devant lui, le communiste se tient la poitrine, il y a de la tristesse dans son regard. Il réalise qu'il va mourir. Le souffle rauque, contenant une terrible envie de vomir, il s'adresse au russe dont le regard se voile lentement.
- Désolé camarade, en d'autres circonstances on aurait été peut-être copain, mais là, c'était toi ou moi.
- Tiens, tu en prends soin jusqu'à mon retour. Et les magasins de rechange là.
De son sac mystérieux qu'il porte toujours en bandoulière, il a retiré une paire de bottes fourrées à la semelle souple. Il croit bon de nous en expliquer la provenance.
- C'est un cadeau de nos alliés cosaques. Elles sont fragiles, mais souple et chaudes.
Il passe une veste d'hiver de parachutistes allemands qui lui sert le corps. Par-dessus, il a passé un ceinturon ou pend un Luger et un magasin de rechange. Dans son dos, il y a son long poignard effilé. Il a pris un sac en tissus écru dont la sangle est réglable. Il y met quelques grenades emballées dans un morceau d'étoffe sale et deux charges explosives de 5 kg. Il tend la sangle pour que le sac lui plaque bien le corps. Il porte des gants fins de laine et de cuir. Après une dernière vérification de son matériel, il tire une bouffée à la cigarette de machorka que lui tend Vylsain et sans un mot, prend le même chemin que Volta, avait pris deux jours auparavant. Après avoir évacué la petite église, il se retrouve dans une cours. Alors que le vent souffle toujours, accroupis, tel un éclaireur indien, il hume l'air et scrute les environs. Après s'être assuré que tout est calme, il pénètre sans bruit dans un immeuble. Il marche sans laisser de traces, évitant soigneusement les plaques de neige qui recouvre le sol aux endroits où la façade est percée. A l'intérieur, il fait sombre et le vent siffle sinistrement au travers des murs éventrés. Ca devait être une jolie bâtisse, sous les gravas, le sol est recouvert de fins motifs de céramique et les murs sont recouverts d'un papier peint luxueux. La main courante est en bois laqué et les ferrures en laiton poli. Les propriétaires, probablement pour ne pas attiser la curiosité des commissaires, ont accroché un peu partout des photos des leaders soviétiques. Au-dessus de la porte, un slogan révolutionnaire en cyrillique a été ajouté un peu maladroitement, à la peinture rouge. Goliath laisse le sous-sol derrière lui et entreprend de monter dans les étages. Au premier, après avoir marqué un temps d'arrêt pour s'assurer qu'il est bien seul, il poursuit sa progression au deuxième, puis au troisième et enfin au dernier étage. Mais la maison est vide. En haut, le toit fracassé par une bombe ou un tir d'artillerie a laissé entré la neige. Image triste d'une chambre d'enfants aux jouets et meubles recouverts d'un manteau blanc. Goliath évite l'endroit. Il a trop peur d'y trouver un cadavre. Les cadavres d'enfants, c'est plus terrible à vivre, alors d'un pas pressant, il gagne rapidement l'autre bout du couloir. Là, la situation est presque comique, car il s'agit d'une salle de bain au plancher détruit. La baignoire accolée contre un mur intérieur est restée en place, on peut même voir des linges encore suspendus sur des supports en bois contre le mur. La cuvette WC par contre, n'est maintenue que par son tuyau d'évacuation, elle est ainsi en suspend à quelques mètres du sol, balançant doucement dans les bourrasques de vent. Goliath s'accroche au bord du mur et suspendu, rejoint le plancher intact et la baignoire. La bise noire chante toujours. Il se redresse un peu pour observer la rue. Celle qui est en face de la position. Il y aperçoit les carcasses de camion et de blindés. Il y a des Russes aussi, il en dénombre une vingtaine, probablement rescapés du dernier assaut de ce matin. La plupart sont accroupis et attendent un nouvel ordre d'assaut. Avec un bon fusil et quelques grenades, il pourrait faire un sacré carnage, mais il n'est pas là pour ça. Les soldats ennemis ne regardent pas vers lui, et il se demande bien pourquoi Ivan ne cherche pas à progresser dans les immeubles en ruine comme il le fait. Mais le temps n'est pas à la réflexion. Comme un chat, il agrippe le bord du mur juste au-dessus de la baignoire et en un seul mouvement franchit l'obstacle pour atteindre la poutraison sous le faîte du toit qui est encore intact. En dessous de lui à moins de deux mètres, il y a un plancher de bois. Mais il ne s'y aventurera pas, les planchers ça grincent. Profitant, des quelques trous dans la toiture qui lui fournissent la lumière nécessaire il progresse, s'accrochant aux solives, sautant de poutres en poutre. Toujours dans un silence monacal à peine troublé par les bourrasques, il atteint le fond des combles de l'immeuble. En dessous de lui, il y a une trappe fermée qui permet d'accéder au dernier étage de la maison. Il hésite. Il consulte sa montre. Ca fait déjà presque une heure qu'il est parti. Il a avancé de cent mètres à peine, il sait qu'il doit encore en faire une fois autant pour atteindre son objectif. Il choisit une lambourde qui descend jusqu'au plancher et tout en si maintenant, il sonde du regard le sol. Et toujours cette bise terrible qui s'engouffre en tourbillons dans chaque interstice. Dehors la neige s'est remise à tomber, mais Goliath n'a pas froid. Il a retiré un gant et de sa main nue tâte la planche qui est juste en dessous de lui. Elle est froide. Ca veut dire qu'en dessous, la pièce n'est pas chauffée. Il approche son nez d'une jointure. Pas d'odeur, ni de tabac, ni de nourriture ou de transpiration. Il pose un pied... doucement et transfert très lentement son poids sur la planche. Aucun bruit. Il ajuste ses lunettes et cherche au sol les joints des lambourdes qui soutiennent le plancher. Mesurant chacun de ses pas, il s'approche de la trappe. Et si les Russes l'avaient miné. Un doute l'assaille, mais il n'a pas le choix, c'est par-là qu'il doit passer. Se soutenant de la pointe des pieds et du bout des doigts, il se couche. Il essaye de réprimer les battements de cœurs qui martèlent ses tempes. Il a l'impression que ça doit s'entendre de loin. Finalement, il se couche et attend quelques minutes, à l'affût du moindre bruit. Devant lui, à portée de main, il y a l'anneau d'acier avec le verrou dont la commande s'actionne par en dessous. Il sort son poignard et essaye vainement d'écarter deux planches, mais le montage est solide et bien fait. A "l'Allemande" qu'il pense à l'intérieur de lui-même. Il se décide à actionner le verrou "et puis merde... de toute façon mourir pour mourir, si c'est maintenant, tant pis". Bien huilé le verrou se déplace sans bruit, millimètre après millimètre. Ca y est, il est complètement ouvert. Sans un bruit, il se redresse et s'accroupi. Il a le souffle court, son cœur bat la chamade. La main gauche tenant fermement la poignée et la droite la crosse de son Luger, il respire profondément et tire doucement sur le panneau qui s'ouvre. Un courant d'air glacial venant de l'étage en dessous lui fouette le visage. Il laisse un espace de quelques centimètres et observe du mieux qu'il peut, la pièce qui est en dessous de lui. Il s'agit en fait d'un corridor. Il aperçoit également une cage d'escalier. Se déhanchant au mieux, il arrive à voir également le mur de la façade percé de fenêtres aux vitres brisées. Lentement, il ouvre la trappe, les charnières ne grincent pas. Lorsque celle-ci est totalement ouverte et appuyée contre un support en bois, le vent s'engouffre dans les combles. En s'écartant du trou, il peut avoir une vue d'ensemble du couloir et de la cage d'escalier. Il y a des portes qui donnent sur des pièces. Rien ne bouge, dehors, quelques coups de feu claquent. Il profite du bruit pour descendre dans le corridor, non sans fermer la trappe derrière lui. L'endroit est désert. Pas un bruit. Il fait une rapide reconnaissance dans les pièces qui s'avèrent être de simples chambres. Il jette un coup d'œil discret par la fenêtre. Depuis cet endroit, il peut voir la rue transversale, celle d'où est venu le SU-85. Il y a des centaines de soldats qui attendent. Le prochain assaut n'est pas loin. Goliath grommelle intérieurement. Mais bon sang où est notre glorieuse Luftwaffe. Une seule bombe sur le paquet et il n'y a plus d'assaut. Mais en cet hiver 43-44, la Luftwaffe est bientôt réduite à peau de chagrin et ne fera que de rares passages sur Zithomir. Au bout du couloir, il y a un passage qui permet d'accéder à l'autre partie de l'étage. A cet endroit, presque toutes les fenêtres sont intactes, de nouvelles portes donnent sur d'autres chambres. Il y a un trou béant dans le mur et un peu de neige recouvre le planche. Il y a des traces, des traces de bottes allemandes. "Tient tient, on dirait que notre ami Volta le maladroit est passé par ici..." murmure intérieurement Goliath, mais malgré une recherche minutieuse de l'étage, aucune autre trace ne laisse ne révèle la présence du pilote de Stug. Toujours son Luger au poing, Goliath descend les escaliers et accède à l'étage suivant. L'immeuble est moins luxueux que le précédent. Les tristes chambres du cinquième ont laissé place à des appartements de deux ou trois pièces toutes aussi sinistres. L'ameublement est sommaire, les fenêtres rares, les lampes sont souvent de simples ampoules suspendues au plafond et les murs en béton bruts de coffrage sont recouverts des sempiternelles affiches de propagande. Déjà presque deux heures que Goliath a quitté la position. Inquiet, il laisse le quatrième étage derrière lui, il n'a pas trouvé de passage pour continuer sa progression. Il se résout à descendre au troisième. Dehors, un nouvel assaut a débuté. Les cris de rage se mêlent aux hurlements désespérés des blessés. Au bout de la rue, la Totensieger du Stabfeldwebel Archy chante sa sinistre complainte fauchant les soldats russes comme des épis de blés mûrs...
Le troisième étage est strictement identique à celui du dessus et Goliath a toutes les peines à rester silencieux. La nuit va tomber bientôt et il n'est pas équipé pour franchir ce cap. Il presse le pas et ne prend pas le temps de visiter les appartements. Il hésite, que faire, tenter un passage par le toit ou descendre encore un étage. Alors qu'il s'apprête à quitter la cage d'escalier. Un bruit, très faible, mais perceptible se produit dans l'appartement du fond. Un peu comme une chaise qu'on déplace. Tous ses sens aux aguets, Goliath a oublié le froid, l'heure et son inquiétude. Il y a quelqu'un là bas! La porte du logement en question est ouverte. Il progresse, lentement mais sûrement vers la porte. Ses semelles de cuir souple épousent chaque aspérité du sol. A deux mètres, il marque une pose. Dans la rue, le combat continue, il y a des coups de canons. Le Stug mis en batterie par Julius ou le SU-75, mais il s'en fout. Dans le logement, il y a de nouveau du bruit. Quelqu'un s'est déplacé d'un pas rapide comme s'il l'avait repéré. Goliath ne bouge plus, dans sa main droite il y a le 9mm cran de sûreté relevé et dans la gauche, son fidèle poignard. Il attend, dix minutes, il se redresse doucement car il commence d'être ankylosé, il a froid, affreusement froid, il doit encore avancer, car s'il reste comme ça, il a peur de ne pas avoir les bons réflexes. La porte est à moins d'un mètre maintenant. Il respire la bouche ouverte, soufflant vers le bas pour ne pas trahir sa présence par la vapeur qui émane de chaque expiration. Ca y est, l'inconnu bouge, doucement, mais il l'entend. "Ca" s'approche de la sortie. Plaqué contre le mur Goliath brandit sa fine lame. Les muscles tendus il est prêt à frapper, il sait où doit porter son coup pour que sa victime ne produise aucun son. Un objet tombe par terre suivit d'un miaulement strident et un chat apeuré sort en courant. Goliath ne sait pas s'il doit pleurer ou rire, la tension baisse d'en coup. Alors qu'il s'apprête à faire demi-tour un juron en russe retentit et un uniforme blanc apparaît. Le soldat soviétique est beaucoup plus grand et fort que l'Allemand, il court après le chat et reste paralysé à la vue de Goliath. Dans un premier temps, il lève les mains par réflexe, puis se reprend et empoigne le jeune allemand à la gorge de la main gauche et de la droite cherche son Tokarev à la ceinture. Il a une force herculéenne et soulève sa victime par le cou comme une poupée. Il a le sourire mauvais. Alors que sa vue se trouble sous l'effet de l'étranglement, Goliath aperçoit la dentition en mauvais état de son agresseur. Le P09, appuyé contre la parka épaisse claque sourdement. Une fois, deux fois, quatre coups en tout, tirés à bout touchant, presque par spasme. Lorsque l'étreinte se relâche, dans un mouvement rageur, le poignard se plante à son tour dans la gorge du bourreau. Goliath tombe à genoux. Devant lui, le communiste se tient la poitrine, il y a de la tristesse dans son regard. Il réalise qu'il va mourir. Le souffle rauque, contenant une terrible envie de vomir, il s'adresse au russe dont le regard se voile lentement.
- Désolé camarade, en d'autres circonstances on aurait été peut-être copain, mais là, c'était toi ou moi.
Dernière édition par le Ven 1 Fév 2008 - 14:57, édité 1 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
Age : 57
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Le Russe, essaye de dire quelque chose, mais il n'y a qu'un gargouillis de sang qui sort de sa gorge éventrée et il tombe face contre terre.
Goliath est assis appuyé contre le mur, peut-être qu'il y a un autre soldat ennemi dans la pièce, mais il s'en fout. Les yeux fixés sur sa victime, des larmes roulent sur ses joues.
- Putain de merde... putain de merde...je vais devenir fou... fou à lier. Enfoiré d'Adolf, enculé de Joseph, nous faire vivre ça pour ce putain de bout de terre désertique.
Il reprend son souffle et se calme. Il sait qu'il doit continuer, il n'a pas le choix, c'est marche ou crève. Il essuie sa veste maculée de sang et entreprend de visiter l'appartement où était le soldat ennemi. Goliath est redevenu Goliath le nettoyeur prêt à tuer pour sa survie. Le soldat soviétique était seul, Dans la pièce, il découvre un peu de nourriture, une bouteille d'eau et une de Vodka. Il en boit une gorgée et la remet à sa place. Sur la table, emballé dans un drap blanc, il y a un Mosin Nagan, la crosse n'est pas en bois précieux comme le disait Vylsain, mais la lunette est bien là. L'homme était probablement le tireur d'élite qui leur rendait la vie impossible depuis plusieurs jours. Goliath trouve également une boite de cartouches. De belles cartouches à l'embout cuivré partiellement dénudé. Il hésite, l'arme est belle et il l'a prendrait bien avec lui, mais il sait qu'il ne peut pas s'encombrer, il doit rester léger pour être efficace. Après quelques hésitations, il se décide à la prendre ainsi que le Tokarev avec les boîtes de munitions. "Ca vaut toujours un peu de pognon un Tokarev et le fusil doit valoir un beau paquet d'oseille, je pourrais les négocier un bon prix". Avant de quitter les lieux, il recouvre le cadavre symboliquement avec le drap blanc et se dirige vers les escaliers pour remonter au dernier étage. A peine il a entamé sa montée que dans l'escalier, en dessous de lui il perçoit du bruit. On parle russe deux étages en dessous. Goliath s'immobilise quelques secondes pour analyser la situation. Les soldat soviétiques, probablement au nombre de deux, discutent en fumant dans la cage d'escalier. Apparemment, ils n'ont pas l'intention de monter. Mais le passage est bel et bien bloqué. C'est donc bien par le toit qu'il devrait poursuivre son dangereux périple. Souple comme un chat, le soldat allemand monte sans bruit au 5ème. Il ouvre la trappe, s'agrippe au bord du trou et accède aux combles. Reprenant son souffle, il regarde sa montre. Trois heures. Il a encore une heure de jour maximum. Le soir tombe. Après avoir refermé la trappe derrière lui, il dépose soigneusement le Tokarev, le Mosin Nagan à lunette et les munitions dans un coin. Il retire quelques tuiles pour ouvrir un passage sur le toit. Lorsque celui-ci est assez vaste, il se glisse à l'extérieur. Le ciel est gris et il neige abondamment. Goliath déteste marcher sur un toit surtout par ce temps. Les tuiles sont glissantes et le risque de passer au travers, toujours présent. Il avance ainsi prudemment, parfois à quatre pattes, parfois couché, parfois accroupis. Bientôt un nouvel obstacle se dresse devant lui. Le dernier immeuble est séparé de son voisin d'au moins trois mètres. S'il se loupe, une chute de trente mètres au moins l'attend avec la mort au bout. Les chutes de neige et le soir tombant ont l'avantage de le masquer à la vue des soldats ennemis qui se trouvent dans la rue, par contre, les tuiles sont affreusement glissantes, rendant sa prise d'élan délicate. Hésitant, il se glisse jusqu'au bord du toit, mais en bas, il n'aperçoit que quelques vagues ombres. Des odeurs émanant d'une cuisine de campagne commencent de lui rappeler la faim. La présence du SU-75 compromet le ravitaillement qui ne peut se faire désormais que la nuit et il n'a pas mangé depuis plus de douze heures. Il faut faire vite. Il se lève s'apprête à prendre de l'élan pour effectuer son saut quand des voix venant de la rue le dissuade de poursuivre. Jurant intérieurement, il s'approche du bord du toit donnant sur l'avenue où se déroulent les combats. C'est à ce moment qu'il s'aperçoit qu'il manque un pan de toit de plusieurs mètres carrés, c'est sa chance. La progression est laborieuse et dangereuse car les lattes à tuiles et les solives ne semblent tenir qu'à presque rien et chaque mouvement provoque une ondulation angoissante de tout le panneau. Goliath n'est pas très lourd et il décide de continuer et de prendre le risque. S'agrippant aux orifices causés quelques tuiles cassées, il s'approche du trou. En bas, tous les étages sont pulvérisés. Avec effroi, il constate, qu'il couché sur un achalandage brinquebalant de lattes et de tuiles pendouillant à plus de trente mètres du sol. Mais tout en bas, il y a quelques choses plus qu'intéressant qui attire son regard. Un gros capot vert foncé surmonté à l'arrière de deux énormes marmites d'échappement et à l'avant d'une cellule fixe d'où sort un canon. Le SU-75 est là. Il pensait qu'il était plus loin. Goliath se déplace d'un bon mètre pour se positionner juste au-dessus du blindé. A chaque mouvement, il risque de tomber, il se maintient du bout de sa chaussure droite qu'il a coincé entre deux tuiles. Lâchant le bord des mains, il n'a plus que son pied qui l'empêche de glisser. Doucement, il ramène devant lui le sac contenant les deux charges et les grenades. Il prépare la première charge qu'il retient avec les dents. Ensuite, se couchant sur le côté, il extirpe les quatre grenades qu'il tient de la main gauche, prend son souffle, dégoupille et bientôt, les quatre grenades chuintant avec un peut fumet disparaissent l'une après l'autre en direction de la rue. Sans se préoccuper des explosions. Il arme la première charge, vise la position du char et la laisse tomber. Alors que la deuxième disparaît à son tour, il ramasse son sac et prudemment fait demi-tour vers le faîte du toit plus solide. En bas, ses grenades ont semé la confusion et il perçoit des cris, mais pas longtemps car une formidable explosion secoue l'immeuble. Cinq secondes plus tard, la deuxième illumine d'un terrible flash orange la rue, projetant dans le ciel une myriade de débris enflammés . Choqués, les Soviétiques ne réagissent qu'une bonne dizaine de secondes plus tard. Une rafale de traçantes vertes hésitantes arrosent la façade du bâtiment. Quelques balles volent du côté de la position d'où Goliath a lancé ses charges, mais il est déjà de l'autre côté du toit, accroupit, il court vers le trou qui lui permettra d'atteindre les combles. La nuit est pratiquement tombée, le froid affreux mais il ne le sent pas. En dessous de lui, dans la bâtisse, il y a un grand brouhaha. Les Soviétiques ont compris que les charges venaient de l'immeuble et ils ratissent chaque étage à coup de rafales de PPSH. Lorsqu'il arrive dans les combles les Russes sont juste en dessous. "Merde, mais comment ils ont fait pour déjà être là???". Ils ont dû découvrir le corps de leur tireur d'élite. S'il tombe entre leurs mains, Goliath sait qu'il lui feront payer cher son incursion, alors il n'hésite pas, plus question de se la jouer discrète. Il saute de poutres de poutres, s'enfilant le plus vite possible vers la sortie. Au passage, il a récupéré le Mosin Nagan et le Tokarev. Son cœur bat la chamade. Encore une dizaine de mètres pour atteindre le mur de la salle de bain délabrée. Tout en maudissant les architectes russes qui ont dessiné l'enchevêtrement de poutres, il avance régulièrement. Encore deux mètres. Derrière lui, le bruit de la trappe s'ouvrant brutalement se fait entendre. Il ne se retourne pas, une première rafale de mitraillette se perd dans les poutres qui bien malgré elles, protègent le fuyard. Une deuxième plus précise fait voler des esquilles de bois et des morceaux de tuile lui tombent dessus. cette fois il n'a pas le choix. Il se jette au sol et extirpe son Luger. Il aligne l'ombre la plus proche qui a commencé de s'aventurer dans la charpente. Le 9mm claque, une fois, l'ombre s'immobilise, deux fois et elle s'effondre dans un petit cris. Goliath aligne les Soviétiques qui n'arrivent pas à le repérer dans la nuit. S'efforçant de rester calme, il repère les ombres qui progressent à une vingtaine de mètres. Plusieurs tombent, il y a des gémissements. Le Tokarev a remplacé le Luger vide. Le lourd calibre prend le relais. Un ordre en russe fuse et instantanément les tirs de PPSH s'arrêtent. Goliath profite de ce cours répit pour rejoindre le pied du mur. Il n'aura qu'une chance pour atteindre le haut de celui-ci. Alors qu'il se redresse s'apprête à sauter, il entend derrière lui un mouvement de charge. Son sang ne fait qu'un tour; DP28. S'appuyant sur une poutre, il se hisse au plus vite sur le haut du mur. Derrière lui, la mitrailleuse russe s'est mise en route. Alors que par un incroyable miracle les balles l'encadre sans le toucher, les mains en sang, il parvient à franchir le mur. Il s'apprête à se lâcher lorsqu'il aperçoit une ombre à sa droite. La cuvette des chiottes! Il est trop à gauche. Derrière, les soldats communistes ont remarqué qu'il avait franchit le mur et la DP28 a arrêté de tirer. La lueur de la lanternes se détachant dans la nuit apparaissent par les trous du toit. Toujours pendu, Goliath n'a pas le choix, se poussant des pieds il se laisse tomber et agrippe le bord de la cuvette, qui plie sous l'effet de son poids. Lâchant celle-ci, il attrape au passage le siphon qui est en dessous et se laisse glisser le long de la conduite dans la nuit. Au-dessus du mur la première lanterne apparaît avec à ses côtés une tête portant le bonnet à poil traditionnel à étoile vermeille. En dessous de lui, un coup de feu claque et la tête disparaît. Lorsque ses pieds touchent enfin quelque chose de dur, il est attrapé par le bras et tiré en arrière. Dans la lueur des incendies, Goliath aperçoit le visage de son sauveur. Volta! Il a les yeux exorbités
- Mais qu'est-ce que tu fous ici branleur de mes couilles?
Alors qu'en dessus de leurs têtes les tirs d'armes automatique ont repris, Goliath l'empoigne pas le col:
- Et toi connard, tu branles quoi depuis deux jours.
Alors que les deux hommes s'apprêtent à se battre. Un déclic qu'ils connaissent bien tous les deux, retentit dans la nuit glaciale. De concert, ils ont compris:
- Grenade!
Et ensemble ils se jettent à terre rampant comme des fous vers le corridor. Alors que la première grenade explose dans leur dos, il se sont redressés et courent en direction de la cage d'escalier.
- Mais c'est pas vrai, qu'est-ce que tu as foutu pour que toute l'armée rouge basée dans le coin t'en veuille à ce point?
- Je... je te... raconterais. Allez vas-y file! ... là à gauche, les... escaliers!
Essoufflés les deux hommes dévalent quatre à quatre les étages. Lorsqu'ils arrivent enfin dans la cours, ils percutent de plein fouet un homme à l'entrée. C'est Bhaub, qui, attiré par le bruit, est venu à leur rencontre. Perdant son calme habituel, il jure comme charretier.
- Espèces d'abrutis! Vous ne pouvez donc pas faire attention.
Dans les escaliers, un bruit de bottes inquiétants résonne. Alors que Goliath et Volta ont repris leur course effrénée, ayant retrouvé son calme, le sous-officier s'approche du bas de l'escalier. Son Schmeisser balaie les premiers soldats russes. La deuxième vague recule. Bhaub lance deux grenades et rejoint ses deux camarades qui attendent armes au poing derrière un muret.
- Aller! Ramenez-vous bande de couards. La position a été évacuée cet après-midi. Il y a des Russes partout. Les survivants sont devant l'hôtel de ville, on évacue.
Goliath est assis appuyé contre le mur, peut-être qu'il y a un autre soldat ennemi dans la pièce, mais il s'en fout. Les yeux fixés sur sa victime, des larmes roulent sur ses joues.
- Putain de merde... putain de merde...je vais devenir fou... fou à lier. Enfoiré d'Adolf, enculé de Joseph, nous faire vivre ça pour ce putain de bout de terre désertique.
Il reprend son souffle et se calme. Il sait qu'il doit continuer, il n'a pas le choix, c'est marche ou crève. Il essuie sa veste maculée de sang et entreprend de visiter l'appartement où était le soldat ennemi. Goliath est redevenu Goliath le nettoyeur prêt à tuer pour sa survie. Le soldat soviétique était seul, Dans la pièce, il découvre un peu de nourriture, une bouteille d'eau et une de Vodka. Il en boit une gorgée et la remet à sa place. Sur la table, emballé dans un drap blanc, il y a un Mosin Nagan, la crosse n'est pas en bois précieux comme le disait Vylsain, mais la lunette est bien là. L'homme était probablement le tireur d'élite qui leur rendait la vie impossible depuis plusieurs jours. Goliath trouve également une boite de cartouches. De belles cartouches à l'embout cuivré partiellement dénudé. Il hésite, l'arme est belle et il l'a prendrait bien avec lui, mais il sait qu'il ne peut pas s'encombrer, il doit rester léger pour être efficace. Après quelques hésitations, il se décide à la prendre ainsi que le Tokarev avec les boîtes de munitions. "Ca vaut toujours un peu de pognon un Tokarev et le fusil doit valoir un beau paquet d'oseille, je pourrais les négocier un bon prix". Avant de quitter les lieux, il recouvre le cadavre symboliquement avec le drap blanc et se dirige vers les escaliers pour remonter au dernier étage. A peine il a entamé sa montée que dans l'escalier, en dessous de lui il perçoit du bruit. On parle russe deux étages en dessous. Goliath s'immobilise quelques secondes pour analyser la situation. Les soldat soviétiques, probablement au nombre de deux, discutent en fumant dans la cage d'escalier. Apparemment, ils n'ont pas l'intention de monter. Mais le passage est bel et bien bloqué. C'est donc bien par le toit qu'il devrait poursuivre son dangereux périple. Souple comme un chat, le soldat allemand monte sans bruit au 5ème. Il ouvre la trappe, s'agrippe au bord du trou et accède aux combles. Reprenant son souffle, il regarde sa montre. Trois heures. Il a encore une heure de jour maximum. Le soir tombe. Après avoir refermé la trappe derrière lui, il dépose soigneusement le Tokarev, le Mosin Nagan à lunette et les munitions dans un coin. Il retire quelques tuiles pour ouvrir un passage sur le toit. Lorsque celui-ci est assez vaste, il se glisse à l'extérieur. Le ciel est gris et il neige abondamment. Goliath déteste marcher sur un toit surtout par ce temps. Les tuiles sont glissantes et le risque de passer au travers, toujours présent. Il avance ainsi prudemment, parfois à quatre pattes, parfois couché, parfois accroupis. Bientôt un nouvel obstacle se dresse devant lui. Le dernier immeuble est séparé de son voisin d'au moins trois mètres. S'il se loupe, une chute de trente mètres au moins l'attend avec la mort au bout. Les chutes de neige et le soir tombant ont l'avantage de le masquer à la vue des soldats ennemis qui se trouvent dans la rue, par contre, les tuiles sont affreusement glissantes, rendant sa prise d'élan délicate. Hésitant, il se glisse jusqu'au bord du toit, mais en bas, il n'aperçoit que quelques vagues ombres. Des odeurs émanant d'une cuisine de campagne commencent de lui rappeler la faim. La présence du SU-75 compromet le ravitaillement qui ne peut se faire désormais que la nuit et il n'a pas mangé depuis plus de douze heures. Il faut faire vite. Il se lève s'apprête à prendre de l'élan pour effectuer son saut quand des voix venant de la rue le dissuade de poursuivre. Jurant intérieurement, il s'approche du bord du toit donnant sur l'avenue où se déroulent les combats. C'est à ce moment qu'il s'aperçoit qu'il manque un pan de toit de plusieurs mètres carrés, c'est sa chance. La progression est laborieuse et dangereuse car les lattes à tuiles et les solives ne semblent tenir qu'à presque rien et chaque mouvement provoque une ondulation angoissante de tout le panneau. Goliath n'est pas très lourd et il décide de continuer et de prendre le risque. S'agrippant aux orifices causés quelques tuiles cassées, il s'approche du trou. En bas, tous les étages sont pulvérisés. Avec effroi, il constate, qu'il couché sur un achalandage brinquebalant de lattes et de tuiles pendouillant à plus de trente mètres du sol. Mais tout en bas, il y a quelques choses plus qu'intéressant qui attire son regard. Un gros capot vert foncé surmonté à l'arrière de deux énormes marmites d'échappement et à l'avant d'une cellule fixe d'où sort un canon. Le SU-75 est là. Il pensait qu'il était plus loin. Goliath se déplace d'un bon mètre pour se positionner juste au-dessus du blindé. A chaque mouvement, il risque de tomber, il se maintient du bout de sa chaussure droite qu'il a coincé entre deux tuiles. Lâchant le bord des mains, il n'a plus que son pied qui l'empêche de glisser. Doucement, il ramène devant lui le sac contenant les deux charges et les grenades. Il prépare la première charge qu'il retient avec les dents. Ensuite, se couchant sur le côté, il extirpe les quatre grenades qu'il tient de la main gauche, prend son souffle, dégoupille et bientôt, les quatre grenades chuintant avec un peut fumet disparaissent l'une après l'autre en direction de la rue. Sans se préoccuper des explosions. Il arme la première charge, vise la position du char et la laisse tomber. Alors que la deuxième disparaît à son tour, il ramasse son sac et prudemment fait demi-tour vers le faîte du toit plus solide. En bas, ses grenades ont semé la confusion et il perçoit des cris, mais pas longtemps car une formidable explosion secoue l'immeuble. Cinq secondes plus tard, la deuxième illumine d'un terrible flash orange la rue, projetant dans le ciel une myriade de débris enflammés . Choqués, les Soviétiques ne réagissent qu'une bonne dizaine de secondes plus tard. Une rafale de traçantes vertes hésitantes arrosent la façade du bâtiment. Quelques balles volent du côté de la position d'où Goliath a lancé ses charges, mais il est déjà de l'autre côté du toit, accroupit, il court vers le trou qui lui permettra d'atteindre les combles. La nuit est pratiquement tombée, le froid affreux mais il ne le sent pas. En dessous de lui, dans la bâtisse, il y a un grand brouhaha. Les Soviétiques ont compris que les charges venaient de l'immeuble et ils ratissent chaque étage à coup de rafales de PPSH. Lorsqu'il arrive dans les combles les Russes sont juste en dessous. "Merde, mais comment ils ont fait pour déjà être là???". Ils ont dû découvrir le corps de leur tireur d'élite. S'il tombe entre leurs mains, Goliath sait qu'il lui feront payer cher son incursion, alors il n'hésite pas, plus question de se la jouer discrète. Il saute de poutres de poutres, s'enfilant le plus vite possible vers la sortie. Au passage, il a récupéré le Mosin Nagan et le Tokarev. Son cœur bat la chamade. Encore une dizaine de mètres pour atteindre le mur de la salle de bain délabrée. Tout en maudissant les architectes russes qui ont dessiné l'enchevêtrement de poutres, il avance régulièrement. Encore deux mètres. Derrière lui, le bruit de la trappe s'ouvrant brutalement se fait entendre. Il ne se retourne pas, une première rafale de mitraillette se perd dans les poutres qui bien malgré elles, protègent le fuyard. Une deuxième plus précise fait voler des esquilles de bois et des morceaux de tuile lui tombent dessus. cette fois il n'a pas le choix. Il se jette au sol et extirpe son Luger. Il aligne l'ombre la plus proche qui a commencé de s'aventurer dans la charpente. Le 9mm claque, une fois, l'ombre s'immobilise, deux fois et elle s'effondre dans un petit cris. Goliath aligne les Soviétiques qui n'arrivent pas à le repérer dans la nuit. S'efforçant de rester calme, il repère les ombres qui progressent à une vingtaine de mètres. Plusieurs tombent, il y a des gémissements. Le Tokarev a remplacé le Luger vide. Le lourd calibre prend le relais. Un ordre en russe fuse et instantanément les tirs de PPSH s'arrêtent. Goliath profite de ce cours répit pour rejoindre le pied du mur. Il n'aura qu'une chance pour atteindre le haut de celui-ci. Alors qu'il se redresse s'apprête à sauter, il entend derrière lui un mouvement de charge. Son sang ne fait qu'un tour; DP28. S'appuyant sur une poutre, il se hisse au plus vite sur le haut du mur. Derrière lui, la mitrailleuse russe s'est mise en route. Alors que par un incroyable miracle les balles l'encadre sans le toucher, les mains en sang, il parvient à franchir le mur. Il s'apprête à se lâcher lorsqu'il aperçoit une ombre à sa droite. La cuvette des chiottes! Il est trop à gauche. Derrière, les soldats communistes ont remarqué qu'il avait franchit le mur et la DP28 a arrêté de tirer. La lueur de la lanternes se détachant dans la nuit apparaissent par les trous du toit. Toujours pendu, Goliath n'a pas le choix, se poussant des pieds il se laisse tomber et agrippe le bord de la cuvette, qui plie sous l'effet de son poids. Lâchant celle-ci, il attrape au passage le siphon qui est en dessous et se laisse glisser le long de la conduite dans la nuit. Au-dessus du mur la première lanterne apparaît avec à ses côtés une tête portant le bonnet à poil traditionnel à étoile vermeille. En dessous de lui, un coup de feu claque et la tête disparaît. Lorsque ses pieds touchent enfin quelque chose de dur, il est attrapé par le bras et tiré en arrière. Dans la lueur des incendies, Goliath aperçoit le visage de son sauveur. Volta! Il a les yeux exorbités
- Mais qu'est-ce que tu fous ici branleur de mes couilles?
Alors qu'en dessus de leurs têtes les tirs d'armes automatique ont repris, Goliath l'empoigne pas le col:
- Et toi connard, tu branles quoi depuis deux jours.
Alors que les deux hommes s'apprêtent à se battre. Un déclic qu'ils connaissent bien tous les deux, retentit dans la nuit glaciale. De concert, ils ont compris:
- Grenade!
Et ensemble ils se jettent à terre rampant comme des fous vers le corridor. Alors que la première grenade explose dans leur dos, il se sont redressés et courent en direction de la cage d'escalier.
- Mais c'est pas vrai, qu'est-ce que tu as foutu pour que toute l'armée rouge basée dans le coin t'en veuille à ce point?
- Je... je te... raconterais. Allez vas-y file! ... là à gauche, les... escaliers!
Essoufflés les deux hommes dévalent quatre à quatre les étages. Lorsqu'ils arrivent enfin dans la cours, ils percutent de plein fouet un homme à l'entrée. C'est Bhaub, qui, attiré par le bruit, est venu à leur rencontre. Perdant son calme habituel, il jure comme charretier.
- Espèces d'abrutis! Vous ne pouvez donc pas faire attention.
Dans les escaliers, un bruit de bottes inquiétants résonne. Alors que Goliath et Volta ont repris leur course effrénée, ayant retrouvé son calme, le sous-officier s'approche du bas de l'escalier. Son Schmeisser balaie les premiers soldats russes. La deuxième vague recule. Bhaub lance deux grenades et rejoint ses deux camarades qui attendent armes au poing derrière un muret.
- Aller! Ramenez-vous bande de couards. La position a été évacuée cet après-midi. Il y a des Russes partout. Les survivants sont devant l'hôtel de ville, on évacue.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Re: Un Stug pour la liberté
Hé bah j'en fais des choses
Toujours aussi bon Harry
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RTA_Goliat- Major
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Re: Un Stug pour la liberté
J'ai de la chance, une balle tirée probablement par le sniper russe a touché une artère au niveau de mon inducteur droit. Sans l'intervention de Julius, qui a rapidement posé un pansement compressif, je me serais saigné comme un porc. Après quelques jours, je me sens remis d'aplomb, Knoll refuse de me laisser sortir.
- La cicatrice n'est pas encore assez bien faite et votre artère est encore fragile. Désolé Oberleutnant, mais vous restez encore cinq jours minimums.
J'ai beau pester, rien n'y fait. Le toubib est intransigeant.
- Non Kowalski, pas la peine d'insister. Si vous étiez condamné, je vous foutrais un pied au cul pour vous mettre hors de mon hôpital. Mais ce n'est pas le cas, alors je ne me casse pas le cul à vous opérer pendant 2 heures de temps, sacrifiant de l'éther et des médicaments pour que vous vous en fichiez. Ayez du respect pour mon travail et les ceux que j'envoie à la chapelle en terminal, parce que je n'ai ni les médicaments ni les moyens techniques pour les sauver.
Bon, il a raison le doc, mais en attendant, c'est rageant d'avoir l'impression d'être en pleine forme et de ne pas pouvoir combattre. En plus, je suis sans nouvelle de mes gars dans leur position. Le lendemain, j'ai la chance d'avoir la visite du Leutnant Kihl. Il m'informe de la situation. Malgré une grosse offensive, les communistes n'ont pas réussi à progresser. Et ma position, des pertes? Des nouvelles de Volta? Et le Su-85?
La position est toujours tenue. En mon absence, c'est le Feldwebel Bhaub qui en a pris le commandement, Kihl tient une autre position au Nord de la ville. De Volta, toujours pas de nouvelle. Il m'offre une cigarette et nous fumons à la fenêtre. Devant nous s'étale ce qui devait être un charmant parc public. La sempiternelle statue de Staline le bras levé, ne domine aujourd'hui plus qu'un no mans land. Les arbres ont été sectionnés à ras le tronc par les bombes, les parterres de fleurs et les surfaces de gazon ont été transformées en terrain vague. Seule la statue est restée intacte. La bise emportant de petits tourbillons de neige, agite en cadence les quelques brins d'herbes sèches qui dépassent de la couche blanche. Sans un mot, derrière les carreaux fissurés, nous contemplons cette scène lourde de symboles. Kilh murmure:
- La guerre... s'entretuer pour ces déserts de neige...c'est si con.
La porte s'ouvre avec fracas sur Yohjo essoufflé.
- On est débordé de toutes parts... cette fois c'est fini...le centre ville est tombé, y a des communistes partout, faut qu'on dégage fissa... seront là dans moins d'un quart d'heure.
Il fait demi-tour criant dans les étages.
Nous nous regardons avec Kihl, abasourdis par cette subite annonce. Dehors tout semble si calme. Une rafale de mitraillette russe si typique nous ramène sur terre. Le tir d'une de ces Ppsh , ne ressemble pas au staccato habituel de nos MP, c'est un déchirement comme un cri de rage. Ca fout les frissons. Dans le bâtiment, c'est la panique. Je m'habille le plus vite possible. Empoigne ma MP40 et tout en passant mon ceinturon par-dessus ma tunique je dévale à mon tour les escaliers en direction de la sortie. Nous débouchons dans la rue, la bise souffle, glaciale, terrible. Des camions sont alignés devant l'hôpital. Knoll donne des ordres brefs, des blessés aidés par des infirmiers se traînent jusqu'aux ponts des véhicules lourds où ils sont installés tant bien que mal. Une sourde explosion à moins de vingt mètres nous fait sursauter.
- Merde! Mortier d'infanterie... ils sont à moins de 200 mètres. Faut foutre le camp d'ici Kowalski! Venez!
Kihl a déjà fait demi-tour et pendant qu'une nouvelle explosion se fait entendre plus près, nous accélérons notre rythme. Je m'arrête essoufflé.
- Bon sang Kihl, attendez ...et les blessés, jamais ils s'en sortiront sans notre aide. On ne les lâche pas comme ça, venez.
A contre cœur, Yohjo et le jeune Leutnant me suivent. Knoll calmement continue à donner des ordres comme si de rien n'était. Il tient dans sa main droite un Luger. Un nouveau tir de mortier, mais cette fois il n'est pas seul, les deux premiers tirs devaient servir de réglage. Maintenant, plusieurs tubes sont ajustés sur le premier. Il y a encore toute une colonne de blessés à l'arrière du troisième camion. Aucun, ne le rejoindra. Les deux premières charges arrivent en plein sur les malheureux. L'Opel Blitz fait un bon en avant et retombe sur le flanc dans un fracas épouvantable de tôles torturée. Miraculeusement Knoll se relève, il a le visage en sang. Je cours jusqu'à lui et l'empoigne par le bras.
- Venez Major, restons pas là ça va continuer de tomber.
Il a le visage en sang.
- Mes...mes lunettes, Kowalski... sans elle je ne peux rien faire....
Kihl les trouve sur le trottoir dévasté. Cette fois, il faut dégager rapidement. Au bout de la place, une mitrailleuse s'est mise en batterie. Les camions rescapés se mettent en route. Nous sautons dans le dernier. Alors que les balles voltigent tout autour de nous et que la bâche est percée de toute part. Le lourd véhicule dévie de sa trajectoire et heurte le mur qui encadre la place. Yohjo se précipite à l'extérieur, contourne le camion sous le feu, pousse le chauffeur blessé sur le siège droit, engage la marche arrière et en deux manœuvres repart en direction de l'hôtel de ville. Un peu plus loin, l'unité de Kihl a pris position derrière des carcasses de camions renversés, Yohjo contourne l'obstacle et freine dans un crissement de freins. Je saute du pont. Knoll est prostré au fond du camion complètement abruti. Au fond dans la rue, je n'en crois pas mes yeux, mais il y a mon bon vieux Stug. A l'intérieur, il n'y a que Julius.
- Volta n'est toujours pas rentré... et il y a Goliath aussi et Bhaub qui est parti à leur recherche. On est sans nouvelle d'eux depuis le début d'après-midi.
Il s'est installé aux commandes.
- Je vais piloter... et toi comment ça va?
Je récupère ma capote dans un coin.
- ... Ca va mais j'ai froid. Je suis désolé pour Volta et les autres, mais faut qu'on y aille avant les Ruskov nous tombent dessus. On ne peut plus rien pour eux.
Julius soupire.
- Ouai, mais ça me fout quand même un coup. Je ne suis pas aussi bon pilote que Volta. Et qui va s'occuper de charger et de la radio?
A l'extérieur, ça chauffe. Les Russes ont déplacé leurs mortiers. Une barricade a été érigée au milieu de la rue, les gars de Kihl se battent comme des lions. Soudainement, j'aperçois le mitrailleur Archy. Il est assis à même le sol et se tient le bras gauche.
- Reste là Julius et garde le moteur chaud. Je vais voir ce que le grand mitrailleur a, il a l'air blessé.
Avançant accroupi, je le rejoint.
- Ca va mon vieux? Vous avez l'air complètement abruti?
- Ma... ma mitrailleuse est foutue. Canon surchauffé et vrillé. J'en ai plus de réserve. J'ai plus de munition non plus. On va tous crevé ici... laissez-moi. C'est de toute façon fini.
Je regarde son bras, la blessure a l'air superficielle. Une grenade a pulvérisé sa position, tuant net son chargeur. Le canon de la MG42 regarde vers le ciel gris. L'espace d'une seconde je prends une décision.
- Bon venez, je n'ai plus de chargeur radio. On vous expliquera comment ça fonctionne. Et puis, il y a toujours la MG d'appui. J'ai des canons de réserve et plein de munition, vous ne serez pas de trop pour la faire fonctionner.
Complètement groggy, il se lève et empêtré dans sa lourde capote me suis en marmonnant des trucs indistincts.
Les gars de Kihl battent en retraite. Pendant que j'aide le Stabfelwebel à s'installer, je perçois un grondement sourd au bout de la rue. Les Tigre de Wittman entrent dans la danse. Les grenadiers s'écartent, ils savent que s'ils restent au milieu de la rue ils seront écrasés sans pitié.
- Vas-y Julius suis-les! Archy à la MG! On va les pulvériser ces salauds!
Derrière les 8 Tigre, j'ai vraiment l'impression d'être frêle et petit. Les lourds chars de la division SS, renversent la barricade et foncent au milieu des troupes russes. Julius a immobilisé le Stug à la hauteur de la barricade défoncée et là, impassible nous assistons à une démonstration de tir de notre nouveau camarade. La MG crépite par petites rafales, fauchant systématiquement chaque fantassin ennemi échappant aux chenilles des Tigre.
- Dis tankiste de mes deux, ça te ferait chier de m'aider à charger la mitrailleuse?
Sans un mot, je lui passe les longs chapelets de balles. Le reste il fait tout seul, comme un chef d'orchestre. Régulièrement, il change le canon. Posément, il pose le tube surchauffé sur la structure du tank, saisi de l'autre côté un canon froid, l'installe, arme d'un mouvement sec la mitrailleuse et reprend son tir. Tout cela ne dure qu'une dizaine de secondes. Julius attend de son côté les ordres, le moteur tournant.
Enfin, les Tigre ont terminé...
Ils font demi-tour, en passant à ma hauteur, Wittman me fait signe de le suivre. Son visage est pâle. Avec son uniforme noir bardé de blanc, il a l'air possédé par le démon, je ne peux m'empêcher d'avoir des frissons. Nos fantassins ont, entre-temps embarqués dans des camions et ont quitté le secteur. Je ferme la marche derrière le dernier lourd panzer. Bientôt nous atteignons les faubourgs de la ville. Nous nous arrêtons à l'abri d'un hangar partiellement dévastée par les bombardements.
Sans un mot, l'officier SS a déplié une carte sur le capot avant de son monstre d'acier. Je m'approche.
- Que dit votre radio Wittman, la mienne est muette depuis un bon moment.
Il murmure les sourcils froncés.
- Nous allons a Berdichev, il y a deux jours on nous a avisé que les Rouges poussaient par le Nord. Et vous? Qu'allez-vous faire?
- Je ne sais pas, j'ai pas d'ordre précis. Nous allons vous suivre jusqu'à Berdichev.
Il replie sa carte.
- Je vous propose plutôt d'aller jusqu'à Scala, plus au Sud. Votre unité est complètement dévastée, il ne vous reste que trois Panther et votre vieux Stug. Si vous êtes d'accord, je vous laisse Tafner. Il a fait du bon boulot avec nous. Il ne vous sera pas de trop si vous faites une mauvaise rencontre. Kihl vous suivra, sa compagnie est en triste état également. A Berdichev nous aurons des renforts frais et dispos. Le haut état major de Manstein s'est installé à Scala. Vous aurez l'occasion de recharger vos batteries, de faire soigner vos blessés et de repartir au combat avec plus d'efficacité. Qu'en pensez-vous?
Wittman est moins élevé que moi en grade, mais c'est un SS et le ton de ses propos est sans équivoque, c'est comme si c'était un ordre. Je regarde la carte, Scala est à environ 200 km au Sud de Berdichev.
- Bien... vous avez sans doute raison Wittman, nous allons à Scala. Bonne chance!
Nous nous serrons la main et quelques minutes plus tard, sa division de Tigre suivi de sa colonne de ravitaillement s'éloigne dans la nuit.
Avec Kihl, nous faisons un rapide inventaire de matériel, de l'état de nos blessés et du ravitaillement. Alors que je m'apprête à grimper dans le Stug, le bruit d'un pas de course suivi de pierres qui roulent attirent notre attention. Alors que toutes les armes sont braquées vers la source de bruit, Bhaub, Volta et Goliath apparaissent essoufflés.
- A ben merde alors, bande de salauds vous alliez partir sans nous!
Sans un mot de plus, Goliath monte sur le char à Tafner et s'installe manu militari aux commandes.
- Alors tu viens nazillon, faut qu'on foute le camp fissa. On a au moins une brigade complète de petits Sibériens qui ne rêve que d'une chose, nous pendre par les tripes à la statue de Staline sur la place centrale.
Dans la nuit le moteur du Panther démarre dans un bruit rageur. Imperturbable, comme à son habitude, Bhaub, s'est installé à l'arrière d'un camion. Il s'allume une cigarette. Quant à Volta, il nous a rejoint et sourit. Comme si de vieux amis se retrouvaient après plusieurs années d'absence. Il a une larme qui coule sur sa joue.
- Alors voilà, je suis revenu.
Sortant la tête comme un diable de sa boîte, Julius a ouvert l'écoutille du conducteur.
- Espèce de sacré sac à pain de mes deux! T'as enfin fini de jouer au héros! Et ben c'est le moment que tu rappliques, je commençais de me demander si j'allais devoir encore piloter longtemps cette vieille boîte de conserve.
Le visage de Volta rougit, il y a des éclairs dans ses yeux. Avant qu'il ne puisse répondre quelque chose. Archy sort du Stug. Il époussette sa capote.
- Bon ben, vous n'avez plus besoin de moi n'est-ce pas Oberleutnant. Si vous ne voyez pas d'inconvénients, je m'en vais de ce pas rejoindre mes camarades et vous laisse résoudre vos petites histoires de famille.
Et il s'en va sautillant rejoindre Bhaub sur la ridelle du camion qui démarre.
- Bon allez les gars, foutant le camp d'ici. Volta aux commandes, Julius aux obus. En avant!
le Stug s'ébroue et bientôt, les Panther de Tafner, Willsdorff et Golgoth derrière nous, nous rejoignons la colonne de Kihl.
Dans le char, Julius sourit. Il donne claque amicale sur l'épaule de Volta. Il a les yeux embués.
- Sacré vieux Volta, j'étais sûr que tu reviendrais.
Notre chauffeur se retourne. Il sourit aussi.
- J'ai bien failli y rester. Pas possible de rester discret avec cet illuminé de Goliath qui a fait sauter la moitié de la rue et tout ce qui s'y trouvait. Avec lui et Bhaub, je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie!
Ainsi Goliath avait réussi sa mission de sapeur. Mais à quel prix et pour quoi finalement? Un geste héroïque qui mériterait une médaille mais qui n'a servi à rien.
- La cicatrice n'est pas encore assez bien faite et votre artère est encore fragile. Désolé Oberleutnant, mais vous restez encore cinq jours minimums.
J'ai beau pester, rien n'y fait. Le toubib est intransigeant.
- Non Kowalski, pas la peine d'insister. Si vous étiez condamné, je vous foutrais un pied au cul pour vous mettre hors de mon hôpital. Mais ce n'est pas le cas, alors je ne me casse pas le cul à vous opérer pendant 2 heures de temps, sacrifiant de l'éther et des médicaments pour que vous vous en fichiez. Ayez du respect pour mon travail et les ceux que j'envoie à la chapelle en terminal, parce que je n'ai ni les médicaments ni les moyens techniques pour les sauver.
Bon, il a raison le doc, mais en attendant, c'est rageant d'avoir l'impression d'être en pleine forme et de ne pas pouvoir combattre. En plus, je suis sans nouvelle de mes gars dans leur position. Le lendemain, j'ai la chance d'avoir la visite du Leutnant Kihl. Il m'informe de la situation. Malgré une grosse offensive, les communistes n'ont pas réussi à progresser. Et ma position, des pertes? Des nouvelles de Volta? Et le Su-85?
La position est toujours tenue. En mon absence, c'est le Feldwebel Bhaub qui en a pris le commandement, Kihl tient une autre position au Nord de la ville. De Volta, toujours pas de nouvelle. Il m'offre une cigarette et nous fumons à la fenêtre. Devant nous s'étale ce qui devait être un charmant parc public. La sempiternelle statue de Staline le bras levé, ne domine aujourd'hui plus qu'un no mans land. Les arbres ont été sectionnés à ras le tronc par les bombes, les parterres de fleurs et les surfaces de gazon ont été transformées en terrain vague. Seule la statue est restée intacte. La bise emportant de petits tourbillons de neige, agite en cadence les quelques brins d'herbes sèches qui dépassent de la couche blanche. Sans un mot, derrière les carreaux fissurés, nous contemplons cette scène lourde de symboles. Kilh murmure:
- La guerre... s'entretuer pour ces déserts de neige...c'est si con.
La porte s'ouvre avec fracas sur Yohjo essoufflé.
- On est débordé de toutes parts... cette fois c'est fini...le centre ville est tombé, y a des communistes partout, faut qu'on dégage fissa... seront là dans moins d'un quart d'heure.
Il fait demi-tour criant dans les étages.
Nous nous regardons avec Kihl, abasourdis par cette subite annonce. Dehors tout semble si calme. Une rafale de mitraillette russe si typique nous ramène sur terre. Le tir d'une de ces Ppsh , ne ressemble pas au staccato habituel de nos MP, c'est un déchirement comme un cri de rage. Ca fout les frissons. Dans le bâtiment, c'est la panique. Je m'habille le plus vite possible. Empoigne ma MP40 et tout en passant mon ceinturon par-dessus ma tunique je dévale à mon tour les escaliers en direction de la sortie. Nous débouchons dans la rue, la bise souffle, glaciale, terrible. Des camions sont alignés devant l'hôpital. Knoll donne des ordres brefs, des blessés aidés par des infirmiers se traînent jusqu'aux ponts des véhicules lourds où ils sont installés tant bien que mal. Une sourde explosion à moins de vingt mètres nous fait sursauter.
- Merde! Mortier d'infanterie... ils sont à moins de 200 mètres. Faut foutre le camp d'ici Kowalski! Venez!
Kihl a déjà fait demi-tour et pendant qu'une nouvelle explosion se fait entendre plus près, nous accélérons notre rythme. Je m'arrête essoufflé.
- Bon sang Kihl, attendez ...et les blessés, jamais ils s'en sortiront sans notre aide. On ne les lâche pas comme ça, venez.
A contre cœur, Yohjo et le jeune Leutnant me suivent. Knoll calmement continue à donner des ordres comme si de rien n'était. Il tient dans sa main droite un Luger. Un nouveau tir de mortier, mais cette fois il n'est pas seul, les deux premiers tirs devaient servir de réglage. Maintenant, plusieurs tubes sont ajustés sur le premier. Il y a encore toute une colonne de blessés à l'arrière du troisième camion. Aucun, ne le rejoindra. Les deux premières charges arrivent en plein sur les malheureux. L'Opel Blitz fait un bon en avant et retombe sur le flanc dans un fracas épouvantable de tôles torturée. Miraculeusement Knoll se relève, il a le visage en sang. Je cours jusqu'à lui et l'empoigne par le bras.
- Venez Major, restons pas là ça va continuer de tomber.
Il a le visage en sang.
- Mes...mes lunettes, Kowalski... sans elle je ne peux rien faire....
Kihl les trouve sur le trottoir dévasté. Cette fois, il faut dégager rapidement. Au bout de la place, une mitrailleuse s'est mise en batterie. Les camions rescapés se mettent en route. Nous sautons dans le dernier. Alors que les balles voltigent tout autour de nous et que la bâche est percée de toute part. Le lourd véhicule dévie de sa trajectoire et heurte le mur qui encadre la place. Yohjo se précipite à l'extérieur, contourne le camion sous le feu, pousse le chauffeur blessé sur le siège droit, engage la marche arrière et en deux manœuvres repart en direction de l'hôtel de ville. Un peu plus loin, l'unité de Kihl a pris position derrière des carcasses de camions renversés, Yohjo contourne l'obstacle et freine dans un crissement de freins. Je saute du pont. Knoll est prostré au fond du camion complètement abruti. Au fond dans la rue, je n'en crois pas mes yeux, mais il y a mon bon vieux Stug. A l'intérieur, il n'y a que Julius.
- Volta n'est toujours pas rentré... et il y a Goliath aussi et Bhaub qui est parti à leur recherche. On est sans nouvelle d'eux depuis le début d'après-midi.
Il s'est installé aux commandes.
- Je vais piloter... et toi comment ça va?
Je récupère ma capote dans un coin.
- ... Ca va mais j'ai froid. Je suis désolé pour Volta et les autres, mais faut qu'on y aille avant les Ruskov nous tombent dessus. On ne peut plus rien pour eux.
Julius soupire.
- Ouai, mais ça me fout quand même un coup. Je ne suis pas aussi bon pilote que Volta. Et qui va s'occuper de charger et de la radio?
A l'extérieur, ça chauffe. Les Russes ont déplacé leurs mortiers. Une barricade a été érigée au milieu de la rue, les gars de Kihl se battent comme des lions. Soudainement, j'aperçois le mitrailleur Archy. Il est assis à même le sol et se tient le bras gauche.
- Reste là Julius et garde le moteur chaud. Je vais voir ce que le grand mitrailleur a, il a l'air blessé.
Avançant accroupi, je le rejoint.
- Ca va mon vieux? Vous avez l'air complètement abruti?
- Ma... ma mitrailleuse est foutue. Canon surchauffé et vrillé. J'en ai plus de réserve. J'ai plus de munition non plus. On va tous crevé ici... laissez-moi. C'est de toute façon fini.
Je regarde son bras, la blessure a l'air superficielle. Une grenade a pulvérisé sa position, tuant net son chargeur. Le canon de la MG42 regarde vers le ciel gris. L'espace d'une seconde je prends une décision.
- Bon venez, je n'ai plus de chargeur radio. On vous expliquera comment ça fonctionne. Et puis, il y a toujours la MG d'appui. J'ai des canons de réserve et plein de munition, vous ne serez pas de trop pour la faire fonctionner.
Complètement groggy, il se lève et empêtré dans sa lourde capote me suis en marmonnant des trucs indistincts.
Les gars de Kihl battent en retraite. Pendant que j'aide le Stabfelwebel à s'installer, je perçois un grondement sourd au bout de la rue. Les Tigre de Wittman entrent dans la danse. Les grenadiers s'écartent, ils savent que s'ils restent au milieu de la rue ils seront écrasés sans pitié.
- Vas-y Julius suis-les! Archy à la MG! On va les pulvériser ces salauds!
Derrière les 8 Tigre, j'ai vraiment l'impression d'être frêle et petit. Les lourds chars de la division SS, renversent la barricade et foncent au milieu des troupes russes. Julius a immobilisé le Stug à la hauteur de la barricade défoncée et là, impassible nous assistons à une démonstration de tir de notre nouveau camarade. La MG crépite par petites rafales, fauchant systématiquement chaque fantassin ennemi échappant aux chenilles des Tigre.
- Dis tankiste de mes deux, ça te ferait chier de m'aider à charger la mitrailleuse?
Sans un mot, je lui passe les longs chapelets de balles. Le reste il fait tout seul, comme un chef d'orchestre. Régulièrement, il change le canon. Posément, il pose le tube surchauffé sur la structure du tank, saisi de l'autre côté un canon froid, l'installe, arme d'un mouvement sec la mitrailleuse et reprend son tir. Tout cela ne dure qu'une dizaine de secondes. Julius attend de son côté les ordres, le moteur tournant.
Enfin, les Tigre ont terminé...
Ils font demi-tour, en passant à ma hauteur, Wittman me fait signe de le suivre. Son visage est pâle. Avec son uniforme noir bardé de blanc, il a l'air possédé par le démon, je ne peux m'empêcher d'avoir des frissons. Nos fantassins ont, entre-temps embarqués dans des camions et ont quitté le secteur. Je ferme la marche derrière le dernier lourd panzer. Bientôt nous atteignons les faubourgs de la ville. Nous nous arrêtons à l'abri d'un hangar partiellement dévastée par les bombardements.
Sans un mot, l'officier SS a déplié une carte sur le capot avant de son monstre d'acier. Je m'approche.
- Que dit votre radio Wittman, la mienne est muette depuis un bon moment.
Il murmure les sourcils froncés.
- Nous allons a Berdichev, il y a deux jours on nous a avisé que les Rouges poussaient par le Nord. Et vous? Qu'allez-vous faire?
- Je ne sais pas, j'ai pas d'ordre précis. Nous allons vous suivre jusqu'à Berdichev.
Il replie sa carte.
- Je vous propose plutôt d'aller jusqu'à Scala, plus au Sud. Votre unité est complètement dévastée, il ne vous reste que trois Panther et votre vieux Stug. Si vous êtes d'accord, je vous laisse Tafner. Il a fait du bon boulot avec nous. Il ne vous sera pas de trop si vous faites une mauvaise rencontre. Kihl vous suivra, sa compagnie est en triste état également. A Berdichev nous aurons des renforts frais et dispos. Le haut état major de Manstein s'est installé à Scala. Vous aurez l'occasion de recharger vos batteries, de faire soigner vos blessés et de repartir au combat avec plus d'efficacité. Qu'en pensez-vous?
Wittman est moins élevé que moi en grade, mais c'est un SS et le ton de ses propos est sans équivoque, c'est comme si c'était un ordre. Je regarde la carte, Scala est à environ 200 km au Sud de Berdichev.
- Bien... vous avez sans doute raison Wittman, nous allons à Scala. Bonne chance!
Nous nous serrons la main et quelques minutes plus tard, sa division de Tigre suivi de sa colonne de ravitaillement s'éloigne dans la nuit.
Avec Kihl, nous faisons un rapide inventaire de matériel, de l'état de nos blessés et du ravitaillement. Alors que je m'apprête à grimper dans le Stug, le bruit d'un pas de course suivi de pierres qui roulent attirent notre attention. Alors que toutes les armes sont braquées vers la source de bruit, Bhaub, Volta et Goliath apparaissent essoufflés.
- A ben merde alors, bande de salauds vous alliez partir sans nous!
Sans un mot de plus, Goliath monte sur le char à Tafner et s'installe manu militari aux commandes.
- Alors tu viens nazillon, faut qu'on foute le camp fissa. On a au moins une brigade complète de petits Sibériens qui ne rêve que d'une chose, nous pendre par les tripes à la statue de Staline sur la place centrale.
Dans la nuit le moteur du Panther démarre dans un bruit rageur. Imperturbable, comme à son habitude, Bhaub, s'est installé à l'arrière d'un camion. Il s'allume une cigarette. Quant à Volta, il nous a rejoint et sourit. Comme si de vieux amis se retrouvaient après plusieurs années d'absence. Il a une larme qui coule sur sa joue.
- Alors voilà, je suis revenu.
Sortant la tête comme un diable de sa boîte, Julius a ouvert l'écoutille du conducteur.
- Espèce de sacré sac à pain de mes deux! T'as enfin fini de jouer au héros! Et ben c'est le moment que tu rappliques, je commençais de me demander si j'allais devoir encore piloter longtemps cette vieille boîte de conserve.
Le visage de Volta rougit, il y a des éclairs dans ses yeux. Avant qu'il ne puisse répondre quelque chose. Archy sort du Stug. Il époussette sa capote.
- Bon ben, vous n'avez plus besoin de moi n'est-ce pas Oberleutnant. Si vous ne voyez pas d'inconvénients, je m'en vais de ce pas rejoindre mes camarades et vous laisse résoudre vos petites histoires de famille.
Et il s'en va sautillant rejoindre Bhaub sur la ridelle du camion qui démarre.
- Bon allez les gars, foutant le camp d'ici. Volta aux commandes, Julius aux obus. En avant!
le Stug s'ébroue et bientôt, les Panther de Tafner, Willsdorff et Golgoth derrière nous, nous rejoignons la colonne de Kihl.
Dans le char, Julius sourit. Il donne claque amicale sur l'épaule de Volta. Il a les yeux embués.
- Sacré vieux Volta, j'étais sûr que tu reviendrais.
Notre chauffeur se retourne. Il sourit aussi.
- J'ai bien failli y rester. Pas possible de rester discret avec cet illuminé de Goliath qui a fait sauter la moitié de la rue et tout ce qui s'y trouvait. Avec lui et Bhaub, je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie!
Ainsi Goliath avait réussi sa mission de sapeur. Mais à quel prix et pour quoi finalement? Un geste héroïque qui mériterait une médaille mais qui n'a servi à rien.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
Age : 57
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Merde tout ça pour rien ? Je sers à rien c'est pas vrai
Toujours aussi bon Harry
Toujours aussi bon Harry
RTA_Goliat- Major
- Nombre de messages : 8110
Age : 36
Localisation : Vaucluse
Date d'inscription : 24/04/2006
Re: Un Stug pour la liberté
Je fume tranquillement. Dehors il fait chaud. Par la fenêtre, je vois la cabane des Russes. Il y a du va-et-vient chez eux aussi. De temps à autre, un soldat allemand y pénètre précédé d'un soldat en uniforme vert aux parements bleus. Un homme du NKVD.
- Bien Kowalski! Où en étions-nous?
Je sors de mes noires pensées.
- Notre retraite de Zihtomir je crois.
L'Anglais compulse le dossier qui commence à être épais.
- Mmmh... ah oui, c'est juste. Comment allez-vous depuis que nous nous sommes vus la dernière fois?
Je suis sale, poussiéreux. Je dors mal, j'ai mal au dos et ma nuque raide me provoque des migraines impossibles. Mais je n'ai pas envie de m'abaisser à me plaindre devant cet officier britannique. Plus par fierté personnelle, que par fierté de soldat.
- Ca va... mais si je pouvais prendre une douche et laver mes habits, ça irait certainement mieux.
Flower sourit.
- Je vais essayer de vous organiser ça. Bien continuons. Vous nous avez dit avoir eu contact avec la division blindée de Wittman à Zihtomir. C'est bien ça?
- Oui... c'est juste. Mais que lui voulez-vous, il est mort de toute façon.
- Il n'était pas tout seul, il avait des hommes sous ses ordres, des officiers, des sous-officiers non? Les avez-vous vu commettre des actes de violences notamment envers des civils?
- Non... très honnêtement je n'ai rien vu. Sa division était positionnée dans les faubourgs de la ville, au Sud il me semble. Sa mission était de retenir les chars russes qui tentaient de nous prendre en tenaille. Wittman et ses hommes en ont détruit des dizaines et des dizaines. Un vrai massacre. Les T34 devaient traverser une grande plaine pour arriver aux abords de la ville, ils n'avaient aucune chance, chaque obus de 88 touchaient un char ennemi. Ils avaient aussi en appui des canons antichars de 37 et de 122.
Flower semble contrarié.
- Ecoutez Kowalski, nous savons par plusieurs témoignages que des exactions ont été commises à Zihtomir. Alors si les SS de Wittman ne sont pas dans le coup. Qui? Il y avait d'autres unités SS... des Sonderkommando?
Je rigole.
- Avec ce qui nous tombait sur la cafetière, je peux assurer qu'on avait vraiment pas le temps de s'amuser à faire du tir de plaisance sur les civils. Personnellement, j'ai passé plusieurs jours dans une position près d'une petite église à proximité d'un parc au centre de la ville. Ensuite, j'ai été blessé et j'étais en convalescence lorsque nous avons quitté Zihtomir en catastrophe. Je vous garantis que durant toute la période où j'étais dans la position, nous n'avons pas vu l'ombre d'un civil.
Mon interlocuteur sort en soupirant une enveloppe. Il sélectionne plusieurs photos qu'il pose devant moi.
- Regardez ces photos Kowalski. Est-ce que ça vous inspire?
Ce sont des photos de cadavres, des civils. Il s'agit bien de Zihtomir. Quand je vois ces images, j'ai l'impression que c'était hier. Il y en a une qui attire mon attention. Elle représente une petite église à moitié dévastée. Il y a des sacs de sables devant et à l'intérieur quatre cadavres deux femmes et deux hommes, des civils russes. Ils sont alignés, couchés sur le ventre avec un trou dans la nuque. Exécution sommaire. Une horreur de plus pour ma mémoire meurtrie. Mon Dieu! Mais quand tout cela s'arrêtera donc? Je m'appuie en soupirant contre le dossier de ma chaise en indiquant la photo
- Sur celle-là, je reconnais l'église... c'est celle où on avait planqué notre char, notre vieux Stug. On l'utilisait comme position d'artillerie. Il y avait mes hommes d'équipage... Volta... Julius et un groupe du Leutnant Kihl. Un rescapé de Stalingrad Vylsain, Il y avait aussi le petit rigolo, Yohjo. Le sapeur Goliat, le Stabfeldwebel Archy, le mitrailleur et d'autres encore. Ca a été une longue et terrible période, Volta était parti avec son fusil à lunette pour essayer de localiser un franc tireur russe et Goliath de son côté était parti en mission solitaire pour faire sauter un pauvre Su-85 qui nous pilonnait depuis le bout de la rue. C'est là que j'ai été blessé.
Flower range les autres photos. Il tapote avec son crayon sur le papier glacé.
- Les Russes vous accusent pourtant d'avoir exécuté ces gens!
- Mais qu'ils aillent se faire foutre. Ce sont des salauds et vous le savez mieux que moi. Rien ne prouve que mes hommes, ceux de Kihl ou moi ont commis ces crimes.
D'habitude lorsque je tiens de tels propos, j'ai droit à une solide remontrance moralisatrice. Mais là, le Wing Commander Harry Flower reste impassible. Il continue de tapoter avec son crayon la photo, tout en me toisant au-dessus de ses lunettes en demi-lune.
- C'est un crime de guerre Kowalski qui pourrait vous envoyer directement dans un goulag russe.
Je soupire profondément en soutenant son regard.
- Flower, ne soyez pas stupide. Vous savez comme moi que Zihtomir est en Ukraine et que les Ukrainiens sont contre Staline. Nous avions d'ailleurs des soldats de ce pays dans nos rangs. Ce salaud a probablement envoyé ses sbires effectuer une épuration ethnique dans le coin et il essaye de nous faire porter le chapeau pour ne pas choquer l'opinion publique. Et puis arrêtez de me menacer de m'envoyer chez les Russes, faites-le une fois pour toute si ça vous chante, mais fichez-moi la paix avec vos interrogatoires inutiles. Je me tue à vous dire que je n'ai fait que mon devoir de soldat. Je n'ai jamais abattu de sang froid un homme ou une femme, que ce soit un soldat ou un civil. Je me porte garant de mes hommes aussi.
L'officier anglais insiste.
- Ecoutez si vous avez été ne serait-ce que témoin de crimes, il faut nous le dire. C'est important!
Bien sûr que j'ai assisté à des exécutions sommaires de civils, nous en avons tous vu. Même des soldats de l'armée régulière ont pété les plombs. Mais qui n'aurait pas fondu un fusible dans une mélasse pareille? Ce qui est terrible c'est que ma mémoire refuse de fonctionner pour ce genre d'événements, comme si un mécanisme sournois les cachait dans mon esprit.
Flower s'est levé. Il traverse la pièce, ouvre un tiroir et sort une bouteille et deux petits verres.
- Whisky?
J'hésite.
- J'ai peur de sentir l'alcool et au retour dans mon cantonnement, on risque de me reprocher de donner des indications à l'ennemi.
Il rigole et rempli un verre qu'il pousse vers moi.
- Santé Oberleutnant! A notre survie!
Je reprends.
- J'en ai vu des horreurs... des villages entiers rasés. Des habitants... des gosses, des femmes, des vieux qui creusaient leur propre tombe en chantant des litanies religieuses, puis des MG qui se mettaient en route et ils tombaient dans la fosse... et c'est la volée suivante qui bouchait le trou et qui en creusait un autre plus loin... mais je n'ai que des images furtives qui me viennent à l'esprit Flower, on passait en vitesse et on foutait le camp vite pour ne pas voir ça... après on était parfois des heures à rester muet dans le char. Tout ce qu'on voulait, c'est une bonne bagarre avec des T34 pour oublier. Oh oui, avec quelques bonnes grosses salves d'artillerie qui nous secouent tels des pruniers sur lesquelles on peut hurler et jurer tout en manœuvrant le tank comme des déments dans le fracas de notre 75, du grondement du moteur, du cliquetis des chenilles et des tirs de notre MG d'appui, les douilles qui tombent sur la structure d'acier, la terre qui s'envole sous l'impact des obus de 85 russes. Oui tout ça, c'était finalement notre remède pour oublier. Le silence et l'attente c'était la pire chose qui pouvaient nous arriver, car nos esprits vagabondaient entre les souvenirs du pays qui nous rendaient nostalgiques donc vulnérables et ceux de ces exécutions... qui ... si on se laissait aller, on devenait fous... alors quand on se battait pas, on buvait et fumait de la machorka...
- Bien Kowalski! Où en étions-nous?
Je sors de mes noires pensées.
- Notre retraite de Zihtomir je crois.
L'Anglais compulse le dossier qui commence à être épais.
- Mmmh... ah oui, c'est juste. Comment allez-vous depuis que nous nous sommes vus la dernière fois?
Je suis sale, poussiéreux. Je dors mal, j'ai mal au dos et ma nuque raide me provoque des migraines impossibles. Mais je n'ai pas envie de m'abaisser à me plaindre devant cet officier britannique. Plus par fierté personnelle, que par fierté de soldat.
- Ca va... mais si je pouvais prendre une douche et laver mes habits, ça irait certainement mieux.
Flower sourit.
- Je vais essayer de vous organiser ça. Bien continuons. Vous nous avez dit avoir eu contact avec la division blindée de Wittman à Zihtomir. C'est bien ça?
- Oui... c'est juste. Mais que lui voulez-vous, il est mort de toute façon.
- Il n'était pas tout seul, il avait des hommes sous ses ordres, des officiers, des sous-officiers non? Les avez-vous vu commettre des actes de violences notamment envers des civils?
- Non... très honnêtement je n'ai rien vu. Sa division était positionnée dans les faubourgs de la ville, au Sud il me semble. Sa mission était de retenir les chars russes qui tentaient de nous prendre en tenaille. Wittman et ses hommes en ont détruit des dizaines et des dizaines. Un vrai massacre. Les T34 devaient traverser une grande plaine pour arriver aux abords de la ville, ils n'avaient aucune chance, chaque obus de 88 touchaient un char ennemi. Ils avaient aussi en appui des canons antichars de 37 et de 122.
Flower semble contrarié.
- Ecoutez Kowalski, nous savons par plusieurs témoignages que des exactions ont été commises à Zihtomir. Alors si les SS de Wittman ne sont pas dans le coup. Qui? Il y avait d'autres unités SS... des Sonderkommando?
Je rigole.
- Avec ce qui nous tombait sur la cafetière, je peux assurer qu'on avait vraiment pas le temps de s'amuser à faire du tir de plaisance sur les civils. Personnellement, j'ai passé plusieurs jours dans une position près d'une petite église à proximité d'un parc au centre de la ville. Ensuite, j'ai été blessé et j'étais en convalescence lorsque nous avons quitté Zihtomir en catastrophe. Je vous garantis que durant toute la période où j'étais dans la position, nous n'avons pas vu l'ombre d'un civil.
Mon interlocuteur sort en soupirant une enveloppe. Il sélectionne plusieurs photos qu'il pose devant moi.
- Regardez ces photos Kowalski. Est-ce que ça vous inspire?
Ce sont des photos de cadavres, des civils. Il s'agit bien de Zihtomir. Quand je vois ces images, j'ai l'impression que c'était hier. Il y en a une qui attire mon attention. Elle représente une petite église à moitié dévastée. Il y a des sacs de sables devant et à l'intérieur quatre cadavres deux femmes et deux hommes, des civils russes. Ils sont alignés, couchés sur le ventre avec un trou dans la nuque. Exécution sommaire. Une horreur de plus pour ma mémoire meurtrie. Mon Dieu! Mais quand tout cela s'arrêtera donc? Je m'appuie en soupirant contre le dossier de ma chaise en indiquant la photo
- Sur celle-là, je reconnais l'église... c'est celle où on avait planqué notre char, notre vieux Stug. On l'utilisait comme position d'artillerie. Il y avait mes hommes d'équipage... Volta... Julius et un groupe du Leutnant Kihl. Un rescapé de Stalingrad Vylsain, Il y avait aussi le petit rigolo, Yohjo. Le sapeur Goliat, le Stabfeldwebel Archy, le mitrailleur et d'autres encore. Ca a été une longue et terrible période, Volta était parti avec son fusil à lunette pour essayer de localiser un franc tireur russe et Goliath de son côté était parti en mission solitaire pour faire sauter un pauvre Su-85 qui nous pilonnait depuis le bout de la rue. C'est là que j'ai été blessé.
Flower range les autres photos. Il tapote avec son crayon sur le papier glacé.
- Les Russes vous accusent pourtant d'avoir exécuté ces gens!
- Mais qu'ils aillent se faire foutre. Ce sont des salauds et vous le savez mieux que moi. Rien ne prouve que mes hommes, ceux de Kihl ou moi ont commis ces crimes.
D'habitude lorsque je tiens de tels propos, j'ai droit à une solide remontrance moralisatrice. Mais là, le Wing Commander Harry Flower reste impassible. Il continue de tapoter avec son crayon la photo, tout en me toisant au-dessus de ses lunettes en demi-lune.
- C'est un crime de guerre Kowalski qui pourrait vous envoyer directement dans un goulag russe.
Je soupire profondément en soutenant son regard.
- Flower, ne soyez pas stupide. Vous savez comme moi que Zihtomir est en Ukraine et que les Ukrainiens sont contre Staline. Nous avions d'ailleurs des soldats de ce pays dans nos rangs. Ce salaud a probablement envoyé ses sbires effectuer une épuration ethnique dans le coin et il essaye de nous faire porter le chapeau pour ne pas choquer l'opinion publique. Et puis arrêtez de me menacer de m'envoyer chez les Russes, faites-le une fois pour toute si ça vous chante, mais fichez-moi la paix avec vos interrogatoires inutiles. Je me tue à vous dire que je n'ai fait que mon devoir de soldat. Je n'ai jamais abattu de sang froid un homme ou une femme, que ce soit un soldat ou un civil. Je me porte garant de mes hommes aussi.
L'officier anglais insiste.
- Ecoutez si vous avez été ne serait-ce que témoin de crimes, il faut nous le dire. C'est important!
Bien sûr que j'ai assisté à des exécutions sommaires de civils, nous en avons tous vu. Même des soldats de l'armée régulière ont pété les plombs. Mais qui n'aurait pas fondu un fusible dans une mélasse pareille? Ce qui est terrible c'est que ma mémoire refuse de fonctionner pour ce genre d'événements, comme si un mécanisme sournois les cachait dans mon esprit.
Flower s'est levé. Il traverse la pièce, ouvre un tiroir et sort une bouteille et deux petits verres.
- Whisky?
J'hésite.
- J'ai peur de sentir l'alcool et au retour dans mon cantonnement, on risque de me reprocher de donner des indications à l'ennemi.
Il rigole et rempli un verre qu'il pousse vers moi.
- Santé Oberleutnant! A notre survie!
Je reprends.
- J'en ai vu des horreurs... des villages entiers rasés. Des habitants... des gosses, des femmes, des vieux qui creusaient leur propre tombe en chantant des litanies religieuses, puis des MG qui se mettaient en route et ils tombaient dans la fosse... et c'est la volée suivante qui bouchait le trou et qui en creusait un autre plus loin... mais je n'ai que des images furtives qui me viennent à l'esprit Flower, on passait en vitesse et on foutait le camp vite pour ne pas voir ça... après on était parfois des heures à rester muet dans le char. Tout ce qu'on voulait, c'est une bonne bagarre avec des T34 pour oublier. Oh oui, avec quelques bonnes grosses salves d'artillerie qui nous secouent tels des pruniers sur lesquelles on peut hurler et jurer tout en manœuvrant le tank comme des déments dans le fracas de notre 75, du grondement du moteur, du cliquetis des chenilles et des tirs de notre MG d'appui, les douilles qui tombent sur la structure d'acier, la terre qui s'envole sous l'impact des obus de 85 russes. Oui tout ça, c'était finalement notre remède pour oublier. Le silence et l'attente c'était la pire chose qui pouvaient nous arriver, car nos esprits vagabondaient entre les souvenirs du pays qui nous rendaient nostalgiques donc vulnérables et ceux de ces exécutions... qui ... si on se laissait aller, on devenait fous... alors quand on se battait pas, on buvait et fumait de la machorka...
Dernière édition par 27Pzd_Kowalski le Ven 10 Oct 2008 - 4:54, édité 2 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Flower soupire. Il est mal à l'aise.
- Est-ce que vous ne vous êtes jamais dit que nous avions quand même une sacré chance d'avoir survécu à tout ce bordel? Combien de camarades n'ont pas eu cette chance... hein? Et nous, on est là, à discuter de tout ça comme de vieux copains, alors qu'il y a encore 7 mois on se serait canardé comme des lapins. La vie est quand même faite de drôles de paradoxes, n'est-il pas?
Je saisis le verre. Il a raison l'Angliche pour peu je le trouverais presque sympathique. Finalement, il ne fait que son boulot de soldat.
- Il y a quand même une grande différence entre votre position et la mienne Flower. Pour vous la guerre n'est pas terminée et peut-être même que bientôt, vous vous battrez contre vos alliés communistes. Par contre, pour moi, tout ça est fini. Avec un peu de chance je vais pouvoir peut-être bientôt rentrer chez moi, avec un peu de chance il y aura des membres de ma famille qui auront survécu et avec un peu de chance, notre maison sera encore debout. Et pendant que vous ressortirez votre Spitfire du hangar pour vous bagarrer contre les Yak à étoile rouge, moi je creuserai mon jardin pour y planter de belles pommes de terre et le soir, j'irais au Stube du village pour boire une bonne bière fraîche avec les copains qui ont survécu à cette guerre de merde. Et nous parlerons d'un tas de choses, mais jamais de ces cinq dernières années.
Flower avait allumé sa pipe et m'écoutait silencieusement en hochant doucement la tête.
- Vous avez raison Kowalski, mais peut-être bien que vous serez un jour obligé de reprendre les armes et vous battre à nos côtés...
Il avait raison. Tellement raison, mais je voulais plus entendre parler de guerre, je ne voulais plus entendre parler de mort. Je voulais juste entendre siffler les oiseaux dans la forêt, humer les fleurs et regarder pousser les légumes et les fruits dans le jardin de la maison parentale.
Il insiste:
- C'est beau chez vous ?
- Si c'est beau??? C'est probablement le plus beau coin d'Allemagne. Il y a d'immenses forêts de sapins dans lesquelles gambade un gibier abondant. La terre est fertile, les pommes de terre, les choux, les carottes y poussent sans problème. Même si je rentre sans rien à la maison, que je n'ai plus de boulot, il me restera toujours de quoi manger et boire.
Flower était rêveur, ses yeux clignent, il fume tout en dégustant son whisky. Quelque chose le tracasse, c'est visible. Soudainement, je compris. Je compris qu'il n'était plus maître de mon destin. Que je n'allais pas revoir de sitôt ma maison, ma famille. Que j'avais survécu pour rien. Je faisais partie de l'armée allemande, j'étais damné et j'allais devoir payer. Les larmes inondèrent mes yeux.
- Ce sont les Russes hein Flower... ils veulent régler leurs putains de comptes avec nous?
J'avais de la peine à contenir les sanglots qui remontaient dans ma gorge.
- ... ce sont des salopards! Si vous faites ça... ils nous exécuteront tous un à un, et ceux qui n'auront pas droit à la balle dans la nuque iront crever dans leurs camps en Sibérie...je ne veux pas Flower, je veux juste rentrer chez moi...
Mes dernières paroles n'étaient que murmure.
Il ne répondait pas, sa bouche faisait une grimace. J'insistais.
- Allez... ne me cachez pas la vérité Flower. Les Soviétiques me veulent ainsi que mes camarades qui, avec un peu de chance, sont également dans ce camp, n'est-ce pas?
Il se redresse sur sa chaise et me fixe.
- Ecoutez Kowalski, nous faisons tout ce que nous pouvons auprès de notre état-major pour qu'un minimum de soldats allemands soient transférés aux Russes. Mais pour votre unité qui a pratiquement toujours combattu sur le front Est, c'est difficile, les communistes en ont gros contre vous... pour le moment, vous restez de ce côté du camp... mais je ne peux rien vous promettre.
C'est sur cette terrible nouvelle que nous nous séparons. Lorsque je rejoignais mon cantonnement, je m'isolais. Mes camarades d'infortune qui continuaient de parler de leur avenir comme s'il était lié à leur famille, au retour de leur vie "d'avant" essayaient d'ignorer ce qu'ils pressentaient en me voyant complètement démoralisé. Un vieux sergent vint me parler. Il avait l'âge de mon père, il avait servi dans un camp de prisonniers comme garde.
- Ecoute Heinrich... le destin de tous ceux qui sont ici est très sombre, mais regardes les parler de leur famille, de leur maison, si on leur enlève ça... la plupart deviendront fous.
Je le regardais effaré.
- Mais mon pauvre vieux, alors quand ils sauront... qu'est-ce qu'ils vont faire? Se jeter contre les mitrailleuses russes?
Le vieux me serra le bras, son regard était gris comme l'acier.
- C'est l'espoir qui nous tient tous en vie, il ne faut rien leur dire...
Je n'en revenais pas. Mais étaient-ils donc tous aussi naïfs.
Je n'allais plus voir Flower. Quatre jours après notre dernier entretien. Un groupe de soldats américains est arrivé dans le cantonnement. Et lentement, un jeune lieutenant s'est mis à égrener des noms.
- Feldweibel Muller, Unterfeldweibel Gedenke, Oberleutnant Kowalski ....
Une trentaine ont été ainsi appelés. On nous a mis en rang par deux et nous avons quitté la cabane que nous avons partagée pendant 14 mois. Notre groupe a traversé le camp au pas, on ne change pas les habitudes en Prusse. D'autres groupes nous ont rejoint et la colonne a de plus en plus gonflé. On savait tous où on allait, même les sentinelles américaines avaient arrêté de mâcher leur gomme et faisaient la gueule. Bientôt notre colonne en a rejoint une autre venant d'un autre emplacement du camp. Eux aussi marchent au pas. La plupart portait des restes d'uniformes des Panzer. Je vois Volta et Julius, je retrouve également Tafner, Willsdorff et Golgoth, probablement que les autres ne sont pas loin non plus. On marche le long du grillage, on se fait un petit signe, mais ça s'arrête là. Bientôt, les deux colonnes se rejoignent et ne forment plus qu'un long serpent d'hommes maigres, le visage marqué, l'uniforme poussiéreux. Les restes de la glorieuse armée du 3ème Reich. L'aigle anéanti par tant de folie humaine. Et nous qui avons tant cru naïvement qu'en se rendant aux Américains ou aux Anglais ont allait s'en sortir. Là bas, il y a des camions verts encadrés par des soldats aux uniformes garnis de parement bleus ou rouges, qu'on avait tant vus de ces camions pendant 4 années de bataille acharnée et désespérée et maintenant, c'est vers eux qu'on nous conduisait. On allait payer cher notre intrusion au pays de Staline, nous les survivants de la folie d'Hitler on allait quand même pas nous faire de cadeaux. Alors que mes premiers compagnons d'infortune s'arrêtaient devant les Zis. Là bas, tout là bas une voix s'élève :
- Ob’s stürmt oder schneit, Ob die Sonne uns lacht, Der Tag glühend heiß...
L'un après l'autre les soldats qui composent cette lugubre procession reprennent la panzerlied. Les soldats russes s'agitent un coup de crosse s'abat. Un homme tombe, un deuxième et la Panzerlied s'arrête. Les regards s'abaissent, la peur se lit sur ces visages émaciés. On a tous compris combien c'était finalement ridicule que de chanter cet air que la plupart d'entre-nous ont haïs alors vautré dans la boue du Caucase ou dans les décombres de Kiev. Un sous-officier s'approche. Il parle l'allemand avec un fort accent russe. Il sort d'une serviette des listes et les noms s'égrènent. Bientôt vient mon tour:
- Kowalski Heinrich!
Je sors du rang, il m'indique un camion à l'écart. Pourquoi celui là de camion? Je m'avance comme un robot sous le regard anxieux de ceux qui forment le premier rang. Bientôt Julius, Volta, Willsdorff, Golgoth, Tafner, et d'autres encore, anciens du régiment de Kihl et même Kupferschemied qui est méconnaissable avec trente kilos de moins me rejoignent. Ca fait des mois qu'on ne s'est pas vu, mais personne n'a envie de parler. Deux soldats russes armés de leurs PPSH montent à l'arrière et la bâche se referme sur nous. Le camion s'ébranle et nous quittons le camp. Sur le pont du Zis, dans l'ombre, des regards anxieux me consultent. Dernier réflexe de soldats dans l'attente d'une réponse de celui qui fut leur officier pendant si longtemps. Mais cette fois, je n'ai pas de réponse, pas de solution, juste celle de laisser notre destin entre les mains des Soviétiques...
- Est-ce que vous ne vous êtes jamais dit que nous avions quand même une sacré chance d'avoir survécu à tout ce bordel? Combien de camarades n'ont pas eu cette chance... hein? Et nous, on est là, à discuter de tout ça comme de vieux copains, alors qu'il y a encore 7 mois on se serait canardé comme des lapins. La vie est quand même faite de drôles de paradoxes, n'est-il pas?
Je saisis le verre. Il a raison l'Angliche pour peu je le trouverais presque sympathique. Finalement, il ne fait que son boulot de soldat.
- Il y a quand même une grande différence entre votre position et la mienne Flower. Pour vous la guerre n'est pas terminée et peut-être même que bientôt, vous vous battrez contre vos alliés communistes. Par contre, pour moi, tout ça est fini. Avec un peu de chance je vais pouvoir peut-être bientôt rentrer chez moi, avec un peu de chance il y aura des membres de ma famille qui auront survécu et avec un peu de chance, notre maison sera encore debout. Et pendant que vous ressortirez votre Spitfire du hangar pour vous bagarrer contre les Yak à étoile rouge, moi je creuserai mon jardin pour y planter de belles pommes de terre et le soir, j'irais au Stube du village pour boire une bonne bière fraîche avec les copains qui ont survécu à cette guerre de merde. Et nous parlerons d'un tas de choses, mais jamais de ces cinq dernières années.
Flower avait allumé sa pipe et m'écoutait silencieusement en hochant doucement la tête.
- Vous avez raison Kowalski, mais peut-être bien que vous serez un jour obligé de reprendre les armes et vous battre à nos côtés...
Il avait raison. Tellement raison, mais je voulais plus entendre parler de guerre, je ne voulais plus entendre parler de mort. Je voulais juste entendre siffler les oiseaux dans la forêt, humer les fleurs et regarder pousser les légumes et les fruits dans le jardin de la maison parentale.
Il insiste:
- C'est beau chez vous ?
- Si c'est beau??? C'est probablement le plus beau coin d'Allemagne. Il y a d'immenses forêts de sapins dans lesquelles gambade un gibier abondant. La terre est fertile, les pommes de terre, les choux, les carottes y poussent sans problème. Même si je rentre sans rien à la maison, que je n'ai plus de boulot, il me restera toujours de quoi manger et boire.
Flower était rêveur, ses yeux clignent, il fume tout en dégustant son whisky. Quelque chose le tracasse, c'est visible. Soudainement, je compris. Je compris qu'il n'était plus maître de mon destin. Que je n'allais pas revoir de sitôt ma maison, ma famille. Que j'avais survécu pour rien. Je faisais partie de l'armée allemande, j'étais damné et j'allais devoir payer. Les larmes inondèrent mes yeux.
- Ce sont les Russes hein Flower... ils veulent régler leurs putains de comptes avec nous?
J'avais de la peine à contenir les sanglots qui remontaient dans ma gorge.
- ... ce sont des salopards! Si vous faites ça... ils nous exécuteront tous un à un, et ceux qui n'auront pas droit à la balle dans la nuque iront crever dans leurs camps en Sibérie...je ne veux pas Flower, je veux juste rentrer chez moi...
Mes dernières paroles n'étaient que murmure.
Il ne répondait pas, sa bouche faisait une grimace. J'insistais.
- Allez... ne me cachez pas la vérité Flower. Les Soviétiques me veulent ainsi que mes camarades qui, avec un peu de chance, sont également dans ce camp, n'est-ce pas?
Il se redresse sur sa chaise et me fixe.
- Ecoutez Kowalski, nous faisons tout ce que nous pouvons auprès de notre état-major pour qu'un minimum de soldats allemands soient transférés aux Russes. Mais pour votre unité qui a pratiquement toujours combattu sur le front Est, c'est difficile, les communistes en ont gros contre vous... pour le moment, vous restez de ce côté du camp... mais je ne peux rien vous promettre.
C'est sur cette terrible nouvelle que nous nous séparons. Lorsque je rejoignais mon cantonnement, je m'isolais. Mes camarades d'infortune qui continuaient de parler de leur avenir comme s'il était lié à leur famille, au retour de leur vie "d'avant" essayaient d'ignorer ce qu'ils pressentaient en me voyant complètement démoralisé. Un vieux sergent vint me parler. Il avait l'âge de mon père, il avait servi dans un camp de prisonniers comme garde.
- Ecoute Heinrich... le destin de tous ceux qui sont ici est très sombre, mais regardes les parler de leur famille, de leur maison, si on leur enlève ça... la plupart deviendront fous.
Je le regardais effaré.
- Mais mon pauvre vieux, alors quand ils sauront... qu'est-ce qu'ils vont faire? Se jeter contre les mitrailleuses russes?
Le vieux me serra le bras, son regard était gris comme l'acier.
- C'est l'espoir qui nous tient tous en vie, il ne faut rien leur dire...
Je n'en revenais pas. Mais étaient-ils donc tous aussi naïfs.
Je n'allais plus voir Flower. Quatre jours après notre dernier entretien. Un groupe de soldats américains est arrivé dans le cantonnement. Et lentement, un jeune lieutenant s'est mis à égrener des noms.
- Feldweibel Muller, Unterfeldweibel Gedenke, Oberleutnant Kowalski ....
Une trentaine ont été ainsi appelés. On nous a mis en rang par deux et nous avons quitté la cabane que nous avons partagée pendant 14 mois. Notre groupe a traversé le camp au pas, on ne change pas les habitudes en Prusse. D'autres groupes nous ont rejoint et la colonne a de plus en plus gonflé. On savait tous où on allait, même les sentinelles américaines avaient arrêté de mâcher leur gomme et faisaient la gueule. Bientôt notre colonne en a rejoint une autre venant d'un autre emplacement du camp. Eux aussi marchent au pas. La plupart portait des restes d'uniformes des Panzer. Je vois Volta et Julius, je retrouve également Tafner, Willsdorff et Golgoth, probablement que les autres ne sont pas loin non plus. On marche le long du grillage, on se fait un petit signe, mais ça s'arrête là. Bientôt, les deux colonnes se rejoignent et ne forment plus qu'un long serpent d'hommes maigres, le visage marqué, l'uniforme poussiéreux. Les restes de la glorieuse armée du 3ème Reich. L'aigle anéanti par tant de folie humaine. Et nous qui avons tant cru naïvement qu'en se rendant aux Américains ou aux Anglais ont allait s'en sortir. Là bas, il y a des camions verts encadrés par des soldats aux uniformes garnis de parement bleus ou rouges, qu'on avait tant vus de ces camions pendant 4 années de bataille acharnée et désespérée et maintenant, c'est vers eux qu'on nous conduisait. On allait payer cher notre intrusion au pays de Staline, nous les survivants de la folie d'Hitler on allait quand même pas nous faire de cadeaux. Alors que mes premiers compagnons d'infortune s'arrêtaient devant les Zis. Là bas, tout là bas une voix s'élève :
- Ob’s stürmt oder schneit, Ob die Sonne uns lacht, Der Tag glühend heiß...
L'un après l'autre les soldats qui composent cette lugubre procession reprennent la panzerlied. Les soldats russes s'agitent un coup de crosse s'abat. Un homme tombe, un deuxième et la Panzerlied s'arrête. Les regards s'abaissent, la peur se lit sur ces visages émaciés. On a tous compris combien c'était finalement ridicule que de chanter cet air que la plupart d'entre-nous ont haïs alors vautré dans la boue du Caucase ou dans les décombres de Kiev. Un sous-officier s'approche. Il parle l'allemand avec un fort accent russe. Il sort d'une serviette des listes et les noms s'égrènent. Bientôt vient mon tour:
- Kowalski Heinrich!
Je sors du rang, il m'indique un camion à l'écart. Pourquoi celui là de camion? Je m'avance comme un robot sous le regard anxieux de ceux qui forment le premier rang. Bientôt Julius, Volta, Willsdorff, Golgoth, Tafner, et d'autres encore, anciens du régiment de Kihl et même Kupferschemied qui est méconnaissable avec trente kilos de moins me rejoignent. Ca fait des mois qu'on ne s'est pas vu, mais personne n'a envie de parler. Deux soldats russes armés de leurs PPSH montent à l'arrière et la bâche se referme sur nous. Le camion s'ébranle et nous quittons le camp. Sur le pont du Zis, dans l'ombre, des regards anxieux me consultent. Dernier réflexe de soldats dans l'attente d'une réponse de celui qui fut leur officier pendant si longtemps. Mais cette fois, je n'ai pas de réponse, pas de solution, juste celle de laisser notre destin entre les mains des Soviétiques...
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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615sqn_Volta- Group Captain
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Re: Un Stug pour la liberté
Ca sent l'évasion ca !
Tac tac tac tac tac !
Tac tac tac tac tac !
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
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Re: Un Stug pour la liberté
le camion a un accident, et voilà, le tour est joué !
F/JG300_Tempest- Major LW
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Re: Un Stug pour la liberté
pfff, vous me décevez, tacatac boum boum y a pas que ça dans la vie de Kowalski et ses compères, c'est beaucoup plus fin, plus subtil que cela... la réponse est dans un précédent épisode, plus précisément dans la Taiga...
615sqn_Harry- Wing Commander
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Re: Un Stug pour la liberté
Inverse pas les roles !
C'est toi le pouet !
C'est toi le pouet !
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
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Re: Un Stug pour la liberté
J'ai trouvé ! un accident avec une lada !!!!!!!!!!!!!
615sqn_Yann-per- Pilot Officer
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Re: Un Stug pour la liberté
RTA_Yann-per a écrit:J'ai trouvé ! un accident avec une lada !!!!!!!!!!!!!
t'as pas du chercher bien loin
RTA_Goliat- Major
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Re: Un Stug pour la liberté
Non juste dans mon garage , ca fait 60 ans que je cherche le gars qui m'est rentré dedans !!!!!!
615sqn_Yann-per- Pilot Officer
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Re: Un Stug pour la liberté
J'ai tout relu ce week end... C'est toujours génial...
Comme ça, au hasard d'un coup de sang... Tu t'en tires bien Kowalski, tu t'en tires très bien...
Dévoué Julius qui croit avoir trouvé la fin...
Vivement que Kuperschmied nous fasse à bouffer... !
Comme ça, au hasard d'un coup de sang... Tu t'en tires bien Kowalski, tu t'en tires très bien...
Dévoué Julius qui croit avoir trouvé la fin...
Vivement que Kuperschmied nous fasse à bouffer... !
F/JG300_Tempest- Major LW
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Localisation : Paris - France
Date d'inscription : 02/11/2005
Re: Un Stug pour la liberté
Ah, cher Julius, c'est un peu vague comme allusion, mais c'est possible.
615sqn_Harry- Wing Commander
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Re: Un Stug pour la liberté
Relis le passage que tu suspectes, Kowalski ! You'll see :)
F/JG300_Tempest- Major LW
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Localisation : Paris - France
Date d'inscription : 02/11/2005
Re: Un Stug pour la liberté
Scala était à 400 km de Zhitomir et il nous fallut plusieurs jours pour rejoindre la ville. Heureusement que le temps était couvert et le plafond bas, car à la moindre éclaircie, les Sturmovik russes se précipitent sur nos colonnes. Le deuxième jour, profitant de quelques trouées dans la couche, les avions d'assaut russes se précipitent sur une colonne circulant quelques kilomètres devant nous. Volta qui guigne au travers de son écoutille fait la grimace.
- Ce sont les gars du 12ème bataillon du Génie. Ils s'en prennent plein la gueule.
Dès l'apparition des Il2, nous avons arrêté le convoi et les véhicules ont été camouflés du mieux que l'on peut dans les sous-bois. Mais en cette période de l'année, les arbres sont nus comme des vers et la protection est bien dérisoire. Vu d'en haut, nos camions et chars doivent être visibles comme le nez au milieu de la figure. Le cœur serré, nous observons les Sturmovik effectuer passe après passe sur le malheureux. D'abord à la bombe ou à la roquette, puis aux canons et pour finir à la mitrailleuse légère pour finir les malheureux qui ont pu évacuer les camions et qui rampent comme des déments en grattant la terre glacée de leurs doigts nus. Sans le moindre abri, ils n'ont pas la moindre chance. Julius qui m'a rejoint à la tourelle observe les alentours visiblement à la recherche d'un abri au cas où... Je lui indique une souche d'arbre que j'avais repérée peu avant. C'est épouvantable, au lieu de se battre, on est là à chercher une solution pour se planquer. Quelle cruelle désillusion pour l'armée qui se targuait d'être la meilleure du monde. Julius doit lire dans mes pensées.
- Si même notre valeureuse Luftwaffe n'est pas capable d'intervenir dans un cas comme ça... alors qu'en est-il des fameuses armes secrètes qu'Hitler nous promet depuis des mois?
Il rejoint l'habitacle du char.
- J'en ai assez vu comme ça...
Volta a sorti ses jumelles et observe le triste spectacle.
- Ces fumiers, ce n'est pas une attaque en règle, c'est un assassinat. Faut les voir s'acharner sur quelques pauvres hères, des assassins. Quels salopards!
Au fond du char, depuis sa place de tireur Julius rétorque narquois.
- Et ben quoi mon pauvre bichon, qu'est-ce que tu crois? Qu'ils vont sortir la bonne vieille cavalerie pour faire une guerre d'honneur?
Il rigole:
- Allez les Krauts, on se retrouve demain derrière l'église de Zihtomir pour un règlement de compte en règle. Pfff tu peux être d'un naïf des fois.
Les Il2 disparaissent du ciel aussi vite qu'ils étaient apparus, seul le grondement sourd de leur moteur qui s'estompent dans les nuages au loin répond à l'éternel vent glacial qui balaye les grandes plaines enneigées.
Volta remonte son col et ferme brusquement la trappe conducteur.
- Bon on démarre? Il commence de faire rudement frisquet.
Je jette un coup d'œil circulaire. Les chauffeurs des camions et des chars sortent de leur torpeur. Ils me consultent du regard. Je lève la main en signe de mise en marche. S'extirpant péniblement de la gangue de neige gelée, les camions s'intercalent entre le Stug qui ouvre la marche et les trois Panther. Lentement, le coeur battant nous remontons la route. Les carcasses de camion qui finissent de se consumer entravent notre chemin. Habilement, Volta manœuvre le tank pour les pousser hors de la route. Je m'efforce d'éviter le regard vide des cadavres qui parsèment les abords de la chaussée, la bouche ouverte, la plupart ont le visage tourné vers le ciel, implorant le tout Puissant avant de rendre leur dernier souffle. Il y a des morts sur la route aussi, dans un premier temps Volta les évite, mais il y a trop et finalement, il est obligé de passer sur plusieurs corps. C'est épouvantable, j'ai la nausée. J'essaye de garder les yeux fixés vers l'horizon, le Maybach de notre valeureux Stug a de la peine à couvrir le son des os broyés. Volta donne des gaz en vitesse courte pour essayer de couvrir cette horreur. Ma hantise est de trouver un blessé, un survivant trop atteint pour être soigné, mais il y en a un, je le vois bouger dans le fossé, il lève son bras dans notre direction. Volta immobilise le tank. Je prends mon souffle et je descends du Stug. Julius m'accompagne, ainsi que le Dr Knoll qui a fini par rejoindre l'unité de Kihl. On se précipite vers le malheureux. Il a les deux jambes en piteux état, mais les parties vitales n'ont pas l'air touché. Knoll me consulte du regard. Que faire? Je le regarde de coin. Je murmure:
- Et bien quoi toubib? Vous ne préconisez quand même pas une balle 9 en guise de cachet non. Allez, on l'embarque dans un camion. Démerdez-vous pour lui trouver des couvertures. Knoll vous lui le maximum avec ce que vous avez... même si je sais que ce vous avez de plus actuellement pour soigner nos blessés, est votre Fois en Dieu et la miséricorde.
Je prends une décision. Vu la situation tant pis, on prend le risque de vérifier s'il y a d'autres blessés. A contre-cœur, tous les gars descendent des camions. Mais une fois engagés, ils vont même jusqu'à réunir les cadavres dans une fosse rapidement creusée dans la neige. Il n'y aura au final, qu'un survivant, enfin pour autant qu'il survive.
La colonne reprend sa route. Je décide de poursuivre la nuit. Le ciel s'est partiellement dégagé et la lune est haute. Elle inonde les plaines enneigées d'une lumière bleue qui rend la route relativement visible. Je demande aux chauffeurs de respecter une distance minimale de 30 mètres entre chaque véhicule. La température est très basse et avec le vent, la sensation de froid est à peine supportable. Julius qui est dans l'habitacle relativement tempéré par le moteur qui ronfle à l'arrière, me tire le pantalon.
- Je crois que ce n'est pas le moment de faire de détail Oberleutnant. Tenez.
Il me passe une lourde parka d'hiver russe et une grosse paires de moufles. Je les passe sans hésitation. Rien à dire, les responsables de l'habillement russe savent y faire pour soigner leurs soldats. La veste est mal taillée, par contre, elle me protège admirablement bien du froid et des courants. Nous roulons toute la nuit. Volta s'inquiète pour le ravitaillement, le niveau de carburant baisse.
- Si on a pas de diesel à Scala, on est à pied. On est limite.
Le jour se lève sur une tempête de neige. Volta est obligé de passer ses lunettes de pilote pour essayer de voir quelque chose. J'essaye depuis ma place de lui indiquer la route. Mais ce qui devait arriver arriva. Un des chauffeurs de Kihl s'assoupit, son camion fit une légère embardée, surpris par les cris de son passager avant, il tenta de reprendre son lourd véhicule qui dérapa sur la route et finit dans le fossé. Il n'y a pas de blessé, mais Kihl qui est à bout, passe un savon mémorable à son chauffeur. Volta s'inquiète à juste titre.
- Oberleutnant si je puis me permettre, il ne faut pas perdre de temps. Avec de froid, si on arrête les moteurs, les réservoirs vont geler.
- Ce sont les gars du 12ème bataillon du Génie. Ils s'en prennent plein la gueule.
Dès l'apparition des Il2, nous avons arrêté le convoi et les véhicules ont été camouflés du mieux que l'on peut dans les sous-bois. Mais en cette période de l'année, les arbres sont nus comme des vers et la protection est bien dérisoire. Vu d'en haut, nos camions et chars doivent être visibles comme le nez au milieu de la figure. Le cœur serré, nous observons les Sturmovik effectuer passe après passe sur le malheureux. D'abord à la bombe ou à la roquette, puis aux canons et pour finir à la mitrailleuse légère pour finir les malheureux qui ont pu évacuer les camions et qui rampent comme des déments en grattant la terre glacée de leurs doigts nus. Sans le moindre abri, ils n'ont pas la moindre chance. Julius qui m'a rejoint à la tourelle observe les alentours visiblement à la recherche d'un abri au cas où... Je lui indique une souche d'arbre que j'avais repérée peu avant. C'est épouvantable, au lieu de se battre, on est là à chercher une solution pour se planquer. Quelle cruelle désillusion pour l'armée qui se targuait d'être la meilleure du monde. Julius doit lire dans mes pensées.
- Si même notre valeureuse Luftwaffe n'est pas capable d'intervenir dans un cas comme ça... alors qu'en est-il des fameuses armes secrètes qu'Hitler nous promet depuis des mois?
Il rejoint l'habitacle du char.
- J'en ai assez vu comme ça...
Volta a sorti ses jumelles et observe le triste spectacle.
- Ces fumiers, ce n'est pas une attaque en règle, c'est un assassinat. Faut les voir s'acharner sur quelques pauvres hères, des assassins. Quels salopards!
Au fond du char, depuis sa place de tireur Julius rétorque narquois.
- Et ben quoi mon pauvre bichon, qu'est-ce que tu crois? Qu'ils vont sortir la bonne vieille cavalerie pour faire une guerre d'honneur?
Il rigole:
- Allez les Krauts, on se retrouve demain derrière l'église de Zihtomir pour un règlement de compte en règle. Pfff tu peux être d'un naïf des fois.
Les Il2 disparaissent du ciel aussi vite qu'ils étaient apparus, seul le grondement sourd de leur moteur qui s'estompent dans les nuages au loin répond à l'éternel vent glacial qui balaye les grandes plaines enneigées.
Volta remonte son col et ferme brusquement la trappe conducteur.
- Bon on démarre? Il commence de faire rudement frisquet.
Je jette un coup d'œil circulaire. Les chauffeurs des camions et des chars sortent de leur torpeur. Ils me consultent du regard. Je lève la main en signe de mise en marche. S'extirpant péniblement de la gangue de neige gelée, les camions s'intercalent entre le Stug qui ouvre la marche et les trois Panther. Lentement, le coeur battant nous remontons la route. Les carcasses de camion qui finissent de se consumer entravent notre chemin. Habilement, Volta manœuvre le tank pour les pousser hors de la route. Je m'efforce d'éviter le regard vide des cadavres qui parsèment les abords de la chaussée, la bouche ouverte, la plupart ont le visage tourné vers le ciel, implorant le tout Puissant avant de rendre leur dernier souffle. Il y a des morts sur la route aussi, dans un premier temps Volta les évite, mais il y a trop et finalement, il est obligé de passer sur plusieurs corps. C'est épouvantable, j'ai la nausée. J'essaye de garder les yeux fixés vers l'horizon, le Maybach de notre valeureux Stug a de la peine à couvrir le son des os broyés. Volta donne des gaz en vitesse courte pour essayer de couvrir cette horreur. Ma hantise est de trouver un blessé, un survivant trop atteint pour être soigné, mais il y en a un, je le vois bouger dans le fossé, il lève son bras dans notre direction. Volta immobilise le tank. Je prends mon souffle et je descends du Stug. Julius m'accompagne, ainsi que le Dr Knoll qui a fini par rejoindre l'unité de Kihl. On se précipite vers le malheureux. Il a les deux jambes en piteux état, mais les parties vitales n'ont pas l'air touché. Knoll me consulte du regard. Que faire? Je le regarde de coin. Je murmure:
- Et bien quoi toubib? Vous ne préconisez quand même pas une balle 9 en guise de cachet non. Allez, on l'embarque dans un camion. Démerdez-vous pour lui trouver des couvertures. Knoll vous lui le maximum avec ce que vous avez... même si je sais que ce vous avez de plus actuellement pour soigner nos blessés, est votre Fois en Dieu et la miséricorde.
Je prends une décision. Vu la situation tant pis, on prend le risque de vérifier s'il y a d'autres blessés. A contre-cœur, tous les gars descendent des camions. Mais une fois engagés, ils vont même jusqu'à réunir les cadavres dans une fosse rapidement creusée dans la neige. Il n'y aura au final, qu'un survivant, enfin pour autant qu'il survive.
La colonne reprend sa route. Je décide de poursuivre la nuit. Le ciel s'est partiellement dégagé et la lune est haute. Elle inonde les plaines enneigées d'une lumière bleue qui rend la route relativement visible. Je demande aux chauffeurs de respecter une distance minimale de 30 mètres entre chaque véhicule. La température est très basse et avec le vent, la sensation de froid est à peine supportable. Julius qui est dans l'habitacle relativement tempéré par le moteur qui ronfle à l'arrière, me tire le pantalon.
- Je crois que ce n'est pas le moment de faire de détail Oberleutnant. Tenez.
Il me passe une lourde parka d'hiver russe et une grosse paires de moufles. Je les passe sans hésitation. Rien à dire, les responsables de l'habillement russe savent y faire pour soigner leurs soldats. La veste est mal taillée, par contre, elle me protège admirablement bien du froid et des courants. Nous roulons toute la nuit. Volta s'inquiète pour le ravitaillement, le niveau de carburant baisse.
- Si on a pas de diesel à Scala, on est à pied. On est limite.
Le jour se lève sur une tempête de neige. Volta est obligé de passer ses lunettes de pilote pour essayer de voir quelque chose. J'essaye depuis ma place de lui indiquer la route. Mais ce qui devait arriver arriva. Un des chauffeurs de Kihl s'assoupit, son camion fit une légère embardée, surpris par les cris de son passager avant, il tenta de reprendre son lourd véhicule qui dérapa sur la route et finit dans le fossé. Il n'y a pas de blessé, mais Kihl qui est à bout, passe un savon mémorable à son chauffeur. Volta s'inquiète à juste titre.
- Oberleutnant si je puis me permettre, il ne faut pas perdre de temps. Avec de froid, si on arrête les moteurs, les réservoirs vont geler.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Il a raison et je fais parts de cette remarque à Kihl. Ou on sort le camion d'ici 5 minutes, ou on l'abandonne dans le fossé. Le jeune leutnant a les yeux brillant de colère.
- Il n'en est pas question. Ce camion sortira de ce fossé dans moins de 5 minutes, c'est moi qui vous le dit. Car si j'ai des hommes qui doivent marcher par ce temps, ils vont mourir geler en moins d'une heure.
Willsdorff a déjà fait manœuvrer son char pour tenter de tracter l'Opel Blitz de sa fâcheuse posture. Les gars du camion le chauffeur en tête se sont précipités sur les élingues qui sont fixées sur les côté du Panther. Le chauffeur du Panther recule doucement pour tendre les lourds câbles. Les gars s'écarte. Kihl met un pied au cul au chauffeur qui attend les bras ballants.
- Sombre idiot, montez immédiatement dans votre camion, vous croyez tout de même pas que je vais le faire moi-même non? Allez dégagez moi ce putain de camion!
Le Maybach du Panther rugit, les chenilles raclent le sol à la recherche d'un revêtement plus accrocheur. Le moteur du Blitz fume tout ce qu'il peut. Enfin, après quelques hésitations, il se met à bouger. On a déjà perdu 10 minutes et le ciel se dégage. Bientôt les Sturmovik remonteront toutes les routes de la région à la recherche des colonnes et malheur à celles qu'ils trouveront. J'essaye de calmer mon inquiétude. Je fume nerveusement. Je m'emporte.
- Nom de Dieu, mais allez-y bon sang.
Dans le bruit des moteurs, c'est à peine s'ils m'ont entendu. Le camion quitte sa délicate position avec une lenteur exaspérante. Kihl fait des moulinets avec les bras pour faire activer la manœuvre. Mais rien n'y fait la configuration des lieux obligent Willsdorff à utiliser son Panther avec prudence, s'il ne veut pas lui -même se trouver en mauvaise posture. Derrière, lui Golgoth et Tafner ont également compris le danger que nous courrions. Sur leur tourelle, le regarde anxieux, ils observent les cieux. Heureusement, d'un seul coup le camion rejoignit brusquement la route. Les élingues gelées furent péniblement retirées et sur insistance de Willsdorff, fixées comme il faut à leurs emplacements. Les hommes se précipitaient dans le camion, mais avant que j'aie rejoint mon emplacement dans la tourelle. Un cris se fit entendre.
- Sturmovik!
C'était Golgoth. D'une main il indiquait un point de l'horizon. Mon sang se glaça à la vue d'une multitudes de contacts volant bas dans notre direction.
- Mettez en route... vite! A fond, écartez la colonne.
Je me précipitais dans le Stug comme un dément. Volta et Julius qui étaient restés à l'intérieur comprirent très vite ce qui se passait. Volta accéléra violemment et le char se cabra sur ses chenilles. Derrière les camions démarraient à leur tour ainsi que les deux Panther. Je passais prudemment la tête hors du tank pour voir où étaient les avions. Deux secondes plus tard, ils passaient au-dessus de nos têtes dans le rugissement de leur moteur. Ce n'étaient pas des Il-2, mais des P39. Les Russes n'avaient même pas pris la peine de les peindre en blanc et je vis nettement les étoiles rouges se détacher sur leur camouflage vert olive. Une autre vision me rassura, ils n'avaient pas de bombe. Pour les chars, nous étions encore en sursis pour quelques heures en tout cas. Mais les camions de Kihl? Les pilotes des Airacobra nous avaient probablement identifiés et maintenant, ils effectuaient au loin un large virage l'un derrière l'autre pour s'aligner sur la route. Pendant un instant j'observais la MG42 après son affût, mais je renonçais, la glace la recouvrait de part en part et j'avais plus de chance qu'elle m'explose à la tête que j'abatte un des ces chasseurs bombardiers. Sans compter que pour l'utiliser, j'étais complètement à découvert. Les avions ennemis n'étaient plus qu'à quelques centaines de mètres. Je m'apprêtais à donner une première indication à Volta quand le hurlement d'un moteur tournant à plein gaz au-dessus de ma tête me fit sursauter. Deux croix noires et blanche garnissaient les ailes courtes et carrés du Focke-Wulf 190. Suivit d'une douzaine d'autres chasseurs, nos pilotes se précipitèrent sur les communistes qui à la vue des chasseurs de la Luftwaffe s'égaillèrent dans tous les sens. Je me précipitais dans l'habitacle.
- Fonce Volta, Fonce! Nos chasseurs sont là.
Il y avait presque de la joie dans ma voix.
A l'extérieur un violent combat s'engageait. Au staccato métallique des armes de bord des FW 190, répondait le tonnerre du terrible canon de nez des Airacobra. Des traînées noires ne tardèrent pas à tracer le ciel. Un avion s'écrasa un peu plus loin, un Russe. Un autre explosa en plein ciel, mais je ne pu déterminer quel était sa nationalité. La colonne pendant ce temps filait plein gaz. Bientôt, le combat aérien fut loin derrière. Très haut au-dessus de nous, les Focke-Wulf rescapés de ce combat brutal, rentraient vers nos lignes. Je leur fis un signe qu'ils ne pouvaient pas voir, mais ils venaient sans doute de momentanément nous sauver la vie. Je leur devais bien ça. Vers midi, un brouillard épais nous offrit son manteau salvateur de protection. Fort heureusement, car le bruit des moteurs d'avions soviétiques si caractéristique, n'arrêta pas de nous accompagner tout le reste de la journée.
Alors que la lumière s'abaissait sur la toundra, des soldats dans un poste avancé nous interpellent. Ils y a plusieurs canons antichars mis en batterie dans les dépressions de part et d'autre de la route. Le Stabfeldwebel qui nous contrôle a l'air dubitatif.
- Vous venez d'où vous dites? De Zihtomir? On a encore des unités là bas?
Je confirme. Il hoche la tête.
- Et bien, vous devez être les derniers survivants de ce coin, car vous êtes les premiers à arriver ici depuis des semaines.
Ils nous indiquent le chemin pour Scala et le quartier général. Vingt minutes plus tard, nous sommes devant une ferme cossue où le général Brunner du 4ème régiment blindés nous reçoit. Je lui fait un bref rapport sur notre retraite de Zihtomir. Au début il a l'air sévère, visiblement ça ne lui plaît pas trop que l'on ait battu en retraite, mais que je lui annonce que c'est Wittman lui-même qui nous a ordonné de venir à Scala, il se détend.
- Hum, si c'est Wittman qui vous a lui-même donné l'ordre de venir ici, alors ça va... vous comprenez avec les SS il faut toujours être prudent. Avec eux, on peut très bien recevoir un médaille lundi et passer au poteau d'exécution le mardi...
Je n'estime pas nécessaire de faire un commentaire. Bruner nous cantonne dans un gymnase et nous demande d'attendre les ordres. Ceux-ci ne se feront pas attendre. Le lendemain, nous sommes convoqués au QG. Brunner nous reçoit avec le sourire.
- Je crois que vous avez une sacré chance Kowalski. Voici un message qui émane du haut commandement.
Il me tend un papier que je lis rapidement. C'est effectivement une sacré bonne nouvelle. Je me retourne souriant à mon tour vers Kihl, Golgoth et Willsdorff. Je lis la lettre.
- Tous les éléments rescapés de la 27ème division de chars, ainsi que du 3ème régiment de Chasseurs alpins rejoignent le haut quartier général de Danzig d'où ils seront renvoyé en Allemagne pour y être reconstitués.
- Il n'en est pas question. Ce camion sortira de ce fossé dans moins de 5 minutes, c'est moi qui vous le dit. Car si j'ai des hommes qui doivent marcher par ce temps, ils vont mourir geler en moins d'une heure.
Willsdorff a déjà fait manœuvrer son char pour tenter de tracter l'Opel Blitz de sa fâcheuse posture. Les gars du camion le chauffeur en tête se sont précipités sur les élingues qui sont fixées sur les côté du Panther. Le chauffeur du Panther recule doucement pour tendre les lourds câbles. Les gars s'écarte. Kihl met un pied au cul au chauffeur qui attend les bras ballants.
- Sombre idiot, montez immédiatement dans votre camion, vous croyez tout de même pas que je vais le faire moi-même non? Allez dégagez moi ce putain de camion!
Le Maybach du Panther rugit, les chenilles raclent le sol à la recherche d'un revêtement plus accrocheur. Le moteur du Blitz fume tout ce qu'il peut. Enfin, après quelques hésitations, il se met à bouger. On a déjà perdu 10 minutes et le ciel se dégage. Bientôt les Sturmovik remonteront toutes les routes de la région à la recherche des colonnes et malheur à celles qu'ils trouveront. J'essaye de calmer mon inquiétude. Je fume nerveusement. Je m'emporte.
- Nom de Dieu, mais allez-y bon sang.
Dans le bruit des moteurs, c'est à peine s'ils m'ont entendu. Le camion quitte sa délicate position avec une lenteur exaspérante. Kihl fait des moulinets avec les bras pour faire activer la manœuvre. Mais rien n'y fait la configuration des lieux obligent Willsdorff à utiliser son Panther avec prudence, s'il ne veut pas lui -même se trouver en mauvaise posture. Derrière, lui Golgoth et Tafner ont également compris le danger que nous courrions. Sur leur tourelle, le regarde anxieux, ils observent les cieux. Heureusement, d'un seul coup le camion rejoignit brusquement la route. Les élingues gelées furent péniblement retirées et sur insistance de Willsdorff, fixées comme il faut à leurs emplacements. Les hommes se précipitaient dans le camion, mais avant que j'aie rejoint mon emplacement dans la tourelle. Un cris se fit entendre.
- Sturmovik!
C'était Golgoth. D'une main il indiquait un point de l'horizon. Mon sang se glaça à la vue d'une multitudes de contacts volant bas dans notre direction.
- Mettez en route... vite! A fond, écartez la colonne.
Je me précipitais dans le Stug comme un dément. Volta et Julius qui étaient restés à l'intérieur comprirent très vite ce qui se passait. Volta accéléra violemment et le char se cabra sur ses chenilles. Derrière les camions démarraient à leur tour ainsi que les deux Panther. Je passais prudemment la tête hors du tank pour voir où étaient les avions. Deux secondes plus tard, ils passaient au-dessus de nos têtes dans le rugissement de leur moteur. Ce n'étaient pas des Il-2, mais des P39. Les Russes n'avaient même pas pris la peine de les peindre en blanc et je vis nettement les étoiles rouges se détacher sur leur camouflage vert olive. Une autre vision me rassura, ils n'avaient pas de bombe. Pour les chars, nous étions encore en sursis pour quelques heures en tout cas. Mais les camions de Kihl? Les pilotes des Airacobra nous avaient probablement identifiés et maintenant, ils effectuaient au loin un large virage l'un derrière l'autre pour s'aligner sur la route. Pendant un instant j'observais la MG42 après son affût, mais je renonçais, la glace la recouvrait de part en part et j'avais plus de chance qu'elle m'explose à la tête que j'abatte un des ces chasseurs bombardiers. Sans compter que pour l'utiliser, j'étais complètement à découvert. Les avions ennemis n'étaient plus qu'à quelques centaines de mètres. Je m'apprêtais à donner une première indication à Volta quand le hurlement d'un moteur tournant à plein gaz au-dessus de ma tête me fit sursauter. Deux croix noires et blanche garnissaient les ailes courtes et carrés du Focke-Wulf 190. Suivit d'une douzaine d'autres chasseurs, nos pilotes se précipitèrent sur les communistes qui à la vue des chasseurs de la Luftwaffe s'égaillèrent dans tous les sens. Je me précipitais dans l'habitacle.
- Fonce Volta, Fonce! Nos chasseurs sont là.
Il y avait presque de la joie dans ma voix.
A l'extérieur un violent combat s'engageait. Au staccato métallique des armes de bord des FW 190, répondait le tonnerre du terrible canon de nez des Airacobra. Des traînées noires ne tardèrent pas à tracer le ciel. Un avion s'écrasa un peu plus loin, un Russe. Un autre explosa en plein ciel, mais je ne pu déterminer quel était sa nationalité. La colonne pendant ce temps filait plein gaz. Bientôt, le combat aérien fut loin derrière. Très haut au-dessus de nous, les Focke-Wulf rescapés de ce combat brutal, rentraient vers nos lignes. Je leur fis un signe qu'ils ne pouvaient pas voir, mais ils venaient sans doute de momentanément nous sauver la vie. Je leur devais bien ça. Vers midi, un brouillard épais nous offrit son manteau salvateur de protection. Fort heureusement, car le bruit des moteurs d'avions soviétiques si caractéristique, n'arrêta pas de nous accompagner tout le reste de la journée.
Alors que la lumière s'abaissait sur la toundra, des soldats dans un poste avancé nous interpellent. Ils y a plusieurs canons antichars mis en batterie dans les dépressions de part et d'autre de la route. Le Stabfeldwebel qui nous contrôle a l'air dubitatif.
- Vous venez d'où vous dites? De Zihtomir? On a encore des unités là bas?
Je confirme. Il hoche la tête.
- Et bien, vous devez être les derniers survivants de ce coin, car vous êtes les premiers à arriver ici depuis des semaines.
Ils nous indiquent le chemin pour Scala et le quartier général. Vingt minutes plus tard, nous sommes devant une ferme cossue où le général Brunner du 4ème régiment blindés nous reçoit. Je lui fait un bref rapport sur notre retraite de Zihtomir. Au début il a l'air sévère, visiblement ça ne lui plaît pas trop que l'on ait battu en retraite, mais que je lui annonce que c'est Wittman lui-même qui nous a ordonné de venir à Scala, il se détend.
- Hum, si c'est Wittman qui vous a lui-même donné l'ordre de venir ici, alors ça va... vous comprenez avec les SS il faut toujours être prudent. Avec eux, on peut très bien recevoir un médaille lundi et passer au poteau d'exécution le mardi...
Je n'estime pas nécessaire de faire un commentaire. Bruner nous cantonne dans un gymnase et nous demande d'attendre les ordres. Ceux-ci ne se feront pas attendre. Le lendemain, nous sommes convoqués au QG. Brunner nous reçoit avec le sourire.
- Je crois que vous avez une sacré chance Kowalski. Voici un message qui émane du haut commandement.
Il me tend un papier que je lis rapidement. C'est effectivement une sacré bonne nouvelle. Je me retourne souriant à mon tour vers Kihl, Golgoth et Willsdorff. Je lis la lettre.
- Tous les éléments rescapés de la 27ème division de chars, ainsi que du 3ème régiment de Chasseurs alpins rejoignent le haut quartier général de Danzig d'où ils seront renvoyé en Allemagne pour y être reconstitués.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Nous devons laisser nos chars sur place. Le Major Trumbach, responsable de la logistique est dubitatif devant les Panther rescapés de Tafner, Golgoth et Willsdorff.
- Ben mon vieux, ils ont vu du pays vos chars! Bon vous les stationnez sous le pont en béton là-bas, ils passeront en révision avant d'être attribués à d'autres unités.
Willsdorff rigole. Trumbach est sec comme une trique. Maigre le visage émacié soutenu d'un regard gris comme l'acier, à passé 40 ans, il est de l'ancienne école et n'apprécie guère les plaisanteries, même si elles émanent d'un officier, le ton est sans équivoque:
- Et bien quoi Leutnant, qu'est-ce qui vous fait rire comme ça? Je ne vois ce qu'il y a de drôle!
Willsdorf reprend:
- Hem ... excusez-moi Major, mais si vous trouvez nos chars usés, je me demandais juste ce que vous alliez penser à la vue de l'engin de notre commandant.
Effectivement, Trumbach fit une tête incroyable à la vue de notre vieux Stug III. Il tournait autour les mains sur les hanches.
- Alors ça, mais c'est incroyable Kowalski, vous combattez encore dans une casserole pareille. Savez-vous que la grande majorité de ces chars ont été renvoyés en Allemagne pour y être détruit et transformé en acier...
Ses yeux fixèrent les chenilles et le train de roues provenant du T34, montées par Volta et Julius lors de notre séjour à Zhitomir peu avant Noël:
- Mais qu'est-ce que... des pièces de tank russe, mais que signifie ce montage? Répondez!
Il s'adresse à Volta qui regarde Julius, le regard de l'officier logistique interroge Julius qui hausse les épaules et m'indique du pouce.
- Kowalski, j'attends une réponse. Qui a exécuté cette modification contre nature ?
Il commence de me courir avec ses allusions et son air pincé Trumbach.
- Je ne sais pas Major, notre char a toujours été équipé ainsi, on l'a récupéré un beau matin et quelques heures plus tard, l'unterofficier Volta, m'indique que notre Stug fait preuve d'une agilité surprenante sur la neige.
Je regarde, théâtral mes deux compères qui se retiennent de rire.
- Alors, je dis, arrêtons nous et regardons ce qui se passe. Les Russes nous canardaient comme des fous. Mais fidèle à notre devoir, nous sommes sortis du tank et là, oh stupéfaction! Que constatons-nous? Je vous le donne en mille, quelqu'un avait changé nos roues et nos chenilles dans la nuit! Incroyable n'est-ce pas?
Je fume tranquillement devant le Major qui fulmine:
- Vous vous foutez de moi Kowalski? Qui a fait ce montage? Je vous donne l'ordre de me le dire immédiatement.
J'ai une furieuse envie de l'envoyer sur les roses, mais j'ai surtout peur de voir notre retour en Allemagne annulé, alors je m'efforce de mentir le plus poliment possible:
- Notre char a été fortement endommagé Fadezh, on manquait de pièces, alors on a adapté ce qu'on pouvait pour continuer le combat, et comme les pièces de chars communistes détruits ce ne manquaient pas dans le coin on s'est servi, ce n'est pas plus difficile que cela.
Trumbach qui tient dans ses mains le rapport de notre char, trace d'un geste rageur une case.
- Bon pour la ferraille Kowalski, vous prenez votre épave avec vous à Danzig. Vous présenterez au quai 3 demain matin avant le départ et vous chargerez votre Stug sur un wagon spécial. Rompez!
Ainsi c'était le lendemain matin qu'on allait partir. Bientôt des ordres de marche nous étaient remis. La journée suivante fut passée dans nos cantonnements à jouer aux cartes ou fumer. Goliath négocia un bon prix le Tokarev piqué dans les ruines de Zihtomir à Kupferschmied. Volta s'intéressa au Mosin Nagant, mais après réflexion il renonça.
- La qualité est certes pas mal, mais ne vaut pas celle de mon Mauser.
Finalement, le fusil à lunette russe fut vendu à un jeune officier radio en poste au sous-sol du gymnase. La plupart de pièces d'uniforme et armes russes qui avaient été récoltées lors des combats, furent également vendues aux soldats d'une unité partant pour le front. Je me séparais à regret de la veste doublée, mais je conservais la paire de gant et le bonnet de poils d'officier.
Le lendemain matin, tout le monde était prêt à l'aube. Chacun avait vêtu un uniforme plus ou moins intact et propre. Notre groupe avait un peu l'allure de paysans se rendant à la ville, coincés dans des habits du dimanche trop neufs. Une larme à l'œil, Volta manœuvra le Stug sur le wagon plat qui accueillait déjà un Panzer III également en piteux état. Une fois le moteur arrêté, après s'être assuré que rien ne traînait dans l'habitacle, Julius et lui avaient soigneusement verrouillé les écoutilles. Et après une dernière tape sur le capot moteur, ils sautèrent sur le ballast. Julius murmura:
- Le jour où on s'est retrouvé tous les trois la première fois dans cette carcasse d'acier, j'aurais jamais cru que j'aurais mal au cœur en devant la rendre.
Je tendais au chef de train le rapport de Trumbach qui scellait l'avenir de notre char.
- Bah, les gars, on en va pas quand même regretter cet amas de tôle rouillée...
Sans un mot, on rejoignait le compartiment qui nous était réservé. Dix minutes plus tard, la chaudière sous pression, la locomotive mettait le convoi en mouvement. Scala, la guerre et tout son chapelet d'horreurs étaient momentanément derrière nous et on allait pas s'en plaindre. Calé dans l'épais fauteuil, je sombrais dans un profond sommeil. Deux heures plus tard, j'étais réveillé en sursaut par Julius.
- Hep Oberleutnant! Hep réveillez-vous. Y a un contrôle.
Je sortais péniblement de mon sommeil. Le convoi était arrêté au milieu de nulle part. Deux véhicules chenillés étaient immobilisés le long des voies et des soldats, des SS, alignés le long du train par groupe de quatre hommes. Un ordre sec claqua dans l'air froid et ils grimpèrent en même temps dans les wagons. Depuis le compartiment voisin, Wilsdorff murmura:
- Enfoirés de SS, ils sont partout....
Bientôt un jeune sous-officier au visage lisse surmonté d'une large casquette noire et argent, se présente à l'entrée du compartiment. Sur un ton sec, mais pouvait-il en être autrement, il demanda nos papiers et nos ordres de marche en tendant sa main gantée de cuir fin.
- Papier bitte!
Pendant qu'il auscultait nos documents le regard aiguisé. Je contemplais son uniforme. Vareuse parfaite, noire à parements blancs, sans plis, sans la moindre tache ou cheveux accrochés dans le tissus. Il portait un pantalon de cavalerie de la même teinte et des bottes lustrées comme des miroirs. A sa ceinture pendant l'habituel Luger typique de ces unités. Son regard passa de la photo figurant sur mes papiers et moi.
- C'est vous... je crois, mais ce n'est pas très ressemblant.
Il me rend mes papiers d'un geste sec.
- C'est en ordre.
C'est au tour de Tafner d'être contrôlé. Le contraste entre les deux hommes est surprenant. Ils doivent avoir à peu près le même âge, pourtant tous les opposent. L'uniforme de notre jeune camarade est fripé, le col de la vareuse est écorné, ils sont tous deux blonds, ils ont les yeux bleus, mais c'est dans le visage de Tafner qu'est la différence. Les yeux sont cernés, le sourire crispé, les muscles du cou sont tendus. Alors que le jeune SS qui procède au contrôle lui rend ses documents, il croit bon de fanfaronner.
- J'ai fait partie de la 12ème Pzd SS à Orel pendant la bataille de Kursk. Sacré bagarre hein? Qu'est-ce qu'on leur a mis aux communistes!
Sans se départir de son flegme Tafner tout en remettant soigneusement ses papiers dans la poche intérieure de sa veste, répond:
- Oui sacré bagarre... c'est juste que la 12ème SS était à Leningrad pendant l'été '43.
Déstabilisé le jeune vantard resta coi quelques instants. Gardant par la fenêtre Tafner poursuivit:
- Pas de chance, j'ai des camarades de promotion qui étaient dans cette division.... au revoir rottenführer.
Sans un mot de plus, le jeune SS ferma le compartiment et s'en alla. Quelques minutes plus tard, le train se remit en route. Le voyage jusqu'à Danzig dura trois jours et fur régulièrement ponctué de contrôles.
Deux jours et cinq vérifications de papiers plus tard, nous arrivons enfin en Pologne. Nous sommes accueillis par un capitaine qui comme Trumbach a passé les quarante ans. Lui aussi est droit comme un "i" dans un uniforme tout neuf. Willsdorf grommelle.
- Ils ont récupéré tous les vétérans de 14-18, manque que la vieille carabine à baïonnette et le casque à pointe et il a la tenue complète.
Le vieil officier semble prendre son rôle très au sérieux et l'œil sévère consulte nos ordres de marche. Comme un bon prussien, il ne parle pas, il gueule.
- Vous là bas! Les tankistes! Vous rejoignez le quai n° 3, un intendant va vous conduire au quartier général du colonel Bohlen.
Volta, sans un mot, lui tend le document concernant notre vieux Stug.
- Et bien quoi Feldwebel! Quand vous me donner un papier, vous pourriez vous annoncer! Vous vous croyez où?
D'un geste sec, il arrache l'ordre de la main de mon vieux camarade.
- Pour le moment, votre char sera déchargé ici. Nous envisagerons la suite plus tard le concernant!
Quelle importance, on s'en fout désormais de ce qu'on fera de notre vieux tank. On rejoint le régiment de Kihl. Les hommes sont comme des gosses heureux de partir à une course d'école. Ils discutent et plaisantent en fumant.
- 3ème régiment de chasseurs alpin! 27 Panzer Division?
L'intendant, un jeune lieutenant, porte un élégant uniforme beige qui contraste sévèrement avec nos tenues. Nous acquiesçons. Après avoir une énième fois consulté nos documents, ils nous invitent à nous suivre. Nous traversons les faubourgs de la ville de Danzig qui ne semblent pas encore avoir subi les affres de la guerre. On nous dépose devant un long bâtiment.
- Les hommes du rang seront logés ici. Les officiers; veuillez me suivre s'il vous plaît.
Kihl, Golgoth, Willsdorff et moi poursuivons notre périple dans un Kubelwagen. Nous arrivons devant le quartier général. Je frémis à la vue d'une sinistre potence. J'interroge notre guide.
- On pend les gens ici?
L'intendant sourit.
- Oui, notre colonel est raffiné, il n'aime pas le bruit et le sang.
Kihl me regarde avec un regard complice. Nous pénétrons dans le bâtiment derrière le jeune officier qui comme un dandy marche en effectuant de petits pas. Il salue modestement les officiers et ignore les hommes qui sont moins gradés que lui. Golgoth me murmure:
- Un petit séjour sur le front, ferait un grand bien à ce jeune homme... j'te jure, regarde moi ce maniéré.
Il nous conduit jusqu'au bureau du colonel. Bohlen a une tête à foutre la trouille à feu Heydrich lui-même. Il est grand et maigre. Son visage est marqué par deux nombreuses cicatrices dues probablement à la petite vérole. Ses yeux enfoncés dans de profondes orbites, non pas d'expression. Un malade de plus placé là par le pouvoir. Nous nous annonçons mais il ne répond pas. Il pose tranquillement de petites lunettes rondes sur son nez et lis posément chaque ordre de marche, de temps à autre, il jette un regard circulaire comme pour nous sonder. Et puis, il parle. Sa voix douce contraste avec son physique.
- Vous prenez le train demain matin. Les hommes de la division de chars, pour Wunsdorf près de Berlin. J'ai un ordre spécial pour vous Kowalski, vous resterez avec moi après cette séance. Leutnant Kihl, vous vous rendez avec vos hommes à Speyre. Le leutnant Kilchert vous remettra de nouveaux titres de transports pour vos destinations. Bon voyage messieurs!
Il congédie également son intendant qui semble contrarié.
- Kowalski?
Pendant que mes camarades d'infortune quittent le bureau, je suis Bohlen dans un petit bureau.
Sans un mot, le colonel s'approche d'une armoire. Il en sort une bouteille et une boîte de cigarettes. Il ouvre le col de sa vareuse. Il remplit deux verres jusqu'en haut.
- Cognac? Cigarettes? Allez-y! On ne va pas continuer à se faire des politesses on est entre homme du front. Il y a encore quelques mois j'étais à Leningrad. Jolie ville. Vous avez fait Stalingrad?
Son comportement a totalement changé. Il s'est assis la tête en arrière sur un fauteuil les bras écartés sur les rebords. Dans la main gauche il tient une cigarette et dans l'autre un verre de cognac. Il rigole devant mon air indécis.
- Allons, allons prenez place Kowalski. Je vais vous expliquer. On m'a envoyé Kilchert pour me surveiller. Vous comprenez, à Leningrad c'était la sainte débrouille, alors quand je suis arrivé ici, j'ai repris mes petites affaires. Il y a quelqu'un qui a été cafter, et voilà Kilchert...
Il indique la bouteille du menton.
- Il crois que c'est du schnaps de la forêt noire...
Il rigole.
- Quelle guerre de merde!
Je suis toujours debout.
- Bon vous allez vous asseoir oui ou non?
Je finis par prendre place dans un fauteuil. Je saisi le verre de Cognac.
- Non je n'ai pas fait Stalingrad Colonel... je ne pense pas qu'il y a grand monde qui dans nos rangs sont capables de relater ce qu'il s'est passé là bas.
J'évite de parler du jeune Vylsain.
Bohlen continue.
- Vous savez que les combats que vous avez menés à Zhitomir ont impressionné pas mal de monde Kowalski. En haut lieu, on parle même de vous décorer pour cela... et vous savez qui a rapporter vos exploits? Wittmann lui-même.
Il se lève et va remplir son verre.
- Et si nous sommes là, c'est à cause de lui. Il aimerait que vous et vos hommes rejoigniez son unité.
Il sort de sa veste un courrier qu'il m'indique avec un clin d'œil.
- il vous propose ni plus ni moins de passer quelques semaines à Wunsdorff pour être converti sur les derniers Tigre.
Je ne sais franchement pas quoi dire. Wittmann a beau être un SS, j'éprouve une certaine sympathie pour lui. C'est un soldat avant tout. Nous avons combattu ensemble. Et puis, il y a le Tigre, le meilleur char de la guerre. Une machine incroyablement blindée, un canon de 88 capable de détruire un T34 à 2 kilomètres. Bohlen poursuit:
- Wittmann va vraisemblablement être affecté en France...
Il me fait un clin d'œil.
- Ca vous tente n'est-pas Kowalski. Fini l'image d'une unité disciplinaire. Fini les tanks de seconde main. Fini le froid. Fini les sauvageries commises par les rouges. Ah oui, il indique également, qu'il octroie la place de remplaçant de chef d'unité.
Cette demande m'honore quelque part. Wittmann est un As de la Panzer Armee. Mais elle m'effraye dans un autre sens, car elle est en opposition à toutes les valeurs que j'ai défendues jusque là. Le colonel, le nez dans son verre m'ausculte du regard, sa voix se fait plus douce
- On dirait que vous hésitez Kowalski? Vous n'allez pas me dire que vous allez refuser cette chance?
Je ne lui répond pas. Il poursuit sur un ton cynique:
- Bien évidemment, il y aura quelques contraintes... le tatouage sous le bras... le combat obligatoire jusqu'à la mort... une fidélité absolue à notre Führer...
A quoi joue Bohlen? Ce gars m'inquiète de plus en plus. Je me lève brusquement.
- Je vous remercie de m'avoir transmis le message de Wittmann, je vais en parler à mes hommes. Je vous donnerais une réponse plus tard.
- Ben mon vieux, ils ont vu du pays vos chars! Bon vous les stationnez sous le pont en béton là-bas, ils passeront en révision avant d'être attribués à d'autres unités.
Willsdorff rigole. Trumbach est sec comme une trique. Maigre le visage émacié soutenu d'un regard gris comme l'acier, à passé 40 ans, il est de l'ancienne école et n'apprécie guère les plaisanteries, même si elles émanent d'un officier, le ton est sans équivoque:
- Et bien quoi Leutnant, qu'est-ce qui vous fait rire comme ça? Je ne vois ce qu'il y a de drôle!
Willsdorf reprend:
- Hem ... excusez-moi Major, mais si vous trouvez nos chars usés, je me demandais juste ce que vous alliez penser à la vue de l'engin de notre commandant.
Effectivement, Trumbach fit une tête incroyable à la vue de notre vieux Stug III. Il tournait autour les mains sur les hanches.
- Alors ça, mais c'est incroyable Kowalski, vous combattez encore dans une casserole pareille. Savez-vous que la grande majorité de ces chars ont été renvoyés en Allemagne pour y être détruit et transformé en acier...
Ses yeux fixèrent les chenilles et le train de roues provenant du T34, montées par Volta et Julius lors de notre séjour à Zhitomir peu avant Noël:
- Mais qu'est-ce que... des pièces de tank russe, mais que signifie ce montage? Répondez!
Il s'adresse à Volta qui regarde Julius, le regard de l'officier logistique interroge Julius qui hausse les épaules et m'indique du pouce.
- Kowalski, j'attends une réponse. Qui a exécuté cette modification contre nature ?
Il commence de me courir avec ses allusions et son air pincé Trumbach.
- Je ne sais pas Major, notre char a toujours été équipé ainsi, on l'a récupéré un beau matin et quelques heures plus tard, l'unterofficier Volta, m'indique que notre Stug fait preuve d'une agilité surprenante sur la neige.
Je regarde, théâtral mes deux compères qui se retiennent de rire.
- Alors, je dis, arrêtons nous et regardons ce qui se passe. Les Russes nous canardaient comme des fous. Mais fidèle à notre devoir, nous sommes sortis du tank et là, oh stupéfaction! Que constatons-nous? Je vous le donne en mille, quelqu'un avait changé nos roues et nos chenilles dans la nuit! Incroyable n'est-ce pas?
Je fume tranquillement devant le Major qui fulmine:
- Vous vous foutez de moi Kowalski? Qui a fait ce montage? Je vous donne l'ordre de me le dire immédiatement.
J'ai une furieuse envie de l'envoyer sur les roses, mais j'ai surtout peur de voir notre retour en Allemagne annulé, alors je m'efforce de mentir le plus poliment possible:
- Notre char a été fortement endommagé Fadezh, on manquait de pièces, alors on a adapté ce qu'on pouvait pour continuer le combat, et comme les pièces de chars communistes détruits ce ne manquaient pas dans le coin on s'est servi, ce n'est pas plus difficile que cela.
Trumbach qui tient dans ses mains le rapport de notre char, trace d'un geste rageur une case.
- Bon pour la ferraille Kowalski, vous prenez votre épave avec vous à Danzig. Vous présenterez au quai 3 demain matin avant le départ et vous chargerez votre Stug sur un wagon spécial. Rompez!
Ainsi c'était le lendemain matin qu'on allait partir. Bientôt des ordres de marche nous étaient remis. La journée suivante fut passée dans nos cantonnements à jouer aux cartes ou fumer. Goliath négocia un bon prix le Tokarev piqué dans les ruines de Zihtomir à Kupferschmied. Volta s'intéressa au Mosin Nagant, mais après réflexion il renonça.
- La qualité est certes pas mal, mais ne vaut pas celle de mon Mauser.
Finalement, le fusil à lunette russe fut vendu à un jeune officier radio en poste au sous-sol du gymnase. La plupart de pièces d'uniforme et armes russes qui avaient été récoltées lors des combats, furent également vendues aux soldats d'une unité partant pour le front. Je me séparais à regret de la veste doublée, mais je conservais la paire de gant et le bonnet de poils d'officier.
Le lendemain matin, tout le monde était prêt à l'aube. Chacun avait vêtu un uniforme plus ou moins intact et propre. Notre groupe avait un peu l'allure de paysans se rendant à la ville, coincés dans des habits du dimanche trop neufs. Une larme à l'œil, Volta manœuvra le Stug sur le wagon plat qui accueillait déjà un Panzer III également en piteux état. Une fois le moteur arrêté, après s'être assuré que rien ne traînait dans l'habitacle, Julius et lui avaient soigneusement verrouillé les écoutilles. Et après une dernière tape sur le capot moteur, ils sautèrent sur le ballast. Julius murmura:
- Le jour où on s'est retrouvé tous les trois la première fois dans cette carcasse d'acier, j'aurais jamais cru que j'aurais mal au cœur en devant la rendre.
Je tendais au chef de train le rapport de Trumbach qui scellait l'avenir de notre char.
- Bah, les gars, on en va pas quand même regretter cet amas de tôle rouillée...
Sans un mot, on rejoignait le compartiment qui nous était réservé. Dix minutes plus tard, la chaudière sous pression, la locomotive mettait le convoi en mouvement. Scala, la guerre et tout son chapelet d'horreurs étaient momentanément derrière nous et on allait pas s'en plaindre. Calé dans l'épais fauteuil, je sombrais dans un profond sommeil. Deux heures plus tard, j'étais réveillé en sursaut par Julius.
- Hep Oberleutnant! Hep réveillez-vous. Y a un contrôle.
Je sortais péniblement de mon sommeil. Le convoi était arrêté au milieu de nulle part. Deux véhicules chenillés étaient immobilisés le long des voies et des soldats, des SS, alignés le long du train par groupe de quatre hommes. Un ordre sec claqua dans l'air froid et ils grimpèrent en même temps dans les wagons. Depuis le compartiment voisin, Wilsdorff murmura:
- Enfoirés de SS, ils sont partout....
Bientôt un jeune sous-officier au visage lisse surmonté d'une large casquette noire et argent, se présente à l'entrée du compartiment. Sur un ton sec, mais pouvait-il en être autrement, il demanda nos papiers et nos ordres de marche en tendant sa main gantée de cuir fin.
- Papier bitte!
Pendant qu'il auscultait nos documents le regard aiguisé. Je contemplais son uniforme. Vareuse parfaite, noire à parements blancs, sans plis, sans la moindre tache ou cheveux accrochés dans le tissus. Il portait un pantalon de cavalerie de la même teinte et des bottes lustrées comme des miroirs. A sa ceinture pendant l'habituel Luger typique de ces unités. Son regard passa de la photo figurant sur mes papiers et moi.
- C'est vous... je crois, mais ce n'est pas très ressemblant.
Il me rend mes papiers d'un geste sec.
- C'est en ordre.
C'est au tour de Tafner d'être contrôlé. Le contraste entre les deux hommes est surprenant. Ils doivent avoir à peu près le même âge, pourtant tous les opposent. L'uniforme de notre jeune camarade est fripé, le col de la vareuse est écorné, ils sont tous deux blonds, ils ont les yeux bleus, mais c'est dans le visage de Tafner qu'est la différence. Les yeux sont cernés, le sourire crispé, les muscles du cou sont tendus. Alors que le jeune SS qui procède au contrôle lui rend ses documents, il croit bon de fanfaronner.
- J'ai fait partie de la 12ème Pzd SS à Orel pendant la bataille de Kursk. Sacré bagarre hein? Qu'est-ce qu'on leur a mis aux communistes!
Sans se départir de son flegme Tafner tout en remettant soigneusement ses papiers dans la poche intérieure de sa veste, répond:
- Oui sacré bagarre... c'est juste que la 12ème SS était à Leningrad pendant l'été '43.
Déstabilisé le jeune vantard resta coi quelques instants. Gardant par la fenêtre Tafner poursuivit:
- Pas de chance, j'ai des camarades de promotion qui étaient dans cette division.... au revoir rottenführer.
Sans un mot de plus, le jeune SS ferma le compartiment et s'en alla. Quelques minutes plus tard, le train se remit en route. Le voyage jusqu'à Danzig dura trois jours et fur régulièrement ponctué de contrôles.
Deux jours et cinq vérifications de papiers plus tard, nous arrivons enfin en Pologne. Nous sommes accueillis par un capitaine qui comme Trumbach a passé les quarante ans. Lui aussi est droit comme un "i" dans un uniforme tout neuf. Willsdorf grommelle.
- Ils ont récupéré tous les vétérans de 14-18, manque que la vieille carabine à baïonnette et le casque à pointe et il a la tenue complète.
Le vieil officier semble prendre son rôle très au sérieux et l'œil sévère consulte nos ordres de marche. Comme un bon prussien, il ne parle pas, il gueule.
- Vous là bas! Les tankistes! Vous rejoignez le quai n° 3, un intendant va vous conduire au quartier général du colonel Bohlen.
Volta, sans un mot, lui tend le document concernant notre vieux Stug.
- Et bien quoi Feldwebel! Quand vous me donner un papier, vous pourriez vous annoncer! Vous vous croyez où?
D'un geste sec, il arrache l'ordre de la main de mon vieux camarade.
- Pour le moment, votre char sera déchargé ici. Nous envisagerons la suite plus tard le concernant!
Quelle importance, on s'en fout désormais de ce qu'on fera de notre vieux tank. On rejoint le régiment de Kihl. Les hommes sont comme des gosses heureux de partir à une course d'école. Ils discutent et plaisantent en fumant.
- 3ème régiment de chasseurs alpin! 27 Panzer Division?
L'intendant, un jeune lieutenant, porte un élégant uniforme beige qui contraste sévèrement avec nos tenues. Nous acquiesçons. Après avoir une énième fois consulté nos documents, ils nous invitent à nous suivre. Nous traversons les faubourgs de la ville de Danzig qui ne semblent pas encore avoir subi les affres de la guerre. On nous dépose devant un long bâtiment.
- Les hommes du rang seront logés ici. Les officiers; veuillez me suivre s'il vous plaît.
Kihl, Golgoth, Willsdorff et moi poursuivons notre périple dans un Kubelwagen. Nous arrivons devant le quartier général. Je frémis à la vue d'une sinistre potence. J'interroge notre guide.
- On pend les gens ici?
L'intendant sourit.
- Oui, notre colonel est raffiné, il n'aime pas le bruit et le sang.
Kihl me regarde avec un regard complice. Nous pénétrons dans le bâtiment derrière le jeune officier qui comme un dandy marche en effectuant de petits pas. Il salue modestement les officiers et ignore les hommes qui sont moins gradés que lui. Golgoth me murmure:
- Un petit séjour sur le front, ferait un grand bien à ce jeune homme... j'te jure, regarde moi ce maniéré.
Il nous conduit jusqu'au bureau du colonel. Bohlen a une tête à foutre la trouille à feu Heydrich lui-même. Il est grand et maigre. Son visage est marqué par deux nombreuses cicatrices dues probablement à la petite vérole. Ses yeux enfoncés dans de profondes orbites, non pas d'expression. Un malade de plus placé là par le pouvoir. Nous nous annonçons mais il ne répond pas. Il pose tranquillement de petites lunettes rondes sur son nez et lis posément chaque ordre de marche, de temps à autre, il jette un regard circulaire comme pour nous sonder. Et puis, il parle. Sa voix douce contraste avec son physique.
- Vous prenez le train demain matin. Les hommes de la division de chars, pour Wunsdorf près de Berlin. J'ai un ordre spécial pour vous Kowalski, vous resterez avec moi après cette séance. Leutnant Kihl, vous vous rendez avec vos hommes à Speyre. Le leutnant Kilchert vous remettra de nouveaux titres de transports pour vos destinations. Bon voyage messieurs!
Il congédie également son intendant qui semble contrarié.
- Kowalski?
Pendant que mes camarades d'infortune quittent le bureau, je suis Bohlen dans un petit bureau.
Sans un mot, le colonel s'approche d'une armoire. Il en sort une bouteille et une boîte de cigarettes. Il ouvre le col de sa vareuse. Il remplit deux verres jusqu'en haut.
- Cognac? Cigarettes? Allez-y! On ne va pas continuer à se faire des politesses on est entre homme du front. Il y a encore quelques mois j'étais à Leningrad. Jolie ville. Vous avez fait Stalingrad?
Son comportement a totalement changé. Il s'est assis la tête en arrière sur un fauteuil les bras écartés sur les rebords. Dans la main gauche il tient une cigarette et dans l'autre un verre de cognac. Il rigole devant mon air indécis.
- Allons, allons prenez place Kowalski. Je vais vous expliquer. On m'a envoyé Kilchert pour me surveiller. Vous comprenez, à Leningrad c'était la sainte débrouille, alors quand je suis arrivé ici, j'ai repris mes petites affaires. Il y a quelqu'un qui a été cafter, et voilà Kilchert...
Il indique la bouteille du menton.
- Il crois que c'est du schnaps de la forêt noire...
Il rigole.
- Quelle guerre de merde!
Je suis toujours debout.
- Bon vous allez vous asseoir oui ou non?
Je finis par prendre place dans un fauteuil. Je saisi le verre de Cognac.
- Non je n'ai pas fait Stalingrad Colonel... je ne pense pas qu'il y a grand monde qui dans nos rangs sont capables de relater ce qu'il s'est passé là bas.
J'évite de parler du jeune Vylsain.
Bohlen continue.
- Vous savez que les combats que vous avez menés à Zhitomir ont impressionné pas mal de monde Kowalski. En haut lieu, on parle même de vous décorer pour cela... et vous savez qui a rapporter vos exploits? Wittmann lui-même.
Il se lève et va remplir son verre.
- Et si nous sommes là, c'est à cause de lui. Il aimerait que vous et vos hommes rejoigniez son unité.
Il sort de sa veste un courrier qu'il m'indique avec un clin d'œil.
- il vous propose ni plus ni moins de passer quelques semaines à Wunsdorff pour être converti sur les derniers Tigre.
Je ne sais franchement pas quoi dire. Wittmann a beau être un SS, j'éprouve une certaine sympathie pour lui. C'est un soldat avant tout. Nous avons combattu ensemble. Et puis, il y a le Tigre, le meilleur char de la guerre. Une machine incroyablement blindée, un canon de 88 capable de détruire un T34 à 2 kilomètres. Bohlen poursuit:
- Wittmann va vraisemblablement être affecté en France...
Il me fait un clin d'œil.
- Ca vous tente n'est-pas Kowalski. Fini l'image d'une unité disciplinaire. Fini les tanks de seconde main. Fini le froid. Fini les sauvageries commises par les rouges. Ah oui, il indique également, qu'il octroie la place de remplaçant de chef d'unité.
Cette demande m'honore quelque part. Wittmann est un As de la Panzer Armee. Mais elle m'effraye dans un autre sens, car elle est en opposition à toutes les valeurs que j'ai défendues jusque là. Le colonel, le nez dans son verre m'ausculte du regard, sa voix se fait plus douce
- On dirait que vous hésitez Kowalski? Vous n'allez pas me dire que vous allez refuser cette chance?
Je ne lui répond pas. Il poursuit sur un ton cynique:
- Bien évidemment, il y aura quelques contraintes... le tatouage sous le bras... le combat obligatoire jusqu'à la mort... une fidélité absolue à notre Führer...
A quoi joue Bohlen? Ce gars m'inquiète de plus en plus. Je me lève brusquement.
- Je vous remercie de m'avoir transmis le message de Wittmann, je vais en parler à mes hommes. Je vous donnerais une réponse plus tard.
615sqn_Harry- Wing Commander
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Date d'inscription : 26/10/2005
Re: Un Stug pour la liberté
Je garde ça pour ce soir...
F/JG300_Tempest- Major LW
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Age : 42
Localisation : Paris - France
Date d'inscription : 02/11/2005
Re: Un Stug pour la liberté
Harry, il faudrait poursuivre !
Bon, et pi, Oscar, je crois que tu as un fichier Word, non ? C'est pour le site de la 27.
Bon, et pi, Oscar, je crois que tu as un fichier Word, non ? C'est pour le site de la 27.
F/JG300_Tempest- Major LW
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