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Un Stug pour la liberté

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Message par 27Pzd_Kowalski Lun 11 Juin 2007 - 5:13

Comme pas tout le monde a accès au forum du 27th, je poste également ce texte en "Debriefing". Bonne lecture...

04 juillet 1943 - Union Soviétique, quelque part au sud-ouest d'Orel. Le soir tombe sur les grandes steppes russes. Il fait lourd, l'orage menace, il fait lourd aussi dans l'abri où le colonel Haenig nous donne les dernières instructions de ce qui allait être la plus grande offensive de chars de toute la guerre. Depuis le désastre de Stalingrad, nous ne faisons que battre en retraite. La 27ème division de chars dont j'ai repris le commandement après la perte du capitaine Stödmann, a perdu la moitié de son effectif en quelques mois. Des dizaines d'équipages efficaces, vétérans de 39 ont été tués ou faits prisonnier. Des nouveaux équipages arrivent, mais sans l'expérience nécessaire, que peuvent-ils faire lorsqu'ils sont pris sous le feu de 4 ou 5 T34, même un Tigre finit par être détruit. Haenig essaye d'être le plus persuasif possible, mais nous sentons tous qu'il désapprouve cette offensive. C'est une offensive du désespoir, on a réuni dans un secteur de plusieurs centaines de kilomètres carrés, toutes nos forces blindées.
Dehors, l'orage gronde, quelques secondes après le premier coup de tonnerre, les premières gouttes de pluie tombent. En quelques minutes, c'est le déluge. Alors que deux soldats tentent tant bien que mal de masquer les orifices avec des toiles cirées, les lampes tempêtes sont allumées. Haenig continue, la voix plus forte pour couvrir le grondement du tonnerre.
- Leutnant Kowalski, vous aurez le flanc droit. Haupmann Winniger vous assurerez les flancs au fur et à mesure que nous pénétrerons à l'intérieur des lignes soviétiques. Depuis où vous serez, vous devriez voir les chars de Manstein qui tiennent le sud du saillant. Restez à l'écoute dans vos QG respectifs. L'ordre de lancer l'attaque devrait vous parvenir demain matin à l'aube. Bonne chance à tous.
Lorsque nous quittons le QG, Winniger m'attend sous le porche se roulant méticuleusement une cigarette. Il prend son temps afin que tous les autres officiers soient loin. Il allume enfin son mégot en envoyant une longue bouffée odorante vers le ciel. La pluie redouble de vigueur.
- Saloperie de pluie, ça va être un sacré bordel hein Heinrich?
Je reste un moment silencieux. J'extirpe de ma vareuse mon paquet de tabac et je confectionne à mon tour une cigarette.
- Tu crois vraiment qu'on aura besoin de la pluie pour que ce soit le bordel? Moi je te dis que demain soir on pourra être heureux si on a avancé de 5 kilomètres.
Il ricane:
- Ce sont les SS de la Liebstandarte qui vont être à la pointe de l'avant garde. Je ne vais les pleurer. Qu'est-ce qu'ils vont se prendre sur le coin de la figure! Les Ruskofs sont accrochés à leur colline comme des morpions au cul d'un clebs.
D'une pichenette, il balance son mégot dans la boue.
- Tu viens? Je t'emmène, j'ai un Kubel encore entier.
- Non, merci, je vais rejoindre mon unité à pied, ça me fera du bien.
Mon camarade me regarde avec un drôle d'air.
- Tu as remarqué que non seulement il fait nuit, mais qu'il pleut à averse et que tu n'es pas vraiment équipé pour affronter ce temps de cochon?
- Merci Rolf, mais j'ai ma capote ça ira.
Il soupire.
- Bon comme tu voudras tête de mule. En espérant que tu ne rencontre pas sur ton chemin une escouade d'éclaireurs russes en infiltration. Allez bonne chance pour demain.
Tout en jurant, il gravit la pente boueuse en direction de sa voiture. Je remonte le col de ma veste, enfonce mon bonnet de police sur les oreilles. A ma tour, je gravis la petite pente glissante, et c'est sous une pluie battante, dans la nuit zébrée par les éclairs que je prends le chemin de mon unité située à 2 km. Alors que je chemine sur le sentier, dans les postes de tir d'artillerie lourde, je remarque le regard suspicieux des sentinelles surprises par ma présence. Faut dire que mon uniforme noir a le fâcheux défaut de ressembler à celui des SS. Je suis arrêté à trois reprises. On peut parfois lire dans le regard des soldats de garde, la crainte, parfois de la haine, puis lorsqu'ils remarquent que je ne suis qu'un modeste tankiste, ils s'écartent en esquissant un geste de salut. Pour parcourir les derniers cents mètres qui me séparent de mon unité, je dois descendre dans un dédale de tranchées. Qu'elle est loin la discipline de fer allemande. Ici, à des milliers de kilomètres de nos foyers et de la propagande de Goebbels, on a pas le temps de s'attarder avec ce genre de détails. Les gars sont planqués dans les abris. On voit de tout; des uniformes de la Wermacht, des chasseurs alpins ou des parachutistes, on voit même ça et là des pièces d'uniformes russes ou plus surprenant, des armes soviétiques. Si le beau Adolf voyait ça, il s'étranglerait de rage. Sous l'orage qui s'éloigne, je rigole doucement. Je le verrais bien avec son monocle ridicule, sa petite moustache, ses gâpettes de bureau, entouré de son état-major parcourant ces tranchées, je leur dirais ce que je pense de ce putain de merdier. La pluie continue de tomber de plus belle, ma capote me préserve du plus gros, mais l'eau ruisselle dans mon col, remonte le long de mes pantalons ou de mes manches. J'aurais quand même dû prendre le Kubel de Winniger. Au loin, de l'autre côté de la ligne de front, dans l'ombre de la nuit, je devine la fameuse colline tenue par les Russes. Je rumine dans ma tête comment gérer ce problème. Le terrain est miné partout. Les soviétiques sentent que nous sommes au bout du rouleau, ils ne battront jamais en retraite, ils savent que lorsque nous aurons détruit tout nos chars, perdu tous nos équipages expérimentés, nous n'aurons plus rien de solide à leur opposer, ça va être une jolie partie de joie. Tout s'arrêtera à Berlin dans un fantastique bain de sang et de trippes wagnerien. Ruminant mes sombres pensées, j'arrive enfin à proximité de ma division. Elle est stationnée dans un petit bois. C'est la section Golgoth qui tient le tour de garde de cette nuit. Le connaissant, je suppose qu'il a placé Gottfried Goliath dans le poste de garde ouest qui assez vulnérable et comme Goliath le Bavarois est un nerveux de la gâchette, je prends mes précautions.
- Goliath? Ne tires pas, c'est moi Kowalski.
Dans la nuit, une ombre bouge.
- Ah ouai??? Approchez que je puisse vous voir!
- Oh, ça va, arrêtes ton cirque et baisses cette arme.
Goliath se lève doucement, je sursaute, il était à moins de deux mètres, planqué sous une toile de camouflage cirée. D'un ton sarcastique, il me répond.
- Excusez-moi mon lieutenant, mais vous savez comme nous devons être précautionneux. Ivan traîne certainement dans le secteur à l'affût de renseignements.
Je m'approche. Une fois à sa hauteur, je constate qu'il a préparé son poste méticuleusement. Il a un petit réchaud sur lequel murmure une cafetière pleine et auprès du laquelle il se réchauffe les mains. Une fois la toile rabattue sur son trou, rien ni laisse paraître, même pas l'odeur de café. Il m'offre une tasse qui me fait grimacer. Nous discutons deux mots. Je le quitte pour rejoindre mon PC. Lorsque j'y arrive, Willsdorff et Golgoth ont installé le petit réchaud en fonte. Une casserole contenant une soupe m'attend.
- Bienvenue Heinrich, on a pensé que tu arriverais à pied. ça fait déjà bien 20 minutes que Winniger est passé. On t'as préparé quelque chose à manger.
Après avoir retiré ma capote et mon bonnet détrempés, je m'assieds sur une caisse de 88 vide servant de chaise. Mes deux subordonnés en font de même. Une grosse cantine nous sert de table. Will y a déjà étalé la carte. Alors qu'on me sert un gros bol fumant, je m'inquiète du moral des troupes:
- Comment ça va l'ambiance?
C'est Golgoth qui me répond:
- Et bien comme d'habitude avant une bataille. Avec ce temps et le risque d'agression, les hommes se sont installés dans leur char pour passer la nuit du mieux qu'ils peuvent. Le moral n'est pas trop mauvais.
Rassuré, je me roule une nouvelle cigarette. De la pointe de l'allumette qui va me servir à l'allumer, j'indique la carte et la colline.
- Voilà les gars, c'est pour demain matin à l'aube. Nous tiendrons le flanc droit. Winniger, ses Pz IV et ses Panther protégeront le flanc droit du saillant. La composition sera comme d'habitude composée des chars rapides de la section Willsdorff et les Tigre de Golgoth à l'arrière en appui. Je serais avec l'avant garde dans mon Stug. Nous aurons deux compagnies de grenadiers de montagne avec nous. Golgoth tu feras front avec la colline...
J'indique une dizaine de points sur la carte.
- Ici, là et là, il y a des postes de tirs. Des canons antichars et des nids de mitrailleuses. Tâches de bien repérer ces postes avant l'assaut et indiques les à tes équipages. Willsdorff et moi contournerons la position par le Sud, qui comme je l'espère, doit être moins minée, en effet, les Soviétiques y ont laissé des points de passage probablement pour leurs tanks.
J'allume ma cigarette et je reprends:
- Golgoth dès que nous aurons avancé, je te donnerais le signal et tu avanceras. Si je suis neutralisé, c'est Will qui reprend le commandement. Départ de l'offensive demain matin aux premières lueurs du jour. Ca marche?
Willsdorff penché sur la carte m'interrompt.
- Tu as une idée de ce que nous aurons en face mise à part des T34?
Je soupire tout en m'asseyant sur ma caisse:
- Je vois où tu veux en venir. Ecoutes, je n'en sais rien mais vu l'ampleur de l'affrontement qui se prépare, il est à peu près certain que les Communistes aient des KV1S dans ce coin et des Su-85 aussi. Ne nous leurrons pas, le combat sera très difficile.
Je replie la carte et boit d'un trait le reste de mon bol de soupe.
- Bien Messieurs, il commence de se faire tard, je vais aller me coucher.
Je m'éloigne à la recherche de mon tank, un bon vieux Stug III qui me suit vaille que vaille depuis le début toute cette merde en Russie. Je sais que certains pensent que je suis fou de mener la division aux commandes de ce clou, mais mon équipage, composé des obergefreiter Julius et Volta, est le même depuis le début de l'offensive et tous trois, sommes tellement habitués à combattre avec cet engin, que nous sommes pratiquement aussi efficace qu'en Tigre, voir peut-être plus efficace.
Je frappe deux coups à la trappe du conducteur et la trappe supérieure s'ouvre, un P38 apparaît devant tête de Julius.
- C'est moi, tout va bien.
Sans un mot mon coéquipier réintègre l'habitacle du Stug. Avez-vous déjà humé l'intérieur d'un char après plusieurs semaines de combats? C'est un doux mélange de mazout, de tôle surchauffée, de cordite, de nourriture avariée, de pets et de transpiration. Alors imaginez-vous l'odeur quand je rejoins mes deux camarades qui ont retiré leurs chaussures. Ils se sont installés le plus confortablement possible sur leurs couvertures. Volta en travers à l'avant sous le poste de pilotage et Julius le long de la réserve d'obus de 75. Ils ont, heureusement entre ouvert les trappes d'aération pour laisser échapper la fumée de la cafetière. Tout en fumant, ils jouent silencieusement aux cartes levant de temps à autre une fesse pour lâcher un gaz épouvantable. Je dois ravaler ma salive en deux fois tellement ça pue à l'intérieur.
- Je vous avais demandé de préparer le char, pas de concourir à une manifestation du pet le plus dégueulasse. Et sacré nom d'un pipe, vous êtes obligés de retirer vos godasses.
Ce n'est pas la première offensive à laquelle ils participent, ils ont en eux cette certitude de survivre quoi qu'il arrive et parle de l'avenir "quand la guerre sera finie" sans complexe. Ils me connaissent tous les deux et se foutent royalement de ce je peux bien leur dire. Alors que j'essaye d'installer ma grande carcasse du mieux possible pour passer la nuit dans cet univers étriqué, ils posent leurs cartes, vident d'un trait leur tasse de café et Volta éteint le réchaud. Ce dernier est de Kempenich dans l'Eifel, Julius, lui est du Nord de Kiel. Tous les deux ont fait leurs écoles de tankistes pendant ce que j'appellerai la bonne période, celle jusqu'en 1941 où les équipages suivaient une formation très complète. Aujourd'hui la situation sur le front Est est tellement désastreuse que certains équipages arrivent avec très peu d'entraînement. Nous discutons deux mots sur la situation. Volta les mains toutes noires m'indiquent que la mécanique du char a été vérifiée, les niveaux ont été faits, le moteur tourne comme une montre et n'a pas de fuites. De son côté Julius a complété la réserve d'obus de 75, vérifié la culasse du canon dont il a masqué la bouche à feu pour empêcher l'eau d'entrer dans l'affûts nettoyé et graissé le tout. Il a également préparé des réserves de nourritures, sanglé trois MP40 et des sacs contentant des magasins de rechange et quelques boîtes de conserve, le tout à proximité de la trappe de sortie dans le plancher de manière à pouvoir évacuer rapidement le char en cas de coup dur. Alors que la pluie continue de crépiter sur la structure du char, à l'intérieur, un dernier pet dans la nuit, un soupir, et tout le monde s'endort


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Message par 27Pzd_Kowalski Lun 11 Juin 2007 - 5:14

Le lendemain matin, il est 4 heures quand je quitte le char encore endormi. Je rejoins mon QG où je retrouve Golgoth avec de petits yeux. Je m'informe de la situation de la garde
- C'est allé cette nuit de garde? Pas d'alertes particulières? Et la radio? Toujours muette?
Il répond en s'étirant:
- Pour le moment rien, c'est le silence total. Sinon rien à signaler pour la garde chez nous, par contre, il y a eut des échanges de coups de feu plus à l'Ouest. D'après ce que j'ai pu entendre, ce sont les nôtres qui ont ouvert le feu les premiers, probablement qu'ils avaient repéré une patrouille russe tentant de franchir les lignes.
Alors que l'aube pointe au loin, je ma barbouille le visage de mousse à raser. Ma toilette terminée, je quitte la cabane semi-enterrée qui me sert de local radio et j'exécute quelques gestes pour me décoincer. Je respire l'air frais à grosses goulées et lorsque je reviens dans le QG, je suis en pleine forme. Mon petit-déjeuné est frugal, mais peu importe, aujourd'hui, on aura pas le temps d'avoir faim. J'interpelle mon subordonné qui est entrain de s'endormir devant le poste radio.
- Allez Adjudant, levez-vous et allez prendre l'air, je vous prépare votre café. Je prends la relève devant la radio.
A l'extérieur, il y a du remue ménage près des chars. Les équipages réveillés par le Feldwebel Edwald se lèvent en grognant. Les gamelles et les services s'entre chocs devant les cantines. On entend les hommes murmurer entre deux bâillements, c'est pour aujourd'hui. Certains, nerveux, mangent rapidement debout, d'autres, souvent les plus anciens sont tranquillement assis sur leur tank et discutent calmement de tout et de rien. Torse nu, des gars se rasent en sifflotant devant une glace posée sur la superstructure d'un char. Des oiseaux gazouillent et virevoltent d'une branche à l'autre et au loin à l'horizon le soleil levant de juillet arrose la campagne de ses rayons. Et dire que dans quelques heures tout cela sera terminé que l'artillerie transformera cette calme région en terre brûlée...
Il est 0450, lorsque les deux compagnies de fusiliers de montagne nous rejoignent et se mettent en place derrière la première vague de nos Panzer IV. Je rejoins mon Stug et mes deux gaillards qui sont prêts à leur poste le casque d'écoute sur la tête. Volta, la tête derrière la petite fenêtre de son poste de pilotage mordille nerveusement une allumette. Julius est tranquillement assis à côté du 75. Je reste dans la tourelle le regard rivé vers le QG. Les minutes s'égrènent, insupportables. Mais qu'est-ce qu'ils foutent, bon sang! Soudain, le préposé radio quitte l'abris en rondin et s'approche en courant une missive à la main. Il me la remet et repart aussi qu'il était venu vers son poste. Je lis "Offensive débute par un tir de barrage à 0505, départ avance des chars 0515 objectif la colline 78". La pression redescend. Dans le grondement sourd des pièces lourdes, le tir d'artillerie commence. Au loin sur la colline c'est l'enfer et bientôt un épais nuage de poussière encadre le site. Les Russes répliquent timidement. Sur notre gauche à quelques centaines de mètres, quelques impacts sans conséquence pour ma division, percutent le sol. Je regarde ma montre, 0515, ça y est c'est parti, il y a déjà cinq minutes que le moteur de notre blindé tourne. Je me retourne à gauche et à droite, du regard, je cherche les chefs des chars avoisinants, une fusée verte strie le ciel et dans un grondement de tonnerre les 28 chars de la division Wilsdorff démarrent. Notre Stug quitte sa position d'attente, les chenilles grattent la terre humide, cherchent l'adhérence, et finalement dans un juron proféré par notre pilote Volta, le tank se dégage en dandinant. Les branches basses fouettent la superstructure, toujours le torse à l'extérieur, je suis obligé de baisser la tête. Une dernière petite descente, et nous voilà émergeant du bois dans la dépression qui nous sépare d'environ 500 mètres de la colline où sont postés les Russes. A ma gauche et à ma droite les Panzer IV s'engagent plein gaz sur le no man's land. Alors que nous progressons, la colline ne semble pas bouger. Je sais que derrière, dans leurs Tigre, les équipages de Golgoth ont les yeux écarquillés dans les périscopes près à ouvrir le feu de leur '88 sur tout mouvement suspect du côté des positions de canons antichars. Mais rien ne bouge, pourtant nous sommes à portée de tir. Je ferme l'écoutille et prends place derrière le périscope. A ma droite à environ 500 mètres, les Panther de la division SS en avant garde ont commencé de gravir la colline. Derrière eux, dans le véhicules chenillés, les grenadiers arrivent. Aux premières tranchées je les vois sauter comme des fous et se précipiter vers les positions qu'ils nettoient l'une après l'autre. Il me reste encore une centaine de mètres à effectuer avant de gravir la position soviétique. Mais une petite voix m'indique que nous sommes entrain de faire une grosse erreur. Ivan n'est plus là car il n'y a pas de tir de défense. Au dernier moment, presque inconsciemment j'hurle dans mon micro:
- A DROITE TOUTE, on contourne l'obstacle!
J'ouvre l'écoutille pour voir si les commandants de chars ont compris l'ordre. Avec le vacarme du moteur et des chenilles, il est difficile de repérer un ordre venant du QG ou du chef de division. Certains Panzer IV virent brusquement à droite dans ma direction, d'autres hésitent, un poursuit sa route et commence de grimper la colline. Quelques secondes plus tard, un sifflement sinistre suivit d'une violente explosion fait trembler la terre, le char est soulevé comme un fétu de paille et retombe lourdement quelques mètres plus loin.. Bientôt, d'autres obus percutent la terre. Les proches tombent à moins de 50 mètres de notre Stug. Pendant que Volta effectue une violente manœuvre pour nous sortir de cet enfer, je plonge à l'intérieur du char refermant prestement l'écoutille. Plus besoins de donner des ordres pour éviter cette foutue colline, voilà pourquoi les Soviétiques avaient abandonné la position. Devant nous il y a les chars de Winniger et nous arrivons en plein dans sa formation. Volta jurant comme un beau diable évite de justesse de percuter le flanc d'un Panther. J'hurle dans la radio de faire stopper. Dans mon périscope j'essaye d'évaluer la situation. Ce que je vois me donne des sueurs froides. La division Willsdorff est immobilisée derrière moi les tanks l'un contre l'autre, devant, les pilotes de chars de Winniger ne savent plus où se positionner, tournent en rond. Je prends la décision de foncer en contournant la colline. Tant pis s'ils nous attendent de l'autre côté, mais si nous restons à cet endroit et que les Russes augmentent la portée de leur canon de 50 à 100 mètres, toute la division y passera. Je tape sur l'épaule de Volta tout en criant pour couvrir les explosions.
- En avant, plein gaz, on contourne la colline. Les chars de Winniger suivront ou tant pis pour eux.
Notre valeureux Stug se cabre sur ses chenilles et se faufilant entre les tanks censés protéger notre flanc nous contournons l'obstacle. Julius qui s'agrippe comme il peut pour ne pas être projeté dans tous les sens, marmonne:
- Tant pis pour eux! Tant pis pour eux! Tu parles tant pis pour nous ouai!
Après quelques minutes de gymkhana, nous nous retrouvons seuls devant les deux divisions. Sur notre gauche, les tirs s'éloignent, on est momentanément sauvé. J'ouvre la trappe et regarde derrière moi. Les chars me suivent tous ainsi que les Kfz des grenadiers qui ne doivent pas en mener large dans leurs carrioles. Mais où est donc Winniger? Je tente de l'atteindre par radio sur le canal général, mais c'est le bordel, personne n'entend mon appel. Instinctivement, Volta a ralenti. En effectuant de grands gestes j'essaye d'indiquer aux équipages de Winniger de s'écarter vers le Nord et à Willsdorff dont la voix me répond calmement dans les écouteurs, de plutôt occuper le flanc Sud de la colline. Je demande à Volta de s'arrêter et au moyen de mes jumelles j'essaye de voir ce qui nous attend au-delà de ce foutu monticule. La toundra russe s'étend à perte de vue devant moi. Au Nord, il y a la taiga, forêts denses des grandes plaines de cette région. Mais rien ne bouge. Je donne l'ordre d'avancer doucement lorsque nous nous retrouvons dans la plaine, à droite et à gauche il n'y a rien. Nous sommes seuls. L'offensive a été stoppée sur la colline.
- Haaalte.
Derrière moi les chars se sont arrêtés moteur au ralenti. Je passe sur le canal général et donne notre position.
On me demande combien de chars j'ai avec moi, je ne sais pas, une trentaine tout au plus. Silence à peine troublé par le tir d'artillerie qui a perdu en intensité mais qui se poursuit quand même. Alors que la pluie se met à tomber à grosses gouttes, on me demande de placer les chars au pied de la colline. Et d'attendre les ordres. Je n'ai pas de contact direct avec les chars de la division de Winniger aussi, je saute du Stug et me précipite vers un des Panther de ce groupe. Le Commandant du tank m'accueille avec un sourire mitigé.
- Sacré merdier mon lieutenant. Le Capitaine Winniger ne répond plus, j'ai peur que nous l'ayons perdu.
- Pas le temps de s'apitoyer, qui est le second après le Capitaine?
- C'est le Leutnant Felbert qui commande la deuxième section.
- Ok, vous pouvez le contacter et lui dire qu'en l'absence de Winniger, sur ordre de l'état-major, c'est moi qui reprends le commandement. Voici les ordres!
Et je lui indique la position que les Panther et leurs Panzer IV doivent tenir, soit le secteur Nord. Comme nous étions censés être sur le flanc droit de l'offensive, nous tiendrons le flanc gauche devant la colline. La pluie redouble d'intensité et lorsque je rejoins le Stug, je suis mouillé comme une souris. Pendant que les chars manœuvrent pour prendre leur position, je revêtis ma lourde capote. Alors que mes deux camarades d'infortune ronchonnent à cause du froid et de la pluie qui tombe dans la cabine, je prends place dans la tourelle et sors mes jumelles. La longue attente commence, je scrute l'horizon, mais pour le moment tout est calme. A quoi joue Ivan...
Entre les tanks, les grenadiers se sont blottis dans leur Kfz ouverts à tout vent. Un peu plus loin je remarque qu'un autre commandant de char a également pris position dans sa tourelle, il doit s'agir du Leutnant Felbert. Il me fait un signe d'interrogation. Bon sang mais qu'est-ce qu'ils foutent, il y a à peine deux jours, nos avions de reconnaissance avaient repéré au moins une centaine de T34 et de KV1 dans ce coin. Ils n'ont quand même pas pu se volatiliser comme ça. Presque midi et toujours rien, ni devant, ni derrière. Où sont les divisions censées tenir le centre de l'offensive? Je soupire, ma capote est lourde, la pluie ruisselle dans mon cou, descend le long de mon dos et de mon torse. Je frissonne, dans mes jumelles la buée rend mon observation difficile. Puis soudain, un petit point noir attire mon attention, j'essuie les oculaires de mes lunettes et observe attentivement le petit point qui semble immobile, bientôt j'en aperçois un deuxième, puis un troisième. Ca y est c'est parti. Je me précipite dans le char.
- Cette fois c'est bon les gars, ils sont devant.
A la radio j'annonce la présence des chars ennemis sur le canal de la division puis sur le canal général.
- Chars ennemis, + 50 droit devant!
L'ordre du QG fuse en retour.
- Attaquez!
Dans l'armée allemande on ne discute pas les ordres, le front Est nous a appris à prendre parfois des initiatives pour éviter des massacres et des catastrophes. Dans cette situation j'aimerai bien trouver une parade, mais que faire, les T34 sont là bas devant nous et immobiles, sans abris, nous sommes trop exposé. Il faut foncer!
J'ouvre l'écoutille, le commandant du Panther a visiblement également reçu l'ordre d'avancer car les moteurs des chars de la division Winniger ont démarré. Je donne l'ordre d'attaquer.
- En avant, droit devant mi-gaz. feu libre!
Les trente chars avancent d'un seul mouvement. Les yeux rivés dans le périscope, notre Stug plus rapide que les Panther et les Panzer IV file devant. Certains chars russes se sont arrêtés et les premiers obus tombent au milieu de la formation. Dans les écouteurs Julius qui, rien qu'à l'impact est capable de reconnaître le calibre d'un obus, hurle:
- Su-85, ça va chauffer.
Il a déjà armé le 75, je n'ai plus qu'à presser le bouton de mise à feu. Tout sera régler comme du papier à musique, il ouvrira la culasse en une fraction de seconde, jettera la douille vide sur le plancher, d'un seul geste récupérera un nouvel obus que d'une main leste, il placera dans la chambre.
- Parez à faire feu!
Devant nous les T34 car il s'agit bien de T34, font mouvement dans notre direction, les Su-85 sont derrières et leur fournissent un appui feu. Volta crie:
- A droite, 35°! Char ennemi!
Il effectue un léger virage au Stug qui fonce plein gaz cette fois. Je le vois dans mon système de visée, vert foncé avec son étoile rouge sur le flanc, je ne vois que lui. Volta sait que je le tiens dans mon viseur, alors il ralenti progressivement pour me permettre d'assurer le tir.
Déflagration! Douille qui tombe sur le fond métallique dans son sinistre chant de cuivre creux! Remise des gaz à fond!
- Parez à tirer, tout cela n'a duré que quelques dizaines de secondes.
Devant moi, le T34 touché sur le flanc, c'est immobilisé, chenille brisée, il n'est pas neutralisé, sa tourelle tourne, le canon de 76 nous cherche. A 50 mètres, alors que le tireur nous a enfin repéré, le 75 aboie sec une deuxième fois. Cette fois, le char ennemi, comme un animal agonisant a un soubresaut. De la fumée s'échappe par les trappes, la tourelle ne suit plus notre course, c'est fini.
Un obus tombe à moins de 10 mètres de notre blindé. Volta manœuvre à gauche à droite, il y a des chars allemands ou russes partout, nous sommes complètement mélangés. A un moment donné nous nous retrouvons derrière un T34, un nouvel obus de 75 dans son moteur et il explose, sa tourelle s'est carrément disloquée, j'aperçois avec un frisson de dégoût qu'un des hommes d'équipage la combinaison en feu tente de quitter le tank, des traçantes jaunes le fauche et il s'effondre sur le bord de l'écoutille. Tout ça n'a duré que quelques secondes pas le temps de s'apitoyer. Un choc sur le côté, Volta jure entre ses dents:
- Mais bordel qu'est-ce qu'il fout, allez barres-toi de là.
Je me précipite sur le périscope, c'est un Panzer IV désemparé qui ne nous a pas vu et qui nous a percuté. J'entends ses chenilles remuer la terre à la recherche d'adhérence, mais rien n'y fait nous sommes coincés. Jurant de plus belle, Volta exécute marches arrières sur marches avant. La situation commence d'être tendu, le crépitement caractéristique d'une grêlée de balles crépite contre la superstructure du Stug. Si une mitrailleuse nous tire dessus, c'est que nous sommes repérés, et cela veut également dire que la gueule d'un 76 est pointé sur nous. Soudainement dans un sinistre craquement, les deux tanks se désolidarisent. Le sinistre sifflement, mélange de crépitement et de hululement, d'un obus passant à quelques centimètre de notre tourelle, nous fait rentrer la tête dans les épaules. Julius, se met à gueuler.
- Vous le trouvez ce putain de T34 ou quoi!


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Message par 27Pzd_Kowalski Lun 11 Juin 2007 - 5:14

Volta les dents serrées manœuvre le Stug dont le moteur donne toute sa puissance dans un ronronnement placide. Incroyable contraste avec l'environnement qui nous entoure. Un choc assourdissant nous informe qu'un obus a ricoché sur la surface plane du Stug. Si on avait été en PzIV il y a des chances qu'on était foutu. Encore abasourdi par la résonance, je cherche frénétiquement le char ennemi, mais c'est difficile car le char mené par Volta virevolte dans tous les sens. Soudainement, je le vois, à moins de 100 mètres, il est arrêté dans une légère dépression. J'hurle dans le micro.
- Il est à gauche, à gauche, cap...
J'hésite deux secondes:
- ... 270! Cap 270.
Baoum! Soulevant une tonne de terre et de caillasse, un nouvel obus tombe à quelques mètres de notre tank. C'est le moment.
- Halte!
Quasi instantanément, Volta immobilise le Stug. Je sais qu'un équipage de T34 habitué, met environ 10 secondes pour charger le 76, je tiens le char ennemi dans mon viseur. Pas le temps de m'amuser à régler la hausse, j'y vais au pif en donnant la déflection nécessaire. La seule zone vulnérable du char russe de front, c'est l'intersection entre la tourelle et le bâtit. Le 75 aboie, le T34 touché a un petit soubresaut, mais je constate avec effroi que notre obus a ricoché sans le moindre dégât. Volta qui a suivi le résultat du tir, anticipe mon ordre et démarre en trombe en tournant à gauche où une carcasse fumante de Tigre devrait pouvoir nous offrir un abris momentané, Julius un rictus de peur sur visage charge le canon comme un robot. Il sait que j'ai loupé mon tir, car je n'ai pas annoncé "cible détruite", il a aussi remarqué que Volta a démarré sans attendre mon ordre et il sait que très probablement un affût de 76 est entrain de suivre notre course prêt à faire feu et que nous montrons notre flanc. Il a le poste le plus terrible du char, il ne voit pas dehors, il ne sait pas ce qui se passe. Il est totalement dépendant des deux autres hommes d'équipage. Tout ce qu'il fait c'est de charger le canon de 75 et de manipuler la radio lorsque nous sommes en déplacement. L'épave de Tigre est à moins de 30 mètres. Notre avance est désespérée, jamais nous y arriverons avant que le T34 ne nous réaligne. J'ai un goût terrible dans la bouche, amer, celui de la peur. Mes mains tremblent. Dans le Stug on ne perçoit plus que le moteur qui ronfle plein gaz. Je trouve la situation ridicule, notre char avance affreusement lentement et dans le T34 le gars derrière son système de visée doit bien se fendre la gueule et attend simplement le bon moment pour nous mettre le coup de grâce. Il faut que je réagisse, non pas se faire plomber comme un pigeon sans se défendre!
- A DROITE TOUTE, PAREZ A FAIRE FEU.
Il nous reste à peine dix mètres avant d'atteindre le Tigre en flammes. Mais je ne peux pas prendre ce risque, Volta réagit, instantanément il place le Stug dans l'axe de tir. Je vois le T34, je vois la gueule noire de son 76 qui nous pointe. Probablement que le commandant russe du tank a compris ma première intention, alors il a anticipé pour assurer son coup et le pilote a extirpé le monstre vert à étoile rouge de la dépression. Il me fait face maintenant, je n'aurais droit qu'à un essais, c'est comme un duel dans un western, seulement là par plusieurs tonnes d'acier interposés, je vise le bas du char soviétique, juste sous le poste de pilotage, pas le temps d'affiner. Le 75 crache son long fuseau d'acier et de cuivre. Le T34 est touché, probablement le pilote mort, Volta a remis les gaz et fonce comme un dément sur le char ennemi, Julius les larmes aux yeux charge un nouvel obus. La tourelle du char ennemi nous suit, c'est bientôt fini, encore 40 mètres et nous percuterons le tank russe. Soudainement, dans mon périscope, j'aperçois le T34 qui est heurté par quelque chose, instantanément, je vois l'écoutille soufflée par une violente explosion voltiger à plusieurs mètres au-dessus du char qui explose en se déglinguant comme un vieux mécano. Là-bas sur la colline, à 800 mètres, les 88 des Tigre de Golgoth commençaient de sonner l'hallali pour les chars russes. En moins de 10 minutes, la plaine fut parsemée d'épaves incandescentes. Le combat de chiens mené par les T34 et les PzIV était terminé, on assistait maintenant à un échange à longue distance entre les Su-85 et les Tigre assistés à notre niveau par les Panther dont le 75 "haute vélocité", rendaient les lourds chars russes, muets l'un après l'autre. Il était 13h15, sous un ciel chargé de nuages épais, quand la première offensive fut terminée. Après notre mésaventure, Volta avait immobilisé le Stug dans une dépression, celle-là même où était positionné le T34 qui a failli nous envoyer ad Padre. Tremblant, sans un mot, on attend la fin du combat qui désormais ne nous concerne plus. Dans le char, le premier à prendre la parole est Volta, il fanfaronne:
- A la vache, mais qu'est-ce qu'on leur met à ces tordus...
Mais le ton sonne faux. Il tente de se rouler une cigarette mais il tremble tellement qu'après avoir éparpillé son tabac, il y renonce.
- Putain quelle merde... on a faillit crever pour de bon ce coup-ci.
Julius est pâle comme un mort. Comme moi, il reprend lentement ses esprits. Je décide qu'il est de temps de s'inquiéter des dégâts sur notre machine et de prendre par la même occasion l'air.
- Ok, les gars on quitte le char, chacun embarque son barda au cas ou des sapeurs russes traîneraient encore dans le coin.
Une petite bruine a remplacé la pluie battante, mais l'air frais nous fait du bien. Pendant que mes deux camarades observent les alentours, je fais un rapide bilan des dégâts. Notre pauvre Stug a bien souffert de l'engagement. Le choc avec le PzIV nous a coûté la protection latérale gauche dont l'avant de la tôle épaisse pend lamentablement au bout de ses attaches partiellement arrachées. L'obus qui a ricoché contre la superstructure a endommagé le ventilateur évacuant les fumées dues aux tirs. Il manque également un morceau de la protection d'échappement et un galet de la chenille droite. Heureusement, les organes vitaux du chars ne sont pas touchés, le moteur tourne comme une montre, l'armement ainsi que la radio idem. Comme le combat semble baisser en intensité, nous réintégrons le Stug. Volta l'extirpe de sa position et nous faisons route vers le Nord - Est pour la poursuite de la l'offensive. J'essaye de contacter Willsdorff et Golgoth. Ils me répondent tous les deux. Golgoth est toujours sur la colline et Wil n'est finalement pas loin de nous. Je le rejoints. Nous faisons un rapide bilan; 12 chars de sa section ont été détruits. Une vingtaine de tank de la Division Winniger, dont 8 Panther sont toujours avec nous. Le QG nous donne un nouveau point d'attente dans la taïga à environ 2 kilomètres de là. Il est 16h30 et visiblement c'est terminé pour aujourd'hui. Le ciel se dégage ce qui n'est pas bon pour nous, les Sturmovik vont bientôt faire leur apparition. Nous rejoignons au plus vite la forêt protectrice. Une fois à l'abris des sapins touffus, je demande à chaque équipage de camoufler au mieux son blindé. La hantise d'être pris à parti par les chasseurs bombardiers russes est grande et les gars prennent un soin tout particulier à dissimuler leur char ou véhicule. Les tournus de garde sont rapidement en place par les officiers des grenadiers. Les cantines nous rejoignent et commencent de mettre en route le repas du soir quand je rejoins le nouveau QG de notre colonel Haenig. Le bilan pour cette première journée est désastreux. Un bon tiers de l'effectif est perdu, blessé ou tué sans compter les chars qui demandent des réparations importantes. Winniger a été effectivement blessé par un éclat d'obus, lors de la première vague d'assaut, ses jours ne sont pas en danger, mais il a été rapatrié à l'arrière des lignes. La division qui a le plus de pertes est la 29ème SS qui occupait l'avant garde de l'offensive. Tous leurs officiers sont morts et plus de la moitié de leurs Panther ont été détruits sur la colline lors du tir de barrage d'artillerie. Le groupe est actuellement mené par un jeune Feldewebel qui essaye de conserver le ton arrogant qui caractérise d'habitude les chefs de ces divisions, mais le tremblement de ses mains et de ses lèvres révèle une certaine émotion et instabilité. Ce qui n'est pour déplaire à Felbert qui me fait un clin d'œil. Haenig fait semblant de ne rien remarquer.
- Felbert vous prenez momentanément le commandement de la division Winniger, Kowalski vous récupérez les éléments de la 29ème SS.


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Message par 27Pzd_Kowalski Lun 11 Juin 2007 - 5:15

Cette nouvelle me tombe dessus comme la foudre. Des SS dans ma division, c'est impossible, j'ai parmi mes équipages des camarades dont des membres de leurs familles ont été passés par les armes par les nazis pour des futilités. Je ne peux m'empêcher de réagir.
- C'est impossible mon Colonel! Je... je refuse.
Un silence de plomb règne dans l'assistance. Je viens de commettre l'irréparable, j'en suis à peine conscient. Haenig est blême, il me regarde avec des yeux désespérés. Je vois sa glotte faire des allez-retour. Je sais que ce n'est pas parce que je conteste son ordre, mais parce que je refuse d'avoir des SS dans mon groupe et que les conséquences pourraient m'être dramatiques dans un avenir proche. Haenig s'étrangle à moitié, il n'ose me fixer:
- Et pourquoi donc Leutnant?
J'essaye de rattraper le coup. Le jeune sous-officier SS me fixe. Je prends une grande goulée d'air et je soutiens son regard avec le plus d'assurance possible.
- Parce que cette unité d'élite possède des Panther beaucoup plus performants que nos PzIV et que je connais mal cet excellent char, j'ai... j'ai souci de ...que je puisse intégrer dans mon organisation les performances des excellents équipages de ces puissantes machines.
Haenig respire, il consulte du regard chaque officier de son entourage, mais comme lui je lis dans leur regard un non significatif. Personne ne veut des équipages de cette division de malheur.
- Et bien Leutnant, je suis convaincu qu'un fin tacticien comme vous saura faire le nécessaire pour exploiter au mieux les qualités de ces équipages de Panther qui je vous le rappelle bénéficient de la dernière technologie mise au point par nos ingénieurs.
Je suis anéanti, que puis-je répondre à cela si ce n'est de faire au mieux. Haenig poursuit son briefing. L'offensive repart demain au petit matin. Nous aurons un long parcours à effectuer avant d'engager le combat, pour rejoindre un village où plusieurs brigades d'infanterie russe se sont regroupées. Alors que nous arrivons au terme de la discussion et que nous sommes libérés, le colonel me retient par le bras.
- Pas vous Kowalski, j'ai encore deux mots à vous dire.
Paré pour prendre ma remontrance du jour, nous attendons que tous les chefs d'unité aient quitté le QG. Lorsque nous sommes seuls, Haenig rempli deux tasses de café et m'en remet une.
- Est-ce que vous êtes inconscients ou quoi Kowalski? Je sais très bien pourquoi vous ne voulez pas intégrer les SS dans votre division, vous avez vu les autres chefs d'unités, personne ne les veut. Le Feldwebel Tafner a parfaitement remarqué qu'il dérangeait. Vous vous rendez compte de ce qu'il risque de nous arriver s'il fait un rapport à son Etat-Major? Mais sacré nom de Dieu Heinrich, vous ne croyez pas qu'on a déjà assez à faire avec ces maudits soviétiques sans qu'on ait encore la Gestapo dans nos pattes? Vous allez m'intégrer ces flibustiers dans votre division et faire en sorte que tout se passe bien, c'est compris! D'ailleurs s'il leur arrive quoi que ce soit de suspect, vous en répondrez personnellement!
Il ne se rend pas compte de la merde dans laquelle il me met Haenig.
- Pourquoi ne donnez-vous pas le commandement de cette division à ce jeune blanc bec de Tafner? Vous connaissez bien l'aversion qu'ont la plupart des hommes de mon groupe vis-à-vis des Nazis. Certains n'hésiteraient pas à leur mettre une balle dans la nuque à la première occasion.
Haenig avale son café d'un coup sec en grimaçant:
- Je sais tout cela, mais je n'ai pas le choix, il fallait que je choisisse une division et c'est la vôtre qui m'a semblé la plus appropriée. Donner le commandement à Tafner? Mais vous n'êtes pas sérieux Kowalski? Non mais vous avez vu la tête de ce gamin? Il était mort de trouille. Non je compte sur chaque élément de ma brigade blindée, j'ai besoin d'un maximum de chars et d'équipages.
Son visage est triste. Il parle doucement
- Honnêtement, vous voulez que je vous dise Kowalski, ce gosse me fait penser à mon fils. Mon brave petit qui m'attend en Allemagne et qui a tellement peu de chance de revoir son père vivant. Ces gamins des jeunesses hitlériennes arrivent sur le front la tête pleine de merde de propagande. Non franchement vous avez vu comment Kieschmann a engagé sa division SS sur la colline ce matin. Un vrai fou, alors qu'il était pris sous le feu de l'artillerie, il a forcé le passage au lieu de simplement contourner l'objectif comme vous l'avez fait. Il y a laissé sa vie et les trois quarts de ses équipages. Je veux que vous preniez soin de ces gosses Heinrich. Pour l'amour de leur mère et de Dieu.
- Je ferais de mon mieux mon Colonel... mais laissez Dieu de côté c'est plutôt le diable qu'il faut évoquer avec les SS. D'ailleurs, si un seul de ces branleurs fout la merde dans ma division, je le descendrais moi-même, c'est clair.
Je suis enragé.
- Et puisqu'il faut que je m'entraîne autant commencer tout de suite! Heil Hitler!
Un claquement de talon, je lève le bras et je m'en vais d'un pas rageur rejoindre Golgoth et Willsdorff. Tafner m'attend à l'extérieur. Il m'interpelle:
- Mon lieutenant... puis-je vous parler deux minutes svp?
Les dents serrées, je réprime mon envie de lui mettre deux claques et de le renvoyer chez sa mère, je consulte ma montre.
- Deux minutes Tafner, pas une seconde de plus, je dois rejoindre mon QG pour préparer l'offensive demain et il se fait tard, je vous écoute!
J'observe le jeune SS, Haenig a raison, c'est un pauvre gosse à qui on a filé un galon de sous-officiers supérieurs probablement parce qu'il savait mieux lever la jambe que ses camarades. Il me regarde de ses yeux bleus d'adolescent attardé, son visage est constellé de tâches de rousseurs.
- Je sais que vous appréciez peu notre arrivée dans vos rangs. Votre division a une grosse réputation et nous sommes des équipages frais arrivés sur le front, sans expérience. Mais j'aimerai juste vous dire que nous ferons tous pour être à la hauteur. Vous pouvez avoir confiance, nous faisons partie de l'élite de l'armée allemande...
Comme un jeune coq, il lève la tête fièrement le menton en avant. J'en suis baba, ça naïveté me subjugue. Ce jeune imbécile ne s'est même pas rendu compte que c'était leur appartenance aux SS qui nous rebutait et non leur inexpérience. J'essaye de me contenir:
- Ecoutez Tafner, je vous fais confiance et je sais de quoi vous êtes capables. Mais vous ne croyez pas qu'aujourd'hui votre ange gardien en pas déjà assez fait hein. Alors, même si mes hommes ne portent pas votre joli uniforme, vous avez tout intérêt à adopter un profil bas et écouter ce qu'ils vous disent si vous et vos jeunes camarades voulez survivre, c'est clair? Si vous n'êtes pas d'accord avec moi, alors demain matin vous n'aurez qu'à foncer droit devant vous au milieu des chars d'Ivan et demain soir vous ne serez plus que des souvenirs.
Son regard est lumineux. Il me sourit à pleines dents.
- Oui mon Lieutenant, pas de problème, nous serons très heureux d'intégrer votre division et d'écouter les conseils des meilleurs équipages.
Il m'indique plusieurs Panther stationnés un peu plus loin dans une clairière sans le moindre camouflage.
- Nos chars sont là-bas, nous rejoignons votre unité tout de suite. Voulez-vous que je vous présente à mes camarades.
Je rejoins le groupe de soldats qui discute devant les tanks. Gueulant des ordres secs dignes des meilleures enflures d'instructeurs que j'ai pu connaître par le passé, Tafner les mets au garde-à-vous et me les présente droit comme des "I". Cinq équipages tous aussi jeunes et inexpérimentés que lui. Je suis là debout devant eux comme un con, ne sachant pas trop quoi dire.
- Heu c'est bon Feldwebel Tafner, ordonnez le repos.
Une fois que les gars ont adopté une attitude moins rigide, je les interroge au sujet de leur Panther non camouflés.
- Dites-moi les gars, comme ce fait-il que vous chars ne soient pas camouflés? Vous vous rendez compte que le premier Il2 qui survolera cette clairière vous pulvérisera vos cinq belles machines et par la même occasion vos petites gueules d'ange.
Tafner rougit:
- Et bien mon lieutenant, nous allions le faire, quand un capitaine qui passait par-là nous a dit que c'était inutile du moment que nous allions faire mouvement pour intégrer une nouvelle unité.
J'aimerais bien savoir qui est le sagouin qui leur a donné ce brillant conseil, encore un gars qui a de la peine avec les Totenkopf sans doute. Je me contente de cette explication.
- Bon, allez tous à vos chars, ma division est à 3 kilomètres à l'Est de la position. Je monte avec vous Tafner.
Je monte sur le monstrueux tank. Leur Panther sont effectivement des machines de dernière génération bénéficiant de tous les raffinements dont peut rêver n'importe quel tankiste allemand. Déjà le moteur, Maybach de 700 cv est impressionnant par son silence et n'a rien à voir avec celui du Tigre bruyant au possible. Et que dire de la suspension, alors que chaque bosse met à mal un équipage de Stug, ici c'est à peine si on ressent le passage sur deux troncs d'arbre gênant notre progression. Alors que je médite sur les qualités intrinsèques de cette formidable machine de guerre, nous arrivons à destination. Une autre épreuve m'attendait à présent. Informer les gars de mon unité de la présence des équipages de la 29ème brigade SS parmi nous. Ce n'était de loin pas acquis...
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Message par 27Pzd_Kowalski Lun 11 Juin 2007 - 5:15

Avant de quitter le Panther, je demande à Tafner de maintenir ses équipages sagement dans leurs chars jusqu'à ce que je revienne les chercher leur indiquer où stationner pour la nuit. D'un pas nerveux je rejoins Willsdorff et Golgoth, qui, comme d'habitude ont fait chauffer une bonne soupe.
Je m'assieds avec un gros soupir. Mes deux camarades ont aperçu les Panther et ont des regards interrogateurs.
- Des renforts Leutnant?
Je ne sais comment leur annoncer la nouvelle.
- Ouai si on veut... si on peut appeler ça des renforts.
Golgoth me coupe:
- Bah des jeunes équipages... pas grave dans deux jours les survivants, s'il en reste... seront presque aussi bons que nos meilleurs tankistes. Par contre, je constate qu'ils disposent des derniers modèles de Panther, normalement réservés aux SS, y en a qui ont de la chance...
Il s'apprête à boire une gorgée de sa soupe, mais il interrompt son geste les sourcils froncés. Il vient de comprendre. Il me regarde l'air ahuri.
- Non... non... Heinrich, ne me dit pas "qu'ils" ont fait ça? Haenig ne nous a quand même pas collé les restes de la division Kieschmann?
Je soupire une nouvelle fois.
- Si, "ils" l'ont fait...et y a pas intérêt qu'ils leur arrivent un accident, sinon je répondrais personnellement de ce qu'il pourrait leur arriver... Haenig a insisté qu'il avait besoin de tout le monde et qu'il ne voulait pas la Gestapo ici. Je compte sur vous pour informer vos gars.
Alors que Willsdorff reste impassible envoyant des bouffées de fumée vers le ciel, Golgoth arpente nerveusement l'abri.
- Non mais c'est pas vrai, il est taré Haenig ou quoi. Tu te rends compte que j'ai au moins trois types dans mes rangs qui sont prêts à leur tailler une belle boutonnière à coups de 9mm aux SS, Heinrich et chez Will...
Je lui coupe la parole.
- Ils seront intégrés chez Willsdorff dans la section d'assaut. Tu n'auras pas à te préoccuper d'eux.
Will qui tire toujours calmement sur sa cigarette se décide enfin à réagir.
- Ce n'est pas parce que je ne dis rien que je suis d'accord Heinrich. Pour moi, pas de problème, ils peuvent rejoindre ma section, mais ils ont intérêt à regarder où ils mettent les pieds.
Puis s'adressant à Golgoth.
- T'en fait pas, de toute façon, il y a bien des chances que demain soir, le problème n'en soit plus un. Tu n'as pas vu comme ce débile de Kieschmann a engagé ses chars sur la colline ce matin. Droit devant. Son Panther a fait un joli périlleux arrière. Il en sera pas difficile de les mettre en première ligne sous le feu des 120 russes, ils adorent ça...
Je réagis durement:
- Il n'en est pas question Will c'est compris. Ils seront avec vous et je te charge de parfaire leur formation. A commencer "comment camoufler son char adéquatement dans la taïga". Et y a intérêt que ce soit fait rapidement, parce que si un zing de reco russe repère leurs jolis Panther, le reste de la division y passera. Tu les stationnes au Sud de ta position et tout de suite. Tous les deux vous aviserez vos gars de leur présence. Personnellement, je tâcherais de faire un tour en cours de soirée dans vos cantonnements pour prendre la température.
Willsdorff lance d'un geste rageur son mégot par terre. La mâchoire crispée, sans un mot il quitte le PC et d'un pas rageur se rend vers Tafner et le groupe de Panther. Golgoth me sert un bol de soupe fumant:
- Les gars devront les accepter... enfin j'espère qu'ils le feront. Tiens, bon appétit.
Je lui réponds:
- Je te remercie. Je t'assure que j'ai tenté de discuter avec Haenig, mais je crois que j'aurais dit un mot de plus, je passais en conseil de guerre...
Je bois mon breuvage brûlant et je quitte le QG.
Lorsque j'arrive près de notre Stug, je retrouve Julius et Volta. Ils se sont construit une cabine de fortune avec des branches et des toiles cirées, qu'ils ont appliqué contre le côté blessé du Stug. Tous les deux sont en bras de chemises, les mains noires de graisses jusqu'aux coudes. Julius, le visage en sueur, est assis et au moyen d'un gros levier et d'une massette, il entreprend le démontage de l'axe du galet arraché. Fièrement, Volta me montre un galet et son axe tout neuf emballés dans du papier gras.
- Je savais que ça nous servirait un jour.
Ils ont calé le Stug sur deux gros rondins pour surélever le côté droit. Dégrafée, la chenille pendouille.
Julius jure entre ses dents.
- ... aloperie de truc, c'est plié ça sort pas, faudra couper au chalumeau.
L'axe est légèrement plié, l'embout fileté qui maintient le galet en place, a été sectionné net.
Julius poursuit:
- Le pire c'est ce que ne n'est même pas dû à un tir ennemi, mais très certainement consécutif au choc avec le Panzer IV.
Il me montre le pan complet de protection latérale qui a été démonté et posé contre un arbre.
De son index graisseux, il me montre la pièce en question.
- ... l'avant de la plaque a été replié sur lui-même. Avec le choc, la pièce d'acier s'est coincée dans les roues. En nous dégageant ont a pété l'écrou et vrillé l'axe.
Je m'inquiète des possibilités de réparation.
- Et tu penses que c'est réparable.
Il me regarde les sourcils froncés.
- Et tu crois que j'ai démonté pourquoi? Bien sûr que c'est réparable... de toute façon il y a intérêt, sinon, je ne vois pas comment on va poursuivre le combat... à moins que l'on récupère un de ces tout beaux Panther là-bas...
Tiens déjà au courant de la présence des SS mes gars et encore rien dit. Ca me surprend:
- Et bien on dirait que les nouvelles vont vites...
Volta grimace.
- On a d'autres soucis à régler ici... on fera avec... c'est toi qui te tape le problème. Pour Julius et moi, tant qu'ils ne nous approchent pas trop ça devrait aller.
Julius jure et tape et comme un dément avec sa massette. L'axe finit par céder. Il se redresse d'un bond:
- OUI! HAHAA! Saloperie, je te tiens.
Et il lance d'un geste rageur la pièce tordue au loin.
- Je le savais, rien ne résiste à Julius la terreur à l'Ouest de la Volga! Leutnant sauf votre respect puis-je vous demander de prendre mon tabac et mon papier dans la poche de ma vareuse et me rouler une cigarette! Elle est amplement méritée. Sir Volta auriez-vous l'amabilité, vous qui me regardez depuis une bonne heure à ne rien foutre, de bien vouloir passer un coup de lime et de papier de verre à l'emplacement de l'axe. Ensuite vous graisserez délicatement la pièce que me mettrez à disposition dans le papier gras d'emballage.
Alors que je m'applique à confectionner un mégot pour notre chef armurier, accessoirement chef mécanicien, notre pilote Volta s'est déjà mis à genoux en maugréant et graisse l'axe.
- Ca ira comme papa dans maman un jour de fête Julius, un bel axe graissé par un seigneur de l'Eifel !
Je place la cigarette allumée au coin des lèvres de Julius qui s'essuie les mains avec un chiffon. Après s'être nettoyé au mieux. Il récupère sa cigarette du bout des doigts et appuyé contre le char, envoie une bouffée de fumée vers le crépuscule. Je m'approche:
- Ca ne te fait pas plus que ça, la présence des gars de la 29 parmi nous.
- Demain il fera beau... les Sturmovik seront de la partie, on va pas rigoler. J'ai d'autres soucis que l'avenir direct de ces spécialistes du pas de l'oie. De toute façon, on est tous logés à la même enseigne, les obus de 85 et de 76 de la VVS ne font pas la différence sur le terrain...
Un peu plus tard, j'effectue ma tournée d'inspection. Les gars font un peu la gueule, mais ça à l'air de passer. Il faut dire qu'avec ce qui nous attend demain, ils n'ont pas trop le temps de réfléchir. Je finis ma tournée auprès des Panther de Tafner. Ils sont correctement camouflés, le jeune sous-officier supérieur a organisé un service de garde.
Le lendemain matin, il est 0500 quand on me réveille. Il s'agit d'une estafette provenant du QG de Haenig..
- Un courrier urgent du Maréchal Kluge pour vous Leutnant!
Il s'agit d'un courrier confidentiel qui m'est adressé personnellement. Aïe! Est-ce que notre discussion houleuse avec Haenig au sujet des gars de la 29ème SS serait déjà parvenue à nos hautes instances ? Un peu fébrilement j'ouvre.
Non il ne s'agit pas de ça, je suis juste promu Oberleutnant. Willsdorf et Golgoth passent Leutnant. Au vu de leurs états de service, on les exempte même momentanément de suivre une école d'officiers tankistes en Allemagne, ben voyons. Il y a également plein de promotions pour d'autres éléments de l'unité, eux aussi sont exemptés de suivre une école de sous-officiers supérieurs. Nos nouveaux gallons, nous serons remis ses prochains jours, un camion nous les apportera et un groupe de soldat du soutient, se chargeront de nous les coudre sur place. Je reste pensif... Je reste pensif... Oberleutnant... j'ai commencé cette guerre comme modeste Unteroffizier, je me revois à l'entrée de la maison familiale, ma mère la larme à l'œil et mon brave père fier comme un coq de voir son fils aîné ainsi gréé. Cela va faire bientôt trois ans que je ne suis plus retourné en Allemagne. J'étais déjà Leutnant à ce moment. Puis, le conseil de guerre pour propos défaitistes et manquement face à l'ennemi durant l'hiver 1941. Retour au front dans un bataillon disciplinaire avec Volta et Julius. Avec le temps et la disparition successive de plusieurs officiers, j'ai pris du galon. J'ai pris le commandement de la 5ème compagnie il y a six mois après l'évacuation de Stalingrad et aujourd'hui Oberleutnant. Ces galons ont l'air tellement insignifiant ici en Union Soviétique. Combien de temps que je n'ai plus écrit... au moins deux, non trois ans, je déteste écrire. Alors que je rumine mes sombres pensées en contemplant le soleil levant, Willsdorff me rejoint.
- Hello Heinrich, encore une belle journée qui se prépare on dirait hein?
- Bienvenue dans le cercle restreint des officiers de l'Heer Leutnant Willsdorff.
Je lui tends la lettre.
- Tiens, je viens de recevoir ça ce matin.


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Message par 27Pzd_Kowalski Lun 11 Juin 2007 - 5:15

Il lit rapidement.
- Joli, tu crois que si les Russes nous capturent que nous aurons droit à un traitement de faveur?
Il rigole, sarcastique. Je rigole à mon tour.
- Un traitement spécial genre une douille de fusil enfoncée à coups de crosses dans la nuque qu'on aura droit, oui. En attendant, réuni l'unité complète, les SS aussi, dans 15 minutes, que je puisse leur annoncer la bonne nouvelle.
Un quart d'heure plus tard, la nouvelle a déjà fait le tour et les gars plaisantent à tout va sur leur promotion et sur le temps, surtout, qui leur reste à vivre pour en profiter.
Les noms s'égrènent sur la liste et quand j'arrive au bout. On insiste pas. Chacun retourne à ses occupations. Tafner m'interpelle.
- Oberleutnant, je suis un peu surpris de la manière dont certains de vos hommes ont appris ces excellentes nouvelles. Pas un, ne vous a remercié.
Je rigole.
- Ecoutez Tafner, d'ici quelques jours, si vous êtes toujours vivant, vous comprendrez pourquoi la plupart des soldats de cette unité se fichent bien d'avoir un galon de plus ou de moins. Croyez-moi, ils auraient mille fois préféré une permission de quelques semaines au pays. Maintenant, est-ce que vos équipages sont prêts? Dans dix minutes, je veux tout le monde paré au combat.
Un peu surpris par le peu de temps que je lui mets à disposition Tafner effectue un rapide salut et fonce au pas de course rejoindre ses camarades.
Vingt minutes plus tard, tous nos chars, le moteur tournant au ralenti sont prêts au départ. J'ai les yeux fixé sur l'Opel Blitz radio. Par la porte latérale ouverte, j'aperçois l'opérateur qui se met à parler. Il se retourne me regarde et tout en acquiesçant de la tête, il termine la conversation. Il dépose son casque et fonce vers moi. Il grimpe lestement sur le Stug et hurle pour dominer le grondement des gros Diesel.
- Oberleutnant, l'offensive démarre à 0550. Une fusée verte donnera l'ordre de départ. Votre cap d'évolution est 340. L'objectif, la dépression qui se situe à 8 km d'ici.
Il me montre la position sur ma carte.
- Ok, merci, nous sommes prêts...
0550, lentement, la fusée verte monte vers le ciel et retombe en une douce arabesque vers le sol.
Je jette un oeil à l'arrière, les Tigre sont là en arrière garde, un autre regard vers Willsdorff. Et l'ordre fuse dans mon micro:
- Lose...
Un bon milliers de tonnes d'acier se met en mouvement. Tels des animaux fantastiques, les blindés quittent l'un après l'autre la protection de la taïga. Les chefs de chars, surmontent leurs formidables machines de guerre. Là-bas au loin, d'autres hommes en font de même sur leur tank marqué d'une étoile rouge, des hommes comme nous, qui auraient pu être des coéquipiers ou des amis si le destin les avait fait naître quelques milliers de kilomètres plus à l'ouest.
Je scrute l'horizon avec mes jumelles, les T34 et les Su-85 sont déjà là, il y a certainement des KV1 aussi. Alignez par centaines sur la dépression qui est à environ 1500 mètres. Je jure entre les dents.
- Ben merde, ce matin, ils n'ont pas traîné.
Derrière les Panzer IV et les Panther, les Tigres ont ralenti. Golgoth a repéré les chars ennemis. Les puissants canons de 88, cherchent probablement déjà leurs cibles. Quelques secondes plus tard, le fracas du premier coup de canon résonne dans la grande plaine. En face, le haut de la colline semble s'illuminer d'une multitude de petits éclairs blancs. Le choc des obus percutants le sol à proximité de nos tanks propulse d'énormes gerbes de terre à plusieurs mètres du sol. Curieusement, la première salve n'a fait aucun dégâts, aucune char n'est immobilisé et comme à la parade, nous continuons de progresser vers les lignes ennemies. Je rentre dans le Stug, ferme l'écoutille et prends place derrière la double lunette de mon périscope. Pendant que Volta change régulièrement de cap pour éviter d'offrir une cible trop facile. J'aperçois au loin les T34 faire mouvement dans notre direction, régulièrement d'une voix monocorde, je transmets des indications sur la position des chars ennemis, si Tafner ne répondait pas "compris" à chaque intervention de sa voix chevrotante de trouille, je pourrais croire que ma radio est éteinte. Mais ni Golgoth ni Willsdorff, n'ont besoin de confirmer ce qu'ils entendent. Au travers de leurs jumelles ou périscopes, ils voient comme moi ce qui se passe en face. Sept cents mètres, le premier char russe apparaît dans mon système de visée, les chiffres se mettent à défiler devant mes yeux, j'ai un petit pincement de cœur, car je viens de reconnaître le tank russe qui est en face de moi. Il ne s'agit pas d'un T34, mais d'un presque indestructible KV1. Son canon n'est pas très puissant, par contre son blindage est d'une résistance incroyable. Seul un Tigre à moins de 600 mètres peu percer son blindage de face. Pas la peine de gaspiller de la munition. J'indique à Volta la cible et je lui donne un nouveau cap pour le contourner. Un rapide coup d'œil m'indique que la majorité des autres chars ennemis sont des T34. Le tireur du KV1 s'est aperçu de ma manœuvre. Le lourd tank russe est bien moins agile que le Stug, mais en combinant un virage et la vitesse de sa tourelle, il arrive à nous maintenir dans son viseur. Baoum! Le premier obus tombe à moins de 5 mètres du Stug. Le tireur est gêné par le char en mouvement et ne peut assurer sa visée. Crispé à ses commandes, Volta l'observe prêt à effectuer une manœuvre pour qu je puisse effectuer un tir. Julius est sanglé sur son siège, il tient un obus sur ses genoux, prêt à recharger. Je veux ce KV1, alors j'insiste. Baoum? Deuxième tir. Cette fois, il passe en dessus de nous. Un mètre plus bas et se le prenait dans le buffet. Volta poursuit sa course. Le moteur est à fond et la fumée noire crachée par les échappements s'évacue vers le ciel azur. La tourelle du KV1 nous suit, je vois le canon faire de petits mouvements de bas en haut pour corriger la visée. J'ai un goût amer dans la bouche. Je n'en peu plus... j'hurle dans le micro.
- A droite toute, sur le KV1 Volta.
Instantanément, Le Stug vire sur lui-même et s'immobilise. Le Russe a compris mon intention et se met à tourner pour me présenter sa face avant. Pas le temps de chipoter. Je vise le flanc à hauteur de chenille. Le 75 tonne et le KV1 s'arrête, chenille arrachée.
- Fonces! Fonces à droite toute Volta, Fonces!
Le Stug bondit en avant. Le canon du tank ennemi tente de suivre la trajectoire, mais sans l'aide de son moteur, il n'a aucune chance pour suivre notre course. Je veux ce bandit! L'arrière se présente lentement mais sûrement. Un obus heurte le sol à quelques mètres de notre Stug. Un autre char nous a pris pour cible, tant pis, je veux ce KV1. Encore une dizaine de mètres.
- Ca y est! Stop!
Julius a chargé le canon. Je vis le cul du char ennemi. Boum, un nouvel obus tombe non loin de nous. M'en fout, je vais le péter ce salopard. Baoum, le 75 a craché son projectile d'acier et de tungstène! Je suis tellement sûr de mon coup que je ne remarque pas tout de suite que l'obus a ricoché sur le dessus de la superstructure. Je reste coi quelques secondes. Mais heureusement Julius n'a pas attendu.
- Canon paré à tirer!
Je corrige la visée, le canon du KV1 est sur nous. Le coup part. Angoissé, j'écarquilles les yeux et cherchent les dommages que j'aurais pu provoquer sur le blindé. La tourelle est immobile, le canon nous menace toujours de sa gueule béante, mais rien ne semble bouger. Sans attendre mon ordre Volta a viré à droite et met plein gaz. Il grommelle:
- On est pris pour cible par un autre char, faut qu'on dégage de là.
Pour confirmer ses dires, plusieurs impacts tombent à quelques mètres de notre Stug. Il ne s'agit plus de tirs d'un canon gros calibre, mais d'un staccato bien plus inquiétant.
- Shtourmovik!
Là haut à quelques dizaines de mètres au-dessus de nos têtes, les terribles avions d'assaut de la VVS ont fait apparition.


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Message par 27Pzd_Kowalski Lun 11 Juin 2007 - 5:16

Ce genre de situation est terrible parce que si on arrive plus ou moins à repérer un char ennemi, il est beaucoup plus difficile de repérer un avion, surtout un Sturmovik qui attaque toujours par derrière.
Dans la cabine surchauffée on ressent une certaine tension. Rien ne peut nous aviser de la présence d'un avion si ce n'est le coup qui percutera notre char. De temps à autre, on entend le son d'un moteur passer à quelques mètres au-dessus de nos têtes. Volta les mains crispées sur les commandes ronchonne dans mes écouteurs.
- Mais qu'est-ce que fout notre p.tain de super Luftwaffe? Ils vont les laisser encore tourner longtemps comme ça. Ils doivent se croire sur un terrain d'exercice les popofs!
Lors d'attaque d'Il2, il n'y a pas d'autres solutions que de continuer de combattre les chars ennemis sans se préoccuper des avions d'assaut, on ne peut de toute façon rien faire. On a bien monté une MG42 en affût, mais avec le bordel à l'extérieur du char, ça serait un suicide que de sortir de la tourelle. Au travers de mon périscope j'aperçois un Kfz 251 sur le flanc. Les grenadiers qui n'ont pas été blessés, tentent de quitter le véhicule accidenté en rampant, mais les mitrailleuses des T34 balayent le coin. Il y aura peu de survivants, s'il y en a. Tiens le salopard qui les mitraille, je vais lui faire payer à ce fumier. Je le cherche, ça y est, je le vois, il s'est immobilisé. A l'avant, le mitrailleur s'en donne à cœur joie et tire de petites rafales en direction du Kfz. Volta aussi l'a vu. Instinctivement il a dirigé le Stug en direction du flanc du tank russe. Il est à 100 mètres.
- Halte!
Je pointe le viseur sur le flanc du T34, juste à l'arrière de la tourelle, là où la munition est entreposée.
Le coup est parti, pendant que le char ennemi brûle instantanément, à l'intérieur, la fumée de cordite emplit l'habitacle. Notre ventilateur d'évacuation de fumée n'a pas pu être réparé, je dois entre ouvrir la trappe d'accès quelques secondes. Julius n'a pas attendu, machinalement, la culasse s'est ouverte, la douille a heurté le sol métallique dans un son creux. Le nouvel obus de 75 a été chargé et nous voilà paré au combat. La bataille durera ainsi pendant trois jours avant que nous atteignions le village de Fatezh par le sud en longeant une belle rivière si la rive de celle-ci n'était pas truffée de soldats russes et de canons antichars.
A force de subtilité, en emmenant la division au fil des dépressions et des petits bois qui nous protègent, nous rejoignons enfin le village en question. Deux brigades soviétiques s'y sont retranchées et lorsque nous y arrivons, plusieurs compagnies de grenadiers ont pris position autour du village, prêtes à l'attaque. De notre côté, les pertes sont importantes. Des Panther de Tafner, il ne reste que deux équipages. Chez Willsdorff ce n'est pas fameux non plus, en cours de route il a récupéré deux Panther, mais plus de la moitié de son effectif a été laminé. Le groupe de Golgoth, s'en sort un peu mieux, mais leurs lourds Tigre sont des cibles privilégiées pour les avions d'assaut russe qui les chassent avec assiduité et le nombre de chars détruits ou d'hommes d'équipages blessés et tués est inquiétant.
Fatezh est un petit village typique russe, et ressemble dramatiquement à chaque agglomération soviétique que nous avons rencontrée durant cette campagne désastreuse, soit un enchevêtrement de cabanes en bois accolé à une petite zone industrielle faites de bâtiments en béton gris et sale contre lesquels sont parfois ajoutées une cheminée de briques recouverte de crépis. De grandes inscriptions en caractères cyrilliques et des affiches de propagandes recouvrent les façades de ces usines ou entrepôts. Fatezh, ne pourrait être qu'un simple village comme nous avons vu des centaines, pourtant celui-là, avec la pluie froide qui tombe à nouveau à quelque chose de terriblement sinistre. Dans la rue principale des cadavres de soldats allemands et russes jonchent le sol au milieu de carcasses de véhicules renversés et calcinés. Aucun sépulcre pour ces malheureux qui il y a quelques heures vivaient encore de leur belle vie. La seule tombe à laquelle ils auront droit sera une fosse commune dans laquelle seront entassés pelle mêle, Russes et Allemands pour un dernier voyage vers le paradis des soldats, pour autant qu'il y ait encore de la place la haut pour les malheureuses victimes de cette boucherie sans nom. Je suis avec Volta et Julius debout devant mon char, indécis, abruti de fatigue et de mal nutrition ne sachant pas par quel bout prendre le problème. Où s'arrêtera donc cette folie? Avancer, avancer, ils n'ont que ça à la bouche les pontes qui sont tranquillement installés à l'arrière. Est-ce que les Russes n'ont pas contourné notre saillant, qui protège nos flancs? On ne sait rien, on avance comme ça, massacrant tout ce qui se dresse sur notre chemin. Comme ce peloton de SS qui va exécuter un groupe de civils là bas, en guise d'exemple. Pauvres cons comme si les Russes qui sont en face de nous en avaient à foutre de ces pauvres gars qu'on va mitrailler sans pitié. Je les regarde; des vieux, des femmes et des gosses qui pleurent. Lorsque les MG42 se mettent en route je tourne la tête. Doucement nous sombrons tous dans la folie. Volta sanglote discrètement dans un coin le dos tourné à toutes ces horreurs. Julius fume nerveusement, sa main tremble. Tafner et son équipage sont là les yeux rivés sur le monceau de cadavres fumants, on entend un homme dégueuler.
Haenig arrive dans son Kubel.
- Kowalski, Willsdorff, Golgoth par ici.
Nous nous éloignons de quelques dizaines de mètres. Notre Colonel a allumé sa pipe et lui aussi tire des bouffées nerveuses. On sent qu'il est au bout Haenig, il a les yeux exorbités, des rides profondes marquent son visage gris de fatigue. Il commence.
- On doit prendre ce village et tenir la position. Des renforts arrivent...
Il n'y croit plus Haenig, nous non plus. Il continue.
- Je n'ai plus que vous comme officiers Messieurs, on réuni toutes nos forces et on prend ce putain de village. Après on se barricade avec nos chars à l'intérieur et on attend...
Willsdorff inquiet répond.
- Et derrière notre avance mon colonel? Est-ce que nos troupes tiennent?
Haenig murmure.
- Je n'en sais strictement rien Willsdorff, je n'en sais strictement rien. Je n'ai plus de contacts avec le QG. Kowalski, vous laissez un minimum de vos hommes, les blessés en priorité et un sous-officier, pour garder les chars. Les autres tous avec moi, on attaque tout de suite.
Nous nous équipons comme des automates, MP40, chargeurs pleins, grenades. Volta récupère son fidèle Kar98 à lunette, vieux souvenir récupéré à Stalingrad et qui le suit partout. Dix minutes plus tard, à la tête du solde de mes équipages nous pénétrons dans la première maison. Volta s'installe seul dans le grenier. Avec la paire de jumelles, il suivra notre progression. Un Schmeisser lui est laissé au cas où il serait obligé de se battre en combat rapproché. Il nous fait un petit signe de la main lorsque nous le quittons. La progression dans le village se fait rapidement, chaque maison est visitée, mais la plupart son vide. De temps en temps le visage terrifié d'un habitant apparaît dans l'embrasure d'une porte. Il nous faut un sang froid terrible pour ne pas vider nos chargeurs sur ses pauvres hères. Après une heure, il nous reste la zone industrielle. Pas de doutes, c'est là que les Soviétiques se sont retranchés. Des sacs de sables ont été précipitamment entassés ça et là sur les décombres des bâtiments détruits et recouvrant les rues. Gentiment mais sûrement nous encerclons la zone. Volta nous a finalement rejoint, il ne servait à rien depuis son ancien promontoire. Il cherche une position où il pourra avoir l'angle de vue le plus large possible. Il se décide pour le toit plat d'une gare. Je demande à Julius de rester avec lui et de le couvrir. Mes deux camarades s'éloignent dans la lumière du soir. Maintenant nous attendons tous les ordres de Haenig. Il finit par me rejoindre essoufflé, poussiéreux. Il semble avoir repris un peu de force.
- Bien Kowalski, à l'est et au nord, j'ai placé deux sections avec des mitrailleuses pour empêcher aux russes de battre en retraite. Je commanderai l'assaut par le sud et vous par l'ouest. Le départ sera donné par le début d'un tir d'appui de nos MG. Dès que ça démarre, dites à vos mitrailleuses de faire de même. Environ 1 minute plus tard on attaque, c'est bon.
J'acquiesce du chef. Oui c'est bon, parés à ce faire trouer la peau.
Lorsque le chant sinistre des MG42 débute à ma gauche, je ressaute. Les mitrailleuses que j'ai postées dans les fenêtres des immeubles aux alentours de ma position se mettent en route. Je lève le bras et je m'engage dans la rue, sous les traçantes. Je m'attends à tout moment à être pris sous un tir croisé ennemi, mais rien ne bouge. Encore trente mètres et je serais vers les sacs de sable. Je m'arrête accroupi, les mains crispées sur ma MP40. Les grenades volent par-dessus ma tête et tombe derrière les barricades. Une succession d'explosions secoue le sol et font voler tout de sortes d'objets. J'attends quelques secondes après la dernière explosion et je me précipite en avant. Je m'arrête devant les sacs avec l'intention de vérifier qu'il n'y ait rien de suspect qui m'attend derrière, mais le reste de la section fonce sans attendre et franchit le barrage. Je suis, de l'autre côté la rue est vide, mais bientôt une gerbe de traçantes vertes fauche la première vague. Je saute me mettre à couvert dans l'embrasure d'une porte. La DP28 a suivit ma trajectoire, mais la porte est fermée. Plaqué le plus possible derrière le bord du mur, les balles passent à quelques centimètres de moi, ricochent contre l'angle du mur et la porte en bois, des éclats giclent contre mon visage. Je dois me concentrer pour ne pas céder à la panique. Heureusement, le mitrailleur russe abandonne ma position pour se concentrer vers la barricade où d'autres soldats ont fait apparition. Soudainement, derrière moi, la porte s'ouvre et je suis aspiré à l'intérieur de l'usine. Je tombe sur le dos, pris d'une soudaine panique, je m'apprête à tirer lorsque je reconnais le visage d'Edwald un des gars de Golgoth.
- Ca va Oberleutnant? Pas blessé?
Je tremble comme un damné.
- Non... non, mais ça n'a pas passé loin.
Edwald s'explique.
- Quand on a vu que ça chauffait dans la rue on a passé par les fenêtres! Avant de battre en retraite, j'ai repéré votre position inconfortable alors j'ai foncé et j'ai pu ouvrir la porte.
A l'intérieur de l'usine, il y a des tirs. Dehors la DP28 s'est tue. Le Mauser de Volta avait claqué une première fois dans la lumière de cette soirée pluvieuse.
Je me relève, avec Ed, il y a Tafner et des soldats que je ne connais pas.
- Bien les gars, on y va, ce n'est pas terminé.
Nous voilà progressant dans les couloirs. Il ne s'agit pas d'une usine comme je le pensais, mais d'abattoirs. L'odeur à l'intérieur est immonde. Nous rejoignons une grande salle où l'on abattait des porcs. Des cadavres de cochons en putréfaction jonchent le sol ça et là. La puanteur est effroyable. Je vomis. Mais nous devons continuer de progresser. Là bas à quelques dizaines de mètres le staccato typique d'une PPSH se fait entendre. Dans ce dédale de couloirs, de pièces ou d'antichambres c'est difficile de s'orienter. Nous quittons la salle d'abattage et ses cadavres pour déboucher dans un long couloir donnant sur d'anciennes chambres froides. Les murs sont recouverts d'affiches de propagandes partiellement déchirées. De grandes bâches en toile cirée séparent les chambres du couloir. Les tirs sont maintenant tout proches. Ils proviennent de la dernière salle. Nous continuons d'avancer le plus discrètement possible. Soudainement à quelques mètres de nous, la toile cirée s'écarte et deux hommes en uniforme vert apparaissent, ils ne nous ont même pas vus. Ma MP40 crépite et les deux hommes tombent. D'un seul mouvement, Ed et deux hommes se jettent arme au poing dans la chambre d'où sortaient les deux soldats russes. J'enjambe d'un bon les deux cadavres et je pénètre comme un diable dans la dernière chambre froide d'où partaient les tirs. Je découvre un groupe de cinq soldats russes. Ils sont surpris par notre brusque apparition. Les coups de fusils automatiques et les rafales de mitraillettes résonnent terriblement contre les parois carrelées de planelles en céramique blanche. Aucun des soviétiques n'échappent au massacre. Un peu plus loin Edwald et son groupe ont également neutralisé des soldats ennemis. Nous nous identifions et au bout du couloir apparaissent quatre de nos grenadiers qui étaient coincés dans une pièce sans issue. La progression continue et finalement, après avoir traversé une nouvelle salle d'abattage infecte, nous débouchons à l'extérieur sans rencontrer d'autres soldats ennemis. Je suis exténué. J'ai envie de me coucher à même le sol et dormir tout mon saoul. Mais il y a avec moi dix huit hommes récupérés ça et là qui me regarde indécis. Ils attendent de moi que je prenne les bonnes décisions. Des tirs d'armes automatiques résonnent dans tous les coins de la zone industrielle. La bataille est visiblement loin d'être terminée, mais je ne sais pas ce qui se passe. J'essaye de m'orienter par rapport à l'abattoir. Nous sommes dans une cour pavée. Il y des rails de chemin de fer et quelques wagons à bestiaux éventrés, il doit s'agir du quai de déchargement des animaux destinés à la boucherie. La rue par laquelle nous avons pénétré dans le secteur doit se trouver sur ma droite. Il y a encore des tirs. Que sont devenus Volta et Julius? Pas le temps de s'apitoyer, il faut continuer. A la queue leu leu, nous remontons le mur accroupis, jusqu'à une grande brèche. Je jette un oeil dans la rue, des grenadiers allemands passent devant nous baïonnette au canon, nous les suivons mais la bataille est terminée. Les dernières poches de résistance soviétique ont succombé. Je retrouve Haenig, il est blessé au bras. Un pansement sommaire a été apposé. Je retrouve soulagé, Willsdorff, Golgoth, Julius et Volta qui accroupi fait des marques sur la crosse de son fusil à lunette. Avec les survivants de ma division, je traverse le village pour récupérer nos tanks laissés quelques heures plus tôt. Les gars qui en assuraient la garde n'en mènent pas large et nous aperçoivent soulagés. Comme avant chaque départ, nous faisons le tri de ce qui reste, des gars qui ne sont pas blessés pour reconstituer des équipages. Willsdorff abandonne son PzIV en piteux état pour un des Panther de Tafner dont le dernier équipage a été tué dans l'assaut. C'est presque heureux que je rejoins notre bon vieux Stug. En récupérant ça et là des pièces sur les épaves nous avons pu réparer le ventilateur d'évacuation de fumée de tir. Julius toujours très préventif a également récupéré un gros stock de pièces de rechange; maillon de chenilles, galet, axes et pièces moteurs ou d'armement en tous genres ont rejoint le font de notre char au grand dam de Volta qui chaque fois qu'il s'installe aux commandes gueule parce qu'il shoote une pièce au passage.
- Arrêtes de gueuler comme un goret qu'on égorge! Fainéant comme tu es, tu seras bien content de pouvoir compter sur papa Julius et ses pièces quand elles permettront à notre vieille barcasse de continuer et toi d'économiser tes petits petons!
Disait Julius.
En attendant, nos chars allaient être transformés en vulgaires pièces d'artillerie mobile. Haenig nous demanda de tenir le village. Il demanda également aux Panther de Willsdorff et Tafner, ainsi que 4 Tigre rescapés de Golgoth de se positionner à l'est de la zone industrielle. Je retrouvais donc avec les deux Panther et trois Panzer IV dans les décombres du village.
La longue attente commençait...


Dernière édition par 27Pzd_Kowalski le Lun 24 Mar 2008 - 4:40, édité 3 fois
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Message par 615sqn_Volta Lun 11 Juin 2007 - 18:57

Tiens !!! un transfert de topic. Pour ceux qui ne l'ont pas lu je vous conseil de vous y mettre Wink Wink Wink
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Message par F/JG300_Tempest Mar 12 Juin 2007 - 1:27

c assez locasse effectivement...

surtout après la soirée qu'on vient de passer avec Kowalski, Edwald, Volta et Julius...

:)
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Message par 27Pzd_Kowalski Ven 15 Juin 2007 - 19:13

La nuit était tombée, le déluge s'était enfin arrêté. Notre Stug avait été reculé dans une grange dont la porte avait été démontée et déposée dans le fond du local. Il y avait du foin sec entreposé dans un coin. Du haut plafond pendait une corde accrochée à une poulie, un crochet y était fixé, probablement pour monter les ballots d'herbe séchée. Julius et Volta dormaient dans l'habitacle du Stug. Ayant des problèmes à trouver le sommeil après les événements difficiles de l'après-midi, j'avais ouvert l'écoutille et dans la nuit, j'essayais de percer le silence. Seules les gouttes d'eau tombant en rythme régulier des bords du toit, perçaient cette sérénité nocturne. Pourtant, de temps en temps on pouvait percevoir le cliquetis d'une dragonne sur le corps métallique d'une mitraillette ou d'un Mauser. Je savais que dans les positions réparties un peu partout dans le village, des hommes attendaient. Le visage anxieux, les mains crispées sur les crosses de leurs armes, la gorge serrée de trouille. Où étaient les Russes? Probablement pas loin, probablement entrain de se réunir pour un assaut meurtrier dès les premières heures de l'aube. Combien d'hommes avaient-ils réunis dans ce secteur, combien prêt à en découdre avec l'envahisseur allemand, prêt à le pourfendre à coup de baïonnette sans la moindre pitié. Demain ça sera un combat jusqu'à la mort. Les Soviétiques n'avaient pas l'habitude de faire des prisonniers et s'ils en faisaient, mieux valait la mort. Pendant que je ruminais mes sombres pensées, la fatigue me contraignit à trouver un endroit pour dormir. J'en avais marre du fond huileux de notre Stug, par contre le foin sec me tendait les bras là haut sur la mezzanine de la grange. Oh et puis merde, si demain je dois mourir autant que ce soit après une bonne nuit de sommeil. Je me saisissais discrètement de deux couvertures et je quittais le char. A tâtons, je trouvais l'échelle en bois et je rejoignais l'épaisse couche d'herbe séchée accueillante. Après avoir retiré mes chaussures, je faisais une courte prière demandant au Tout Puissant de protéger mes proches et surtout de pardonner à tous ceux qui allaient pécher gravement le lendemain, qu'ils soient allemands ou russes. Je m'enroulais dans mes couvertures et je m'endormais d'un sommeil profond et réparateur, comme si la prière m'avait permis de reposer mon esprit damné. C'est un coq, un coq miraculé qui me réveilla le lendemain aux premières lueurs de l'aube. Les premiers rayons du soleil couraient sur la brume matinale. Je mettais mes bottes et ma vareuse. Une deuxième échelle permettait d'accéder un étage plus haut et d'atteindre les dessous du toit. Je décidais d'aller y faire un tour. Des fenêtres dans le toit, me permettait depuis mon promontoire d'avoir une vision assez éloignée sur la toundra. Et aussi loin que ma vue portait, il n'y avait rien, aucun char, aucun camion, pas un fantassin, aucun signe de vie. Cette vision me mis de bonne humeur, je décidais d'aller chercher mes jumelles dans le Stug, ceci d'autant plus que les bruits habituels produits lors du réveil de mon équipe se faisaient entendre en-dessous. Alors que j'apprêtais à descendre, un léger bruit attira mon attention au fond de grenier. Probablement un chat ou un hibou je me dis, mais bientôt, à force de scruter l'ombre je m'aperçu qu'il s'agissait d'un humain. Probablement, un habitant pétrifié de peur par ma présence, je décidais de me montrer et de le rassurer. Je m'approchais, souriant, j'eus le réflexe de sortir mon P38, mais ce n'était pas vraiment l'idéal pour éviter d'effrayer cette personne, peut-être un enfant. Alors que j'étais à environ trois mètres, je crus que mon cœur s'arrêtait, ce n'était ni un enfant, ni une femme et encore moins un autochtone. Le souffle court, paralysé, je venais de découvrir un soldat russe. Les yeux exorbités, le visage blanc, mal rasé, il me fixait serrant dans ses mains son fusil Mosin-Nagan. J'étais comme lui, incapable de bouger. Je finis par platement murmurer:
- Mais... mais qu'est-ce que tu fous là toi?
Le gars me fixait et ne répondait toujours pas. J'élevais le ton:
- Et bien répond? Où sont tes camarades Ivan?
Le gars ne bougeait toujours pas. Des larmes coulaient le long de ses joues. J'avais quand même fini par sortir mon pistolet. Mais à quoi bon, ce type était à deux doigts de sombrer dans la démence ça se voyait. S'il avait voulu me tuer, il aurait pu le faire tranquillement et silencieusement à la baïonnette pendant que regardais par la fenêtre, jamais je n'aurais eu le temps de bouger. Une voix sarcastique résonna derrière moi:
- Et bien quoi Oberleutnant, on fait ami ami avec l'ennemi maintenant?
C'est Julius, qui inquiet de ne pas me trouver, a finalement décidé de me rejoindre. Derrière lui, la tête de Volta les yeux gonflés de sommeil apparaît.
- Et ben ça alors, mais c'est un ruskov, mais qu'est-ce qu'il fout par ici ce con?
Julius le regarde souriant,
- Et bien je suppose qu'il fait la guerre... comme nous. C'est assez à la mode ces derniers temps dans ce coin de terre.
Volta, c'est le genre assez susceptible au levé du lit, à prendre avec des pincettes et comme ce n'est pas le moment de se chamailler. J'interviens:
- Bon ça va les gars, je pense plutôt à un gars rescapé de la première vague d'assaut hier. Si vous voulez mon avis, il hésite entre la désertion ou le suicide.
Julius le contemple mi-figue mi-raisin.
- Bon... ben... qu'est-ce que tu veux qu'on en foute de ce zigoto, on ne peut pas faire de prisonniers de toute façon. Vas-y suicides-le, qu'on en parle plus.
- Il est hors de question que je flingue ce pauvre type comme ça de sang froid. Je suis un soldat moi, pas un assassin de nazi. Je vais lui prendre son fusil et qu'il aille se faire pendre ailleurs. Sans arme il ne présentera aucun danger.
Je n'ai pas le temps de m'approcher du soldat que ce dernier dirige le canon de son fusil vers son menton. Il crie quelque chose en russe. La détonation résonne comme un coup de tonnerre. J'ai à peine le temps de m'écarter pour ne pas être aspergé de sang et de cervelle. Dehors le soleil continue de briller, le coq de chanter, et là devant nous un homme a décidé de prendre son destin en main plutôt que de le subir.
Julius les sourcils en circonflexe, la bouche à moitié ouverte est le premier à prendre la parole.
- Et ben merde alors mais c'est pas vrai, qu'est-ce qu'il est con. Qu'est-ce qui lui a pris, je ... je déconnais en disant que t'avais qu'à lui mettre une cartouche.
Je lui réponds doucement.
- Non tu ne déconnais pas, simplement la folie est entrain de nous contaminer tous... l'un après l'autre. Il faut qu'on tienne le coup les gars, vous m'entendez, il faut qu'on tienne le coup et qu'on ne fasse pas n'importe quoi. Si nous survivons par je ne sais quel miracle à cet enfer, il faut que nous puissions tous nous regarder en face dans les yeux sans détours et nous dire que ce que nous avons fait nous l'avons parce que nous étions des soldats, de simples soldats faisant leur devoir, pas des assassins...
Je n'ai pas le temps de philosopher plus loin, dehors un cri résonne!
- ILS ARRIVENT, TOUS A VOS POSTES.
Nous dévalons les deux échelles à toutes vitesses et sans un regard dehors, mes deux camarades se jettent dans le Stug. Avant de les rejoindre dans le char, je regarde vers l'ouverture où notre canon de 75 pointe. Là-bas au loin des dizaines, des centaines de points noirs ont fait leur apparition. Les chars soviétiques. Dans l'habitacle je m'installe sur le siège, dans le périscope, les T34 apparaissent ainsi que des centaines de soldats ennemis avançant dans un léger trot. Les MG34 et 42 des postes avancés se sont mises en route, fauchant sans pitié les premières vagues d'assaut. Les tanks russes se sont arrêtés pour aligner les barricades. Immobiles au fond de notre tanière, Ivan ne nous voit pas. J'ai le choix, il y a au moins dix T34 alignés sur une petite butte. Volta est derrière son poste de pilotage, inutile. C'est à son tour d'attendre. Il se ronge les ongles nerveusement. J'interpelle Julius:
- Alors prêt mon grand, va falloir activer, parce que devant nous, il y a de bons gros dindons prêts à être farcis et faudra être plus rapide que les yeux de leurs tireurs.
Julius qui tient déjà le prochain obus sur les genoux répond lentement.
- Paré à charger, Oberleutnant!
Le premier coup atteint de plein fouet sa cible. A mes côtés, Julius s'active, la culasse s'ouvre la douille tombe, le nouvel obus mis en place, un mouvement vigoureux a fermé la culasse, alors que le second part et pulvérise un deuxième char, Julius a déjà empoigné un nouvel obus. La fumée commence d'envahir l'habitacle:
- Volta met en route, charge les batteries et met le ventilateur en marche, on va crever ici dedans.
Le gros Diesel a démarré, fumée noire, fumée grise, éclair de feu devant la bouche à canon, Flash blanc, jaune puis orange suivit d'une épaisse fumée noire, sur le tank russe démantelé. C'est ainsi que nous avons vécu les deux heures qui ont suivi. En face, inlassablement, les fantassins russes se présentent devant nos barricades et tombent fauchés par les tirs d'armes automatiques. Finalement, cédant à Volta, je l'ai autorisé à prendre en main la MG42 sur la tourelle. Toutes les cinq minutes, il descend se ravitailler en munitions. A un moment donné nous n'en avons plus, sans rien me demander, il quitte la position et quinze minutes plus tard il revient avec un cacolet rempli de boites de chaînes de munition. Où a t'il trouvé ce stock de cartouches? Je n'en sais rien, je n'ai pas le temps de lui demander. Le sol du Stug est couvert de douilles de 75, celui de la grange; de douilles de 7.92 x 57. Les tubes de laiton surchauffés roulent sous nos pieds, nous faisant tomber en jurant. Profitant des quelques minutes nécessaires de temps à autre au refroidissement des armes, nous évacuons les douilles en les lançant à l'extérieur du char. Tout autour de notre Stug, douilles, boîtes de munitions vides, caissettes métalliques, canons de MG42 vrillés par la chaleur, s'amoncellent. Sur la tourelle, Volta fait tout, tout seul. Il tire, change de canon, ouvre les boîtes de munitions extirpant les longues chaînes qui pendent comme des serpents autour de son cou, ouvre la culasse, place l'embout dans l'emplacement, referme et tir. A la fin, je me demande sur quoi il peut bien canarder. Profitant d'un moment de relâche, je sors ma tête de l'écoutille. Tel un chevalier surmontant une créature légendaire, arquebouté sur ces longues jambes Volta mitraille. Je m'approche de lui. Je lui tape sur l'épaule.
- Hep... HEP! Arrêtes de tirer deux secondes!
Il interrompt enfin son tir, il doit être à moitié sourd, il me regarde les yeux écarquillés.
- Y a plus que nous, y a plus que nous, regarde en face... là bas.
Effectivement, là-bas, c'est à dire à moins de deux cents mètres, il y a des soldats russes qui progressent dans la rue.
- Merde, les avants postes sont tombés!
Pas le temps de réfléchir. Il faut qu'on dégage d'ici. Je prends Volta par le bras.
- Laisses tomber ta mitrailleuse camarade! Viens, faut qu'on se tire d'ici rapidement, dans moins de cinq minutes ils seront sur nous et nous contournerons. Prends ta place de pilote et en avant toute! Sors-nous de ce merdier!
Sans un mot, Volta a abandonné sa position et saute dans le Stug. Julius qui commençait de s'impatienter en bas se présente sous l'écoutille au même moment et se prend les chaussures de Volta en pleine figure. L'échange sulfureux de jurons qui suit me réconforte, mes deux gaillards n'ont jamais été aussi bons lorsqu'ils se détestent.
Volta tout ronchonnant sous le chapelet d'injures proférés par Julius, s'installe prestement aux commandes du Stug. Le moteur toujours au ralenti répond instantanément à la mise des gaz. Une fumée noire étouffante envahit la grange. Ca y est, je suis plus à l'aise, un char c'est fait pour bouger, immobile ce n'est qu'un vulgaire amas de ferraille vulnérable à la première charge explosive déposée par un sapeur soviétique. Le Stug fait un bon en avant, mais bientôt il est sur le tas de douille qui roulent sous les chenilles, refusant d'avancer plus loin. Jurant entre ses dents, Volta a mis la marche arrière.
- Avec de l'élan on va y arriver.
Il n'a pas le temps de mettre la première vitesse. Les premières explosions résonnent dans le village. Mille mètres au-dessus de nos têtes, les vagues de bombardiers se succèdent. Sacrifiant sans le moindre scrupule leurs propres soldats qui avaient déjà pénétré dans le village; les Russes ont envoyé leurs bombardiers raser Fatezh.
Le premier chapelet de bombes tombe en travers de la rue. Il y a des corps de soldats russes qui décrivent de jolies arabesques dans le ciel. Volta qui a les yeux fixés sur son périscope voit la même chose que moi.
- Et ben mon cochon, ces Russes sont vraiment complètement tarés, on se demande comment qu'ils ne se retournent pas contre leurs propres chefs.
Les bombes tombent dans le village, soudainement, une déflagration terrible secoue notre char suivit d'une autre, puis une autre. Julius hurle dans le char.
- C'est pour notre gueule, c'est pour notre gueule, on va cramer... on va cramer!
Il est couché sur le sol du tank. Volta c'est levé d'un bon. Alors que les bombes tombent plus loin, il secoue Julius par les épaules.
- Ecoutes moi camarade! ECOUTES MOI! Pas question de péter les plombs ok? Tu restes avec nous, les bombes ne nous ont pas eues... les bombes ne nous ont pas eues. Tu restes avec nous, Jule, hein tu... tu restes avec nous.
Julius assis au fond du char sanglote. Volta lui caresse la tête et le tient dans ses bras. Je lui touche l'épaule.
- C'est bon Volta... c'est bon. Allez à vos postes les gars, le bombardement est terminé, les Russes vont revenir, il faut qu'on sorte de là avant!
Sans un mot mes camarades s'installent. Julius me regarde.
- Désolé, les gars, désolé, ça ne se produira plus...
Sans un mot, Volta a repris ses commandes, il veut démarrer mais notre Stug reste immobile, Les chenilles semblent patiner. Il essaye d'ouvrir son écoutille, mais il n'y parvient pas, il se retourne vers moi.
- On est planté, je ne sais pas pourquoi, mais on ne bouge pas d'un centimètre. Probablement qu'on a pris une partie de la baraque sur le coin de la cafetière.
J'essaye d'ouvrir l'écoutille principale, mais c'est bloqué. Je regarde par les regards latéraux. A droite je ne vois rien à gauche, je vois la lumière du jour, mais effectivement nous sommes recouverts de gravas de toutes sortes.
- Arrêtes le moteur Volta, vite. On ne sortira pas d'ici comme ça. Faut qu'on dégage une partie de ce bordel à la main.
Le moteur s'arrête. Julius me regarde, il observe également la trappe de sortie d'urgence dans le plancher. Il murmure.
- Et si c'est bloqué là aussi Heinrich? On sort comment?
- Et bien on le saura quand on aura ouvert la trappe. Vas-y qu'est ce que tu attends.
Volta s'est déjà agenouillé, il a saisi la clef carrée et déverrouille la serrure. Sans un grincement, la trappe s'ouvre. Je respire. Volta a un demi-sourire.
- Plus jamais je ne te dirais quelque chose quand tu abuseras de graisse mon Julius.
Il passe la tête par le trou dans le plancher métallique. Il ressort la tête en soupirant.
- Pfouuuu, ben les gars je ne vais pas vous décourager, mais la sortie semble quand même bien compromise, il y a du bordel tout autour du tank. Julius l'écarte d'une main.
- Pousses-toi long escogriffe défaitiste, je vais jeter un oeil.
Il passe par la trappe et s'enfile sous le Stug. Il revient quelques secondes plus tard.
- Derrière... à gauche, avec la barre à mine, je devrais pouvoir dégager une partie des gravats.
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Message par 615sqn_Harry Ven 15 Juin 2007 - 19:41

Julius semble soudainement animé d'une volonté farouche. On lit dans ses yeux une grande détermination. Il retire sa vareuse, sa chemise et ses bottes. Julius est un athlète, pas grand, les muscles saillants et nerveux, il s'enfile sous le char avec la barre à mine et bientôt, on entend les chocs contre les pierres et les planches. Volta me regarde inquiet:
- Et si les Soviétiques nous entendent?
Il n'y a de toute façon pas d'autres solutions, même si on ne peut pas dégager le char, il nous faudra bien sortir. Je réponds à Volta désabusé:
- Et bien, dans le meilleur des cas, nous serons exécutés, dans le pire fait prisonnier.
Alors que Volta scrute attentivement le secteur à gauche du char où les regards ne sont pas obstrués. Sous nos pieds, Julius continue de creuser avec sa barre de fer. De temps à autres nous voyons des briques ou des pierres rouler vers la trappe. Tout à coup, les coups sont interrompus. Les deux mains de Julius s'agrippent au rebord d'acier et se tirant en avant, sa tête apparaît, du doigt il nous fait signe de ne pas faire de bruit!
- Chhhht! On a de la visite.
Effectivement, on entend des hommes marcher à proximité. Des pierres roulent, des pas crissent dans le gravier de la route toute proche. Volta se retire brusquement du regard où il se trouvait et le plus silencieusement possible blême, il se colle contre la paroi d'acier. Il murmure le plus faiblement possible:
- Russe!
Julius est toujours immobile sous le char, je suis assis contre la paroi du moteur. On entend des pierres rouler, un soldat s'approche de notre char. Il jure en russe et dit quelque chose à un de ces camarades. On entend le gars s'appuyer contre la carcasse d'acier. C'est à peine si on respire. On sent même la fumée de leur cigarette, une fumée âcre et lourde. Décidément, leur tabac est infect. Volta me regarde avec un grand sourire, il se pince le nez et fait mine de vomir. Faut dire que la scène est plutôt comique, Julius toujours couché sur la terre battue, la tête apparaissant dans l'encadrement de la trappe. Volta qui grimace collé contre la paroi du char et moi assis, paralysé dans l'ombre, le dos brûlé par la cloison par feu. Inquiet je regarde les douilles de 75 qui jonchent encore le sol, mon pied gauche est juste appuyé contre un tas de douilles, si je bouge et que celles-ci se mettent à rouler, on est fait comme des rats. A l'extérieur, sans se douter une seconde que le char contre lequel ils sont appuyés est occupé, les deux soviétiques continuent de discuter comme si de rien n'était. Après une dizaine de minutes qui m'ont semblé une éternité, les deux fantassins russes s'éloignent. Ainsi donc, Fatezh a été repris par l'ennemi. Ce qui est curieux c'est qu'après le bombardement, on a pas entendu le moindre coup de feu. Julius toujours dans sa position inconfortable me regarde. Il chuchote:
- Et ben quoi? Qu'est ce que je fais, je continue?
Je m'approche du trou et passe la tête vers l'arrière du char. Il a déjà pas mal dégagé la place. Mais il reste comme un gros parpaing qui doit peser son poids. Je retire ma veste.
- Oui il faut continuer, mais faut essayer d'être le plus discret possible. Je descends avec toi pour t'aider, tu ne vas réussir seul à dégager ce rocher là. Vas-y pousses toi, je descends. Volta, tu surveilles ce que tu peux.
Et me voilà, crapahutant sous notre Stug. Ahanant comme un buffle, accroché après la barre à mine pour tenter de faire bouger le parpaing. Nous arrivons à le lever de quelques centimètres, mais le problème c'est qu'il est bloqué par le dessous du char et impossible de le pousser contre l'extérieur. Nous ponctuons nos efforts par de courtes pauses silencieuses afin de repérer d'éventuels rôdeurs indésirables. Mais dans Fatezh la morte, rien ne bouge, comme si le village avait été complètement abandonné. Julius qui commence de s'énerver a fini par se placer dos contre le train de chenilles gauche en se contorsionnant. Il fait appui avec ses pieds contre le bloc de pierre.
- Vas-y lèves-le avec le levier pendant que je pousse.
Et enfin, millimètres après millimètres, le parpaing bouge. A peine, que Julius a la place pour passer qu'il se faufile comme un serpent et s'extrait du dessous du char. Il me chuchote:
- Files-moi la barre à mine, je vais dégager ce putain de caillou.
Soufflant et jurant entre ses dents je l'entends manœuvrer la lourde barre de fer pour déplacer l'obstacle.
Et enfin il y parvient. Je rampe jusqu'à la trappe et j'interpelle Volta qui le visage couvert de transpiration attend assis au fond du tank.
- Allez vient, c'est bon, on a la place pour sortir.
Une fois dehors la nuit est presque tombée. Cela nous empêche pas de voir que la situation pour notre Stug semble bien compromise. Suite au bombardement aérien, la grange et ses annexes ont été soufflées, s'effondrant sur notre blindé. Volta fait le tour du Stug et évalue la situation.
- Bon, je crois qu'on devrait y arriver. Ce qu'il faut, c'est dégager l'arrière, l'avant est trop encombré. Ensuite, les pans de murs qui sont sur le tank tomberont tout seul lorsque nous aurons dégagé. S'il n'y avait pas ces foutus ruskov dans le coin, je prendrais bien le risque de faire quelques allés et retours, je suis presque sûr d'arriver à dégager ce bon vieux Stug en quelques minutes. Mais bon, on ne va prendre ce risque, Hein Julius, surtout après ton bel effort. Allez file moi la barre à mines, je vais prendre le relais, tu assez bossé. Je propose que vous preniez chacun vos MP et que vous montiez la garde.
Il s'approche de Julius qui lui remet sans regret la barre d'acier. Mes deux coéquipiers ont l'air motivé. Je prends la parole:
- Bon ok, on y va comme ça, par contre, tout ce silence m'inquiète. Je vais aller faire une petite reconnaissance dans le village. Julius tu montes la garde, Volta, tu creuses. On se retrouve dans une heure maximum. Si je n'apparais plus, vous partez sans moi. Bonne chance!
Et sans un mot, les mains crispées sur mon Schmeisser, je m'éloigne dans la nuit tombante. Ma première idée est de tenter de retrouver les positions où étaient les chars de Willsdorff. Filant de ruines en ruines, scrutant les ténèbres du mieux que ma vue me le permet, je remonte la rue jusqu'à l'endroit où Willsdorff avait installé son Panther. Je trouve l'emplacement vide. Ainsi que celui de l'autre Panther, celui d'Edwald. Ils ont visiblement pu dégager la place avant le bombardement. Mais où sont-ils allés? De temps à autre, je rencontre un cadavre de soldat allemand. Je récupère sa plaque d'identification, mais bientôt, je dois arrêter, il y en a trop. Les malheureux iront rejoindre la fosse commune. Au Sud de village, le spectacle est absolument effroyable. Des milliers de cadavres, essentiellement des soviétiques jonchent la Toundra au milieu des carcasses de chars calcinées. Dans les trous d'hommes où avaient pris position nos grenadiers, les MG se sont tuent depuis longtemps. Certaines ont les affûts qui regardent vers le ciel, dans ces positions remplies de douilles vides, ces braves qui ont combattu pour une cause perdue gisent sans vie. Le regard tourné vers le ciel pour une dernière prière, la bouche ouverte pour une dernière bouffée d'oxygène. Le vent s'est mis à souffler et écarte les pans de ma vareuse qui flottent dans mon dos maintenant. Je contemple cet incroyable spectacle de désolation. Là bas au loin deux silhouettes vêtues de verts, s'éloignent hagardes, c'est tout juste si leur visage se tourne vers moi. Il est temps pour moi de poursuivre mes investigations. Je pousse jusque vers la petite zone industrielle. Je m'épargne la visite des abattoirs dont les murs sinistres s'élèvent dans la nuit. Le vent qui siffle dans les carcasses de wagons, fait tinter sinistrement des pièces métalliques et des chaînes pendantes. Je retourne vers le Stug. Volta et Julius, travaillant comme des déments ont réussi à dégager l'arrière du char. Ils m'accueillent soulagé. Julius m'interroge du regard:
- Rien les gars, il n'y a plus rien de vivant dans ce village à part nous. Vas-y Volta met en route.
Notre pilote s'enfile sous le char et bientôt, le moteur se met à ronronner doucement. Avec le vent qui souffle de plus en plus fort, c'est à peine si on l'entend. en deux manœuvres avant et arrière, notre blindé se dégage enfin de sa gangue de débris.
La tête triomphante de Volta apparaît par l'écoutille du pilote.
- Ah enfin! On est bon, on va pouvoir y aller.
Pensif, pendant que Julius vérifie le canon, je monte sur le tank pour dégager les quelques planches et cailloux qui s'y trouvent encore.
Allez où? Dans quelle direction? Où sont nos troupes? Les fameux renforts dont nous parlait Haenig. faut-il rouler comme ça dans la nuit? Julius s'approche.
- Qu'est-ce qu'on fait, on attend sagement demain matin pour bouger ou on roule à la lueur de la lune.
- On roule Julius, demain matin les Russes risquent de revenir pour prendre la position définitivement. On roule à la lueur de la lune. On prend le même chemin, tu sais le long de la rivière. Il y a des bois, on pourra se planquer le cas échéant. Mais rouler la journée, au travers de ces grandes plaines c'est un risque, plus on pourra rester dans la Taïga, mieux on sera.
Quelques minutes plus tard, les ruines de Fatezh disparaissaient dans la nuit. A l'endroit où nous avions stationné nos chars pendant notre attaque deux jours auparavant, quelques carcasses d'Opel Blitz calcinées. Mais point de chars. je me demandais où ils avaient bien pu passer tous. Surplombant notre Stug qui maintenant roulait le long de la rivière dans la forêt, je me disais que ce blindé avec déjà un sacré vécu derrière lui. Alors qu'on effectuait une nouvelle pause et que je scrutais l'horizon au moyen de mes jumelles, Julius attirant mon attention en me tirant après le pantalon.


Dernière édition par 615sqn_harry le Lun 24 Mar 2008 - 4:54, édité 2 fois
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Message par 615sqn_Harry Ven 15 Juin 2007 - 19:41

- Oberleutnant! Vous pouvez descendre deux minutes, je crois que j'ai la réponse à nos interrogations au sujet de nos camarades tankistes disparus.
Dans l'habitacle, Julius m'indiqua le poste radio.
- Fusible fondu! Ca fait 10 minutes que je m'escrime avec cet engin pour essayer de capter des messages. J'ai fini par en déduire qu'il y avait un problème et c'est là que j'ai découvert que le fusible avait surchauffé.
- De la réserve?
-Oui naturellement, pour autant que la radio n'ait pas un autre problème qui ait fait fondre le précédent fusible, ça devrait marcher.
- Bon ok, fais au mieux. Volta! Combien de mazout en réserve?
Il hésita quelques secondes.
- Et bien si on marche au quart gaz comme jusqu'à maintenant, je dirais... deux jours environs.
Je murmure:
- Ok... deux jours pour trouver les copains... ou du mazout. On y va quart gaz, on continue le long de la rivière et tu restes au maximum dans les broussailles.
Lentement le Stug se mis en route. Vers 03h00 du matin, alors que nous nous trouvions sur un chemin traversant une épaisse forêt, je demandais à Volta de ralentir.
- Tournes à droite... oui là, où il y a comme un passage... vas-y avance, doucement, encore... prends à gauche 50 mètres.... stooop. Coupes le moteur on s'arrête là pour faire une pause. On va dormir ici.
Cachés dans les épaisses broussailles de la Taïga. Notre Stug sera invisible. J'organisais un rapide tour de garde. Julius sorti un peu de pain rassis et deux boîtes de singe de réserve personnelle. On dévorait cette nourriture sans arrières pensés. Trente six heures qu'on avait pas mangé. Je prenais la première heure de garde, Volta la deuxième et Julius la dernière.
A 06h00 du matin on se réveillait. La forêt pourtant si bruyante à ces heures était d'un silence pesant. Les animaux semblaient tous s'être enfuit. Au loin le grondement d'une colonne de blindées se faisait entendre.
Julius l'oreille dressée nous interpella:
- Ils viennent vers nous... je pense qu'ils sont sur le chemin que nous avons emprunté cette nuit.
Effectivement le bruit s'approchait de nous. Nous étions inquiets car les traces de notre char se dirigeant en plein dans la forêt étaient visibles.
- Prenez vos affaires et vos armes on dégage à pied quelques temps. On reviendra plus tard pour voir si notre camion n'a pas fait l'objet d'une visite inopinée.
Et nous voilà à nouveau fantassin accroupi nous faufilant sous les basses branches des sapins.
Involontairement, nous nous sommes approchés de la route. Alors qu'on s'apprêtait à faire demi-tour, les premiers T34 apparurent au travers des frondaisons. Tapis dans les taillis, on a pu ainsi observer le passage d'une bonne centaine de chars suivis d'un nombre équivalent de canons autoporteurs SU-76. Derrière, des centaines de camions citernes et transports de troupes suivaient dans un défilement interminable. Quand le dernier véhicule eut passé, on se regarda incrédule. Julius rompit le silence.
- Vous avez vu ça? Mais d'où ils les sortent tous ces tanks, ces milliers de soldats. C'est incroyable les ressources qu'on les Russes. Moi je vous dit les gars, la guerre est belle et bien perdue pour nous....
Volta qui s'était levé qui s'apprêtait à repartir vers le Stug le toisa avec pitié:
- Tu ne vas quand même pas me faire croire que tu n'en doutais pas?
Julius fit la moue:
- Ben quoi, on a de meilleurs chars qu'eux, on est mieux organisé. Et puis en Allemagne on nous prépare de nouveaux tanks plus puissants, on pouvait quand même y croire non?
Volta rigola:
- Ah oui et avec quoi qu'il vont les faire tourner tes chars, de l'eau? Nos réserves de carburant fondent comme neige au soleil. Tes supers chars, tu veux que je te dise hein, c'est que de la connerie de propagande.
Le ton montait.
- Hé oh les gars, vous allez vous la coincer ou quoi. On a encore du chemin à faire avant de rejoindre nos lignes, alors vous débattrez sur les discours de Goebbels plus tard, quand nous serons en sécurité hein. Allez hop en avant on retourne au char.
On retrouvait notre brave Stug comme nous l'avions laissé. Volta sortit sa bouteille de schnaps et Julius ses cartes. Et c'est ainsi que nous avons passé la journée à attendre que le soir tombe pour reprendre notre progression vers nos lignes.
- Et vers quel cap nous allons reprendre notre route Oberleutnant?
Me demanda Volta.
- Et bien, nous allons suivre les traces de la division blindée de ce matin, elles nous mèneront de toute façon où il y a de la bagarre. Sinon, direction le sud-ouest... direction la maison si tu préfères.
Volta extirpa le Stug de la Taïga et l'engagea sur le chemin avec le minimum de gaz. deux heures plus tard, alors qu'à chaque virage Volta avait une énième fois immobilisé le char afin de que je puisse au mieux ausculter le chemin, j'aperçu au loin une ombre sur le bord de la route. Véhicule.
- Halte, arrêtes le moteur Volta. Il y a quelque chose là bas devant nous.
Instantanément, notre pilote pila sur les freins et arrêta le moteur. Le vent sifflant dans les branches des hauts sapins pris le relais. J'empoignais ma mitraillette.
- J'y vais les gars, vous restez ici.
Longeant le bord du chemin je m'approchais de l'objet non identifié. Je finis par reconnaître un camion Zis. Ce véhicule semblait abandonné, la cabine était vide. Une grosse tache d'huile sous le moteur semblait bien confirmer l'abandon pur et simple. Je levais la bâche à l'arrière et je découvris avec stupéfaction des bidons remplis de mazout. Quel aubaine. Je sifflais, vers le Stug.
- Hep, Volta ramène le camion par ici, j'ai une surprise.
Tous les trois excités comme des enfants nous nous employons à remplir au plus vite le réservoir du char. Volta n'arrêtait plus. Tu penses lui qui n'aimait pas la marche à pied, il était aux anges.
- Julius! Pendant que le chef et moi on fait le plein met quelques bidons de réserve dans le char. Et trouve une combine pour attacher le solde sur le capot arrière.
Pendant que le liquide brun et odorant se déverse par à coup dans le réservoir, il me regarde souriant de toutes ses dents:
- On en va quand même pas laisser tout ce précieux carburant à l'ennemi hein chef?
- Oui tu as raisons, mais cesses de m'appeler "chef" ça m'énerve.
Il rigole et jette d'un grand geste circulaire le bidon vide dans les bois.
- Et arrêtes de faire du bruit comme ça, on va t'entendre à 10 kilomètres à la ronde, sombre idiot!
Il finit par se calmer et continue de vider les bidons que Julius et moi y passons, en sifflant entre ses dents.
- Encore deux les gars, et ça sera plein.
Julius s'éponge le front.
- Et bien ce n'est pas trop tôt. Y en a marre de transbahuter ces putains de jerrycans.
Après avoir fermé la trappe de remplissage. Volta saute du Stug.
- Alors combien il en reste?
On compte les bidons qui sont sur le sol.
- Vingt deux. On a tout descendu du camion, il y a cinq bidons dans le chars, on ne peut guère en mettre plus. Il faudra trouver une solution pour le solde.
On monte les jerrycan sur l'arrière du tank et nous les sanglons avec des cordes. Julius a un brillante idée, il s'emploie à démonter la bâche du Zis pour recouvrir les bidons. Le seul problème c'est qu'avec ce système nous recouvrons la bouche d'aération du ventilateur. Julius a un geste d'indifférence:
- Boarf, d'ici ce que nous utilisions le canon...
Il s'installe dans le char à sa place habituel. Jurant un bon coup après avoir shooté dans un bidon.
Volta met en route et nous poursuivons notre exode vers le Sud Ouest. J'interpelle Volta:
- Pour combien de temps crois-tu que nous avons d'autonomie?
Il reste un instant silencieux.
- Et bien je dirais.... avec ce que nous avons en réserve, 4 jours.
Dans mes écouteurs la voix de Julius résonne. Il grommelle:
- Hein seulement quatre jours? Avec tout ce que je me suis cassé le dos pour transporter ces foutus bidons. Ah ben merde alors...
Vers 03h00, nous débouchons sur une grande plaine. Volta immobilise le char. Le vent souffle comme d'habitude. La bise noire comme on l'appelle ici dans ces contrées balayées par ce vent froid. J'ai l'impression de reconnaître l'endroit. Oui, il me semble bien qu'il s'agit de la plaine que nous avons pris le cinquième jour de l'offensive sous le feu des Sturmovik.
- Les gars, je sens que nous sommes sur le bon chemin. Volta vires à droite, on va se planquer pour passer la nuit.
Il étouffe un bâillement.
- Ce n'est pas trop tôt je ne vois plus à un mètre devant le char.
Une dizaine de minutes plus tard, le char était camouflé sous les sapins.
- C'est la dernière fois que nous pourrons nous planquer comme ça les gars. Si nous sommes bien là où je pense, il nous faudra au moins deux jours pour traverser la toundra avant de retrouver un bout de taïga protecteur.
Après un nouveau repas frugal, nous nous plongions tous les trois dans un sommeil profond. Trop fatigués pour établir un tour de garde.


Dernière édition par 615sqn_harry le Lun 24 Mar 2008 - 4:57, édité 1 fois
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Message par RTA_Oscarbob Sam 16 Juin 2007 - 12:50

cheers

La suiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite !
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Message par F/JG300_Tempest Sam 16 Juin 2007 - 14:09

keep going mate, I'll offer a cup of tea in the end...
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Message par 27Pzd_Julius Sam 16 Juin 2007 - 14:13

nur unmöglich... weiter machen!
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Message par 27Pzd_Volta Sam 16 Juin 2007 - 15:52

vraiment genial a quand la suite cheers cheers cheers
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Message par RTA_Goliat Dim 17 Juin 2007 - 21:20

J'ai finit de le lire ce matin : GENIAL
vivement la suite bounce

ca m'a donné envie d'aller prendre un stug sur RO où je me suis retrouvé en pilote avec un gars que je connaissais pas et qui me dirigeait uniquement avec les commandes vocales de RO.
On en a eu 5 avant d'aller au tapis cheers

j'ai encore du mal avec ce char pour me positionner correctement par rapport à un ennemi pour que ces obus ricochent mais je l'aime beaucoup car le pilote a un role un peu plus important que dans les autres chars à tourelle. De même pour le Tiger et SU76.

Si vous voulez un pilote j'suis là :bball:
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Message par 27Pzd_Kowalski Jeu 21 Juin 2007 - 17:52

Les poux, les tiques et tout un tas de parasites qu'on ne connaît pas et qui semble cohabiter en parfaite harmonie dans la steppe russe et sur nos corps meurtris. Ce matin là, lorsque nous nous sommes réveillés, c'est la première chose à laquelle j'ai pensée. Saloperie de bestioles! Je vois Julius torse nu entrain de retirer deux tiques qui ont élu domicile sous ses bras. Il a également, comme nous tous, des plaques de croûtes purulentes dues aux piqûres de poux. C'est la plaie les poux et aussi de microscopiques araignées. A force de se gratter comme des déments ont s'arrache la peau et les plaies s'infectent. Nous passons ainsi, comme presque chaque matin dix à quinze minutes à s'ausculter mutuellement et se poudrer avec du talc. Mais rien n'y fait, à peine nous remettons nos habits infestés, ça recommence. Alors que nous jurons sur cet ennemi implacable, Volta émet une idée séduisante. Il extirpe de son sac à pain un gros morceau de savon:
- Vous savez quoi les gars, ça va faire plus de dix jours que nous bataillons sans prendre un bain ou une douche. Oberleutnant, vous vous souvenez hier soir? A environ trente minutes d'ici, nous avons traversé un pont, qu'est-ce que vous diriez de rebrousser chemin sur quelques kilomètres et de prendre un bon bain salvateur?
Il a raison, nous avons tous besoin d'un bon bain. De plus, nous ne savons rien de l'avance ou plutôt de la retraite de nos troupes. D'après le passage de la colonne russe le soir avant, on doit encore en être loin. J'accepte et après une courte reconnaissance sur le chemin, nous faisons demi-tour.
Quelques kilomètres plus loin, la rivière est là. Le courant est faible et le clapotis de l'eau clair semble plus qu'accueillant. Nous remontons la berge sur quelques centaines de mètres et nous planquons le Stug dans le bois. En quelques secondes nous sommes déshabillés et c'est avec délectations que nous nous plongeons dans l'onde fraîche. La savonnette de Volta circule et c'est avec vigueur que nous nous lavons en plaisantant. C'est impressionnant, lorsque Julius plonge sa tête rasée dans l'eau, nous voyons avec une grimace de dédain, les poux évacuer son cuir chevelu. Volta rigole:
- Et regardez ça, on dirait le naufrage du Titanic. Saloperies d'insectes.
Nous quittons enfin l'eau une bonne heure plus tard. Dans le char, nous avons une pharmacie que nous n'avons jamais vraiment étudiée. J'y trouve deux grosses fioles remplies d'alcool pour désinfecter. Julius regarde la bouteille que je suis entrain d'ouvrir et hume le goulot de la première avec une grimace:
- Il paraît que certains boivent le contenu de ces bouteilles.
J'imbibe des morceaux de tissus de coton:
- Ouai et aujourd'hui je ne pense pas que beaucoup doivent être encore là pour nous dire quel goût ça a!
Tenant le bout de tissus dégoulinant d'alcool au bout des doigts, j'interpelle mes deux camarades:
- Alors, qui veut être le premier pour un nettoyage en règle des nids de poux?
Volta serrant les dents me tourne le dos. Il a une jolie croûte de vingt centimètres carrés. Il réprime un cri lorsque je commence le nettoyage sur la plaie. Julius prépare des pansements. Après nous être soigné mutuellement, nous procédons à la phase deux "anti poux", c'est-à-dire le nettoyage de nos uniformes qui doivent être également infestés. Même topo, des parasites de toutes sortes évacuent les tissus de laine et de lin. Nous maintenons nos pièces d'habillement au fond de l'eau avec de grosses pierres pendant un bon quart d'heure pour être sûr que tout ce qui peut être de vivant soit proprement et durablement noyé! Alors que le soleil monte dans le ciel, en slip, j'ai ouvert la garde carte d'Etat-Major sur le capot avant du Stug. Pendant que Julius surveille nos habits tout en nettoyant nos armes personnelles, Volta qui n'a pas son pareil pour la navigation ausculte la carte avec attention. Nous retrouvons Fatezh, calculant notre moyenne et le cap pris, nous arrivons à situer plus ou moins notre position, qui effectivement donne au milieu d'une grande forêt. Si nous nous sommes pas trompés, ce que je redoutais ce confirme; nous allons devoir traverser plusieurs centaines de kilomètres de plaines. Volta murmure:
- Mais comment on va traverser cela sans se faire repérer? Un avion nous repérera à très grande distance et avec cette chaleur on va lever une poussière pas possible...
J'ai mon idée là dessus.
- Pas si on roule la nuit et qu'on se repose la journée Volta...
Il me regarde inquiet:
- Et la journée on va faire quoi? Attendre comme ça que le temps passe?
Je lui souris:
- Oui... tu as tout compris, nous allons nous poser comme ça au milieu de rien, on tâchera de positionner le char comme s'il avait été abandonné par son équipage. On l'a déjà fait à Fatezh, par de raisons que ça ne marche pas dans une grande plaine où les épaves de chars détruits, ce n'est pas ça qui manque.
Volta réplique cinglant:
- Moui, à part que notre Stug ressemble à tous sauf à une épave...
Visiblement, le souvenir de la journée passée dans le Stug à attendre que Julius parviennent à dégager un passage ne lui a pas laissé le meilleur des souvenirs.
- Attendre une journée dans cette caisse d'acier en plein soleil on va crever. Faudra prévoir de l'eau... beaucoup d'eau.
De son côté Julius a sorti les habits de la rivière et les a étendus sur de grosses pierres en plein soleil pour les faire sécher. Je commence d'avoir la bougeotte, non pas que l'endroit me déplaise forcément, mais je n'ai pas envie de me laisser trop distancer par le front. Il faut qu'on y aille.


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Message par 27Pzd_Kowalski Jeu 21 Juin 2007 - 17:55

Alors que nous revêtons nos habits à peu près secs, Julius a terminé de nettoyer les armes. Amoureusement, il passe l'écouvillon légèrement graissé dans le canon de sa mitraillette.
- Vous voyez les gars, quand je contemple cette belle mécanique allemande, moi, ça me remonte le moral. Comparez une PPSH et une MP40, y a pas photos, nous sommes les rois de la mécanique de précision, les Russes les rois de la tôle emboutie!
Je réponds laconique:
- N'empêche... ça a beau être de la tôle emboutie... quelle efficacité par rapport à nos belles mécaniques.
Au loin dans la forêt un coup de feu claque.
A peine perceptible, mais nous l'avons tous entendu. Nous ne bougeons plus, l'oreille tendue, nous cherchons d'où il pouvait bien provenir. Un deuxième coup de feu résonne, cette fois, il semble plus près. Sans un mot, nous empoignons prestement nos armes et nous nous dirigeons vers notre Stug. Volta qui s'est installé à son poste de pilotage et il a relevé son écoutille. Il chuchote:
- Je donnerais ma main à couper que c'était un P38... ces coups de feu semblaient venir de notre droite... que fait-on Oberleutnant?
J'hésite:
- Mmh...Il me semble bien avoir reconnu également un P38... ça voudrait dire que nous aurions quelques camarades dans le coin... Julius monte là-haut et tiens la MG. Volta, mets en route et longe la berge au ralenti en direction Est. On va voir ce qui se passe.
Calé sur les bord de la superstructure du char, j'essaye de rester stable, mes jumelles fouillant les frondaisons. De temps en temps, Volta immobilise le tank et arrête le moteur, nous tendons l'oreille et nous repartons. Le vent de face emporte le bruit de notre moteur dans un cap inverse, je croise les doigts que ce vieux truc de chasseurs soit aussi efficace pour les gros Diesel. Au bout de quelques minutes, je crois apercevoir quelques choses, je parle le plus doucement possible:
- Stop Volta... stop! Là devant... à moins de cent mètres...il y a du monde.
Instantanément, notre pilote a arrêté le moteur et fermé l'écoutille doucement l'écoutille dont Julius a également graissé les charnières et les serrures. Enserrant dans nos mains, nos armes, nous quittons le char. Nous commençons de bien connaître le combat d'infanterie. De plus, nos chaussures basses nous permettent d'évoluer beaucoup plus discrètement qu'avec les bottes équipant habituellement nos fantassins. Nous communiquons par signes. Après quelques dizaines de mètres à évoluer dans cet univers végétal intense qu'est la Taïga russe, nous percevons des intonations de voix. J'ai mis ma MP 40 en bandoulière, et saisi mon P38 plus maniable dans cet environnement inextricable de branches basses et de ronces. Julius évolue accroupi à quelques mètres sur ma gauche, il tient fermement sa mitraillette. Derrière nous, Volta son fidèle Mauser à lunette suit à quelques mètres sur notre droite. De temps à autre, il s'immobilise et utilise sa lunette pour observer le secteur. Soudainement, il siffle entre ses dents. Nous nous immobilisons. Je me retourne. Volta me fait signe de la main dans une direction. Je prends mes jumelles et j'essaye de percer la verdure. Ca y est j'aperçois quelque chose. Il s'agit de l'arrière d'un char. La tôle est peinte d'un mélange de brun clair et marron. Les deux grosses marmites d'où sortent les tuyères d'échappement ne me laissent aucun doute quant à son type. Il s'agit d'un Panther. Julius l'a également vu, il me fait un signe interrogateur de la tête. Je murmure:
- Allemand... Panther.
Cependant, pas question de foncer, d'abord s'assurer que tout soit clair. Nous continuons donc le plus discrètement possible d'avancer dans cette nouvelle direction. Alors que Volta s'écarte à droite, Julius file par la gauche pour prendre à revers le secteur. Bientôt nous entendons un homme parler allemand. Je commence de comprendre ce qu'il dit "En vertu des droits que me sont donnés par le parti national socialiste..." Qu'est-ce que c'est qu'encore que ces conneries. Je finis par arriver à proximité du Panther stationné dans une petite clairière traversée par un chemin, et là j'assiste à un spectacle plutôt curieux. Le Panther n'est ni plus ni moins que celui de Tafner. Il est d'ailleurs là avec ses hommes d'équipage et tient en joue avec sa MP quatre prisonniers soviétiques assis sur le sol les mains attachées derrière la nuque. Le plus surprenant dans cette affaire, c'est qu'il n'est pas seul. Il y a là un Tigre qui attend moteur tournant. L'homme que l'on entendait vociférer de loin est en fait un capitaine de la Waffen SS qui se tient à côté du lourd char. Il y a également un Kfz251 à l'arrêt un peu plus loin et surtout, quatre soldats allemands couchés pieds et poings liés devant le tank. Julius qui m'a rejoint me chuchote:
- Dis-donc.... devant le char, le gros là, c'est pas Fritz... tu sais Fritz Kupferschmied le cuisinier de la 34ème brigade des chasseurs alpins, celui qui nous avait fait à bouffer comme un roi à Kiev?
Il a raison, il s'agit bien du caporal de cuisine Kupferschmied. Un cuisinier hors pair, roi du système "D" pour te sortir un repas de fête au milieu de rien avec peu de moyens. Bavarois d'origine et grand amateur de bières, d'habitude son visage rond et jovial est fendu d'un large sourire. Par contre là, il n'en mène pas large le camarade cuisinier. Son corps est secoué de sanglots.
- Ne... ne me tuez pas... j'ai des gosses et une femme...
Les autres "condamnés" sont dans le même état, ils pleurent visage contre terre et ne disent pas un mot
L'Officier nazi leur hurle dessus de plus belle, il a de la bave aux commissures des lèvres:
- Quoi? Bandes de couard, de traîtres! Vous osez implorer la pitié? La Grande Allemagne n'a que faire de soldats comme vous! Nous allons vous exécuter en guise d'exemple pour que les Russes voient comme nous traitons les traîtres, ensuite ça sera leur tour!
A mes côtés, la voix de Julius tremble:
- Mais qu'est-ce qu'ils foutent les nazillons, ils ne vont quand même pas les écraser sous les chenilles de leur Tigre?
Un peu plus loin il y en a un autre qui ne mène pas large. Il a les yeux lubriques met agite sa tête nerveusement, c'est Tafner. Ses hommes non plus ne semble pas à l'aise. D'ailleurs ils ne surveillent plus le Panther, ils ont les yeux fixés sur les quatre malheureux qu'on s'apprêtent à écraser comme de vulgaires insectes. Les communistes quant eux, sont impassibles, attendant leur sort stoïquement. Il y a longtemps qu'ils sont habitués aux atrocités. Il est temps que j'intervienne:
- Julius tu ne bouge pas et tu te tiens prêt.
- Quoi?... comment ça "prêt", tu... tu vas faire quoi?
Je le laisse à ses interrogations et doucement j'apparais dans la clairière. Tafner ne me vois pas tout de suite, mais quand il lève les yeux sur moi, il doit avoir l'impression de rêver. Le canon de son Schmeisser se baisse au même rythme que sa bouche s'ouvre.
- Et bien Tafner! Que se passe t'il ici?
- Leu... Leu.. Oberleutnant.. mais... mais que faites-vous ici?
Je tente un sourire rassurant:
- Et bien comme vous et vos camarades, je cherche à rejoindre le front. Et maintenant si vous me présentiez à l'officier derrière nous.
Il n'en a pas le temps car le SS m'a vu, il s'approche de moi à grands pas, il m'hurle dessus :
- Qui êtes-vous? Que faites-vous là? Annoncez-vous?
Il observe mes galons usés.
- Oberleutnant Heinrich Kowalski, commandant remplaçant de 27ème division de chars mon capitaine.
J'observe mon interlocuteur qui visiblement a succombé à la démence, ses yeux roulent dans les orbites, les tendons ressortent de son cou. Il me regarde comme un animal sauvage.
- C'est bien... c'est bien Kowalski, je vous connais, j'ai déjà entendu parler de vous! Je suis le capitaine Steinmetz. Vous arrivez à temps pour assister à l'exécution de ces quatre traîtres et de ces fumiers de communistes.
Il a sorti sa dague d'officier et effectue quelques pas de danse.
- Nous allons les écraser sous notre char.
Au sol, Fritz qui m'a vu, se contorsionne dans ma direction. Il m'implore du regard.
Steinmetz se retourne et se précipite dans sa direction:
- En arrière espace de bâtard! En arrière!
Il lui donne un violent coup de pied qui le fait rouler en criant.
Je sens la colère monter en moi. Alors que je m'apprête à saisir ma MP40, je m'aperçois que le Tigre dont le moteur tourne toujours, est occupé. Il y a un pilote à la place du chauffeur. L'écoutille s'est ouverte et une tête apparaît. Mais je m'en fous, je suis saisi d'une rage aveugle.
Je regarde Tafner dans les yeux:
- Bougez Tafner et vous êtes morts! Le reste de la division nous encercle. Alors restez tranquille et laissez-moi régler cette merde c'est clair!
Tafner est blanc comme linge. Il ne sais plus où est son devoir et cet animal est bien capable de me tirer dans le dos, mais je m'en fous. Je me précipite sur Steinmetz.
- Hep espèce de trou du cul d'enfoiré de nazi de merde. Les types que tu vas écraser sont des potes à moi! Alors pas de pitié!
Le Schmeisser crache la mort et l'officier SS s'effondre. Je tourne le canon vers le pilote qui me regarde. Une autre rafale en pleine tête, il s'affaisse dans le char. le buste d'un homme d'équipage apparaît hors de la tourelle P38 en main. Je n'ai pas le temps de tirer, une rafale part de ma droite, déséquilibré, il a juste le temps de d'étouffer un cri, il tombe comme une masse du char. Le quatrième homme d'équipage du Tigre sors les mains en l'air, mais au loin dans la forêt, le Mauser de Volta le fauche à son tour, son corps glisse le long de la superstructure. C'est fini, moins de dix secondes se sont déroulées depuis le premier coup de feu. Mes mains sont prises d'un tremblement que je n'arrive pas à maîtriser. Sans le tir providentiel de Julius à mes côtés, j'étais probablement mort à cet instant. Les yeux toujours fixés sur les cadavres, je murmure:
- Merci Julius...
Mais ce n'est pas Julius qui me répond, c'est Tafner. Impassible, il tient encore sa mitraillette au canon fumant pointée dans la direction du char. Je le contemple indécis, il aurait pu me tirer dessus, il avait le choix, il a tiré sur un camarade de son arme:
- Vous avez fait le bon choix Tafner, merci.
Le grand Volta apparaît nonchalant fumant sa cigarette du bout des lèvres, tenant son fusil de travers dans un position typique des chasseurs de gros gibiers ayant fait un beau tir. Pour peu il me ferait presque rire:
- Tu vas chasser la Galinette cendrée?
- Quoi? Et c'est comme ça que tu me remercies de t'avoir sauver la vie. Espèce d'ingrat va.
Je rigole. Tiens au fait où est Julius, je l'appelle et j'ai droit à une bordée de jurons en retour. Nous nous précipitons vers l'endroit d'où ils proviennent et nous retrouvons Julius empêtrés dans un tas de ronces, transpirant, piétinant et jurant comme un beau diable pour se sortir de cette position inconfortable.
- Mille milliard de ... ah mais j'ai bien fait d'avoir voulu chercher la position idéale. 'Acré 'aloperie de forêt russe de merde!
Malgré notre situation désespérée, nous éclatons tous de rire. Nous l'aidons à sortir de ce mauvais pas. Julius rumine:
- Rigolez bande de rigolos, rigolez. pfff.
Se ravisant:
-Hep, au fait, et Fritz et ses copains, pensez pas qu'il serait temps de les libérer?
Il a raison. Nous nous précipitons vers les quatre cuisiniers. Fritz se lève péniblement se massant les poignets.
- Je ne sais pas comment vous remercier de nous avoir sorti de ce mauvais pas Oberleutnant. Ce capitaine était fou, il voulait nous exécuter parce que notre véhicule transportait la cuisine et ... et quelques rations de secours.
- C'est bon caporal. Occupez-vous de vos camarades de cuisine et préparez-vous à repartir.
J'avais un dernier problème sur les bras. Les prisonniers russes. Qu'est-ce qu'on allait bien pouvoir en faire. Volta toujours pour les solutions radicales haussa les épaules en me montrant discrètement ma MP. Cette fois s'en est trop. Je m'approche de lui et d'une main ferme, je lui remets la mitraillette.
- Tu veux une exécution sommaire, hein? C'est ça, tu veux les tirer comme des lapins, alors vas-y! Faits-le!
Surpris par mon volte face, il ne sais pas quoi dire:
- Mais.. mais, non enfin, mais qu'est-ce qu'on peut bien faire d'eux.


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Message par 27Pzd_Kowalski Jeu 21 Juin 2007 - 17:55

Il m'énerve Volta.
- Alors si tu n'as pas le courage d'aller au bout de tes idées, n'émets plus de proposition de ce genre c'est clair?
D'un geste rageur, je lui reprend le Schmeisser des mains et je me rends près des quatre Soviétiques. On voit dans leur regard, qu'ils n'ont rien compris à ce qui s'est passé. Des soldats allemands qui tirent sur d'autres soldats allemands, ça ne doit pas être très courant. Pourtant, nous savons que côté Russes, certains commissaires du NKVD n'hésitent pas à ordonner de tirer sur des soldats qui battent en retraite. Au passage, j'ai récupéré la dague de Steinmetz. Je m'approche du premier soldat soviétique qui doit penser vivre ses dernières secondes de vie. Je tranche ses liens et je fais de même pour ses camarades. Ils sont là éberlués ne sachant que faire, regardant leurs mains libérées de leur étrave.
- Bon les papa ruskov, vous êtes libres là, allez barrez-vous.
Ils ne bougent pas.
- Vous êtes sourd ou quoi. Allez allez levez-vous et tirez-vous.
J'en empoigne un je le force à le lever. Je gesticule en direction de la forêt.
- Foutez-le camp! Allez hop, là-bas forêt, hop hop hop.
Ils finissent par comprendre et titubants, ils s'enfoncent dans la Taïga. Avant de disparaître, le dernier se retourne et me dit:
- Spasiba Tovarich german!


Dernière édition par le Jeu 21 Juin 2007 - 21:50, édité 1 fois
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Message par 27Pzd_Kowalski Jeu 21 Juin 2007 - 17:56

Je sens que derrière moi, les gars ont des regards interrogateurs.
Julius me dit:
- Tu crois que la prochaine fois qu'ils tiendront un Allemand dans la mire de leur fusil qu'ils hésiteront à tirer.
- Non, ils feront comme nous, ils l'abattront pour ne pas être abattu. Mais la question n'est pas là. Si les Russes ne sont pas loin, avec tout ce raffut, ils vont rappliquer bientôt. Il faut qu'on se tire d'ici. Tafner! Combien de carburant dans votre monstre.
Il interroge son pilote du regard.
Celui répond instantanément:
- Je dirais 2 jours à faible allure. Par contre, si nous pouvons récupérer le carburant du Tigre, qui a le réservoir à moitié plein, on pourra allonger certainement d'un voir deux jours.
- Il n'en est pas question, le carburant du Tigre sera distribué entre le Stug et le Kfz de Kupferschmied. Votre Panther consomme beaucoup trop. Nous devons être raisonnables et utiliser les véhicules les plus économiques.
Tafner semble contrarié:
- Excusez-moi Oberleutnant, mais où est le reste de la 27ème division? Vous devez avoir avec vous des réserves de carburants non. Dans tous les cas, il est hors de question que j'abandonne mon Panther ici.
Je rigole:
- Mais mon pauvre Tafner, de la 27ème division, pour le moment, il ne reste que votre équipage et le mien. Et puis, qui vous dit que nous abandonnons votre chars ici. Tant qu'il roule vous nous suivez, ensuite on avise. Si on trouve du mazout sur le chemin on complète, si nous nous approchons de la ligne de front on vera ce qu'on fera. Sa puissance de feu pourrait nous être utile, mais vous devez comprendre que sa consommation est pratiquement du double de celle du Stug et surtout, surtout le camarade Volta déteste marcher. Dans l'attente, il faut répartir le carburant du Tigre dans le Kfz et notre Stug. Allez les gars on y va.
Une heure plus tard, nous sommes prêts. Je réuni la petite équipe autour de la carte.
- Bon les gars... voici notre position.
J'indique un point sur la carte avec une petite branche.
- Le problème c'est que nous sommes à quelques kilomètres des grandes plaines et que nous ne pourront bientôt plus bénéficier de la protection de la Taïga. Nous devrons donc rouler la nuit et nous planquer la journée.
Tafner a la même réaction que Volta au petit matin après notre baignade.
- Mais comment allons nous nous cacher la journée, il n'y a pas un arbre, un bouquet d'herbes sur des dizaines de milliers de mètres carrés.
Je lui fait un clin d'œil:
- Oui je sais cela, c'est pour cela que nous allons jouer aux morts la journée Tafner. A l'aube, nous nous arrêterons à bonne distance l'un de l'autre. On placera les tanks et le Kfz comme s'ils avaient été ababdonnés ou détruits. Ce n'est pas pour rien que j'ai demandé à Julius de récupérer l'huile moteur et de transmission du Tigre. Nous allons badigeonner nos véhicules avec l'huile pour les noircir.
Julius qui a les mains noir jusqu'aux coudes. Soupire:
- Et dire que ce matin j'étais propre comme un sous neuf...
Volta le charrie:
- Ben quoi plains-toi pas, au moins en te badigeonnant avec toute cette belle huile t'es à l'abri des attaques de bestioles et accessoirement de celle des filles. Mais bon, avec ou sans huile, tu as l'habitude gniark gniark.
Julius fulmine:
- Espèce de tire au flanc de mes deux, tu as intérêts de plonger tes jolies mains d'étudiant gâtés dans cette huile de malheur et de faire en sorte qu'on croit notre Stug calciné à moins de dix mètres ou je te déverse un seau complet d'huile sur ta petite gueule d'amour.
Et nous voilà toute l'équipe s'appliquant à recouvrir soigneusement nos chars et le véhicule blindé de Kupferschmied d'huile de vidange.
Il faut chaud, et Volta qui déteste être sale n'arrête pas de râler:
- Hep Julius, imagines la tête de l'adjudant Stuck, tu te souviens à l'école des blindés en 39, ce qu'il a pu nous faire chier avec son nettoyage.
Un des gars de Kupferschmied, un certain Meyer qui s'est allié à Volta et Julius pour salir le Stug répond:
- Ah oui? Vous aussi vous avez eu une enflure d'instructeur. Chez moi c'était le Feldwebel Dallmayr, à la 65ème brigade d'infanterie, la pire crevure que la terre ait porté, j'vous jure, quel salopard. Il nous en fait plus voir que les Russes.
Volta s'arrête un moment et le regarde:
- Ah ouai, tu vas me dire que chez les cuisiniers y a des instructeurs plus vachard que chez les tankistes? Aucune chance que ton Dallmayr soit pire que Stuck, hein Julius.
Pendant que Julius acquiesce du chef avec une grande assurance et que le débat sur ce sujet des plus épineux se poursuit, je prends Tafner à part.
- Tafner venez un instant!
Il me suit, il a bien changé depuis la première fois où je l'ai vu. D'adolescent attardé, il est passé au guerrier meutri. Nous nous asseyons sur une souche d'arbre. Je lui tends un chiffon pour qu'il puisse s'essuyer les mains. Sans un mot, je roule une cigarette. Je sais qu'il ne fume pas, mais plus par réflexe que politesse, je lui en tend une, pourtant, il l'a prend et l'allume. Alors que me confectionne une autre cigarette, il me parle:
- Je sais ce que vous ressentez pour votre char Oberleutnant. Notre Panther, c'est comme un camarade de combat avec lequel nous avons traversé les pires situations et grâce auquel nous nous en sommes, jusqu'à présent, toujours sortis. Alors vous comprenez, l'abandonner comme ça en plein territoire ennemi...
J'envoie une volute de fumée bleue vers le ciel:
- Je comprends Tafner, cependant ne perdez jamais de vue que tout ceci s'arrêtera un jour. Vous ne pourrez pas rouler dans votre tank indéfiniment. Il faudra bien un jour que vous le rameniez au dépôt où que vous l'abandonniez à l'ennemi. Ca sera le sort de notre Stug aussi. Et puis, franchement, que valent ces quelques tonnes d'acier face à une seule vie humaine Tafner? Rien, En plus, j'ai fais une promesse voyez-vous...
Il semble surpris:
- Ah bon? Quelle genre de promesse?
- J'ai promis à Haenig de vous ramener vivant à votre mère... vous savez le jour où les restes de la 21ème SS ont été intégrés à ma division. Après le rapport dans le QG, j'ai discuté avec le Colonel, et je lui ai fait cette promesse. Alors, croyez-moi, si je vous dit un jour d'abandonner votre Panther, c'est parce que nous n'aurons plus le choix.
Il reste un moment le regard tourné vers le sol. Il a les yeux humides:
- C'est dur... c'est dur de parler de sa mère, de ses proches... ici perdu à des milliers de kilomètres de la maison dans ce merdier somptueux. On s'efforce de ne pas y penser, mais c'est difficile.
Je lui donne un tape amicale sur l'épaule, il commence de me plaire le gamin:
- Oui il ne faut pas trop y penser Tafner, par contre, il est très important de garder à tout jamais une petite flamme allumée au fond de son cœur. De temps en temps cette petit flamme aide à prendre les bonnes décisions, comme celle que vous avez prise, il y a quelques heures en me sauvant la peau...
- Comment allons nous expliquer la mort de Steinmetz ?
Je soupire:
- Si personne ne parle Tafner, personne ne saura rien. Du côté des cuisiniers et de mes hommes, nous ne risquons pas grand chose... si vous voyez ce que je veux dire...
Il garde la tête basse:
- Vous n'aimez pas les SS... n'est-ce pas Kowalski. Personne ne les aime ici sur le front Est. J'ai parfois l'impression que tout ça n'est que poudre aux yeux pour rassurer le peuple allemand en y faisant croire que les SS sont l'élite de notre armée.
La situation ne se prête pas au mensonge:
- Vous avez raison pour deux points Tafner. Non, je n'aime pas les SS, pour toutes sortes de raisons. Pour leur sauvagerie, pour la propagande et les conneries que le parti fait gober au peuple allemand et d'autres choses encore dont nous pourrions parler des heures. Par contre, vous avez tort sur un point, votre Panther ne serait qu'un tas de ferraille inerte sans vous et votre équipage. C'est vous qui le menez au combat, pas lui. Au fait, vous ne m'avez pas expliqué comment vous vous êtes fourrés dans les pattes de Steinmetz.
Tafner m'explique que juste avant le bombardement à Fatezh, ils avaient reçu l'ordre d'évacuer le village. Haenig a réuni tous les chars au Nord Est du village. Ne me voyant pas venir, il avait fini par donné l'ordre de battre en retraite. La suite est moins glorieuse. Menée par Willsdorff la division a battu en retraite en rejoignant des centaines de chars dans la même situation et des milliers de fantassins. Un jour plus tard, leur Panther s'est embourbé dans un marais. Golgoth voulait qu'il abandonne son char, ce que Tafner a refusé de faire. La division a continué sans lui. C'est Steinmetz qui est venu à son secours et qui l'a aidé à se sortir de ce mauvais pas. Ils sont repartis avec presque vingt quatre heures de retard. Deux jours après, ils ont capturé les Russes qui visiblement s'étaient perdus, puis le Kfz de Kupferschmied et son équipe de joyeux lurons eux aussi perdus, les ont rejoint. A la première pause, quand Steinmetz a compris pourquoi les cuisiniers étaient en retard, ils avaient piqué de la nourriture à gauche et à droite, le capitaine SS avait décidé de les passer par les armes.
Tafner conclut:
- Steinmetz était fou... mais pas tout le temps, parfois il était très bien, puis il devenait complètement dément....
Je me lève:
- Venez, le soir tombe, nous allons nous mettre en route.
- Attendez Oberleutnant... heu est-ce que vous avez encore la dague du Haupmann Steinmetz.
Il me semble l'avoir laissée près du Tigre. Nanti de cette information, Tafner file vers le char en question, cherche et trouve la dague. Je le vois enlever sa veste et de deux gestes prompts, il découd les insignes de SS et la tête de mort qui orne le col de sa veste. Il fait de même avec son calot. Il s'approche de moi.
- Quand je m'en sentirai capable, je chaufferai à rouge cette lame et je brûlerai mon tatouage!


Dernière édition par le Jeu 21 Juin 2007 - 22:00, édité 1 fois
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Message par RTA_Goliat Jeu 21 Juin 2007 - 18:18

Toujours aussi génial Very Happy
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Message par F/JG300_Tempest Jeu 21 Juin 2007 - 19:36

27th_Kowalski a écrit: mais vous devez comprendre que sa consommation est pratiquement du double de celle du Stug et surtout, surtout le camarade Volta déteste marcher.


:) lol :)
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Message par 615sqn_Volta Ven 22 Juin 2007 - 13:33

toujours aussi pationnant a lire
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Message par RTA_Oscarbob Sam 23 Juin 2007 - 19:42

Ooooooooooo Yeaaaaaaaaaaah Cool
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