Un Stug pour la liberté
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Re: Un Stug pour la liberté
Kupferschmied débouche dans la pièce tout essoufflé.
- Oberleutnant, venez voir!
Il est tout rouge, ces yeux brillent.
Sans nous attendre il fait demi tour et descend les escaliers en catastrophe. Nous le rattrapons au sous-sol. Il ouvre une porte et nous invite à pénétrer dans une immense cuisine.
- Regardez ça!
L'Unteroffizier de cuisine Kupferschmied est aux anges. Il virevolte d'une armoire à l'autre. Nous montrant des centaines de services en porcelaine blanche. Des fourchettes, des couteaux et même des verres à pieds de toutes tailles. La cuisine elle-même semble parfaitement agencée. Au centre de la pièce, il y a deux grands plateaux de cuissons alimentés par des feux de bois. De grosses canalisations évacuant la fumée filent vers le plafond, courent le long de la parois et quittent la pièces vers l'extérieure. A côté des plateaux de cuisson, il y a deux tables en bois épais, servant à la préparation des mets. Des dizaines de casseroles en fontes et en cuivre encaustiqué pendent au plafond. Des ustensiles de cuisine de toutes sortes sont alignés comme à la parade sur de longs supports fixés au plafond au dessus des cuisinières. Un deuxième plateau de cuisson est accolé contre le mur du fond, les trappes en fontes permettant d'accéder aux foyer sont ouvertes, des tisons sont accrochés à des barres où pendent également de grands linges blancs. Deux grosses bassines supportées par des tréteaux en bois font office d'évier, des tuyaux d'eau actionnés par des pompes à mains plongent dans les grands récipients. Deux énormes marmites en fonte posées à même un foyer sont posées à leur droite contre un mur de briques, au-dessus une grand hotte évacue les vapeurs et fumée.
Au plafond, l'éclairage est assuré par d'immenses lustres en fonte surmontés d'une bonne trentaine de bougies.
Au fond à droite, encadrée par deux lourdes porte en bois, il y a une immense cheminée surmontée d'une poutre. Au centre, de celle-ci une broche capable de recevoir un bœuf entier traverse de part en part l'âtre. Un ingénieux système à balancier permet à l'ensemble de tourner sans effort. A l'opposé de cette cheminée le mur est recouvert d'une bonne vingtaines de stères de longues bûches de hêtre.
Nous restons un instant muet devant le luxe de cette installation et surtout la propreté dans laquelle elle se trouve. Fritz s'approche, il est essoufflé notre valeureux cuisinier:
- Et ce n'est pas tout...
Il me prend par le bras et m'éloigne du groupe de soldats.
- Est-ce que je peux être seul avec vous Oberleutnant... ainsi que le Leutnant Willsdorff naturellement...
Je suis perplexe:
- Ah bon, avez-vous un secret si important que les soldats qui sont ici présents n'ont pas le droit de savoir.
Il m'implore des yeux.
- bon... bon ça va. Allez les gars sortez de la cuisine. Willsdorff vous pouvez rester.
En maugréant, les gars quittent le local.
Dès que nous sommes seuls, Kupferschmied qui semble dans un état d'excitation extrême nous entraîne vers deux petites portes cloisonnées qui encadrent la cheminée. Il ouvre la première. Elle donne sur une longue pièce et ce qui se trouve à l'intérieur nous laisse muet pour quelques minutes. La première chose que nous voyons, ce sont des dizaines de gros jambons fumés pendant au plafond. En travers du local, des milliers de saucisses de différentes variétés pendent après de longues baguette de bois. Plusieurs dizaines de gros tonneaux dont les couvercles sont recouverts de lourdes pierres emballées dans un linge s'alignent sur notre gauche. Fritz nous les indique au passage:
- Choucroute...
En face, sur de large étagères, des sacs contenant de la farine et du sucre sont entassés l'un sur l'autre. Des boîte en fer blancs sont marquées cannelle, poivre, sel, cumin, noix de Muscat, etc.... Des pots ventrus de confitures sont déposés sur des étagères par dizaine. Nous pénétrons dans cette cave aux 1000 merveilles. Fritz se précipitent au fond, il plonge la main dans une grande caisse en bois et en extirpe un poignée de pommes de terre. Il a les yeux brillants et rigolards comme un enfant devant un sapin de Noël illuminé.
- Regardez! De bonnes grosses pommes de terre, des centaines de kilos de pommes de terre! Et là...
Il plonge la main dans une autre caisse.
- Des pommes de garde.
Il croque à pleines dents dans le fruit jaune. Il pleure, rigole, de grosses larmes roulent sur ces joues joufflues. La bouche pleine, il crache des morceaux en parlant.
- Ches 'ommes ont le même goût que celle du verger de mon père...miam!
Je suis ému devant cet homme heureux, .
Il met la pomme entamée dans sa poche et sort de la cave en courant.
- Venez, venez ce n'est pas tout!
Il se dirige vers l'autre porte qu'il ouvre. Il s'agit d'une autre cave. Plus fraîche que la première. A notre gauche, des casiers contiennent des dizaines de bouteilles de vin. Rouges, blancs, rosés, il y en a de toutes sortes et de toutes origines. Des Rheinlander allemands, mais aussi, des vins français et italiens. Et puis du champagne et des bouteilles d'alcool fort, du Cognac, du Calvados et des liqueurs italiennes. A droite de la pièce, de nouvelles étagères recouvertes de casiers avec des oeufs et de grosses mottes de beurre frais. Il en casse un dans sa main droite, du jaune d'œuf suinte entre ses doigts boudinés.
- Regardez, pas pourri.
Il hume en connaisseur les restes de l'œuf.
- Maximum 4 jours.
Il se retourne plante son doigt délicatement dans le beurre qu'il goûte.
- Excellent, pas rance.
Il palpe maintenant en connaisseur de grands quartiers de bœuf pendus au plafond.
- Juste faite comme il faut. Il faudra les manger ces prochains jours, c'et de la viande fraîche, ça ne va pas tenir pendant des mois...
Willsdorff s'est approché des casiers à bouteilles. Il en sort une pensif qu'il me montre.
- Regarde Heinrich... du whisky écossais.
Il prend une autre bouteille.
- Et là une bouteille de vin de la région de Konstanz. J'ai l'impression que nous avons mis les pied dans le trésor de guerre d'un de nos grands pontes. Qu'en pensez-vous?
Il a raison Willsdorff. Je reste un moment silencieux. je comprends maintenant pourquoi Fritz ne voulait pas que les autres soldats aperçoivent toutes ces victuailles. Le pillage serait rapide et irrémédiable.
- Je pense que tu as plus que raison Willsdorff, mais le propriétaire a visiblement évacué les lieux avant notre arrivée et je vous rappelle que c'est l'Etat-Major à Manstein lui-même qui nous a envoyé ici. Il devait quand même connaître la situation de cette ville non? Dans tous les cas, je décrète que le contenu de ces caves nous appartient désormais et qu'il sera mis à disposition du chef de cuisine Kupferschmied qui va rapidement se constituer une équipe d'aides de cuisine. Les hommes mangeront par tournus dans la grande cantine au rez-de-chaussée. L'alcool ne sera servi que pour les occasions particulières. De toute façon, il n'y en a pas assez pour tout le monde. J'ajouterai, Fritz, que vous êtes responsable de ces locaux. Vous constituerez un tournus de garde pour surveiller les lieux. Willsdorff je pense qu'il serait judicieux pour le moment de ne pas parler de ce qui se trouve ici aux hommes.
- Oberleutnant, venez voir!
Il est tout rouge, ces yeux brillent.
Sans nous attendre il fait demi tour et descend les escaliers en catastrophe. Nous le rattrapons au sous-sol. Il ouvre une porte et nous invite à pénétrer dans une immense cuisine.
- Regardez ça!
L'Unteroffizier de cuisine Kupferschmied est aux anges. Il virevolte d'une armoire à l'autre. Nous montrant des centaines de services en porcelaine blanche. Des fourchettes, des couteaux et même des verres à pieds de toutes tailles. La cuisine elle-même semble parfaitement agencée. Au centre de la pièce, il y a deux grands plateaux de cuissons alimentés par des feux de bois. De grosses canalisations évacuant la fumée filent vers le plafond, courent le long de la parois et quittent la pièces vers l'extérieure. A côté des plateaux de cuisson, il y a deux tables en bois épais, servant à la préparation des mets. Des dizaines de casseroles en fontes et en cuivre encaustiqué pendent au plafond. Des ustensiles de cuisine de toutes sortes sont alignés comme à la parade sur de longs supports fixés au plafond au dessus des cuisinières. Un deuxième plateau de cuisson est accolé contre le mur du fond, les trappes en fontes permettant d'accéder aux foyer sont ouvertes, des tisons sont accrochés à des barres où pendent également de grands linges blancs. Deux grosses bassines supportées par des tréteaux en bois font office d'évier, des tuyaux d'eau actionnés par des pompes à mains plongent dans les grands récipients. Deux énormes marmites en fonte posées à même un foyer sont posées à leur droite contre un mur de briques, au-dessus une grand hotte évacue les vapeurs et fumée.
Au plafond, l'éclairage est assuré par d'immenses lustres en fonte surmontés d'une bonne trentaine de bougies.
Au fond à droite, encadrée par deux lourdes porte en bois, il y a une immense cheminée surmontée d'une poutre. Au centre, de celle-ci une broche capable de recevoir un bœuf entier traverse de part en part l'âtre. Un ingénieux système à balancier permet à l'ensemble de tourner sans effort. A l'opposé de cette cheminée le mur est recouvert d'une bonne vingtaines de stères de longues bûches de hêtre.
Nous restons un instant muet devant le luxe de cette installation et surtout la propreté dans laquelle elle se trouve. Fritz s'approche, il est essoufflé notre valeureux cuisinier:
- Et ce n'est pas tout...
Il me prend par le bras et m'éloigne du groupe de soldats.
- Est-ce que je peux être seul avec vous Oberleutnant... ainsi que le Leutnant Willsdorff naturellement...
Je suis perplexe:
- Ah bon, avez-vous un secret si important que les soldats qui sont ici présents n'ont pas le droit de savoir.
Il m'implore des yeux.
- bon... bon ça va. Allez les gars sortez de la cuisine. Willsdorff vous pouvez rester.
En maugréant, les gars quittent le local.
Dès que nous sommes seuls, Kupferschmied qui semble dans un état d'excitation extrême nous entraîne vers deux petites portes cloisonnées qui encadrent la cheminée. Il ouvre la première. Elle donne sur une longue pièce et ce qui se trouve à l'intérieur nous laisse muet pour quelques minutes. La première chose que nous voyons, ce sont des dizaines de gros jambons fumés pendant au plafond. En travers du local, des milliers de saucisses de différentes variétés pendent après de longues baguette de bois. Plusieurs dizaines de gros tonneaux dont les couvercles sont recouverts de lourdes pierres emballées dans un linge s'alignent sur notre gauche. Fritz nous les indique au passage:
- Choucroute...
En face, sur de large étagères, des sacs contenant de la farine et du sucre sont entassés l'un sur l'autre. Des boîte en fer blancs sont marquées cannelle, poivre, sel, cumin, noix de Muscat, etc.... Des pots ventrus de confitures sont déposés sur des étagères par dizaine. Nous pénétrons dans cette cave aux 1000 merveilles. Fritz se précipitent au fond, il plonge la main dans une grande caisse en bois et en extirpe un poignée de pommes de terre. Il a les yeux brillants et rigolards comme un enfant devant un sapin de Noël illuminé.
- Regardez! De bonnes grosses pommes de terre, des centaines de kilos de pommes de terre! Et là...
Il plonge la main dans une autre caisse.
- Des pommes de garde.
Il croque à pleines dents dans le fruit jaune. Il pleure, rigole, de grosses larmes roulent sur ces joues joufflues. La bouche pleine, il crache des morceaux en parlant.
- Ches 'ommes ont le même goût que celle du verger de mon père...miam!
Je suis ému devant cet homme heureux, .
Il met la pomme entamée dans sa poche et sort de la cave en courant.
- Venez, venez ce n'est pas tout!
Il se dirige vers l'autre porte qu'il ouvre. Il s'agit d'une autre cave. Plus fraîche que la première. A notre gauche, des casiers contiennent des dizaines de bouteilles de vin. Rouges, blancs, rosés, il y en a de toutes sortes et de toutes origines. Des Rheinlander allemands, mais aussi, des vins français et italiens. Et puis du champagne et des bouteilles d'alcool fort, du Cognac, du Calvados et des liqueurs italiennes. A droite de la pièce, de nouvelles étagères recouvertes de casiers avec des oeufs et de grosses mottes de beurre frais. Il en casse un dans sa main droite, du jaune d'œuf suinte entre ses doigts boudinés.
- Regardez, pas pourri.
Il hume en connaisseur les restes de l'œuf.
- Maximum 4 jours.
Il se retourne plante son doigt délicatement dans le beurre qu'il goûte.
- Excellent, pas rance.
Il palpe maintenant en connaisseur de grands quartiers de bœuf pendus au plafond.
- Juste faite comme il faut. Il faudra les manger ces prochains jours, c'et de la viande fraîche, ça ne va pas tenir pendant des mois...
Willsdorff s'est approché des casiers à bouteilles. Il en sort une pensif qu'il me montre.
- Regarde Heinrich... du whisky écossais.
Il prend une autre bouteille.
- Et là une bouteille de vin de la région de Konstanz. J'ai l'impression que nous avons mis les pied dans le trésor de guerre d'un de nos grands pontes. Qu'en pensez-vous?
Il a raison Willsdorff. Je reste un moment silencieux. je comprends maintenant pourquoi Fritz ne voulait pas que les autres soldats aperçoivent toutes ces victuailles. Le pillage serait rapide et irrémédiable.
- Je pense que tu as plus que raison Willsdorff, mais le propriétaire a visiblement évacué les lieux avant notre arrivée et je vous rappelle que c'est l'Etat-Major à Manstein lui-même qui nous a envoyé ici. Il devait quand même connaître la situation de cette ville non? Dans tous les cas, je décrète que le contenu de ces caves nous appartient désormais et qu'il sera mis à disposition du chef de cuisine Kupferschmied qui va rapidement se constituer une équipe d'aides de cuisine. Les hommes mangeront par tournus dans la grande cantine au rez-de-chaussée. L'alcool ne sera servi que pour les occasions particulières. De toute façon, il n'y en a pas assez pour tout le monde. J'ajouterai, Fritz, que vous êtes responsable de ces locaux. Vous constituerez un tournus de garde pour surveiller les lieux. Willsdorff je pense qu'il serait judicieux pour le moment de ne pas parler de ce qui se trouve ici aux hommes.
Dernière édition par le Jeu 4 Oct 2007 - 15:55, édité 4 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
Age : 57
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Même s'ils finiront bien par le savoir, le plus tard sera le mieux, le temps que Kupferschmied organise sa garde et ses équipes.
Je regarde Willsdorff et Kupferschmied pour m'assurer qu'ils ont bien compris le message. Ce qui me semble être le cas.
- Bien, je crois que c'est clair! Kupferschmied, que pensez-vous nous préparer pour le souper ce soir.
Il rayonne de bonheur Fritz. Il roule des yeux passionnés.
- Ce soir... bouillis de boeuf pour tout le monde, avec patates! Demain choucroute. La cuisson démarrera tôt demain matin, avec du jambon, des saucisses et des pommes de terre..
Il rayonne de bonheur à l'énoncé du menu. Il se frotte les mains de satisfaction.
Nous quittons la cuisine.
Un peu plus tard, je convie Willsdorff Kilh et Golgoth à la cuisine. Fritz a déjà allumé les foyers. Dans la cheminée brûle un grand feu. Kupferschmied a envoyé une équipe chercher du bois dans une forêt avoisinante avec un Kfz.
Golgoth et Kilh qui découvrent les lieux sont également enthousiastes.
- Ca va être une magnifique surprise pour les hommes.
S'adressant au cuisinier. Kilh l'interroge sur la quantité de réserve pour nourrir 300 personnes.
Il a vêtu un large tablier blanc notre brave Bavarois. Il sort de la cave avec une bouteille de Gewurtz Traminer alsacien et 5 verres. Nous nous asseyons autour d'une table Pendant qu'appliqué, Golgoth rempli les verres, assis les jambes écartées sur un tabouret de bois, Fritz sort un bout de papier chiffonné.
- Bon, j'ai fait un rapide calcule... Il y a des quantité importante de nourriture mais on en aura pas pour si long si nous ne prenons pas un minimum de précautions. Nous avons quand même 300 hommes à nourrir, ce qui n'est pas rien, en plus avec ce froid de canard, il vont bouffer comme deux. Comme ça, à vue de nez, je dirais que nous pourrons tenir jusqu'à fin décembre. Bien sûr, il n'y aura pas des repas importants à chaque fois, mais les hommes auront deux repas chauds par jour ce qui est exceptionnel dans les conditions actuelles. Une soupe avec du pain et un morceau de fromage plus un bon menu avec de la viande presque chaque jour. Je vais garder quelques gâteries pour Noël... c'est dans moins d'un mois maintenant.
De mon côté, j'organise le quartier général dans le bureau du premier où crépite maintenant un bon feu dans la cheminée. Une douce chaleur a remplacé le froid glacial de notre arrivée. J'ai récupéré quelques bouteilles dans la cuisine et je les ai mises sous clef dans un buffet. Vers 1600, alors que rêveur je regarde les flocons de neige virevolter dans le ciel gris d'Ukraine, Willsdorff apparaît en tapant des pieds à l'entrée du local pour faire tomber la neige qui s'est accumulée sur ses chaussures. sa longue capote et son calot en sont également recouverts. Après s'être épousseté, il accroche son lourd manteau de laine et son bonnet au patère. Tout en se frottant les mains, il s'approche du feu pour se réchauffer.
- C'est bon nos équipages sont bien logés. J'ai trouvé une fabrique de tracteurs juste de l'autre côté de la place. Les chars endommagés sont à l'abri et les mécaniciens s'emploient déjà à la réparer. Les mécaniciens logent dans les étages. Il y a des pièces avec des chauffages qui sont assez confortables. Pour les équipages, cela dépend de l'endroit où ils sont.
Il s'approche de la table où il déplie une carte.
- Regardes, j'ai trouvé une carte de la ville.
Il m'indique diverses positions entourées au crayon de papier.
- On ne peut pas tenir toute la ville avec juste 9 tanks, alors j'ai axé la défense sur le centre ville qui est entouré de grands axes que l'on peut facilement couvrir par des tirs croisés de canons antichars combiné avec nos chars. Là également, les hommes sont cantonnés sur leur position dans différents immeubles. Du côté de Kilh, il me semble qu'il a trouvé quelque chose en face de la grande, là-bas.
Il se rend près d'une grande fenêtre et m'indique un grand bâtiment assez cossu qui se trouve en face de "l'hôtel-de-ville".
- ... Ca doit être un hôtel ou un truc comme ça.
Au même moment, les bottes du Leutnant Kilh résonne dans le corridor. Il fait apparition dans l'encadrement, il a l'air satisfait. Après s'être débarrassé de la neige qui recouvre sa veste camouflée de soldat de montagne et sa casquette, il nous rejoint en se frottant les mains.
- Messieurs, je ne croyais pas il y a encore quelques heures que cette nuit, mon régiment dormirais dans un hôtel 5 étoiles. Je ne sais pas qui a pris la décision en haut lieu de nous isoler ici, mais mine de rien, je trouve que l'endroit est parfait pour reprendre notre souffle.
Un peu plus tard, Golgoth qui a terminé sa tournée d'inspection nous rejoint également. Je sors une bouteille de Calva du buffet et je remplis trois verres. L'ambiance est plutôt détendue et nous discutons de tout et de rien. Les gars me regardent un peu surpris.
- Pourquoi se priver Messieurs. De toute façon, il y a bien des chances que nous devions évacuer ce coin bien avant d'arriver au bout du stock qui traîne en bas...
De qui émanait l'idée de nous cantonner à Zhitomir? Nous allions savoir assez rapidement. Le même soir, un Kubelvagen et un camion rempli de soldats allemands faisait leur apparition devant le perron de mon QG. Le colonel Milow qui conduisait lui-même le petit tout-terrain sorti du véhicule, de même qu'un capitaine qui l'accompagnait. Depuis, la fenêtre, nous le voyons monter vers nous. Prestement, Willsdorff a rangé la bouteille et les verres dans le buffet qui tout aussi prestement, est refermé. Nous prenons positions devant la carte avec des mines aussi concentrées que possible, ce qui nous fait presque rire. Alors que les pas de Milow et de son officier d'Etat Major résonne dans le couloir, je m'efforce de trouver un sujet de discussion. Lorsque Milow apparaît dans l'encadrement de la porte, il découvre 4 officiers penchés consciencieusement sur la carte de Zhitomir et discutant de la position des pièces antichars de feu le régiment du Major Gladbach. Nous feignons de ne pas le voir quelques secondes. Et puis, soudainement, il se met à rire à gorge déployée. Instantanément, comme si on était complètement surpris par son arrivée, nous nous mettons au garde-à-vous. Je fais l'annonce réglementaire.
- Oberleutnant Kowalski Oberst Milow! Chargé de la défense de Zhitomir! Tous les hommes en position à leurs postes. Etat-Major au complet en discussion sur... sur la logistique.
J'ai hésité, mais c'est à peine si Milow m'a écouté. Il rigole de plus belle, le capitaine qui est avec lui aussi se met à rigoler. Il ne m'est pas inconnu ce capitaine. Il porte d'ailleurs l'uniforme des panzer garni de nombreuses décorations. Milow s'approche de notre table jette un bref coup d'œil à la carte et me donne une puissante claque dans le dos.
- Bon Kowalski, c'est bien, mais vous êtes aussi bon officier de chars que comédiens. Simplement, la prochaine fois dites au Leutnant Kilh de ne pas trop s'approcher de la fenêtre en pleine lumière un verre à la main.
Pendant que le visage de notre camarade Kilh passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, Milow reprend plus sérieux.
- Je vous présente le capitaine Gerber, je pense que vous le connaissez?
Bien sûr que nous le connaissons, surnommé Panzer Gerber, c'est un as des panzer division en Tigre. Milow de son côté ne semble pas outre mesure choqué par notre petite mise en scène. Au contraire il en ait plutôt amusé. Il continue.
- Alors Kowalski, comment trouvez-vous vos nouveau quartiers?
Je réponds d'un ton pas très sûr:
- Bien, bien mon colonel, pour le moment nous sommes plutôt bien installés et l'ennemi semble loin de notre position!
Lentement, il retire sa capote qui rejoint les nôtres au patère à l'entrée. Panzer Gerber fait de même.
Je regarde Willsdorff et Kupferschmied pour m'assurer qu'ils ont bien compris le message. Ce qui me semble être le cas.
- Bien, je crois que c'est clair! Kupferschmied, que pensez-vous nous préparer pour le souper ce soir.
Il rayonne de bonheur Fritz. Il roule des yeux passionnés.
- Ce soir... bouillis de boeuf pour tout le monde, avec patates! Demain choucroute. La cuisson démarrera tôt demain matin, avec du jambon, des saucisses et des pommes de terre..
Il rayonne de bonheur à l'énoncé du menu. Il se frotte les mains de satisfaction.
Nous quittons la cuisine.
Un peu plus tard, je convie Willsdorff Kilh et Golgoth à la cuisine. Fritz a déjà allumé les foyers. Dans la cheminée brûle un grand feu. Kupferschmied a envoyé une équipe chercher du bois dans une forêt avoisinante avec un Kfz.
Golgoth et Kilh qui découvrent les lieux sont également enthousiastes.
- Ca va être une magnifique surprise pour les hommes.
S'adressant au cuisinier. Kilh l'interroge sur la quantité de réserve pour nourrir 300 personnes.
Il a vêtu un large tablier blanc notre brave Bavarois. Il sort de la cave avec une bouteille de Gewurtz Traminer alsacien et 5 verres. Nous nous asseyons autour d'une table Pendant qu'appliqué, Golgoth rempli les verres, assis les jambes écartées sur un tabouret de bois, Fritz sort un bout de papier chiffonné.
- Bon, j'ai fait un rapide calcule... Il y a des quantité importante de nourriture mais on en aura pas pour si long si nous ne prenons pas un minimum de précautions. Nous avons quand même 300 hommes à nourrir, ce qui n'est pas rien, en plus avec ce froid de canard, il vont bouffer comme deux. Comme ça, à vue de nez, je dirais que nous pourrons tenir jusqu'à fin décembre. Bien sûr, il n'y aura pas des repas importants à chaque fois, mais les hommes auront deux repas chauds par jour ce qui est exceptionnel dans les conditions actuelles. Une soupe avec du pain et un morceau de fromage plus un bon menu avec de la viande presque chaque jour. Je vais garder quelques gâteries pour Noël... c'est dans moins d'un mois maintenant.
De mon côté, j'organise le quartier général dans le bureau du premier où crépite maintenant un bon feu dans la cheminée. Une douce chaleur a remplacé le froid glacial de notre arrivée. J'ai récupéré quelques bouteilles dans la cuisine et je les ai mises sous clef dans un buffet. Vers 1600, alors que rêveur je regarde les flocons de neige virevolter dans le ciel gris d'Ukraine, Willsdorff apparaît en tapant des pieds à l'entrée du local pour faire tomber la neige qui s'est accumulée sur ses chaussures. sa longue capote et son calot en sont également recouverts. Après s'être épousseté, il accroche son lourd manteau de laine et son bonnet au patère. Tout en se frottant les mains, il s'approche du feu pour se réchauffer.
- C'est bon nos équipages sont bien logés. J'ai trouvé une fabrique de tracteurs juste de l'autre côté de la place. Les chars endommagés sont à l'abri et les mécaniciens s'emploient déjà à la réparer. Les mécaniciens logent dans les étages. Il y a des pièces avec des chauffages qui sont assez confortables. Pour les équipages, cela dépend de l'endroit où ils sont.
Il s'approche de la table où il déplie une carte.
- Regardes, j'ai trouvé une carte de la ville.
Il m'indique diverses positions entourées au crayon de papier.
- On ne peut pas tenir toute la ville avec juste 9 tanks, alors j'ai axé la défense sur le centre ville qui est entouré de grands axes que l'on peut facilement couvrir par des tirs croisés de canons antichars combiné avec nos chars. Là également, les hommes sont cantonnés sur leur position dans différents immeubles. Du côté de Kilh, il me semble qu'il a trouvé quelque chose en face de la grande, là-bas.
Il se rend près d'une grande fenêtre et m'indique un grand bâtiment assez cossu qui se trouve en face de "l'hôtel-de-ville".
- ... Ca doit être un hôtel ou un truc comme ça.
Au même moment, les bottes du Leutnant Kilh résonne dans le corridor. Il fait apparition dans l'encadrement, il a l'air satisfait. Après s'être débarrassé de la neige qui recouvre sa veste camouflée de soldat de montagne et sa casquette, il nous rejoint en se frottant les mains.
- Messieurs, je ne croyais pas il y a encore quelques heures que cette nuit, mon régiment dormirais dans un hôtel 5 étoiles. Je ne sais pas qui a pris la décision en haut lieu de nous isoler ici, mais mine de rien, je trouve que l'endroit est parfait pour reprendre notre souffle.
Un peu plus tard, Golgoth qui a terminé sa tournée d'inspection nous rejoint également. Je sors une bouteille de Calva du buffet et je remplis trois verres. L'ambiance est plutôt détendue et nous discutons de tout et de rien. Les gars me regardent un peu surpris.
- Pourquoi se priver Messieurs. De toute façon, il y a bien des chances que nous devions évacuer ce coin bien avant d'arriver au bout du stock qui traîne en bas...
De qui émanait l'idée de nous cantonner à Zhitomir? Nous allions savoir assez rapidement. Le même soir, un Kubelvagen et un camion rempli de soldats allemands faisait leur apparition devant le perron de mon QG. Le colonel Milow qui conduisait lui-même le petit tout-terrain sorti du véhicule, de même qu'un capitaine qui l'accompagnait. Depuis, la fenêtre, nous le voyons monter vers nous. Prestement, Willsdorff a rangé la bouteille et les verres dans le buffet qui tout aussi prestement, est refermé. Nous prenons positions devant la carte avec des mines aussi concentrées que possible, ce qui nous fait presque rire. Alors que les pas de Milow et de son officier d'Etat Major résonne dans le couloir, je m'efforce de trouver un sujet de discussion. Lorsque Milow apparaît dans l'encadrement de la porte, il découvre 4 officiers penchés consciencieusement sur la carte de Zhitomir et discutant de la position des pièces antichars de feu le régiment du Major Gladbach. Nous feignons de ne pas le voir quelques secondes. Et puis, soudainement, il se met à rire à gorge déployée. Instantanément, comme si on était complètement surpris par son arrivée, nous nous mettons au garde-à-vous. Je fais l'annonce réglementaire.
- Oberleutnant Kowalski Oberst Milow! Chargé de la défense de Zhitomir! Tous les hommes en position à leurs postes. Etat-Major au complet en discussion sur... sur la logistique.
J'ai hésité, mais c'est à peine si Milow m'a écouté. Il rigole de plus belle, le capitaine qui est avec lui aussi se met à rigoler. Il ne m'est pas inconnu ce capitaine. Il porte d'ailleurs l'uniforme des panzer garni de nombreuses décorations. Milow s'approche de notre table jette un bref coup d'œil à la carte et me donne une puissante claque dans le dos.
- Bon Kowalski, c'est bien, mais vous êtes aussi bon officier de chars que comédiens. Simplement, la prochaine fois dites au Leutnant Kilh de ne pas trop s'approcher de la fenêtre en pleine lumière un verre à la main.
Pendant que le visage de notre camarade Kilh passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, Milow reprend plus sérieux.
- Je vous présente le capitaine Gerber, je pense que vous le connaissez?
Bien sûr que nous le connaissons, surnommé Panzer Gerber, c'est un as des panzer division en Tigre. Milow de son côté ne semble pas outre mesure choqué par notre petite mise en scène. Au contraire il en ait plutôt amusé. Il continue.
- Alors Kowalski, comment trouvez-vous vos nouveau quartiers?
Je réponds d'un ton pas très sûr:
- Bien, bien mon colonel, pour le moment nous sommes plutôt bien installés et l'ennemi semble loin de notre position!
Lentement, il retire sa capote qui rejoint les nôtres au patère à l'entrée. Panzer Gerber fait de même.
Dernière édition par le Jeu 4 Oct 2007 - 15:52, édité 1 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
Age : 57
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Ce sont deux officiers du front, des vrais, leurs uniformes usés et poussiéreux, pas des fantoches braillards obnubilés par les règlements et autres contraintes disciplinaires inutiles et stupides. Milow s'assied à la table et s'adresse à Kilh.
- Bon Leutnant, faut-il que je vous donne un ordre ou vous allez me sortir tout seul la bouteille que vous avez planquée tout à l'heure. allez hop hop hop.
Gêné, Kilh ouvre le buffet, sort la bouteille et nos verres. Il en manque deux. Il se précipite à la porte et interpelle le Feldwebel Archy responsable du corps de garde dans le bâtiment en gueulant dans le corridor:
- Fledwebel Archy!
Le grand mitrailleur apparaît au pas de course dans le corridor.
- Ouai ouai on vient! Ca ne va pas de gueuler comme ça! Qu'est-ce qui te prend?
Lorsqu'il aperçoit Milow et Gerber il reste paralysé quelques instants. Ses yeux roulent du colonel à Kilh et à Gerber qu'il reconnaît également.
- Oh merde... je... je suis désolé Leutnant, je ne savais pas que vous aviez des visites.
Pendant que le visage du Leutnant en question repasse pas une jolie teinte cramoisie, il présente de plates excuses au colonel Milow et au capitaine Gerber. Milow l'interpelle.
- Venez, venez Feldwebel Archy, entrez.
Le sous-officier supérieur qui porte de magnifiques bottes du NKVD et un Tokarev à la ceinture pénètre gêné dans la pièce. Milow poursuit:
- Asseyez-vous. Kilh, allez donc chercher deux verres, non, trois, votre sous-officier prendra bien un verre avec nous n'est-ce pas?
Sans un mot, le jeune Leutnant disparaît en direction de la cuisine. Mal à l'aise, Archy s'assied en notre compagnie. Il louche avec de gros yeux sur la bouteille. Milow est amusé par la situation. Il s'approche, complice, vers le Feldwebel:
- Savez-vous que les caves de cette baraque miteuse regorgent de ce genre de bouteilles Feldwebel?
Ainsi Milow est au courant. Il s'adresse à moi.
- Kowalski, ne me dites pas que vous n'avez pas encore visité les caves de votre palais?
Je suis bien obligé de lui admettre que Fritz Kupferschmied a déjà pris position dans la cuisine et fait l'inventaire complet des caves.
- Et bien oui Herr Oberst, nous avons déjà découvert les caves. Nous avons d'ailleurs déjà organisé l'équipe de cuisine qui est secondée par une section qui s'occupe de la garde des lieux.
Alors que Kilh réapparaît avec les deux verres, Milow s'appuie contre le dossier de sa chaise.
- Bien, bonne initiative Kowalski.
S'adressant à Kilh.
- Donnez moi cette bouteille Leutnant, je vais me charger de faire le service.
Et nous voilà, attablé avec un Colonel qui nous rempli nos verres à ras bord, un as des panzer division et un Feldwebel spécialiste à la MG42. Le front est regorge quand même de situation cocasse parfois. Milow lève son verre.
- Désolé, j'ai laissé mon dernier intendant à Orel dans les restes de mon poste de commandement! Comme je commence à coûter cher en intendant à la Wermarcht, j'ai décidé de m'en passer. Santé! Au survivants qui verront bientôt le bout de cette guerre, mais pas avant d'avoir fait exploser quelques uns de ces salopards de Communistes, belles bottes au fait Feldwebel...
Et il descend cul sec le verre de Calva. Nous faisons de même. Il reprend.
- Bon il est quand même temps que je vous annonce l'objet de ma visite. Il ne s'agit pas d'une tournée d'inspection je vous rassure. Juste vérifier que vous êtes bien installés. Voyez-vous Kowalski, cela fait quelque temps que j'entends parler de la 27ème division de chars. Vous et vos hommes faites quand même partie de nos meilleures troupes d'élites dans ce secteur du front. Même après la difficile disparition de ce brave Wolfgang Haenig, c'était un copain de classe Haenig. Nous avons fait l'Espagne ensemble et tout le reste même. Ce que je dit est également valable pour vous Kilh, votre régiment est très efficace, si, si je vous l'assure. Le seul problème, pour Kilh c'est que vous avez été intégrés par la force des choses au 27ème qui est un bataillon disciplinaire. Et que les bataillons disciplinaires n'ont pas droit aux permissions.
Il s'adresse à Golgoth:
- Dites-moi Leutnant, depuis quand n'avez plus eu la chance de retourner en Allemagne?
Golgoth qui regarde pensif le fond de son verre répond.
- Je ne sais pas... enfin si je le sais, depuis janvier 1942, juste avant de rejoindre la 5ème compagnie de la 27ème Division de chars à Hambourg ...
Milow poursuit:
- Et vous Willsdorff, votre père n'est pas le fameux Oberleutnant Willsdorff? Commandant des forces aéroportée de la Luftwaffe, qui a notamment participé à l'invasion de la Crête?
Willsdorff acquiesce de la tête.
- Je dois vous transmettre les salutations de votre paternel. Il a rejoint les rangs de l'instruction. Il va très bien. Il m'a prié de vous dire qu'il allait bien...
Milow lui fit un clin d'oeil. Comme moi, Willsdorff qui avait rejoint notre division dans des conditions pour le moins douloureuse avait rompu tout contact avec sa famille. Il n'en parlait presque jamais.
Will lui répond gêné.
- Je lui écrirais... promis.
Milow se lève d'un coup.
- Bon, donc tout ça pour dire que je vous connais trop bien pour savoir que les médailles et les grades vous vous en foutez comme de première chemise. Comme les permissions sont de toute façon annulées pour tout le monde. J'ai trouvé ce coin pour que vous puissiez venir vous y reposer quelque temps. Qu'en pensez-vous?
Je me redresse:
- Merci mon colonel, je commence de comprendre maintenant. Mais j'ai quand même une question. A qui appartiennent toutes les victuailles qui sont là en bas?
Milow sert un nouveau verre de Calvados à tout le monde. Il me fixe dans les yeux.
- Appartenait vous voulez dire Kowalski. C'était les quartiers de notre cher Sturmbannführer Koller. Vous avez fait connaissance avec lui il y a quelques semaines je crois?
Je reste choqué par cette affirmation:
- Quoi... le quartier général de Koller... mais... mais Herr Oberst, s'il revient, je vais être exécuté sur le champ avec tous les raffinements possibles dont sont capables les SS.
Milow sourit doucement.
- J'ai assisté à votre discussion, vous savez lorsque le jeune Tafner portait la veste du Hauptsturmführer Steinmetz. Vous avez eu de la chance ce jour là. Quelques heures plus tard, Koller passait sa colère sur une de mes sections d'artillerie. Douze hommes descendus comme des chiens.
Son verre tremblait. j'ai dû écrire aux familles. Il vide son verre d'un trait.
- Il a une semaine... Koller et ses hommes ont été pris à parti par une escouade russe, enfin russe, c'est ce qui se dit, ses hommes sont tous tombés où sous les armes, parfois à l'arme blanche, Koller, lui, a été écrasé sous les chenilles d'un char. On l'a entendu hurlé loin à la ronde... Ce qui est curieux, c'est qu'on a jamais retrouvé la trace de cette escouade russe, ni de ce char d'ailleurs, qu'on se demandait ce qu'il pouvait bien foutre là si loin de leurs lignes.
Il se sert un nouveau verre.
- Leurs corps ont été enterrés dans une grande fosse... la même où ils avaient ordonné à mes hommes d'ensevelir leurs camarades. Quel dommage de si jolis uniformes, si vous aviez vu ça...
Il soupire un coup.
- Je n'ai pas écrit à leur famille...
Soudainement, alors que l'ambiance est glaciale malgré la douce chaleur diffusée par le foyer qui crépite tranquillement, Milow se redresse et sourit:
- C'est pourquoi je me suis dit que votre division serait parfaitement à son aise ici.
- Bon Leutnant, faut-il que je vous donne un ordre ou vous allez me sortir tout seul la bouteille que vous avez planquée tout à l'heure. allez hop hop hop.
Gêné, Kilh ouvre le buffet, sort la bouteille et nos verres. Il en manque deux. Il se précipite à la porte et interpelle le Feldwebel Archy responsable du corps de garde dans le bâtiment en gueulant dans le corridor:
- Fledwebel Archy!
Le grand mitrailleur apparaît au pas de course dans le corridor.
- Ouai ouai on vient! Ca ne va pas de gueuler comme ça! Qu'est-ce qui te prend?
Lorsqu'il aperçoit Milow et Gerber il reste paralysé quelques instants. Ses yeux roulent du colonel à Kilh et à Gerber qu'il reconnaît également.
- Oh merde... je... je suis désolé Leutnant, je ne savais pas que vous aviez des visites.
Pendant que le visage du Leutnant en question repasse pas une jolie teinte cramoisie, il présente de plates excuses au colonel Milow et au capitaine Gerber. Milow l'interpelle.
- Venez, venez Feldwebel Archy, entrez.
Le sous-officier supérieur qui porte de magnifiques bottes du NKVD et un Tokarev à la ceinture pénètre gêné dans la pièce. Milow poursuit:
- Asseyez-vous. Kilh, allez donc chercher deux verres, non, trois, votre sous-officier prendra bien un verre avec nous n'est-ce pas?
Sans un mot, le jeune Leutnant disparaît en direction de la cuisine. Mal à l'aise, Archy s'assied en notre compagnie. Il louche avec de gros yeux sur la bouteille. Milow est amusé par la situation. Il s'approche, complice, vers le Feldwebel:
- Savez-vous que les caves de cette baraque miteuse regorgent de ce genre de bouteilles Feldwebel?
Ainsi Milow est au courant. Il s'adresse à moi.
- Kowalski, ne me dites pas que vous n'avez pas encore visité les caves de votre palais?
Je suis bien obligé de lui admettre que Fritz Kupferschmied a déjà pris position dans la cuisine et fait l'inventaire complet des caves.
- Et bien oui Herr Oberst, nous avons déjà découvert les caves. Nous avons d'ailleurs déjà organisé l'équipe de cuisine qui est secondée par une section qui s'occupe de la garde des lieux.
Alors que Kilh réapparaît avec les deux verres, Milow s'appuie contre le dossier de sa chaise.
- Bien, bonne initiative Kowalski.
S'adressant à Kilh.
- Donnez moi cette bouteille Leutnant, je vais me charger de faire le service.
Et nous voilà, attablé avec un Colonel qui nous rempli nos verres à ras bord, un as des panzer division et un Feldwebel spécialiste à la MG42. Le front est regorge quand même de situation cocasse parfois. Milow lève son verre.
- Désolé, j'ai laissé mon dernier intendant à Orel dans les restes de mon poste de commandement! Comme je commence à coûter cher en intendant à la Wermarcht, j'ai décidé de m'en passer. Santé! Au survivants qui verront bientôt le bout de cette guerre, mais pas avant d'avoir fait exploser quelques uns de ces salopards de Communistes, belles bottes au fait Feldwebel...
Et il descend cul sec le verre de Calva. Nous faisons de même. Il reprend.
- Bon il est quand même temps que je vous annonce l'objet de ma visite. Il ne s'agit pas d'une tournée d'inspection je vous rassure. Juste vérifier que vous êtes bien installés. Voyez-vous Kowalski, cela fait quelque temps que j'entends parler de la 27ème division de chars. Vous et vos hommes faites quand même partie de nos meilleures troupes d'élites dans ce secteur du front. Même après la difficile disparition de ce brave Wolfgang Haenig, c'était un copain de classe Haenig. Nous avons fait l'Espagne ensemble et tout le reste même. Ce que je dit est également valable pour vous Kilh, votre régiment est très efficace, si, si je vous l'assure. Le seul problème, pour Kilh c'est que vous avez été intégrés par la force des choses au 27ème qui est un bataillon disciplinaire. Et que les bataillons disciplinaires n'ont pas droit aux permissions.
Il s'adresse à Golgoth:
- Dites-moi Leutnant, depuis quand n'avez plus eu la chance de retourner en Allemagne?
Golgoth qui regarde pensif le fond de son verre répond.
- Je ne sais pas... enfin si je le sais, depuis janvier 1942, juste avant de rejoindre la 5ème compagnie de la 27ème Division de chars à Hambourg ...
Milow poursuit:
- Et vous Willsdorff, votre père n'est pas le fameux Oberleutnant Willsdorff? Commandant des forces aéroportée de la Luftwaffe, qui a notamment participé à l'invasion de la Crête?
Willsdorff acquiesce de la tête.
- Je dois vous transmettre les salutations de votre paternel. Il a rejoint les rangs de l'instruction. Il va très bien. Il m'a prié de vous dire qu'il allait bien...
Milow lui fit un clin d'oeil. Comme moi, Willsdorff qui avait rejoint notre division dans des conditions pour le moins douloureuse avait rompu tout contact avec sa famille. Il n'en parlait presque jamais.
Will lui répond gêné.
- Je lui écrirais... promis.
Milow se lève d'un coup.
- Bon, donc tout ça pour dire que je vous connais trop bien pour savoir que les médailles et les grades vous vous en foutez comme de première chemise. Comme les permissions sont de toute façon annulées pour tout le monde. J'ai trouvé ce coin pour que vous puissiez venir vous y reposer quelque temps. Qu'en pensez-vous?
Je me redresse:
- Merci mon colonel, je commence de comprendre maintenant. Mais j'ai quand même une question. A qui appartiennent toutes les victuailles qui sont là en bas?
Milow sert un nouveau verre de Calvados à tout le monde. Il me fixe dans les yeux.
- Appartenait vous voulez dire Kowalski. C'était les quartiers de notre cher Sturmbannführer Koller. Vous avez fait connaissance avec lui il y a quelques semaines je crois?
Je reste choqué par cette affirmation:
- Quoi... le quartier général de Koller... mais... mais Herr Oberst, s'il revient, je vais être exécuté sur le champ avec tous les raffinements possibles dont sont capables les SS.
Milow sourit doucement.
- J'ai assisté à votre discussion, vous savez lorsque le jeune Tafner portait la veste du Hauptsturmführer Steinmetz. Vous avez eu de la chance ce jour là. Quelques heures plus tard, Koller passait sa colère sur une de mes sections d'artillerie. Douze hommes descendus comme des chiens.
Son verre tremblait. j'ai dû écrire aux familles. Il vide son verre d'un trait.
- Il a une semaine... Koller et ses hommes ont été pris à parti par une escouade russe, enfin russe, c'est ce qui se dit, ses hommes sont tous tombés où sous les armes, parfois à l'arme blanche, Koller, lui, a été écrasé sous les chenilles d'un char. On l'a entendu hurlé loin à la ronde... Ce qui est curieux, c'est qu'on a jamais retrouvé la trace de cette escouade russe, ni de ce char d'ailleurs, qu'on se demandait ce qu'il pouvait bien foutre là si loin de leurs lignes.
Il se sert un nouveau verre.
- Leurs corps ont été enterrés dans une grande fosse... la même où ils avaient ordonné à mes hommes d'ensevelir leurs camarades. Quel dommage de si jolis uniformes, si vous aviez vu ça...
Il soupire un coup.
- Je n'ai pas écrit à leur famille...
Soudainement, alors que l'ambiance est glaciale malgré la douce chaleur diffusée par le foyer qui crépite tranquillement, Milow se redresse et sourit:
- C'est pourquoi je me suis dit que votre division serait parfaitement à son aise ici.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Re: Un Stug pour la liberté
Le WE du 14 Octobre; je retourne dans ma ville de naissance: SAUMUR...je vais revisiter le musée des blindés (le plus beau)..j'emmène le numérique et je vous concocte un petit reportage
Re: Un Stug pour la liberté
RTA_Redfox a écrit:Le WE du 14 Octobre; je retourne dans ma ville de naissance: SAUMUR...je vais revisiter le musée des blindés (le plus beau)..j'emmène le numérique et je vous concocte un petit reportage
C'est cool merci Redfox
615sqn_Volta- Group Captain
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Re: Un Stug pour la liberté
erf j'aimerais trop visiter ce musée !
Merci Red !
Merci Red !
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
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Re: Un Stug pour la liberté
RTA_Redfox a écrit:Le WE du 14 Octobre; je retourne dans ma ville de naissance: SAUMUR...je vais revisiter le musée des blindés (le plus beau)..j'emmène le numérique et je vous concocte un petit reportage
Si tu passes sur la Flèche, préviens, on pourrait peut-être aller se prendre un verre !
615sqn_William- Squadron Leader
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Date d'inscription : 26/10/2005
Re: Un Stug pour la liberté
La discussion se poursuivait désormais de manière plus détendue. Le Hauptmann Gerber discutait passionnément de tactique et de la manière d'utiliser un Panther. L'ambiance était bonne et une délicieuse odeur de cuisine commençait d'embaumer les lieux. Willsdorff se leva:
- Bien Messieurs, je vous laisse, je vais organiser le premier tournus du repas du soir.
Il regarde ça montre:
- Je leur accorde une heure... ça va comme ça Oberleutnant? La deuxième équipe mangera ainsi vers 2000.
Je lui fais un petit signe d'approbation. Kilh se lève à son tour.
- Bien j'y vais aussi, à toute à l'heure.
Les deux officiers quittent le quartier général. Milow me regarde l'air malicieux.
- Et bien si nous allions regarder à quoi ressemble cette cuisine Kowalski?
Nous quittons à notre tour la pièce, laissant seul le Feldwebel Archy qui commande la garde du quartier général.
Il faut voir Kupferschmied dans sa cuisine. Il virevolte d'une casserole à l'autre, secouant ici d'une main une poêle grande comme une roue de char remplies de rondelles de pomme de terre rissolant dans du beurre. Puis il file deux mètres plus loin et gueule sur un aide de cuisine:
- Karl, alors, ces oignons, c'est bientôt fini? Il vous faut quand même pas 20 minutes pour hacher 15 kg d'oignons mille milliards! Allez poussez-vous, allez vous occuper des haricots...
Il saisi le couteau de cuisine et rapide comme l'éclair coupe le solde d'oignons en moins d'une minutes. Il saisi la planche sur laquelle sont disposés plusieurs deux gros tas d'oignons hachés et de carottes coupées en dés. Il traverse la cuisine à grands pas s'approche de deux énormes marmites ou cuisent un odorant ragoût il déverse les carottes puis toujours à grands pas se rend vers celles du font où mijotent des haricots secs et y jette adroitement les oignons. Il regarde l'heure à sa montre gousset, écluse cul sec un verre de blanc au passage et nous aperçois enfin. Les ordres claques, les aides de cuisine se mettent au garde-à-vous devant leur poste de travail. Fritz se précipite vers nous pour annoncer son équipe réglementairement. Il a visage tout rouge en sueur. Milow le renvoie à ses fourneaux en souriant:
- C'est bon Kupferschmied, c'est bon, donnez le repos à vos hommes avant que tout votre travail ne s'en aille en fumée. Dites-moi, ça a l'air rudement bon ce que vous préparez là?
Notre chef de cuisine est mal à l'aise, je lui fais un signe de la tête qu'il n'a rien à craindre. Il se détend et après quelques minutes il discute avec Milow et Gerber comme s'il était un grand chef de cuisine indiquant à ses invités son activité.
Lorsque nous quittons la cuisine Milow murmure:
- Et dire que Steinmetz voulait l'écraser sous les chenilles de son Tigre...
Ainsi, il avait bien assisté discrètement à la délicate discussion avec Koller.
Lorsque la première volée de soldats arrive dans la grande cantine, ils regardent avec des yeux étonnés les services sur les tables. Ils se précipitent pour prendre place dans un joyeux brouhaha. Les remontes plats fonctionnent à pleine vitesse et les premiers plats apparaissent sous les hourras.
Nous passerons ainsi, depuis fort longtemps à une soirée magnifique. Milow pris la parole en leur indiquant la raison de leur présence à Zhitomir. Il leur rappela toutefois que la guerre continuait et qu'il faillait qu'ils restent vigilant.
Milow et Gerber nous ont quitté le lendemain après une dernière poignée de main.
Les journées s'annonçaient belles à Zhitomir. Malgré la neige, les gars qui n'étaient pas de corvées de garde où de bois, car il fallait bien reconstituer la réserve de la cuisine, passaient leur temps à jouer aux cartes ou à des jeux d'hiver, des luges ou des skis leur permettaient de s'adonner aux joies des sports d'hiver. Ainsi, nous sommes arrivés au 25 décembre, jour de Noël 1943. La salle avait été magnifiquement décorée par une section du régiment de Kilh, avec des guirlandes de sapins et de buis. Un sapin avait été dressé au mieux de la pièce et des boules en bois peintes le garnissait. En bas à la cuisine, Kupferschmied avait préparé un repas somptueux avec entrée et dessert. De nombreuses bouteilles de vin avaient été disposées sur les tables décorées avec des couronnes de dar surmontées de bougies. La fête allait être belle. Golgoth souhaitait alléger l'équipe, mais je m'y suis opposé, comme un pressentiment, c'était une soirée parfaite pour l'ennemi et je redoutais une incursion russe, même si ces derniers devaient, selon les dernières nouvelles se trouver à plus de 200 kilomètres de nous. Au contraire, j'impose à mon petit état-major une garde renforcée. Lorsque la deuxième équipe arrive, je suis un peu en soucis. Pas mal de soldats de la première tournée rejoignent leur poste alcoolisés. Vers 2300, alors que les premiers chants de Noël fusent, je rejoins mon bureau. Je le retrouve dans une température glaciale. La garde a oublié d'alimenter le feu et seules quelques braises rougeoyantes brillent dans la pénombre. J'allume les bougies et dépose quelques bûches dans l'âtre. Je souffle gentiment, jusqu'à ce que de petites flammes se mettent à lécher les belles bûches en hêtre. Le feu a repris, je m'approche de la fenêtre, à l'extérieur, la neige tombe de plus belle. Il y en a maintenant presque deux mètres de plus que lorsque nous sommes arrivés, il y a trois semaines. En bas, je vois les igloos construits par les hommes dans la journée, un sapin de Noël a été dressé à l'extérieur, quelques modestes guirlandes y ont été accrochées. Je suis triste, dans le froid de mon QG, je pense à ses nombreux soldats pleurant au souvenir de leur famille abandonnée en Allemagne. C'est Noël, mais le cœur n'y ait pas. Noël c'est une fête en famille, pas un événement à fêter en pleine guerre à des milliers de kilomètres de son foyer par un froid polaire. C'est pour cela que je n'ai rien dit quand j'ai vu certains soldats complètement saoul. Je sais que c'est dangereux, mais que peut-on y faire. Boire pour oublier, comment peut-on renoncer à boire si c'est juste pour oublier toutes les atrocités auxquelles nous assistons au quotidien depuis des années. J'ai envie de faire comme eux, je regarde les verres, la bouteille de Calva sur mon bureau, me saouler, puis marcher droit devant moi dans la steppe russe, me laisser envahir gentiment par le froid, tomber doucement dans la neige et me laisser partir pour un monde meilleur. Mais quelque chose me retient, je ne sais pas... si enfin, je le sais bien. C'est cette volonté terrible du survivre qui habite tout homme. Celle qui m'anime depuis que j'ai rejoins la 27ème Pzd, un bataillon disciplinaire où les chances de survie sont infimes. Et puis, j'ai l'impression d'être indispensable, j'ai promis à Haenig de ramener Tafner. Quelle connerie, comme si je pouvais intervenir sur le destin d'un camarade lorsqu'il est dans son char parfois à plusieurs centaines de mètres de mon tank. Pourtant cette promesse, c'est comme une bouée de sauvetage à laquelle je m'accroche pour ne pas me laisser sombrer. Qu'adviendra t'il si un jour Tafner se fait tuer? Mais bon il y a aussi, Volta et Julius, tiens, parlons en de ces deux là, ça fait un moment que je ne les ai plus vu. Ils vivent leur vie du côté du garage de tracteur depuis que nous sommes à Zhitomir. Il ont profité des ateliers pour effectuer une grosse révision à notre chasseur de chars. Je souris à la pensée de leur sacré tête de bois. Il me manque mes deux olibrius, j'irais leur rendre une petite visite tout à l'heure. Ils faisaient partie de la première équipe, ils doivent avoir rejoint leur garage et participe probablement aux tours de garde. Eux qui adorent jouer aux fantassins, ils doivent pester comme des beaux diables. Je m'approche de la table, si ce Noël 1943, ne serait pas tout simplement l'occasion d'écrire à mes parents. Je m'assieds, ouvre le tiroir à ma droite ou se trouvent des feuilles de papiers. Je prends mon crayon et j'écris. "Chère maman, cher papa, je me suis enfin décidé à vous donner de mes nouvelles...." et j'écris, j'écris, parfois, en évoquant un souvenir, les larmes remplissent mes yeux, je vide alors d'un coup mon verre de Calva, et de continue. "...Voilà en espérant que nous puissions nous revoir bientôt, votre fils qui vous aime". Je signe et je glisse la lettre dans une enveloppe que je mets dans la poche intérieure de ma vareuse de tankiste. Je finis la bouteille. il est tard dans la nuit à présent. ma montre indique deux heures du matin. Je suis fatigué, je m'approche de mon lit de camp que j'ai installé dans le QG, je dors là. Je regarde une dernière fois les flocons de neige qui dansent devant ma fenêtre. Au loin, un chant de beuverie est entonné. Je mets quelques bûches dans l'âtre, je souffle la dernière bougie et je m'endors sans attendre.
- Oberleutnant... Oberleutnant! Réveillez-vous!
Je quitte difficilement mon sommeil profond, On me secoue. Que se passe t'il? J'ouvre les yeux, j'ai mal à la tête, saloperie de Calvados j'en ai trop bu. Je regarde dans la pénombre l'homme qui m'interpelle. Il allume une bougie sur mon bureau, je le reconnais, c'est l'Unteroffizier Perheer, il fait partie de l'équipe de transmission, son équipe est de piquet à la radio cette nuit.
- Qu'est-ce qui se passe Perheer.
Il est essoufflé, probablement qu'il a couru.
- J'ai reçu un message d'urgence Oberleutnant...
Il me tend un papier.
"Signalons grosse offensive ennemie sur Kiev. Ville encerclée, demandons renforts pour une extraction par le sud, reprenez contact avec nous dès que possible".
C'est signé quartier général du bataillon 8. Le bataillon de Milow.
Je saute du lit. Tout en m'habillant, je donne les premiers ordres.
- Perheer, avisez immédiatement Willsdorff, Kilh et Golgoth, rendez-vous au local radio dans dix minutes. Hop exécution!
Pendant le préposé radio file dans la nuit réveiller les trois lentnant, je descends au rez-de-chaussée, dans le local radio, les hommes de piquet ont le visage grave. Tout en boutonnant ma vareuse, je m'adresse au préposé radio.
- Vous avez du nouveau?
- Négatif Oberleutnant, pas de message depuis celui que l'unteroffizier Perheer vous a remis.
- Bien, tentez d'appeler le QG de Milow.
De sa voix monocorde, le soldat demande l'indicatif du bataillon 8. Personne ne répond. Il me regarde indécis.
- Insistez bon sang.
Au même instant Kilh, Willsdorff et Golgoth font leur apparition dans le local. Ils écoutent attentivement le message d'appel. Golgoth est le premier à réagir.
- Merde... cette fois c'est parti. La nuit de Noël, bien vu les Russes...
Je m'adresse au chef de l'équipe de transmission.
- Perheer, vous continuez d'appeler.
Je me retourne vers les trois officiers.
- Vous, avec moi au QG.
Nous remontons rapidement dans le grand bureau. J'expose rapidement la situation.
- Nous partons pour Kiev le plus rapidement possible.
Je regarde ma montre, il est à peine passé quatre heures du matin. A l'extérieur, la tempête de neige à laisser place à un ciel étoilé, le thermomètres à la fenêtre indique moins 46°.
- Kihl, Willsdorff vous vous occuper d'alerter tous nos hommes qu'ils soient prêts à 0430 pour partir.
- Bien Messieurs, je vous laisse, je vais organiser le premier tournus du repas du soir.
Il regarde ça montre:
- Je leur accorde une heure... ça va comme ça Oberleutnant? La deuxième équipe mangera ainsi vers 2000.
Je lui fais un petit signe d'approbation. Kilh se lève à son tour.
- Bien j'y vais aussi, à toute à l'heure.
Les deux officiers quittent le quartier général. Milow me regarde l'air malicieux.
- Et bien si nous allions regarder à quoi ressemble cette cuisine Kowalski?
Nous quittons à notre tour la pièce, laissant seul le Feldwebel Archy qui commande la garde du quartier général.
Il faut voir Kupferschmied dans sa cuisine. Il virevolte d'une casserole à l'autre, secouant ici d'une main une poêle grande comme une roue de char remplies de rondelles de pomme de terre rissolant dans du beurre. Puis il file deux mètres plus loin et gueule sur un aide de cuisine:
- Karl, alors, ces oignons, c'est bientôt fini? Il vous faut quand même pas 20 minutes pour hacher 15 kg d'oignons mille milliards! Allez poussez-vous, allez vous occuper des haricots...
Il saisi le couteau de cuisine et rapide comme l'éclair coupe le solde d'oignons en moins d'une minutes. Il saisi la planche sur laquelle sont disposés plusieurs deux gros tas d'oignons hachés et de carottes coupées en dés. Il traverse la cuisine à grands pas s'approche de deux énormes marmites ou cuisent un odorant ragoût il déverse les carottes puis toujours à grands pas se rend vers celles du font où mijotent des haricots secs et y jette adroitement les oignons. Il regarde l'heure à sa montre gousset, écluse cul sec un verre de blanc au passage et nous aperçois enfin. Les ordres claques, les aides de cuisine se mettent au garde-à-vous devant leur poste de travail. Fritz se précipite vers nous pour annoncer son équipe réglementairement. Il a visage tout rouge en sueur. Milow le renvoie à ses fourneaux en souriant:
- C'est bon Kupferschmied, c'est bon, donnez le repos à vos hommes avant que tout votre travail ne s'en aille en fumée. Dites-moi, ça a l'air rudement bon ce que vous préparez là?
Notre chef de cuisine est mal à l'aise, je lui fais un signe de la tête qu'il n'a rien à craindre. Il se détend et après quelques minutes il discute avec Milow et Gerber comme s'il était un grand chef de cuisine indiquant à ses invités son activité.
Lorsque nous quittons la cuisine Milow murmure:
- Et dire que Steinmetz voulait l'écraser sous les chenilles de son Tigre...
Ainsi, il avait bien assisté discrètement à la délicate discussion avec Koller.
Lorsque la première volée de soldats arrive dans la grande cantine, ils regardent avec des yeux étonnés les services sur les tables. Ils se précipitent pour prendre place dans un joyeux brouhaha. Les remontes plats fonctionnent à pleine vitesse et les premiers plats apparaissent sous les hourras.
Nous passerons ainsi, depuis fort longtemps à une soirée magnifique. Milow pris la parole en leur indiquant la raison de leur présence à Zhitomir. Il leur rappela toutefois que la guerre continuait et qu'il faillait qu'ils restent vigilant.
Milow et Gerber nous ont quitté le lendemain après une dernière poignée de main.
Les journées s'annonçaient belles à Zhitomir. Malgré la neige, les gars qui n'étaient pas de corvées de garde où de bois, car il fallait bien reconstituer la réserve de la cuisine, passaient leur temps à jouer aux cartes ou à des jeux d'hiver, des luges ou des skis leur permettaient de s'adonner aux joies des sports d'hiver. Ainsi, nous sommes arrivés au 25 décembre, jour de Noël 1943. La salle avait été magnifiquement décorée par une section du régiment de Kilh, avec des guirlandes de sapins et de buis. Un sapin avait été dressé au mieux de la pièce et des boules en bois peintes le garnissait. En bas à la cuisine, Kupferschmied avait préparé un repas somptueux avec entrée et dessert. De nombreuses bouteilles de vin avaient été disposées sur les tables décorées avec des couronnes de dar surmontées de bougies. La fête allait être belle. Golgoth souhaitait alléger l'équipe, mais je m'y suis opposé, comme un pressentiment, c'était une soirée parfaite pour l'ennemi et je redoutais une incursion russe, même si ces derniers devaient, selon les dernières nouvelles se trouver à plus de 200 kilomètres de nous. Au contraire, j'impose à mon petit état-major une garde renforcée. Lorsque la deuxième équipe arrive, je suis un peu en soucis. Pas mal de soldats de la première tournée rejoignent leur poste alcoolisés. Vers 2300, alors que les premiers chants de Noël fusent, je rejoins mon bureau. Je le retrouve dans une température glaciale. La garde a oublié d'alimenter le feu et seules quelques braises rougeoyantes brillent dans la pénombre. J'allume les bougies et dépose quelques bûches dans l'âtre. Je souffle gentiment, jusqu'à ce que de petites flammes se mettent à lécher les belles bûches en hêtre. Le feu a repris, je m'approche de la fenêtre, à l'extérieur, la neige tombe de plus belle. Il y en a maintenant presque deux mètres de plus que lorsque nous sommes arrivés, il y a trois semaines. En bas, je vois les igloos construits par les hommes dans la journée, un sapin de Noël a été dressé à l'extérieur, quelques modestes guirlandes y ont été accrochées. Je suis triste, dans le froid de mon QG, je pense à ses nombreux soldats pleurant au souvenir de leur famille abandonnée en Allemagne. C'est Noël, mais le cœur n'y ait pas. Noël c'est une fête en famille, pas un événement à fêter en pleine guerre à des milliers de kilomètres de son foyer par un froid polaire. C'est pour cela que je n'ai rien dit quand j'ai vu certains soldats complètement saoul. Je sais que c'est dangereux, mais que peut-on y faire. Boire pour oublier, comment peut-on renoncer à boire si c'est juste pour oublier toutes les atrocités auxquelles nous assistons au quotidien depuis des années. J'ai envie de faire comme eux, je regarde les verres, la bouteille de Calva sur mon bureau, me saouler, puis marcher droit devant moi dans la steppe russe, me laisser envahir gentiment par le froid, tomber doucement dans la neige et me laisser partir pour un monde meilleur. Mais quelque chose me retient, je ne sais pas... si enfin, je le sais bien. C'est cette volonté terrible du survivre qui habite tout homme. Celle qui m'anime depuis que j'ai rejoins la 27ème Pzd, un bataillon disciplinaire où les chances de survie sont infimes. Et puis, j'ai l'impression d'être indispensable, j'ai promis à Haenig de ramener Tafner. Quelle connerie, comme si je pouvais intervenir sur le destin d'un camarade lorsqu'il est dans son char parfois à plusieurs centaines de mètres de mon tank. Pourtant cette promesse, c'est comme une bouée de sauvetage à laquelle je m'accroche pour ne pas me laisser sombrer. Qu'adviendra t'il si un jour Tafner se fait tuer? Mais bon il y a aussi, Volta et Julius, tiens, parlons en de ces deux là, ça fait un moment que je ne les ai plus vu. Ils vivent leur vie du côté du garage de tracteur depuis que nous sommes à Zhitomir. Il ont profité des ateliers pour effectuer une grosse révision à notre chasseur de chars. Je souris à la pensée de leur sacré tête de bois. Il me manque mes deux olibrius, j'irais leur rendre une petite visite tout à l'heure. Ils faisaient partie de la première équipe, ils doivent avoir rejoint leur garage et participe probablement aux tours de garde. Eux qui adorent jouer aux fantassins, ils doivent pester comme des beaux diables. Je m'approche de la table, si ce Noël 1943, ne serait pas tout simplement l'occasion d'écrire à mes parents. Je m'assieds, ouvre le tiroir à ma droite ou se trouvent des feuilles de papiers. Je prends mon crayon et j'écris. "Chère maman, cher papa, je me suis enfin décidé à vous donner de mes nouvelles...." et j'écris, j'écris, parfois, en évoquant un souvenir, les larmes remplissent mes yeux, je vide alors d'un coup mon verre de Calva, et de continue. "...Voilà en espérant que nous puissions nous revoir bientôt, votre fils qui vous aime". Je signe et je glisse la lettre dans une enveloppe que je mets dans la poche intérieure de ma vareuse de tankiste. Je finis la bouteille. il est tard dans la nuit à présent. ma montre indique deux heures du matin. Je suis fatigué, je m'approche de mon lit de camp que j'ai installé dans le QG, je dors là. Je regarde une dernière fois les flocons de neige qui dansent devant ma fenêtre. Au loin, un chant de beuverie est entonné. Je mets quelques bûches dans l'âtre, je souffle la dernière bougie et je m'endors sans attendre.
- Oberleutnant... Oberleutnant! Réveillez-vous!
Je quitte difficilement mon sommeil profond, On me secoue. Que se passe t'il? J'ouvre les yeux, j'ai mal à la tête, saloperie de Calvados j'en ai trop bu. Je regarde dans la pénombre l'homme qui m'interpelle. Il allume une bougie sur mon bureau, je le reconnais, c'est l'Unteroffizier Perheer, il fait partie de l'équipe de transmission, son équipe est de piquet à la radio cette nuit.
- Qu'est-ce qui se passe Perheer.
Il est essoufflé, probablement qu'il a couru.
- J'ai reçu un message d'urgence Oberleutnant...
Il me tend un papier.
"Signalons grosse offensive ennemie sur Kiev. Ville encerclée, demandons renforts pour une extraction par le sud, reprenez contact avec nous dès que possible".
C'est signé quartier général du bataillon 8. Le bataillon de Milow.
Je saute du lit. Tout en m'habillant, je donne les premiers ordres.
- Perheer, avisez immédiatement Willsdorff, Kilh et Golgoth, rendez-vous au local radio dans dix minutes. Hop exécution!
Pendant le préposé radio file dans la nuit réveiller les trois lentnant, je descends au rez-de-chaussée, dans le local radio, les hommes de piquet ont le visage grave. Tout en boutonnant ma vareuse, je m'adresse au préposé radio.
- Vous avez du nouveau?
- Négatif Oberleutnant, pas de message depuis celui que l'unteroffizier Perheer vous a remis.
- Bien, tentez d'appeler le QG de Milow.
De sa voix monocorde, le soldat demande l'indicatif du bataillon 8. Personne ne répond. Il me regarde indécis.
- Insistez bon sang.
Au même instant Kilh, Willsdorff et Golgoth font leur apparition dans le local. Ils écoutent attentivement le message d'appel. Golgoth est le premier à réagir.
- Merde... cette fois c'est parti. La nuit de Noël, bien vu les Russes...
Je m'adresse au chef de l'équipe de transmission.
- Perheer, vous continuez d'appeler.
Je me retourne vers les trois officiers.
- Vous, avec moi au QG.
Nous remontons rapidement dans le grand bureau. J'expose rapidement la situation.
- Nous partons pour Kiev le plus rapidement possible.
Je regarde ma montre, il est à peine passé quatre heures du matin. A l'extérieur, la tempête de neige à laisser place à un ciel étoilé, le thermomètres à la fenêtre indique moins 46°.
- Kihl, Willsdorff vous vous occuper d'alerter tous nos hommes qu'ils soient prêts à 0430 pour partir.
Dernière édition par le Mar 16 Oct 2007 - 0:28, édité 1 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Rendez-vous devant le perron de l'hôtel de ville. On ne prend que l'essentiel. Will tu t'occupes des équipages de Golgoth. Golgoth tu t'occupes de la logistique avec Fritz. On embarque le maximum de nourriture dans la cantinière de Kupferschmied.
Cinq secondes plus tard, je suis seul dans la grande pièce. Je brûlais dans la cheminée le peu de documents compromettants que nous avions remplis pendant notre séjour à Zhitomir. Je rangeais mes affaires personnelles et après avoir éteint le feu dans la cheminée, je filais au local radio. Perheer me regarde avec haussement d'épaules.
- Aucun contact avec le QG de Kiev Oberleutnant!
- Un homme reste à la radio! Les autres préparez votre barda, on décolle d'ici dans 20 minutes! Si vous avez du nouveau, vous m'appelez, sinon, je reviendrais ici avant de partir.
Je mets ma lourde capote de laine et je sors de l'hôtel de ville. Les ordres claquent dans la nuit. Des moteurs se mettent en route. Deux Opel Blitz sont déjà stationnés le long de la place avec un canon antichars attelés à l'arrière. Un peu plus loin, Fritz gueule avec ses gars qui chargent la cantinière. Et puis, enfin, un bruit que je reconnaîtrais entre tous, celui d'un Stug. Celui de mon Stug. Dans un grondement de tonnerre, Volta mène le tank le long de la place. Il est si bas, que je ne peux suivre son évolution que grâce à son antenne qui dépasse d'un bon mètre et demi la carcasse d'acier cachée par le mur qui borde le grand parc. Le char s'immobilise enfin dans un nuage de neige poudreuse devant moi. La trappe s'ouvre sur Julius.
- Bienvenue à bord Monseigneur! Votre place est toute chaude.
Je lui jette mon barda.
- Déposes ça à la place habituelle. Je retourne à la radio...
Je pique un sprint jusqu'au local radio, mais l'opérateur est toujours sans nouvelle de Kiev.
- Bien tant pis, Perheer, faites démonter votre matériel au plus vite et rejoignez-nous devant le bâtiment.
A 0430, tous les hommes sont là, les Kfz et le chars attendent moteur au ralenti l'ordre de départ. La lune qui est dans son dernier quartier éclaire bien la place. Parfait pour avancer. Je m'installe dans le tank et après m'être assuré que tout le monde est bien là. Je donne l'ordre de départ.
Le Stug fraîchement révisé tressaute à la mise des gaz, les chenilles patinent quelque peu sur le sol verglacé et nous partons.
Lentement nous traversons les rues silencieuses de Zhitomir. A lueur blafarde de la lune, j'aperçois une femme qui nous hurle dessus en nous montrant son poing. je fais mine de l'ignorer. Elle court le long de la colonne en continuant de nous injurier. Elle dit des choses avec le mot fasciste qui ressort plusieurs fois. Quelque part loin derrière moi, un coup de feu claque dans la nuit et la vieille s'effondre. Je n'ai pas le temps de m'apitoyer. Nous sortons enfin de la ville. Devant nous, vers le Nord-Est, s'étend l'immense plateau russe, la lune éclaire ce paysage lunaire de sa lumière bleue violette. Un froid épouvantable nous prend à la gorge. J'ai remonté mon écharpe sur le nez. Alors que péniblement, la colonne évolue sur ce terrain instable, notre Stug semble faire preuve d'une étonnante agilité et régulièrement je dois demander à Volta de ralentir pour attendre les autres véhicules de la colonne.
- Bon sang Volta, ralenti un peu, tu sèmes tout le monde. Qu'est-ce que tu a donné à bouffer à notre tank, de l'essence aviation?
En dessous de moi, j'entends mes deux camarades rigoler. Volta prend la parole:
- Alors que penses-tu de notre petite modification? Sympa hein?
Je me doutais bien qu'ils avaient bricolé quelque chose, la vitesse et l'agilité de notre Stug par rapport aux autres Panzer est stupéfiante. Volta poursuit:
- On adapté des chenilles de T34, ça nous a filé un sacré boulot car les dents des roues de traction n'étaient pas disposées la même chose, alors on a monté des roues de tank ruskof. C'est la classe ces chenilles! Plus fines et surtout plus larges, elles sont plus légère et se comportent bien mieux que les nôtres sur la neige.
Voilà donc le secret de se regain de santé de notre vieux char.
Nous poursuivons ainsi cahin-caha notre route en direction Est. Vers 0630, les premiers rayons de soleil brillent à l'horizon. Il fait - 52 maintenant. Le dessus du Stug est couvert de neige poudreuse qui gèle au fur et à mesure qu'elle se dépose. Les outils et la MG ne forment plus qu'un magma de glace. Seule le capot moteur le gros pot d'échappement sont restés propres. Je profite d'ailleurs de la proximité du moteur pour y poser mes mains protégées pas de gros moufles piqués aux Russes. Ma capote en laine est couverte de givre, malgré la grosse écharpe qui me couvre le visage j'ai le visage gelé. C'est épouvantable. Enfin le jour se lève. Alors que le thermomètre passe à moins 30, nous poursuivons notre route ainsi sans le moindre arrêt jusque vers midi. Au loin il y a une colline, j'informe Volta que nous nous y immobiliserons pour faire une pause et tenter un nouveau contact avec le QG de Kiev. Quelques minutes plus tard nous sommes tous immobilisés à cet endroit. Comme un robot, les jambes partiellement paralysées par le froid et l'immobilité de rejoins Willsdorff, Golgoth et Kilh. Perheer et ses hommes mettent péniblement en route la génératrice qui alimente la grosse station radio. Une antenne est élevée. Pendant qu'ils s'installent, je fais le point avec mon état-major. Kilh m'informe qu'il a trois gars qui ont des membres gelés et qu'il faudra les amputer rapidement si on ne veut pas qu'ils contractent la gangrène. Golgoth me déclare que de nombreux membres de ses équipages souffrent de diverses brûlures dues au froid et la plupart sont malades. Même topo pour Willsdorff. Je me rends compte que si nous continuons comme ça dans ce froid intense, la moitié de l'unité sera hors de combat bien avant d'arriver à Kiev. Il nous faut pourtant aller à Kiev pour tenter de sortir Milow de l'étreinte soviétique. Je file vers la station radio. Perheer a pu contacter l'unité basée à Berditchev environ 100 kilomètres à l'Ouest de Zhitomir, mais point de réponse de Kiev pourtant maintenant plus près. A Berditchev on n'est pas au courant des événements de Kiev. J'hésite, que faire? Poursuivre coûte que coûte avec les pertes en conséquence où m'arrêter. Je regarde mes trois officiers. Kilh n'a pas l'air en forme. il est pâle et Willsdorff non plus n'est pas bien. De toute façon, à quoi bon foncer sur Kiev, si effectivement les communistes y ont entamé une puissante offensive, ils l'ont fait avec des milliers d'hommes et de chars. Que pourrais-je bien faire avec mes 300 zombies à moitié gelés et malades. Je parcours avec mes jumelles la plaine qui s'étend devant moi. Devant nous à environ 1 demi-heure de route environ, il y a un bois. Je m'approche des trois Leutnant.
- Bon les gars, vous voyez cette forêt là bas. On va s'y établir et monter un camp retranché. Si dans 24 heures nous sommes toujours sans nouvelles de Kiev et bien nous rebrousserons chemin vers Zhitomir.
Willsdorff qui claque des dents m'interpelle:
- Et ensuite... que ferons nous, où irons nous?
Je n'ai pas envie de penser à cela maintenant.
- je n'en sais rien mon vieux, je n'en sais rien. Pour le moment rejoignons au plus vite ce coin que l'on puisse se réchauffer, se nourrir et soigner les blessés.
Cinq secondes plus tard, je suis seul dans la grande pièce. Je brûlais dans la cheminée le peu de documents compromettants que nous avions remplis pendant notre séjour à Zhitomir. Je rangeais mes affaires personnelles et après avoir éteint le feu dans la cheminée, je filais au local radio. Perheer me regarde avec haussement d'épaules.
- Aucun contact avec le QG de Kiev Oberleutnant!
- Un homme reste à la radio! Les autres préparez votre barda, on décolle d'ici dans 20 minutes! Si vous avez du nouveau, vous m'appelez, sinon, je reviendrais ici avant de partir.
Je mets ma lourde capote de laine et je sors de l'hôtel de ville. Les ordres claquent dans la nuit. Des moteurs se mettent en route. Deux Opel Blitz sont déjà stationnés le long de la place avec un canon antichars attelés à l'arrière. Un peu plus loin, Fritz gueule avec ses gars qui chargent la cantinière. Et puis, enfin, un bruit que je reconnaîtrais entre tous, celui d'un Stug. Celui de mon Stug. Dans un grondement de tonnerre, Volta mène le tank le long de la place. Il est si bas, que je ne peux suivre son évolution que grâce à son antenne qui dépasse d'un bon mètre et demi la carcasse d'acier cachée par le mur qui borde le grand parc. Le char s'immobilise enfin dans un nuage de neige poudreuse devant moi. La trappe s'ouvre sur Julius.
- Bienvenue à bord Monseigneur! Votre place est toute chaude.
Je lui jette mon barda.
- Déposes ça à la place habituelle. Je retourne à la radio...
Je pique un sprint jusqu'au local radio, mais l'opérateur est toujours sans nouvelle de Kiev.
- Bien tant pis, Perheer, faites démonter votre matériel au plus vite et rejoignez-nous devant le bâtiment.
A 0430, tous les hommes sont là, les Kfz et le chars attendent moteur au ralenti l'ordre de départ. La lune qui est dans son dernier quartier éclaire bien la place. Parfait pour avancer. Je m'installe dans le tank et après m'être assuré que tout le monde est bien là. Je donne l'ordre de départ.
Le Stug fraîchement révisé tressaute à la mise des gaz, les chenilles patinent quelque peu sur le sol verglacé et nous partons.
Lentement nous traversons les rues silencieuses de Zhitomir. A lueur blafarde de la lune, j'aperçois une femme qui nous hurle dessus en nous montrant son poing. je fais mine de l'ignorer. Elle court le long de la colonne en continuant de nous injurier. Elle dit des choses avec le mot fasciste qui ressort plusieurs fois. Quelque part loin derrière moi, un coup de feu claque dans la nuit et la vieille s'effondre. Je n'ai pas le temps de m'apitoyer. Nous sortons enfin de la ville. Devant nous, vers le Nord-Est, s'étend l'immense plateau russe, la lune éclaire ce paysage lunaire de sa lumière bleue violette. Un froid épouvantable nous prend à la gorge. J'ai remonté mon écharpe sur le nez. Alors que péniblement, la colonne évolue sur ce terrain instable, notre Stug semble faire preuve d'une étonnante agilité et régulièrement je dois demander à Volta de ralentir pour attendre les autres véhicules de la colonne.
- Bon sang Volta, ralenti un peu, tu sèmes tout le monde. Qu'est-ce que tu a donné à bouffer à notre tank, de l'essence aviation?
En dessous de moi, j'entends mes deux camarades rigoler. Volta prend la parole:
- Alors que penses-tu de notre petite modification? Sympa hein?
Je me doutais bien qu'ils avaient bricolé quelque chose, la vitesse et l'agilité de notre Stug par rapport aux autres Panzer est stupéfiante. Volta poursuit:
- On adapté des chenilles de T34, ça nous a filé un sacré boulot car les dents des roues de traction n'étaient pas disposées la même chose, alors on a monté des roues de tank ruskof. C'est la classe ces chenilles! Plus fines et surtout plus larges, elles sont plus légère et se comportent bien mieux que les nôtres sur la neige.
Voilà donc le secret de se regain de santé de notre vieux char.
Nous poursuivons ainsi cahin-caha notre route en direction Est. Vers 0630, les premiers rayons de soleil brillent à l'horizon. Il fait - 52 maintenant. Le dessus du Stug est couvert de neige poudreuse qui gèle au fur et à mesure qu'elle se dépose. Les outils et la MG ne forment plus qu'un magma de glace. Seule le capot moteur le gros pot d'échappement sont restés propres. Je profite d'ailleurs de la proximité du moteur pour y poser mes mains protégées pas de gros moufles piqués aux Russes. Ma capote en laine est couverte de givre, malgré la grosse écharpe qui me couvre le visage j'ai le visage gelé. C'est épouvantable. Enfin le jour se lève. Alors que le thermomètre passe à moins 30, nous poursuivons notre route ainsi sans le moindre arrêt jusque vers midi. Au loin il y a une colline, j'informe Volta que nous nous y immobiliserons pour faire une pause et tenter un nouveau contact avec le QG de Kiev. Quelques minutes plus tard nous sommes tous immobilisés à cet endroit. Comme un robot, les jambes partiellement paralysées par le froid et l'immobilité de rejoins Willsdorff, Golgoth et Kilh. Perheer et ses hommes mettent péniblement en route la génératrice qui alimente la grosse station radio. Une antenne est élevée. Pendant qu'ils s'installent, je fais le point avec mon état-major. Kilh m'informe qu'il a trois gars qui ont des membres gelés et qu'il faudra les amputer rapidement si on ne veut pas qu'ils contractent la gangrène. Golgoth me déclare que de nombreux membres de ses équipages souffrent de diverses brûlures dues au froid et la plupart sont malades. Même topo pour Willsdorff. Je me rends compte que si nous continuons comme ça dans ce froid intense, la moitié de l'unité sera hors de combat bien avant d'arriver à Kiev. Il nous faut pourtant aller à Kiev pour tenter de sortir Milow de l'étreinte soviétique. Je file vers la station radio. Perheer a pu contacter l'unité basée à Berditchev environ 100 kilomètres à l'Ouest de Zhitomir, mais point de réponse de Kiev pourtant maintenant plus près. A Berditchev on n'est pas au courant des événements de Kiev. J'hésite, que faire? Poursuivre coûte que coûte avec les pertes en conséquence où m'arrêter. Je regarde mes trois officiers. Kilh n'a pas l'air en forme. il est pâle et Willsdorff non plus n'est pas bien. De toute façon, à quoi bon foncer sur Kiev, si effectivement les communistes y ont entamé une puissante offensive, ils l'ont fait avec des milliers d'hommes et de chars. Que pourrais-je bien faire avec mes 300 zombies à moitié gelés et malades. Je parcours avec mes jumelles la plaine qui s'étend devant moi. Devant nous à environ 1 demi-heure de route environ, il y a un bois. Je m'approche des trois Leutnant.
- Bon les gars, vous voyez cette forêt là bas. On va s'y établir et monter un camp retranché. Si dans 24 heures nous sommes toujours sans nouvelles de Kiev et bien nous rebrousserons chemin vers Zhitomir.
Willsdorff qui claque des dents m'interpelle:
- Et ensuite... que ferons nous, où irons nous?
Je n'ai pas envie de penser à cela maintenant.
- je n'en sais rien mon vieux, je n'en sais rien. Pour le moment rejoignons au plus vite ce coin que l'on puisse se réchauffer, se nourrir et soigner les blessés.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
- Vous là! L'officier des panzers! Oui vous!
Je mets quelques secondes à réaliser que c'est de moi qu'il parle. Je redresse la tête incrédule. Un jeune soldat qui est assis à côté de moi me donne un discret coup de coude.
- Hep... Oberleutnant... c'est pour vous je crois.
Je regarde l'homme qui est en face de moi, il me fait signe de le suivre. Je me lève et quitte ma couchette. Il mâche un chewing gum et déambule tranquillement entre les soldats qui sont assis à même le sol. Je le suis sans un mot. Quelques camarades me font un petit signe d'encouragement. Nous sortons de l'enceinte pour nous rendre vers ce qui semble être un complexe administratif. Il fait chaud et chacun de nos pas lève de la poussière. Nous nous dirigeons vers une cabane en bois. Deux soldats montent la garde de part et d'autre de la porte. On me fait entrer dans un bureau. Le gars qui est venu me chercher me fait signe de m'asseoir devant un bureau. Quelques secondes plus tard, un officier entre. Il me tends la main et dans un Allemand parfait se présente.
- Bonjour, je suis le Wing Commander Harry Flower. Prenez place oberleutnant.
Il poursuit:
- Je suis officier dans la RAF et depuis quelques semaines, j'ai été détaché dans ce camp de prisonniers afin d'auditionner les officiers en priorité. Je sais que mon affectation dans l'aviation peut paraître surprenante pour effectuer ce travail, mais vu que je parle l'Allemand, on m'a désigné à ce poste.
Il sors une grande boîte en acajou et y prend une cigarette américaine. Il me tend la boîte:
- Cigarette?
J'hésite, puis j'en prends une. C'est une blonde, rien à voir avec les horribles cigarettes piquées aux Russes. Celles là sentent bon le miel.
- Prenez-en encore deux, vous aurez l'occasion de les fumer car nous allons avoir pas mal de temps à passer ensemble.
Il poursuit:
- Le but de cette audition, est de déterminer quel a été exactement votre rôle pendant la guerre. Je vous informe immédiatement que même si vos chefs ont pas mal détruit d'archives, ils en restent néanmoins suffisamment pour établir le pedigree de la plupart des officiers allemands encore vivants.
Il se lève et se dirige vers une fenêtre.
- Venez un peu par ici oberleutnant.
Je le rejoins.
- Vous voyez là bas cette cabane?
Bien sûr que je la vois. Devant le perron il y a deux soldats russes facilement reconnaissables à leurs parements rouge et leurs bonnets typiques. Ils portent tous deux une PPSH en travers de leur poitrine. Flower poursuit:
- Vous savez qui occupe ce bureau?
Je réponds:
- Naturellement que je le sais, il s'agit de soldats soviétiques.
Flower envoie un bouffée de fumée vers le plafond.
- Vous avez tout juste oberleutnant. A l'intérieur il y a deux commissaires du NKVD. Deux émissaires envoyés par l'Etat-Major général des forces communistes. Ils sont là pour récupérer un maximum de prisonniers allemands ayant combattu sur le front Est.
Je frémis.
- Les Russes veulent juger et punir tous les soldats allemands qui les ont combattu. Qu'en pensez-vous oberleutnant?
Je ricane:
- Avez-vous la moindre idée de ce qu'est le NKVD monsieur l'officier de la RAF?
Je retourne m'assoire sans l'attendre. Je fume rageusement. Il ne répond pas et m'observe intéressé. Je continue en fixant le mur.
- Le NKVD est l'équivalent de ce qu'étaient les SS chez nous. Des types dotés d'une imagination hors du commun pour trouver des sévices de toutes sortes à faire subir aux gars qui passent entre leurs mains.
Je me retourne vers lui et le fixe dans les yeux:
- Leur tribunaux aux Russes ça ne vaudra que pouic. Ils exécuteront sans discuter tous les soldats qui seront jugés chez eux. Les plus chanceux auront droit au peloton d'exécution, les autres à quelques tortures raffinées avant d'être décapité ou de ce voir planter dans la nuque une douille vide d'un élégant coup de crosse.
Je rigole nerveusement. Pauvre con d'Anglais, mais qu'est-ce qu'il connaît de la guerre, lui le bellâtre, pilote de Spitfire a faire le tendeur dans son bel uniforme bardé de médailles. Il revient s'asseoir.
- Détrompez-vous oberleutnant, nous sommes au courant de bien des choses, bien plus que vous ne le pensez. Voyez-vous, nous avons une vision un peu différente que nos alliés soviétiques. Nous pensons qu'il est temps que l'Allemagne se relève de ses ruines... oh, il y a bien quelques précautions à prendre avec vous, incorrigibles Allemands, mais nous ne voulons pas vous garder indéfiniment dans des camps, hors, il faudra bien vous libérer un jour, simplement, nous aimerions nous assurer définitivement que vous préférerez empoigner le manche d'une pelle ou d'une pioche plus que la crosse d'un fusil ou d'une mitraillette.
Je m'emporte:
- Mais bon sang qu'attendez-vous alors? Avez-vous vu les types qui sont entassés là dehors. Je vous défie d'en trouver un seul qui ait envie de retourner là d'où nous venons, pas un seul vous m'entendez, pas un seul. Tout ce que nous voulons c'est rentrer dans nos foyers... ou de ce qu'il en reste.
Le regard de l'officier anglais se durcit:
- Allons donc oberleutnant ne soyez pas si naïf et ne me prenez pas pour un idiot, vous savez comme moi que parmi les prisonniers qui sont dans ce camp il y a encore quelques irréductibles fanatiques déjà nostalgiques d'un passé pourtant très proche.
Il a raison le Wing Commander. Mais je n'ai plus envie de parler de cela.
- Commençons mon interrogatoire qu'en on finisse Mister Flower...
Il soupire et presse une sonnette sur son bureau. un intendant entre et s'installe devant une machine à écrire. L'officier anglais commence:
- Nom?
- Kowalski.
- Prénom?
- Heinrich.
- Vous avez un deuxième prénom?
- Oui, Hans... c'est le prénom de mon père.
- Grade?
- Oberleutnant dans une division de panzer.
Il sort d'une enveloppe et extirpe mes médailles et rubans qu'il renverse sur le bureau
- Ce sont vos décorations?
- Oui.
- Pouvez-vous m'en dire plus à leur sujet?
Je soupire, des souvenirs parfois pénibles sont liés à certaines d'entre-elles.
- La Croix de Fer 2ème classe, je l'ai eue en juin 40 après la reddition de la France. La Croix de Fer 1ère classe, je l'ai obtenue en novembre 1941, juste après la première bataille de Kharkov la Croix allemande je l'ai eu après le siège de Zhitomir durant l'hiver 43-44 et la Croix de Chevalier lors de la percée de la poche de Korsoun. Les rubans correspondent aux décorations et étaient portées en lieu et place des médailles au combat.
Je regarde pensivement les quatre décorations. Ces morceaux de métal tellement insignifiants aujourd'hui. Et dire que des soldats sont morts pour avoir tenté de les obtenir.
Flower poursuit:
- Combien avez-vous détruit de blindés?
Je rigole:
- Combien??? Mais je n'en sais rien, plus de cents sans doute et je ne compte pas les tranports chenillés, les véhicules légers, les canons autoporteurs ou les pièces d'artillerie antichars.
- Avez-vous une idée du nombre de soldats alliés que vous avez tués?
- Non je n'en sais rien, des centaines sans doute aussi.
- Des Américains, des Britanniques?
- Je crois ne pas avoir tué d'Américains, des Anglais et des Français pendant la bataille de France, puis des Soviétiques, que des Soviétiques, des petits, des grands, des gros, des avec des médailles, des avec des moustaches et même des avec des fusils, si si j'vous jure, avec des fusils vous vous rendez-compte ce que c'était dangereux. Mais sacré bon sang Flower, que croyez-vous donc que j'ai fait pendant trois ans en Union Soviétique? Un pique nique, un bal dansant?
L'officier britannique est exaspéré par le ton cynique de ma réponse.
- Tenez en vous à l'essentiel Kowalski et je vous prierais de vous abstenir de faire des commentaires. Avez-vous fait partie de la SS Waffen ou du parti national socialiste?
- Non, bien sûr que non. Si j'avais été dans les SS, mon uniforme en porterait les insignes.
Il répond sèchement.
- Un uniforme ça se change Kowalski.
Je rigole, mais qu'est ce qu'il est con cet anglish.
- On voit bien que vous ne connaissez pas les SS, Wing Commander, ils sont tellement fiers de leurs parements qu'ils préféreraient mille fois mourir dedans que de l'échanger contre celui d'un vulgaire soldat de la Heer.
Flower n'apprécie visiblement pas mon ton ironique.
- Encore une fois vous faites preuve d'un naïveté déconcertante Kowalski. Retirez votre veste, votre chemise et levez vos bras. Vous n'avez pas intérêts d'avoir votre groupe sanguin tatoué, si c'est le cas, je vous informe que je vous envoie directement rejoindre nos collègues du NKVD c'est clair?
- Parfaitement clair, mais je ne risque rien, je n'ai aucun tatouage.
Je me déshabille et lève mes bras.
Après avoir méticuleusement vérifié si je ne m'étais pas mutilé pour effacer un éventuel tatouage, il m'ordonne de m'habiller. Une fois ma vareuse revêtue, il saisit une règle et m'indique avec celle-ci, la fameuse bande noire à tête de mort qui orne ma manche droite.
- Et ça Kowalski, ça correspond à quel Sonderkommando?
Je commence de comprendre son acharnement. Je souffle un coup.
- Détendez-vous monsieur l'officier anglais. Ca n'a absolument rien à voir avec la SS Waffen, bien au contraire. Il s'agit d'une marque destinée aux bataillons disciplinaires. La 27ème division de Panzer comptait parmi ses unités, la 5ème compagnie dont je faisais partie. D'ailleurs si vous regarder mon insigne de vareuse, il est démuni de l'aigle. Nous n'avions pas le droit de le porter non plus.
Pendant que je parle, apparaît un soldat d'intendance. Il porte sous le bras un petit dossier cartonné qu'il remet à mon interlocuteur. Pendant qu'il le consulte attentivement, je m'allume une nouvelle cigarette. Il reprend:
- Bien, bien oberleutnant Kowalski, on dirait que votre déclaration tient la route. Vous êtes bien né le 21 décembre 1922 à Oberzarten au pied du Feldberg en Forêt Noire?
Je suis un peu surpris qu'il ait trouvé une telle information, je me redresse sur ma chaise:
- heu... oui, c'est bien cela...
- Votre père s'appelle Hans Kowalski et votre maman Martina Bachman. Vous êtes l'aîné d'une famille de quatre enfants, deux frères, Franz et Klaus et une sœur prénommée Verena.
Je murmure.
- Oui, c'est juste. mais où avez-vous pu trouver aussi rapidement des informations si précises à mon sujet???
Sans répondre à ma question, Flower poursuit:
- Vous êtes entrés dans les jeunesses hitlériennes en janvier 1939. Quelques mois plus tard, bien noté par vos instructeurs, vous avez rejoint l'école d'officiers de chars à Schleswig. En mai 1940, vous avez terminé votre formation et vous avez intégré le 25ème régiment de Panzers, sous le commandement du colonel Rothenburg directement commandée par le Général Rommel. Vous avez été envoyée d'abord à Sarrebruck puis, lors de l'invasion de la France, dans le secteur de la Meuse où vous avez détruit votre premier char à Grange, un Somua français. Vous avez ensuite bénéficié d'une assez longue période de repos avant de rejoindre la Pologne et participé à l'opération Barbarossa dès le 22 juin de la même année.
Je mets quelques secondes à réaliser que c'est de moi qu'il parle. Je redresse la tête incrédule. Un jeune soldat qui est assis à côté de moi me donne un discret coup de coude.
- Hep... Oberleutnant... c'est pour vous je crois.
Je regarde l'homme qui est en face de moi, il me fait signe de le suivre. Je me lève et quitte ma couchette. Il mâche un chewing gum et déambule tranquillement entre les soldats qui sont assis à même le sol. Je le suis sans un mot. Quelques camarades me font un petit signe d'encouragement. Nous sortons de l'enceinte pour nous rendre vers ce qui semble être un complexe administratif. Il fait chaud et chacun de nos pas lève de la poussière. Nous nous dirigeons vers une cabane en bois. Deux soldats montent la garde de part et d'autre de la porte. On me fait entrer dans un bureau. Le gars qui est venu me chercher me fait signe de m'asseoir devant un bureau. Quelques secondes plus tard, un officier entre. Il me tends la main et dans un Allemand parfait se présente.
- Bonjour, je suis le Wing Commander Harry Flower. Prenez place oberleutnant.
Il poursuit:
- Je suis officier dans la RAF et depuis quelques semaines, j'ai été détaché dans ce camp de prisonniers afin d'auditionner les officiers en priorité. Je sais que mon affectation dans l'aviation peut paraître surprenante pour effectuer ce travail, mais vu que je parle l'Allemand, on m'a désigné à ce poste.
Il sors une grande boîte en acajou et y prend une cigarette américaine. Il me tend la boîte:
- Cigarette?
J'hésite, puis j'en prends une. C'est une blonde, rien à voir avec les horribles cigarettes piquées aux Russes. Celles là sentent bon le miel.
- Prenez-en encore deux, vous aurez l'occasion de les fumer car nous allons avoir pas mal de temps à passer ensemble.
Il poursuit:
- Le but de cette audition, est de déterminer quel a été exactement votre rôle pendant la guerre. Je vous informe immédiatement que même si vos chefs ont pas mal détruit d'archives, ils en restent néanmoins suffisamment pour établir le pedigree de la plupart des officiers allemands encore vivants.
Il se lève et se dirige vers une fenêtre.
- Venez un peu par ici oberleutnant.
Je le rejoins.
- Vous voyez là bas cette cabane?
Bien sûr que je la vois. Devant le perron il y a deux soldats russes facilement reconnaissables à leurs parements rouge et leurs bonnets typiques. Ils portent tous deux une PPSH en travers de leur poitrine. Flower poursuit:
- Vous savez qui occupe ce bureau?
Je réponds:
- Naturellement que je le sais, il s'agit de soldats soviétiques.
Flower envoie un bouffée de fumée vers le plafond.
- Vous avez tout juste oberleutnant. A l'intérieur il y a deux commissaires du NKVD. Deux émissaires envoyés par l'Etat-Major général des forces communistes. Ils sont là pour récupérer un maximum de prisonniers allemands ayant combattu sur le front Est.
Je frémis.
- Les Russes veulent juger et punir tous les soldats allemands qui les ont combattu. Qu'en pensez-vous oberleutnant?
Je ricane:
- Avez-vous la moindre idée de ce qu'est le NKVD monsieur l'officier de la RAF?
Je retourne m'assoire sans l'attendre. Je fume rageusement. Il ne répond pas et m'observe intéressé. Je continue en fixant le mur.
- Le NKVD est l'équivalent de ce qu'étaient les SS chez nous. Des types dotés d'une imagination hors du commun pour trouver des sévices de toutes sortes à faire subir aux gars qui passent entre leurs mains.
Je me retourne vers lui et le fixe dans les yeux:
- Leur tribunaux aux Russes ça ne vaudra que pouic. Ils exécuteront sans discuter tous les soldats qui seront jugés chez eux. Les plus chanceux auront droit au peloton d'exécution, les autres à quelques tortures raffinées avant d'être décapité ou de ce voir planter dans la nuque une douille vide d'un élégant coup de crosse.
Je rigole nerveusement. Pauvre con d'Anglais, mais qu'est-ce qu'il connaît de la guerre, lui le bellâtre, pilote de Spitfire a faire le tendeur dans son bel uniforme bardé de médailles. Il revient s'asseoir.
- Détrompez-vous oberleutnant, nous sommes au courant de bien des choses, bien plus que vous ne le pensez. Voyez-vous, nous avons une vision un peu différente que nos alliés soviétiques. Nous pensons qu'il est temps que l'Allemagne se relève de ses ruines... oh, il y a bien quelques précautions à prendre avec vous, incorrigibles Allemands, mais nous ne voulons pas vous garder indéfiniment dans des camps, hors, il faudra bien vous libérer un jour, simplement, nous aimerions nous assurer définitivement que vous préférerez empoigner le manche d'une pelle ou d'une pioche plus que la crosse d'un fusil ou d'une mitraillette.
Je m'emporte:
- Mais bon sang qu'attendez-vous alors? Avez-vous vu les types qui sont entassés là dehors. Je vous défie d'en trouver un seul qui ait envie de retourner là d'où nous venons, pas un seul vous m'entendez, pas un seul. Tout ce que nous voulons c'est rentrer dans nos foyers... ou de ce qu'il en reste.
Le regard de l'officier anglais se durcit:
- Allons donc oberleutnant ne soyez pas si naïf et ne me prenez pas pour un idiot, vous savez comme moi que parmi les prisonniers qui sont dans ce camp il y a encore quelques irréductibles fanatiques déjà nostalgiques d'un passé pourtant très proche.
Il a raison le Wing Commander. Mais je n'ai plus envie de parler de cela.
- Commençons mon interrogatoire qu'en on finisse Mister Flower...
Il soupire et presse une sonnette sur son bureau. un intendant entre et s'installe devant une machine à écrire. L'officier anglais commence:
- Nom?
- Kowalski.
- Prénom?
- Heinrich.
- Vous avez un deuxième prénom?
- Oui, Hans... c'est le prénom de mon père.
- Grade?
- Oberleutnant dans une division de panzer.
Il sort d'une enveloppe et extirpe mes médailles et rubans qu'il renverse sur le bureau
- Ce sont vos décorations?
- Oui.
- Pouvez-vous m'en dire plus à leur sujet?
Je soupire, des souvenirs parfois pénibles sont liés à certaines d'entre-elles.
- La Croix de Fer 2ème classe, je l'ai eue en juin 40 après la reddition de la France. La Croix de Fer 1ère classe, je l'ai obtenue en novembre 1941, juste après la première bataille de Kharkov la Croix allemande je l'ai eu après le siège de Zhitomir durant l'hiver 43-44 et la Croix de Chevalier lors de la percée de la poche de Korsoun. Les rubans correspondent aux décorations et étaient portées en lieu et place des médailles au combat.
Je regarde pensivement les quatre décorations. Ces morceaux de métal tellement insignifiants aujourd'hui. Et dire que des soldats sont morts pour avoir tenté de les obtenir.
Flower poursuit:
- Combien avez-vous détruit de blindés?
Je rigole:
- Combien??? Mais je n'en sais rien, plus de cents sans doute et je ne compte pas les tranports chenillés, les véhicules légers, les canons autoporteurs ou les pièces d'artillerie antichars.
- Avez-vous une idée du nombre de soldats alliés que vous avez tués?
- Non je n'en sais rien, des centaines sans doute aussi.
- Des Américains, des Britanniques?
- Je crois ne pas avoir tué d'Américains, des Anglais et des Français pendant la bataille de France, puis des Soviétiques, que des Soviétiques, des petits, des grands, des gros, des avec des médailles, des avec des moustaches et même des avec des fusils, si si j'vous jure, avec des fusils vous vous rendez-compte ce que c'était dangereux. Mais sacré bon sang Flower, que croyez-vous donc que j'ai fait pendant trois ans en Union Soviétique? Un pique nique, un bal dansant?
L'officier britannique est exaspéré par le ton cynique de ma réponse.
- Tenez en vous à l'essentiel Kowalski et je vous prierais de vous abstenir de faire des commentaires. Avez-vous fait partie de la SS Waffen ou du parti national socialiste?
- Non, bien sûr que non. Si j'avais été dans les SS, mon uniforme en porterait les insignes.
Il répond sèchement.
- Un uniforme ça se change Kowalski.
Je rigole, mais qu'est ce qu'il est con cet anglish.
- On voit bien que vous ne connaissez pas les SS, Wing Commander, ils sont tellement fiers de leurs parements qu'ils préféreraient mille fois mourir dedans que de l'échanger contre celui d'un vulgaire soldat de la Heer.
Flower n'apprécie visiblement pas mon ton ironique.
- Encore une fois vous faites preuve d'un naïveté déconcertante Kowalski. Retirez votre veste, votre chemise et levez vos bras. Vous n'avez pas intérêts d'avoir votre groupe sanguin tatoué, si c'est le cas, je vous informe que je vous envoie directement rejoindre nos collègues du NKVD c'est clair?
- Parfaitement clair, mais je ne risque rien, je n'ai aucun tatouage.
Je me déshabille et lève mes bras.
Après avoir méticuleusement vérifié si je ne m'étais pas mutilé pour effacer un éventuel tatouage, il m'ordonne de m'habiller. Une fois ma vareuse revêtue, il saisit une règle et m'indique avec celle-ci, la fameuse bande noire à tête de mort qui orne ma manche droite.
- Et ça Kowalski, ça correspond à quel Sonderkommando?
Je commence de comprendre son acharnement. Je souffle un coup.
- Détendez-vous monsieur l'officier anglais. Ca n'a absolument rien à voir avec la SS Waffen, bien au contraire. Il s'agit d'une marque destinée aux bataillons disciplinaires. La 27ème division de Panzer comptait parmi ses unités, la 5ème compagnie dont je faisais partie. D'ailleurs si vous regarder mon insigne de vareuse, il est démuni de l'aigle. Nous n'avions pas le droit de le porter non plus.
Pendant que je parle, apparaît un soldat d'intendance. Il porte sous le bras un petit dossier cartonné qu'il remet à mon interlocuteur. Pendant qu'il le consulte attentivement, je m'allume une nouvelle cigarette. Il reprend:
- Bien, bien oberleutnant Kowalski, on dirait que votre déclaration tient la route. Vous êtes bien né le 21 décembre 1922 à Oberzarten au pied du Feldberg en Forêt Noire?
Je suis un peu surpris qu'il ait trouvé une telle information, je me redresse sur ma chaise:
- heu... oui, c'est bien cela...
- Votre père s'appelle Hans Kowalski et votre maman Martina Bachman. Vous êtes l'aîné d'une famille de quatre enfants, deux frères, Franz et Klaus et une sœur prénommée Verena.
Je murmure.
- Oui, c'est juste. mais où avez-vous pu trouver aussi rapidement des informations si précises à mon sujet???
Sans répondre à ma question, Flower poursuit:
- Vous êtes entrés dans les jeunesses hitlériennes en janvier 1939. Quelques mois plus tard, bien noté par vos instructeurs, vous avez rejoint l'école d'officiers de chars à Schleswig. En mai 1940, vous avez terminé votre formation et vous avez intégré le 25ème régiment de Panzers, sous le commandement du colonel Rothenburg directement commandée par le Général Rommel. Vous avez été envoyée d'abord à Sarrebruck puis, lors de l'invasion de la France, dans le secteur de la Meuse où vous avez détruit votre premier char à Grange, un Somua français. Vous avez ensuite bénéficié d'une assez longue période de repos avant de rejoindre la Pologne et participé à l'opération Barbarossa dès le 22 juin de la même année.
Dernière édition par le Mer 17 Oct 2007 - 1:17, édité 5 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
Age : 57
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Il lève les yeux du dossier et me regarde au travers de ces petites lunettes de lecture en demie-lune.
- Vous voyez Kowalski, nous en savons beaucoup plus sur vous que vous ne le pensez. Vous aurez l'occasion de vous expliquer en détail sur la suite de votre carrière de tankiste sur le front Est tout à l'heure. Mais avant cela, j'ai encore quelques questions... disons d'ordre général à vous poser.
Je me rends bien compte que le dossier qu'il tient en main n'est certainement et de loin pas complet. Cependant, en me donnant des détails très précis sur ma famille notamment, il m'a fait comprendre que la seule issue pour éviter de passer à l'Est, était de raconter la vérité. Et puis de toute façon, à quoi bon mentir. Au point où j'en suis aujourd'hui...
Son intendant change de feuille à sa machine à écrire.
- Bien Oberleutnant, continuons. Etiez-vous au courant du traitement qui était réservé aux Juifs et si c'est le cas que savez-vous à ce sujet.
J'ai la gorge serrée. je n'ai pas envie de répondre à ce genre de questions. Même si je n'ai pas de détail sur leurs conditions de détention, pour avoir connu la prison de Schleswig, j'ose à peine imaginer les horreurs qu'ils ont dû subir. Tout le monde parlait en sous entendu de ces fameux camps, mais personne avait envie d'en savoir trop. Non seulement la vérité nous faisait peur, mais en plus on avait assez de problèmes à gérer pour rester en vie que de s'apitoyer sur le sort des Juifs.
- Et bien, je crois qu'ils ont été déportés dans des camps de travail...
Flower à un sourire cynique:
- Vous croyez? Rien que ça. Et que pensez-vous qu'on leur faisait faire dans ces fameux camps de travail?
Il poursuit directement avec une nouvelle question:
- Est-ce que pour vous, les Juifs représentaient un danger pour l'Allemagne?
Je me souviens des "leçons" qu'on nous donnait dans les jeunesses. On décrivait les Juifs comme des hommes au nez proéminent et avec de grosses lèvres. Ces caricatures nous faisaient bien rire. On ne se doutait pas de ce qu'on leur faisait subir. On était jeune et naïf et ça faisait bien de rire des plaisanteries douteuses que certains formateurs formulaient à l'égard des Juifs. Je reprends.
- Et bien, on nous le disait, et puis souvent les Juifs avaient des commerces ou des entreprises prospères avant la guerre... alors en pleine période récession quand votre père trime comme un fou pour nouer les deux bouts nourrir sa petite famille, on est facilement jaloux et surtout enclin à croire ce qu'on nous racontait au sujet des Juifs.
- Si je vous dis: Auschwitz, est-ce que ça vous dit quelque chose?
- C'est... je crois que c'est un camp de travail en Pologne.
L'intendant tape à toute vitesse sur sa machine à écrire.
- Avez-vous assisté à des exécutions sommaires de Juifs? Notamment durant la campagne de Russie.
Le transpire, l'horreur de ces images terribles de familles entières massacrées à la MG au bord d'une fosse me reviennent à l'esprit. Je prends ma tête entre mes mains, je respire profondément.
- Oui... oui, j'ai assisté à des exécutions sommaires, en Ukraine... en Ukraine en 1941 déjà, il y en a eu pas mal. Je ne sais pas si c'était des Juifs, mais les habitants de villages entiers ont été abattus et enterré dans des fosses...
- Et vous-mêmes avez-vous participé à ces exécutions?
- De celles dont je vous ai parlées, non, je n'ai jamais dû tirer sur des civils, c'était le travail.. la mission des Einsatzgruppen. Par contre, j'ai... j'ai dû commander des pelotons d'exécution, mais ce n'était que des militaires. Des déserteurs ou des espions communistes. On avait des ordres... vous... vous comprenez... on avait pas le choix. Et puis ce genre de besogne incombaient facilement aux bataillons disciplinaires.
Flower ne commente pas mes réponses. Il se contente de poser des questions qui semblent figurer dans un canevas. Il continue.
- Que pouvez-nous dire d'autres sur les déportations ou sur des actes violents et répréhensibles sur les Juifs ou les civils russes?
Je suis nage, moi qui préconisait à mes hommes d'avoir un comportement le plus digne possible, je constate aujourd'hui qu'il m'est très difficile d'être en règle avec ma conscience. La guerre m'avait permis d'effacer momentanément les souvenirs terribles qui encombraient la mémoire. Mais aujourd'hui, je ne suis pas seulement face à cet officier supérieur anglais, je suis également face à moi-même.
Tremblant, je tente d'allumer ma troisième cigarette, Flower me tend son briquet. Je fume nerveusement. Il reprend sa liste de question:
- On continue Kowalski?
Je me lève d'un bon de ma chaise qui se renverse, l'intendant à déjà la main sur son revolver, mais Flower lui fait signe de ne pas bouger. Je leur tourne le dos, je suis face à la fenêtre, je contiens mes larmes.
- Vous n'avez pas idée.... vous n'avez pas idée de ce que j'ai dû voir, de ce que j'ai dû vivre.
Je me retourne brusquement.
- Vous en voulez des détails Flower, vous en voulez? Et bien je vais vous en donner. Des Juifs, j'en ai vu pas centaines, par milliers et des romanichels aussi et des handicapé mentaux, chargés comme du bétail dans des wagons par centaines, par millier. Et des communistes allemands aussi, ah oui le coup du communiste, c'était la meilleures solution lorsqu'on voulait éliminer quelqu'un qui gênait. On trouvait toujours la trace d'une appartenance franc maçonnique ou communiste et hop vous étiez bon pour un jugement liquidé en 5 minutes et envoyé pour un petit séjour dans un camp de rééducation. Puis un beau matin sans prévenir, on venait vous chercher et on vous envoyait, où à l'échafaud, où au billon, où au poteau selon le truc qu'on vous reprochait. Des femmes jeunes et belles, des vieux qui pouvaient à peine marcher, des gosses qui hurlaient parce qu'on les arrachaient à leur mère, oui Flower j'ai vu tout ça, tient par exemple à la gare de Cracovie en Pologne, mais je ne voulais pas les voir, ni les entendre. Je ne voulais pas croire que l'on puisse traiter des êtres humains comme ça. Alors au fond de ma bonne petite tête de prussien bien discipliné, j'essayais de me donner bonne conscience et alimentant ma haine en m'imaginant des trucs terribles. Tous des salauds qui en voulaient à l'Allemagne et qu'il fallait exécuter sans remord. Et, puis un jour, il y en a eu trop, je me suis révolté et on m'a envoyé à Schleswig.
Je rassieds lourdement. Je regarde vers le sol. Flower, impassible reprend.
- 6 millions Kowalski, selon nos derniers calculs, vos chefs ont exterminé la bagatelle de 6 millions de Juifs en 5 ans. La plupart gazés dans des chambres spéciales puis les corps brûlés...
Je réalise que l'on ne pardonnera jamais au peuple allemand ces terrifiantes exactions. Pendant qu'on enfournait à tour de bras des millions de Juifs, je demandais bêtement à mes hommes de conserver un semblant de dignité. Mais comment a t'on pu sombrer dans une telle sauvagerie.
Flower reprend:
- Je suis désolé pour ces questions désagréable Kowalski, mais nous sommes obligés de les poser. Si ça peut vous rassurer votre version des faits ne diffère pas d'un iota de celle donnée par de nombreux soldats allemands que nous avons déjà entendu.
Il sort une bouteille de whisky et me sert un verre.
- Tenez, si ça peut vous aider poursuivre.
Je vide le verre d'alcool d'un seul coup. Flower continue son interrogatoire:
- Bon... poursuivons. Une question bête mais que l'on m'impose. N'avez-vous jamais voulu réagir, intervenir contre vos supérieurs, les SS?
Je secoue la tête:
- Mon Dieu Mister Flower. Si je suis là aujourd'hui, c'est essentiellement parce que je me suis révolté. Mais c'était une révolte intérieure dirigée contre les Russes. Si je l'avais extériorisée, j'aurais été jugé et exécuté dans l'heure.
Je poursuit en murmurant:
- Les gens étaient devenus fous, complètement fou, fou à lier. Mon plus grand effort à la tête de ma division était de veiller à ce que les gars conservent au maximum leurs esprits. On nous a traité... à raison.... de barbares, mais en face les Soviétiques étaient encore plus durs. Ils menaient de petites incursions derrière nos lignes, capturaient un de nos gars et le torturait sous nos yeux, à la fin n'y tenant plus nos tireurs d'élite les descendaient. Et derrière nous, il y avait les SS qui alimentaient notre haine. Quand on chargeait, on tuait tout ce qui portait l'uniforme "rouge", à coup de baïonnettes, de pelles de tranchée, on vidait nos chargeurs dans les tranchées, on brûlait des types au lance flamme dans leur abris, on chargeait en hurlant comme des déments... le Diable devait danser de joie...je crois que même l'enfer de Belzébuth ne pouvait pas être pire, moi je sais ce que c'est, il n'y a rien de pire que les hommes aient fait en Russie ces quatre dernières années. Ca dépasse l'imagination...
L'intendant s'est arrêté d'écrire. Flower me contemple silencieusement. Il me sert un nouveau verre de whisky.
- Oberleutnant, nous nous rendons bien compte que ce que vous avez vécu est dur. Mais nous ne pouvons guère vous aider. Dorénavant, nous nous en tiendrons aux faits généraux, pas besoin d'entrer dans les détails.
Je croise les jambes et m'appuie contre le dossier de la chaise.
- Bien... si vous voulez... que voulez-vous savoir?
- Votre parcours est assez clair jusqu'à votre arrestation, puis votre passage à Hambourg et finalement votre retour sur le front Est dans l'armée de Manstein. On a encore une trace des premier combat au sud-ouest de Stalingrad, mais ensuite presque plus rien... allez- y je vous écoute.
Il me tend une nouvelle cigarette. Je l'allume pensivement et je commence:
- Et bien... après la chute de Stalingrad, nous avons battu en retraite. Il y a eu quelques escarmouches avec "Ivan", et enfin, en juin 1943 on nous a stationné dans le secteur de Kursk à Orel.... c'état quelque part au sud-ouest d'Orel. Le soir tombait sur les grandes steppes russes. Il faisait lourd, l'orage menaçait, il faisait lourd aussi dans l'abri ou le colonel Haenig nous donnait les dernières instructions de ce qui allait être la plus grande offensive de chars de toute la guerre. La bataille de Kursk...
- Vous voyez Kowalski, nous en savons beaucoup plus sur vous que vous ne le pensez. Vous aurez l'occasion de vous expliquer en détail sur la suite de votre carrière de tankiste sur le front Est tout à l'heure. Mais avant cela, j'ai encore quelques questions... disons d'ordre général à vous poser.
Je me rends bien compte que le dossier qu'il tient en main n'est certainement et de loin pas complet. Cependant, en me donnant des détails très précis sur ma famille notamment, il m'a fait comprendre que la seule issue pour éviter de passer à l'Est, était de raconter la vérité. Et puis de toute façon, à quoi bon mentir. Au point où j'en suis aujourd'hui...
Son intendant change de feuille à sa machine à écrire.
- Bien Oberleutnant, continuons. Etiez-vous au courant du traitement qui était réservé aux Juifs et si c'est le cas que savez-vous à ce sujet.
J'ai la gorge serrée. je n'ai pas envie de répondre à ce genre de questions. Même si je n'ai pas de détail sur leurs conditions de détention, pour avoir connu la prison de Schleswig, j'ose à peine imaginer les horreurs qu'ils ont dû subir. Tout le monde parlait en sous entendu de ces fameux camps, mais personne avait envie d'en savoir trop. Non seulement la vérité nous faisait peur, mais en plus on avait assez de problèmes à gérer pour rester en vie que de s'apitoyer sur le sort des Juifs.
- Et bien, je crois qu'ils ont été déportés dans des camps de travail...
Flower à un sourire cynique:
- Vous croyez? Rien que ça. Et que pensez-vous qu'on leur faisait faire dans ces fameux camps de travail?
Il poursuit directement avec une nouvelle question:
- Est-ce que pour vous, les Juifs représentaient un danger pour l'Allemagne?
Je me souviens des "leçons" qu'on nous donnait dans les jeunesses. On décrivait les Juifs comme des hommes au nez proéminent et avec de grosses lèvres. Ces caricatures nous faisaient bien rire. On ne se doutait pas de ce qu'on leur faisait subir. On était jeune et naïf et ça faisait bien de rire des plaisanteries douteuses que certains formateurs formulaient à l'égard des Juifs. Je reprends.
- Et bien, on nous le disait, et puis souvent les Juifs avaient des commerces ou des entreprises prospères avant la guerre... alors en pleine période récession quand votre père trime comme un fou pour nouer les deux bouts nourrir sa petite famille, on est facilement jaloux et surtout enclin à croire ce qu'on nous racontait au sujet des Juifs.
- Si je vous dis: Auschwitz, est-ce que ça vous dit quelque chose?
- C'est... je crois que c'est un camp de travail en Pologne.
L'intendant tape à toute vitesse sur sa machine à écrire.
- Avez-vous assisté à des exécutions sommaires de Juifs? Notamment durant la campagne de Russie.
Le transpire, l'horreur de ces images terribles de familles entières massacrées à la MG au bord d'une fosse me reviennent à l'esprit. Je prends ma tête entre mes mains, je respire profondément.
- Oui... oui, j'ai assisté à des exécutions sommaires, en Ukraine... en Ukraine en 1941 déjà, il y en a eu pas mal. Je ne sais pas si c'était des Juifs, mais les habitants de villages entiers ont été abattus et enterré dans des fosses...
- Et vous-mêmes avez-vous participé à ces exécutions?
- De celles dont je vous ai parlées, non, je n'ai jamais dû tirer sur des civils, c'était le travail.. la mission des Einsatzgruppen. Par contre, j'ai... j'ai dû commander des pelotons d'exécution, mais ce n'était que des militaires. Des déserteurs ou des espions communistes. On avait des ordres... vous... vous comprenez... on avait pas le choix. Et puis ce genre de besogne incombaient facilement aux bataillons disciplinaires.
Flower ne commente pas mes réponses. Il se contente de poser des questions qui semblent figurer dans un canevas. Il continue.
- Que pouvez-nous dire d'autres sur les déportations ou sur des actes violents et répréhensibles sur les Juifs ou les civils russes?
Je suis nage, moi qui préconisait à mes hommes d'avoir un comportement le plus digne possible, je constate aujourd'hui qu'il m'est très difficile d'être en règle avec ma conscience. La guerre m'avait permis d'effacer momentanément les souvenirs terribles qui encombraient la mémoire. Mais aujourd'hui, je ne suis pas seulement face à cet officier supérieur anglais, je suis également face à moi-même.
Tremblant, je tente d'allumer ma troisième cigarette, Flower me tend son briquet. Je fume nerveusement. Il reprend sa liste de question:
- On continue Kowalski?
Je me lève d'un bon de ma chaise qui se renverse, l'intendant à déjà la main sur son revolver, mais Flower lui fait signe de ne pas bouger. Je leur tourne le dos, je suis face à la fenêtre, je contiens mes larmes.
- Vous n'avez pas idée.... vous n'avez pas idée de ce que j'ai dû voir, de ce que j'ai dû vivre.
Je me retourne brusquement.
- Vous en voulez des détails Flower, vous en voulez? Et bien je vais vous en donner. Des Juifs, j'en ai vu pas centaines, par milliers et des romanichels aussi et des handicapé mentaux, chargés comme du bétail dans des wagons par centaines, par millier. Et des communistes allemands aussi, ah oui le coup du communiste, c'était la meilleures solution lorsqu'on voulait éliminer quelqu'un qui gênait. On trouvait toujours la trace d'une appartenance franc maçonnique ou communiste et hop vous étiez bon pour un jugement liquidé en 5 minutes et envoyé pour un petit séjour dans un camp de rééducation. Puis un beau matin sans prévenir, on venait vous chercher et on vous envoyait, où à l'échafaud, où au billon, où au poteau selon le truc qu'on vous reprochait. Des femmes jeunes et belles, des vieux qui pouvaient à peine marcher, des gosses qui hurlaient parce qu'on les arrachaient à leur mère, oui Flower j'ai vu tout ça, tient par exemple à la gare de Cracovie en Pologne, mais je ne voulais pas les voir, ni les entendre. Je ne voulais pas croire que l'on puisse traiter des êtres humains comme ça. Alors au fond de ma bonne petite tête de prussien bien discipliné, j'essayais de me donner bonne conscience et alimentant ma haine en m'imaginant des trucs terribles. Tous des salauds qui en voulaient à l'Allemagne et qu'il fallait exécuter sans remord. Et, puis un jour, il y en a eu trop, je me suis révolté et on m'a envoyé à Schleswig.
Je rassieds lourdement. Je regarde vers le sol. Flower, impassible reprend.
- 6 millions Kowalski, selon nos derniers calculs, vos chefs ont exterminé la bagatelle de 6 millions de Juifs en 5 ans. La plupart gazés dans des chambres spéciales puis les corps brûlés...
Je réalise que l'on ne pardonnera jamais au peuple allemand ces terrifiantes exactions. Pendant qu'on enfournait à tour de bras des millions de Juifs, je demandais bêtement à mes hommes de conserver un semblant de dignité. Mais comment a t'on pu sombrer dans une telle sauvagerie.
Flower reprend:
- Je suis désolé pour ces questions désagréable Kowalski, mais nous sommes obligés de les poser. Si ça peut vous rassurer votre version des faits ne diffère pas d'un iota de celle donnée par de nombreux soldats allemands que nous avons déjà entendu.
Il sort une bouteille de whisky et me sert un verre.
- Tenez, si ça peut vous aider poursuivre.
Je vide le verre d'alcool d'un seul coup. Flower continue son interrogatoire:
- Bon... poursuivons. Une question bête mais que l'on m'impose. N'avez-vous jamais voulu réagir, intervenir contre vos supérieurs, les SS?
Je secoue la tête:
- Mon Dieu Mister Flower. Si je suis là aujourd'hui, c'est essentiellement parce que je me suis révolté. Mais c'était une révolte intérieure dirigée contre les Russes. Si je l'avais extériorisée, j'aurais été jugé et exécuté dans l'heure.
Je poursuit en murmurant:
- Les gens étaient devenus fous, complètement fou, fou à lier. Mon plus grand effort à la tête de ma division était de veiller à ce que les gars conservent au maximum leurs esprits. On nous a traité... à raison.... de barbares, mais en face les Soviétiques étaient encore plus durs. Ils menaient de petites incursions derrière nos lignes, capturaient un de nos gars et le torturait sous nos yeux, à la fin n'y tenant plus nos tireurs d'élite les descendaient. Et derrière nous, il y avait les SS qui alimentaient notre haine. Quand on chargeait, on tuait tout ce qui portait l'uniforme "rouge", à coup de baïonnettes, de pelles de tranchée, on vidait nos chargeurs dans les tranchées, on brûlait des types au lance flamme dans leur abris, on chargeait en hurlant comme des déments... le Diable devait danser de joie...je crois que même l'enfer de Belzébuth ne pouvait pas être pire, moi je sais ce que c'est, il n'y a rien de pire que les hommes aient fait en Russie ces quatre dernières années. Ca dépasse l'imagination...
L'intendant s'est arrêté d'écrire. Flower me contemple silencieusement. Il me sert un nouveau verre de whisky.
- Oberleutnant, nous nous rendons bien compte que ce que vous avez vécu est dur. Mais nous ne pouvons guère vous aider. Dorénavant, nous nous en tiendrons aux faits généraux, pas besoin d'entrer dans les détails.
Je croise les jambes et m'appuie contre le dossier de la chaise.
- Bien... si vous voulez... que voulez-vous savoir?
- Votre parcours est assez clair jusqu'à votre arrestation, puis votre passage à Hambourg et finalement votre retour sur le front Est dans l'armée de Manstein. On a encore une trace des premier combat au sud-ouest de Stalingrad, mais ensuite presque plus rien... allez- y je vous écoute.
Il me tend une nouvelle cigarette. Je l'allume pensivement et je commence:
- Et bien... après la chute de Stalingrad, nous avons battu en retraite. Il y a eu quelques escarmouches avec "Ivan", et enfin, en juin 1943 on nous a stationné dans le secteur de Kursk à Orel.... c'état quelque part au sud-ouest d'Orel. Le soir tombait sur les grandes steppes russes. Il faisait lourd, l'orage menaçait, il faisait lourd aussi dans l'abri ou le colonel Haenig nous donnait les dernières instructions de ce qui allait être la plus grande offensive de chars de toute la guerre. La bataille de Kursk...
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Re: Un Stug pour la liberté
J'aime bien l'ellipse que tu as faites mais la fin me fait penser justement que ca serait la fin de l'histoire
RTA_Goliat- Major
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Re: Un Stug pour la liberté
C'est déroutant au début.
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
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Re: Un Stug pour la liberté
C'est volontaire, d'ailleurs il y aura une suite , faudra bien qu'on parle de la poche de résistance de Zhitomir, de la percée de Korsoun, avec ou sans les bugs graphiques de Volta
615sqn_Harry- Wing Commander
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Re: Un Stug pour la liberté
Nous étions maintenant depuis plus de 48 heures dans cette fichue forêt. J'avais dit 24 heures et sans nouvelles, nous faisions demi-tour. Le problème, c'est que des nouvelles nous en avons eu. Kiev avait répondu.
- Nous tenons la ville... pour l'instant vous ne bougez pas. Renforts arrivent. Attendez les ordres.
Et c'est tout. Nous attendons maintenant par des températures absolument délirantes, dans une forêt, coincés entre Zihtomir et Kiev, quelque part dans la campagne russe. Je ne quittais bientôt plus le local radio. J'étais d'une humeur absolument massacrante. Engueulant le pauvre Perheer:
- Nom de Dieu Perheer, vous n'entendez pas ce que cette foutue génératrice s'est à nouveau arrêtée, mais sacré bon sacré bon sang! Foutez-moi le camp la remettre en marche immédiatement espèce d'incapable!
Je quittais l'abri en tempêtant de plus belle.
- Willsdorff! A moi!
Le jeune Leutnant s'approcha en courant. J'étais rarement comme ça, mais quand je l'étais, mes subordonnés filaient droits.
- Leutnant, vous êtes responsable de la cuisine non?
Il balbutie:
- Heu oui... il y a un problème?
- S'il y a un problème? Oui il y en a un. Je vais botter le cul moi-même à cette imbécile de Kupferschmied s'il ne s'évertue pas dans l'heure qui suit à camoufler correctement ses putains de cheminées. Sa soupe pue à au moins 100 mètres à la ronde! Je ne sais pas ce qu'il cherche à faire, mais si son intention est d'inviter Ivan à bouffer avec nous, c'est réussi. Filez au trot régler ça immédiatement.
Alors que d'un pas rageur je rejoins mon Stug. J'entends Willsdorff mettre une engueulée mémorable à Kupferschmied et à son équipe de cuisine. Ils n'aiment pas que je les engueule, mes gars alors comme ils n'osent pas me répondre, ils passent leur colère sur un pauvre subordonné. Lorsque l'orage gronde, on m'évite. Alors que d'habitude les chefs de chars discutent jovialement et sans la moindre gêne avec moi, là je les vois à peine lever la tête à mon passage. Je réfléchis, je sais que les types de mon unité n'y peuvent rien, il faut que je me calme. Ma mauvaise humeur associée au froid et aux conditions infernales de notre campement rend les soldats nerveux. J'arrive enfin au Stug. Volta et Julius ont creusé un abri juste à côté du tank. Ils ont installé leurs lits de camp sur lesquelles une bonne dizaine de couvertures piquées à Zihtomir les maintiennent du froid. Je m'assieds lourdement sur un billon.
Julius qui souffle doucement sur sa gamelle de soupe m'interpelle:
- Faut vous calmer Oberleutnant. Je sais que ça ne me regarde pas, mais je vous dis moi que votre mauvaise humeur est communicative et que ce n'est pas bon pour le moral de nos troupes. Au fait, vous êtes passé voir les blessés?
Je fume nerveusement.
- Non... Non je ne suis pas allé voir les blessés. Me fait pas chier avec tes commentaires Julius, même si tu as raison, ça m'énerve encore plus. Il vous reste du café?
Julius et Volta sourient, ils me connaissent trop bien pour savoir que lorsque je leur demande du café, c'est que je suis entrain de me tranquilliser. Volta lève une des couvertures qui le recouvre et il en extirpe une cafetière fumante.
- Tiens.
Il me tend une tasse en acier émaillé. Pendant que je bois doucement l'abjecte boisson brûlante. Volta poursuit:
- Tu sais ce qu'il nous manque? Et bien moi je vais vous le dire ce qui nous manque. C'est de l'action. Ca fait trop longtemps qu'on a plus eu un beau champ de bataille où on peut péter du T34. Depuis notre passage sur la ligne de front dans le secteur de Kriorog, on a plus combattu. On a fait que se déplacer à droite et à gauche. Tout ça c'est bien beau, mais un soldat s'est fait pour se battre et lorsqu'il n'a pas sa dose de combats, son attention tombe, il somnole et il devient vulnérable et c'est ce que nous sommes entrain de devenir. Des chiffes molles!
Il n'a pas tout tord Volta, mais enfin notre pause à Zihtomir a été plutôt bénéfique. Julius reprend:
- Je ne suis pas souvent d'accord avec Volta, mais sur ce coup, il a raison, notre pseudo permission à Zihtomir a été trop longue. Les gars ont commencé de réfléchir, de penser à leur famille et à tout ça. C'est pas bon. Le moral des troupes est en rade.
Je me lève brusquement et tends la tasse vide à Volta.
- Vous avez raison les gars. Mais pour le moment les ordres sont d'attendre alors on attend. Bon je vais voir les blessés et ensuite je vais organiser deux patrouilles de reconnaissance. A tout à l'heure.
Sous le regard un peu étonné de mes deux coéquipiers, je quitte l'abri pour l'hôpital de campagne.
Lorsqu'il me voit le docteur Knoll, probablement mis au courant de mon humeur massacrante, croit bon nécessaire de me faire une annonce réglementaire.
- C'est bon Knoll, c'est bon. Alors comment vos blessés?
Il m'accompagne dans son hôpital rudimentaire. Plutôt que de monter la tente réglementaire, ils ont simplement recouvert une large dépression dans le sol de rondins et de toile cirée pour les rendre étanches. Ils ont installé une dizaine de petits fourneaux dans lesquels brûlent des foyers. La température plus clémente dans le lieu a transformé le sol en bourbier. Sur des brancards fixés sur des pieds, ils y a là 8 blessés. La plupart ont été victimes de gelures. Trois ont été amputés d'un pied, deux de doigts ou d'une main. Je discute deux trois mots avec chacun d'entre eux, mais l'odeur d'éther et doucereuse de chair en décomposition me donnent la nausée et je ne suis pas mécontent de quitter l'endroit après une dernière poignée de main avec Knoll.
Je retourne au local radio qui nous sert de QG. Je demande à Kilh, Golgoth et Willsdorff de me rejoindre.
J'ouvre la carte sur la petite table.
- Bon les gars, d'après nos derniers calculs nous sommes ici, dans ce secteur, soit à environ 90 kilomètres environ de Kiev. J'aimerai organiser une patrouille de reconnaissance plus au Nord où je redoute une percée russe qui pourrait tenter de prendre en tenaille nos troupes tenant Kiev. Ensuite, j'aimerais une deuxième patrouille qui elle filera vers le sud puis l'Est, afin de déterminer si de ce côté il n'y a pas de mouvements non plus. Même s'il est peu probable que les Soviétiques descendent si bas, nous irons quand même nous en assurer.
Kilh s'avance:
- Mes hommes commencent de se rouiller Oberleutnant, permettez-moi d'organiser ses deux patrouilles.
Je replie la carte soigneusement.
- Merci Kilh, je n'en attendais pas moins de vous. Je pars avec vous sur la patrouille Nord avec un chenillé. Vous choisirez deux hommes pour nous accompagner. Will, toi de ton côté tu pars avec quatre gars au Sud, on marche un jour maximum. Ensuite on fait demi-tour et on revient ici faire le point. Cela veut dire que dans 48 heures, si tout va bien, maximum 56 heures, nous serons de retour. Pendant notre absence, Golgoth tu prends le commandement de la compagnie et tu tiens prêt à faire mouvement selon les indications que Will ou moi te donnerons éventuellement.
Ma décision occasionne un peu de remue ménage dans le camp, mais une demi-heure plus tard, les deux véhicules chenillés quittaient le bois où nous étions stationnés. Kilh avait choisi le Feldwebel Bhaub et l'Unteroffizier Vylsain pour nous accompagner. Alors qu'au loin s'efface le véhicule mené par Willsdorff, nous prenons un cap Nord Est.
- Nous tenons la ville... pour l'instant vous ne bougez pas. Renforts arrivent. Attendez les ordres.
Et c'est tout. Nous attendons maintenant par des températures absolument délirantes, dans une forêt, coincés entre Zihtomir et Kiev, quelque part dans la campagne russe. Je ne quittais bientôt plus le local radio. J'étais d'une humeur absolument massacrante. Engueulant le pauvre Perheer:
- Nom de Dieu Perheer, vous n'entendez pas ce que cette foutue génératrice s'est à nouveau arrêtée, mais sacré bon sacré bon sang! Foutez-moi le camp la remettre en marche immédiatement espèce d'incapable!
Je quittais l'abri en tempêtant de plus belle.
- Willsdorff! A moi!
Le jeune Leutnant s'approcha en courant. J'étais rarement comme ça, mais quand je l'étais, mes subordonnés filaient droits.
- Leutnant, vous êtes responsable de la cuisine non?
Il balbutie:
- Heu oui... il y a un problème?
- S'il y a un problème? Oui il y en a un. Je vais botter le cul moi-même à cette imbécile de Kupferschmied s'il ne s'évertue pas dans l'heure qui suit à camoufler correctement ses putains de cheminées. Sa soupe pue à au moins 100 mètres à la ronde! Je ne sais pas ce qu'il cherche à faire, mais si son intention est d'inviter Ivan à bouffer avec nous, c'est réussi. Filez au trot régler ça immédiatement.
Alors que d'un pas rageur je rejoins mon Stug. J'entends Willsdorff mettre une engueulée mémorable à Kupferschmied et à son équipe de cuisine. Ils n'aiment pas que je les engueule, mes gars alors comme ils n'osent pas me répondre, ils passent leur colère sur un pauvre subordonné. Lorsque l'orage gronde, on m'évite. Alors que d'habitude les chefs de chars discutent jovialement et sans la moindre gêne avec moi, là je les vois à peine lever la tête à mon passage. Je réfléchis, je sais que les types de mon unité n'y peuvent rien, il faut que je me calme. Ma mauvaise humeur associée au froid et aux conditions infernales de notre campement rend les soldats nerveux. J'arrive enfin au Stug. Volta et Julius ont creusé un abri juste à côté du tank. Ils ont installé leurs lits de camp sur lesquelles une bonne dizaine de couvertures piquées à Zihtomir les maintiennent du froid. Je m'assieds lourdement sur un billon.
Julius qui souffle doucement sur sa gamelle de soupe m'interpelle:
- Faut vous calmer Oberleutnant. Je sais que ça ne me regarde pas, mais je vous dis moi que votre mauvaise humeur est communicative et que ce n'est pas bon pour le moral de nos troupes. Au fait, vous êtes passé voir les blessés?
Je fume nerveusement.
- Non... Non je ne suis pas allé voir les blessés. Me fait pas chier avec tes commentaires Julius, même si tu as raison, ça m'énerve encore plus. Il vous reste du café?
Julius et Volta sourient, ils me connaissent trop bien pour savoir que lorsque je leur demande du café, c'est que je suis entrain de me tranquilliser. Volta lève une des couvertures qui le recouvre et il en extirpe une cafetière fumante.
- Tiens.
Il me tend une tasse en acier émaillé. Pendant que je bois doucement l'abjecte boisson brûlante. Volta poursuit:
- Tu sais ce qu'il nous manque? Et bien moi je vais vous le dire ce qui nous manque. C'est de l'action. Ca fait trop longtemps qu'on a plus eu un beau champ de bataille où on peut péter du T34. Depuis notre passage sur la ligne de front dans le secteur de Kriorog, on a plus combattu. On a fait que se déplacer à droite et à gauche. Tout ça c'est bien beau, mais un soldat s'est fait pour se battre et lorsqu'il n'a pas sa dose de combats, son attention tombe, il somnole et il devient vulnérable et c'est ce que nous sommes entrain de devenir. Des chiffes molles!
Il n'a pas tout tord Volta, mais enfin notre pause à Zihtomir a été plutôt bénéfique. Julius reprend:
- Je ne suis pas souvent d'accord avec Volta, mais sur ce coup, il a raison, notre pseudo permission à Zihtomir a été trop longue. Les gars ont commencé de réfléchir, de penser à leur famille et à tout ça. C'est pas bon. Le moral des troupes est en rade.
Je me lève brusquement et tends la tasse vide à Volta.
- Vous avez raison les gars. Mais pour le moment les ordres sont d'attendre alors on attend. Bon je vais voir les blessés et ensuite je vais organiser deux patrouilles de reconnaissance. A tout à l'heure.
Sous le regard un peu étonné de mes deux coéquipiers, je quitte l'abri pour l'hôpital de campagne.
Lorsqu'il me voit le docteur Knoll, probablement mis au courant de mon humeur massacrante, croit bon nécessaire de me faire une annonce réglementaire.
- C'est bon Knoll, c'est bon. Alors comment vos blessés?
Il m'accompagne dans son hôpital rudimentaire. Plutôt que de monter la tente réglementaire, ils ont simplement recouvert une large dépression dans le sol de rondins et de toile cirée pour les rendre étanches. Ils ont installé une dizaine de petits fourneaux dans lesquels brûlent des foyers. La température plus clémente dans le lieu a transformé le sol en bourbier. Sur des brancards fixés sur des pieds, ils y a là 8 blessés. La plupart ont été victimes de gelures. Trois ont été amputés d'un pied, deux de doigts ou d'une main. Je discute deux trois mots avec chacun d'entre eux, mais l'odeur d'éther et doucereuse de chair en décomposition me donnent la nausée et je ne suis pas mécontent de quitter l'endroit après une dernière poignée de main avec Knoll.
Je retourne au local radio qui nous sert de QG. Je demande à Kilh, Golgoth et Willsdorff de me rejoindre.
J'ouvre la carte sur la petite table.
- Bon les gars, d'après nos derniers calculs nous sommes ici, dans ce secteur, soit à environ 90 kilomètres environ de Kiev. J'aimerai organiser une patrouille de reconnaissance plus au Nord où je redoute une percée russe qui pourrait tenter de prendre en tenaille nos troupes tenant Kiev. Ensuite, j'aimerais une deuxième patrouille qui elle filera vers le sud puis l'Est, afin de déterminer si de ce côté il n'y a pas de mouvements non plus. Même s'il est peu probable que les Soviétiques descendent si bas, nous irons quand même nous en assurer.
Kilh s'avance:
- Mes hommes commencent de se rouiller Oberleutnant, permettez-moi d'organiser ses deux patrouilles.
Je replie la carte soigneusement.
- Merci Kilh, je n'en attendais pas moins de vous. Je pars avec vous sur la patrouille Nord avec un chenillé. Vous choisirez deux hommes pour nous accompagner. Will, toi de ton côté tu pars avec quatre gars au Sud, on marche un jour maximum. Ensuite on fait demi-tour et on revient ici faire le point. Cela veut dire que dans 48 heures, si tout va bien, maximum 56 heures, nous serons de retour. Pendant notre absence, Golgoth tu prends le commandement de la compagnie et tu tiens prêt à faire mouvement selon les indications que Will ou moi te donnerons éventuellement.
Ma décision occasionne un peu de remue ménage dans le camp, mais une demi-heure plus tard, les deux véhicules chenillés quittaient le bois où nous étions stationnés. Kilh avait choisi le Feldwebel Bhaub et l'Unteroffizier Vylsain pour nous accompagner. Alors qu'au loin s'efface le véhicule mené par Willsdorff, nous prenons un cap Nord Est.
Dernière édition par le Ven 19 Oct 2007 - 2:05, édité 1 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Re: Un Stug pour la liberté
Dans le chenillé, personne ne parle. Vylsain est aux commandes et mènent l'engin adroitement sur la neige gelée. Nous roulons ainsi deux heures de temps sans voir autre chose qu'une étendue blanche et immaculée. Sur la banquette arrière Kilh note les caps que nous prenons. La fin de l'après midi approche et le soleil d'hiver décore le ciel d'un patchwork de couleurs tirant du rouge au jaune. Oscar Bhaub qui n'a encore rien dit de l'après midi parle enfin:
- C'est beau...
Vylsain, toujours aux commandes dit à son tour:
- Oui... c'est beau.
Décidément vraiment pas très bavards nos deux fantassins. Je les observe du coin de l'œil. le contraste entre les deux est assez surprenant. D'un côté il y a Bhaub, toujours fidèle à la tenue réglementaire, réglementaire jusqu'au port de sa MP40 et de l'autre, il y a l'Unteroffizier Vylsain, dont l'accoutrement est complètement opposé à celui de son camarade de combat. Il a vêtu la tenue complète d'hiver des soldats russes dont il a quand même eut la décence de retirer les parements et il a toujours avec lui sa fidèle PPSH. Deux soldats qui pourtant, s'entendent à merveille. Je dois dire que le régiment de Kilh m'impressionne, car malgré l'indiscipline notoire qui y règne, les gars sont très soudés entre eux et il y a très peu de bagarres et d'altercations entre les hommes qui composent ce régiment.
Au loin, une colline se profile. J'interpelle Vylsain.
- Vous vous arrêterez au pied de cette colline Vylsain. Kilh, vous viendrez avec moi jusque là haut, on devrait avoir une bonne visibilité, qu'en pensez-vous?
Il acquiesce.
- Oui. On mettra les skis de fond, j'en ai pris 4 paires au cas ou.
Lentement pour économiser nos forces dans ce froid polaire. Nous fixons nos skis et revêtons nos combinaisons blanches. Je sangle ma MP40 serrée au corps ainsi qu'un sac de toile contenant quelques affaires de rechange et un peu de nourriture. Nous avons une boussole fixée au poignet. Des lunettes spéciales protègent nos yeux et un masque recouvre notre visage. J'interroge Kilh du regard. Il me fait signe du pouce. Et c'est parti. Sans un mot, nous filons à bon rythme vers la colline qui est encore assez éloignée. Nos skis nous permettent d'avance assez rapidement. Les semelles de bois laqué crissent sur la neige glacée. Le chenillés n'est bientôt plus qu'un petit point à l'horizon. A chaque changement de cap, je m'arrête et note le temps mis pour parcourir le trajet et le cap. Kilh fait de même, précaution élémentaire au cas où nous nous perdions de vue. Nous arrivons enfin au pied de la colline. Nous faisons une pause. A l'Ouest, le soleil commence déjà de descendre vers l'horizon. Nous soufflons un peu. Kilh consulte sa montre.
- 16h12 Kowalski. Il ne faudra pas traîner si nous voulons rentrer avant la nuit qui va tomber vers 18h00. Nous avons mis presque une heure pour faire le trajet, Ca ne nous laisse pas beaucoup de temps pour grimper la colline et faire notre observation.
A l'Est, il y a de gros nuages gris qui s'amoncellent. Nous les voyons tous les deux et savons ce qu'ils signifient, mais aucun d'entre-nous ne fait de commentaire. Nous attaquons l'ascension en effectuant de petits pas en "V" pour empêcher nos skis de glisser en arrière. Derrière le masque, l'air parvient pas trop froid à nos poumons. Nous respirons en cadence, le sommet est à moins de 100 mètres. Le dernier bout est effacé en quelques minutes. Je choisi un rocher pour m'appuyer et mes jumelles en mains j'observe la plaine qui s'étend devant moi. Celle-ci est partagée en son centre par une rivière gelée. Un peu plus à l'Est, nous apercevons un village. A mes côtés Kilh murmure:
- Tu vois le village là bas?
- Oui...
- Tu ne remarque pas du mouvement? Il me semble que je vois des trucs bouger là-bas...
Nos deux paires de jumelles se fixent sur la bourgade. J'observe attentivement et ... ça y est, je remarque quelque chose. C'est blanc, c'est pour cela que j'ai de la peine à distinguer l'objet. Il n'y en a d'ailleurs pas qu'un. Maintenant, que notre cœur bat à une cadence normale, nous arrivons à voir plus clair. Notre vue se dégage.
- Quatre... non il y en a moins dix... T34 et des T60 aussi. Regarde!
Nos yeux sont maintenant accrochés au village et à ses alentours. Kilh prend des notes pendant que je lui dicte ce que je repère.
- Des camions, une cinquantaine au moins... stationnés au Nord Ouest du village... des citernes aussi, il doit s'agir d'un point de ravitaillement. Des chars se mettent en mouvement, une trentaine de tanks des T34 et des T60...cap... je dirais 40/50° Nord -Est, probablement qu'ils vont vers Kiev. il y a des transports de troupes, tu sais des engins Américains.
Kilh demande:
- Chenillés?
- Oui, le train arrière.
Il note machinalement:
- M16, 18 hommes par véhicule avec le chauffeur et le mitrailleur, combien?
J'essaye de distinguer quelque chose de précis. Mais c'est difficile, mes yeux commencent de se fatiguer. Je dois à plusieurs reprises baisser les lunettes et fermer les yeux.
Je poursuis:
- Disons... une trentaine aussi... même cap que les chars, direction Kiev... non attend, ils tournent dans le village... bizarre, qu'est-ce qu'ils foutent??? Ah oui, ils se mettent en colonne avec les chars, les chars devant, les transports derrière. Ca y est, ils quittent le village... nouveau cap Sud, Sud/Est.
Kilh s'inquiète:
- Dit-donc, c'est pas contre nous ça?
Je le rassure:
- Non plus à l'Est... bon ce n'est pas bon non plus, s'ils continuent comme ça il vont tomber sur notre Blitz. Allez foutons le camp.
Nous nous équipons rapidement. La descente de la colline est avalée en moins de deux minutes. Skieur depuis ma tendre enfance, j'éprouve un grand plaisir à effectuer quelques élégantes arabesques et laisser dans la neige fraîche de grandes traces en "S". Arrivés au bas de la pente, nous nous regardons avec petit sourire. Kilh aussi maîtrise visiblement la glisse.
- Sympa cette descente hein?
Nous rigolons de ces quelques émotions sympathiques.
- Oui, il y a bien longtemps que je n'avais plus éprouvé ce plaisir.
Alors que nous nous mettions en route en suivant nos traces, il m'explique que sa mère est autrichienne et qu'il a eut l'occasion de souvent skier par le passé lors de vacances dans la région d'Innsbruck. Alors que nous avançons à bon rythme, la nuit tombe de plus en plus et pour couronner le tout, le plafond descend également. Les premiers flocons ne tardent pas à tomber. Nous accélérons le rythme. Régulièrement, Nous regardons nos notes. Malheureusement, pris dans notre discussion, nous avons oublié de calculer le temps. L'inquiétude s'installe. Kilh qui a encore accéléré dit entre deux nuages de buée.
- Il nous faut retrouver le prochain changement de cap avant que la neige ne recouvre nos traces. Après on pourra partir sur un truc sûr.
Je regarde ma montre, nous devons être à moins d'une demi-heure du véhicule. Sans doute encore moins, car nous avons été beaucoup plus rapides que pour l'aller. Mais la neige tombe de plus en plus fortement et ce que nous redoutions le plus, survient. La neige recouvre nos traces avant d'avoir pu trouver un changement de cap. Heureusement, le vent est léger et la température est remontée à - 15, il fait presque chaud et nous retirons nos masques. Nous continuons comme ça encore quelques centaines de mètres les yeux rivés sur nos boussoles. Kilh tempête.
- Mais quels cons on peut faire, mais c'est pas vrai. C'est un truc élémentaire, je me botterai le cul tout seul si je le pouvais.
Nous tendons l'oreille, attentif éventuellement au bruit d'un moteur, celui du véhicule chenillé, mais au travers du mur de neige rien ne perçoit. Tout ce qu'on entend, c'est le crissement ouaté de nos skis sur la neige. Kilh, visiblement inquiet me regarde:
- Qu'est-ce qu'on fait?
J'hésite.
- Et tes gars... ils sont fiables? Qu'est-ce qu'ils vont faire. Ficher le camp sans nous ou nous attendre?
- Si j'ai pris avec moi Bhaub et Vylsain, c'est parce que se sont des fidèles parmi les fidèles. Ils attendront, c'est garanti. Ils passeront la nuit dans le véhicule et se mettront en route demain pour nous chercher.
La nuit est pratiquement tombée. Je tâte dans le sac de toile le pistolet lance fusées. Kilh me regarde inquiet.
- C'est terrible, ils sont probablement à quelques centaines de mètres, mais si nous utilisons ce machin et que la colonne ennemie que nous avons aperçue tout à l'heure est dans le secteur. on risque gros.
- Oui, mais on ne peut pas passer la nuit ici, on va mourir gelé. Il reste deux solutions, je tire une fusée de détresse très bas pour éviter qu'elle ne soit visible trop loin ou nous creusons un trou dans la neige et nous montons un igloo pour la nuit. Faut qu'on se décide très vite.
Kilh hésite deux seconde.
- Vas-y tire cette foutue fusée et que Dieu nous protège.
Je saisi le pistolet, nerveusement, j'arme le chien. Je jette un oeil à ma boussole, vise vers le cap où logiquement devraient se trouver le chenillé. Le claquement sec du départ du coup est étouffé par la neige. La fusée, tirée à un angle très bas, file vers le ciel et disparaît presque instantanément dans la nuit. Nous attendons, tous nos sens aux aguets, le visage balayé par les flocons. Malgré le froid nous avons retiré nos capuchons et nos bonnets afin d'avoir les oreilles complètement dégagées. Deux minutes se passent ainsi, une éternité, mais rien par le moindre bruit. Je m'agenouille et commence de creuser.
- C'est foutu, ils n'ont pas vu la fusée, de toute façon, on l'a perdu de vue à moins de 20 mètres, c'était une connerie. Allez Kilh vas-y creuse! Notre salut est là sous nos pieds. On va le faire ce putain d'igloo.
Sans un mot mon camarade d'infortune se met à creuser à son tour.
Loin dans la nuit, on l'a entendu. A peine perceptible et pourtant, instantanément nous avons levé la tête. Je murmure essoufflé.
- T'as entendu? T'as entendu comme moi?
- Ouai, arme légère, 9mm.
Les sens aux aguets, nous nous sommes instantanément levé. Nouveau coup de feu au loin.
- P38! Je dits.
- Non, Luger, c'est le Luger à Bhaub, il a un pistolet de ce type.
Je sors mon P38 de la gaine et je tire un coup de feu en l'air. Nouveau coup de feu en réponse.
- Ca vient de notre gauche. Allons-y!
Prestement, nous remettons nos skis. Nous avançons à l'aveugle dans la direction présumée du coup de feu. Après deux minutes, je tire un nouveau coup de feu en l'air. C'est affreux, mon P38 qui sonne si sec d'habitude! J'ai l'impression de tirer dans un matelas ou un coussin. Mais au loin on a entendu la détonation. Nouveau coup de feu. On continue. Kilh voudrait accélérer, mais je le retiens.
- Attention, ne va pas trop vite, faut qu'on reste ensemble.
Il est à deux mètres maximum de moi et je ne le vois presque pas. Nouveau coup de pistolet.
- C'est tout proche! HEEE Bauhb tu nous entends!
La voix de Kilh est étouffée, pourtant il a crié de tous ses poumons. Nous nous arrêtons quelques secondes. Ca y est, une voix est perceptible.
- Par ici!
Merde, mais c'est tout près.
- On est là!
La voix de notre camarade Oskar Bhaub car c'est bien lui, se fait à nouveaux entendre. Il répète plusieurs fois "Par ici" pour nous diriger. Nous le repérons enfin lorsqu'il est presque devant nous. Accolades de joies. Le Feldwebel s'est attaché à une longue corde qui le relie au véhicule, nous le suivons encore sur une cinquantaine de mètres et enfin nous touchons le Graal sous la forme du Blitz chenillé. Nous jetons nos skis à l'arrière et nous nous empressons de rejoindre la cabine que Vylsain a maintenue en température en laissant le moteur tourner. Il nous interpelle.
- Mais bon sang, qu'est-ce que vous avez foutu, j'ai bien cru que j'allais devoir passer la nuit tout seul ici.
Nous dégustons avec délectation la soupe chaude que nous sert le jeune Unteroffizier. Kilh donne une tape amicale sur l'épaule de Bhaub.
- Je savais que je pouvais compter sur vous Oskar. Merci.
Le Feldwebel était redevenu fidèle à son image taciturne et fermée. Il ne répond rien à Kilh.
Au volant, Vylsain s'impatiente.
- Bon qu'est-ce qu'ont fait?
Je réponds instantanément et sans hésitation:
- Vous avez noté les caps pour venir jusqu'ici?
Le Feldwebel Bhaub a l'air contrarié.
- Naturellement que nous l'avons fait.
- Bien alors Unteroffizier Vylsain, on roule. Allez-y à mi-vitesse, de toute façon, ce foutu pays est plat comme une assiette, tout ce qu'on risque c'est de percuter un T34.
Pendant que le chenillé se met en route. Kilh et moi reportons nos observations sur la carte. Pensivement, nous regardons le report du cap pris par la colonne russe. il n'y a qu'un but sur un cap comme ça, un but que nous connaissons bien; Zihtomir.
- C'est beau...
Vylsain, toujours aux commandes dit à son tour:
- Oui... c'est beau.
Décidément vraiment pas très bavards nos deux fantassins. Je les observe du coin de l'œil. le contraste entre les deux est assez surprenant. D'un côté il y a Bhaub, toujours fidèle à la tenue réglementaire, réglementaire jusqu'au port de sa MP40 et de l'autre, il y a l'Unteroffizier Vylsain, dont l'accoutrement est complètement opposé à celui de son camarade de combat. Il a vêtu la tenue complète d'hiver des soldats russes dont il a quand même eut la décence de retirer les parements et il a toujours avec lui sa fidèle PPSH. Deux soldats qui pourtant, s'entendent à merveille. Je dois dire que le régiment de Kilh m'impressionne, car malgré l'indiscipline notoire qui y règne, les gars sont très soudés entre eux et il y a très peu de bagarres et d'altercations entre les hommes qui composent ce régiment.
Au loin, une colline se profile. J'interpelle Vylsain.
- Vous vous arrêterez au pied de cette colline Vylsain. Kilh, vous viendrez avec moi jusque là haut, on devrait avoir une bonne visibilité, qu'en pensez-vous?
Il acquiesce.
- Oui. On mettra les skis de fond, j'en ai pris 4 paires au cas ou.
Lentement pour économiser nos forces dans ce froid polaire. Nous fixons nos skis et revêtons nos combinaisons blanches. Je sangle ma MP40 serrée au corps ainsi qu'un sac de toile contenant quelques affaires de rechange et un peu de nourriture. Nous avons une boussole fixée au poignet. Des lunettes spéciales protègent nos yeux et un masque recouvre notre visage. J'interroge Kilh du regard. Il me fait signe du pouce. Et c'est parti. Sans un mot, nous filons à bon rythme vers la colline qui est encore assez éloignée. Nos skis nous permettent d'avance assez rapidement. Les semelles de bois laqué crissent sur la neige glacée. Le chenillés n'est bientôt plus qu'un petit point à l'horizon. A chaque changement de cap, je m'arrête et note le temps mis pour parcourir le trajet et le cap. Kilh fait de même, précaution élémentaire au cas où nous nous perdions de vue. Nous arrivons enfin au pied de la colline. Nous faisons une pause. A l'Ouest, le soleil commence déjà de descendre vers l'horizon. Nous soufflons un peu. Kilh consulte sa montre.
- 16h12 Kowalski. Il ne faudra pas traîner si nous voulons rentrer avant la nuit qui va tomber vers 18h00. Nous avons mis presque une heure pour faire le trajet, Ca ne nous laisse pas beaucoup de temps pour grimper la colline et faire notre observation.
A l'Est, il y a de gros nuages gris qui s'amoncellent. Nous les voyons tous les deux et savons ce qu'ils signifient, mais aucun d'entre-nous ne fait de commentaire. Nous attaquons l'ascension en effectuant de petits pas en "V" pour empêcher nos skis de glisser en arrière. Derrière le masque, l'air parvient pas trop froid à nos poumons. Nous respirons en cadence, le sommet est à moins de 100 mètres. Le dernier bout est effacé en quelques minutes. Je choisi un rocher pour m'appuyer et mes jumelles en mains j'observe la plaine qui s'étend devant moi. Celle-ci est partagée en son centre par une rivière gelée. Un peu plus à l'Est, nous apercevons un village. A mes côtés Kilh murmure:
- Tu vois le village là bas?
- Oui...
- Tu ne remarque pas du mouvement? Il me semble que je vois des trucs bouger là-bas...
Nos deux paires de jumelles se fixent sur la bourgade. J'observe attentivement et ... ça y est, je remarque quelque chose. C'est blanc, c'est pour cela que j'ai de la peine à distinguer l'objet. Il n'y en a d'ailleurs pas qu'un. Maintenant, que notre cœur bat à une cadence normale, nous arrivons à voir plus clair. Notre vue se dégage.
- Quatre... non il y en a moins dix... T34 et des T60 aussi. Regarde!
Nos yeux sont maintenant accrochés au village et à ses alentours. Kilh prend des notes pendant que je lui dicte ce que je repère.
- Des camions, une cinquantaine au moins... stationnés au Nord Ouest du village... des citernes aussi, il doit s'agir d'un point de ravitaillement. Des chars se mettent en mouvement, une trentaine de tanks des T34 et des T60...cap... je dirais 40/50° Nord -Est, probablement qu'ils vont vers Kiev. il y a des transports de troupes, tu sais des engins Américains.
Kilh demande:
- Chenillés?
- Oui, le train arrière.
Il note machinalement:
- M16, 18 hommes par véhicule avec le chauffeur et le mitrailleur, combien?
J'essaye de distinguer quelque chose de précis. Mais c'est difficile, mes yeux commencent de se fatiguer. Je dois à plusieurs reprises baisser les lunettes et fermer les yeux.
Je poursuis:
- Disons... une trentaine aussi... même cap que les chars, direction Kiev... non attend, ils tournent dans le village... bizarre, qu'est-ce qu'ils foutent??? Ah oui, ils se mettent en colonne avec les chars, les chars devant, les transports derrière. Ca y est, ils quittent le village... nouveau cap Sud, Sud/Est.
Kilh s'inquiète:
- Dit-donc, c'est pas contre nous ça?
Je le rassure:
- Non plus à l'Est... bon ce n'est pas bon non plus, s'ils continuent comme ça il vont tomber sur notre Blitz. Allez foutons le camp.
Nous nous équipons rapidement. La descente de la colline est avalée en moins de deux minutes. Skieur depuis ma tendre enfance, j'éprouve un grand plaisir à effectuer quelques élégantes arabesques et laisser dans la neige fraîche de grandes traces en "S". Arrivés au bas de la pente, nous nous regardons avec petit sourire. Kilh aussi maîtrise visiblement la glisse.
- Sympa cette descente hein?
Nous rigolons de ces quelques émotions sympathiques.
- Oui, il y a bien longtemps que je n'avais plus éprouvé ce plaisir.
Alors que nous nous mettions en route en suivant nos traces, il m'explique que sa mère est autrichienne et qu'il a eut l'occasion de souvent skier par le passé lors de vacances dans la région d'Innsbruck. Alors que nous avançons à bon rythme, la nuit tombe de plus en plus et pour couronner le tout, le plafond descend également. Les premiers flocons ne tardent pas à tomber. Nous accélérons le rythme. Régulièrement, Nous regardons nos notes. Malheureusement, pris dans notre discussion, nous avons oublié de calculer le temps. L'inquiétude s'installe. Kilh qui a encore accéléré dit entre deux nuages de buée.
- Il nous faut retrouver le prochain changement de cap avant que la neige ne recouvre nos traces. Après on pourra partir sur un truc sûr.
Je regarde ma montre, nous devons être à moins d'une demi-heure du véhicule. Sans doute encore moins, car nous avons été beaucoup plus rapides que pour l'aller. Mais la neige tombe de plus en plus fortement et ce que nous redoutions le plus, survient. La neige recouvre nos traces avant d'avoir pu trouver un changement de cap. Heureusement, le vent est léger et la température est remontée à - 15, il fait presque chaud et nous retirons nos masques. Nous continuons comme ça encore quelques centaines de mètres les yeux rivés sur nos boussoles. Kilh tempête.
- Mais quels cons on peut faire, mais c'est pas vrai. C'est un truc élémentaire, je me botterai le cul tout seul si je le pouvais.
Nous tendons l'oreille, attentif éventuellement au bruit d'un moteur, celui du véhicule chenillé, mais au travers du mur de neige rien ne perçoit. Tout ce qu'on entend, c'est le crissement ouaté de nos skis sur la neige. Kilh, visiblement inquiet me regarde:
- Qu'est-ce qu'on fait?
J'hésite.
- Et tes gars... ils sont fiables? Qu'est-ce qu'ils vont faire. Ficher le camp sans nous ou nous attendre?
- Si j'ai pris avec moi Bhaub et Vylsain, c'est parce que se sont des fidèles parmi les fidèles. Ils attendront, c'est garanti. Ils passeront la nuit dans le véhicule et se mettront en route demain pour nous chercher.
La nuit est pratiquement tombée. Je tâte dans le sac de toile le pistolet lance fusées. Kilh me regarde inquiet.
- C'est terrible, ils sont probablement à quelques centaines de mètres, mais si nous utilisons ce machin et que la colonne ennemie que nous avons aperçue tout à l'heure est dans le secteur. on risque gros.
- Oui, mais on ne peut pas passer la nuit ici, on va mourir gelé. Il reste deux solutions, je tire une fusée de détresse très bas pour éviter qu'elle ne soit visible trop loin ou nous creusons un trou dans la neige et nous montons un igloo pour la nuit. Faut qu'on se décide très vite.
Kilh hésite deux seconde.
- Vas-y tire cette foutue fusée et que Dieu nous protège.
Je saisi le pistolet, nerveusement, j'arme le chien. Je jette un oeil à ma boussole, vise vers le cap où logiquement devraient se trouver le chenillé. Le claquement sec du départ du coup est étouffé par la neige. La fusée, tirée à un angle très bas, file vers le ciel et disparaît presque instantanément dans la nuit. Nous attendons, tous nos sens aux aguets, le visage balayé par les flocons. Malgré le froid nous avons retiré nos capuchons et nos bonnets afin d'avoir les oreilles complètement dégagées. Deux minutes se passent ainsi, une éternité, mais rien par le moindre bruit. Je m'agenouille et commence de creuser.
- C'est foutu, ils n'ont pas vu la fusée, de toute façon, on l'a perdu de vue à moins de 20 mètres, c'était une connerie. Allez Kilh vas-y creuse! Notre salut est là sous nos pieds. On va le faire ce putain d'igloo.
Sans un mot mon camarade d'infortune se met à creuser à son tour.
Loin dans la nuit, on l'a entendu. A peine perceptible et pourtant, instantanément nous avons levé la tête. Je murmure essoufflé.
- T'as entendu? T'as entendu comme moi?
- Ouai, arme légère, 9mm.
Les sens aux aguets, nous nous sommes instantanément levé. Nouveau coup de feu au loin.
- P38! Je dits.
- Non, Luger, c'est le Luger à Bhaub, il a un pistolet de ce type.
Je sors mon P38 de la gaine et je tire un coup de feu en l'air. Nouveau coup de feu en réponse.
- Ca vient de notre gauche. Allons-y!
Prestement, nous remettons nos skis. Nous avançons à l'aveugle dans la direction présumée du coup de feu. Après deux minutes, je tire un nouveau coup de feu en l'air. C'est affreux, mon P38 qui sonne si sec d'habitude! J'ai l'impression de tirer dans un matelas ou un coussin. Mais au loin on a entendu la détonation. Nouveau coup de feu. On continue. Kilh voudrait accélérer, mais je le retiens.
- Attention, ne va pas trop vite, faut qu'on reste ensemble.
Il est à deux mètres maximum de moi et je ne le vois presque pas. Nouveau coup de pistolet.
- C'est tout proche! HEEE Bauhb tu nous entends!
La voix de Kilh est étouffée, pourtant il a crié de tous ses poumons. Nous nous arrêtons quelques secondes. Ca y est, une voix est perceptible.
- Par ici!
Merde, mais c'est tout près.
- On est là!
La voix de notre camarade Oskar Bhaub car c'est bien lui, se fait à nouveaux entendre. Il répète plusieurs fois "Par ici" pour nous diriger. Nous le repérons enfin lorsqu'il est presque devant nous. Accolades de joies. Le Feldwebel s'est attaché à une longue corde qui le relie au véhicule, nous le suivons encore sur une cinquantaine de mètres et enfin nous touchons le Graal sous la forme du Blitz chenillé. Nous jetons nos skis à l'arrière et nous nous empressons de rejoindre la cabine que Vylsain a maintenue en température en laissant le moteur tourner. Il nous interpelle.
- Mais bon sang, qu'est-ce que vous avez foutu, j'ai bien cru que j'allais devoir passer la nuit tout seul ici.
Nous dégustons avec délectation la soupe chaude que nous sert le jeune Unteroffizier. Kilh donne une tape amicale sur l'épaule de Bhaub.
- Je savais que je pouvais compter sur vous Oskar. Merci.
Le Feldwebel était redevenu fidèle à son image taciturne et fermée. Il ne répond rien à Kilh.
Au volant, Vylsain s'impatiente.
- Bon qu'est-ce qu'ont fait?
Je réponds instantanément et sans hésitation:
- Vous avez noté les caps pour venir jusqu'ici?
Le Feldwebel Bhaub a l'air contrarié.
- Naturellement que nous l'avons fait.
- Bien alors Unteroffizier Vylsain, on roule. Allez-y à mi-vitesse, de toute façon, ce foutu pays est plat comme une assiette, tout ce qu'on risque c'est de percuter un T34.
Pendant que le chenillé se met en route. Kilh et moi reportons nos observations sur la carte. Pensivement, nous regardons le report du cap pris par la colonne russe. il n'y a qu'un but sur un cap comme ça, un but que nous connaissons bien; Zihtomir.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
Age : 57
Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
quelle histoire! Mais qu'est ce que nous allons devenir!!!
F/JG300_Tempest- Major LW
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Re: Un Stug pour la liberté
Vers 0600 du matin, le soleil qui se couche tard et se lève tôt sous ces latitudes fait son apparition, Vers 0300, Vylsain avait arrêté sa marche car selon nos calculs nous devions être à proximité du camp. Le petit sous-officier nous avait parfaitement dirigé, et la forêt abritant ma compagnie était juste là à quelques centaines de mètres sur notre gauche. Une épaisse couche de glace recouvrait les fenêtres de notre engin, à l'extérieur comme à l'intérieur. Avant d'effectuer le dernier bout, le Feldwebel Bhaub avait quitté l'habitacle et au moyen d'un petit pic, s'employait à faire tomber des gouttières du toit de longues stalactites de glace bleue. Au loin le soleil levant inondait la campagne d'une lumière bleue et glaciale, le thermomètre indique -48°. Méthodiquement, Oskar débarrasse notre véhicule de son onguent de glace. Vylsain qui avait arrêté le moteur pour économiser le carburant qui commence de se faire rare, s'emploie à chauffer le réservoir à mazout, la pompe et les conduites de carburant au moyen d'un brûleur à gaz. Après 20 minutes, le moteur démarre au premier coup. Clin d'œil du sous-officier.
- Quand on sait parler à la mécanique, elle ne vous lâche jamais.
De sa main gantée d'un énorme moufle, il donne deux petites tapes amicales sur le tableau de bord givré. Grelottant à qui mieux mieux, Kilh et moi sommes recroquevillés à l'arrière sous un tas de couvertures. Nos habits mouillés ne nous aident pas à nous réchauffer. Vingt minutes plus tard, nous rejoignions enfin le campement. Abrutis par la fatigue et les émotions Kilh et moi retrouvions avec bonheur le quartier général assez bien chauffé par deux poêles en fonte de campagne. Golgoth, l'équipe de Willsdorff était revenue le soir avant, il avait pu faire demi-tour assez rapidement car sur le chemin, il nous expliquait avoir eu la surprise de rencontrer la 1. SS Panzer Division "Leibstandarte SS Adolf Hitler" commandée par le Michael Wittmann. A ces mots plusieurs d'entre-nous font une grimace. Willsdorff continue.
- J'ai été assez surpris de l'accueil de la division de Wittmann, il n'a en tout cas fait aucune allusion déplacée nous concernant. Je lui ai expliqué d'où nous venions et la raison de notre reconnaissance. Il m'a répondu que sa division allait direction Zhitomir car il y avait plusieurs information comme quoi des colonnes ennemies avaient contourné Kiev et faisaient route vers Zhitomir. Il nous a donné rendez-vous au Nord Est de Zhitomir...
Il montre sur la carte un point.
- ... Il y a un village à cet endroit et veut attendre les Communistes à cet endroit pour les prendre à revers une fois qu'ils nous aurons dépassé pour prendre Zhitomir en tenaille.
Je suis cynique:
- Hum... c'est joliment manœuvré pour nous donner l'ordre de le rejoindre. Enfin, ça nous change des relations habituelles que nous avons avec les SS, bon, avec ce que nous avons vu hier avec Kilh c'est effectivement notre intention.
J'indique à mon tour sur la carte l'endroit d'où est partie la colonne russe et le cap qu'elle a pris.
- Zhitomir... je vois mal une autre destination dans ce coin. C'est la ville la plus importante, et elle avait été le théâtre de combats très violents lors de sa prise en 1942. Je pense que les Russes veulent laver l'affront, comme ils l'on fait à Stalingrad et à Orel.
Golgoth qui jusque là était resté silencieusement, tirait rêveusement sur sa courte pipe.
- En général les opérations de ce genre sont confiées aux unités de la Garde, l'élite de l'armée rouge... les combats risques d'être très durs.
Je refermais la carte.
- Oui, les combats risquent d'être chaud. Mais vu la température je pense que personne ne s'en plaindra.
Rire dans l'assistance. Je relance Willsdorff au sujet de ces contacts avec la division de Wittmann.
- Tu te souviens de combien de chars est composée cette unité Will?
- Ils avaient 6 chars lourds "Tigre" et il y avait également une dizaine de "IV" mais qui devaient provenir d'une autre division. Les unités de maintenance qui vont avec les accompagnaient.
Je regarde ma montre.
- Bien, les gars, départ dans 30 minutes. Allez hop au trot.
Depuis notre départ de Zhitomir notre division comptait cinq chars lourds soit trois "Tigres" et deux "Panther" commandés par Golgoth. Le Panther portant le code 122 était commandé par Tafner. Nous avions encore douze chars légers des PzIV J et H et deux Stug III, dont le mien. Le régiment de Kilh comptait maintenant environ 300 hommes et 8 batteries antichars toutes tractées par des chenillés.
Quelques centaines de mètres après avoir quitté la forêt qui nous offrait son abri, je me retournais et constatait que notre colonne était loin d'être ridicule. Le soleil brillait et pour la première fois depuis plusieurs jours la température dépassait les 0°. J'étais fier d'être à la tête de cette armée, un sentiment qui ne m'avait plus habité depuis bien longtemps. Au fond de moi-même, je me disais.
- Tous les gars qui sont là sont presque tous des vétérans... si avec ça on ne met une pâtée aux ruskov...
Midi, le soleil est au zénith. Pas de pause, nous mangeons dans les véhicules. Sur ces larges chenilles le Stug évolue avec une aisance déconcertante et régulièrement Volta doit baisser la puissance pour ne pas distancer le reste de la compagnie. Vers 1530, nous retrouvons le paysage légèrement vallonné de la région de Zhitomir, j'estime que nous sommes à environ 40 kilomètres du point de rendez-vous et comme je n'ai pas envie de tomber nez à nez avec une colonne ennemie. Je demande à Kilh d'effectuer une reconnaissance sur les crêtes des collines qui nous entourent. Pendant que nous évoluons au pas, le chenillé de commandement nous devance.
- De reco 1 à tête de colonne vous m'entendez?
C'est la voix du Leutnant Kilh. Il a parlé sur le poste en ondes courtes que nous utilisons en combat lorsque nous ne sommes pas très éloignés l'un de l'autre. S'il a utilisé ce canal, c'est qu'il a quelque chose d'important à nous annoncer car les Russes pour le moment ne peuvent pas encore capter cette fréquence. Le ton est tendu. Julius notre radio répond.
- Nous vous recevons for et clair reco 1
- J'ai devant moi... 3 kilomètres au Nord Est cap 70... nombreuses unités ennemies... estimation à environ trente chars ennemis avec nombreuses unités d'infanterie et logistiques.
Ca y est, on retrouvé la colonne vue avec Kilh il y a deux jours. Je demande à la colonne de s'arrêter. Je descend dans l'habitacle et prend le micro des mains de Julius.
- Bien reçu reco 1. Donnez position canons ennemis par rapport à position colonne! Indiquez si ennemi au repos ou prêt pour offensive.
La réponse ne tarde pas.
- Tanks ennemis identifiés, T34, T60 et canons automoteurs. Cap tourelle Sud. Unités ennemies en attente.
Dans ma tête les choses vont vites. Je demande encore la configuration du terrain. Ivan s'est installé au pied de la colline où se trouve Kilh et ses hommes. Je demande un rassemblement urgent de l'état-major, je demande au Feldwebel Bhaub qui remplace Kilh en son absence de nous rejoindre. Une fois tout le monde réuni, je les informe de la situation.
- Les gars, l'occasion est trop belle, vu la position d'attente de cette unité ennemie, les Soviétiques ne s'attendent visiblement pas à une attaque par l'arrière ou par les flancs. Voilà comme nous allons procéder. Bhaub, vous mettez en batterie les 8 pièces antichars dans le goulet ici à l'Ouest de la position. Golgoth avec tes chars lourds, tu contournes la colline par l'Est, tu auras avec toi cents des hommes les moins expérimentés du régiment de Kilh, leur tâche sera de vous protéger des attaques de sapeur ou de fusils antichars ennemis.
Kilh apparaît essoufflé.
- J'ai laissé deux hommes là hauts ils continuent d'observer les mouvements ennemis. Rien à signaler pour le moment, je pense qu'on devrait profiter de l'opportunité, ils n'ont pas l'air très attentifs...
Je reprends:
merci Kilh beau boulot, c'est bien mon intention. Continuons, Willsdorff et moi, passeront par-dessus la colline, Kilh m'a confirmé que ça devait passer et que la pente de l'autre côté ne devrait pas nous surprendre.
Il acquiesce en hochant de la tête.
- Il y juste à droite de notre position à environ 150 mètres quelques rochers, mais sinon la pente est légère, il n'y aura aucun problème.
Je poursuis:
- Bien ceci étant dit, le but pour Will et moi, est de foncer au milieu de la colonne ennemie pour foutre la pagaille. Au même moment les "Tigre" et les "Panther" de Golgoth entreront dans la danse. Le solde du régiment de Kilh sera avec nous et dès que les blindés seront neutralisés, ils finiront le boulot. Si des véhicules arrivent à s'échapper par le goulet, les batteries antichars les cueilleront au passage. Ca marche comme ça ? Bien accordons nos montres... on y va.
Pendant que les camions des artilleurs filent vers leur position avec Bhaub, les chars de Golgoth se mettent en branle vers l'Est. De notre côté, chaque équipage se prépare nerveusement. Dans le Stug, le rituel s'est mis en route. Julius vérifie les trappes d'évacuation, la radio et nos paquetages avec nos armes personnelles. Il prépare les obus de 75 ouvre les trappes des logements de munitions afin de perdre le moins de temps possible au chargement, d'un geste agile et souple, il extirpe le premier obus de la lourde culasse, et le recouvre d'une fine pellicule de graisse. Ensuite, rapidement, il passe un coup d'écouvillon dans le canon. De son côté, Volta fait le tour du char et vérifie que tout soit en ordre, au moyen d'une barre à mine, il brise la glace qu'il s'est accumulée entre les roues et les galets. Il maugrée.
- Et bien nous verrons si notre modification vaut quelque chose au combat...
Alors qu'en quelques minutes les canons antichars étaient mis en position, il fallut vingt bonne minutes pour que l'annonce tant attendue résonne enfin dans nos écouteurs.
- Section 2 en position.
Je me redresse dans ma tourelle. je regarde à gauche et à droite. Les commandants de chars ont leur regard fixé sur moi. Je lève la main et je donne l'ordre de mise en route. Dans un grondement terrible, les 12 tanks se mettent en mouvement.
- Quand on sait parler à la mécanique, elle ne vous lâche jamais.
De sa main gantée d'un énorme moufle, il donne deux petites tapes amicales sur le tableau de bord givré. Grelottant à qui mieux mieux, Kilh et moi sommes recroquevillés à l'arrière sous un tas de couvertures. Nos habits mouillés ne nous aident pas à nous réchauffer. Vingt minutes plus tard, nous rejoignions enfin le campement. Abrutis par la fatigue et les émotions Kilh et moi retrouvions avec bonheur le quartier général assez bien chauffé par deux poêles en fonte de campagne. Golgoth, l'équipe de Willsdorff était revenue le soir avant, il avait pu faire demi-tour assez rapidement car sur le chemin, il nous expliquait avoir eu la surprise de rencontrer la 1. SS Panzer Division "Leibstandarte SS Adolf Hitler" commandée par le Michael Wittmann. A ces mots plusieurs d'entre-nous font une grimace. Willsdorff continue.
- J'ai été assez surpris de l'accueil de la division de Wittmann, il n'a en tout cas fait aucune allusion déplacée nous concernant. Je lui ai expliqué d'où nous venions et la raison de notre reconnaissance. Il m'a répondu que sa division allait direction Zhitomir car il y avait plusieurs information comme quoi des colonnes ennemies avaient contourné Kiev et faisaient route vers Zhitomir. Il nous a donné rendez-vous au Nord Est de Zhitomir...
Il montre sur la carte un point.
- ... Il y a un village à cet endroit et veut attendre les Communistes à cet endroit pour les prendre à revers une fois qu'ils nous aurons dépassé pour prendre Zhitomir en tenaille.
Je suis cynique:
- Hum... c'est joliment manœuvré pour nous donner l'ordre de le rejoindre. Enfin, ça nous change des relations habituelles que nous avons avec les SS, bon, avec ce que nous avons vu hier avec Kilh c'est effectivement notre intention.
J'indique à mon tour sur la carte l'endroit d'où est partie la colonne russe et le cap qu'elle a pris.
- Zhitomir... je vois mal une autre destination dans ce coin. C'est la ville la plus importante, et elle avait été le théâtre de combats très violents lors de sa prise en 1942. Je pense que les Russes veulent laver l'affront, comme ils l'on fait à Stalingrad et à Orel.
Golgoth qui jusque là était resté silencieusement, tirait rêveusement sur sa courte pipe.
- En général les opérations de ce genre sont confiées aux unités de la Garde, l'élite de l'armée rouge... les combats risques d'être très durs.
Je refermais la carte.
- Oui, les combats risquent d'être chaud. Mais vu la température je pense que personne ne s'en plaindra.
Rire dans l'assistance. Je relance Willsdorff au sujet de ces contacts avec la division de Wittmann.
- Tu te souviens de combien de chars est composée cette unité Will?
- Ils avaient 6 chars lourds "Tigre" et il y avait également une dizaine de "IV" mais qui devaient provenir d'une autre division. Les unités de maintenance qui vont avec les accompagnaient.
Je regarde ma montre.
- Bien, les gars, départ dans 30 minutes. Allez hop au trot.
Depuis notre départ de Zhitomir notre division comptait cinq chars lourds soit trois "Tigres" et deux "Panther" commandés par Golgoth. Le Panther portant le code 122 était commandé par Tafner. Nous avions encore douze chars légers des PzIV J et H et deux Stug III, dont le mien. Le régiment de Kilh comptait maintenant environ 300 hommes et 8 batteries antichars toutes tractées par des chenillés.
Quelques centaines de mètres après avoir quitté la forêt qui nous offrait son abri, je me retournais et constatait que notre colonne était loin d'être ridicule. Le soleil brillait et pour la première fois depuis plusieurs jours la température dépassait les 0°. J'étais fier d'être à la tête de cette armée, un sentiment qui ne m'avait plus habité depuis bien longtemps. Au fond de moi-même, je me disais.
- Tous les gars qui sont là sont presque tous des vétérans... si avec ça on ne met une pâtée aux ruskov...
Midi, le soleil est au zénith. Pas de pause, nous mangeons dans les véhicules. Sur ces larges chenilles le Stug évolue avec une aisance déconcertante et régulièrement Volta doit baisser la puissance pour ne pas distancer le reste de la compagnie. Vers 1530, nous retrouvons le paysage légèrement vallonné de la région de Zhitomir, j'estime que nous sommes à environ 40 kilomètres du point de rendez-vous et comme je n'ai pas envie de tomber nez à nez avec une colonne ennemie. Je demande à Kilh d'effectuer une reconnaissance sur les crêtes des collines qui nous entourent. Pendant que nous évoluons au pas, le chenillé de commandement nous devance.
- De reco 1 à tête de colonne vous m'entendez?
C'est la voix du Leutnant Kilh. Il a parlé sur le poste en ondes courtes que nous utilisons en combat lorsque nous ne sommes pas très éloignés l'un de l'autre. S'il a utilisé ce canal, c'est qu'il a quelque chose d'important à nous annoncer car les Russes pour le moment ne peuvent pas encore capter cette fréquence. Le ton est tendu. Julius notre radio répond.
- Nous vous recevons for et clair reco 1
- J'ai devant moi... 3 kilomètres au Nord Est cap 70... nombreuses unités ennemies... estimation à environ trente chars ennemis avec nombreuses unités d'infanterie et logistiques.
Ca y est, on retrouvé la colonne vue avec Kilh il y a deux jours. Je demande à la colonne de s'arrêter. Je descend dans l'habitacle et prend le micro des mains de Julius.
- Bien reçu reco 1. Donnez position canons ennemis par rapport à position colonne! Indiquez si ennemi au repos ou prêt pour offensive.
La réponse ne tarde pas.
- Tanks ennemis identifiés, T34, T60 et canons automoteurs. Cap tourelle Sud. Unités ennemies en attente.
Dans ma tête les choses vont vites. Je demande encore la configuration du terrain. Ivan s'est installé au pied de la colline où se trouve Kilh et ses hommes. Je demande un rassemblement urgent de l'état-major, je demande au Feldwebel Bhaub qui remplace Kilh en son absence de nous rejoindre. Une fois tout le monde réuni, je les informe de la situation.
- Les gars, l'occasion est trop belle, vu la position d'attente de cette unité ennemie, les Soviétiques ne s'attendent visiblement pas à une attaque par l'arrière ou par les flancs. Voilà comme nous allons procéder. Bhaub, vous mettez en batterie les 8 pièces antichars dans le goulet ici à l'Ouest de la position. Golgoth avec tes chars lourds, tu contournes la colline par l'Est, tu auras avec toi cents des hommes les moins expérimentés du régiment de Kilh, leur tâche sera de vous protéger des attaques de sapeur ou de fusils antichars ennemis.
Kilh apparaît essoufflé.
- J'ai laissé deux hommes là hauts ils continuent d'observer les mouvements ennemis. Rien à signaler pour le moment, je pense qu'on devrait profiter de l'opportunité, ils n'ont pas l'air très attentifs...
Je reprends:
merci Kilh beau boulot, c'est bien mon intention. Continuons, Willsdorff et moi, passeront par-dessus la colline, Kilh m'a confirmé que ça devait passer et que la pente de l'autre côté ne devrait pas nous surprendre.
Il acquiesce en hochant de la tête.
- Il y juste à droite de notre position à environ 150 mètres quelques rochers, mais sinon la pente est légère, il n'y aura aucun problème.
Je poursuis:
- Bien ceci étant dit, le but pour Will et moi, est de foncer au milieu de la colonne ennemie pour foutre la pagaille. Au même moment les "Tigre" et les "Panther" de Golgoth entreront dans la danse. Le solde du régiment de Kilh sera avec nous et dès que les blindés seront neutralisés, ils finiront le boulot. Si des véhicules arrivent à s'échapper par le goulet, les batteries antichars les cueilleront au passage. Ca marche comme ça ? Bien accordons nos montres... on y va.
Pendant que les camions des artilleurs filent vers leur position avec Bhaub, les chars de Golgoth se mettent en branle vers l'Est. De notre côté, chaque équipage se prépare nerveusement. Dans le Stug, le rituel s'est mis en route. Julius vérifie les trappes d'évacuation, la radio et nos paquetages avec nos armes personnelles. Il prépare les obus de 75 ouvre les trappes des logements de munitions afin de perdre le moins de temps possible au chargement, d'un geste agile et souple, il extirpe le premier obus de la lourde culasse, et le recouvre d'une fine pellicule de graisse. Ensuite, rapidement, il passe un coup d'écouvillon dans le canon. De son côté, Volta fait le tour du char et vérifie que tout soit en ordre, au moyen d'une barre à mine, il brise la glace qu'il s'est accumulée entre les roues et les galets. Il maugrée.
- Et bien nous verrons si notre modification vaut quelque chose au combat...
Alors qu'en quelques minutes les canons antichars étaient mis en position, il fallut vingt bonne minutes pour que l'annonce tant attendue résonne enfin dans nos écouteurs.
- Section 2 en position.
Je me redresse dans ma tourelle. je regarde à gauche et à droite. Les commandants de chars ont leur regard fixé sur moi. Je lève la main et je donne l'ordre de mise en route. Dans un grondement terrible, les 12 tanks se mettent en mouvement.
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Date d'inscription : 09/04/2007
Re: Un Stug pour la liberté
Les mains posées sur le bord de l'écoutille, j'ai soudainement un doute terrible. Et si les Russes nous avaient repéré et qu'ils nous attendent gentiment prêts à nous allumer de toutes leurs pièces?
Pas le temps de tergiverser. J'interpelle Julius.
- Passe sur le canal général et essaye d'aviser Wittmann que nous attaquons une colonne ennemie au Sud Est de Zihtomir.
Quelques minutes plus tard, le radio de la division en question nous signalait qu'il avait entendu le message et concluait par un "Bonne chance!"
Derrière nous, peinant dans la neige, les Kfz commence de gravir la colline. Devant moi se dresse la crête encore vingt mètres. Ce n'est pas possible, Ivan a dû nous entendre maintenant, pendant que notre Stug sur ses nouvelles chenilles grimpe allégrement, derrière les PzIV et le deuxième Stug sont à la peine, La neige fraîche porte mal, je suis tendu, j'espère qu'ils arriveront en haut. Lentement mais sûrement, ils me rejoignent. Encore 10 mètres, 5... ça y est le sommet est franchi, le tank bascule en avant et entame sa descente, là bas, à environ 3 kilomètres apparaît la colonne russe, la gorge serrée, j'essaye de voir quelque chose dans mes jumelles, mais je suis trop secoué. Alors qu'emporté par son poids un "IV" me double par la droite, je referme l'écoutille sur moi. Lentement, Julius informe le reste de la compagnie de notre progression. Nous arrivons au pied de la colline, derrière moi la section s'est un peu clairsemée. Pas grave ça suit! Il est temps que je vois à quoi ressemble ces russes. Volta immobilise le Stug dans l'axe. Dans mon périscope, je vois les T34, je vois aussi des soldats russes qui courent dans tous les sens, il y en a un qui lance ce qui doit être une tasse à café. je place le viseur au milieu des véhicules collés l'un à l'autre. Ils sont fous ces Russes, si un avion passe, il détruit la colonne en une passe. Le 75 crache son obus là bas à 800 mètres, quelque chose explose. Julius recharge. On entend que la douille qui tombe sur le plancher et la culasse qui se referme. A côté de nous, les autres tanks sont également en position de tir et bientôt un déluge de feu s'abat sur les véhicules et les chars soviétiques. Nous sommes légèrement en surplomb et je peux parfaitement voir ce qui se passe. Deux T34 s'écartent vers l'Est. Je saisi le microphone.
- Section 1... attention! Deux bandits roulent vers votre position!
- Vu Section 2. Nous les prenons en cible.
Bientôt tout là bas au fond de la vallée deux carcasses de T34 brûlent. Je reprends le microphone.
- Section 1 en avant, approchez-vous! Kilh, c'est à toi, en avant!
Les Kfz nous dépassent.
- Section 2 en avant!
Volta met en marche. Mes écouteurs grésillent.
- Attention cinq T34 en position au Sud, ils font route vers l'Ouest!
Froidement j'informe Bhaub de la situation. Sa voix répond.
- Compris! Je me demandais si vous alliez nous en laisser...
Notre Stug est à moins de 300 mètres maintenant. Dans le périscope je vois les gars de Kilh foncer au travers des véhicules et des chars ennemis. Les MP crépitent, Kilh se précipite son P38 à bout de bras. Un soldat russe se lève baïonnette au canon. Je frémis, mais le jeune Leutnant est plus prompt, à moins de 5 mètres le P38 claque deux fois, le russe s'effondre. Du côté des Communistes c'est la panique complète. Je réalise qu'il n'y aura pas de prisonniers. Les fuyards sont impitoyablement abattus. Dans mon casque, la voix de Bhaub retenti:
- Chars ennemis en vue... cinq T34... tous détruits!
Volta immobilise le Stug à proximité des Zis en feu. J'empoigne ma MP40 et je saute du tank. Sur ma droite le Stabfeldwebel Archy a mis en batterie sa MG42, le dernier nid de résistance que les Russes avaient mis en place en catastrophe est réduit au silence. J'avance prudemment entre les carcasses, il y a des cadavres partout, quelques uniformes de la Heer, mais presque que des tenues blanches russes. Un juron en russe me fait sursauter, je me retourne, un soldat ennemi se déhanchant comme un pantin essaye de s'approcher de moi. Péniblement, il tient une mitraillette de sa main valide qu'il essaye de redresser vers moi, il lui manque le bras et la jambe gauche. La MP 40 crépite et le pauvre hère s'effondre. Il n'est plus qu'un petit tas de chair sanguinolente. Je détourne mon regard de cette vision affreuse et continue. Ca et là des bruits d'armes automatiques résonnent et des derniers soldats soviétiques sont tous abattus. Les 5 chars lourds menés par Golgoth et les unités d'infanterie qui l'accompagnaient s'immobilisent vers nous. Kilh me rejoins. Il a les yeux exorbités, le souffle court, ses mains tremblent.
- Mission terminée Oberleutnant... j'ai quelques pertes, mais il n'y a plus un Russe de vivant. Que fait-on? On enterre?
Je regarde le soleil encore haut. Si les Russes ont eu le temps de signaler par radio l'attaque, l'aviation risque de nous tomber dessus.
- Vous avez maximum 10 minutes pour ranger toute cette merde Kilh après tant pis pour les autres, les corbeaux et les loups s'en chargeront. Je ne peux pas prendre le risque de me faire surprendre par l'aviation.
Il obtempère et les ordres fusent rapidement.
Je rejoins le Stug.
- Julius informe Wittman que la colonne ennemie est entièrement détruite.
Pendant qu'il s'installe devant son poste, il murmure.
- 500 hommes tués en moins de 10 minutes...
Je ne réponds pas et quitte une nouvelle fois le char. Willsdorff me retrouve.
- Sympathique boucherie n'est-ce pas chef?
Je regarde les chars ennemis détruits. Ils ne portent pas l'insigne typique des unités de la garde. J'interpelle Will.
- On a trouvé quelque chose sur les origines de cette colonne?
- Non, pas encore, mais je crois avoir entendu Kilh partir à la recherche du véhicule de commandement. Si nos canons ne l'ont pas réduit en miette, on devrait trouver quelque chose.
Effectivement, quelques minutes plus tard, Kilh apparaît avec une liasse de papier.
- Si tu arrives à lire le cyrillique...
Julius qui a appris sur le tas à décrypter cet alphabet particulier nous indique juste qu'il s'agissait d'une colonne blindée dépendant de la 5ème brigade de char, secteur Kiev.
- Mouai on ne va pas aller loin avec ça. Bon tout le monde aux véhicules, on continue vers la division de Wittmann. Julius tu les a informés du résultat de notre intervention?
- Naturellement chef. Il te félicite même...
Quelques minutes plus tard, la colonne reprenait sa progression vers l'Est. Trois heures plus tard, le village où nous avions rendez-vous apparaissait. A la vue des uniformes noirs à lisérés blancs je tressaille, je ne suis jamais tranquille avec les SS. Wittmann vient nous trouver, c'est la première vois que je vois l'as de la panzerwaffe. Contrairement à certains de ces camarades de classe plutôt arrogants, il est assez humble et ne fait aucune remarque sur nos origines disciplinaires. Il demande la manière dont le combat fut mené et se contente d'hocher de la tête.
- Bon travail Kowalski... bon travail.
Il m'explique sa tactique pour rejoindre Zhitomir et j'ai la surprise de l'entendre dire:
- Voyez-vous la chose autrement Kowalski? Vous qui connaissez la ville?
Je me redresse surpris par cette considération inhabituelle provenant de la part d'un officier SS.
- Heu.. et bien, je ne sais pas trop, il me faudrait un peu de temps pour réfléchir.
Il envoit ses deux sulbaternes organiser la garde et la distribution de repas. Nous sommes maintenant seuls dans la petite maison qui nous sert de quartier général. Wittmann remplit deux tasses de cafés. Il m'en tend une.
- Et bien Kowalski, vous ne paraissez pas dans votre assiette. Quelque chose ne va pas, vous êtes Oberleutnant et moi modeste Untersturmfürher, alors que ce passe t'il?
Dans la lumière du soir, la tête de mort et les trois petit carrés d'argent représentant son grade sur son col brillaient sinistrement. Je prenais mon courage à deux mains.
- J'ai eu trop de problèmes avec les SS pour être en parfaite confiance avec vous Wittmann. Vous m'excuserez donc si j'ai un peu de retenue vous concernant.
Il paraît contrarié.
- Hum... dommage, pourtant nous faisons partie d'une seule et même armée, nous combattons le même ennemi avec hargne et d'après ce qu'on dit de vous à Kiev, on est plutôt satisfait de vos états de service. En tout cas, c'est que l'Haupmann Gerber dit de vous... vous savez celui qu'on appelle "Panzer Gerber".
- Je le connais effectivement et je m'entends plutôt bien avec lui... au fait si vous venez de Kiev, peut-être avez-vous des nouvelles de l'Oberst Milow?
Son visage s'assombri:
- Milow est mort Kowalski, il y a huit jours dans un bombardement son quartier général a été durement touché.
- Ah... dommage, je le considérais comme un bon officier.
Wittmann rempli ma tasse de café.
- Oui comme Gerber, comme les Leutnant Kilh, Willsdorff, Golgoth, comme vous, comme moi et quelques autres qui combattent devant et ne font pas de théorie pompeuses à l'arrière... Ne croyez-vous pas que nous serons à même de faire une bonne équipe Kowalski?
- Si, de toute façon nos destins sont maintenant liés pour quelques temps en tout cas... bien voyons de plus près ce que vous me proposez pour intervenir à Zihtomir.
Le lendemain, alors qu'à nouveau une petite escouade menée par Kilh partait en avant garde, l'impressionnante colonne de chars se mettait en route vers la ville russe. Le ciel était lourd, de la neige tombait, et l'aviation nous laissa tranquille, le trajet se fit sans le moindre problème et bientôt Kilh nous avisait qu'il avait Zhitomir en vue.
- Tout est calme d'ici, je ne perçois aucun mouvement suspect. Nous attendons en cinq minutes et nous pénétrons dans la ville.
Vingt minutes plus tard, Kilh confirmait que la ville était inoccupée. Bientôt, les chars parcouraient la ville abandonnée quelques jours auparavant. Connaissant les lieux, la division de Wittmann se laissait guider dans le dédale de rue qui nous ramena enfin sur la place centrale. L'hôtel de ville et sa cuisine miracle était toujours là. Kupferschmied reprit ses quartiers avec bonheur. Wittmann et moi nous nous installions dans la grande pièce. Il ne posa pas une question. La défense de la ville fut organisée. Nous ne devions pas attendre longtemps avant d'avoir des nouvelles d'Ivan. C'était le 02 janvier 1944 et cela commença par un tir d'artillerie lourde terrible. Pensant que nous avions organisé notre défense dans le périmètre extérieur de la cité, les Russes ont concentré leurs tirs sur cette zone. Et nos chars positionnés à l'intérieur de la ville n'ont pas été touchés. Puis se fut au tour de l'aviation d'entrer en action. Les Sturmovik tournaient inlassablement au-dessus de la ville cherchant nos positions et nos tanks planqués dans des immeubles. Personne ne bouge, les gars ont l'ordre de ne pas tirer sur les appareils ennemis. De toute façon nous avons peu d'armes capables de causer des dommages importants sur ces chars volants que sont les Il2. De ma position surélevée dans l'hôtel précédemment occupé par le régiment de Kilh, je peux voir les mitrailleurs se pencher hors de l'habitacle à la recherche du moindre indice indiquant nos positions. Je peux nettement les distinguer dans leurs grosses vestes, leurs gants et leurs lunettes de vol. Parfois je peux les voir communiquer par gestes avec leur pilote. Sous leurs ailes bleu ciel ornées de grandes étoiles rouges, ils transportent des bombes et des roquettes. Parfois de longs réservoirs gris.
- Bombes incendiaires.
Murmure Kilh à mes côtés.
A chaque fois qu'un avion survole le secteur, je rentre la tête dans mes épaules et je me colle contre le mur sous la fenêtre. Je cœur battant, je m'attends à tout moment à entendre l'éclatement d'une bombe ou le staccato terrible des gros canons de 23 ou de 37 tueurs de chars tant redoutés. Mais une journée de plus se passe sans que les Russes probablement entassés maintenant par milliers aux abords de la ville ne bougent. Volta trépigne d'impatience.
- Ils sont là, nous encerclant gentiment mais sûrement et nous comme des cons, on attend ici à défendre une ville qui ne représente rien, deux ateliers de réparation, une église et un hôtel, que de la merde pour faire plaisir à Adolf.
C'est le lendemain à l'aube que l'alarme fut lancée depuis plusieurs postes d'observation.
- Ici poste 3, nombreuses unités d'infanterie ennemie en progression vers Zihtomir. Nous rejoignons poste de défense Nord-Est.
- Poste 2 à QG... de nombreuses unités blindées convergent vers l'entrée principale de la ville. Nous nous replions...
- Poste 1... l'assaut ennemi est lancé. Chars d'assaut avec infanterie en mouvement vers la zone industrielle.
Wittmann se tient au Sud de la ville. Ses Tigre sont en position prêts à faire mouvement. Il m'annonce qu'il a démarré. Golgoth fait de même et place ses chars sur la rue principale comme il a été prévu. Derrière les pièces antichars, l'équipe de Bhaub qui a pris le commandement de cette unité est également prête. Les Soviétiques ont coordonné leur attaque et entrent en même temps dans la ville. Le premier blindé a pénétré sur l'artère principale est un SU75. Le 88 du Tigre de Golgoth le transforme en torche. Partout en ville, les armes automatiques et les coups de canons résonnent. La première vague russe est anéantie en moins de deux heures. J'ai rejoins le Stug. Volta et Julius qui attendent dans un garage souterrain de l'hôtel de ville trépignent d'impatience.
- Alors qu'est-ce qu'on attend... que l'aviation nous enterre vivant, il faut foutre le camp d'ici avant qu'il ne soit trop tard.
- La ferme Volta et démarre. On rejoint Golgoth sur l'artère principale.
Le pilote de char grommelle quelques juteux jurons à mon endroit et démarre. Je repère les ruines de ce qui devait être une église.
- Essayes de t'enfiler là dedans Volta. De l'autre côté il y a un trou béant dans la façade, ça devrait nous donner une bonne position de tir.
Le Stug s'enfile à l'intérieur. Un pan de mur épais effondré nous protège des tirs frontaux et le toit de l'édifice nous protège des attaques venues du ciel. L'église est déjà occupée par des grenadiers de montagne de Kilh. Il y a notamment Archy et Vylsain. Le grand Stabfeldewebel est derrière sa fidèle MG42, des dizaines de caisses de munitions s'amoncèlent derrière lui. Plusieurs canons de rechange sont appuyés contre le mur des sacs de sable le protège des tirs d'armes légères adverses. Je reconnais Yohjo bardés de "tubes" antichars, Kier Von Schnabel et Plekhov. Volta les regarde méfiants.
- Ben merde alors, sacré position, nous voilà avec les fous... manque plus que le petit zigoto nerveux là... celui qui cligne toujours des yeux et qui bricole avec des charges explosives... comment qu'il s'appelle déjà... ah oui Goliath.
Yohjo s'approche, il a sorti un poignard effilé, il le regarde avec des yeux lubriques.
- Toi là bas qui te sens si en sécurité dans ta boîte de conserve! Tu as le choix, où on te coupe le quiqui et on te jette en pâture aux Russes ou tu nous considèrent comme ton assurance vie!
D'un geste précis il passe sa lame à l'envers sous sa gorge en faisant des bruits équivoques.
Volta grimace, il n'est pas très sûr de lui et sa fanfaronnade sonne faux.
- Mon assurance vie??? Hahaaaa hem...et bien... et bien on n'en parlera dans quelques heures...hein!
Vylsain lui fait une affreuse grimace et la discussion s'arrête là. Alors que dans mon périscope, j'aperçois quelques carcasses incandescentes de tanks russes finissant de se consumer, les gars de Kilh plaisantent de tout et de rien.
Pas le temps de tergiverser. J'interpelle Julius.
- Passe sur le canal général et essaye d'aviser Wittmann que nous attaquons une colonne ennemie au Sud Est de Zihtomir.
Quelques minutes plus tard, le radio de la division en question nous signalait qu'il avait entendu le message et concluait par un "Bonne chance!"
Derrière nous, peinant dans la neige, les Kfz commence de gravir la colline. Devant moi se dresse la crête encore vingt mètres. Ce n'est pas possible, Ivan a dû nous entendre maintenant, pendant que notre Stug sur ses nouvelles chenilles grimpe allégrement, derrière les PzIV et le deuxième Stug sont à la peine, La neige fraîche porte mal, je suis tendu, j'espère qu'ils arriveront en haut. Lentement mais sûrement, ils me rejoignent. Encore 10 mètres, 5... ça y est le sommet est franchi, le tank bascule en avant et entame sa descente, là bas, à environ 3 kilomètres apparaît la colonne russe, la gorge serrée, j'essaye de voir quelque chose dans mes jumelles, mais je suis trop secoué. Alors qu'emporté par son poids un "IV" me double par la droite, je referme l'écoutille sur moi. Lentement, Julius informe le reste de la compagnie de notre progression. Nous arrivons au pied de la colline, derrière moi la section s'est un peu clairsemée. Pas grave ça suit! Il est temps que je vois à quoi ressemble ces russes. Volta immobilise le Stug dans l'axe. Dans mon périscope, je vois les T34, je vois aussi des soldats russes qui courent dans tous les sens, il y en a un qui lance ce qui doit être une tasse à café. je place le viseur au milieu des véhicules collés l'un à l'autre. Ils sont fous ces Russes, si un avion passe, il détruit la colonne en une passe. Le 75 crache son obus là bas à 800 mètres, quelque chose explose. Julius recharge. On entend que la douille qui tombe sur le plancher et la culasse qui se referme. A côté de nous, les autres tanks sont également en position de tir et bientôt un déluge de feu s'abat sur les véhicules et les chars soviétiques. Nous sommes légèrement en surplomb et je peux parfaitement voir ce qui se passe. Deux T34 s'écartent vers l'Est. Je saisi le microphone.
- Section 1... attention! Deux bandits roulent vers votre position!
- Vu Section 2. Nous les prenons en cible.
Bientôt tout là bas au fond de la vallée deux carcasses de T34 brûlent. Je reprends le microphone.
- Section 1 en avant, approchez-vous! Kilh, c'est à toi, en avant!
Les Kfz nous dépassent.
- Section 2 en avant!
Volta met en marche. Mes écouteurs grésillent.
- Attention cinq T34 en position au Sud, ils font route vers l'Ouest!
Froidement j'informe Bhaub de la situation. Sa voix répond.
- Compris! Je me demandais si vous alliez nous en laisser...
Notre Stug est à moins de 300 mètres maintenant. Dans le périscope je vois les gars de Kilh foncer au travers des véhicules et des chars ennemis. Les MP crépitent, Kilh se précipite son P38 à bout de bras. Un soldat russe se lève baïonnette au canon. Je frémis, mais le jeune Leutnant est plus prompt, à moins de 5 mètres le P38 claque deux fois, le russe s'effondre. Du côté des Communistes c'est la panique complète. Je réalise qu'il n'y aura pas de prisonniers. Les fuyards sont impitoyablement abattus. Dans mon casque, la voix de Bhaub retenti:
- Chars ennemis en vue... cinq T34... tous détruits!
Volta immobilise le Stug à proximité des Zis en feu. J'empoigne ma MP40 et je saute du tank. Sur ma droite le Stabfeldwebel Archy a mis en batterie sa MG42, le dernier nid de résistance que les Russes avaient mis en place en catastrophe est réduit au silence. J'avance prudemment entre les carcasses, il y a des cadavres partout, quelques uniformes de la Heer, mais presque que des tenues blanches russes. Un juron en russe me fait sursauter, je me retourne, un soldat ennemi se déhanchant comme un pantin essaye de s'approcher de moi. Péniblement, il tient une mitraillette de sa main valide qu'il essaye de redresser vers moi, il lui manque le bras et la jambe gauche. La MP 40 crépite et le pauvre hère s'effondre. Il n'est plus qu'un petit tas de chair sanguinolente. Je détourne mon regard de cette vision affreuse et continue. Ca et là des bruits d'armes automatiques résonnent et des derniers soldats soviétiques sont tous abattus. Les 5 chars lourds menés par Golgoth et les unités d'infanterie qui l'accompagnaient s'immobilisent vers nous. Kilh me rejoins. Il a les yeux exorbités, le souffle court, ses mains tremblent.
- Mission terminée Oberleutnant... j'ai quelques pertes, mais il n'y a plus un Russe de vivant. Que fait-on? On enterre?
Je regarde le soleil encore haut. Si les Russes ont eu le temps de signaler par radio l'attaque, l'aviation risque de nous tomber dessus.
- Vous avez maximum 10 minutes pour ranger toute cette merde Kilh après tant pis pour les autres, les corbeaux et les loups s'en chargeront. Je ne peux pas prendre le risque de me faire surprendre par l'aviation.
Il obtempère et les ordres fusent rapidement.
Je rejoins le Stug.
- Julius informe Wittman que la colonne ennemie est entièrement détruite.
Pendant qu'il s'installe devant son poste, il murmure.
- 500 hommes tués en moins de 10 minutes...
Je ne réponds pas et quitte une nouvelle fois le char. Willsdorff me retrouve.
- Sympathique boucherie n'est-ce pas chef?
Je regarde les chars ennemis détruits. Ils ne portent pas l'insigne typique des unités de la garde. J'interpelle Will.
- On a trouvé quelque chose sur les origines de cette colonne?
- Non, pas encore, mais je crois avoir entendu Kilh partir à la recherche du véhicule de commandement. Si nos canons ne l'ont pas réduit en miette, on devrait trouver quelque chose.
Effectivement, quelques minutes plus tard, Kilh apparaît avec une liasse de papier.
- Si tu arrives à lire le cyrillique...
Julius qui a appris sur le tas à décrypter cet alphabet particulier nous indique juste qu'il s'agissait d'une colonne blindée dépendant de la 5ème brigade de char, secteur Kiev.
- Mouai on ne va pas aller loin avec ça. Bon tout le monde aux véhicules, on continue vers la division de Wittmann. Julius tu les a informés du résultat de notre intervention?
- Naturellement chef. Il te félicite même...
Quelques minutes plus tard, la colonne reprenait sa progression vers l'Est. Trois heures plus tard, le village où nous avions rendez-vous apparaissait. A la vue des uniformes noirs à lisérés blancs je tressaille, je ne suis jamais tranquille avec les SS. Wittmann vient nous trouver, c'est la première vois que je vois l'as de la panzerwaffe. Contrairement à certains de ces camarades de classe plutôt arrogants, il est assez humble et ne fait aucune remarque sur nos origines disciplinaires. Il demande la manière dont le combat fut mené et se contente d'hocher de la tête.
- Bon travail Kowalski... bon travail.
Il m'explique sa tactique pour rejoindre Zhitomir et j'ai la surprise de l'entendre dire:
- Voyez-vous la chose autrement Kowalski? Vous qui connaissez la ville?
Je me redresse surpris par cette considération inhabituelle provenant de la part d'un officier SS.
- Heu.. et bien, je ne sais pas trop, il me faudrait un peu de temps pour réfléchir.
Il envoit ses deux sulbaternes organiser la garde et la distribution de repas. Nous sommes maintenant seuls dans la petite maison qui nous sert de quartier général. Wittmann remplit deux tasses de cafés. Il m'en tend une.
- Et bien Kowalski, vous ne paraissez pas dans votre assiette. Quelque chose ne va pas, vous êtes Oberleutnant et moi modeste Untersturmfürher, alors que ce passe t'il?
Dans la lumière du soir, la tête de mort et les trois petit carrés d'argent représentant son grade sur son col brillaient sinistrement. Je prenais mon courage à deux mains.
- J'ai eu trop de problèmes avec les SS pour être en parfaite confiance avec vous Wittmann. Vous m'excuserez donc si j'ai un peu de retenue vous concernant.
Il paraît contrarié.
- Hum... dommage, pourtant nous faisons partie d'une seule et même armée, nous combattons le même ennemi avec hargne et d'après ce qu'on dit de vous à Kiev, on est plutôt satisfait de vos états de service. En tout cas, c'est que l'Haupmann Gerber dit de vous... vous savez celui qu'on appelle "Panzer Gerber".
- Je le connais effectivement et je m'entends plutôt bien avec lui... au fait si vous venez de Kiev, peut-être avez-vous des nouvelles de l'Oberst Milow?
Son visage s'assombri:
- Milow est mort Kowalski, il y a huit jours dans un bombardement son quartier général a été durement touché.
- Ah... dommage, je le considérais comme un bon officier.
Wittmann rempli ma tasse de café.
- Oui comme Gerber, comme les Leutnant Kilh, Willsdorff, Golgoth, comme vous, comme moi et quelques autres qui combattent devant et ne font pas de théorie pompeuses à l'arrière... Ne croyez-vous pas que nous serons à même de faire une bonne équipe Kowalski?
- Si, de toute façon nos destins sont maintenant liés pour quelques temps en tout cas... bien voyons de plus près ce que vous me proposez pour intervenir à Zihtomir.
Le lendemain, alors qu'à nouveau une petite escouade menée par Kilh partait en avant garde, l'impressionnante colonne de chars se mettait en route vers la ville russe. Le ciel était lourd, de la neige tombait, et l'aviation nous laissa tranquille, le trajet se fit sans le moindre problème et bientôt Kilh nous avisait qu'il avait Zhitomir en vue.
- Tout est calme d'ici, je ne perçois aucun mouvement suspect. Nous attendons en cinq minutes et nous pénétrons dans la ville.
Vingt minutes plus tard, Kilh confirmait que la ville était inoccupée. Bientôt, les chars parcouraient la ville abandonnée quelques jours auparavant. Connaissant les lieux, la division de Wittmann se laissait guider dans le dédale de rue qui nous ramena enfin sur la place centrale. L'hôtel de ville et sa cuisine miracle était toujours là. Kupferschmied reprit ses quartiers avec bonheur. Wittmann et moi nous nous installions dans la grande pièce. Il ne posa pas une question. La défense de la ville fut organisée. Nous ne devions pas attendre longtemps avant d'avoir des nouvelles d'Ivan. C'était le 02 janvier 1944 et cela commença par un tir d'artillerie lourde terrible. Pensant que nous avions organisé notre défense dans le périmètre extérieur de la cité, les Russes ont concentré leurs tirs sur cette zone. Et nos chars positionnés à l'intérieur de la ville n'ont pas été touchés. Puis se fut au tour de l'aviation d'entrer en action. Les Sturmovik tournaient inlassablement au-dessus de la ville cherchant nos positions et nos tanks planqués dans des immeubles. Personne ne bouge, les gars ont l'ordre de ne pas tirer sur les appareils ennemis. De toute façon nous avons peu d'armes capables de causer des dommages importants sur ces chars volants que sont les Il2. De ma position surélevée dans l'hôtel précédemment occupé par le régiment de Kilh, je peux voir les mitrailleurs se pencher hors de l'habitacle à la recherche du moindre indice indiquant nos positions. Je peux nettement les distinguer dans leurs grosses vestes, leurs gants et leurs lunettes de vol. Parfois je peux les voir communiquer par gestes avec leur pilote. Sous leurs ailes bleu ciel ornées de grandes étoiles rouges, ils transportent des bombes et des roquettes. Parfois de longs réservoirs gris.
- Bombes incendiaires.
Murmure Kilh à mes côtés.
A chaque fois qu'un avion survole le secteur, je rentre la tête dans mes épaules et je me colle contre le mur sous la fenêtre. Je cœur battant, je m'attends à tout moment à entendre l'éclatement d'une bombe ou le staccato terrible des gros canons de 23 ou de 37 tueurs de chars tant redoutés. Mais une journée de plus se passe sans que les Russes probablement entassés maintenant par milliers aux abords de la ville ne bougent. Volta trépigne d'impatience.
- Ils sont là, nous encerclant gentiment mais sûrement et nous comme des cons, on attend ici à défendre une ville qui ne représente rien, deux ateliers de réparation, une église et un hôtel, que de la merde pour faire plaisir à Adolf.
C'est le lendemain à l'aube que l'alarme fut lancée depuis plusieurs postes d'observation.
- Ici poste 3, nombreuses unités d'infanterie ennemie en progression vers Zihtomir. Nous rejoignons poste de défense Nord-Est.
- Poste 2 à QG... de nombreuses unités blindées convergent vers l'entrée principale de la ville. Nous nous replions...
- Poste 1... l'assaut ennemi est lancé. Chars d'assaut avec infanterie en mouvement vers la zone industrielle.
Wittmann se tient au Sud de la ville. Ses Tigre sont en position prêts à faire mouvement. Il m'annonce qu'il a démarré. Golgoth fait de même et place ses chars sur la rue principale comme il a été prévu. Derrière les pièces antichars, l'équipe de Bhaub qui a pris le commandement de cette unité est également prête. Les Soviétiques ont coordonné leur attaque et entrent en même temps dans la ville. Le premier blindé a pénétré sur l'artère principale est un SU75. Le 88 du Tigre de Golgoth le transforme en torche. Partout en ville, les armes automatiques et les coups de canons résonnent. La première vague russe est anéantie en moins de deux heures. J'ai rejoins le Stug. Volta et Julius qui attendent dans un garage souterrain de l'hôtel de ville trépignent d'impatience.
- Alors qu'est-ce qu'on attend... que l'aviation nous enterre vivant, il faut foutre le camp d'ici avant qu'il ne soit trop tard.
- La ferme Volta et démarre. On rejoint Golgoth sur l'artère principale.
Le pilote de char grommelle quelques juteux jurons à mon endroit et démarre. Je repère les ruines de ce qui devait être une église.
- Essayes de t'enfiler là dedans Volta. De l'autre côté il y a un trou béant dans la façade, ça devrait nous donner une bonne position de tir.
Le Stug s'enfile à l'intérieur. Un pan de mur épais effondré nous protège des tirs frontaux et le toit de l'édifice nous protège des attaques venues du ciel. L'église est déjà occupée par des grenadiers de montagne de Kilh. Il y a notamment Archy et Vylsain. Le grand Stabfeldewebel est derrière sa fidèle MG42, des dizaines de caisses de munitions s'amoncèlent derrière lui. Plusieurs canons de rechange sont appuyés contre le mur des sacs de sable le protège des tirs d'armes légères adverses. Je reconnais Yohjo bardés de "tubes" antichars, Kier Von Schnabel et Plekhov. Volta les regarde méfiants.
- Ben merde alors, sacré position, nous voilà avec les fous... manque plus que le petit zigoto nerveux là... celui qui cligne toujours des yeux et qui bricole avec des charges explosives... comment qu'il s'appelle déjà... ah oui Goliath.
Yohjo s'approche, il a sorti un poignard effilé, il le regarde avec des yeux lubriques.
- Toi là bas qui te sens si en sécurité dans ta boîte de conserve! Tu as le choix, où on te coupe le quiqui et on te jette en pâture aux Russes ou tu nous considèrent comme ton assurance vie!
D'un geste précis il passe sa lame à l'envers sous sa gorge en faisant des bruits équivoques.
Volta grimace, il n'est pas très sûr de lui et sa fanfaronnade sonne faux.
- Mon assurance vie??? Hahaaaa hem...et bien... et bien on n'en parlera dans quelques heures...hein!
Vylsain lui fait une affreuse grimace et la discussion s'arrête là. Alors que dans mon périscope, j'aperçois quelques carcasses incandescentes de tanks russes finissant de se consumer, les gars de Kilh plaisantent de tout et de rien.
Dernière édition par le Sam 3 Nov 2007 - 15:21, édité 1 fois
27Pzd_Kowalski- Nombre de messages : 176
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Re: Un Stug pour la liberté
Excellent tout ca !
La suiiiiiiiiiiiiiiite !!
La suiiiiiiiiiiiiiiite !!
27Pzd_Kowalski a écrit:- Ben merde alors, sacré position, nous voilà avec les fous... manque plus que le petit zigoto nerveux là... celui qui cligne toujours des yeux et qui bricole avec des charges explosives... comment qu'il s'appelle déjà... ah oui Goliath.
RTA_Oscarbob- Lt Colonel
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Re: Un Stug pour la liberté
C'est tout à fait moi
C'est tout à fait lui
Yohjo s'approche, il a sorti un poignard effilé, il le regarde avec des yeux lubriques. Toi là bas qui te sens si en sécurité dans ta boîte de conserve tu as le chois, où on te coupe le quiqui et on te jette en pâture aux Russes ou tu nous considèrent comme ton assurance vie
RTA_Goliat- Major
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615sqn_Volta- Group Captain
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Re: Un Stug pour la liberté
L'offensive russe durait depuis 3 jours maintenant. A chaque fois l'ennemi s'approchait un peu plus. Nos pertes étaient faibles par rapport aux Communistes, mais les réserves russes semblaient infinies et les vagues se succédaient sans discontinuer. Leur laissant à peine le temps de se préparer, les officiers soviétiques envoyaient sans la moindre pitié leurs soldats affronter nos MG et nos canons. Chaque attaque leur coûtait très chère en pertes, les cadavre s'amoncelaient dans la rue, après chaque assaut des râles montaient vers le ciel, mais en face aucun brancardier, aucun infirmier pour secourir ces malheureux. Ivan sacrifie ses soldats, par ses infirmiers...Chacune de leur attaque grignote du terrain. Nos postes avancés tombent l'un après l'autre. Au Sud, Wittmann et sa division tiennent en respect les brigades blindées ennemies qui doivent approcher en terrain dégagé, Les canons de 88 et les antichars mettent en miette tout tank ennemi se mettant à découvert à moins de 2 kilomètres. Dans notre position, nous tenons bien le coup. Volta a fait la paix avec les gars de Kilh. Comme il ne sert à rien dans le Stug, il a récupéré sa carabine à lunette. Il a trouvé un poste en hauteur dans le clocher de l'église qui nous abritait. Même s'il ne peut pas toujours tirer, régulièrement, il nous donne des informations quant aux mouvements ennemis dans la rue qui nous fait face. Le Stabfeldwebel Archy met alors en batterie sa terrible MG42 et n'a plus qu'à attendre l'ennemi là où Volta signale sa présence. Parfois, un ou deux obus de 75 bien placés obligent les soldats russes qui se cachent à émerger en catastrophe. Ils sont fauchés dans les secondes qui suivent. Ainsi se déroule nos journées. Les Soviétiques commencent de connaître notre position, régulièrement des avions tentent une passe à la mitrailleuse ou au canon, parfois des bombes, mais sans succès, car nous sommes disposés dans un angle difficile pour une attaque aérienne. Les gars de Kupferschmied nous apportent nos repas aux heures précises et selon Yohjo "on se croirait presque en vacances à faire du tire-pipe dans une fête foraine". La situation devient cependant critique car les nombreuses carcasses de chars ou de véhicules qui encombrent la rue offrent des abris opportuns à l'ennemi qui arrivent parfois à s'approcher. Il arrive que le Mauser à lunette claque au-dessus de nos têtes, nous faisant ressauter. Calmement Volta annonce alors qu'il a abattu un soldat solitaire qui essaye de s'approcher de notre position. Bien évidemment la nuit est le moment le plus difficile à passer. Pour éviter d'être surpris, dès que la ville est plongée dans les ténèbres, nous envoyons des commandos placer des pièges dans toute la rue. C'est Goliath qui a momentanément abandonné le Panther à Tafner qui s'occupe de ce boulot. Avec Yohjo ou Vylsain, ils se glissent silencieusement dans la nuit. Pendant que Goliath pose ses charges et tire des fils invisibles ses deux camarades surveillent les alentours. Dès qu'ils aperçoivent du mouvement, ils se planquent, tirent une fusée éclairante et la MG42 se met en route. Puis arrive le quatrième jours. C'était le matin, nous venions de déjeuner, et il y eut un cris. Vylsain se tordait de douleurs au sol, on ne comprenait rien. Lorsqu'on s'est approché de lui, nous avons compris. Son épaule était blessée, il saignait abondamment. A quelques centimètres près, il était touché à la gorge et s'en était fini de lui. Heureusement, la balle, car s'en était bien une, lui avait juste enlevé un peu de chaire. Pendant qu'on le soignait, ce fut au tour du chargeur du Stabfeldewel Archy, le soldat Moll d'être touché. Mais lui n'eut pas de chance la balle le tua net. Instantanément, nous nous étions tous plaqués au sol. Murmurant comme s'il avait peur d'être entendu. Le mitrailleur souffla:
- Tireur d'élite...cette fois, j'ai entendu un tir lointain. C'est la merde.
Pâle, il regardait son chargeur affalé sur les sacs de sable. La balle l'avait touchée juste en dessous du nez figeant son visage dans une grimace de stupéfaction. Yohjo s'inquiéta.
- Qu'est ce qu'on va faire. Si on montre le bout de notre nez là-haut, on va se faire allumer l'un après l'autre. Ca va devenir intenable.
Je réfléchissais à toute vitesse comment gérer ce problème lorsqu'un voix calme nous interpella.
- Ca va être mon boulot de le trouver... Heinrich... je compte sur toi pour expliquer à mes parents... enfin, si je ne reviens pas quoi.
Volta avait revêtu une veste russe de camouflage hiver. A sa ceinture, plusieurs sacoches de munitions étaient accrochées ainsi qu'un P38. Avant que nous ayons pu dire quelque chose, il avait passé par une fenêtre au sud de la pièce et s'était glissé à l'extérieur. Il disparu ainsi dans une des maisons qui longeait la rue. Yohjo murmura.
- Ben mon vieux... il est plus courageux que je ne le pensais. Si Ivan lui tombe dessus avec son télescope, il risque de passer en très mauvais quart d'heure.
Dans nos ruines, nous sommes silencieux. Quelques sacs de sable avaient été subtilement déplacés pour faire des espèces de meurtrières d'où nous pouvons nous défendre avec un minimum de protection. Le Stabfeldwebel Archy s'est construit une muraille de sacs de sable. Il jure entre ses dents.
- Espèce d'enfoiré de sniper de merde. Il était bien le pt'it Moll, c'était un bon chargeur, il portait des caisses de munition sans un mot... respectueux et tout, au moins il n'y rien vu venir.
Une larme roule sur sa joue.
- Si je l'attrape ce fumelard je lui ouvre le ventre et je pends par les tripes à la statue de Staline... celle qui est au centre de la place. En attendant venez bandes de fumiers, ma scie de la mort vous attend.
Le regard fixe sur le système de visée de sa MG42, la mains crispées sur la poignée, il est prêt à recevoir l'ennemi.
Le tireur d'élite a dû changer de position car nous n'avons plus d'alerte depuis le matin. La tentation de se lever est grande, mais Vylsain, de retour de l'infirmerie, qui a fait Stalingrad connaît trop bien la méthode des snipers soviétiques pour nous laisser prendre ce risque. La neige recommence de tomber. La bise noire s'engouffre en bourrasques glaciales dans notre modeste abris, elle siffle dans les dragonnes de nos armes, les flocons de neige virevoltent à gauche et à droite avant de nous recouvrir gentiment d'une mince couche blanche, peut-être notre linceul. Vylsain murmure. Le contraste entre son regard aux aguets et le ton calme de sa voix impressionne:
- Il est là les gars... je le sais... je le sens...tapis derrière une fenêtre... sa carabine à lunette emballée dans un drap blanc posée sur ses genoux comme un bijou... une belle arme soignée... un Mosi Nagant spécial, pas de pièces étampée pour cette pièce d'horlogerie... que des pièces usinées à l'huile fine... une crosse en en noyer lustré... un canon dans un acier spécial....on dit que les snipers russes fabriquent leur munition eux-même... ils pèsent leur poudre... ils choisissent leur balle... des projectiles spéciaux dont le manteau d'acier a été partiellement retiré sur la pointe pour qu'ils tuent sans la moindre chance à celui qui est touché...
Goliath qui est couché la tête appuyée sur un sac d'explosif ajuste ses lunettes qu'il vient d'essuyer.
- T'en as vu des fusils de tireur d'élite ruskov Vyl?
- A une reprise... c'est un de nos tireurs d'élite qui l'avait eu... le fusil était exposé comme un joyaux dans le bureau du colonel. Il se l'est approprié personnellement, avec les balles et tout.... moi je dis que ce sont les snipers qui nous ont fait perdre Stalingrad, ils nous ont foutu une trouille terrible... là, il observe notre position au travers de sa lunette, peut être avec ses jumelles... il sait que nous allons nous lasser d'attendre couché derrière ces sacs de sables...au moindre relâchement... il saisira sa carabine... et il attendra... des heures s'il le faut... les snipers russes peuvent attendre leur gibier des heures parfois des jours... pratiquement sans bouger en mangeant et en buvant presque rien... puis le coup claque et un camarade s'effondre...
De la poche intérieur de sa veste d'hiver russe, il sort son calot allemand réglementaire qu'il place au bout de sa PPSH il le fait tourner sur lui-même et finalement, le laisse pendouiller. La nuit tombe, il poursuit:
- Ce calot, c'est celui que j'avais a Stalingrad... j'ai crevé de froid à Stalingrad...au début, j'étais choqué par les gars de notre armée qui portaient des bouts d'uniforme soviétique... puis j'ai eu tellement froid...j'ai failli crever... alors j'ai ramassé le bonnet d'un officier russe mort... et sa veste aussi... une magnifique veste de laine doublée avec du mouton... c'était un bonheur de porter ses habits... mais il restait les snipers... saloperie de snipers... comme aujourd'hui, ils nous forçaient à vivre abrité en permanence... lorsqu'on avait un tour de garde... on savait quand on y allait... mais on savait jamais si on allait en revenir... on a vécu comme ça pendant 4 mois. Le moindre caillou la moindre poutrelle de fer nous fournissait une protection ... aah si vous aviez vu ça... Stalingrad... la ville la plus moche que je n'aie jamais vue... comment Staline a pu donner son nom à cette horreur... des usines énormes... des maisons identiques partout... et l'hiver la température monte au mieux à -10.
Vylsain parle couché derrière la première rangée de sable. Sa main glisse gentiment à sa ceinture. Je fronce les sourcils. Alors que je m'apprête à le lui demander ce qu'il manigance. Il se redresse brusquement saisi un pistolet lance fusée. Il hurle:
- Et les fumiers d'en face qui pensent qu'on écoute béat mes conneries... et qui sont à deux doigts de nous surprendre, et bien ils se trompent. Venez salauds.
Alors que la fusée redescend en illuminant la rue, j'ai une vision de cauchemar devant nous des dizaines d'uniformes blancs se sont redressés à moins de cinquante mètres de notre position. Au même moment, la MG 42 se met à cracher la foudre. Je suis paralysé et j'ai toute les peines du monde à approcher les sacs de sable. Un soldat russe se lève une grenade à la main, elle pour nous. Ma MP crépite, le soldat tombe, la grenade dégoupillée roule derrière une épave de camion et expose avec un éclat sourd. Une deuxième fusée éclaire la rue plus loin. Irréelle la neige continue de tomber en virevoltant. Vylsain, Bhaub et Goliath ont sauté par dessus les sacs de sables. Ils avancent en hurlant comme des déments fauchant de leurs MP les quelques soldats Russes qui ont eu le malheur d'essayer de maintenir leur position. Les traçantes jaune de la mitrailleuse lourde finissent de faire tomber les derniers Soviétiques battant en retraite. La nuit tombe sur notre position. Essoufflés, Vylsain, Goliath et Oskar Bhaub reprennent leur place initiale. Alors que Goliath s'allume une affreuse cigarette de machorka:
- Où que t'en étais à Stalingrad Vylsain?
Le jeune soldat allemand le regard rêveur dirigé vers le ciel continue.
- Un jour, mon plus grand jour de chance, j'ai été nommé pour accompagner deux officiers supérieurs... je ne sais pas pourquoi moi... je passais par là, on m'a dit "vous... prenez votre paquetage... vous accompagnez ces deux officiers à Malinovski".
Vylsain tire une bouffée de fumée nauséabonde sur la cigarette que lui tend Goliath.
- ... Vous êtes là, rêveur à réaliser que c'est bien vous l'heureux élus pour sortir de cet enfer... cinq minutes plus tard, j'étais de retour avec mon sac à pain et mon fusil... j'ai laissé toute mes affaires là bas... les lettres de mes parents, la photos de ma copine... tout... j'avais trop peur que l'on change d'avis... le cœur battant je suis monté dans un Ju52 et puis on a pris l'air... On crevait de froid dans ce coucou en tôle ondulée... on a fait une escale pour déposer les blessés puis on a continué... à Malinovski... les deux officiers ont été interceptés par un Einsatzgruppen... je crois qu'ils ont été fusillés pour abandon de leur poste devant l'ennemi. J'ai été interrogé... mais comme je n'avais que suivi les ordres... on m'a laissé tranquille... ils voulaient me renvoyer à Stalingrad.... et puis au dernier moment, comme j'étais plus un fardeau qu'autre chose, on m'a expédié dans le 113ème Régiment de grenadiers de montagne... et me voilà...
- Tireur d'élite...cette fois, j'ai entendu un tir lointain. C'est la merde.
Pâle, il regardait son chargeur affalé sur les sacs de sable. La balle l'avait touchée juste en dessous du nez figeant son visage dans une grimace de stupéfaction. Yohjo s'inquiéta.
- Qu'est ce qu'on va faire. Si on montre le bout de notre nez là-haut, on va se faire allumer l'un après l'autre. Ca va devenir intenable.
Je réfléchissais à toute vitesse comment gérer ce problème lorsqu'un voix calme nous interpella.
- Ca va être mon boulot de le trouver... Heinrich... je compte sur toi pour expliquer à mes parents... enfin, si je ne reviens pas quoi.
Volta avait revêtu une veste russe de camouflage hiver. A sa ceinture, plusieurs sacoches de munitions étaient accrochées ainsi qu'un P38. Avant que nous ayons pu dire quelque chose, il avait passé par une fenêtre au sud de la pièce et s'était glissé à l'extérieur. Il disparu ainsi dans une des maisons qui longeait la rue. Yohjo murmura.
- Ben mon vieux... il est plus courageux que je ne le pensais. Si Ivan lui tombe dessus avec son télescope, il risque de passer en très mauvais quart d'heure.
Dans nos ruines, nous sommes silencieux. Quelques sacs de sable avaient été subtilement déplacés pour faire des espèces de meurtrières d'où nous pouvons nous défendre avec un minimum de protection. Le Stabfeldwebel Archy s'est construit une muraille de sacs de sable. Il jure entre ses dents.
- Espèce d'enfoiré de sniper de merde. Il était bien le pt'it Moll, c'était un bon chargeur, il portait des caisses de munition sans un mot... respectueux et tout, au moins il n'y rien vu venir.
Une larme roule sur sa joue.
- Si je l'attrape ce fumelard je lui ouvre le ventre et je pends par les tripes à la statue de Staline... celle qui est au centre de la place. En attendant venez bandes de fumiers, ma scie de la mort vous attend.
Le regard fixe sur le système de visée de sa MG42, la mains crispées sur la poignée, il est prêt à recevoir l'ennemi.
Le tireur d'élite a dû changer de position car nous n'avons plus d'alerte depuis le matin. La tentation de se lever est grande, mais Vylsain, de retour de l'infirmerie, qui a fait Stalingrad connaît trop bien la méthode des snipers soviétiques pour nous laisser prendre ce risque. La neige recommence de tomber. La bise noire s'engouffre en bourrasques glaciales dans notre modeste abris, elle siffle dans les dragonnes de nos armes, les flocons de neige virevoltent à gauche et à droite avant de nous recouvrir gentiment d'une mince couche blanche, peut-être notre linceul. Vylsain murmure. Le contraste entre son regard aux aguets et le ton calme de sa voix impressionne:
- Il est là les gars... je le sais... je le sens...tapis derrière une fenêtre... sa carabine à lunette emballée dans un drap blanc posée sur ses genoux comme un bijou... une belle arme soignée... un Mosi Nagant spécial, pas de pièces étampée pour cette pièce d'horlogerie... que des pièces usinées à l'huile fine... une crosse en en noyer lustré... un canon dans un acier spécial....on dit que les snipers russes fabriquent leur munition eux-même... ils pèsent leur poudre... ils choisissent leur balle... des projectiles spéciaux dont le manteau d'acier a été partiellement retiré sur la pointe pour qu'ils tuent sans la moindre chance à celui qui est touché...
Goliath qui est couché la tête appuyée sur un sac d'explosif ajuste ses lunettes qu'il vient d'essuyer.
- T'en as vu des fusils de tireur d'élite ruskov Vyl?
- A une reprise... c'est un de nos tireurs d'élite qui l'avait eu... le fusil était exposé comme un joyaux dans le bureau du colonel. Il se l'est approprié personnellement, avec les balles et tout.... moi je dis que ce sont les snipers qui nous ont fait perdre Stalingrad, ils nous ont foutu une trouille terrible... là, il observe notre position au travers de sa lunette, peut être avec ses jumelles... il sait que nous allons nous lasser d'attendre couché derrière ces sacs de sables...au moindre relâchement... il saisira sa carabine... et il attendra... des heures s'il le faut... les snipers russes peuvent attendre leur gibier des heures parfois des jours... pratiquement sans bouger en mangeant et en buvant presque rien... puis le coup claque et un camarade s'effondre...
De la poche intérieur de sa veste d'hiver russe, il sort son calot allemand réglementaire qu'il place au bout de sa PPSH il le fait tourner sur lui-même et finalement, le laisse pendouiller. La nuit tombe, il poursuit:
- Ce calot, c'est celui que j'avais a Stalingrad... j'ai crevé de froid à Stalingrad...au début, j'étais choqué par les gars de notre armée qui portaient des bouts d'uniforme soviétique... puis j'ai eu tellement froid...j'ai failli crever... alors j'ai ramassé le bonnet d'un officier russe mort... et sa veste aussi... une magnifique veste de laine doublée avec du mouton... c'était un bonheur de porter ses habits... mais il restait les snipers... saloperie de snipers... comme aujourd'hui, ils nous forçaient à vivre abrité en permanence... lorsqu'on avait un tour de garde... on savait quand on y allait... mais on savait jamais si on allait en revenir... on a vécu comme ça pendant 4 mois. Le moindre caillou la moindre poutrelle de fer nous fournissait une protection ... aah si vous aviez vu ça... Stalingrad... la ville la plus moche que je n'aie jamais vue... comment Staline a pu donner son nom à cette horreur... des usines énormes... des maisons identiques partout... et l'hiver la température monte au mieux à -10.
Vylsain parle couché derrière la première rangée de sable. Sa main glisse gentiment à sa ceinture. Je fronce les sourcils. Alors que je m'apprête à le lui demander ce qu'il manigance. Il se redresse brusquement saisi un pistolet lance fusée. Il hurle:
- Et les fumiers d'en face qui pensent qu'on écoute béat mes conneries... et qui sont à deux doigts de nous surprendre, et bien ils se trompent. Venez salauds.
Alors que la fusée redescend en illuminant la rue, j'ai une vision de cauchemar devant nous des dizaines d'uniformes blancs se sont redressés à moins de cinquante mètres de notre position. Au même moment, la MG 42 se met à cracher la foudre. Je suis paralysé et j'ai toute les peines du monde à approcher les sacs de sable. Un soldat russe se lève une grenade à la main, elle pour nous. Ma MP crépite, le soldat tombe, la grenade dégoupillée roule derrière une épave de camion et expose avec un éclat sourd. Une deuxième fusée éclaire la rue plus loin. Irréelle la neige continue de tomber en virevoltant. Vylsain, Bhaub et Goliath ont sauté par dessus les sacs de sables. Ils avancent en hurlant comme des déments fauchant de leurs MP les quelques soldats Russes qui ont eu le malheur d'essayer de maintenir leur position. Les traçantes jaune de la mitrailleuse lourde finissent de faire tomber les derniers Soviétiques battant en retraite. La nuit tombe sur notre position. Essoufflés, Vylsain, Goliath et Oskar Bhaub reprennent leur place initiale. Alors que Goliath s'allume une affreuse cigarette de machorka:
- Où que t'en étais à Stalingrad Vylsain?
Le jeune soldat allemand le regard rêveur dirigé vers le ciel continue.
- Un jour, mon plus grand jour de chance, j'ai été nommé pour accompagner deux officiers supérieurs... je ne sais pas pourquoi moi... je passais par là, on m'a dit "vous... prenez votre paquetage... vous accompagnez ces deux officiers à Malinovski".
Vylsain tire une bouffée de fumée nauséabonde sur la cigarette que lui tend Goliath.
- ... Vous êtes là, rêveur à réaliser que c'est bien vous l'heureux élus pour sortir de cet enfer... cinq minutes plus tard, j'étais de retour avec mon sac à pain et mon fusil... j'ai laissé toute mes affaires là bas... les lettres de mes parents, la photos de ma copine... tout... j'avais trop peur que l'on change d'avis... le cœur battant je suis monté dans un Ju52 et puis on a pris l'air... On crevait de froid dans ce coucou en tôle ondulée... on a fait une escale pour déposer les blessés puis on a continué... à Malinovski... les deux officiers ont été interceptés par un Einsatzgruppen... je crois qu'ils ont été fusillés pour abandon de leur poste devant l'ennemi. J'ai été interrogé... mais comme je n'avais que suivi les ordres... on m'a laissé tranquille... ils voulaient me renvoyer à Stalingrad.... et puis au dernier moment, comme j'étais plus un fardeau qu'autre chose, on m'a expédié dans le 113ème Régiment de grenadiers de montagne... et me voilà...
Dernière édition par le Mar 20 Nov 2007 - 23:18, édité 5 fois
615sqn_Harry- Wing Commander
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Date d'inscription : 26/10/2005
Re: Un Stug pour la liberté
Yohjo qui grignotait un morceau de réglisse ajouta la bouche pleine:
- Quelle chanche...combattre avec un des survivants de Stalingrad... y en pas beaucoup qui doivent avoir chette chanche...
Oskar Bhaub qui n'avait encore rien dit, lui somma de se taire:
- La ferme Yohjo... on s'en fout de tes considérations boiteuses.
Dans la nuit, sur notre gauche un coup de feu claqua sec, nous faisant sursauter. Deux autres suivirent, puis une rafale rapide, déchira la nuit. Les sens aux aguets, Julius s'était approché des sacs de sable.
- Mitraillette Russe ...l'autre coup de feu, du 9mm...
Sa voix se fit sourde:
- Volta... Merdi j'y vais.
Je l'attrape par le bras:
- Non! Pas question d'aller le chercher, c'est trop dangereux. Tu restes ici...
Julius se dégagea brutalement:
- Toi t'es quand même un beau salaud. C'est ton pilote! On a tout partagé avec lui depuis presque 2 ans et tu le lâches comme ça?
Je sais c'est épouvantable, mais c'est la guerre. Mais je ne peux pas compromettre le reste de l'unité pour le sauver.
- Julius je sais tout cela et je te garanti que cela me fend le cœur que de l'abandonner à son sort là-bas... pour autant que ce soit bien lui.
- Mais bon sang qui veux-tu que ce soit d'autre hein? Il est peut-être là bas, entrain de perdre son sang doucement et nous on attend là, à rien faire.
- C'est lui qui a pris la décision de tenter de débusquer le tireur d'élite russe, personne ne lui a demandé de le faire. Pour le moment on ne peut rien pour lui. Demain matin on avisera.
Julius s'assied sans un mot dans le fonds sa MP entre les genoux.
Oskar s'assied à côté de lui.
- C'est la guerre Julius... on a jamais d'amis à la guerre, c'est trop dangereux. Lorsqu'on les perds, on souffre et lorsqu'on souffre on devient vulnérable. Moi, les amis c'est pour après la guerre que je me les réserve... enfin pour ceux qui auront survécu naturellement. Et puis votre pilote, je ne sais pas, mais moi, il me les brisait... parfois.
- Ouai, mais c'est Volta, Volta le pédant, le crâneur, le profiteur, mais c'était aussi, Volta le meilleur pilote de char de toute la division, Volta le meilleur tireur de toute la division ... et c'était aussi Volta mon frère ennemi et accessoirement mon ami... ne t'en déplaise Feldwebel Bhaub.
Bhaub ne répond pas. Je soupire.
- Ecoute Julius on regarde demain ce qu'on peut faire. C'est promis.
Julius s'enferme dans un long silence.
La neige a cessé de tomber, mais elle est remplacée par un vent terrible et affreusement glaciale. Nous nous emmitouflons du mieux que nous pouvons dans nos couvertures et nos parkas.
Il est presque cinq heures du matin lorsque nous entendons le grondement sourd d'un char. Instantanément tous le monde est aux aguets. Vylsain empoigne son pistolet à fusées. Je le retiens.
- Non... attend, il est encore trop loin. Derrière les maisons là bas à gauche, C'est trop tôt.
Le char russe manœuvre. En avant, en arrière. On entend les chenilles crisser sur les pavés gelés de la grande rue. Yohjo a instinctivement empoigné son tuyau de poêle.
Sans un mot, Julius et moi sautons dans le Stug. Par l'écoutille, j'écoute le bruit du char ennemi évoluer. Lorsque j'estime qu'il doit être au milieu de la rue, je demande à Vylsain de tirer sa fusée.
- Vas-y Vyl, tire ta fusée!
Dans une longue arabesque la fusée s'éloigne dans les ténèbres tourmentées. D'un seul coup une lumière blanche inonde la rue. Dans mon périscope, j'ai juste le temps de voir la sinistre silhouette d'un SU-85 traverser la rue. Il est trop sur ma droite, caché par le décrochement de deux immeubles.
- Hors de portée Julius, caché par les immeubles à droite.
Mon coéquipier est redevenu le soldat radio-chargeur Julius. Ses gestes sont précis et rapides. Il murmure.
- Meeerde. On aurait dû être plus prompt.
Je quitte le char avec lui, j'informe le reste de l'équipe.
- Bon les gars, on a un 85, là, à moins de 200 mètres juste sur notre droite. Impossible de l'atteindre.
Yohjo taille nonchalamment un beau de bois avec son poignard.
- Bah, si nous on ne peut pas le toucher, lui non plus. Il ne présente pas un grand danger. Et s'il se présente, entre votre canon de 75 et mon Faust, il ne fera pas long feu.
Visiblement Yohjo ne réaliste pas le danger que représente cette machine.
- Hum tu sous estimes complètement la situation camarade grenadier. Nous sommes effectivement hors de portée, mais les Russes ne sont pas aussi cons que le pensent nos grands stratèges à Berlin. Ils ont remarqué que chaque assaut de leurs troupes se terminaient par une sortie de nos gars. Libre à toi d'aller affronter le 85 et la DP28 du gros bébé là-bas, mais très peu pour moi. En plus, ils vont couper toute arrivée de renforts qui doivent nécessairement passer à un moment ou à un autre à portée du canon. Les gars, on a pas le choix où on détruit ce blindé où on doit envisager de décrocher de notre position dans les 24 heures au grand maximum.
Au loin à l'Est, le soleil se lève. Monstrueux disque rougeoyant enflammant les ruines de Zihtomir de mille feux. Dans la position, les gars ont passé une nuit affreuse. La probable perte de Volta, le SU-85, tout le monde est tendu. L'arrivée du char russe n'est pas passée inaperçue et à notre gauche légèrement en retrait. Nous apercevons, un groupe d'artilleur tirant une pièce antichar de 75 au travers les ruines. L'effort est énorme, les gars essayent d'être discret, mais le poids de l'engin les oblige à le caler avec des étais et des briques. Goliat les regarde pathétiques à travers ses petites lunettes.
- Merde alors, si on était pas en guerre, je m'écroulerais de rire. Non mais regardez moi ça. Quel est l'idiot qui a eut cette brillante idée. Si le canonnier du SU les a repéré, ce qui m'étonnerait du contraire, à peine le machin en place, ils seront pulvérisés.
Tendus, tout en essayant de garder la rue sous contrôle au travers de nos meurtrières. nous observons le PaK 75 progresser. Les artilleurs lui ont fait franchir un tas de gravas et ils vont le mettre en batterie dans un pièce du rez-de-chaussée d'une maison. A l'autre bout de la rue, tout là bas, tout est silencieux. Lentement, le canon sort de la fenêtre. Goliath poursuit:
- J'y crois pas, mais ils sont entrain de réussir... c'est pas possible, les Russes doivent dorm...
Le coup de canon est sec et nous fait tous ressauter. Un bout de mur saute et une partie de la façade s'effondre sur les quelques improbables chanceux qui auraient survécus à l'obus antipersonnel tiré par le SU-85. Ca s'est passé très vite. Le coup au but, l'explosion, la façade qui s'est écroulée et le bout du canon toujours en position qui dépasse du tas de briques et de planches. Et puis plus rien...
Un balle ricoche a quelques centimètres de ma tête. Instantanément je me jette à terre.
- Putain! SNIPER! tous à terre vite.
Au même instant, la MG42 se met en route. Goliat se précipite pour tenir la chaîne de munitions. Dans la rue, le premier assaut de la journée a commencé. Aucun Soviétique ne peut s'approcher à moins de 50 mètres de la position. Quand tout s'arrête aussi brutalement que ça a commencé, nous savons que parmi les carcasses de camions et dans les cratères, il y a des survivants russes. Mais cette fois, pas question d'aller les chercher. On aperçoit du mouvement. Furtivement, un puis deux soldats ennemis passent d'un abris à l'autre. Archy tente bien de les faucher au passage, mais il a trop peu de temps pour mettre en batterie sa lourde arme. Vylsain s'inquiète.
- Ils sont bientôt à portée de grenade. Si un seul de leur ananas tombe dans notre nid on est tous foutu.
J'empoigne deux grenades à manche dans la caisse. Les gars me regardent sans un mot. Ils savent tous que le tireur d'élite russe couve notre position de son Mosi Nagant. Je rampe jusqu'à la position du mitrailleur. J'observe au travers du regard où pointe la lourde MG. Je m'adresse au servant.
- Peux-tu m'indiquer la position à faire péter.
Il chuchote de sa voix rauque.
- Là, à droite, tu vois où regarde ma mitrailleuse, et bien au moins cinq types derrière le camion renverser.
- Ok... j'y vais.
Je recule. Estime la distance et l'axe dans lequel se trouve le camion. Accroupi, je dévisse la protection de la mise à feu. Saisi la perle et l'arrache d'un coup sec. Le cœur battant, je me lèvre, trois pas d'élan et la grenade s'éloigne en tournoyant dans le ciel. Avant d'avoir entendu la première explosion, je me décale d'un mètre refait les mêmes gestes et au moment où la première grenade saute, je me redresse pour lancer la deuxième qui à son tour s'envole vers son hypothétique cible. Un choc violent me repousse en arrière. Tout se met à tourner. Comme dans un rêve, je vois un soldat russe tomber d'un balcon au loin, en même temps le fracas de la MG semble plus éloigné que d'habitude et le visage de Julius apparaît devant moi comme dans un filme au ralenti, je ne comprends pas ce qu'il dit, Il m'empoigne et me crie des trucs indistincts. Tout se fond dans un monde d'ombres... j'ai chaud, je sens que c'est fini pour moi. Devant mes yeux des images papillonnent, je vois mon père, puis Steinmetz. Je crois que vais mourir, oui c'est ça, je suis entrain de mourir, tout flotte autour de moi. Merde normalement on voit une lumière il paraît, j'ai beau la chercher je ne la vois pas. Par contre, il y a une odeur affreuse, qui diffuse une odeur si affreuse, ça y est je sais, de l'éther! C'est de l'éther. Lentement je sors de ma torpeur. Le rêve fait place à la réalité, les images deviennent plus nettes, et puis la douleur, une douleur lancinante affreuse, mais je ne peux pas crier. C'est à droite que j'ai mal, affreusement mal. Je vois un plafond en béton, l'odeur d'éther toujours et une autre aussi. Pas besoin de chercher bien loin, je la connais aussi cette odeur terrible. L'odeur doucereuse de putréfaction. Je suis dans un hôpital de campagne. J'essaye de bouger, de tourner la tête, j'ai froid et j'ai peur. J'ai peur d'avoir perdu un membre. Pourvu qu'on ne m'ait pas amputé. Péniblement je tourne la tête à droite, je vois un énorme bandeau, j'essaye au prix d'un effort surhumain de bouger mon bras, ça y est le paquet de bandages bouge. Je dois encore avoir mon bras. La douleur me fait crier, faiblement, mais je m'entends crier. Un type en blouse blanche s'approche. Merde, le docteur Knoll. Je le vois m'observant au travers des ses petites lunettes rondes. Son visage lisse et émacié, ses longs doigts me palpent le bras.
- Et bien Oberleutnant! On dirait que la chance ne vous pas quitté ces derniers jours? Vous arrivez à m'entendre? A me parler?
- Quelle chanche...combattre avec un des survivants de Stalingrad... y en pas beaucoup qui doivent avoir chette chanche...
Oskar Bhaub qui n'avait encore rien dit, lui somma de se taire:
- La ferme Yohjo... on s'en fout de tes considérations boiteuses.
Dans la nuit, sur notre gauche un coup de feu claqua sec, nous faisant sursauter. Deux autres suivirent, puis une rafale rapide, déchira la nuit. Les sens aux aguets, Julius s'était approché des sacs de sable.
- Mitraillette Russe ...l'autre coup de feu, du 9mm...
Sa voix se fit sourde:
- Volta... Merdi j'y vais.
Je l'attrape par le bras:
- Non! Pas question d'aller le chercher, c'est trop dangereux. Tu restes ici...
Julius se dégagea brutalement:
- Toi t'es quand même un beau salaud. C'est ton pilote! On a tout partagé avec lui depuis presque 2 ans et tu le lâches comme ça?
Je sais c'est épouvantable, mais c'est la guerre. Mais je ne peux pas compromettre le reste de l'unité pour le sauver.
- Julius je sais tout cela et je te garanti que cela me fend le cœur que de l'abandonner à son sort là-bas... pour autant que ce soit bien lui.
- Mais bon sang qui veux-tu que ce soit d'autre hein? Il est peut-être là bas, entrain de perdre son sang doucement et nous on attend là, à rien faire.
- C'est lui qui a pris la décision de tenter de débusquer le tireur d'élite russe, personne ne lui a demandé de le faire. Pour le moment on ne peut rien pour lui. Demain matin on avisera.
Julius s'assied sans un mot dans le fonds sa MP entre les genoux.
Oskar s'assied à côté de lui.
- C'est la guerre Julius... on a jamais d'amis à la guerre, c'est trop dangereux. Lorsqu'on les perds, on souffre et lorsqu'on souffre on devient vulnérable. Moi, les amis c'est pour après la guerre que je me les réserve... enfin pour ceux qui auront survécu naturellement. Et puis votre pilote, je ne sais pas, mais moi, il me les brisait... parfois.
- Ouai, mais c'est Volta, Volta le pédant, le crâneur, le profiteur, mais c'était aussi, Volta le meilleur pilote de char de toute la division, Volta le meilleur tireur de toute la division ... et c'était aussi Volta mon frère ennemi et accessoirement mon ami... ne t'en déplaise Feldwebel Bhaub.
Bhaub ne répond pas. Je soupire.
- Ecoute Julius on regarde demain ce qu'on peut faire. C'est promis.
Julius s'enferme dans un long silence.
La neige a cessé de tomber, mais elle est remplacée par un vent terrible et affreusement glaciale. Nous nous emmitouflons du mieux que nous pouvons dans nos couvertures et nos parkas.
Il est presque cinq heures du matin lorsque nous entendons le grondement sourd d'un char. Instantanément tous le monde est aux aguets. Vylsain empoigne son pistolet à fusées. Je le retiens.
- Non... attend, il est encore trop loin. Derrière les maisons là bas à gauche, C'est trop tôt.
Le char russe manœuvre. En avant, en arrière. On entend les chenilles crisser sur les pavés gelés de la grande rue. Yohjo a instinctivement empoigné son tuyau de poêle.
Sans un mot, Julius et moi sautons dans le Stug. Par l'écoutille, j'écoute le bruit du char ennemi évoluer. Lorsque j'estime qu'il doit être au milieu de la rue, je demande à Vylsain de tirer sa fusée.
- Vas-y Vyl, tire ta fusée!
Dans une longue arabesque la fusée s'éloigne dans les ténèbres tourmentées. D'un seul coup une lumière blanche inonde la rue. Dans mon périscope, j'ai juste le temps de voir la sinistre silhouette d'un SU-85 traverser la rue. Il est trop sur ma droite, caché par le décrochement de deux immeubles.
- Hors de portée Julius, caché par les immeubles à droite.
Mon coéquipier est redevenu le soldat radio-chargeur Julius. Ses gestes sont précis et rapides. Il murmure.
- Meeerde. On aurait dû être plus prompt.
Je quitte le char avec lui, j'informe le reste de l'équipe.
- Bon les gars, on a un 85, là, à moins de 200 mètres juste sur notre droite. Impossible de l'atteindre.
Yohjo taille nonchalamment un beau de bois avec son poignard.
- Bah, si nous on ne peut pas le toucher, lui non plus. Il ne présente pas un grand danger. Et s'il se présente, entre votre canon de 75 et mon Faust, il ne fera pas long feu.
Visiblement Yohjo ne réaliste pas le danger que représente cette machine.
- Hum tu sous estimes complètement la situation camarade grenadier. Nous sommes effectivement hors de portée, mais les Russes ne sont pas aussi cons que le pensent nos grands stratèges à Berlin. Ils ont remarqué que chaque assaut de leurs troupes se terminaient par une sortie de nos gars. Libre à toi d'aller affronter le 85 et la DP28 du gros bébé là-bas, mais très peu pour moi. En plus, ils vont couper toute arrivée de renforts qui doivent nécessairement passer à un moment ou à un autre à portée du canon. Les gars, on a pas le choix où on détruit ce blindé où on doit envisager de décrocher de notre position dans les 24 heures au grand maximum.
Au loin à l'Est, le soleil se lève. Monstrueux disque rougeoyant enflammant les ruines de Zihtomir de mille feux. Dans la position, les gars ont passé une nuit affreuse. La probable perte de Volta, le SU-85, tout le monde est tendu. L'arrivée du char russe n'est pas passée inaperçue et à notre gauche légèrement en retrait. Nous apercevons, un groupe d'artilleur tirant une pièce antichar de 75 au travers les ruines. L'effort est énorme, les gars essayent d'être discret, mais le poids de l'engin les oblige à le caler avec des étais et des briques. Goliat les regarde pathétiques à travers ses petites lunettes.
- Merde alors, si on était pas en guerre, je m'écroulerais de rire. Non mais regardez moi ça. Quel est l'idiot qui a eut cette brillante idée. Si le canonnier du SU les a repéré, ce qui m'étonnerait du contraire, à peine le machin en place, ils seront pulvérisés.
Tendus, tout en essayant de garder la rue sous contrôle au travers de nos meurtrières. nous observons le PaK 75 progresser. Les artilleurs lui ont fait franchir un tas de gravas et ils vont le mettre en batterie dans un pièce du rez-de-chaussée d'une maison. A l'autre bout de la rue, tout là bas, tout est silencieux. Lentement, le canon sort de la fenêtre. Goliath poursuit:
- J'y crois pas, mais ils sont entrain de réussir... c'est pas possible, les Russes doivent dorm...
Le coup de canon est sec et nous fait tous ressauter. Un bout de mur saute et une partie de la façade s'effondre sur les quelques improbables chanceux qui auraient survécus à l'obus antipersonnel tiré par le SU-85. Ca s'est passé très vite. Le coup au but, l'explosion, la façade qui s'est écroulée et le bout du canon toujours en position qui dépasse du tas de briques et de planches. Et puis plus rien...
Un balle ricoche a quelques centimètres de ma tête. Instantanément je me jette à terre.
- Putain! SNIPER! tous à terre vite.
Au même instant, la MG42 se met en route. Goliat se précipite pour tenir la chaîne de munitions. Dans la rue, le premier assaut de la journée a commencé. Aucun Soviétique ne peut s'approcher à moins de 50 mètres de la position. Quand tout s'arrête aussi brutalement que ça a commencé, nous savons que parmi les carcasses de camions et dans les cratères, il y a des survivants russes. Mais cette fois, pas question d'aller les chercher. On aperçoit du mouvement. Furtivement, un puis deux soldats ennemis passent d'un abris à l'autre. Archy tente bien de les faucher au passage, mais il a trop peu de temps pour mettre en batterie sa lourde arme. Vylsain s'inquiète.
- Ils sont bientôt à portée de grenade. Si un seul de leur ananas tombe dans notre nid on est tous foutu.
J'empoigne deux grenades à manche dans la caisse. Les gars me regardent sans un mot. Ils savent tous que le tireur d'élite russe couve notre position de son Mosi Nagant. Je rampe jusqu'à la position du mitrailleur. J'observe au travers du regard où pointe la lourde MG. Je m'adresse au servant.
- Peux-tu m'indiquer la position à faire péter.
Il chuchote de sa voix rauque.
- Là, à droite, tu vois où regarde ma mitrailleuse, et bien au moins cinq types derrière le camion renverser.
- Ok... j'y vais.
Je recule. Estime la distance et l'axe dans lequel se trouve le camion. Accroupi, je dévisse la protection de la mise à feu. Saisi la perle et l'arrache d'un coup sec. Le cœur battant, je me lèvre, trois pas d'élan et la grenade s'éloigne en tournoyant dans le ciel. Avant d'avoir entendu la première explosion, je me décale d'un mètre refait les mêmes gestes et au moment où la première grenade saute, je me redresse pour lancer la deuxième qui à son tour s'envole vers son hypothétique cible. Un choc violent me repousse en arrière. Tout se met à tourner. Comme dans un rêve, je vois un soldat russe tomber d'un balcon au loin, en même temps le fracas de la MG semble plus éloigné que d'habitude et le visage de Julius apparaît devant moi comme dans un filme au ralenti, je ne comprends pas ce qu'il dit, Il m'empoigne et me crie des trucs indistincts. Tout se fond dans un monde d'ombres... j'ai chaud, je sens que c'est fini pour moi. Devant mes yeux des images papillonnent, je vois mon père, puis Steinmetz. Je crois que vais mourir, oui c'est ça, je suis entrain de mourir, tout flotte autour de moi. Merde normalement on voit une lumière il paraît, j'ai beau la chercher je ne la vois pas. Par contre, il y a une odeur affreuse, qui diffuse une odeur si affreuse, ça y est je sais, de l'éther! C'est de l'éther. Lentement je sors de ma torpeur. Le rêve fait place à la réalité, les images deviennent plus nettes, et puis la douleur, une douleur lancinante affreuse, mais je ne peux pas crier. C'est à droite que j'ai mal, affreusement mal. Je vois un plafond en béton, l'odeur d'éther toujours et une autre aussi. Pas besoin de chercher bien loin, je la connais aussi cette odeur terrible. L'odeur doucereuse de putréfaction. Je suis dans un hôpital de campagne. J'essaye de bouger, de tourner la tête, j'ai froid et j'ai peur. J'ai peur d'avoir perdu un membre. Pourvu qu'on ne m'ait pas amputé. Péniblement je tourne la tête à droite, je vois un énorme bandeau, j'essaye au prix d'un effort surhumain de bouger mon bras, ça y est le paquet de bandages bouge. Je dois encore avoir mon bras. La douleur me fait crier, faiblement, mais je m'entends crier. Un type en blouse blanche s'approche. Merde, le docteur Knoll. Je le vois m'observant au travers des ses petites lunettes rondes. Son visage lisse et émacié, ses longs doigts me palpent le bras.
- Et bien Oberleutnant! On dirait que la chance ne vous pas quitté ces derniers jours? Vous arrivez à m'entendre? A me parler?
615sqn_Harry- Wing Commander
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Date d'inscription : 26/10/2005
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