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Hurricane

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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:33

L’attaque de Pearl Harbor le 07 décembre nous a fichu un coup au moral. La plupart des gars de la 71ème avaient des potes là-bas. Sur notre base, règne un sympathique brouillard typiquement britannique. Les mains enfouies dans les poches de ma veste de vol, le col remonté le plus haut possible et la casquette enfoncée jusqu’aux oreilles, je marche en compagnie du Major Archie en direction du bureau de commandant de la base. Ce n’est pas qu’il fasse vraiment très froid, mais cette saloperie de brume amène une humidité qui nous transperce. Il y a de la neige mouillée sur le sol et chacun de mes pas laisse une profonde marque jusqu’au gazon qui est transformé en bourbier. Mes bottes font au moins 10 kg chacune. Quel pays je vous jure !

- Harry ! Tu es demandé au bureau du commandant ! M’avait annoncé quelques minutes auparavant mon vieux camarade le Cpt Cbal.
- Oups, qu’est-ce que j’ai encore fait ! N’avais-je pu m’empêcher de répondre.
- Rien ! Je te rassure, Archie est aussi convoqué ! Me répondit Cbal en rigolant.
Depuis que mon vieil ami a passé capitaine, on lui confie de plus en plus de nouvelles tâches à responsabilités, notamment la formation des nouveaux pilotes. De mon côté, ma nouvelle fonction d’officier de liaison me laisse aussi mon lot de soucis quotidiens. Alors on se voit pendant les heures de repas, le soir ou à midi en coup de vent. Le pauvre Cbal a bien du pain sur la planche, faut dire que ces derniers mois ça a été plutôt l’hécatombe dans nos rangs. Marcus, Strakhan, Janus, Fox, Papy et Ypsos sont portés disparus, DFN et Gunter sont toujours en convalescence. Il ne reste qu’Archie qui a pris le commandement du squad, Fowly, Cbal, Raja et moi dans les « anciens ». Nous avons dû passer plein de tests de vol aux instruments ces derniers temps. Avec cette météo bouchée c’est mieux vous me direz. Incontestablement, c’est Fowly œil de lynx qui s’en sort le mieux. L’animal a un sens de l’orientation incroyable.
Perdu dans mes pensées, c’est tout juste si je remarque que nous arrivons enfin devant le bâtiment abritant les bureaux de l’Etat Major. C’est Archie qui frappe à la porte marquée « Colonel Dwight ». Lorsque nous entrons, nous sommes surpris de la présence d’un colonel américain de l’USAAF, aux côtés de Dwight :
- Bonjour messieurs, je vous présente le colonel Dowel de l’Air Force. Je ne vous ai pas encore annoncé que depuis Pearl Harbor, votre gouvernement a décidé de s’investir de manière plus active sur le front de l’ouest. Aussi, le colonel Dowel est là pour mettre en place une structure qui pourra accueillir des B17.
Dowell nous salua brièvement et avec un sourire de coin il s’adressa à Archie.
- Je connais votre escadrille pour « ces exploits » Major !
Nul doute qu’il est certainement au courant de quelques uns de nos excès.
Je jette un coup d’œil à Archie qui ne se laisse pas démonter par la présence de notre supérieur.
- C’est une nouvelle très réconfortante, colonel !
- Effectivement, et c’est votre escadrille qui a été choisie pour être, dans un premier temps convertie sur P38, P39 ou P47. Ensuite il vous faudra fournir un coup de main aux soldats et pilotes américains qui viendront s’installer à Luton. Votre rôle sera également d’escorter les bombardiers. Nous avons cependant un problème. Ce n’est pas pour rien que vous nous avons convoqué Major et vous aussi, Lieutenant.
Le Colonel marqua un bref temps d’arrêt et continua.
- … en fait, leur arrivée n’est pas programmée avant plusieurs mois et nous allons devoir vous… disons… occuper jusque là.
Archie se manifesta en employant un ton sceptique
- Occuper… mon Colonel qu’entendez-vous par là ?
Gêné Dwight poursuivit.
- Et bien, en fait, le front s’est assez bien calmé et finalement votre présence sur ce coin d’Angleterre n’est plus… vraiment indispensable. Aussi, nous avons décidé de vous dispatcher le temps que la 8ème armée s’organise sur sol britannique. Une partie de l’escadrille se rendra donc à Luton pour préparer le terrain en compagnie des premières sections du génie américain. C’est le Major Fowly et le Capitaine Cbal qui commanderont ce groupe. Nous allons les mettre au courant des ces dispositions après notre entretien.
Archi repris impatient.
- Et en ce qui nous concerne Colonel ?
- J’y viens, j’y viens Major.
Il s’approcha d’une carte et avec une règle il montra la mer au nord de l’Espagne.
- Comme vous le savez certainement, les allemands font régulièrement des incursions dans le golf de Gascogne. Ils y envoient des Bf 110 et surtout des Ju88 qui chassent les navires marchands qui rejoignent l’Angleterre. Il y a aussi des U-Boot. Non la situation est vraiment préoccupante dans ce secteur. Nous avons mis sur pied une escadrille de Baufigther pour leur faire la chasse, mais ils leur arrivent d’être mal pris car les avions de la Luftwaffe sont plus rapides et surtout mieux armés. Nous aimerions leur fournir une escorte, ce que nous n’avons pas pu faire jusqu’à aujourd’hui, leur tâche n’étant pas prioritaire. Cependant, les pertes devenant alarmantes, nous avons décidé de leur fournir une protection par des chasseurs. C’est pourquoi nous avons fait appel à vous et au Lieutenant Harry, nos deux meilleurs spécialistes de la base sur Hurricane.
A ces mots je n’ai pas pu m’empêcher de me manifester.
- Hurricane ???
- Heu oui Lieutenant, des Hurricane, mais des MkIIC bien sûr. Je suis désolé mais nos Spitifire sont trop précieux pour les éloigner du front. Voici votre nouvelle affectation Major !
Le Colonel Dwight tendit une enveloppe à Archie qui l’a prit dubitatif.
- Je suppose que vous désiriez que je l’ouvre ailleurs que dans ce bureau mon colonel ?
Dowell qui ne s’était pas manifesté jusque là sorti de son mutisme.
- Allons donc, ne soyez pas si méfiant Major, on ne vous envoi quand même pas en retraite. Je tiens à être franc avec vos messieurs. Cela fait depuis le début du conflit que votre groupe est intégré au 71ème squadron et vos pertes sont devenues importantes ces derniers 6 mois. Du coup, nous vous envoyons des renforts, souvent des jeunes pilotes qui ont de la peine à s’intégrer à ce que j’appelle le noyau dur des RTA! Je ne vous rappellerai pas le pénible épisode « Bud ». Ceci sans parler de la différence de niveau entre les anciens et les nouveaux. Tout cela fait que nous pensons qu’il est temps de procéder à une petite restructuration de votre escadrille !
Le Major Archie resta de marbre quelques instants puis il dit doucement.
- J’espère que vous vous rendez compte que vous parlez de l’escadrille qui possède le plus de victoires de ce côté de l’Angleterre, mais également et surtout; de toutes les escadrilles engagées par les Etats-Unis d’Amérique que ce soirt ici ou dans le Pacifique. Notre force nous la puisons dans la solidarité et l’amitié qui nous lient depuis une année maintenant. Briser son hégémonie serait assurément une erreur Monsieur.
Dowell se renfrogna.
- Je sais pertinemment tout cela Major, mais voyez vous, je suis les péripéties de votre escadrille depuis sa création. Jusqu’à présent je m’étais abstenu d’intervenir dans les affaires de nos alliés, mais la situation a changé et je compte bien mettre de l’ordre dans tous ça. Dans quelques mois vous porterez à nouveaux les couleurs américaines et je tiens à ce que vous y fassiez honneur. Le temps des beuveries et des paris idiots est terminé Major. A partir de cette minute, vous allez devoir vous comporter en officier responsable.
La remontrance est dure pour Archie qui a toujours eu un comportement exemplaire par rapport au reste de l’escadrille et qui s’est souvent montré comme une référence en la matière. Malgré ce coup bas, il conserve son calme alors que moi j’ai très envie de lui mettre une châtaigne au père Dowell.
- J’ai compris le message Colonel mais je répète que vous faites une grave erreur en nous séparant.
Dowell soupira.
- Je méditerai sur ces bonnes paroles Major. En attendant, je maintiens les dispositions prises !


Dernière édition par 615sqn_Harry le Mar 26 Juil 2011 - 10:24, édité 2 fois
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:34

S’il y en a un qui est bien mal à l’aise dans le bureau, c’est Dwight. Le gars nous aimait bien et il a l’air encore plus désemparé par le ton utilisé par Dowell, que nous même.
Quelques minutes plus tard, nous quittons le bureau la mine déconfite.
- J’espère que Gunter reviendra vite remettre de l’ordre dans ce bordel !
Archie me regarda.
- Et que crois-tu que Gunter va bien pouvoir faire hein ? Tu as vu cette tronche de cake. Imagine que pendant qu’ici on se faisait perçer la peau, ce prétentieux complexé classait des dossiers à Washington dans un bureau poussiéreux et qu'il se branlait comme un ado boutonneux en lisant les nôtres. Aujourd’hui nos brillantes huiles lui ont donné la possibilité de venir faire son petit chef et il en abuse bien sûr. Faut qu’il soigne son ego cette tache !
Je n’ai jamais vu notre Major fulminer pareillement, surtout en termes grossiers.
- Heu Archie si tu ouvrais l’enveloppe maintenant !
- Mmh, ouai tu as raisons ! Ca ne sert à rien de m’énerver.
Fébrilement il ouvre l’enveloppe et lit le courrier qu’elle contient.
- Newport… Ile de Wight ! Il répéta doucement. Ile de Wight ! Et bien voilà Harry, nous allons nous balader en haute mer à des miles et des miles de la côte à la recherche d’hypothétiques chasseurs bombardiers allemands. Et en Hurricane en plus. Charmante perspective !
Je commence de comprendre les longues séances de vol aux instruments.

Une petite semaine plus tard, nous posons nos deux Hurricane sur la petite base de Newport. Les pilotes de Baufigther sont plutôt sympas, je ne sais si c’est la proximité de la mer, mais ces gars me font penser à des marins. Ce sont tous des moustachus, des pilotes et des navigateurs d’expérience. Il y a des équipages françaisqui sont de bons vivants. Aucun homme de la base n’a fait le moindre commentaire lorsque nous sommes arrivés avec nos deux trapanelles. Faut dire que leurs bimoteurs ne sont pas de toute première fraîcheur non plus. Certains sont revenus de mission avec de sacrés trous. Les mécaniciens sont débrouillards et le système « D » est souvent d’actualité pour faire voler les Baufigther. Il arrive régulièrement aux pilotes de mettre la main à la pâte.

Nous effectuons quelques vols de patrouille, mais notre court rayon d’action ne nous permet pas de suivre les chasseurs bombardiers sur toute la longueur de leur mission ceci sans compter que les quatre canons Hispano Suiza et leur munition de 20 mm alourdissent passablement nos avions. Aussi, nous faisons demi-tour le plus loin possible, on rentre ventre à terre à la base. on fait le plein et on revient à leur rencontre le plus vite possible pour souvent constater que certains ont des dégâts importants où parfois qu’il en manque à l’appel. Nous sommes impuissants et c’est très frustrant. Il est clair que les engagements ont toujours lieux loin de nos lignes, les allemands ne sont pas fous, ils ne vont pas prendre le risque d’engager des chasseurs bombardiers sans escortes à proximité des côtes anglaise. Nous réclamons à corps et à cris des réservoirs complémentaires, mais l’amirauté dont nous dépendons, ne semble pas entendre nos doléances.

La situation va cependant changer. En effet, les allemands commencent de comprendre que notre secteur est moins protégé que le sud de l’Angleterre…

Le 02 février 1942, soit environ un mois après notre arrivée, les Baufigther sont partis en mission de routine le long de la côte et ils se passent de notre assistance. Archie est parti en ville faire quelques courses. Il fait un froid terrible mais le ciel est magnifique. Je suis sur la piste et je suis en discussion avec les mécaniciens qui viennent de finir le nettoyage et le graissage de mes armes, lorsque le sergent Netwik responsable des communications radios, m’appelle en urgence depuis le pas de porte de son local.
- Lieutenant, vous pourriez venir rapidement, il y a quelque chose qui se passe !
En entrant dans la pièce, je réalise immédiatement que l’heure est grave.
- C’est Stanford, il a paumé la formation. Il est sur le chemin du retour. Il vient de repérer plusieurs contacts ennemis qui volent dans notre direction. J’ai déjà avisé le contrôle. Une escadrille de Spitfire fait route vers nous, mais ils ne seront pas là avant… au moins 40 minutes. D’après mes calculs les Fritz seront ici dans une vingtaine de minutes.
Je commence de réaliser ce qui m’attend.
- S’ils viennent ici !
Remarque stupide, qu’est ce qu’ils pourraient bien choisir d’autre comme cible dans ce secteur si ce n’est notre base.
- Et le Major ? Est-ce qu’on a pu le contacter ?
- C’est déjà fait Lieutenant, il rentre le plus vite possible et nous avons également rappelé le reste de la formation mais ils ne seront pas là avant plusieurs heures.
La radio grésille.
- Allo la base, ici jaune deux, les contacts ont été identifiés, il s’agit de Messerschmitt 109! Une douzaine répartis en trois groupes de quatre. Ils doivent avoir des bidons supplémentaires pour être si loin de leur base. Leur cap est 280, altitude 4000. Je vais monter au dessus d’eux et les attaquer par surprise.
J’empoigne le micro.
- Ne fais pas l’imbécile Stan si tu les engagent tu n’as aucune chance. Essayes plutôt de monter discrètement plus haut tout en restant dans leurs six heures. Je vais décoller et nous tenterons de coordonner une attaque simultanée. C’est notre seule chance de foutre la pagaille dans leur formation. Seuls nous sommes trop vulnérables. Des renforts arrivent, ils nous suffira de les occuper quelques minutes…
Après quelques secondes de silence. Stanford répond en rigolant.
- Ouai… mais t’espères quand même pas que je vais croire ton histoire de renforts dans quelques minutes. Mais c’est ok, tu as raison, je vais essayer de me faire aussi discret que possible. A tout à l’heure.
Secrètement, j’espère que les allemands n’écoutent pas nos communications radios, sinon ça va être sa fête. Je regarde Netwik.
- Bon ben… quand faut y aller, faut y aller hein !
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:36

Il évite mon regard.
- Yes sir, je vais aviser le reste de la base pour qu’ils mettent en batterie leurs pièces de DCA.
Je quitte le local radio et prend la direction de mon vestiaire ou j’enfile machinalement mon équipement de vol.
Je marche comme un robot en direction du Hurricane. Seul dans un zing déjà dépassé en 1940 contre 12 Messerschmitt 109, probablement des « F », voir pire des nouveaux « G » qui inspirent la crainte aux pilotes de Spitfire MkV.
Alors que m’installe, je réfléchis ! Il y a fort peu de chance que les allemands connaissent l’existence de nos deux Hurricane, nous n’avons jamais été confronté au moindre avion ennemi depuis notre arrivée sur l’île, aussi il est tout à fait vraisemblable qu’ils ne s’attendent pas à me rencontrer et qu’ils ne prennent pas trop de précautions pour leur arrivée. Je décide donc de rester au dessus de notre base à haute altitude plutôt que de me diriger à leur rencontre. J’appelle Stanford qui est toujours derrière les allemands qui volent maintenant à 2500 mètres de la mer. Stan s’est placé à environ 1000 mètres derrière eux à environ 3500. Je lui demande de m’informer dès qu’ils seront en vue de la cote.
Pendant ce temps, j’ai décollé et je commence à prendre de l’altitude. Volontairement, je ne dépasse pas les 3000 mètres afin d’éviter l’usage du deuxième étage du compresseur, grand consommateur de carburant. Je tripote ma radio et passe sur la fréquence habituellement utilisée par l’ennemie en espérant tomber sur quelques bribes de conversation. Mais c’est le calme plat. Les allemands respectent certainement la discipline radio. Cinq minutes plus tard, alors que je m’évertue à scruter l’horizon, Stanford m’informe qu’ils arrivent à proximité de la cote. Les 109 se sont séparés en deux groupes et en hésitant pour savoir lequel choisir, il a perdu formation. Certainement, qu’une équipe va attaquer notre base pendant que l’autre restera en couverture haute. Mais pour le moment je ne vois rien dans le ciel bleu. J’ai beau chercher, mais je ne repère aucun contact. Soudainement, j’aperçois près du sol, plusieurs avions volant à très basse altitude. Il y en a trois. Impossible de savoir si les autres sont dans le coin. J’effectue un long virage en spirale qui me place dans les 6 heures de l’avion de queue. A 550 km/h, alors que le leader se met à straffer notre base, je tire une rafale de 2 secondes sur ma cible qui instantanément perd la moitié de son fuselage et tombe en tournoyant vers le sol. Je poursuis en direction du leader cette fois. Je jette un coup d’œil derrière moi, mais je suis « clean ». Bon sang où sont passés les autres. Alors que l’ailier qui ne m’a toujours pas aperçu poursuit en direction nord, le leader se sépare en effectuant un virage à droite. Ca y est ils m’ont aperçu. Ca va chauffer. J’ai conservé ma vitesse, alors que lui a ralenti pour aligner sur son objectif. Il tente de s’échapper en montant, mais il doit être encore bourré de carburant jusqu’à la gueule, car il n’a plus son bidon et il doit encore rentrer. Résultat il se traîne, et forme une cible parfaite dans mon viseur. Une nouvelle rafale le touche, je vois nettement plusieurs impacts toucher son moteur et sa dérive. Le Bf 109 s’immobilise quelques secondes le nez en direction du ciel, bascule sur l’aile et tombe vers le sol le moteur en feu. Son pilote arrive à s’éjecter et ouvrir son parachute. J’ai pas mal perdu de vitesse et il me tarde de filer dare-dare pour reprendre de l’altitude avant que le troisième 109 me tombe dessus. Après quelques minutes je suis de nouveau à 2500 mètres. Stanford m’informe qu’il vient de croiser plusieurs 109 qui prennent le chemin du retour. Je reste encore quelques instants à l’affût et bien m’en prend car j’aperçois un nouveau contact volant en rase mottes en direction de notre base. Peut-être Stanford, aussi je descends prudemment dans sa direction. Non l’avion qui est en dessous de moi n’a qu’un moteur. Peut être Archie qui a fini par me rejoindre. Non, l’avion que je suis à deux radiateurs et la forme des ailes ne laisse aucun doute quand à son origine. Il doit s’agir du troisième 109. Mais qu’est ce qu’il peu bien foutre ici tout seul alors que le reste de sa formation à pris le chemin du retour. Mon premier tir est un peu rapide et je le loupe. Le pilote ennemi décroche brutalement et par dans une série de ciseaux et de tonneaux barriqués et m’empêche de l’aligner. Je tire plusieurs de rafales sans le toucher. Je jure intérieurement car la capacité de mes canons est plutôt faible et si ça continue, je vais me trouver à court de munition. Je me calme et me contente de le suivre en essayant de trouver la meilleure fenêtre de tir possible. A force de tourner en rond, il fini par dégager ses « 6 » et je me trouve dans l’incapacité de tirer pendant plusieurs longues minutes. A un moment donné, je me trouve quasi en passe frontale avec lui. Je constate qu’il va me passer dessous, je donne un peu de manche et donnant énormément de déflection le lâche une rafale. Ma dernière, mes armes se taisent avant que j’aie pu lâcher la commande de tir. Je jette un rapide coup d’œil dans sa direction ! Ouf, il a perdu une aile. Quelques secondes plus tard j’aperçois la corolle d’un parachute entrain de descendre gentiment vers le sol ! Je prends la direction de la piste qui est juste en dessous et me pose rapidement. L’infanterie a déjà arrêtée le premier pilote et il le débarque d’un camion lorsque je quitte mon cockpit sous les cris de joie des mécanos.
- Refaites le plein en munition et en carburant, ils peuvent revenir !
Pendant qu’ils s’occupent de mon brave Hurricane, je m’approche du pilote allemand. C’est la première fois que je vois un pilote ennemi. Lorsqu’il m’aperçoit, j’ai droit à un salut militaire que je rends sans un mot. Il est jeune, à peine vingt ans peut-être, mais il a dans le regard une maturité d’adulte. La guerre a déjà laissé ses stigmates dans l’esprit de cet homme. Dans un anglais presque parfait il s’adresse à moi !
- Je suis le unterfeldwebel Horak, de la II/JG69 ! Qui est le pilote de votre escadrille qui m’a abattu que je puisse le saluer !
Devant le regard incrédule des soldats qui l’entourent, je rigole doucement !
- Et bien Feldwebel Horak, bienvenue à Newport.
Du pouce je lui indique mon Hurricane au loin.
- L’escadrille ? Vous apercevez son effectif complet … la derrière… et le pilote qui vous a abattu il est devant vous, c’est moi.
Il eu un haut le corps.
- Vous voulez dire que vous êtes le seul chasseur sur cette base ?
- Non pas tout à fait, il reste un autre pilote qui devrait arriver d’ici peu.
Le jeune pilote allemand regarda le ciel un instant.
- Heu non, non, il n’est pas en vol. Il fait ses courses au village.
Cette phrase provoqua l’hilarité parmi les fantassins.
Le Feldwebel Horak n’eu pas le temps de faire une nouvelle remarque car l’arrivée du deuxième pilote allemand coupa court à toute discussion. Il fut emmené manu militari dans nos geôles afin qu’il ne soit pas confronté avec son camarade.
Le nouvel arrivant avait l’air un peu plus âgé. Il parlait très peu l’anglais, néanmoins j’ai pu comprendre son grade et son nom : Feldwebel Titeuf.
Un peu plus tard dans la soirée, alors qu’Archie et moi nous les avions invités à notre table, ils nous informèrent que leurs services de renseignement leur avaient annoncé la présence d’un squadron de Spitfire sur l’ile de Wight. Aussi, il devait attaquer par groupes séparés et si l’opposition était trop grande, ils avaient pour prescription de ne pas prendre de risques inutiles et rentrer. Lorsque j’ai attaqué le premier 109, le leader a aussitôt informé le reste de l’escadrille qui a quitté les lieux sans attendre leur retour. Quand le feldwebel Titeuf à voulu rejoindre la formation il s’est trouvé seul et a tenté de récupérer son leader ! Bel exemple de courage !
Le lendemain ils étaient escortés en direction d’un camp de prisonniers !

Ce matin là lorsque je quitte mon cantonnement à Newport, grâce à un soleil levant magnifique, le ciel est en fusion. La mer nous apporte une petite brise vivifiante mais pas froide. Les Baufigther alignés en désordre brillent sous le soleil. Un peu plus loin, sous une toile de camouflage tendue j'aperçois la casserole d'hélice noire de mon fidèle Hurricane. De l'autre côté de la piste, il y a l'avion du Major Archie. Depuis l'incursion des allemands sur notre base il y a une semaine, nous avons pris nos précautions. Il y a un tournus en permanence des servants sur la DCA qui a été doublée et des nouvelles pièces de 25mm et de 85 mm ont été placées sur des points stratégiques de l'île. Alors que je marche, plongé dans mes pensées, en direction du réfectoire j'aperçois Archie m'attendant planté devant la porte.
- Lit ça Harry. Me fait le Major on extirpant deux lettres de sa poche.
Il a grand en sourire.
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:36

- Ah, on dirait des bonnes nouvelles à voir ta tête!
- Absolument on ne peut meilleures. La première est officielle la deuxième m'a été adressée personnellement.
Je lis le courrier dont l'enveloppe comprend un timbre humide représentant un aigle stylisé, celui de l'USAAF. On nous informe que la base de Luton va être opérationnelle dans quelques jours et que nous sommes rappelés là bas afin d'être intégrés au 56 fg sous les ordres du Colonel Zemke. Il est prévu que nous touchions nos nouveaux avions, des P47. Le courrier précise aussi que nous allons suivre une formation concernant la procédure d'escorte des B17. Nos Hurricane resteront sur place et seront confiés à deux nouveaux pilotes. C'est un DC3 qui viendra nous chercher le 12 courant, soit dans 4 jours.
- Alors si je comprends bien, on va revoir nos vieux potes Archie?
- On devrait... mais ne te réjouit pas trop Harry, Dowel n'a pas l'air de nous porter dans son cœur et je redoute fortement qu'il nous sépare en nous répartissant dans d'autres groupes. Mais enfin qui vivra verra hein! Lit l'autre lettre.
Elle émane de Gunter. Il explique à Archie qu'il a été mandaté pour transférer les P47 sur l'Angleterre et que son retour est programmé dans quelques jours. Il évoque également le Colonel Dowel avec lequel il a déjà eu quelques démêlées... Ouarf sacré Gun va, sûr qu'il n'allait pas se laisser avoir par l'autre emmerdeur... Il conclut en écrivant que son retour au sein de l'escadrille n'est pas prévu car l'Officier précité si oppose, mais nous promet un retour spectaculaire car il a l'appui des hautes sphères...
- Bon ben on dirait qu'on retourne au charbon Archie.
- Ouai, mais dans quelles conditions de nouveau. Commence à faire chier, pourquoi faire simple quand ont peu faire compliquer.
L'annonce de notre départ n'enchante pas les gars de la base avec qui on avait vraiment lié de bons contacts. Les jours suivants Archie est plutôt ronchon. Je le soupçonne de regretter son Hurricane. En effet, nous n'avons jamais vu le P47 et le peu que l'on en sait c'est qu'il est aussi maniable qu'un camion Studbaker. Personnellement je ne me fais pas trop de soucis, j'en ai trop vu depuis mon arrivée sur le front européen. Je rassure Archie en lui rappelant nos exploits aux commandes de nos valeureux P40. Ca ne le rassure qu'à moitié, indubitablement il préférerait un bon Spitfire MkVb. Peut-être un jour...
L'arrivée de nos remplaçants à lieu le 09 février. Nous les accueillons alors qu'ils débarquent d'un gros Handley Page civil. Le premier est petit et rondouillard, il a les cheveux blonds, des tâches de rousseurs partout et le visage tout rouge. Le deuxième est noiraud, plutôt maigre, il a d'énormes sourcils et un nez si proéminent qu'il doit pouvoir fumer sous la douche. Sur leurs épaules ils portent un triangle orange qui représente leur nationalité d'origine qui m'est inconnue pour le moment. Je vous relate les premiers contacts.
Archie s'avance vers le petit blond qui porte des galons d'officiers
- Hello, I present myself am Major Archie
Son interlocuteur hoche de la tête
- Goedendag ben ik onder luitenant Bhoem en ziehier de sergeant Posthumus. Wij zijn Nederlands.
Rien que de voir la tête à mon officier préféré je suis pris d'un fou-rire incontrôlable.
- ??? Welcome Heu... with Newport, do you speak English? Because if not to communicate Ca will be difficult?
Il s'agit de volontaires hollandais. Le Lieutenant Bhoem ne perd pas son sourire et reprend
- Hoe? Als ik anglais?non, niet, alleen maar Nederlands spreek!
Archi poursuit en anglais comme si de rien n'était.
- How much hour on Hurricane Lieutenant?
Le batave qui n'a visiblement rien compris poursuit dans sa langue incompréhensible
- Zeer goed en u Major? Ik weet, de lucht is vers maar wij houden van de zee wij worden gewend aan de zeelucht!
Et ben ça promet!
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:37

Heureusement, parmi les équipages de chasseurs bombardiers il y a un fPour les Hurricane pas de problème, nos deux remplaçants ayant participé à la bataille d'Angleterre, ils maîtrisent l'engin.
Le 12 au petit matin, après uen dernière caresse sur le flanc de nos MkIIC, nous chargeons nos sacs dans le DC3 et c'est le grand retour sur la terre ferme. Nous lançons un dernier regard à l'île de Wight qui s'éloigne dans la brume. Bonne chance les Baufigther!
Notre arrivée à Luton ne passe pas inaperçue, en effet, tous les RTA sont là au bord de la piste prêt à nous accueillir. Lorsque nous descendons du Douglas les premiers à venir nous faire l'accolade sous le regard désabusé de plusieurs pilotes et membres du personnel d'entretien, sont Fowly et Cbal. Je cherche Gunter des yeux mais il est absent. Les RTA présents n'en savent pas plus à son sujet. La base est énorme, on a rallongé la piste bétonnée, il y a des nouveaux hangars énormes en tôle ondulée, de nouveaux bâtiments abritant les salles de briefing et des réfectoires, il y a des emplacements radars et des antennes radios aux abords de la piste et une nouvelle tour de contrôle a été construite dans le prolongement des immeubles, sur son toit il y a un drapeau américain qui flotte dans le vent. Au loin on aperçoit des dizaines et des dizaines de B17 alignés comme à la parade, la base fourmille de centaines d'hommes portant l'uniforme US. Archie et moi restons abasourdi par ce que nous voyons.
- Cette fois on va gagner la guerre les gars! Murmure le Major les yeux dans le vague.
Les RTA nous font visiter la base, Archie et moi qui portons encore l'uniforme des volontaires américains de la RAF, ne passons pas inaperçu et nombreux sont les regards interrogateurs à la vue de nos vareuses bleues. Sont sympas nos compatriotes, mais j'espère qu'ils n'oublient que nous sommes encore en Angleterre...
Nous découvrons les nouveaux P47D10. La première chose qui choc c'est le volume de l'avion. Pour un chasseur, il est énorme et très lourd. On nous assure qu'il est très efficace en haute altitude. C'est préférable puisque c'est là que nous escorterons les B17. Ce qui m'impressionne le plus ce sont les 8 mitrailleuses de 12,7 dont le canons des armes intérieures a été allongé pour augmenter la précision. J'ai souvenirs des ravages faits par le ses 6 mitrailleuses des P40, et je devine que l'armement du Thunderbold doit être redoutable.
Un peu plus tard, dans en magasin qui sent bon la paraffine, nous touchons enfin nos uniformes et tenue de vol américaine. Ainsi vêtus et propre comme des sous neufs nous nous présentons à Dowel qui nous attend dans son bureau. Il est en grande forme notre super Colon.
- Aaaah voilà le Major Archie! Alors comment c'est passé votre séjour sur l'île de Wigth? J'ai entendu d'excellents échos concernant votre engagement là bas!
Apparemment Archie ne lui a toujours pas pardonné ses remarques désobligeantes et sa réponse est plutôt glaciale!
- Très bien Colonel, notre séjour était très bien, merci!
Dowel fait semblant de ne rien remarquer et continue sur un ton jovial.
- Parfait, alors tout est parfait. Nous avons besoin d'hommes de votre trempe messieurs. D'ailleurs vous allez pourvoir faire profiter les nouveaux de votre expérience. Vous rejoignez le groupe à Francis Gabreski.
Archie reste stoïque!
- Le groupe à Gabreski? ça veut dire que nous ne volerons plus ensemble! Et le Lieutenant Colonel Gunter qu'est ce qu'il devient dans tout ça?
Dowel à petit rire sarcastique.
- "Votre" ancien chef a hérité d'un poste à très haute responsabilité et est intégré dans une équipe de pilotes d'essai chargés d'évaluer les nouveaux chasseurs. Vous le ne le reverrez pas de si tôt sur le front!
Il met un terme à la discussion et nous quittons son bureau le front bas. Lorsque j'ouvre ma lettre je découvre que je suis le second d'un certain capitaine Brenman. Je découvrirais rapidement qu'il s'agit d'un branleur de première. Fraîchement émoulu de son école d'officiers, il est complètement obnubilé par le règlement militaire. Il m'a fait comprendre qu'il n'avait rien à faire de mon expérience au combat et que ma présence lui avait été imposée par le haut état-major et gnagna et gnagna. Autant dire qu'il m'ignore et que mes quelques heures de vol en combat le laissent complètement indifférent
Vite mon île et mon Hurricane, qu'on me rendre mon île et mon Hurricane.
Je peux vous assurer qu'avec lui on intérêt de tenir la formation et de répondre au doigt et à l'œil à ses ordres sous risque de passer en cours martial. Les gars de notre groupe n'en mènent pas large. En ce qui me concerne, je me la joue modeste et je ne donne des informations que lorsqu'on m'en demande. Je passe pour le gros taciturne de l'équipe et personne n'est réellement au courant de mon passé dans les RTA. Par contre, le jour où nous nous somme installés la première fois dans nos Jug, il n'était pas difficile de repérer ceux des Red Tails Angels. En effet, les nombreuses croix gammées représentants nos victoires peintes sous le cockpit ont fait leur petit effet. Et les hommes du groupe nous observent un peu comme si on était des extra terrestres. Les gars murmurent à notre passage. Ben ouai, à force d'occulter notre passer pour éviter "les mauvais exemples" personne ne s'attendaient à voir en la plupart des RTA des as ayant largement dépassé le nombre fatidique des 5 victoires. Je rigole doucement à la tronche qu'ils feraient si Gunter était parmi nous, avec ses 58 victoires aériennes! J'ai baptisé mon P47 "Boch Buster" et je lui ai peint une chouette pin up sur le capot, Bien entendu ça ne plait pas à Brenman dont le zing est vierge de tout dessin et de toutes victoires. Mais bon comme Gabreski le tolère, il se la coince avec peine certes, mais il se la coince! C'est l'essentiel! Au bout du compte, l'ambiance est plutôt morose et les RTA se retrouvent systématiquement isolés dans un coin du bar à discuter avec nostalgie du passé! Nous étions tous au bar quand eu lieu "l'événement"!
Lorsque nous avons entendu un ronflement lointain, nous avons tous levé notre regard de nos verres en signe d'interrogation! Archie qui a l'oreille fine est le premier à se manifester!
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:38

- C'est un Pratt et Withney de P47D ça...
- Je dirais même qu'il tourne a plein régime! Dit Fowly
Effectivement le sifflement strident typique du gros multicylindres en étoile est parfaitement identifiable.
Cbal descend de sa chaise de bar et se rend vers la porte.
- Mais qui peut bien être le cinglé qui approche de la base à cette vitesse!
Accompagnés de nombreux autres pilotes, nous sortons du mess. Nous percevons maintenant nettement le bruit de moteur. Le zing doit arriver à une vitesse impossible parce que nous ne l'apercevons toujours pas.
Archie à un sourire de coin
- Les gars je crois savoir qui est à l'origine de cette manœuvre sportive héhé!
Lorsque le P47 fait son apparition 20 mètres au-dessus de la base à plus de 900 km/h, d'un seul mouvement la foule se jette au sol. Nous avons toutes les peines à ne pas les imiter, mais nous avons la force de résister et nous restons debout suivant du regard le Thunderbold qui , après être remonté en flèche vers le ciel, vire sur l'aile pour s'aligner sur la piste plein gaz. Trois tonneaux déclenchés plus tard le P47 reprend un peu d'altitude, effectue un grand virage à gauche, casse sa vitesse, sort ses volets et pose sans aucun rebond.
- Les gars, il n'y a qu'un pilote pour faire un truc pareil... Gunter, sûr que c'est lui!
Le P47 ne porte pas de camouflage, et sur le côté gauche, sous la verrière, il y a un nombre impressionnant de petites swastika! D'un coup de gaz rageur, palonnier plein droite, le pilote effectue un demi-tour et immobilise son avion sur le bord de la piste. On dirait que les gens sont pétrifiés, personne n'ose bouger. Le cockpit s'ouvre, s'aidant des deux mains sur le bord de la verrière, le pilote s'extirpe souplement de l'habitacle et dépose son parachute dans l'habitacle. Après avoir enlever son casque, ses lunettes et ses gants, il pose sa casquette d'officier nonchalamment de travers sur la tête, s'allume une cigarette et s'approche de nous dans cette démarche que nous avons tant vue de fois. Dans la foule derrière nous, les commentaires vont bon train. La voix légèrement dissonante par l'émotion, Cbal parle doucement:
- Ouai, les gars, cette fois pas de doute! Nous allons la gagner cette foutue p.tain de merde de guerre!
Gabreski et Zemke sont entre temps arrivés et s'approchent de Gunter, une solide poignée de mains plus tard, les trois hommes s'approchaient des pilotes qui toujours perplexes restaient immobile dans un silence gêné. Tu parles, en gars qui passe en rase motte au-dessus d'une base, effectue que figures de voltige se pose l'air de rien et se fait saluer respectueusement par le commandant de l'escadrille et son second. Eisenhower sortirait de l'avion qu'il n'en serait pas moins surpris. Tenant Gunter par l'épaule Gabreski prit la parole:
- Messieurs, permettez-moi de vous présenter une légende de l'USAAF, l'as des as aux 58 victoires, le Lieutenant Colonel Gunter!
Derrière moi je surprends le commentaire d'un jeune pilote.
- Hein, alors ce gars existe vraiment! Incroyable, moi qui croyait qu'il avait été inventé par la propagande américaine.
Gunter s'est approché de nous, c'est comme si on retrouvait un pote qu'on croyait perdu depuis vingt ans. Pour bien montrer à cet endoffé de Dowel qui blanc comme linge assiste à la scène depuis l'entrée de son QG, que nous avons encore quelques notions de discipline militaire, nous nous alignons et saluons d'un seul geste, notre commandant. Archie prend la parole:
- Escadrille des Red Tails Angels à vos ordres commandant. Effectif 12, disparu ...7, présent 5!
Gunter a les traits marqués par la fatigue et il a perdu poids.
- Salut les gars, content de vous revoir, ça faisait une paye hein. Mais voilà on voulait m'écarter, mettre ce vieux Gun au rebut. C'était mal me connaître, je me suis quand même pas battu pendant trois ans contre les japs et les fritz pour me faire avoir de la sorte. J'ai bataillé ferme auprès de l'état-major de la 8ème armée, j'ai même dû arrêter de boire, mais on m'a rendu le commandement des Red Tails Angels et c'est ce qui compte...
Fébrilement il fouille dans a poche et en sort un papier tout chiffonné qu'il tend à Dowel qui nous a rejoint.
- Pour vous Colonel, de la part du général Eisenhower.
D'une main précieuse Dowel ouvre la lettre qu'il lit rapidement. Son visage est crispé dans un rictus de dédain.
- Bien Lieutenant Colonel, me voilà donc obligé de vous souhaiter la bienvenue à Luton et de vous rendre votre escadrille. Je peux vous affirmer que je le fait à contre cœur. Mais bon, si même Gabreski et Zemke semble vous tolérer...
Sans un mot de plus, il fit demi-tour et s'éloigne d'un pas rageur en direction de son bureau.
La séquence émotion étant passée, Gunter affiche un grand sourire dans notre direction.
- Les gars, je ne pouvais pas louper ça, c'est pour cela que je suis revenu héhé!
Nous le regardons tous incrédules.
- Heu... loupé quoi Gunter!
- Et bien vous avez la mémoire bien courte les amis. Il y a deux ans jour pour jour, nous avons créé cette escadrille! Alors tous au bar pour fêter ça!
On dirait que le vœu d'abstinence de Gunter vient de prendre fin!

...ainsi, l'état-major général décide que le Major Fowly est momentanément retiré du front jusqu'à ce que son état de santé s'améliore!
La phrase résonne désagréablement dans nos oreilles. Fowly nous quitte quelques temps, nous savons tous qu'il avait une malchance terrible ces dernières semaines et nombre de problèmes techniques ont émaillé de manière fort désagréable sa participation à nos dernières missions. Ces problèmes totalement indépendants de sa volonté avaient fini par lui entamer sérieusement le moral. Avant que sa brillante carrière ne finisse dramatiquement, il avait été décidé de le retirer du front le temps qui se refasse une santé. Personnellement, nous savons tous que Fowly ne rejoint pas une maison de repos, bien au contraire, ses grandes qualités de pilote lui ont permis d'être sélectionné comme pilote d'essais sur de nouveaux appareils ultra secrets à propulsion par moteurs fusées et turbines.
Outre le cas précité, il y a Archy qui a pris mauvais coup. Il a été blessé assez gravement au bras gauche et il est out pour au moins encore une semaine. Il n'y a pas que chez les RTA que l'ambiance est morose. Les B17 s'en prennent plein les gencives c'est le cas de le dire et leurs pertes sont réellement devenues inquiétantes. A ce niveau, de notre côté également la situation est plutôt préoccupante. Nos P47D10 sont certes agiles en altitude, mais nous avons pour ordre de ne pas quitter d'une semelle les bombardiers et notre rôle est purement défensif. Du coup, notre responsabilité se résume à éloigner la chasse ennemie des boxes de B17. Malheur à celui qui tente de poursuivre un Bf109 ou un FW190, non seulement il est presque sûr d'y rester mais en plus le savon de Gunter ou Gabreski est du genre à préférer se faire capturer plutôt que de rentrer à la base. Un grand nombre de pilotes optimistes se sont fait abattre en tentant de suivre un chasseur ennemi plongeant vers le sol. L'attitude conquérante des pilotes US à leur arrivée en Angleterre à changée, vu le taux énorme de leurs pertes la plupart ont adopté le profil bas. En moins de trois semaines, rien que dans les RTA, nous avons connu pas moins de huit disparitions et on ne compte plus les blessés et nous faisons partie du groupe qui connaît le moins de pertes, c'est dire. Même Brenman est redescendu de sa planète. L'autre jour il m'avouait les larmes aux yeux qu'il n'en pouvait plus d'écrire aux familles des disparus. Finalement, lorsque nous nous retrouvons entre officiers les critiques vont bon train. Alors que les Anglais envoient leurs Lancaster sans escorte la nuit et connaissent beaucoup moins de pertes, nous nous évertuons à voler en plein jour à la merci de la Luftwaffe. Les Britanniques possèdent des avions rapides et efficaces comme le Spitfire, le nouveau Typhoon et surtout le Mosquito. Pourquoi une version de ses appareils ne pourrait pas être modifiée et ainsi participer aux escortes? Les discussions stériles de la sorte animent nos soirées au bar. Au fond de nous-mêmes nous savons tous que la situation est pour l'instant bloquée et que nous n'avons pas le choix, il faut continuer coûte que coûte!
Pourtant les choses vont changer!
Tout d'abord Gunter et Gabreski ont étudié de nouvelles stratégies et ce qui est important, ils ont non seulement eu, une oreille attentive de la part de Zemke, mais également de Dowell qui ne sait plus à quel se vouer. Gunter a demandé à ce que nous soyons changés de base. En effet, nous perdons beaucoup trop de temps dans nos avions à attendre à ce que tous les B17 décollent. Cette demande a été acceptée. Dorénavant, les deux squad seront séparés, Gabreski reste avec les B17 à Luton, alors que les RTA sont transférés à la base de Duxford. La deuxième chose intéressante, c'est que Gunter a réussi à convaincre l'EM à nous confier les P39 initialement destinés à la RAF et que celle-ci a refusé après plusieurs tests. Troisième point, pour varier nos missions, des objectifs sols nous seront assignés de temps à autres.
Lorsque je rejoint l'escadrille après une semaine de permission, je retrouve une équipe dont le moral est bien meilleur. Ce n'est pas encore l'euphorie des grandes heures RTA, mais la destruction de deux U-boot pendant mon absence a permis à tous de reprendre confiance. Et le P39 semble bien convenir à Gunter et Cbal qui prennent le commandement de ce groupe lorsqu'ils sont engagés. Du coup, avec le retrait de Fowly et Archy, je me vois attribuer le commandement des P47.
- ... et tu ne quitte pas les B17 d'un mètre! Ok Harry!
- Pas de problème Sir, j'ai l'habitude!
Gloups je fais le malin, mais en fait, rien de plus simple que de suivre son leader, alors que cette fois, c'est à moi de mener le l'escadrille à la bonne place la lourde responsabilité d'éviter le massacre des bombardiers!
Je consulte fébrilement le briefing. Je marque mes caps et les altitudes à suivre. Les B17 volerons à 6000 mètres. Ils traverseront la manche sans escorte, nous devront les rejoindre au-dessus de Valogne en Normandie et les accompagner sur Caen où est leur cible. Je donne toutes les informations à mes seconds soit Raja et Titeuf. Lorsque j'ai l'impression d'avoir enfin tout planifié nous rejoignons nos P47.
Mon pauvre "Boch Buster" a triste mine. En trois semaines de combat il a déjà pris de méchants coups et je ne compte plus les trous rebouchés au moyen de plaques en aluminium rivées.
Gunter et Cbal avec les P39, iront de leur côté chercher des objectifs sols. Ce sont les premiers à partir. Depuis mon cockpit envahi par le bruit sourd du moteur, je regarde la silhouette élancée des Bell prendre l'air sur leur gracile train trois points. Quelle différence avec nos gros "Jug" qui maintenant balancent doucement leurs ailes au rythme du ralenti cahotant du puissant moteur en étoile. Mon groupe est composé de pilote d'expérience et une fois en l'air nous nous mettons rapidement en formation. Je suis décidé à prendre rapidement un maximum d'altitude et nous grimpons à 6000 mètres de la puissance de nos moteurs. Tout en montant en spirale, je suis le cap des bombardiers. Une fois à 6500, j'ai beau scruter le ciel avec attention, je ne vois les boxes. Nous continuons en direction de Valogne. Je n'y comprend rien, selon mes calculs nous devrions voir les bombardiers depuis déjà un moment. Le silence radio étant imposé drastiquement, je me retient d'appeler le squad leader des B17. Nous arrivons au-dessus de Valogne toujours rien, je commence de stresser. Je consulte la carte avec attention, je regarde l'heure, bon sang on devrait tomber sur ces foutues superforteresses depuis au moins 3 minutes déjà. Tout en maintenant note altitude je continue en longeant la côte, derrière moi fidèles, Raja et Titeuf suivent mon sillage.
- Ici Gunter, Harry tu m'entends, je vois les B17 à la hauteur de l'île à l'Est de la pointe d'Hoc, où se situe l'escorte?
L'île à l'Est de la pointe d'Hoc?!?!? Je jure intérieurement, on est beaucoup trop à l'Ouest. Merde comme ais-je pu me tromper pareillement. Dans un premier temps j'informe Gunter de notre position, et dans un deuxième je donne à l'escadrille un nouveau cap de 120. En effet, les bombardiers ayant comme objectif Caen, ils devront bien à un moment ou un autre prendre plein sud en direction de la ville en question, aussi j'espère ainsi couper leur trajectoire. J'informe notre commandant d'escadrille des nouvelles dispositions.
- Ok Harry, nous allons nous occuper de l'escorte avec les P39 jusqu'à votre arrivée!
Bon sang, je n'en mène pas large, quelle gaffe! Est-ce le stress ou l'énervement, toujours est-il qu'à un moment donné je n'aperçois plus Titeuf et Raja. Je m'empresse de les appeler, ils m'informent qu'ils sont à 3000 mètres en dessous. Je leur donne mon cap et leur demandent de remonter dans ma direction, je réduit les gaz à 60 %. Quelques minutes plus tard, j'aperçois sur ma gauche au loin l'île dont me parlait Gunter. Au moment où j'aperçois enfin les B17, Gunter et Cbal me préviennent qu'ils viennent d'engager la Luftwaffe. J'aperçois effectivement au loin des tirs . Les B17 n'ont pas l'air trop inquiété et je passe en dessus de la formation en direction des combats. Alors que je suis à la recherche d'un avion ennemi j'entends les Gunter annoncer que l'engagement est terminé, ils ont abattu plusieurs appareils ennemis et ceux qui restaient ont préféré rompre le combat. Je suis les bombardiers sur leur chemin du retour et une fois en sécurité je demande au reste de l'escadrille de rentrer et break au sud pour aller à la rencontre des P39. A un moment donné des tirs de DCA ennemi venant dans ma direction m'indiquent la position de plusieurs véhicules. Ils sont alignés sur une route, aussi j'effectue un large virage et m'aligne sur la colonne. A 200 mètres je straffe consciencieusement les véhicules dont plusieurs explosent. Comme d'habitude, je n'effectue pas de deuxième passage et prend le chemin de la base. De nouveaux tirs venant du sol plus au nord est, m'indiquent une nouvelle cible et je prends la direction et je repère rapidement un char isolé près d'une ferme. Je concentre le feu de mes 8 mitrailleuses sur l'engin blindé qui est détruit. Un peu plus loin, il y une pièce d'artillerie isolée, comme elle en plein sur ma trajectoire facile de l'allumer. J'aurais mieux fait de m'abstenir, car il s'agit d'un canon ami! Enfer et damnation, je suis à cheval sur la ligne de front et je n'ai rien vu. Bon j'arrête là et rentre à la base où j'ai le plaisir de retrouver tous les RTA vivants. C'est déjà ça! J'aurais l'occasion de me racheter!rançais dans la maman était flamande et il arrive enfin à communiquer.
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