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Les Hurricane du Grand Nord

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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:27

L'étrave du cargo balançait en cadence dans la houle grise de la mer de Barent. En cet de mois de septembre les températures étaient déjà affreusement basses dans cette partie du globe et j'avais remonté bien haut le col de mon lourd manteau d'hiver, par contre ma casquette avait bien vite rejoint le fond de ma malle pour adopter un bonnet en laine noire bien plus adapté pour couvrir me oreilles. Appuyé contre le bastingage j'observais avec attention la silhouette grise et effilée du destroyer qui naviguait à nos côtés à 200 mètres. De ma place, je pouvais nettement apercevoir les observateurs en partie regroupés sur le balcon du poste de commandement. Munis de leurs grosses jumelles, ils fouillaient anxieusement l'onde grise à la recherche du sinistre sillage d'un périscope. Ici, le danger était tel, que l'amirauté avait interdit à ses capitaines de s'arrêter. Si un navires était torpillé, l'équipage en détresse était livré à lui-même, le récupérer était bien trop risqué, un sous-marin allemand à l'affût ne ferait qu'une bouchée d'un bâtiment immobile. La priorité restait le chargement qui devait arriver à tout prix intact dans le port de Mourmansk et le chargement... j'en faisais partie, ceci à même titre que mes camarades du 615ème momentanément intégrés au squadron 134 et des 40 Hurricane qui reposaient dans les soutes du navire. Un mélange de MkIIB ou C destinés à renforcer l'armée russe complètement dépassée par l'offensive allemande. Churchill avait décidé d'y ajouter une escadrille complète chargée de la formation de nos homologues soviétiques sur ce type d'avion.
Alors qu'un vent glacial balaye en sifflant au travers de la superstructure du bateau, je me décide à rejoindre enfin ma cabine où un thé chaud m'attend. Je finis par rejoindre les coursives et ma cabine. Je dépose ma lourde gabardine et mon bonnet et alors que je vais m'asseoir pour écrire à ma chère et tendre épouse, je me ravise. Après avoir allumé une dose de Black Cavendish dans ma pipe, je me décide à rejoindre la salle d'arme, peut-être qu'Ejybe et Archy accepteront de jouer une partie de Bridge. Alors que je rejoint la grande pièce qui nous est réservée, l'agréable odeur d'un Earl Grey caresse mes sens olfactifs. Cette salle d'arme ressemble à un grand salon et sans le roulis ont pourrait se croire dans quelques Club House londoniens. Une dizaine de hublots assez grands laissent filtrer la lumière du jour. Contre les parois, il y a plusieurs illustrations représentant des amiraux célèbres ou des navires de guerre. Le sol est recouvert d'une épaisse moquette qui étouffe les sons. Sur une petite table un gramophone diffuse un peu de musique de chambre. L'endroit est normalement réservé aux officiers, mais notre Group Captain a insisté pour que les sous-officiers puissent également y venir. J'y retrouve plusieurs membres de notre squadron. William a calé son imposante stature sur un rocking chair qui grince à chaque mouvement, les yeux froncés il est plongé dans la lecture d'un imposant ouvrage. Assis à une petite table Oscarbob et Rhamirez s'efforce de coordonner le mouvement de leur crayon avec la houle. Un peu plus loin, assis dans de grands fauteuils style Empire, Archy et Fowly sont penchés silencieusement sur une partie de backgammon. Ejybe légèrement retrait les observe silencieusement., du bout des doigts, il tient une longue pipe en écume de mer et de temps à autres une volute de fumée bleue s'échappe du foyer ou de sa bouche. Juste à côté de lui, sur une petit table, il y a un verre rempli d'un liquide ambré. Machinalement je cherche des yeux la bouteille de pur malt qu'Archy a dû ouvrir. Derrière moi, René vient de faire son entrée. Il a un petit sourire ironique.
- Alors Sir comment sont les embruns cet après-midi
- Humide René! Très humide.
Et devant son regard désabusé, je rempli ma tasse en porcelaine.
- Avez-vous des nouvelles des autres?
- Titeuf et Moyus sont restés dans leur cabine... je crois qu'ils n'ont pas trop le pied marin et ils ne sont pas très bien. Quant à Béber il doit traîner à la timonerie comme d'habitude, c'est un ancien marin vous savez. Tout ce qui touche la mer le passionne. Pour les autres je ne sais pas, la dernière fois que je les ai aperçu c'était à la pause de midi.
Finalement, je m'enfiche de savoir ce que les autres font, quelle importance. C'était juste pour entamer un brin de causette.
Ejybe me fait un clin d'oeil et d'un petit mouvement de tête me fait signe de venir s'asseoir vers lui. Je m'étends bruyamment sur le cuir vert du divan. Sans lever la tête du jeu Archy m'interpelle.
- Pas facile l'inactivité n'est-ce pas. Nous devrions tous faire de même et aller prendre l'air sur le pont.
- Ca va Sir, j'ai goûté, et à cette heure il commence à vraiment faire trop froid pour y traîner.
J'extirpe de ma poche mon jeu de bridge.
- Une petite partie Messieurs?
Fowly semble se réveiller.
- Ah et bien volontiers, je commençais de m'endormir moi.
Archy qui était entrain de gagner soupir.
- Pfff, pour une fois que je te battais....
Après avoir remis en place les pions, il referma la boîte et la rangea dans la bibliothèque.
Nous nous nous installâmes autour de la table. Archy était parfois un peu anxieux.
- Croyez-vous Messieurs qu'il soit réellement raisonnable pour que nous laissions Angel nous rejoindre par les airs avec son C47?
Fowly se manifesta.
- Arrêtes de te faire du mouron je te dis, elle va y arriver sans le moindre problème, elle risque moins que nous avec ces satanés U-Boat...
La partie dura jusqu'au dîner. Fatigué, après un repas frugal, je rejoignais rapidement ma carré où je m'enfouissais sous mon édredon jusqu'au cou en ronronnant comme un chat. Un peu plus loin, un galopade suivit d'un gémissement m'informait que le malheureux Moyus ou Titeuf rendait le reste de son dîner à la mer. Tout en les plaignants, je ne pu m'empêcher de rigoler sous cape. Les pauvres vivaient un véritable calvaire depuis plusieurs jours. Je finis par m'endormir.
Le bruit d'une violente explosion suivit de tir d'armes lourdes me fit brusquement ressauter. Je m'habillais prestement et montais quatre à quatre sur le pont. Je croisais Beber.
- C'est un 88 marine qui tire c'est pas bon!
Arrivés sur le pont nous constatons avec effroi qu'un des cargos est illuminé par un violent incendie. des silhouettes s'activent avec des lances à incendie pour tenter de maîtriser le sinistre. Au loin une nouvelle déflagration retentit et suivit quasiment instantanément par un impact soulevant une gros gerbe d'eau à quelques dizaines de mètres de proue de notre navire.
Nous avons instinctivement baissé la tête. Béber s'agite.
- C'est un U-Boot, il n'y a qu'un canon, les salves sont éloignées et il n'y a qu'un coup à la fois. J'y crois pas il est quand même culotté le capitaine, il n'a pas vu qu'il y avait deux destroyers pour protéger le convoi?
Au même moment, une fusée éclairante partie du HMS Garden Park illumine la l'océan. J'ai beau essayer de percer l'obscurité mais je ne vois pas le sous-marin ennemi. Par contre, les batteries des deux destroyers se mettent avec fracas en route et toutes dans la même direction. Le sous-marin a probablement été repéré. Cela dure environ 2 minutes. Puis, le silence martelé par les machines revient. On ne saura jamais si le U-Boot allemand a été touché ou s'il a simplement plongé et s'est échappé. A quelques centaines de mètres de nous, les marins du cargo en perdition ont réussi à maîtriser le feu. Ca sera la seule alerte du voyage.
Quatre jours plus tard, nous arrivons enfin en vue du port de Mourmansk. L'endroit n'est vraiment pas chaleureux. Il y a des navires de guerre un peu partout, mais aussi de vieux tankers ou cargos rouillés de haut en bas. Le port est gris et sale, certaines maisons sont encore en bois. Des immenses grues portuaires déchargent les navires qui sont à quai. Il y a des centaines de personnes qui vont et qui viennent, vidant les cales ou transportant sur le dos de matériel qui est entreposé dans des dizaines de camion. Lorsque je descends la passerelle j'aperçois un officier russe habillé d'une grande gabardine verte avec parements rouges une casquette imposante décorée en son centre d'une étoile vermeille. Une fois pieds à terre j'apprécie l'absence de houle. Archy s'approche de l'Officier russe qui se présente dans un anglais parfait. C'est le Colonel Kartashoff, ayant fait une partie de ses études à Oxford en Angleterre, il a eu le temps d'apprendre notre langue. Il nous explique que dès que les avions et le matériel qui va avec, seront déchargés, nous prendrons la direction du front. Archy intervient:
- Puis-je vous demander où avez-vous prévu la période d'entraînement pour vos pilotes Colonel?
L'Officier russe répond:
- Nous avons les meilleurs pilotes du monde. Ici en Union Soviétique, nous n'avons pas le temps de former des pilotes pendant 6 mois à une année comme dans vos OTU. De toute façon nous avons besoin en urgence d'avions et de pilotes. Votre présence nous fera certainement grand bien.
A ces mots Archy sursauta:
- Je vous demande pardon Colonel, mais il n'a pas été prévu que nous nous battions de ce côté ci du front. Nous sommes censés être là avant tout pour la transition de vos pilotes sur Hurricane.
Kartoshoff sorti de sa poche une lettre et la tendit à Archy.
- Lisez, ça émane de votre Ministère de l'air.
A la lecture de la lettre le visage d'Archy s'assombrit.
- Et bien qu'est ce qui se passe Sir?
- Il se passe que nous risquons de rester un petit moment ici. Avec l'arrivée imminente de l'hiver, nous n'avons pas beaucoup de possibilités pour le retour. Aussi nous allons probablement devoir rester en Russie jusqu'au printemps de l'année prochaine et combattre avec les Soviétiques.
Ejybe sortit de son mutisme:
- En Hurricane... contre du 109F ou du FW190, hum, le challenge est intéressant!
Le Colonel russe lui répondit:
- Il y a bien des 109 F sur le front de l'est, mais il y a encore beaucoup de 109E et pas de Focke-Wulf réservés au front ouest... il paraît que vos Spitfire les inquiètent plus que nos Lagg ou nos Mig!

Notre future base est située environ 2000 km plus au sud près de Vyazma. A quelques dizaines de kilomètres du front qui venait de stabiliser avec l'arrivée de l'hiver. Les Russes sont sympas mais leur organisation catastrophique. Tout ce fait au jour le jour, de manière totalement improvisée et nous devons prendre en main notre installation car si nous laissons faire les Soviétiques on va finir par dormir sous des cartons dans les fossés entourant Mourmansk. Archy organise le montage des Hurricanes qui seront acheminés en vol jusqu'à notre nouvelle base. Il faut prévoir en tout cas quatre escales et avec la météo capricieuse ça ne sera pas une partie de plaisir. Il faut plusieurs jours à Fowly pour préparer la navigation. En cas de problèmes plusieurs terrains d'aviation sont sélectionnés pour nous recevoir en cas d'urgence. L'arrivée d'Angel et des deux C47 nous met un peu de baume au cœur (surtout à celui d'Archy). Les deux transports sont bourrés jusqu'à la gueule de pièces de rechange. Ejybe met le doigt sur un problème que nous n'avons pas tout de suite cerné mais qui est très important. L'armement de nos avions utilisent des munitions spécifiquement britanniques. L'éloignement du front par rapport à Mourmansk risque de nous poser problème lorsque nous devrons être ravitaillé non seulement en munition mais aussi en pièces de rechange. Pour l'armement deux ingénieurs russes se sont penchés sur le problème. Ils ont ainsi purement simplement supprimé les mitrailleuses Browning et les canons Hispano Suiza pour les échanger contre deux canons d'origine russe de 20 mm Shvak et deux mitrailleuses de 12,7 construites sous licence américaine. Cet armement est finalement aussi puissant voir plus puissant que celui d'origine et nous nous en contentons sans trop d'appréhension. Surtout que les soviétiques nous ont assuré que ces armes ne s'enrayaient pas avec le froid. Pour les pièces de rechange, des Li2, copie russe de notre C47, feront régulièrement trajet pour nous ravitailler et nous amener aussi le courrier.
Le 04 octobre, nous profiterons de quelques jours de soleil pour effectuer les 2200 km nous séparant de Vyazma. Nous avons de la chance car la piste est bétonnée, par contre les installations sont plus que sommaires. Les Russes nous ont monté une trentaine de cabanes en rondins. Toutes aménagées de manière identique, soit un gros poêle à bois dans un coin, deux lits quatre armoires un table et quatre chaises. Les murs ne sont pas isolés et les températures avoisinent au plus chaud de la journée, - 10°, la nuit elles peuvent aisément descendre à - 40, voir - 50°. Tous les pilotes de l'escadrille adopteront très rapidement les longues vestes, les bonnet en fourrure et les bottes de vol russes, le seul matériel capable de nous préserver du froid intense qui règne dans cet enfer blanc et gelé.
Dès les beaux jours nous ferons quelques vols en compagnie des pilotes de la VVS pour constater que "les meilleurs pilotes du monde" avaient encore un sacré bout de chemin rien que pour tenir une formation.
Au terme du premier vol en sautant de son Hurricane sur le tarmac gelé, Fowly s'exclamera:
- Bon sang, mais vous avez vu ce bordel? Ils sont plus dangereux pour eux mêmes que pour les Allemands. Je ne sais pas comment on pas assisté à une collision. Je me suis cru en juin 1940 lorsque j'avais momentanément pris le commandement d'une escadrille de polonais. Et ses coucous là , leur I16, tu imagines face à du 109... on s'étonne après qu'ils aient autant de pertes!
Le 615 vivra encore quelques péripéties sous ces latitudes exotiques...


Dernière édition par le Mar 20 Mar 2007 - 23:40, édité 3 fois
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:29

Depuis notre arrivée, nous avons pu faire deux vols dantesques en compagnie du 31ème et du 32ème IAP. Non seulement, les Soviétiques ne tiennent pas vraiment de formation, mais en plus ils foncent comme des fous sur tout ce qui bouge. Les Fridolins doivent se régaler, suffit de mettre une couverture haute et de les allumer l'un après l'autre. Mais je ne sais pas qui fait le plus de dégâts dans les rangs de l'armée rouge, Hitler et son armée ou la VVS de Staline qui n'hésite pas à tirer sur ses propres soldats lorsqu'ils battent en retraite ou qui envoie au goulag pour trahison, un pilote qui s'éjecte en territoire ennemi et qui parvient à passer la ligne de front pour rejoindre sa base. Il y a aussi le problème de la langue. Nos avions ont été équipés de radios russes, mais comme nous ne parlons pas le Russe, c'est assez épique et nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous avons d'ailleurs changé de canal, car le leur est encombré de tout de sorte d'ordres et d'appels parfois même de chansons. Faut dire que nos camarades tapent sérieux dans leur alcool local et se mettent dans des états pas toujours très compatibles avec le vol d'un avion de chasse.
Fowly a bien tenté de donner quelques explications aux pilotes qui sont censés prendre la relève sur nos Hurricane, mais tout ce que nous avons comme réponse, c'est que leurs Lagg ou leurs Mig sont meilleurs. Dans ces conditions, notre Wing Commander a rapidement laissé tomber. L'avantage, c'est que nous avons pu tester leurs avions. Personnellement, j'ai pu essayer leur Lagg3, c'est un bon avion, un peu moins maniable que le Hurricane mais plus rapide et surtout son armement concentré dans le nez est très puissant. Les Russes étaient très fiers que je leur dise qu'il était meilleur que notre appareil, mais avais-je le choix... j'aurais dit le contraire je ne suis pas de ne pas prendre un coup de Tokarev. Par contre, cette situation énerve profondément Archy. Il a déjà écrit à notre état-major pour décrire les condition de notre séjour en Union Soviétique et a demandé notre rapatriement rapidement. L'autre jour, il tournait en rond comme un lion en cage dans la cabane qui nous sert de dispersal.
- Vous me dites ce qu'on peut bien foutre ici. On était censé leur amener des Hurricane et de les former et tout ce qu'on fait, ce sont des tests pour savoir si leurs avions sont meilleurs que les nôtres. C'est n'importe quoi! Si au moins ont croisait de temps à autre un avion allemand! Avec cette météo d'enfer, ils sont pas cons les schleus, ils restent terrés au chaud, pendant que nous, nous gelons les miches à faire gaffe de ne pas être percuté par un de ces illuminés.
S'il savait à ce moment quelles étaient les conditions de vie de l'ennemi, il n'aurait plus critiqué nos certes rudimentaires cabanons, mais au moins ils étaient chauffés et nos équipement adaptés au grand froid.
S'il y en a bien un qui se plaît dans la toundra russe, c'est Yann. Notre Ecossais de service est autant habitué au climat rude qu'aux boissons qui arrachent et Dieu sait si le Russes sont passés maîtres dans l'art de distiller des produits douteux. Tout y passe, betteraves, pommes de terre et racines diverses, à des taux d'alcool qui doivent avoisiner les 70°-80°. Autant boire de l'essence. L'autre jour, il est parti à la chasse avec deux pilotes russes et nous a ramené deux biches. Ca a bien changé notre quotidien fait de rata et de bilot, un doux mélange de blé, de pommes de terre, d'œufs de lard, accompagné d'un pain noir dur comme de pierre. Nous avons d'ailleurs fini par nommer parmi les quelques mécaniciens qui nous ont accompagné, un cuistot qui améliore grandement notre quotidien.
L'autre jour René et Rhamirez qui étaient partis en vadrouille avec leur Zis, autour de la base sont revenus tout excités.
- Les gars, il faut que vous veniez voir ça! On est allé voir l'escadrille de bombardiers qui s'est posée hier soir, vous verriez les engins...
Et ils éclatent de rire.
Effectivement, le soir avant, plusieurs lourds quadrimoteurs ont atteri sur notre base, cependant, il faisait tellement froid qu'on était pas sorti pour aller les voir de plus près.
René et Rhamirez avaient raison; fallait le voir pour le croire. Les Soviétique alignent des coucous dignes de la grande guerre. Il s'agit de TB3, des avions en bois et en toile dont tous les postes sont à l'extérieur, sauf celui du navigateur-bombardier. Le truc ressemble vraiment à un navire et j'ose à peine imaginer le froid qu'il doit faire lorsqu'on est aux commandes de l'engin ou que l'on occupe un poste de mitrailleurs.
Quelque chose se préparait. Un activité intense régnait dans notre secteur, autant aérienne que terrestre. Deux divisions blindées composées de chars T34 avaient pris leurs cantonnement non loin de la base. Les russes préparaient une contre offensive.
Notre première mission officielle n'allait pas tarder. Archy était convoqué au QG pour y recevoir des instructions. Les mécaniciens avaient poussé nos Hurricane hors de leur hangar et lancé les moteurs pour les faire chauffer. Une vingtaine de minutes plus tard, notre Group Captain est de retour.
- Bon les gars on a droit à 9 avions soit trois flight. Je prends le groupe rouge, Fowly le bleu et Ejybe le jaune. Harry tu remplaces Yann qui manque encore d'expérience dans le flight jaune ok! Notre mission d'aujourd'hui consiste à fournir une couverture haute aux Lagg qui escorteront les TB3 de près. On a avec nous les Mig 3 du Major Pokrishkin. Un as russe, Ca ira, son groupe est semble t-il plus discipliné que les autres. Décollage dans...
Il consulte sa montre.
- ... 22 minutes. Allez tous à vos avions!
Mon parachute à la main, je marche dans la neige qui crisse sous mes pas en direction de mon Hurricane qui tressaute au rythme du ralenti moteur. De la fumée grise s'échappe de temps en temps des tuyères d'échappement, lorsque je suis prêt de l'appareil codé US-H, les mécaniciens m'aident à m'installer dans le cockpit. Une fois sanglé j'attends les ordres. A ma droite, j'aperçois Ejybe et Pitpit, je serais le n°3 de ce flight car les deux hommes ont l'habitude de se battrent ensemble. Après quelques minutes Archy donne le go et les Hurricane prennent positions sur la piste principale en se dandinant comme des oies maladroites. Devant nous, les antédiluviens bombardiers ont déjà pris l'air en soulevant une tempête de neige sur les Lagg qui attendent juste derrière eux pour décoller. Peu après s'est enfin notre tour. Par flight, les 9 avions prennent l'air dans une parfaite formation, un peu de frime envers les ruskov ne fera pas de mal. Pokrishkin et ses trois ailiers nous suivent d'assez loin. Comme on ne peut pas communiquer avec eux nous les laissons se débrouiller. En ce qui nous concerne, Archy a bien de la peine à respecter les ordres donnés et à rester à 3000 mètres pour couvrir les bombardiers qui volent affreusement lentement 1000 mètres en dessous de nous. Pokrishkin connaît le tactique de la Luftwaffe et mène ses Mig vers l'azur, là où les Allemands ne pourront pas le surprendre. Lorsque nous passons la ligne de front nous observons avec inquiétude le ciel. Plus haut, très loin, un reflet dans le soleil nous signale la présence d'avions. Les Mig ou des 109, impossible de le savoir. Je ferme la marche et j'ai plus souvent le regard vers l'arrière que vers l'avant. Mais les Allemands ne viennent pas, tels de gros oiseaux maladroits les TB3 poursuivent en direction de Vitbesk où ils doivent bombarder la zone industrielle de la ville. En effet, les russes qui pourtant ont l'habitude de ne rien laisser derrière eux, dans leur retraite précipitée, ils ont oublié cette partie de la ville et il est fort probablement que Guderian y a installé une partie de son armée et utilise les infrastructures pour réparer ses chars, ses véhicules et ses armes au chaud. Soudainement, des traçantes blanches apparaissant à la hauteur des bombardiers retiennent mon attention. Immédiatement après un avion en feu quittait la formation des TB3 et piquait vers le sol.
- Jaune 3 à leader, les Fritz attaquent les bombers!
- Red leader et bleu leader en descend leur donner un coup de main. jaune leader vous restez en haut pour nous fournir une couverture. Taïaut! Taïaut!
Alors que les 6 Hurricane plongent en direction des combats, Ejybe se met à tourner au-dessus de la zone d'intervention. Je suis de plus en plus nerveux. Ca m'étonnerait beaucoup que les Allemands n'aient pas prévu de couvrir les intercepteurs.
La voix posée d'Archy résonne dans mes écouteurs:
- De red leader à jaune leader, se sont des Bf110, restez attentif, il y a certainement des 109 qui traînent dans les parages.
Pitpit se manifesta:
- La haut... au-dessus de nous... des combats. Les Mig sont accrochés par la chasse allemande.
Ejybe répondit:
- Pas question de monter les gars on reste pour surveiller les copains. Pokrishkin arrivera bien à se démerder tout seul.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:29

Notre leader place nos trois Hurricane vers l'ouest de manière à ce que nous ayons le soleil dans le dos.
Je suis de plus en plus nerveux, en bas, régulièrement des nouvelles nous parviennent, les 110 se prennent une fessée, les 109 ne devraient pas mettre long à descendre. On aperçoit maintenant de nombreux contacts qui laissent derrière eux des traînées de condensation dans le ciel dues au froid . Soudainement deux Mig nous passent devant plein pot, puis la deuxième paire. Ce diable de Pokrishkin nous a aperçu et se place de manière à mettre les chasseurs allemands à notre portée. Un premier 109 passe à environ 500 mètres. Mes mains se crispent sur le manche de mon Hurricane, des "Emil"! Il y en a en tous cas 8. Ejybe sans un mot a piqué derrière le dernier du groupe. Pitpit dans son aile. Je reste légèrement au-dessus d'eux. Alors qu'un violent combat se déroule entre les Mig et les 109 Nous arrivons comme un cheveux dans la soupe. Les ailes du Hurricane de mon leader s'illuminent brièvement et le 109 décroche brutalement le moteur fumant noir. Ca y est notre présence est signalée, bien disciplinée, les 109 E7 entament leur manœuvre d'évasion tant de fois déjà vue au-dessus de la manche. Les Mig sont momentanément libérés et se mêlent au combat. Alors qu'Ejybe et Pitpit poursuivent la première paire, je me résout à suivre la deuxième. Je m'approche de l'ailier qui fidèle et discipliné reste dans les 4 heures de son leader. Les deux Bf109 ont entamé un virage serré à droite dans le but de me ramener dans les 12 du deuxième groupe. je connais bien cette tactique, je sais que je n'aurais pas deux solutions de tirs, et dès que je suis placé correctement je tire une bonne rafale en direction du chasseur ennemi qui perd des morceaux et décroche vers le sol. Je rétabli immédiatement en prenant de l'altitude un coup d'œil en arrière me rassure, je suis "propre". Derrière moi c'est le désordre complet, un avion tombe vers le sol en brûlant c'est un Mig, mais il y a aussi deux carcasses fumantes qui suivent, deux Messerschmitt, c'est curieux, la manière dont les avions chutent me laissent supposer qu'ils se sont percutés. En bas, c'est le stress car d'autre 109 ont fait leur apparition. Je cherche du regard mes camarades engagés. Ca y est, je les aperçoit, alors qu'une bonne dizaine de bombardiers poursuivent leur route vers Vitbesk, les chasseurs continuent de se battre comme des chiffonniers. J'aperçois au loin 4 avions qui se suivent, il y a certainement un "méchant" dans le lot. Après avoir avisé Ejybe que je descendais à la rescousse des copains, je plonge en direction de 4 appareils. Apparemment, personne ne m'a vu et j'arrive à me placer incognito derrière l'avion de queue; un 109F, devant, il y a deux Hurricane qui se démène comme ils peuvent pour se sortir de là. Le pilote du 109, est visiblement patient et attend le bon moment pour tirer. C'est le leader qui est dangereux aussi je me concentre sur lui.
- Les deux Hurricane qui ont des 109 au cul continuez de bouger j'arrive... je suis bientôt à portée!
Rhamirez me répond
- Merci Harry ça devient chaud et René a pris un mauvais coup.
Je pourrais facilement tirer sur l'ailier, mais il risque de signaler ma présence à son leader. Lorsque je le dépasse à pleine vitesse grâce à ma ressource, j'ai le temps d'apercevoir le pilote du 109 me regarder avec des yeux tout ronds. Mes cocardes britanniques ne doivent pas forcément leur signifier une bonne surprise. A 100 mètres, son leader a déjà tiré et endommagé une nouvelle fois le deuxième Hurricane qui diffuse maintenant une petite volute de fumée par ses échappements. Ma rafale pourtant tirée à moins de 100 mètres passe complètement à côté du chasseur allemand. Je maudis ces foutus canons russes dont je ne maîtrise pas encore la déflection et dans le bruit rageur de mon moteur je profite de ma vitesse pour remonter, les deux 109 ont basculé vers la droite et plongent maintenant vers le sol avec les deux Hurricane qui de gibier sont devenus chasseur.
- De trois jaune à trois bleu, René, décroches et rentres à la base ton moteur fume. Ou est Fowly.
- Moteur endommagé à la première passe, il a décroché du combat il y a longtemps.
- Ok je prends le relais.
J'effectue un virage serré sur la droite et plonge dans leur direction. Derrière moi les combats semblent s'être calmés. Probablement que les Allemands ont rompu le combat car les deux 109 foncent maintenant plein gaz vers le sud. Tout en surveillant constamment mes arrières, Rhamirez qui est plus haut et profite d'un léger piqué, rattrape le dernier 109 qui a de la peine à reprendre la vitesse qu'il avait perdu dans sa manœuvre évasive.
- Trois jaune à deux bleu, on laisse tomber, ils sont plus rapides et on va être short petrol pour rentrer.
- Laisses moi encore 30 secondes Harry, je suis presque à portée.
- Ok 30 secondes mais pas une de plus, on est tout seul, si on est surpris ça va être chaud pour nos fesses
Rhamirez fini par lâcher une rafale, plusieurs projectiles atteignent le 109 qui fume d'un seul coup très noir. Le pilote allemand se dirige maintenant vers le sol. Probablement qu'il va tenter un atterrissage de fortune. Rhamirez décroche brusquement et fait demi-tour.
- Qu'il aille au diable, je ne vais quand même pas achever un avion blessé à quelques mètres du sol.
A peine avait-il terminé sa phrase, qu'un Mig3 apparu, plongea sur le 109 entrain de se poser et le mitrailla copieusement. Le chasseur ennemi bascula sur l'aile et explosa dans un boule de feu.
Je restais sans voix. Rhamirez jura dans son micro.
- Mais qui donc est ce fumier pour faire un truc de salaud pareil?
- Ca va Rhami... pas d'esclandres... on rentre... on mettra ça sur le compte de la guerre.
Au fond de moi, je suis dégoûté, plein d'amertume. Lorsqu'on a croisé les avions allemands, j'étais presque heureux, comme si on rencontrait des camarades, de vieilles connaissances. Comme nous, ces soldats supportaient difficilement les conditions météos difficiles de l'hiver russe. Les Allemands avaient beau être nos ennemis, ils restaient comme un bastion de civilisation rassurante au milieu de ces contrées sauvages habitées par des gens pour qui la valeur de la vie d'un homme n'équivalait à rien. Ces 109 c'étaient notre ennemi habituel, peut-être que parmi les pilotes que nous venions d'affronter, certains avaient vu les falaises de la côte anglaise. Et voilà que ce pilote russe qui attend sagement que nous ayons endommagé un zing ennemi pour surgir de nul part et piquer le kill à Rhamirez qui avait décidé de lui laisser la vie sauve, sale con! Maintenant le Mig vole à nos côtés et j'ai très envie de me placer derrière lui pour le descendre. j'essaye de me dominer et finalement, lorsque j'arrive à la base je me suis calmé. Manu militari je me place train descendu devant le Mig qui voulait se poser avant nous et je me pose sur la piste sans demander la moindre autorisation. Derrière moi, au détriment de la prudence la plus élémentaire, l'avion russe s'est également posé. Alors que le Mig se dirige vers son hangar de l'autre côté de la piste, je conduis mon Hurricane jusqu'à la place qui nous est réservée. Une fois à terre, mon premier réflexe est d'aller mettre une rouste à l'autre pilote, puis la main ferme de Rhamirez me retient,
- Ca serait vraiment une très mauvaise idée Sir! Nous sommes en guerre rappelez-vous et nous ne sommes pas chez nous. Les Soviétiques ont une mentalité qui nous échappe... un peu dans doute.
Il a raison, et tous les deux nous nous dirigeons vers le dispersal. Archy qui fonctionne comme officier de liaison, prends déjà note des victoires que les pilotes revendiquent. A notre arrivée il lève la tête de son papier. Je lui pose la question habituelle.
- Des pertes Sir?
- Non, mais beaucoup d'avions endommagés au moins quatre dont deux ont les moteurs cassés et probablement irréparables. Et pire, Fowly s'est fait allumer par un Lagg3, c'est tout juste s'il a pu rentrer.
En quelques mots, je lui relate notre mésaventure. Il soupire et s'incline en arrière sur sa chaise.
- Visiblement, nous avons encore à faire beaucoup d'efforts pour supporter les manières de nos alliés. Je commence à comprendre l'aversion de Winston envers Staline.
Le soir même Archy avait une discussion avec le Colonel Kartashoff, Pokishkin et son pilote qui avait descendu l'avion allemand en perdition. le Major Pokrishkin s'énerva quelque peu lorsque nous relations l'événement de l'après-midi. Il s'adressa dans un mauvais anglais à Archy.
- Nazis commettre beaucoup de mal en Russie. Prendre nos femmes, tuer nos enfants. Ici guerre, Nazis venir Russie, pas nous aller chez eux... eux venir! Alors eux mourir... ça normal!
Archy soupira, comment lui expliquer que certains de nos pilotes avaient perdu toute leur famille dans les bombardements de Londres. Il s'abstient de faire des commentaires mais demanda a ce que des missions spécifiques nous soient attribuées et que nous soyons le moins possible mélangés avec d'autres chasseurs russes. Il demanda également à ce que des dispositions soient prises avec les autres groupes pour qu'il n'y ait plus de confusion au sujet de nos Hurricanes!
Le lendemain, nos cocardes britanniques étaient remplacées par des étoiles rouges!
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:37

Au travers des volets de la fenêtre de la cabane, j'aperçois les premiers rayons du soleil se perdrent sur l'édredon de mon colocataire Ejybe. Il dors encore, moi j'arrive plus, les mains derrière la nuque, j'observe la table et le chaises, témoins de la longue discussion que nous avons eue hier soir, Archy, Fowly, Ejybe et moi. Quelques restes de saucisson et une bouteille de whisky sont encore abandonnés à l'endroit même où nous les avons laissés avant de nous coucher. Il faut dire qu'il fait tellement froid la nuit, même avec le poêle rempli jusqu'à la gueule de bois sec, la température descend facilement à - 5, que les aliments sont parfaitement conservés.
Je pense à ma chère Angleterre, aux petits pubs de Carnaby Street où dans l'insouciance de ma jeunesse je passais le plus clair de mes soirées avec mes amis. Sont-ils seulement encore en vie? Combien ont été fauchés par la guerre et plongés dans l'horreur de la mort, alors qu'ils ne demandaient qu'à vivre tranquille au bras d'une jolie fille ou de partager une pinte de bière avec des amis aux courses de Longbridges?
Qui aurait cru, il y a rien qu'une année, alors que j'étais encore en OTU que j'allais me retrouver en plein milieu de l'Union Soviétique avec des gars avec lesquels j'ai vécu plus intensément en 6 mois que durant les 28 premières années de ma vie? Alors que des images de mes parents ou de ma fiancée se bousculent avec émotion devant mes yeux, j'aperçois les fins cristaux de glace qui s'accrochent au cadre de la fenêtre. Ejybe se réveille gentiment. Je me remets d'aplomb. Les yeux bouffis, il s'étire.
- Pffff, j'ai un peu trop tapé dans le Glen Moray hier soir. Bien dormi?
- ... ai froid dans cette turne miteuse! Y en a marre de ce trou à rats!
Ejybe à un sourire compatissant.
- Toi! T'as un coup de cafard!
Sans un mot, je me lève et revêt mon uniforme. Ma chemise est glaciale. Alors qu'Ejybe est entrain de se laver les dents énergiquement sur un bac émaillé. Un brouhaha provenant de l'extérieur attire notre attention. Je mets mes bottes attrape au vol ma vareuse et sors sur le perron dans le froid piquant. J'aperçois plusieurs soldats russes se débattant avec une pièce de DCA calibre 25mm. On a même l'impression qu'ils se battent entre eux. Tout en boutonnant ma veste, je ne peux m'empêcher de grommeler:
- Sont encore ronds comme des queues de pelles l'équipe. Regardes moi ce bordel. C'est pathétique!
Je n'ai pas le temps de poursuivre dans ma réflexion, car une rafale de 20 mm suivie du bruit rageur de plusieurs moteur déchirent brutalement l'air. Les servants sont balayés dans leur position. Les corps déchiquetés ou démantibulés sont projetés en l'air et retombent en dehors du périmètre des sacs de sables. la neige est maculée de sang et de morceaux de chairs fumantes. Je suis cloué sur place par cette vision d'horreur. Archy qui court comme dératé en direction de son avion m'interpelle:
- Nom de Dieu Harry, c'est pas le moment de rêver... tu vois pas que des Bf110 attaquent la base.
Comme un robot, je me précipite vers mon avion. Les mécaniciens s'activent déjà retirer les filets de camouflage et la toile qui recouvre ma verrière. Ce petit laps de temps me permet de finir de m'équiper correctement. Alors que je trépigne d'impatience, une deuxième vague de 110 surgit au dessus de la base. La flack réagit timidement et dans le hurlement des moteurs et le staccato des armes de bord allemandes, c'est à peine si on perçoit quelques tirs venant du sol. Heureusement, les chasseurs lourds ennemis ne semblent pas trop s'occuper de nous. Par contre les TB3 à l'autre bout de la base s'en prennent plein la gueule. Enfin mon avion est dégagé et je grimpe prestement dans le cockpit du Hurricane. J'enclenche le préchauffage et les pompes à carburant. Anxieusement, je regarde les aiguilles des manomètres de pression d'essence monter gentiment. Au-dessus de moi, les chasseurs allemands continuent leur valse. Merde, j'ai oublié la radio, je m'empresse d'enclencher le poste. Je passe sur le canal du squadron 134.
-... 109 au dessus de la base gaffez vous!
C'est Moyus qui nous avise que des 109 tournent en couverture haute.
Pas le temps d'attendre que le préchauffage soit terminé. Je lance le démarreur. Allez, alleeeeez tourne bon sang. Je compte une pale, deux... trois.... quatre... cinq... magnéto une enclenchée et le Merlin s'ébroue enfin dans une fumée âcre qui envahi mon cockpit dont la verrière est encore ouverte. Le sergent Gallaway est penché dans l'habitacle et s'évertue à me sangler tant bien que mal. A côté de moi Archy, Fowly et René roulent déjà vers la piste principale. Derrière moi, Moyus et William s'impatientent.
- Allez Gallaway, c'est bon, descendez... faut qu'on y aille avant que les boches réduisent tout en miettes!
Je mets les gaz et le pas d'hélice à 60%. Mon Hurricane rejoint le taxiway cahin-caha. Je m'adresse à mes deux ailiers.
- Pas la peine de s'exposer sur la piste principale. On prend l'accès à droite! Go! Go! Go!
Alors que mon chasseur arborant depuis peu des étoiles rouges s'élance péniblement, je jette un regard anxieux vers le ciel. Les allemands semblent nous ignorer pour le moment. Mais d'autres contacts bien inquiétants font leur apparition plein sud. Je connais trop bien ces rangs d'oignons. Je n'ais pas le temps d'informer le groupe, que la voix excitée de William résonne dans mes écouteurs.
- Harry! A 11 heures haut... des Stuka, des dizaine de Stuka! Regardez ça!
Bon sang les Fritz mettent le paquet ce matin.
- De leader bleu à numéro 2 et 3. On se calme. On en va pas rester sur zone, c'est trop dangereux! On va s'écarter par un virage droite sur un cap 275 et on prend de l'altitude en sécurité.
Nos trois Hurricane s'éloignent doucement de la base. J'entends Ejybe annoncer des Bf109 piquer sur la base. J'ai beau tordre la tête dans tous les sens, je ne les vois pas. Moyus et William se sont rapprochés. J'évite une sombre forêt où nos camouflage hiver se détachent trop. Finalement après 5 minutes de spirale, nous atteignons 2500 mètres.
- De bleu leader à groupe bleu ! on retourne sur zone les gars!
Booper hurle dans la radio.
- Les gars maniez vous le train, j'en ai un au cul... non au moins deux.... MERDE je suis touché. Mon moteur fume.
Archy s'efforce rester calme:
- Vire gauche Booper je crois que je te vois. Ce sont des 110, tu vires plus serré, continues. ouai c'est ça on arrive.
C'est au tour d'Enzo de se manifester.
- Attenion aux 109 qui tombent sur la base, gaffez vous! Gaffez vous aux 109 qui arrivent sur zone! Il y en a au moins une douzaine.
Quel merdier, mes deux coéquipiers sont muets comme des carpes. J'ai la gorge nouée. Putain faut qu'on y aille.
Ca y est j'aperçois le combat. Tout se passe au radada. Un coup d'oeil en l'air. A première vue, il n'y a plus rien en dessus de nous.
- Bleu leader à groupe bleu! Pas le temps de faire dans la dentelle. A chacun le sien et appelez au secours si vous êtes dans la merde. Prenez déjà ceux qui sont le plus dangereux pour les copains. Taïaut! Taïaut!
Moyus m'a déjà dépassé et fonce sur deux 110 qui passent en dessous de nous à la poursuite d'un Mig ruskov. Les Stuka sont maintenant dans la mêlée, mais une fois leur bombe larguée, ils décampent vite fait vers leur base. Heureusement, c'est djà assez compliqué comme ça. Je prends en chasse deux 109 qui en ont après un Hurricane. Je m'aligne derrière l'ailier, mais j'arrive trop vite et je l'overshoot. En quelques secondes, je suis sur le leader que je risque de percuter. Je tire par réflexe et je décroche. Lorsque je me retourne, le 109 qui n'a plus d'empennage percute violemment le sol. Des yeux, je cherche l'ailier, mais il a décroché du combat. Mon Hurricane est inscrit dans un virage gauche. je me calme et j'essaye de gérer au mieux ma vitesse. De la sueur envahit mes lunettes. Je l'ai arrache. Il y a un Stuka sur la gauche qui s'échappe moteur fumant à très basse altitude. Rageusement, au risque de décrocher, je bascule le Hurricane et je m'aligne derrière le Ju87. Il est très lent... je m'approche. Ca y est je te tient salaud! Tu vas voir! Je suis aveuglé par la rage. Pourtant, alors que je vais tirer, je constate que le cockpit du bombardiers est criblé d'impacts. Le mitrailleur arrière, probablement mort, est avachit sur son arme dont le canon pointe maintenant immobile vers le ciel. Je vois le pilote qui se retourne constamment vers moi. Je suis maintenant à moins de 100 mètres sur ses 3 heures et je peux nettement voir l'habitacle du Stuka ravagé par des balles. Le pilote qui a un bras en sang, semble m'implorer des yeux... il perd de l'altitude... en dessous il y a une forêt, c'est fini pour eux... le Stuka se disloque dans une gerbe de flammes et de fumée dans les arbres. Putain de s.loperie de guerre!
Jamais je n'oublierais le regard de ce pilote qui allait mourir! La gorge nouée, les yeux humides, je dégage sec à droite et je retourne sur la zone de combat. Il y a encore des 110 qui tournent pour échapper aux Mig3, Lagg3 et Hurricane survivants qui leur font la chasse. Il n'y a plus de 109. Probablement qu'ils ont dû décrocher faute de carburant.
Sur la base et dans les alentours, il y a des foyers partout. Je n'ai plus cœur à me battre et je me décide de me poser. Machinalement, je fais les gestes tant de fois répétés. Et je suis presque surpris lorsque mon Hurricane s'immobilise enfin moteur coupé devant nos cabanons. Il y a des gens qui courent dans tous les coins. Des ambulances et des véhicules du feu circulent plein gaz. Pendu dans mes harnais, le froid finit par me sortir de ma torpeur. J'ouvre la verrière, je décroche mes harnais. Après avoir mis pied sur l'aile, d'un geste rageur je jette mon parachute le plus loin possible. Lorsque je saute à terre, je titube. Des mécanos et des infirmiers croyant probablement que je suis blessé, accourent.
- Mais bordel de merde où étaient les observateurs sacré Nom de Dieu! Y en a marre de ces conneries.
M'adressant en hurlant aux soldats qui me regardent médusés!
- Regardez-moi ce gâchis! Il reste qui de vivant! Il ne reste que moi! Tous les autres sont morts! Allez foutez-moi le camp de là, il faut remettre tour ça en ordre.
Une main se pose sur mon épaule. C'est Archy.
- C'est bon Harry, c'est bon, allez vient!
Je suis à bout de nerfs. Il me prend par l'épaule et me m'accompagne jusque dans sa cabane. A l'intérieur, je m'effondre sur une chaise en larmes la tête dans les mains.
- Putain Archy, il est mort... il me regardait... et il est mort, là sous mes yeux. Putain j'en peux plus de toute cette merde! J'ai froid... je suis à bout!
Il me sert un énorme verre
- C'est bon mon vieux, tient boit ça!
J'écluse le whisky en une traîte. L'alcool me brûle l'œsophage. Je reprends instantanément mes esprits. Archy rigole.
- Alors ça va mieux ?
- Ouai... ça va mieux. Je suis désolé... excuses moi... je suis un gros con!
- Mmmh pas grave, il y a longtemps qu'on devrait être tout au repos. Heuuu au fait harry, qui est mort?
- Arf... un pilote de Stuka que je poursuivais et quand j'ai vu son zing complètement foutu. J'ai pas osé l'abattre. Quelques secondes plus tard, il s'est écrasé... en même temps que l'avion tombait, le pilote me regardait. Putain, si tu avais vu son regard Archy, il savait qu'il allait mourir, une horreur... jamais j'oublierais!
- Je comprends Harry. Au fait, merci pour tout à l'heure... le 109 que tu as descendus, c'est celui qui me courait après depuis un moment. Je n'y croyais plus lorsque tu es enfin arrivé. J'ai eu l'ailier quelques minutes après.
Un peu plus tard, tous les pilotes rescapés étaient réunis dans notre dispersal de fortune pour faire les comptes. Notre groupe à piètre allure. Uniformes disparates ou déchirés, blessés plus ou moins rafistolés avec bonheur. Nous avons un disparu, François et trois blessés heureusement pas trop grave. Moyus à pris un éclat au visage, le toubib russe l'a à moitié défiguré on lui recousant l'arcade comme un sauvage et heureusement Angel qui était infirmière a pu faire quelque chose de beaucoup mieux. Enzo et Pasadena ont chacun pris une balle dans un bras. Normalement, tous les blessés devraient partir au repos, mais ici en Russie, on ne connaît pas le repos... on se bat jusqu'à la mort.
Plusieurs ont des victoires a faire revendiquer. Yoda qui a effectué bien malgré lui sa première opération officielle, a sérieusement amoché un Stuka qui moteur fumant s'est éloigné plein Est. Il s'agit probablement du Ju87 que j'ai vu se crasher. Je confirme la victoire à Yoda, c'est sa première, et je n'ai pas cœur à faire de remarques. Archy me fait un clin d'œil.
Question matériel la situation est plus dramatique. Nous avons perdu deux Hurricanes et quatre sont fortement endommagés. Nous apprendrons plus tard, qu'une nouvelle livraison d'Hurricane était arrivée à Mourmansk. Seize pilotes dont douze russes seront dépêchés là bas pour les ramener vers le front. Si les Soviétiques acceptent enfin de piloter nos avions, c'est bon signe pour nous, peut-être que nous allons bientôt rentrer en Angleterre, bientôt...
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:40

Voilà deux jours que les raids allemands avaient eu lieu sur notre base. Mis à part les carcasses calcinées des TB3 abandonnées en bordure de terrain et piraté par les mécaniciens qui récupèrent quelques pièces de rechange, plus rien ne laisse paraître du bombardement. Quelques heures plus tard à peine, malgré la tempête de neige, deux compagnies d'infanterie et du génie avaient très rapidement remis tout en état. Le lendemain même, une vingtaine de Mig et de Lagg remplaçaient les chasseurs manquants. Une trentaine d'Il2, un solide avion d'assaut, faisaient également leur apparition sur le terrain probablement pour palier aux pertes de TB3 qui de toute façon demandaient à être rapidement remplacés. 4 pilotes du 134ème et 8 pilotes du 32ème IAP, s'étaient rendus avec le Li2 d'Angel à Mourmansk pour prendre en charge 12 Hurricane fraîchement débarqués. Plusieurs jours leur avaient été octroyés, car il fallait également rapidement former nos camarades soviétiques qui allaient devoir les piloter pour le retour. Fowly faisait d'ailleurs partie du voyage à cet effet. Archy qui profitait de quelques jours de repos bien mérités avec Angel commandait le groupe. Pendant leur absence, les mécaniciens s'affairaient dans les hangars chauffés à remettre les Hurricane endommagés en ordre. Pendant ces quelques jours d'inactivité, avec Ejybe nous avons décidé de laisser le groupe se reposer. Le matin nous avons fixé l'heure du petit déjeuner entre 08h00 et 09h00. Ensuite quartier libre pour tout le monde jusqu'à 17h00 pour faire l'appel avant le dîner. Cette période profite surtout à nos blessés ou malades qui peuvent se remettre au mieux.
En Union Soviétique tout est extrême, disproportionné. Si les ressources humaines et logistiques sont immenses, la formation des soldats et surtout des pilotes est faible. Les russes privilégient la quantité à la qualité. Des usines déménagées dans le grand nord, hors de portée des bombardiers de la Luftwaffe, produisent des tonnes et des tonnes d'armes et de munition, des centaines d'avions, de véhicules et de chars par jour. Tiens parlons en des chars russes. Autant certains de leurs avions sont affreusement vétustes, autant leurs blindés sont impressionnants de modernité et d'efficacité. Il faut voir avec quelle agilité la cinquantaine de T34 manœuvrent dans la haute neige à l'est de l'aérodrome. Un camp de fortune y a été installé et les équipages dorment sous tente ou dans leur tank. Les soviétiques préparent probablement une contre-offensive car il y a de gros mouvements de troupes et de véhicules dans les environs. Profitant des conditions météorologiques exécrables, la VVS regroupe ses forces près de la ligne de front. Régulièrement, nous apercevons des colonnes de fantassins vêtus de leur longue capote et du bonnet de fourrure traditionnel se déplaçant à pied dans la tourmente de flocons. Colonnes fantomatiques d'hommes harassés par des heures de marche silencieuse sur le tapis moltoné de neige fraîche. Seul le cliquetis des cacolets de munitions et des armes qui s'entrechoquent révèlent leur présence dans le brouillard et la neige. De temps à autres, une autochenille surplombée par un officier remonte la colonne. Parfois l'engin se plante, le conducteur réagit alors rapidement en effectuant quelques manœuvres avant et arrière pour se dégager, les chenilles grattent le sol, trouvent de l'adhérence et l'engin poursuit son chemin en cahotant. Le soir dans les bois avoisinants de temps en temps, une mélopée reprise en cœur par plusieurs voix, s'élève dans la nuit. Yann qui espérait pouvoir s'octroyer une partie de chasse avec ses camarades russes, abandonne cette idée. Du coup, nous nous retrouvons tous entassés dans le mess qui regroupe les sous-officiers et les officiers. Certains écrivent, d'autres jouent aux dés ou au bridge, mais finalement l'inaction commence de peser sur la plupart. Certains se rendent régulièrement dans les hangars pour voir où en est leur avion et n'hésitent pas à mettre la main à la pâte si nécessaire. Personnellement, je profitais de prendre un bon bain chaud. Alors que je me prélassais dans l'onde tiède un bouquin à la main et ma pipe correctement bourrée de mon Black Cavendish préféré, Ejybe fit irruption dans la pièce, emmenant avec lui une bouffée d'air froid entremêlée de flocon de neige.
- Arg, fermes cette porte malheureux! Tu veux ma mort ou quoi?
Il se met à rigoler d'un rire franc.
- Avec ta pipe, tes pieds qui dépassent du baquet et surtout ta casquette Tu as une allure extraordinaire Harry. Tu te baignes souvent avec un couvre chef?
- J'ai froid, alors je me protège c'est tout!
Il s'intéresse à mon livre.
- Qu'est-ce que tu lis là?
- "Le Hussard sur le toit" de Jean Giono, C'est Angel qui me l'a filé. C'est un auteur français. Mais c'est trop élaboré pour toi comme lecture, je ne suis même pas sûr que tu comprennes le titre!
Ejybe qui a fait ses études de droit à Cambridge ne craint rien sur ce terrain et je sais que je peux le charrier sur le sujet sans risque. C'est à mon tour de rigoler, car il porte une tenue haute en couleur.
- Qu'est ce que tu penses de ma nouvelle tenue hiver? C'est Kartashof qui s'est débrouillé pour me la trouver. Il paraît que seuls les officiers de hauts rang russes ont le droit de la porter!
Je suis hilare, il porte un long manteau de fourrure épaisse ainsi que la coiffe habituelle des soviétique dont il n'a même pas retiré l'étoile rouge qui orne le devant.
- Beeeennnn, en tous cas c'est vraiment très chic! Sur Picadilly Circus tu ferais fureur. C'est du Yak?! Parce l'odeur qui émane de ce truc doit certainement être une arme secrète pour faire fuir l'ennemi. Franchement, je serais toi je ferais gaffe qu'un papa Yak en rut ne passe par-là ou pire qu'un journaliste te prenne en photo avec cet accoutrement, parce que si Churchill te voit ainsi habillé, il est bon pour l'apoplexie.
- Pffffff, je m'en fiche, ils avaient cas nous fournir des tenues d'hiver de ce nom. Et puis franchement tu crois que tu as l'air mieux avec ta vareuse verte de la VVS et ta gâpette d'officier de la RAF? Non mais franchement.
Il accroche son lourd manteau odorant au patère qui ploie dangereusement sous l'effet du poids.
Il s'assied à table et se sert un verre d'alcool blanc. Notre réserve de whisky a fini par être entamée et nous nous sommes rabattus sur une vodka à peu près buvable et soit disant réservée aux officiers. Un truc que nous diluons avec un peu d'eau pour éviter d'avoir l'œsophage brûlé irrémédiablement. Ejybe avala une gorgée du breuvage en grimaçant. Le regard fixe par la fenêtre...
- ... C'est bientôt Noël Harry. Je ne pense pas que nous rentrerons pour le 25. Les Russes organisent une grosse bastringue contre les Allemands et vraisemblablement que nous allons devoir y participer.
Je reste quelques secondes silencieux. Noël! Un mot qui résonne tellement loin dans ma mémoire. La guerre, le stress qui en ait engendré, nous fait perdre la notion du temps et il faut nous battre quotidiennement avec notre conscience pour ne pas perdre le fil des valeurs simples de la vie. Alors
- Je n'y pensais même pas Ejybe. Soyons optimiste ça nous changera des Noël pluvieux ou brumeux londoniens. Un 25 décembre sous la neige... ça me rappellera les Noël en famille au pied du Grand Targhee dans le Wyoming.
- Les Etats-Unis te manquent Harry?
- Ben comment dire, un peu quand même, surtout depuis que les Japs ont tout cassé à Pearl Harbord. Mais bon ma situation n'est guère enviable là-bas. Et puis, je me suis bien habitué à la vie en Angleterre. Je pense que c'est sans doute plus difficile pour Gunter et Cbal qui eux n'ont rien à se reprocher.
Ejybe se met à rire.
- Ouai et dire que Gunter gueulait déjà sur la météo anglaise... il est servi pour ce qui est du froid ici!
- Mmmh, je crois que ça va pas trop mal. Tu sais, il est de Chicago et il neige parfois là-bas. Ce n'est pas tant le froid qui le rebute je crois, c'est surtout l'humidité et la brume. Ca doit être plus dur pour Cbal qui est du sud en Virginie. J'ai remarqué qu'il faisait la gueule, mais il accepte plutôt stoïquement la situation, comme nous tous d'ailleurs.
Ejybe soupira profondément
- En attendant, nous tâcherons d'organiser Noël correctement.
Le même après-midi nous nous réunissions pour organiser la fête. Yann et Pasadena étaient prêts, carabine à l'épaule, à tenter de ramener quelques chevreuils ou biches. Enzo qui avaient de bons contacts avec les cuisiniers allaient s'organiser pour trouver quelques légumes et William allait tenter de mettre en route une recette de cake que la cuisinière de maison lui avait appris alors qu'il était enfant. René et Cbal se sont engagés à préparer quelques animations musicales pour la soirée. Rhamirez, Moyus, Raja et Yoda vont se réunir et trouver des idées pour la décoration. Ces quelques tâches distribuées rompent un peu la monotonie de train train quotidien et chacun trouve enfin de quoi s'occuper.
Le lendemain, après huit jours d'absence, Archy nous informe par télégramme que le temps est meilleur et qu'ils vont tenter de rapatrier les Hurricane. Ils devraient arriver en cours d'après midi.
Depuis la visite surprise des Allemands, dès que le temps le permet, des patrouilles tournant constamment dans le secteur situé entre le front et la base sont organisées par les russes. Ce matin là, deux patrouilles supplémentaires composées de 4 Lagg3 décollaient pour protéger l'arrivée des Hurricane et du Li2 d'Angel.
Nous sommes tous devant les cabanons ou le long de la piste pour assister à leur arrivée. Une main devant les yeux pour me protéger des rayons du soleil couchant absolument magnifique, j'aperçois enfin les silhouettes si caractéristiques des 12 Hurri. L'un après l'autre, les chasseurs se posent impeccablement.
Rhamirez qui est à mes côtés, ne peux pas s'empêcher de siffler d'admiration.
- Et bien, ça nous change des atterrissages de l'équipe des Mig. On dirait que Fowly a mis les bouchées doubles. S'ils lui ont laissé les coudées franches, tu peux être sûr que tous les ruskov ont au moins 30 heures de vol derrière eux !
Le Li2 d'Angel suit non loin derrière et se pose sur la piste principale en béton. Le Hurricane flambant neuf arborant les étoiles rouges de la VVS d'Archy se présente sur l'aire de stationnement devant les cabanons du 134ème. Un coup de gaz suivit d'un coup de frein habile et notre group captain aligne son avion devant son cantonnement. Nous sommes content de retrouver nos cinq camarades. Archy a l'air radieux, je pense que ces huit jours avec Angel ont été bénéfiques pour son moral. Pendant que les mécaniciens poussent précautionneusement les chasseurs à l'abri dans les hangars, les arrivants s'installent au mess.
Avant de rentrer se changer, Archy a interpellé le sergent Gallaway.
- Sergent allez donc donner un coup de main au WO Angel pour décharger les caisses qui sont dans son appareil. Il y en a quatre spécialement préparées pour nous. Vous veillerez à les faire transporter au mess.
- Bien Sir, je vous organise tout ça.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:41

Archy se retourne vers nous.
- Les gars j'ai pas mal de choses à vous annoncer, je me change et je vous donne rendez-vous au mess dans 15 minutes.
A son arrivée, tout le monde est impatient, surtout qu'il y a quatre mystérieuses caisses qui viennent d'être alignées par les hommes de Gallaway devant le bar. Archy vêtu de son uniforme de campagne fait enfin son apparition.
- Bien les gars, alors... plusieurs choses. Je commence par la mauvaise nouvelle. Nous ne quitterons pas la Russie avant trois semaines en tous cas. Cela veut dire que nous passerons donc Noël ici. Mais bon j'ai eu un message du Fighter Command qui m'a confirmé que notre mission arrivait ici à terme et que nous allons être bientôt rapatriés. La bonne nouvelle, c'est que Churchill s'intéresse beaucoup à ce qui se passe ici. Il est au courant de ce qui s'est passé et de l'organisation des russes.
Archy fouille dans la poche intérieur de sa battle-dress et extirpe une lettre chiffonnée. Il nous la lit prestement.
- ... le premier Ministre nous félicite et nous encourage pour le travail que nous avons fourni et que nous allons encore devoir fournir. Une réception sera organisée en notre honneur dès notre retour. Bien et maintenant, nous allons ouvrir ces fameuses caisses cadeau de Winston lui-même.
Le sergent Galaway et ses trois hommes qui attendaient discrètement sur demande de notre Group Captain. S'approche avec des pieds de biches. La première contient de la décoration de Noël, la deuxième une solide réserve de whisky et de thé et les deux dernières, tout un tas de victuailles qui nous permettrons de passer un Noël et un réveillons moins morne que prévu. Il y a également deux gros tonneaux remplis de bière rousse irlandaises. Dont un est immédiatement installé sur le bar et mis en perce!
Pendant que les pilotes se mettent à boire et à parler bruyamment. Archy nous réunit avec Fowly et Ejybe dans son bureau. Une fois tranquillement assis, il extirpe de son sac une bouteille de Lagavulin 18 ans d'âge. Ejybe qui a encore le goût terrible de la Vodka locale se frotte les mains de bonheur.
- Tiens, mais qu'est ce qui nous vaut cet honneur Sir?
Archy lève son verre et tout en contemplant le liquide ambré annonce.
- Et bien nous fêtons la barre que Fowly et moi venons d'ajouter à notre DFC!
Un peu plus tard, Angel qui avait surveillé le déchargement de son transport nous rejoignait enfin. En cours de soirée, un messager russe nous apporta un message.
Archy le lut rapidement les sourcils froncés. Devant son silence prolongé, Fowly s'impatienta
- Et bien...
- Rien de grave, nous sommes de garde. Kartashof nous fait savoir que nous sommes intégrés aux escadrilles affectées à la protection de la base et que nous devrons patrouiller avec 4 avions à tour de rôles avec les russes.
- Boarf, il ne se passera rien, les Fritz sont terrés grelottant dans leurs positions. Avec ce qui se prépare, ils ont d'ailleurs intérêt à renforcer leurs positions. Parce que j'ai méchamment l'impression que ça risque d'être leur fête.
Certes les Allemands allaient souffrir de cette offensive, mais j'étais quand même légèrement optimiste quant à leur soit disant léthargie. L'Allemagne était à ce moment là encore loin d'être à genoux. La meilleur armée du monde allait encore donner bien du fil à retorde aux Russes.
Le lendemain matin alors que la plupart des pilotes dormaient encore à moitié abruti par les excédents d'alcool, notre Group Captain en tant qu'officier exemplaire prenait la direction de la première patrouille, composée d'Oscarbob, René et Yoda.
Lorsqu'ils approchèrent de leur avion au petit matin, un soleil flamboyant se levait à l'horizon embrasant de ces rayons jaunes la campagne russe. Le thermomètre affichait une température de -22°. La neige crissait sous les bottes fourrées des 4 pilotes emmitouflés dans leurs tenues d'hiver. Sans un mot alors que le premier moteur Merlin crachait des flammes aux échappement sur la base encore silencieuse, après avoir calé leur parachute, les quatre pilotes s'installèrent dans leur cockpit. Lentement, les moteurs montaient en température et Archy donna ses premières instructions.
- Red leader à Blue leader.. Nous allons profiter que la piste principale de soit pas encombrée par les transports ou les bombardiers pour y décoller. Ensuite, une fois en l'air on entame un virage gauche et on suit le plan prévu. Une fois en l'air silence radio pour tous! Nous volerons en échelons droit!
- Roger Red leader! bien compris!
Les quatre Hurricane prirent l'air et pendant une bonne vingtaine de minutes firent route vers le front selon le plan de vol donné par les responsables de la base.
Archy aligna la patrouille sur ce qui devait correspondre à la ligne de front. En dessous de ses ailes, il put apercevoir des tirs d'artillerie provenant des lignes allemandes. De temps des taches plus foncées parfois maladroitement camouflées révélaient des positions de tirs russes ou des chars en attentent. Archy s'écarta au-dessus des lignes allemandes, mais il ne vit rien de suspect. Les teutons étaient visiblement plus adroits dans l'art du camouflage que la VVS. Un petit nuage noir provenant d'une pièce DCA et éclatant à quelques encablure des Hurricane lui confirma qu'il était bien au-dessus des lignes ennemies. Il repris son plan de vol initial.
- Red Leader de bleu n° 2. Sir en bas à 10h00, cap ... 200. Il y a un avion qui survole nos positions.
- Roger! Red Leader vu. Bleu Leader vous restez en haut. Je descends voir à quoi ressemble ce spot.
Les deux Hurricane basculèrent sur l'aile et alignant son avion pour faire son approche dans le soleil, Archy s'approcha encore de l'avion suspect. Le pilote ne semblait ne l'avoir toujours pas vu. Bientôt, une grande aile haute ornées de croix noires annonçait un Fiseler Storch. Le frêle appareil portait un camouflage blanc hâtivement passé sur le vert d'origine. L'avion volait lentement en toute impunité au-dessus des soviétiques qui n'avaient pas l'air de s'en préoccuper puisque aucun tir ne semblait venir du sol. Le Storch devait faire du pointage pour l'artillerie. Archy s'approcha doucement, grand pas et moteur au ralenti pour ne pas alarmer l'observateur ennemi probablement affairé par ce que passait en dessous de lui ne semblait pas avoir remarqué l'Hurricane qui s'approcha encore. Soudainement, à moins de 200 mètres alors qu'Archy allait tirer, le petit avion décrocha brutalement sur la gauche et plongea vers le sol. Complètement surpris, le pilote du Hurricane remis les gaz et effectua un virage en palier à droite, cherchant du regard le Fiseler Storch qui fonçait maintenant vers les lignes allemandes. Archy jura en lui-même.
- Quel idiot je fais, j'aurais pu l'allumer sans problème à trois cents mètres.
Toujours suivi par Yoda était son ailier, il tenta de revenir sur l'avion allemand. Mais à chaque fois le pilote réussissait à éviter son par une manœuvre évasive.
- Bleu Leader à Red Leader. Nous venons de franchir la ligne de front. La DCA commence de se manifester. Lâchez le Sir, ça devient risqué.
Mais Archy exaspéré par ce moustique qu'il n'arrive pas à écraser insiste. Ca y est, quelques balles ont touché l'aile gauche du Storch. Archy aperçoit des morceaux de tôle s'éloigner en virevoltant. Le petit transport allemand semble résigné et vol maintenant droit. Archy s'approche dans le but de lui mettre le coup de grâce.
Renée qui continue de couvrir les deux Hurricane qui évoluent maintenant à moins de 100 mètres du sol s'inquiète.
- De bleu leader à red leader! J'insiste, nous pénétrons trop profondément dans les lignes ennemies. Nous risquons d'être coiffé par la chasse ennemie.
- C'est bon, c'est bon Blue leader, je l'ai presque, encore quelques secondes et je romps le combat!
Le Fiseler Storch grandit dans le revi. Archy sélectionna les mitrailleuses.
- Pas la peine de gaspiller du 20 mm pour ce machin.
Au travers du viseur, il vit soudainement le toit en verre de l'appareil ennemi s'illuminer alternativement de petits éclairs bleus. Quand il eut compris, c'était trop tard. Le mitrailleur arrière avait sagement attendu qu'il stabilise son avion confiant pour lui envoyer une bonne rafale dans le moteur. L'hélice s'arrêta instantanément.
- Zut je me suis fait avoir. Moteur endommagé.
Tripotant les interrupteurs nerveusement, il passa sur la magnéto n° 2 et tenta de lancer le moteur ainsi, mais rien à faire. Le Merlin refusa catégoriquement de donner de la voix. Résigné, il regarda son altimètre... 200 mètres,
- Les gars, je suis trop bas pour m'éjecter et trop loin de nos lignes pour tenter de les rejoindre. Je vais tenter de me poser sur la petite route au milieu du bois. Si ça passe quelqu'un pourra éventuellement se poser pour me récupérer.
René de plus en plus nerveux se mis à surveiller le ciel anxieusement.
- Blue leader à red leader! Négatif, Négatif, j'aperçois au loin au moins 20 contacts qui nous viennent dessus! On décroche en direction de nos lignes, on tâchera de vous récupérer plus tard. Essayer de rester en contact avec nous. Red 2 et Blue 2 avec moi on va essayer d'éloigner les bandits du patron.
Pendant que les trois Hurricane rescapés fonçait plein gaz en direction de la base.
Archy dans le silence à peine troublé par le sifflement de son hélice en drapeau s'approchait de la petite route. Lorsque l'avion toucha le sol il fut secoué dans tous les sens. Risquant le cheval de bois à plusieurs reprises, Archy réussi à freiner son chasseur juste avant une rangée d'arbres mal placées. Alors qu'il était pratiquement à l'arrêt la roue droite du train heurta un tas de neige et l'avion fit une violente embardée dans la neige. Archy crispé aux commandes, vit l'aile gauche frôler les arbres d'une clairière. Le Hurricane s'immobilisa enfin. Tremblant, Le pilote dégrafa son harnais, ouvrit la verrière et se précipita à l'extérieur en direction de la forêt pour se trouver un abri. Une fois accroupi derrière un grand sapin, il sortit son revolver. Mais personne ne semblait avoir remarqué son atterrissage forcé. Il entendait au loin des bruits de moteur d'avions s'éloignant et le grondement sourd de l'artillerie. Mais à proximité immédiate de sa position, il n'y avait pas un bruit. Il resta encore un instant à couvert, puis se décida à quitter sa place. revolver toujours au point, il revint vers le Hurricane. Bien malgré lui, en effectuant sa manœuvre improvisée, le Hurricane s'était enfilé sous des arbustes qui au moins le camouflait du ciel. Il inspecta le train d'atterrissage et la structure de l'avion qui ne semblait ne pas avoir trop souffert. Il jeta un oeil au capot moteur. Quelques trous parsemaient celui-ci ainsi que le dessus de l'aile gauche. Le mitrailleur allemand savait viser juste. Pendant un instant il maudit son geste stupide. Il s'en voulait d'autant plus qu'il avait pu constaté bien avant de se faire allumer que le pilote allemand du Fiseler était loin d'être un manche. Au moyen de son couteau de poche, il ouvrit les panneaux latéraux du moteur encore tiède. Il constata rapidement les raisons de sa panne moteur. Une des magnétos avait été détruites par une balle et surtout les câbles blindés d'alimentation étaient détruits à plusieurs endroits et surtout irréparables. Il grimpa dans le cockpit éteignit le tableau de bord encore allumé et coupa le contact au moteur ne conserva que l'alimentation à la radio. Il empoigna le micro.
- Ici red leader, la base... Stanmore est-ce que vous m'entendez?
Les pilotes du squadron 134 avaient pris l'habitude d'appeler notre centrale radio Stanmore comme celle avec laquelle ils avaient l'habitude d'opérer en Angleterre. Après quelques secondes d'hésitation la voie de notre officier de liaison le Lt Simson répondit:
- Ici Stanmore, je vous écoute Red Leader!
Archy respira un grand coup.
- de red leader à Stanmore, j'ai un problème moteur et je me suis posé en catastrophe. Mon avion est réparable et je devrai pourvoir repartir avec. Mais il me faudrait plusieurs pièces pour effectuer une réparation de fortune.
- De Stanmore à red leader. Veuillez donner votre position.
Archy se mordit les lèvres. Il ne pouvait pas transmettre de détail concernant sa position car si les Fritz étaient à l'écoute, il risquait gros de les voir arriver bien avant ses camarades. De plus, si Simson n'était pas au courant, c'est que René et les trois derniers Hurricane n'étaient pas encore rentrés. Machinalement il regarda sa montre. 57 minutes qu'ils avaient décollé, les trois avions avaient encore pour maximum 20 minutes de carburant. Il fut très inquiet, car peu avant qu'il ne se pose, il avait clairement entendu bleu leader annoncer la présence de nombreux contacts, probablement des chasseurs ennemis venus à la rescousse du Storch. Il approcha une nouvelle fois le micro de sa bouche.
- Red Leader à Stanmore! Attendez le retour de la patrouille, ils devraient vous donner ma position.
La réponse confirma son mauvais pressentiment.
- Bien compris red leader. Nous n'avons pas plus nouvelles de la patrouille depuis environ 20 minutes. Nous restons à l'écoute terminé.
A la base, l'attente commençait.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:45

Dans la salle radio, outre notre officier de liaison, l'opérateur radio et son aide, se trouvaient Fowly et moi-même. Anxieusement, nous avions suivi la conversation d'Archy.
Local radio
Les Hurricane du Grand Nord Baseraf5ds
Fowly pensif, pris la parole.
- Si Archy ne nous donne pas sa position et qu'il s'inquiète du sort du reste de son groupe, c'est qu'il est posé en territoire ennemi. Il compte sur René et les autres pour nous donner le lieu de son crash.
Il regarda sa montre et interrogea l'Officier de renseignements.
- Combien de temps qu'ils sont en l'air Simson?
- 60 minutes à peu près Sir.
Les Hurricane du 134ème partent en mission
Les Hurricane du Grand Nord Baseraf32fn
Fowly s'approcha de la carte agrafée au mur. Avec son crayon, il tapota sur la zone de surveillance que les Hurricane étaient censés surveiller.
- Encore maximum 20 minutes de vol.... ils peuvent encore rentrer... à moins qu'ils aient été engagés par la chasse ennemie et dans ces conditions, ils ont dû consommer beaucoup plus.
Il se retourna vers Simson
- Dites-moi Simson, est-ce qu'on vous a avisé de la présence de combats aériens dans ce secteur du front?
- Négatif Sir, mais je vais vérifier cela avec les Russes.
- Oui faites le rapidement et en attendant, il ne nous faut plus essayer de le contacter avant que nous ayons un maximum de renseignements au sujet de sa position. Trop de risques que les Allemands soient à l'écoute.
Lorsqu'il avait aperçu les 109, René avait immédiatement pris la direction de la base. Il s'escrimait avec la radio qui restait désespérément muette à tous ses appels. Probablement fichue qu'il se dit en lui-même. Il insista.
- De leader bleu à la base. Nous nous trouvons au nord de Mozhaisk entre la ville et nos lignes... Stanmore m'entendez-vous?
Les gaz ouverts en grand, les mains crispées sur le manche, il imprimait une légère descente à son Hurricane pour essayer de maintenir le plus de distance possible entre les avions ennemis et les trois chasseurs britanniques qui formaient maintenant son groupe. En dessus d'eux, les Me109 les talonnaient maintenant à moins de 1000 mètres. Profitant de leur altitude, les Messerschmitt se rapprochaient lentement mais sûrement. Un rapide coup d'œil à droite et à gauche le rassura quant à la présence de Yoda et Oscarbob.
- Bleu leader à tous. Au top, Oscar tu breaks à droite, Yoda avec moi. Ensuite, chacun pour soit et cap 300 direction nos lignes. On ne doit plus être loin maintenant, volez bas et essayez de vous faire voir de la DCA russe... Attention ... maintenant ...TOP!
Les trois Hurricane s'égaillèrent dans tous les sens surprenant les Messerschmitt qui au lieu de tenter de rester derrière eux, profitaient de leur vitesse pour remonter et conserver ainsi leur énergie si précieuse en combat aérien.
Mal pris après le crash d'Archy, René ramène les Hurricane poursuivit par les 109
Les Hurricane du Grand Nord Hurri19co
René hurla dans le micro.
- C'est bon les gars, ils nous ont momentanément perdu... cap 300 plein gaz...


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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:46

Quelques secondes plus tard, des traçantes venant du sol montèrent vers le ciel. Dans un premier temps, Oscarbob eut l'impression qu'elles montaient dans sa direction, mais il eut tôt fait de constater qu'elles cherchaient une autre cible sur sa gauche. Il chercha du regard et remarqua un 109... non deux qui volaient l'un derrière l'autre. Son premier réflexe fut de s'éclipser rapidement, mais au moment où il allait s'éloigner, il aperçut un Hurricane qui volait tout droit devant lui. Ca ne pouvait être que Yoda. Il cria dans son micro.
- Yoda dégages droite, tu as deux 109 au cul.
Le Hurricane se mit à tourner mollement et une rafale tirée par le premier 109 toucha de plein fouet l'arrière du chasseur anglais.
- Bleu leader, de Bleu 2, je fonce au secours de Yoda qui est dans la panade! Yoda réponds bon sang! Qu'est ce que tu fous? Tu dors ou quoi?
Le virage ruisselant de sueur, les yeux exorbités, le jeune pilote était paralysé, tétanisé par la peur. Il n'était plus en mesure de ce défendre. Le pilote allemand s'aligna posément derrière lui pour lui mettre le coup de grâce. Effaré Oscarbob assistait en direct à cette mise à mort. Soudainement la situation fut confuse. Les deux 109 abandonnèrent brusquement leur proie et firent demi-tour. Oscar eut la désagréable surprise de constater que d'autres 109 étaient également dans le secteur mais qu'il ne les avait pas vu. Heureusement pour lui tous ces avions faisaient également demi-tour. Il eut bientôt la raison de ce brusque revirement. Plusieurs points brillants venaient d'apparaîtrent au-dessus de la zone de combat. Les Mig de Pokrishkin! Visiblement la Luftwaffe n'avait pas envie de se frotter à l'As soviétique. Oscar se rapprocha de l'avion de Yoda. Une fois à ses côtés, il aperçut que celui-ci avait arraché son masque à oxygène et par la même occasion son micro. Par signe, Oscarbob lui fit signe de le suivre. Régulièrement René leur donnait des indications pour se diriger vers la base de Vitbesk plus proche.
A Vyazma, Simson venait d'informer Fowly qu'effectivement des combats aériens entre Hurricane, Mig3 et Bf109 avaient été signalés.
Sur la table à côté de la radio, le téléphone de campagne se mit à grelotter. Étant le plus proche je décrochais.
- Squadron Leader Harry j'écoute?
La voix familière de René me répondit.
- Dieu soit loué c'est toi Harry. Nous sommes à Vitbesk posé à court de pétrole. Archy a dû se poser en catastrophe à l'intérieur des lignes ennemies. Yoda à son moteur en carafe et doit laisser son Hurricane sur place. Il y a ici un vieux Gladiator que les russes ont piqué aux Norvégien. Yoda rentrera avec mon avion et moi avec le Gladiator. Il est équipé de skis, nous pourrons l'utiliser pour tenter de récupérer Archy.
- Ok, mais faites vite. Le temps presse, et il faut aller chercher Archy avant la nuit.
...


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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:46

S'il y en a une qui n'est pas franchement tranquille, c'est bien la pauvre Angel. Elle est assise dans un coin de la pièce, le visage blême elle suit discrètement l'évolution du sauvetage. Fowly tente de la rassurer.
- T'en fait pas Angel, on va aller te le récupérer ton bel Adonis! La machine est en marche, ça devrait aller vite maintenant.
La malheureuse n'avait pas l'air convaincue. Depuis le premier jour où elle avait rencontré Archy, elle savait qu'elle risquait de le perdre et s'était habituée courageusement, tout comme Archy d'ailleurs, à cette probabilité. Mais là, elle ne voulait pas le croire, c'était trop tôt. Pas ici en Russie, loin de tout, il y avait un espoir, tous les pilotes du 615 semblaient s'être mobilisés pour le sauver, elle devait avoir confiance. Les yeux brouillés elle attendait...
Je m'installais dans la Lada de Yann-Per, et je fonçais vers le QG russe.
- Où est-ce que tu as dégotés un engin pareil Yann?
- C'est un pote à moi qui me l'a donnée. Elle était destinée à un de ses camarades ingénieurs, un certain Oleg. Mais comme il a eu un accident dernièrement et qu'il en a pour au moins pour deux semaines de rétablissement, il l'a momentanément gardée. C'est chiant parce que ce Oleg était censé apporter des améliorations importantes à plusieurs avions.
Pendant que j'écoute d'une oreille distraite les éculubrations de mon collègue, je réfléchi comment je vais présenter cela à Kartashof. Les Russes n'ont pas l'habitude de se mobiliser pour récupérer l'un des leurs, ils auraient même plutôt tendance à l'envoyer en camp de travail s'il avait le malheur de réussir à s'échapper et à rejoindre ses lignes.
Lorsque je pénétrais dans la cabane utilisée comme QG, je trouvais Kartashof en pleine discussion avec deux chefs d'escadrille, je connaissais l'un des deux, Tchaikaram pour avoir déjà voler avec son escadrille composée d'I16. Mon entrée interrompit la discussion. Avant que je puisse prononcer le moindre mot, Kartashof sans même lever la tête de sa carte pris la parole.
- Si vous venez nous solliciter pour récupérer votre Group Captain, ce n'est pas la peine d'insister, c'est non!
J'étais surpris de savoir que l'officier russe connaisse la raison de mon intervention.
- Comment savez-vous que le Group Captain Archy a un problème?
Il répondit avec un certain cynisme.
- Parce que ça fait une bonne heure que vos pilotes essayent de vous atteindre en utilisant notre canal.
En rapatriant les Hurricane, Archy avait probablement utilisé le canal des russes pour communiquer régulièrement sa position. Une fois posés, les pilotes avaient oublié de repasser sur le canal qui nous était attribué.
- Quoi cela fait 1 heure que vous les entendez demander du renfort et vous ne réagissez pas....
Kartashof me fixa d'un regard noir.
- Pokrishkin lui-même et 7 de ses pilotes sont partis à leur secours... que voulez-vous de plus Harry? Que Staline y aille lui-même?
L'As russe Pokrishkin et son escadrille de Mig3 décollent à la recherche d'Archy
Les Hurricane du Grand Nord Mig16uw
Je me rendais compte qu'il était inutile de discuter avec lui.
- Et bien j'aurais au moins souhaité que vous nous informiez de la chose Colonel, nous étions en soucis... merci quand même.


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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:54

Dépité, je quittais la pièce d'un pas rageur. Yann m'attendait toujours près de sa Lada. Au moment où nous allions démarrer, le Madlishi Lieutenant Tchaikaram qui quittait le QG, m'interpella dans un mauvais anglais.
- Ca maintenant tour de moi pour patrouille. Toi donner position Archy, nous venir avec toi pour attaquer boches.
Il me donna une tape sur l'épaule en me faisant un clin d'œil.
Entre temps les deux Hurricane étaient enfin arrivés de Vitbesk. Fowly se précipita à leur rencontre.
- Alors, où est René et le Gladiator?
Oscarbob qui était crevé répondit:
- Il arrive Sir. Ca n'a pas été facile de le mettre en route, les batteries étaient gelées et puis ce n'est pas un foudre de guerre question vitesse.
Yoda s'approcha à son tour.
- Je..je suis désolé de ce qui s'est passé Sir !
Malgré la situation tendue, Fowly le gratifia d'un sourire compatissant
- Plus tard Yoda, plus tard si vous voulez bien. Allez vite faire votre rapport, ensuite vous irez au mess vous faire servir un café. Vous en avez grand besoin je crois.
Bientôt le bruit caractéristique du moteur en étoile du Gladiator se fit entendre au loin. Machinalement je consultais ma montre. 15h15, encore un heure maximum avant les premières heures sombres. Faut qu'on se manie le train.
A la vue du biplan, il y eu plusieurs commentaires moqueurs de la part des pilotes qui s'étaient agglutinés sur le perron.
- Ben mon colon, t'as vu ce truc et dire que nos vieux se battaient avec ce machin.
A ces mots, Fowly se raidit deux secondes.
- Vos "vieux"! Vous ne manquez pas de culot vous, il y a encore moins de deux ans le 615 était entièrement équipé avec des Gladiator... baissant d'un ton la voix il s'approcha du groupe médusé...
- Et je peux même vous dire qu'on a descendu des 109 et des Dornier 17 avec ...!
Pendant que les mécaniciens s'affairaient à maintenir le moteur en route et en même temps lui faire le plein, nous nous rendions avec René au local radio. Penchés sur la carte les sourcils froncés, René nous indiqua la zone ou le crash s'était probablement déroulé.
Le Gladiator est ramené de la base de Vitbesk par René
Les Hurricane du Grand Nord Baseraf2radio4gi
Pendant tout ce temps, Archy attendait anxieusement. Au vu du dernier message de Fowly, il avait compris que nous étions au courant de sa situation. Heureusement, avec le froid matinal, il avait pris son épais manteau d'hiver et, toujours assis à l'intérieur du Hurricane, il s'y était blotti. Cependant, dès qu'il fermait le cockpit, la buée qui se transformait rapidement en givre, recouvrait l'intérieur de la verrière masquant sa vue. Comme il tenait à conserver un regard vers l'extérieur, grelottant de froid, il s'était résigné à la laisser en position ouverte. Il avait soigneusement refermé le capot moteur pour éviter que le givre ne recouvre les composants. D'un oeil inquiet, il observait le manomètre de température d'huile qui descendait gentiment. Dans une heure, l'huile moteur figerait et il ne pourrait plus démarrer. Alors que le pessimisme le plus noir commençait d'occuper ses pensées, un grondement sourd attira son attention. Il eut beau se pencher en avant, il ne vit rien. Le bruit s'était arrêté maintenant. L'oreille aux aguets, il quitta son avion et courbé en avant, s'abritant du mieux qu'il pouvait derrière les quelques arbres clairsemés de la clairière, il s'approcha de la route. Sur sa droite, aussi loin que son regard portait, il ne vit rien. A gauche, la route en pente l'obligea à avancer à découvert de quelques dizaines de mètres. Au loin, il finit par apercevoir une intersection de deux routes. Venant de l'ouest, il y avait une colonne de véhicules qui étaient immobilisées. Discutant devant un Kubelwagen deux officiers de la Wermacht semblaient hésiter sur le chemin à prendre.
Archy s'éloigna en toute hâte de sa position. Il était catastrophé, si la colonne venait vers lui il était foutu. Les traces laissées par son Hurricane lors de son atterrissage en urgence ne laissaient aucune équivoque quant à sa position. Il était fait comme un rat. Tu parles d'une prise pour l'ennemi, un Group Captain de la RAF. La Gestapo ne manquerait pas de l'interroger sur bien des sujets gênants et il connaissait de réputation leurs méthodes d'interrogatoire. Il se précipita dans son avion empoigna une nouvelle fois la radio.
- Stanmore ici bleu leader, m'entendez-vous?
La voix calme de l'opérateur radio lui répondit. Il fut d'ailleurs surpris par la qualité de la communication.
- Avez-vous de nouvelles de mon groupe Stanmore?
- Yes Sir, affirmatif! Ils sont rentrés indemnes tous les trois. Le Wing Commander Fowly est entrain de tout organiser.... vous concernant!
- Ici Bleu leader, j'ai un problème avec une chenille feldgrau assez longue qui approche par l'est, je serais heureux que vous fassiez le nécessaire rapidement. Il me faudrait également les câbles d'allumage blindés qui relient les magnetos aux distributeurs et aussi une batterie chargée pour donner un coup de pouce pour démarrer .
- Ici Stanmore, je vous passe Sir Fowly qui est à côté de moi Bleu leader.
- Ok Archy, on a compris quel était le danger. On démarre dans quelques minutes. Harry est parti au hangars pour récupérer les pièces dont tu as besoins. René nous a donné ta position approximative, fais nous un appel de phare dès qu'on est dans le coin.
Archy n'avait plus froid. Au loin, le grondement sourd avait repris et il semblait se rapprocher de lui.
Une colonne allemandes se rapproche dangereusement du lieu où se trouve le Hurricane endommagé
Les Hurricane du Grand Nord Colonneallemande3fd
Accroché au marchepied droite de la Lada à Yann, je fonçais maintenant vers les 4 I16 qui s'apprêtaient à décoller. Tchaikaram me fit signe de son cockpit et je grimpais sur l'aile de son petit chasseur. Je mettais la carte à l'intérieur de l'habitacle à l'abri du vent de l'hélice. Du doigt je lui montrais la position estimée du crash et une route qui traversait le secteur. Criant pour dominer le bruit du moteur je tentais de lui expliquer la situation.
- Là... avion du chef Archy... ici panzer... beaucoup panzer. Nous venir dans 5 minutes avec toi.
Le Madlishi Lieutenant Tchaïkaram me fit signe du pouce qu'il avait compris. Avec un grand sourire, il me montra ses ailes sous lesquelles trois paires d'obus fusées y étaient accrochés.
Pendant que je m'éloignais en courant, les I16 prenaient leur envol à tour de rôle. Je me précipitais dans la Lada et Yann démarra une nouvelle fois en trombe faisant déraper son carrosse dans la neige.
- Au hangar et au trot, je dois récupérer une pièce et des outils pour le Hurricane d'Archy.
Yann-per resta quelque peu surpris.
- Vous allez vraiment tenter de le récupérer avec son avion Sir. Ce n'est pas un peu risqué de vous attarder sur place?
- J'en sais rien... je vous le dirai au retour. Attention à la motocyclette Yann! Bon sang vous roulez toujours à cette vitesse? Si vous continuez comme ça, vous allez finir par avoir un accident et votre ami Oleg n'aura jamais sa Lada!
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:55

La voiture russe s'arrêta dans une longue glissade devant le hangar principal. L'adjudant Wilkinson m'attend déjà avec une batterie et les câbles.
- Voici le matériel demandé Sir, et ici les outils pour procéder au remplacement. Vous ne voulez pas que je vienne avec vous, ça ira probablement plus vite.
-Non Wilkinson, merci de votre offre, mais si le Hurricane ne démarre pas, je devrais rapatrier Archy avec le Gladiator et si vous êtes là, ça ne sera pas possible!
Le Gladiator est toujours là moteur tournant au ralenti. Heureusement que nous sommes dans le grand nord, sinon il y a longtemps qu'il serait en surchauffe. Alors que je m'installe dans le cockpit, Fowly et Ejybe qui ont pris le maximum de pilotes valides, décollent en levant une véritable tempête de neige.
Je n'ai jamais décollé avec des skis, mais bon, tant qu'il y a de la neige, ça doit glisser. Je lance le moteur à fond et gentiment, le Gladiator s'ébranle. Suivit par le regard incrédule des occupants de la base, je traverse la piste, sort de la base et décolle finalement. Sympa le Gladiator, la dernière fois que j'en avais piloté un c'était lors de la bataille de France. Mais nous n'avions pas eu le temps de l'engager sérieusement si ce n'est pour couvrir la retraite de nos soldats à Dieppe et Dunkerque. Une fois en l'air je constate avec une certaine amertume que l'avion possède encore sa radio d'origine norvégienne et qu'il m'est absolument impossible de communiquer avec qui se soit. Et merde ça promet.

Archy a finit par quitter son avion et s'est éloigné dans la forêt qui est suffisamment dense pour que la neige ne parvient que peu sur le sol. C'est important dans la mesure ou il ne laisse pas de traces et le cas échéant difficile de le localiser. Il s'est mis à couvert dans une pépinière et de sa position il voit la route d'où la colonne ne devrait pas tarder à apparaître. Depuis quelques instants, il perçoit des bruits de moteurs d'avions au loin, mais il n'y prête guère attention parce que le trafic aérien est quand même assez important sur cette partie du front.
Bientôt, le premier Kubelwagen suivit de plusieurs camions fait son apparition. Pas de blindés, c'est déjà ça se dit Archy pour se remonter le moral. A l'intérieur du véhicule de tête Archy aperçoit maintenant les deux officiers dont la tête dodeline en rythme avec les défauts de la route. Ca yest ils sont à la hauteur des traces laissées par son Hurricane et apparemment ils n'ont pas l'air de s'en soucier. Incroyable son avion est là à moins de 30 mètres de la route et pour le moment pas un soldat allemand ne semble l'avoir vu. Au même moment, le quatrième camion de la colonne s'arrête brusquement. La colonne s'immobilise. Les deux officiers qui n'avaient toujours rien vu, sortent leur Kubelwagen en apostrophant vindicativement les chauffeurs qui se sont arrêtés. Il doit s'agit d'une colonne de ravitaillement car il n'y a que quelques soldats de garde. Quand ceux-ci indiquèrent la position du chasseur aux deux officiers, ceux-ci hésitent un instant, puis, accompagnés par deux soldats armés de mitraillettes, ils s'approchent prudemment. Jurant intérieurement, Archy se planque plus en arrière sous son taillis. La main crispée sur la crosse de son revolver, il attend. De sa place, il perçoit nettement les pas des quatre Allemands dans la neige. L'un d'entre eux monte sur l'aile. Probablement un des officiers, car il l'entend donner des ordres brefs. Archy relève la tête et voit les deux soldats se précipiter vers les camions. Probablement pour signaler la position de l'avion par radio.
Les I16 du Madlishi Leutnant Tchaikaram arrivent à la rescousse
Les Hurricane du Grand Nord Tchaik13if
Le sifflement des deux obus fusées russes chuintèrent dans l'air glacé avant de toucher le véhicule de tête qui est soufflé par l'explosion et expédié sur le toit à plusieurs mètres de la route.
Un déluge de feu et de fer tombe du ciel
Les Hurricane du Grand Nord Colonneallemande25my
D'autres obus fusées suivis du staccato des canons de 20 mm russe atteignent presque simultanément les Opel Blitz qui explosent ou brûlent l'un après l'autre.
Les I16 ne font aucun cadeau
Les Hurricane du Grand Nord Tchaik21mx
Les quelques soldats et les chauffeurs qui tentent de s'opposer courageusement à l'attaque aérienne sont fauchés par les tirs de mitrailleuses des I16 de Tchaïkaram qui ne s'éloignent que pour revenir quelques minutes plus tard, quand les survivants tentent d'apporter des soins aux blessés dont certains hurlent couchés dans la neige.
Il n'y a plus aucun survivant
Les Hurricane du Grand Nord Tchaik37li
De nouvelles rafales et le silence revient. Puis à nouveaux les survivants qui se relèvent sont surpris par les I16 qui ne laissent que des carcasses calcinées et des cadavres le long de la route. Après ce raz de marée de feu et d'acier plus rien de bouge du côté des véhicules allemands. Au moment où il se relève, Archy entend des voix allemandes.


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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:55

Volant bas avec le Gladiator, j'aperçois des traceuses illuminer régulièrement le ciel au loin, mais sans radio, impossible de savoir ce qui se passe exactement. la carte sur le genoux je me dirige à vue. Ca y est, une forêt sur une petite colline. René m'avait affirmé avoir aperçu peu avant l'apparition des 109, un bois en léger surplomb par rapport au reste de la campagne. Je la prends plus à l'ouest et je remonte une petite route en direction de nos lignes. Bientôt j'aperçois de la fumée. Je descends prudemment et constate qu'il s'agit de véhicules ennemis, Est-ce la fameuse colonne mentionnée par Archy? En tous cas si c'est elle, il ne reste plus un véhicule entier. Ils brûlent tous. Je vois également de nombreux corps de part et d'autres de la route. Bigre les russes n'y sont pas allés de main morte.
Le gladiator se pose à proximité du Hurricane
Les Hurricane du Grand Nord Gladsepose2rz
- Halte ne bougez plus!
Surpris les deux officiers allemands se retournent. Archy les tient en joue avec son revolver. Un des allemands met prestement la main à son étui, mais le Webley tonne. La vareuse se tache de sang à la hauteur du plexus, le P38 partiellement extirpé de gaine tombe dans la neige et le soldat allemand le suit dans sa chute face contre le sol. Une odeur de Cordite chaude se répand. Le deuxième allemand a les yeux exorbités, son regard va nerveusement de son acolyte au reste de la colonne de véhicules. Il semble complètement paniqué. Il se met à parler vite.
- Bitte, nein! Nicht schiessen! Nein Bitte! Ich will nicht sterben!
Tout en le tenant en jour Archy s'approche.
- Jettes ton armes, allez, allez, fait pas le con! Jettes ton arme Bordel!
Lentement l'officier s'exécuta. Il prend son automatique du bout des doigts et le laissa tomber dans la neige.
- Et maintenant demi tour et fiches le camp, allez, Rauss!
Ce dernier, trébuchant dans la neige prend la fuite en direction de la route par laquelle il est venu.
Archy est choqué, les soldats allemands semblent fatigués et surtout mal équipés. Il ramasse l'automatique qui met machianelement dans la poche intérieur de son manteau.
Le bruit d'un moteur d'avion attire son attention et il est soulagé d'enfin apercevoir le Gladiator.
J'exécute un long virage gauche en glissade et le biplan touche enfin la neige. Moteur au ralenti, je m'approche d'Archy qui semble étrangement calme alors que visiblement, il y a eu une sacré bagarre dans le secteur.
Je descends de l'avion et je vais à sa rencontre.
- Merci Harry content de te voir. Tu as les pièces?
- Ouai j'ai tout. Je suis obligé de laisser le moteur tourner, les batteries sont fichues.
Prestement Archy grimpe sur l'aile du Hurricane endommagé. En quelques gestes précis, il change la magnéto et branche les fils. En moins de 10 minutes le travail est terminé et il ferme les capots.
- Tu as la batterie d'appoint. Faut qu'on y aille, avec tout ce tintamarre les Fritz vont rappliquer bientôt.
Ployant sous le poids du lourd accumulateur, je m'approche du Hurricane. Les batteries sont reliées entre-elles et le moteur démarre enfin.
Alors que je me précipite vers le Gladiator, je remarque à côté du cadavre de l'officier allemand, le P38 enfoncé dans la neige. J'hésite une seconde et je ramasse l'arme. D'une main preste, je récupère les deux boîtes de cartouche qui se trouvent dans sa sabretache. Ca me fera un petit souvenir. Archy a déjà commencer de rouler en direction de la route. Je saute dans le biplan et tendu, j'attends que le Hurricane ait décollé. Il me semble qu'il faut une éternité à Archy pour s'aligner sur la route. Enfin, il met les gaz progressivement et laissant la colonne de véhicules détruits derrière lui, il prend l'air. Allez c'est à mon tour, je mets les gaz et le Gladiator se met à glisser sur ses skis, à peine lancé, mon avion fait une embardée sur la gauche et, catastrophe, l'hélice se brise en heurtant la neige glacée. Le moteur arrêté, je contemple médusé le résultat.
Au décollage, le Gldaitor heurta une racine et se renversa
Les Hurricane du Grand Nord Gladcrash0df
Je quitte l'habitacle. Il y avait une racine contre laquelle le ski droit à touché provoquant ainsi le basculement de mon avion. Je suis dans une belle merde, pas de radio pour contacter Archy qui s'est envolé et cette fois la nuit tombe vraiment. Pourtant, le Hurricane revient sur zone. Après un passage bas, Archy a probablement remarqué ma position délicate et train sorti, il fait son approche sur la route.
Le sauveur sauvé
Les Hurricane du Grand Nord Archysauve2cw
S'il se loupe on sera dans la merde jusqu'au coup. Pourtant, il pose son Hurricane sans casse. Alors que je m'approche en courant, je remarque que des avions tournent plus haut. Amis ennemis? On le saura bien assez tôt. En attendant, j'ai saisi l'empennage du Hurri et j'aide le chasseur à faire demi-tour. Une fois de nouveau aligné sur la petite route, je me précipite vers l'habitacle. Archy se débarrasse de son parachute pour gagner un peu de place et je m'installe sur ses genoux. Impossible de fermer le cockpit, je suis trop grand,il va falloir voler verrière ouverte.
- Prends les commandes Harry j'arrive pas, je vais m'occuper du palonnier, du pas d'hélice et des gaz.
Après avoir récupéré Harry, Archy décolle la deuxième fois depuis la petite route
Les Hurricane du Grand Nord Archysauve24yv
A n'importe quel autre moment je me serais écroulé de rire tant notre position est incongrue. Je surplombe le poste de pilotage et je dois rentrer la tête dans les épaules pour éviter les remous d'air glacé provoqués par l'hélice. Après un long roulage, le Hurricane prends enfin l'air. Je rentre le train et les volets. Dans le crépuscule polaire, nous prenons silencieusement le cap de retour.
Enfin de retour, Angel est rassurée
Les Hurricane du Grand Nord Archyharryleretour6va
Une vingtaine de minutes plus tard, la base était enfin visible.
Au dessus de nous les combats font rage, Pokrishkin accrochera une nouvelle victoire à son palmares!
Les Hurricane du Grand Nord Pokrishkincbal12ag
I16 et Hurricane réunis pour faire la chasse auy 109
Les Hurricane du Grand Nord Hurrii16vs1099dt
Circuit hydraulique détruit pour celui-là
Les Hurricane du Grand Nord 109pertehydraulique9mr
Mais le 109 reste en adversaire redoutable
Les Hurricane du Grand Nord 10911vu
Lorsque notre avion s'immobilise enfin, personne n'éprouve la moindre envie de rigoler. L'aventure a été plutôt éprouvante pour tout le monde et nous sommes tous content de rentrer vivant de cette galère. Dans l'ombre, Angel attend courageusement qu'Archy ait terminé son rapport pour aller enfin le retrouver.
Les Hurricane se posent l'un après l'autre, ce fut une chaude soirée!
Les Hurricane du Grand Nord Hurriretour20vk
Personnellement, je monte une dernière fois dans la Lada de Yann qui me dépose devant le mess des officiers russes. J'ai quelques remerciements à transmettre. On m'informe que Tchaïkaram a déjà rejoint son cantonnement et je l'y retrouve prêt à aller se coucher.
- Haem désolé de vous déranger. Mais je voulais vous remercier pour ce que vous avez fait cet après-midi. C'était très courageux de votre part!
Le russe ne me répond pas. Tout en souriant, il me donne une tape amicale sur l'épaule et s'en retourne dormir.

Et Maintenant en exclusivité... LA LADA D'OLEG tunnée par Yann-Per lui-même!

Vue extérieure
Les Hurricane du Grand Nord Avant13oh

et intérieur ça vaut vraiment le coup d'oeilLes Hurricane du Grand Nord Int11qt

Impressionnant l'influence de Gibbage sur Oleg... Laughing


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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:57

Le retour sain et sauf d'Archy a été un prétexte pour faire une fête dont nous nous souviendrons longtemps. Heureusement le jour suivant, le 134 est au repos. Les Russes formés par Fowly prennent leurs Hurricane et s'en vont en patrouille. C'est la première fois que nos avions s'en vont sans nous. Du perron de ma cabane, j'observe les 6 Hurricane prendre l'air en laissant de petites traînées de condensation dans l'air froid.
- Harry!
Je me retourne, c'est Archy qui m'interpelle depuis le Radio Room et me fait signe de le rejoindre.
Lorsque je rentre dans le local il me tend un message avec demi sourire. Je découvre qu'un nouvel arrivage de Hurricane, des nouveaux MkIIC, est à Mourmansk et attend d'être rapatrié vers notre base.
- Mmmh des MkIIC, ils Allemands vont avoir mal.
- Oui, quoique qu'ils sont quand même un peu moins maniables que les MkIIb. Il paraît qu'il y a également un sacré paquet de munitions. J'aimerais que ce soit toi qui aille là bas les chercher. Ca te fera quelques jours repos. Profites bien.
Ce n'est pas Angel et son Li2 qui nous conduisent à Mourmansk. Mais 4 Li2 pilotés par des russes. William, Moyus, Booper et 8 pilotes russes formés précédemment par Fowly qui voyagent séparément. Nous avons un transport rien que pour nous. Emmitouflé dans une bonne vingtaine de couvertures nous nous installons sur de grands sacs remplis de filets de camouflage. Le voyage comprend une escale et dur un sacré paquet d'heures. Heureusement, le temps est beau et nous ne sommes pas trop secoués. Lorsque nous nous posons le soir à Mourmansk, je découvre la même ville qu'il y a deux mois. Toujours aussi grise et sale et fourmillantes de soldats et civils cheminant sans mot. Le port est encombré de tout de sorte de navires. Au milieu de cet enchevêtrement de mats et de cheminées, je repère plusieurs drapeaux de la Home Fleet. Ca fait chaud au cœur de voir ça, c'est comme un lien qui nous relie à l'Angleterre et à la civilisation. Je découvre avec émotion également un drapeau américain. Après tout les événements de'39 à '40, j'avais presque oublié mes origines, mon père et ça scierie au pieds des grandes montagnes du Wyoming. Est-ce que mes frères ont été engagés après Pearl Habor? Cette vie que j'avais refusée au grand dam de mon père, qui voulait tant que son aîné reprenne les affaires familiales, alors que son fils n'avait d'yeux que pour le ciel et les nuages. Ensuite, Tuskegee, ma formation presque terminée et ma radiation de l'école comme un malpropre pour indiscipline! Salaud de Colonel Mc Gregor. Il me cherchait depuis le début de l'école et quelque semaines de mes ailes, il avait réussi à me foutre dehors. Si je m'en sors, il paiera c'est sûr! Fumier. Je revois mon voyage en train pour la Floride afin de terminer ma période militaire dans une unité d'infanterie. Puis ces pilotes volontaires qui, dans le compartiment voisin du mien, discutaient non loin de moi et qui s'en allaient en Angleterre pour se battre contre les Allemands. A Springfield, j'avais quitté le train sans réfléchir. Non, on ne pouvait pas me priver de voler. J'allais tenter le tout pour le tout. Après un passage à la maison pour embrasser ma mère et constater que mon père ne m'avait toujours pas pardonné, au bout d'un long périple, je finis par débarquer dans la RAF. Voilà 2 ans maintenant que j'ai rejoins l'Angleterre qui est devenue ma nouvelle patrie. Une fuite en avant, tous les jours, des prises de risques inconsidérées pour oublier, oublier mon statut de paria dans mon pays, au point que mon épaule gauche n'arborait pas ma nationalité comme c'était le cas des autres pilotes étrangers de la RAF. J'avais presque oublié cette Amérique qui voulait ma peau de déserteur au point que j'évitais même Cbal et Gunter mes co-équipiers de Tuskegee qui grâce à leur courage s'étaient retrouvés dans la même galère que moi, je leur étais pourtant peu redevable. Et puis voilà au milieu de grand froid russe, ce drapeau flottant parmi les autres, ce drapeau représentant mon pays, ma famille. Je reste un moment songeur debout sur le quai, balayé par un bise noire glaciale et parsemée de flocons grésilles. Les pilotes du groupe connaissent à peu près tous mon histoire. Mais ils conservent un silence pudique et polis devant moi. De temps en temps, on en discute succinctement entre les responsables du squadron, mais ça ne dire jamais très longtemps. Je suis surpris par le main de Moyus sur mon épaule.
- C'est pas facile hein Sir? Moi aussi ma terre me manque. Et mon frangin qui y est resté... enfin la guerre continue et ils nous faut survivre pour gagner, pour que les génération futures sachent ce qui s'est passé et comment les hommes se sont battus pour conserver la liberté!
Sans un mot, et après un dernier regard vers ce drapeau, je fais demi tour pour rejoindre mon groupe qui attend silencieusement. Je me promets intérieurement dès mon retour de parler avec mes deux compatriotes.
Nous allons à la capitainerie pour nous informer au sujet des Hurricane. Nous apprenons ainsi qu'ils ont déjà été déchargés depuis plusieurs jours et qu'actuellement ils sont en cours de remontage à la base de principale située à l'est de Mourmansk. Après avoir pris nos quartiers à l'école de vol de la VVS locale, nous nous rendons avec des camions Zis sur l'aérodrome. Les Hurricane sont bien là. Alignés comme à la parade dans un grand hangars, leurs canons de 20 mm pointant agressivement vers le ciel. Je découvre avec bonheur des mécaniciens anglais qui m'annoncent n'avoir par connu le moindre problème pour remonter les Hurricane qui sont flambant neufs. Ils viendront d'ailleurs avec nous en Li2 pour aider nos mécanos. Je m'informe au sujet des caisses de munitions, de pièces de rechange et de matériel. On m'indique qu'elles sont prêtes à être embarquée. En fait, plus rien ne nous retient ici à Mourmansk, si ce n'est éventuellement la météo... qui s'avère être bonne pour les trois prochains jours au moins. Nous décollerons demain. Les pilotes font la gueule quand je leur annonce ça, surtout les russes qui se voyaient déjà déferler dans tous les bars de la ville. Mais l'argument du risque de raid allemand est imparable et le lendemain je les retrouve tous pour un briefing improvisé dans le hangars où nos chasseurs remplis d'essence jusqu'à la gueule sont poussés à l'extérieur par les hommes de manutention russes. Sur un tableau noir j'indique les caps et les altitudes à prendre. La position des bases de secours où se poser en cas de problèmes. Un traducteurs répète mot à mot ce que je dis. Les pilotes prennent des notes sur des feuilles ou parfois à même leur gant ou leur main. 07h00, les 12 Merlins démarrent en trombe, crachant de leurs tuyères d'échappement des flammes bleues et de la fumée âcre.
Ca sera un vol sans histoire et après une escale sur un aérodrome complètement paumé, finalement, nous nous posons le lendemain. Archy est surpris de déjà nous revoir.
- Ben Harry, t'as pas plus profité de ton séjour là-bas? Quelque chose a foiré là-bas?
Je fais un peu la gueule.
- Boarf, j'ai profité du beau temps pour rentrer le plus vite possible.
Dubitatif, il se rend bien compte qu'il y a un problème mais n'insiste pas. Moyus, Booper ou William lui raconteront. Le soir même, je me rends avec une bonne bouteille de Whisky dans la chambre de Cbal et Gunter.
Toc toc toc!
Un grognement de Gunter me répond à l'intérieur.
- Ouai entrez.
Lorsque je pénètre dans la pièce, je découvre Cbal couché sur son lit entrain de lire et Gunter debout devant le bac en émail qui lui sert de lavabo avec son rasoir et un tube de savon à raser. Il porte sa chemise d'uniforme, son bonnet d'hiver et en slip, les chaussettes en accordéon sur les chevilles. Je me pince de les lèvres pour ne pas rire.
- Bon ça va hein Harry, si t'es venus pour te foutre de ma poire, tu peux directement repartir hein!
Entre nous, malgré la différence de grade, nous avons conservé l'habitude de nous tutoyer. de toute façon, pas la peine d'essayer d'imposer le vouvoiement des Officiers à Gunter qui décidément m'en veut encore d'avoir dû quitter l'Eagle Squadron pour le 615. Cbal plus philosophe a accepté sans trop de remous sa mutation. Pour lui, de faire la guerre sous la bannière étoilée ou l'Union Jack, ça ne change pas grand chose. Pourvu qu'il puisse de temps à autre aligner un boche dans son viseur.
Je suis un peu emprunté car à part une bagarre mémorable avec Gunter, je n'ai jamais vraiment discuté avec mes deux compatriotes de cette situation.
- J'ose m'assoir?
Gunter toujours aussi grognon qui continue de se raser soigneusement fait semblant d'ignorer ma présence.
Cbal s'assied sur son lit, et m'indique une chaise autour de leur table.
- Ben vas-y Harry, t'as quelque chose à nous annoncer.
Je prends mon souffle et extirpe une bouteille de vrai bourbon de mon sac. Puis ma main fouille le sac et je sors un petit drapeau américain que je pose sur la table. Très vite pour éviter de laisser apparaître des sanglots dans ma voix.
- J'ai le mal du pays les gars, alors voilà.... c'est du "Wyoming" un cadeau de mon père avant mon départ pour l'Angleterre... fait dans une de nos distilleries...je ne crois pas avoir un jour pu vous remercier de ce que vous avez fait pour moi...
Il y a un gros silence dans la pièce... Je tripote le petit drapeau étoilé dans les mains. Cbal les yeux humides à le regard fixé vers sa fenêtre qui donne sur la forêt avoisinante, reste silencieux. Gunter a le dos tourné et continue de se raser, mais il renifle gras. Lorsqu'il a terminé de se raser, il se retourne le visage ruisselant. De grosses larmes roulent sur ses joues rouges.
- T'es vraiment qu'un gros enfoirés de merde Harry. Quand je pense que nous pourrions être à côté des copains qui se battent dans le Pacifique et que nous nous retrouvons dans ce trou à rats par moins 50°.
Cbal répond:
- Tu pourrais aussi te retrouver dans les Aléoutiennes avec cette température, et n'oublies pas que si les Anglais n'avaient pas intercédés en notre faveur. Nous serions sans doute dans quelques geôles et Harry attaché à un poteau d'exécution. On crève de froid ici, mais au moins on sert à quelque chose.
Calmé Gunter se mouche dans un énorme mouchoir et s'assied lourdement sur sa chaise qui gémit sous son poids. D'un geste énergique, il pousse son verre vers moi. Il est toujours dans sa tenue "légère" et je me demande comment il fait pour ne pas mourir de froid. Je lui file un bonne claque amicale sur l'épaule et je lui verse une grosse rasade whisky. En moins de deux secondes le verre est vide et reposé bruyamment. Je le rempli une nouvelle fois.
- Les gars, je suis venu pour vous annoncer que je suis intervenu auprès du Group Captain pour qu'on revoit votre statut dès notre retour en Angleterre. On va essayer de vous trouver de nouvelles affectations dans l'USAAF ou l'USN.
Gunter se renfrogne sur sa chaise.
- Pfff mais qu'est ce que tu crois qu'Archy va bien pouvoir faire. C'est quand même pas lui qui va en parler à Roosevelt.
Cbal qui a pris un tabouret et nous a rejoint intervient:
- Oui mais maintenant les USA sont entrés officiellement en guerre et ils vont avoir besoin de pilotes... de pilotes d'expérience.
Nous discutons ainsi jusque tard dans la nuit. Cette discussion m'a fait un grand bien et j'ai le moral remonté à bloc lorsque le lendemain matin je me présente au mess.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:57

Mon nom est inscrit en haut du tableau. D'après le nombre d'avions engagés, ça ne sera pas une patrouille de routine. En plus, je constate que tous les pilotes ayant le plus d'expérience dans l'escadrille ont été retenus. Par exemple, René et Rhamirez qui sont généralement à la tête d'un flight sont ici ailiers. Le plus inexpérimentés du lot à se trouver engager c'est William qui malgré son jeune âge est loin d'être un manche. Cbal et Raja complètent mon groupe. J'avale rapidement mon breakfast composé d'œufs brouillé et de bacon, j'avale ma tasse de thé bouillante et je fonce à l'Intelligence Room. J'y retrouve Archy, Ejybe et Fowly qui mordille sa pipe nerveusement. C'est un signe d'intense réflexion. Sur la table, il y a des feuilles et des cartes éparpillées un peu partout. Le cendrier déborde de relent de tabac froid et la théière est vide. Probablement que notre Wing Commander n'a pas beaucoup dormi cette nuit. Pourtant je retrouve dans ces yeux, l'étincelle qui caractérise systématiquement son enthousiasme lorsqu'il va jouer un bon coup aux Allemands. Il m'invite à les rejoindre.
- Allez vient Harry on va t'expliquer le topo.
Alors que je m'installe à table Archy, me file une lettre avec un grand sourire. Ben voyons qu'est ce qui se passe pour qu'après une nuit blanche nos deux chefs d'escadrille soient de si bonne humeur. Je lis la lettre en vitesse. Ca y est, on va rentrer. Nous sommes rappelés en Angleterre. Fowly poursuit.
- Nous allons fêter dignement notre départ Harry.
Il sort du fatras de feuilles une grand carte et indique au moyen de son crayon un petit ville au nom imprononçable.
- C'est à cet endroit que le Général Dallmayr, chef des troupes allemandes dans notre secteur, fera son inspection générale ce matin à exactement 10h45. Il arrivera avec son train personnel à la gare de.... heu Globarstrs... enfin ce village là où plusieurs divisions de panzer et des troupes sont réunies pour le recevoir.
Et d'un trait énergique, il entoure la zone.
Je devine ses pensées.
- Et si je comprends bien, nous serons également au rendez-vous...
Il reprend enthousiaste:
- ...exactement! En même temps que les Il2 que les russes comptent envoyer là bas!
Je me penche sur la carte pour étudier une peu mieux le trajet. Lorsque je découvre qu'il est à pratiquement 400 km de notre base je retombe sur ma chaise.
- Fowly est que tu n'est pas devenu un peu fou... tu as vu la distance à parcourir... jamais on y arrivera!!!
Mon Wing Commander bombe le torse.
- C'est la même réflexion que j'ai eu quand Kartashof m'a demandé si nos Hurricane seraient capables de couvrir une telle distance pour escorter les IL2. J'ai d'abord refusé. Puis après étude de l'opération, j'ai accepté. Les Iliouchine volent lentement et à très basse altitude. En plus avec ce froid nous pouvons voler radiateur fermé avec le mélange appauvri au maximum de la tolérance. Avec le bon pas d'hélice on le fera sans problème.
Je reste dubitatif. Fowly insiste.
- Harry, lorsque nous volions avec nos Hurricane en '40, on était plein pot tout le temps, radiateur ouvert en grand et wep enclenché. Normal qu'on bouffait énormément de carburant. Mais depuis que nous sommes ici, j'ai constaté que nos consommations baissaient drastiquement. Regarde René et les autres il y a une semaine, ils ont pu se poser à Vitbesk après plus d'une heure de vol dont les 3/4 en situation de combat.
Pas la peine d'insister, Fowly est sûr de son coup et à voir l'état de la table, il a dû passer la nuit à faire des calculs qui l'ont conforté dans son idée.
- Ok j'en suis Fowly.
Je comprends maintenant la présence des pilotes d'expérience au détriment des plus jeunes. En tous cas si les Fritz nous tombe sur le paletot avant l'objectif, Ca va être notre fête.
Archy prend la parole.
- Bon ok, l'approche se fera en rase-mottes. On ne peut pas se permettre de prendre de l'altitude. Il nous faudra économiser l'essence. Harry tu auras le Flight Green, Ejybe le Yellow et vous aurez des MkIIC. Fowly prendra le Flight Blue et moi le "Red", nous aurons des Hurricane Modifié. Les IL2 sont là pour les chars et les véhicules. Harry, Ejybe à vous le train et nous les chasseurs qui ne manqueront pas d'être là! Nous aurons maximum 5 minutes de carburant sur zone. Au retour, le Mig de Pokrishkin et les Lagg3 que le groupe de Tchaïkaram vient de toucher en lieu et place de leur I16, viendront nous récupérer!
Pfuiii, sacré programme.
Une peu plus tard, les pilotes arrivent l'un après l'autre. Les mines sont graves. Ils ont vu le tableau des opérations et ils se rendent bien compte que la mission ne sera pas facile. Pourtant quand Fowly leur explique avec son enthousiasme habituel ce que nous allons faire, les gars ne bronchent pas et continuent de prendre des notes silencieusement. Je suis fier de faire partie de cette équipe. Lorsque Archy annonce enfin que la semaine prochaine nous serons sur le chemin du retour sur l'Angleterre, il a un frémissement de satisfaction dans l'assistance. Lorsque nous avons terminé, nous sortons l'un après l'autre et nous nous dirigeons à pied vers nos Hurricane. Lorsque j'approche de mon appareil j'aperçois des traînées de carburant suintant près des orifices de remplissage. Les réservoirs sont remplis au maximum. Les mécaniciens m'attendent silencieusement. Je prends possession de mon parachute et sans un regard, je m'installe consciencieusement dans le cockpit. Je veille à ce que mes sangles de parachutes ne me gênent pas et je positionne les sangles correctement sur ma battle-dress afin qu'aucun plis ne me dérange. Malgré la difficulté de l'épreuve qui nous attend, je suis très calme et j'effectue check rapidement. Les 16 moteurs Merlin démarrent dans un tonnerre de flammes et de fumée. Soulevant des nuage de neige poudreuse, nos chasseurs avancent lentement sur la taxiway. Sur l'aile gauche de chacun des appareils, il y a un mécanicien qui nous donne un coup de main pour indiquer les modifications de trajectoires. Les 24 Il2 décollent en même temps que nous de la piste n° 3 en béton. Nous ferons pas de circonvolutions au dessus de la base et nous nous mettrons directement en position au-dessus des avions d'assaut russes. Soudainement, plusieurs dizaines de Lagg3 apparaissent au dessus de la base. Ca y est Tchaïkaram est là, il va nous couvrir le plus loin qu'il pourra. Le Flight Green a pour tâche de couvrir le côté gauche de la formation. Rapidement, je retrouve mes trois co-équipiers volant en formation serrée autour de moi. Je suis toujours épaté par une formation tenue par des pilotes d'expérience. C'est à peine si les ailes de leur avion balance dans l'air froid. Nous sommes espacés de quelques mètres seulement. Sur ma gauche, je peux nettement apercevoir William qui, sous ses lunettes on peut deviner ses yeux concentrés. Sur ma droite, le toujours calme, Raja dont j'aperçois le foulard de soie immaculée toujours propre et derrière fermant la formation à quelques dizaine de mètres le nez du Hurricane de Cbal, prêt à nous informer de toutes approches ennemies. A ma droite au loin, les MkIIC de Yellow mené par Ejybe. Devant "Bleu" Fowly qui lead, et derrière "Red" Archy aux commandes de leurs "modified". Au dessus de nous, les "Faucons de Staline" tournent à 2500 mètres d'altitude prêts à notre rescousse. Pas moins de 40 Lagg3 sous les ordres du Capitaine Tchaïkaram récemment promus à tête du 39ème IAP. Si seulement il pouvait rester avec nous jusqu'à l'objectif.
- Soudainement, des éclats de voix russes surviennent dans mes écouteurs.
J'y comprend rien, mais d'après le ton sûr que les "Friedrich" traînent dans le coin. La réponse ne tarde pas à venir. Des 109 déboulent plein gaz au milieu des Lagg qui se dispersent dans tous les coins.
Du coin de l'œil, je surveille mes ailiers. Alors qu'en dessous les Il2 conservent placidement leur trajectoire, les ailes des Hurricane se mettent à battre nerveusement. L'instinct du chasseur est difficile maîtriser dans ces moment là. Surtout qu'il y a déjà trois Lagg en flamme ou fumant gras qui s'éloignent vers l'horizon. Bientôt un 109 pique vers le sol crachant des flammes par son capot moteur, soudainement un aile se replie et l'avion qui se met tourner sur lui même, passe à quelques centaines de mètres de nous avant d'exploser à quelques mètres du sol s'éparpillant en mille morceau sur le duvet neigeux. Je lève la tête à la recherche d'un parachute. Rien. A chaque fois, un pincement au cœur. Soudainement, une trentaine de Mig3, aux ailes peintes en rouges, ce ne sont pas les appareils de Pokrishkine, apparaissent au dessus de nous. Alors que Tchaïk et ses pilotes continuent d'occuper la chasse allemande, nous poursuivons notre périple avec les Mig qui bientôt faute de carburant doivent faire demi tour. Ca y est nous sommes seuls avec les Iliouchine. Le silence radio est respecté à la lettre depuis que nous avons décollé, mais bon les Messerschmitt ont certainement donné notre position et les nombreuses colonnes au sol doivent régulièrement donner des renseignements au sujet de notre présence. Je pressent un accueil avec honneur sur l'objectif. Et à 20 mètres sol, on a beau se confondre avec le sol et jouer à cache-cache avec les collines, si la chasse allemande nous tombent dessus, on est mal, très mal!
Côté carburant les choses se présentent effectivement pas trop mal et réglé très pauvre avec un le pas d'hélice réglé à la limite de la traction, nos Merlins ne consomme pas la moitié de ce qu'il boit d'habitude. Sacré Fowly, rien à dire comme tacticien c'est la crème des crèmes et doublée d'un pilotage et d'une hargne au combat tout à fait hors du commun. Rien à dire, c'est la star du 615/134ème. D'après mon calcul, nous devrions nous trouver à moins de 10 minutes de l'objectif. Quelques minutes plus tard, j'aperçois une ligne de chemin de fer courir sur ma droite, si c'est celle mémorisée sur la carte, nous devons être tout prêt. Soudainement au détour d'une énième colline, les toits des maisons d'un village et celui brillant, d'une église orthodoxe apparaissent devant nous.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 20:57

Instantanément, les Il2 se sont mis en formation de combat. Abruti par les heures de vols et de surveillance anxieuse dans le soleil, je mets quelques secondes à réagir, mais la présence de William tout près de mon aile me sort de ma torpeur, j'enrichi le mélange et passe en pas de combat.
- Green leader à Green Flight on vire à droite et attaque par le nord.
Raja bougonne dans mes oreilles.
- C'est pas normal où est la chasse allemande. Elle doit être en alerte depuis des heures.
J'intime le silence radio car si la chasse n'est pas là, elle risque de rappliquer rapidement si nombre d'informations passent sur les onde allemandes. Mais j'ai beau fouiller le ciel, rien, aucun contact en vue. Alors que les Il2 ont commencé leur attaque, nous surprenons la flack dont les tubes sont tous dirigés vers les lourds appareils. Au milieu des centaines de maisons et d'immeubles, je cherche cette foutue gare où est censé se trouver un train occupé par un Général.
- Là-bas en dessous à trois heures, Harry, la voilà!
C'est Cbal, oui ça y est la voilà, alors que j'entame un virage gauche pour m'aligner sur la voie de chemin de fer, je découvre qu'il n'y en a pas qu'une mais 4, sur chacun il y a des trains et sur certains wagons, il y a de la flack et pas qu'un petit peu. D'un seul coup, des traçantes de 20 mm et de 37 encadrent de près nos Hurricane qui sont maintenant en ligne. Je jette un oeil au badin. 420 km/h, c'est lent. Ca va être notre fête je sens. Instinctivement j'ai rentré la tête entre les épaules. A 500 mètres, les quatre canons Hispanoi Suiza font violemment vibrer mon chasseur. Au loin, une première explosion m'indique que j'ai touché quelque chose de sensible. En effet, la première explosion est suivie d'un effroyable chapelet de déflagration remplissant le ciel de flammes oranges et de fumée noire. La DCA s'est tue. Je vire sec à gauche pour éviter d'être pris dans les remous.
- Merde un train de carburant, dégagez. dégagez!
Les 4 Hurricane se dispersent. Fidèle William est resté derrière moi. Je n'aurais pas le temps de savoir si le train du général était dans le lot de ceux qui ont explosé. Alors que je redresse, j'ai la désagréable surprise d'apercevoir des Messerschmitt 109 au milieu de la mêlée des Il2. Embout de saumons d'ailes arrondit, grosse casserole d'hélice, capot peint en jaune, se sont les 109 de la II/JG69 commandée par l'as des as l'Oberst Kartoffe. On aurait dû s'y attendre, la défense d'un tel événement ne pouvait être couverte que par lpélite de la Luftwaffe. Il y a des chasseurs qui tournent dans tous les sens. Si pour le moment aucun 109 ni Hurricane ne semble s'être écrasé, il y a par contre plusieurs Il2 qui dégagent déjà de la zone moteur fumant. Je tourne la tête dans tous les sens, mais derrière moi, seul William s'accroche. Je n'entends plus les cris et les injonctions dans la radio. Soudainement, alors que je monte inscrit dans virage à droite, j'aperçois deux 109 à la poursuite d'un Il2. Le premier 109 me passe par le travers, de droite à gauche. Je me penche sur le viseur, je donne un peu de correction au juché et les 4 canons aboient. A ma grand surprise l'avion allemand est touché. J'aperçois au moins trois explosions dont une entre le pilote et le moteur. Instantanément, le 109 est encadré de vapeurs de glycol dégage sur l'aile gauche et plonge vers le sol. Je sursaute car à côté de moi, William qui est remonté jusqu'à ma hauteur vient d'ouvrir sur le deuxième chasseur ennemi qui a fait l'erreur de nous tourner le dos pour dégager. Bon chacun un, j'estime que ça suffit et qu'il est temps de rentrer.
- De Green leader à Green Flight, rompez le combat, je répète rompez le combat et rendez-vous à l'est de la ville.
J'ai la satisfaction d'entendre mes trois co-équipiers répondre favorablement. Mais la partie n'est de loin pas gagnée. Car même si la Luftwaffe se préoccupe d'avantage des Il2 qui poursuivent stoïquement leur passage, la présence de nos cocardes britanniques n'a pas l'air de leur plaire beaucoup.
Parmi les cris de joie et de fureur, j'entends la voix posée d'Ejybe annonçant que la cible a été localisée et détruite. Est-ce le train du Général? pAs le temps de demander des infos à ce sujet. A plusieurs reprises des traçantes encadrent mon avion mais à chaque fois un virage sec permets de me débarrasser de l'assaillant qui profite de son énergie pour remonter. Heureusement qu'avec la grande quantité d'appareils se ne sont pas les cibles qui manquent car la situation deviendrait vite intenable. Je sens ma chemise collé par la transpiration au dos. Les voiles noirs se succèdent à chaque virage. De temps en temps, je tire une courte rafale en direction d'un avion ennemi, mais sans succès. Au loin à l'est le temps se bouche, de gros nuages gris chargés de neige. C'est notre chance. j'hurle dans le micro.
- De Green Leader à tous, à l'est les nuages foncez là bas!
La voix calme de Fowly répond.
- Vu merci Harry. Allez tous à l'est.
Nous abandonnons les Il2 à leur sort et tout en zigzagant nous volons plein gaz vers les nuages salvateurs. J'aperçois, en tous cas deux Hurricane laissant échapper un léger voile blanc derrière eux. Glycol ou carburant? De toute façon, le retour sera très dur pour eux... voir impossible. Partagés entre les Il2 qui poursuivent inlassablement leur attaque et nos Hurricane qui filent vers l'Est, hésitent. Ce qui nous permets de prendre un peu d'avance. Enfin les nuages. Je plonge à l'intérieur avec délectation. Mon avion est secoué comme un prunier mais je trouve finalement à 500 mètres une zone entre deux couches plus calme. J'informe mes coéquipiers qui bientôt apparaissent dans mon champ de vision.
Cbal m'interpelle.
- Harry, Gun a pris un mauvais coup... il perd du glycol! Je ne sais pas s'il tiendra.
Au loin la voix d'Archy résonne dans nos écouteurs.
- Moyus également a un problème de liquide hydraulique. Et nous avons apparemment 4 disparus.
Plus un mot, comme pour l'aller j'ai les gaz, richesse réglée très pauvre et je cherche le meilleur compromis avec le pas d'hélice. Heureusement, le vent d'ouest nous pousse. Nous consommerons moins. Après une heure de vol. L'espace entre les deux couches de nuages s'écartent de plus en plus. Pour finir la couche supérieure disparaît. entre temps tous les Hurricane rescapés se sont regroupés derrière Red Leader Fowly. Heureusement, notre faible vitesse permets à Gunter et Moyus de suivre sans trop de problème. Mais dans la formation il y a quatre emplacements vides qui font mal. Quatre pilotes qui devaient rentrer et qui au meilleur des cas vont terminer la guerre dans les geôles des nazis. Alors que je suis dans mes rêves. un cris me crispe de la tête au pied.
- Bandit- Bandit à 4 heures hauts. ils nous tombent dessus, décrochez. décrochez!
Fowly et ses trois ailiers, au lieu de partir dans un virage serré descendant, breakent droite et font volte face. le premier chasseur ennemi apparaît dans son collimateur. Les balles fusent déjà de son nez et de son capot dans sa direction. il plonge légèrement pour être masqué par son capot. Le petit point lumineux de son revi est juste en dessous de lui. je vois les ailes de son Hurricane étoilé de rouge s'illuminer. C'est un enfer de flamme et de tôle déchiquetée qui déboulent sur son groupe. D'abord, j'ai cru qu'ils s'étaient percutés tellement la violence de l'explosion m'a surpris. Mais non, les quatre Hurricane sont toujours là bataillant comme des fous avec les 109 qui maintenant sont obnubilés par celui qui a tué l'un des leur. Ca nous laisse un peu de champ et nous permets de nous placer. Les 109 sont beaucoup trop rapides pour nous et filent comme des balles dans le ciel.
- Green Leader à tous, on consomme beaucoup trop. On va jamais y arriver comme ça. Plongez dans les nuages, plongez dans les nuages et prenez un cap retour base! Je ne commande pas le groupe, mais visiblement plusieurs pilotes en ont ras le bol car ils n'hésitent pas et foncent maintenant vers la couche ouateuse. Une fois à l'abri nous faisons les comptes. Il manque encore un Hurricane. La manœuvre audacieuse de Fowly nous a visiblement sauvé mais le taxi de Rhamirez c'est mis lui aussi à fumer, et c'est bien plus grave car il perd de son précieux carburant. Gunter et Moyus sont toujours là. en fait, dès que le combat a été engagés ils se sont enfuit dans les nuages. Gunter qui a de l'avance et qui vol à la limite de la couche supérieure, nous informe que plusieurs contacts sont au dessus de lui.
- Les gars! Bonne nouvelle, ses ont les Mig à Pokishkine.
Fowly prend la parole.
Ok on ne doit pas être loin maintenant. On grimpe pour sortir de cette merde on se met en formation et on rentre. Quelques minutes plus tard, encadrés de près par les Mig nous prenons le chemin de la maison. C'est la première fois que je ressens ce que les pilotes de bombardiers doivent ressentir lorsqu'ils aperçoivent nos chasseurs les prendre en charge après un retour mouvementé.
Trente minutes plus tard, la base est en vue. Gunter dont le moteur a tenu jusque là est le premier à se poser. Moyus se pose sur le ventre heureusement sans casse pour lui et finalement nous nous retrouvons complètement vannés devant le mess. Cinq manquant. c'est dur! Mais que dire des Il2, trois seulement rentreront!
Le lendemain on apprenait que le tain du Général Dallmayr avait été détruit par une importante attaque aérienne mais qu'il avait survécu. Sa tournée d'inspection allait être remise à plus tard.
Nous apprenions également depuis d'autres sources que les Allemands avaient annoncé que des Hurricane à grand rayon d'action et puissamment armés faisaient des incursions en profondeur derrière leurs lignes et que des dispositions étaient prises pour pouvoir contrer ces raids avec plus d'efficacité. Ca faisait toujours ça de chasseurs en moins sure le front.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 21:00

L'ambiance est bizarre sur la base. C'est la guerre mais nous sommes heureux comme des enfants. Tout d'abord, c'est Noël et ensuite nous rentrons demain pour Mourmansk où un navire de la Home Fleet nous ramènera en Angleterre. Dans un coin de la cabane, Ejybe a fini de préparer ses bagages qui sont maintenant prêts à être chargés dans le Li2 qui nous emportera dès demain. Personnellement, en préparant mes affaires, j'ai retrouvé le P38 récupéré sur l'officier allemand mort. Je sais qu'il est strictement interdit de porter une autre arme que celle d'ordonnance, mais l'automatique allemand a quelque chose de fascinant. C'est une arme magnifique, racée, bien construite, rien à voir avec notre gros Webley. En plus, le précédent propriétaire était méticuleux et soigneux, car en déchargeant le pistolet, j'ai trouvé de la graisse répartie parcimonieusement dans le mécanisme et une fiche couche protégeait le canon rayé. Finalement, je rangeais soigneusement l'arme emballée dans une serviette et les munitions dans une petite valise que je gardais avec moi pour le voyage. Le soir approchait, il était temps de rejoindre le mess pour la dîner et la fête qui allait suivre. Après avoir enfilé notre uniforme le plus propre, avec Ejybe nous avons rejoint la salle que Pasadena, Yoda et Yann avaient décoré avec les articles qui nous avaient été envoyés depuis l'Angleterre. Au centre du mess, une grande table avait été dressée et une odeur succulente nous arrivait des cuisines. Il y a déjà plusieurs pilotes présents qui discutent bruyamment autour d'une bière. D'habitude l'arrivée d'un officier leur fait baisser le ton, mais là ils sont trop de bonne humeur et rien ne les calmera. Archy s'est assis un peu plus loin et il rédige probablement son rapport, le dernier! Je commande trois bières et avec Ejybe, nous nous asseyons auprès de notre Group Captain.
- Alors Sir, quel est le bilan final?
Archy relève la tête et accepte la bière de bonne grâce.
- Et bien, nous avons perdu 8 pilotes en tout, ce qui n'est pas rien, mais nous avons réussi à convaincre les Russes d'utiliser nos Hurricane. Sinon, une bonne douzaine de victoires en plus au palmarès pour le 134 qui redeviendra 615 dès notre retour et quelques médailles semblerait-il mais je n'en sais pas plus, nous aurons probablement la surprise en Grande-Bretagne.
Hum une DFC ou une DSO pour moi peut-être, boarf, après réflexion je me dit que je ne la mérite pas vraiment, par contre sûrement une barrette de plus pour Fowly qui a fait un gros travaille ici. Comme s'il lisait dans mes pensées Archy poursuit:
- Probablement une barrette de plus pour Fowly et sa DFC. La palme lui revient, il a fait un énorme boulot ici. Sinon les gars, vos affaires sont prêtes?
Profitant de l'absence momentanée d'Ejybe parti commander une nouvelle tournée de bière. Archy se penche vers moi.
- Et le P38 de l'officier allemand Harry qu'en as tu fait.
C'est vrai, lui aussi avait récupéré l'arme du deuxième officier allemand lors de notre escapade en Gladiator en territoire ennemi.
- Ben je n'ai pas eu cœur de m'en débarrasser. Je l'ai gardée et mis dans mes affaires.
Archy s'appuya sur le dossier de sa chaise en me faisant un clin d'œil.
- Belle arme n'est-ce pas. Rien à dire les Allemands savent fabriquer du beau et bon matos. Moi aussi je l'ai gardée.
Alors que nous discutons, Fowly arrive en compagnie du solde des pilotes. Ils sont tous là, rayonnant dans leur impeccable uniforme de sortie, en respirant la bonne odeur de cuisine et à la vue des décorations qui surchargent notre sapin de Noël. Gunter à un énorme sourire, la bonne bouffe c'est son truc et là, ça le met vraiment de humeur. Nous nous asseyons tous autour de la grande table et Archy fait un petit discours et finit par une petite prière de circonstance. Une minute de silence est également demandée en l'honneur de nos disparus. L'ambiance est bon enfant, les gens parlent doucement et ne s'enivrent pas. Nous commençons pas quelques produits de la mer. Du filet d'Esturgeon en croûte, puis nous passons à deux gigots de daim, tirés le jour avant par Yann Per. Le cuisinier mécano s'est décarcassé pour nous faire une sauce à la crème fabuleuse et surtout, il a réussi à accompagner la viande de pomme de terre frites dans l'huile et d'une jardinière de légume beurrée à souhait. Un véritable artiste. Le dessert est composé de pudding à la vanille ou à la menthe et de biscuits au chocolat noir et fourrés de marmelade d'orange. Alors que nous allons passer au thé, Cbal et René nos musiciens de service entament un chant de Noël traditionnel que tout le monde entonne en cœur. Gunter bas la mesure de ses gros poings sur la table. Rhamirez et Moyus se tiennent comme s'ils interprétaient un opéra. Cbal nous épatera avec sa voix extraordinaire en chantant un magnifique Gospel. Vers 01h00 du matin, gentiment les pilotes rejoignent leurs quartier, alors que je marche avec Ejybe dans la neige qui crisse sous mes semelles, je contemple le ciel éclairé par la lune qui est dans son quartier décroissant. La neige est bleue et les bâtiments dessinent des formes fantasmagoriques sur le sol. Lorsque je me couche, bien emmitouflé dans mes couvertures pour ma dernière nuit sur le front russe, je m'endors rapidement l'esprit en paix. Cela faisait longtemps, le miracle de Noël sans doute.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 21:01

Le lendemain matin, lorsque je me lèvre, Ejybe est déjà habillé. Il tient la forme mon co-locataire.
- Allez, allez Harry, faut y aller!
Mes couvertures sont tièdes et j'ai une peine folle à en sortir.
- Tu veux que je te dise Ejybe. J'ai dormi comme un bébé. Cela faisait bien longtemps.
- Figures-toi que j'ai remarqué. Mais je doute qu'un enfant ronfle pareillement.
Une heure plus tard, le Li2 décollait en direction de Mourmansk. Par le hublot, je regardais la base s'éloigner. Quelle aventure quand même!
Les Russes n'avaient pas marqué beaucoup d'enthousiasme et notre départ c'est fait sans tambour ni trompette. Kartashof est juste venu nous serrer la main et lorsque le transport a décollé, de l'autre côté de la piste, Tchaïkaram nous a fait un petit signe de loin. Mentalité typique de ceux qui ont tellement peur de s'attacher et de souffrir durement à chaque disparition d'amis!
Le soir même nous nous posons à Mourmansk. Une petite délégation britannique nous attend et nous aide à charger nos bagages sur le croiseur lourd HMS Canterbury. J'ai la chance d'être installé seul dans une cabine assez vaste qui possède un grand hublot qui peut même s'ouvrir. Pratique, si j'ai le mal de mer, ce qui ne manquera certainement pas d'arriver tellement je n'ai pas le pied marin. Je déteste le bateau et je passe le plus clair de mon temps sur le pont pour éviter d'être malade. Comme d'habitude Gunter qui adore les navires et la mer s'approche des marins et des officiers a qui, il sollicite l'autorisation de venir à la timonerie ou la salle des machines, endroits strictement réservés au personnel navigant. Mais devant son enthousiasme une concession lui est faite. Finalement le Capitaine est plutôt fier de lui faire visiter son bâtiment.
L'eau du port est parsemée de petits icebergs. Booper s'en inquiète auprès du Quartier Maître. Celui ci lui répond en riant:
- Ne vous en faites pas, notre navire est préparé pour naviguer en eau froide. En plus, la glace est très pratique pour faire dévier la trajectoire des torpilles allemandes. Ainsi nous seront tranquilles jusqu'au large des côtes Norvégiennes. Après, il est vraisemblable que la mer démontée que nous allons devoir affronter, découragera les U-Boot... enfin on espère
Booper poursuit:
- De toute façon nous avons des navires marchands avec nous. Normalement c'est plutôt ceux que les U-Boot cherchent non?
- Pas sur le retour car ils sont vides. Les Allemands ne sont pas si cons. Nous serons une cible de choix pour eux
Et le Quartier-Maître s'en va en rigolant devant nos mines déconfites. Bigre, le voyage ne risque pas de ressembler à une croisière.
Six jours plus tard, avec 10 kg de moins, le visage arborant une jolie couleur verdâtre (je n'étais pas le seul), nous avions enfin la satisfaction d'apercevoir les îles Orcades et Scapa Flow, la fameuse base de la Home Fleet où le HMS Canterbury jeta l'ancre. Une neige mêlé de pluie nous accueille sur le quai. Saloperie de météo britannique, je regrette presque la Russie. Le même jour, un Anson nous transporte en deux étapes jusqu'à Birmingham où on nous installe à l'hôtel Savoy dans un luxe peu commun. Le Maréchal de l'air Wilfrid Freeman a donné rendez-vous à Archy le lendemain. A 11h00, notre Group Captain est de retour le visage traversé par une grand sourire. Il nous interpelle.
- Fowly, Ejybe, Harry, venez vite dans ma chambre j'ai plusieurs choses à voir avec vous.
Une fois dans sa suite, Archy dépose sa veste et défait sa cravate. Toujours sans un mot, il s'approche du mini bar en se frottant les mains et en sort une de ses fameuses bouteilles de Pur Malt. Il sert 4 verres et extirpe de sa serviette plusieurs lettres.
- Bien, bien, bien! Première chose les gars, je dois vous transmettre les remerciements de la part de Freeman, et de notre Premier Ministre Sir Winston Churchill. Ensuite, comme prévu Fowly va toucher une barre supplémentaires à sa DFC et Rhamirez sera décoré de la DSO pour ses trois victoires acquises là bas. Trois semaines de permission nous ont été accordées et dès note retour, nous reprenons du service sur Spitfire MkV à Manston où nous relèverons le 602 qui s'en va prendre une nouvelle affectation dans le nord.
Il sort de sa serviette un lot d'enveloppes contenant les permissions de chaque pilote. Puis trois documents cachetés qu'il me tend.
- Tiens Harry, ça devrait t'intéresser, ça vient du Haut Etat-Major des forces armées américaines.
Il y en un pour Cbal, un pour Gunter et un pour moi. Je brise le cachet et j'apprends que je suis réhabilité dans l'USAAF, pour services rendus dans cette guerre et que j'ai la possibilité de rejoindre le 56th FG comme 2nd Leutenant. Je reste pensif un instant, 2nd Leutenant alors que je suis Squadron Leader dans la RAF!?!?.
- Cbal, Gunter et moi sommes réhabilites par le Haut-Etat Major de l'Air américain. On m'offre la possibilité de rejoindre le 56ème groupe de chasse qui va toucher des nouveaux chasseurs de type P47 Thunderbold.
Je sens sur moi le regard interrogateur de mes trois camarades de combat. Ma décision est prise.
- C'est encore trop tôt pour moi les gars. Je vais encore rester dans la RAF.
Archy a un grand sourire .
- Aaah merci Harry. Je dois t'avouer que Freeman faisait un peu la gueule concernant cet écrit. Pour ce qui est de Cbal et Gunter, je pense que c'est normal qu'ils rejoignent une unité américaine. En ce qui te concerne, plus rien ne te retient pour aller aux Etas-Unis non? Tu vas profiter de cette perm pour allez voir tes parents quelques jours!
Je reste hésitant. Je ne saurais pas où aller de toute façon, ma seule famille en Angleterre c'est l'escadrille et comme elle est au repos pendant trois semaines. Mais bon, aller voir mes parents, alors que cela fait plus de deux ans qu'ils sont sans nouvelle de moi.
Archy poursuit.
- Je me suis permis d'organiser avec Freeman ton voyage aux Etats-Unis Harry. Il y a un B17 qui s'envolera demain soir pour Terre-Neuve et Chicago. S'ils le désirent Cbal et Gunter t'accompagneront. Ensuite, vous vous débrouillerez pour rejoindre vos destinations respectives. Le 22 février il y aura un avion pour le retour pour toi et Cbal qui, s'il accepte sa nouvelle affectation reviendra en Angleterre, devra vraisemblablement rentrer plus vite. J'aimerai que c'est toi qui annonce à Cbal et Gunter leur réhabilitation dans l'armée US.
- Ok Archy je le ferai avec plaisir.
15 minutes plus tard, tous les pilotes étaient alignés dans la salle de conférence. Rhamirez et Fowly furent appelés pour leur décoration, puis vint mon tour.
- Je demandera au Flying Officer Gunter et au Pilot Officer Cbal de faire un pas en avant.
Les yeux froncés, mes deux compatriotes avancèrent d'un pas. Je pris la première lettre concernant Gunter et je la lis à haute voix:
"Au vu des états de service du Flying Officer Freddy "Beeber" Gunter, de son comportement héroïque en combat au sein de la RAF, le haut commandement de Amirauté de l'US Navy décide - de réintégrer dans l'armée des Etats-Unis d'Amérique le soldat précité qui est nommé Major de l'US Navy. Il prendra ses nouvelles fonctions dès le 1er mars 1942 sur la base de Long Island où il prendra en charge son escadrille la VF17. Après une conversion sur Gruman Wildcat et un entraînement à l'appontage en vue d'être affecté sur porte-avion Hornet sur front du Pacifique.
Gunter est fier comme Artaban, il retient son souffle lorsque je lui remets son ordre d'affectation.
- Me...merci Harry!
Je me retourne vers Cbal avec un sourire je lui lit la lettre qui lui a été adressée.
... le Haut Etat-major de l'USAAF décide de réintégrer le Pilote Officer Cbal dans l'armée des Etats-Unis d'Amérique et de nommer le soldat précité Major. Il prendra ses nouvelles fonctions le 1er mars 1942 au sein du 332th FG sur la base de Luton où avec son escadrille équipée de Spitfire en attendant des Thunderbold P47, il aura pourra tâche de travailler en collaboration avec la RAF et préparer le terrain pour un éventuelle engagement massif de nos forces aériennes sur le front Ouest.
Je lui remets également son ordre d'affectation.
- Je vous souhaite à tous les deux, le plus francs succès pour votre avenir.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 21:03

Archy prend la parole et par un court discours remercie les deux pilotes en question et le reste de l'escadrille qui est libérée pour deux semaines de permission.
24 heures plus tard, je me retrouve ainsi assis dans le bombardier transformé pour l'occasion en avion de transport avec Cbal, Gunter et d'autres pilotes du Eagle Squadron ayant terminé leur Tour Operation ou profitant d'une permission. Le lendemain, nous nous posons à Chicago. Après une dernière bière avec mes deux potes, je prends mon train pour Denver et enfin Cheyenne et Cody le village de mon enfance. A Chicago mon uniforme de la RAF ne choquait pas outre mesure, mais ce n'est pas vraiment le cas à Cheyenne où les gens me regardent un peu curieusement. De Cheyenne à Cody le train se vide peu à peu au fur et à mesure des arrêts. Pour la dernière partie du trajet je suis seul dans mon compartiment. Par la fenêtre ouverte, j'hume l'air froid et parfumé des résineux recouverts d'une neige épaisse. De temps en temps quelques maisons en rondins si typiques de ma région apparaissent au détour d'une clairière ou au bord d'un lac. Que la guerre me semble lointaine. Deux ans que je suis parti et j'ai l'impression que cela en fait 10. Comment va réagir ma famille...
Dans un grincement de freins, le Jackson Railwail s'arrête enfin à Cody. Je descends sur le quai, c'est une fin d'après-midi magnifique, l'air est frais et la neige épaisse. La gare, balayée par un vent glacial est vide, je suis le seul passager à quitter le train. Au loin j'aperçois Jeffrey Spark le chef de gare, il discute avec le mécanicien. J'ai envie de le saluer, mais je m'éclipse discrètement. Les gens du coin doivent connaîtrent mon histoire et je ne sais pas vraiment comment ils vont réagir à ma présence. Ici, l'esprit national est fortement ancré dans les mœurs, la plupart des vieux ont fait Verdun ou Gettysburg, ils doivent avoir une piètre opinion à mon sujet. Lorsque je débouche sur l'avenue, je suis bousculé par trois gosses qui foncent avec leur luge.
- Pardon m'ssieur.
A la vue de mon uniforme inhabituel ils s'avancent curieux. Mes ailes les intriguent.
- Vous êtes pilote M'ssieurs?
Je ne connais pas ces enfants, sans doute étaient-ils trop petits quand j'ai quitté la ville.
- Heuu oui, je suis pilote... dans la Royal Air Force... en Europe.
Ils ont des yeux tout ronds. L'Europe, il y a bien des chances qu'ils ne savent même pas où c'est. Tout en cheminant le long du trottoir à la recherche d'un moyen de locomotion m'emmènerait à Greystone le domaine familiale, je poursuis la discussion en rigolant, sont sympas ces gosse.
- Vous avez déjà descendu des japonais? Vous avez un chasseur?
- Oui, oui, je suis pilote de chasseur, et je me bats contre les Allemands donc je n'ai encore jamais descendu un avion japonais.
Les gamins ont l'air de bien connaître l'actualité quand même.
- Vous avez déjà descendu des Messerschmitt alors?
Je rigole.
- Oui... quelques uns.
Puis vient la question cruciale, je m'y attendait un peu.
- Pourquoi vous ne pilotez pas dans le Pacifique à Pearl Harbord M'ssieur?
Alors que je cherche une réponse, je me retrouve devant le Smooky bar. C'est là que travaillait Allison, ma dernière petite amie, depuis longtemps oubliée. J'hésite un instant, puis je me décide à y entrer, car je risque d'y trouver quelqu'un qui pourra me conduire à Greystone et puis, probablement qu'Allison n'y travaille plus depuis longtemps. laissant les trois enfants à leur jeu de glisse, je pousse la porte à petits carreaux. L'endroit n'a pas changé. L'odeur de bourbon, de bière et de tabac froid est toujours la même. La table de billard et ses lampes verte est toujours à sa place. A l'intérieur, il y a quelques clients, des têtes connues, Jack et Brisby Cunningham les deux Redneck piliers de bar et puis Willy Boyle le garagiste et Mick Spencer le postier. Derrière le bar, il y a Allison qui me contemple la bouche ouverte comme si elle apercevait un mort ressuscité. Manquait plus que ça.
- Harry???
- Heu salut à tous, hé oui c'est moi! Je suis de retour pour quelques jours.
Elle s'approche doucement. Merde comme elle est belle, j'avais oublié. Métissée indienne, elle a des yeux vert et ses longs cheveux noirs tombent en cascade sur ses épaules. Elle a la peau mat et légèrement halée. J'en ai la gorge serrée, mis à part quelques aventures passagères la guerre m'avait fait oublier l'amour et les femmes. Elle maintenant toute proche, elle ne semble pas vraiment me reconnaître. Son léger parfum enivre mes sens. Elle parle doucement.
- Harry... je ne te reconnais presque pas... tu as vieillis d'au moins 10 ans.
Je jette un oeil dans la grande glace derrière le bar. L'homme que j'y aperçois, à le dos légèrement voûté. Son visage est creusé et les yeux sont cernés. Sur les tempes, il y a des cheveux gris qui apparaissent ça et là...
- Ben ouai, la guerre c'est pas fait pour rajeunir Allison.
Sa main me caresse le visage, mais ce n'est pas un geste d'amour, de pitié plutôt. Je lui prends la main, le grain de sa peau est si fin.
- Te voilà enfin pilote mais à quel prix Harry?
Je finis par m'assoire au bar.
- Je n'ai pas envie d'en parler.... pas maintenant Allison... peux tu me servir une bière stp?
Je me retourne vers les autres clients qui ne sont pas manifestés.
- Est-ce que quelqu'un peut me conduire à Greystone? Mick tu ne vas pas par là?
Mais le postier se retourne sans un mot. Il en veut pas d'un déserteur dans sa voiture.
Je m'énerve.
- Bordel, c'était une erreur! D'ailleurs croyez-vous que je pourrais être là, si j'étais toujours recherché! J'ai été réhabilité.
- Hep toi le fort en gueule, l'as des as de la RAF! Et où étais-tu le 07 décembre dernier, quand les copains se faisaient assassiner par les japs ? Hein?
Bordel toujours aussi cons les frères Cunningham. J'éclate.
- Et toi face de rat tu y étais peut-être? J'étais sûrement plus utile à l'Amérique là où j'étais que toi ici à t'enivrer le pif comme d'habitude!
- Quoi comment qu'tu nous parle sale déserteur!
Jack me fonce dessus. Il y a deux ans la bagarre aurait été sympa. Une bonne bagarre de bar où une fois que tout est terminé, on partage le verre de l'amitié. Mais là, la guerre a changé la donne. Je frappe pour faire mal, pour neutraliser et avant que le Redneck ait pu lever le poing, il s'effondre ko. Personne ne bouge plus. Je lis la stupeur dans les yeux de l'assistance. Brisby aide son frère à reprendre ses esprits.
- T'es malade Harry, t'as vu comme tu tapes! Tu ne te bagarre plus là, tu fais la guerre. Tu la ramenée jusqu'ici! Fiches le camp! Retourne en Angleterre, là-bas ta nouvelle patrie!
J'ai le regard méchant.
- Me cherche pas Brisby où tu va rejoindre ton imbécile de frère qui n'avait pas à me provoquer.
Je metourne vers les autres clients.
- Je ne laisserais personne! Vous entendez Bordel! Personne me juger! C'est clair?
Allison s'approche et me prend par le bras.
- Viens Harry, calmes toi, je te ramène à la maison.
Elle se tourne vers Willy Boyle.
- Tu garde le bar pendant 30 minutes Willy?
Le garagiste acquiesce du chef.
La belle métisse conduit souplement sa Ford A sur la neige. Je tiens mon sac sur le genoux et sans un mot nous roulons vers Greystone.
Une centaine de mètres avant le dernier virage. Je lui demande de s'arrêter.
- C'est bon ici Allison. laisses-moi ici, je vais faire le reste à pied.
Elle immobilise sa voiture. Son regard vert est mélancolique.
- Harry... tu me faits peur... tu n'es plus le même! Tu as les trait tirés d'un homme de 60 ans... où est le jeune élève pilote brillant et ambitieux que j'ai connu il y a deux ans en arrière, celui avec qui j'étais si fière de danser au bal et dont l'uniforme sentait bon la naphtaline?
Je reste d'abord silencieux, puis je m'emporte.
- Mais franchement Allison que crois tu que je faisais en Angleterre! Une promenade de santé? A chaque fois que tu montes dans ton avion, tu ne sais pas si tu va rentrer! Combien de copains vont mourir! Si c'est ton tour de cramer vif ou d'être transformé en marmelade en t'écrasant à 800 à l'heure! Et puis l'appréhension et la peur s'estompent gentiment pour se transformer en insouciance en froideur. On devient complètement insensible, on se transforme en machine de guerre. Les gestes deviennent des réflexes. On essaye de rester humain, mais c'est très dur... je suis désolé.
Je quitte la voiture en claquant la porte. Alors que je chemine sur le chemin enneigé en direction de la maison de mon enfance, sans un mot mon ex petit amie, que j'imagine en pleurs fait demi tour et s'en va. Même pas merci, même pas d'excuses, je suis un salaud!
Enfin j'aperçois la demeure. Je m'arrête un instant pour contempler la scierie de mon père. Je vois la grand scie immobilisée par la courroie de cuir. Les billes de sapins prêtent a être débitées et les piles de planches qui seront livrées vendredi à Cody au moyen de son camion Studbaker. Je me revois enfant courir avec mes frères autour de la maison, partir à la chasse tôt le matin avec mon père ou descendre à l'école en ville avec le vieux Clive sur son tilbury faisant la tournée pour récupérer les gamins des familles éloignées de la citée. Les fenêtres de la cuisine sont éclairées. Il fait presque nuit maintenant. Je consulte ma montre, c'est l'heure du repas du soir. Ils doivent être entrain de manger. J'arrive enfin devant la porte. A l'intérieur, on a dû entendre mes pas sur le perron de bois car je n'entends plus les cuillers battre le fond en porcelaine des assiettes à soupe. Je n'ai pas le choix. Il faut que je frappe à la porte. Doucement je m'exécute.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 21:03

C'est mon père qui vient m'ouvrir. Son regard est toujours aussi dur. Il y a un peu de surprise mais il se domine vite et s'efface pour me laisser entrer.
- Ben ça alors, Greeta, viens voir qui nous arrive. Entres! Il y a longtemps qu'on te croyais mort!
Et il s'assied à table.
Ma mère qui est debout devant la cuisinière à la main devant la bouche et fond en larmes.
- Mon Dieu! Mon Dieu! Harry tu es vivant, Oh merci Mon Dieu!
Elle pose la soupière sur la table et se précipite vers moi. Elle n'ose pas me prendre dans ses bras. Elle me contemple les yeux inondés.
- Mais qu'est ce qui t'es arrivé. Tu es malade, tu a perdu du poids, ton visage, tu as vu ton visage... Tu as tués des gens?
La dernière phrase est tellement naïve, tellement forte elle ne peut émaner que d'une mère.
Je n'ai pas de réponse. Elle remarque ma gêne.
- Vas-y assieds toi, on allait passer à table.
Je prends place à l'endroit où j'étais toujours assis. Sans lever les yeux de sa soupe, mon père prend la parole.
- Comment ce fait-il que tu n'ais pas donné de nouvelles pendant tout ce temps?
- Comment voulais tu que j'en donne... avec le statut que j'avais jusqu'il y a peu en Amérique.
A ces termes mon père tressaille. Il n'a visiblement pas l'air content.
- On a eu la police militaire ici... Plusieurs fois... Les gens de Cody nous montraient du doigt. Tu nous as fait honte. Heureusement tes frères ont eu un comportement digne de la famille.
Je ne me laisse pas faire.
- J'ai eu raison de réagir comme je l'ai fait. La preuve, j'ai été réhabilité! Alors Allan et Phillip se sont engagés?
Mon père ne démord pas et ne veut pas me répondre au sujet de mes deux jeunes frères.
- C'est bien joli d'aller ce battre en Angleterre, mais où étais tu lorsque les Japonais ont attaqué Pearl Harbord hein?
Ils commencent de me courir tous, avec leurs allusions au sujet de Pearl Harbord. Comme si ma présence aurait changé le cours des choses.
- Si j'y aurais été, je serais sans doute mort actuellement.
Je me tourne vers ma maman.
- Qu'en est-il au sujet de mes deux frères.
Elle se retourne pour cacher son émotion.
- Ils sont dans le Pacifique Harry. Alla a été engagé dans la Navy et Phillip est correspondant de guerre à Hawaï. Tu sais, peu avant ton départ à Tuskegge, il était rentré à l'Université de Cheyenne pour y faire des études de droit. Il a bien réussi.
Mon père reprend.
- Maintenant que tu es de retour, tu vas pouvoir m'aider à la scierie.
- P'a, j'ai juste une permission de quelques jours. Dans une semaine je dois regagner l'Europe.
Il fait la gueule mon paternel. La guerre à la limite il s'en fout. Il lui faut de la main d'œuvre pour faire tourner les machines et comme la plupart des hommes sont à la guerre, ça devient un soucis quotidien de trouver de l'aide. Il se lève brusquement.
- Et si vous mourrez tous les trois? Qui s'est qui va la faire tourner la scierie? Hein? Théodore Roosevelt?
Je comprends ses soucis, mais la scierie ne m'a jamais intéressée et je ne suis pas prêt de l'être. Je n'ose pas lui dire franchement.
- Je suis désolé papa, mais toi aussi tu es parti pour la France en 1917 et pendant ce temps là, c'est grand-papa qui s'est occupé de la maison.
Il en dit plus rien et s'en va dans le salon en grommelant des trucs incompréhensibles.
Ma mère me sert un souper copieux. Tout en dévorant avec appétit les plats qui défilent, je lui relate mon aventure. Elle m'écoute attentivement. Et je lui montre avec fierté ma médaille. A un moment donné elle intervient.
- Tu sais Harry, la presse a beaucoup parlé de toi ici. D'abord à cause de ta désertion et ensuite pour tes exploits et ta réhabilitation. Nous savons même que tu es partis en Russie!
Je reste sur les fesses.
- Donc vous vous attendiez à ce que je rentre alors.
Elle poursuit.
- On n'osait pas y croire, mais on l'espérait fortement.
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Message par 615sqn_Harry Jeu 27 Oct 2005 - 21:04

Je commence de comprendre l'attitude de mon père maintenant. Alors que mes deux frères qui ont tous faits dans les règles, se battent dans l'anonymat le plus total, malgré toutes mes conneries, je récupère des lauriers gratuits.
- M'man, ne sois pas déçue, mais je n'ai pas commis plus d'exploits que les autres pilotes américains ou anglais. Je pense surtout que les USA ont besoin de héros pendant cette période difficile et que la presse se saisit de tout ce qui peut essayer de remonter le moral aux américains.
Elle n'est pas déçue ma mother, trop contente de retrouver son aîné vivant. Elle me soigne aux petits oignons et j'ai droit à du café, des biscuit à la canelle accompagné d'un verre de Bourbon local. Le goût me rapelle instantanément la bouteille que j'avais partagée avec Gun et Cbal en Russi il y a à peine deux semaines.
Après un dernier café, je monte enfin me coucher. Ma chambre est telle que je l'avais laissée deux ans auparavant. Ma mère a soigneusement rangé la pièce et mon lit sentant bon le lin est fait. Je m'y plonge avec délectation.
Le lendemain c'est vendredi, j'aide mon père à charger le Stud et nous descendons à Cody livrer les planches à la gare. Je profite pour aller au Smooky m'excuser auprès d'Allison pour mon comportement du jour avant. Elle accepte en souriant. Mon cœur bat la chamade tant elle est belle. Elle accepte même un rendez-vous après son service. Je m'efforce d'être jovial avec les clients, mais le courant ne passe toujours pas. Il est visible que mon altercation avec les frères Cunningham a fait le tour du secteur. Lorsque je le rejoint un peu plus tard, mon père me fait d'ailleurs la remarque. Mais je suis plutôt surpris de le voir sourire. En effet, il ne porte pas vraiment les Cunningham dans son cœur et la réputation de bagarreur que je suis me faite en ville n'est pas vraiment pour lui déplaire. Pour le retour, je prends le volant, je me surprends à être heureux à conduire l'ancêtre. Le passage des vitesses demande un peu de dextérité et il est nécessaire de cisailler constamment avec le volant pour lui faire tenir une trajectoire plus ou moins rectiligne. Il est 4 heures lorsque nous sommes à la maison. C'est l'heure du goûter, du pain, du miel et du cidre. Pendant que je mange en contemplant les magnifiques montagnes qui entourent la propriété, mon père fait les comptes. On est loin des années fastes et quand les salaires seront faits, il restera juste de quoi nourrir la famille pendant une semaine. Je me surprends à aprécier cette vie à la campagne. En plus, je renoue avec Allison, ce n'est qu'une relation amicale pour le moment, mais j'ai espoir de pouvoir reconquérir son cœur.
Le lundi suivant, Mike Spencer le facteur, m'apporte un télégramme. C'est Cbal qui m'annonce qu'il vient me voir à Cody. Il arrivera par le train de 09h00 le lendemain. J'arrive au bout de ma permission. Dans deux jours, il faudra s'arracher à nouveau de cet endroit. Le lendemain, je descends à Cody chercher Cbal à la gare avec le camion. Je le retrouve resplendissant dans son tout nouvel uniforme marron d'officier de l'USAAF. Ses galons de majors brillent sur son col. Je suis heureux pour lui. Nous descendons au Smooky, pour boire un verre. Son entrée créer son petit effet. Je lui présente Allison.
- Ben Harry t'es un sacré cachottier! tu nous avais jamais parlé de cette miss?
Elle rougit, faut dire que Cbal est quand même un beau gosse. Pas touche hein!
On parle te tout et de rien. Puis il me sort un journal et m'invite a consulter la photo en troisième page en pouffant de rire.
- Vas-y Harry regardes!
J'ouvre le canard pour découvrir Gunter dans un uniforme blanc de l'USN. Il a sa casquette enfoncée jusqu'aux oreilles et est au garde-à-vous pour la remise de ses nouveaux galons. La photo est noir-blanc, mais on devine que sa tête doit être toute rouge coincée par son cou de taureau dans son col monté. Je m'esclaffe.
- Sacré Gunter va! J'ai l'impression que les Japonais vont vivre de durs moments... surtout s'il est fait prisonnier.
Cbal rit de bon cœur.
- Ouvres à la page 9 maintenant Harry.
A la page de 9, il y a une photo de moi dans mon cockpit. J'écarquille les yeux! Mille Millards mais où donc ce foutu reporter a pu faire cette photo? Je n'ai pas souvenir d'avoir été pris dans cette position. le commentaire qui suit est élogieux. On me classe parmi les 10 premiers pilotes US ayant atteint le score de 5 victoires et ainsi le statut d'as. J'y trouve également Gunter qui est loin devant avec ses 14 victoires et Cbal qui en totalise 8. On fait également mention du "célèbre" squadron 615 qui a accueilli à l'époque ces renforts américains très appréciés par les Anglais. Ben voyons, il ne manque pas de culot dans la presse ricaine. Hier un paria, aujourd'hui un héros. Cbal fait cadeau du journal à Allison qui s'empresse de le ranger sous le bar. J'essaye de rester modeste, mais avec les yeux qu'elle a cette fille, c'est impossible. Je perd mes moyens. Ca me met un peu de baume au cœur. Cbal ne voulait pas s'imposer chez nous et a loué une chambre à l'hôtel, mais il est hors de question que ma mère laisse un ami dormir ailleurs qu'à la maison. Au retour, Cbal paye un plein d'essence au camion. L'attention touche mon père. Et il ramène de Virginie un petit bibelot indien à ma maman. Son uniforme force le respect à mon père qui essaye de me charrier maladroitement.
- Ah voilà un bel uniforme fils! Je suis sûr que celui là t'irait bien mieux que celui que ta mère à mis deux heures à repasser cet après-midi.
Cbal en parfait gentleman évite d'évoquer mon refus de revenir dans l'USAAF et diplomate, explique à mon père les raisons qui nous ont poussé à entrer dans la RAF. Il trouve les mots pour expliquer des choses que j'avais jamais réussi à trouver jusqu'à maintenant. Je sais à quoi serve les amis!
Le lendemain, c'est l'heure de refaire ma malle. Je n'aurais pas pensé avoir au tant de peine à m'arracher de là. Je passe une mauvaise dernière nuit. Ma mère est en pleurs. C'est dur de la laisser comme ça. Sans mot, la mâchoire crispée, mon père nous conduit à Cody avec son camion. Il est troublé, mais ne verse pas une larme... en tout cas pas devant nous! Sur le quai, il y a également Allison. Son baiser et son parfum si doux resteront un long et doux souvenir bien après que Cody, ses maisons en bois et ses sapins enneigés, aient disparu derrière nous. Nous restons silencieux jusqu'à Cheyennes. Puis, le cours de la vie reprend gentiment. Cbal m'explique les ficelles de sa nouvelle fonction. Nous arrivons enfin à Chicago où nous passons une dernière nuit avant que le B17, après une escale à terre-Neuve, nous ramène enfin en Angleterre. Le 24 janvier 1942, je me retrouve dans la brume hivernale de l'aérodrome de Luton. c'est là que Cbal prend ses quartiers. Nous nous séparons en nous promettons mutuellement de se revoir... peut être en enfer. Je poursuis seul la route, jusqu'à Manston. Au milieu de la nuit, nous devons évacuer le train suite à une alarme d'attaque aérienne. A une vingtaine de mètres du ballast, j'observe les projecteurs fouiller le ciel à la recherche des bombardiers ennemis. De temps à autres le grondement sourd de la DCA résonne
- Des Ju88! Je me dits intérieurement.
Pas de doute, je suis de retour à la guerre.
Il est 07h00 du matin quand je me présente enfin à l'aérodrome de Manston. Je retrouve Archy et Fowly fringants et motivés à fond. Les autres profitent de leur permission et arriveront dans deux jours. Dans les hangars, je découvre nos nouvelles montures. Des Spitfire MkVb flambant neufs arborant sur le fuselage le traditionnel KW!
Le 615 est de retour!
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Message par 615sqn_Harry Ven 28 Oct 2005 - 1:19

'tain des fois je me demande où je vais chercher tout ça Laughing
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Message par I/JG2_Peter Mer 23 Nov 2005 - 16:20

T'est pas Belge toi une fois ?? 🎅
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Message par Invité Mer 23 Nov 2005 - 18:32

waouh, y a quand meme un truc .. ;) ouaip comment fais tu.. euh tu matte tro pla téloche ou quoi ... ou alors tu temmerde au boulot.. lol, continue comme ça .. c'est tip top ;)

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Message par 615sqn_Harry Mer 23 Nov 2005 - 21:18

Franchement... je ne sais pas. Souvent, on dit que je m'inspire d'écrit existant ou de films, parfois, c'est vrai que des séquences de film apparaissent, souvent, je m'en rends compte après à la relecture...
J'écris la nuit, la solitude m'aide et j'écris, j'écris sans m'arrêter, les morceaux d'histoire se montent dans ma tête comme un puzzle, un bout d'histoire vécue au GEFUV, une autre sur HL en campagne, un peu de ma vie privée, un bout de celle de mes amis, le tout sapoudré d'imagination et voilà boum ça donne les Hurricane du Grand Nord ou la fameuse traversée birmane d'Archy. Il y a des personnages comme Gunter qui sont des icônes du GEFUV, tellement facile de mettre en scène Laughing . Des fois je rigole tout seul devant mon écran, des fois une larme... :study:
Ecrire m'aide aussi à évacuer le stress et me débriefer d'événements difficile vécus par le passé ou au quotidien dans mon boulot... Enfin, parfois mes textes sont durs ou peuvent gêner.. j'en suis conscient, parfois un peu trop tard. C'est pour cela que certains disparaissent sans tambour ni trompette! ;)
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Message par 615sqn_Pasadena Dim 27 Nov 2005 - 17:15

Génial ! 🎅

Je viens de finir Un du Normandie-Niémen, alors ça tombe bien !

J'imprime tout ça et me le met de côté pour un de ces soirs dans le canapé !

Merci Harry.
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