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Birmanie... bien avant la campagne

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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:21

Totalement imaginaire et totalement improbable. Ecrit rédigé avant que je m'intéresse beaucoup plus sérieusement à la Birmanie, à la Malaisie pour créer ma campagne. Aujourd'hui, je réalise au combien ce texte contient de grossières erreures. A lire avec beaucoup de recul. Laughing

Lorsque l’hélice de mon Spitfire s’immobilisa enfin, je restais un instant assis dans le cockpit, profitant du silence enfin revenu après plusieurs heures de patrouille au dessus du Chanel. Deux nouvelles victoires à ajouter au bénéfice du flight Circus, un Ju88 et un FW190. Les Allemands effectuaient régulièrement des raids sur la côte anglaise et nous avions accroché une escadrille de bombardiers volants au radada, juste avant qu’ils ne bombardent Portsmouth. On les avaient repéré de loin et on leur était tombé dessus depuis le soleil. Ils n’ont eu aucune chance…la plupart avaient été abattus… un vrai massacre! Leur escorte composée de FW190 peu à l’aise à basse altitude, après avoir tenté vainement de s’interposer n’avait pas demandé son reste et fait rapidement demi-tour en direction de la France occupée. Jusqu’où ira cette guerre effroyable? Encore combien de morts faudra t’il ?
A l’extérieur, tous les Rolls Royce Merlin s’étaient tus et depuis, seul le bruit des mécaniciens poussant des chariots ou les moteurs des camions de ravitaillement se faisaient entendre! Soudainement, un léger bruit du côté de mon canopy me sorti de ma torpeur. Ah oui, les mécanos, ils s’inquiètent de ne pas me voir quitter mon avion. Il y a déjà une ambulance qui fait route vers moi, rapidement de la main je leur fait signe que tout va bien ! J’ouvre ma verrière, la petite porte latérale s’abaisse :
- Tout va bien Sir ?
- Oui, oui, tout est ok, je suis juste un peu fatigué !
A l’extérieur, le brouillard de mi décembre est tombé rapidement et un froid humide fini de me sortir de ma léthargie. Lourdement, je saute du Spitfire… tient un impact de balle dans le fuselage… du petit calibre… probablement un mitrailleur de Ju88… même pas remarqué que j’avais été touché !
- Des pertes Sir ?
Williamson, notre officier de renseignements ne perd pas son temps, il vient déjà aux nouvelles. Incroyable gaillard, qui quelles que soient nos pertes ne bronchent jamais, le flegme anglais à l’état pur. Je lui annoncerai que toute l’escadrille est détruite qu’il ne lèverait même pas un sourcil.
- Non… aucune perte aujourd’hui Lieutenant !
- Des victoires ?
- Deux pour moi, un Ju88 et un FW190, les autres ont en eu aussi, ils vous informeront en conséquence !
- Et bien voilà une mission réussie, n’est-il pas Sir ? C’est fort bien, le Maréchal de l’air sera content !
Et le voilà qui fait demi tour et se dirige de son petit pas cadencé en direction du dispersal, son cartable sous le bras. Les pilotes sont excités, la journée a été faste et plusieurs ont des victoires à accrocher à leur palmarès.
Mon parachute sous le bras, j’interpelle un mécano.
- Tenez soldat merci d’aller déposer ça dans mon vestiaire.
Je visse ma casquette sur la tête et contemple l’aérodrome. Pendant que des soldats de manutention pousse nos Spitfire sous leur abris, les mécaniciens ont déjà ouvert les capots moteurs, les armuriers à genoux sur les ailes, garnissent les magasins de munitions alors que d’autres ont extirpé de leur citerne de longs tuyaux noirs et les ont raccordé sur l’avion pour faire le plein de carburant.
Le brouillard est cette fois opaque, tout en frissonnant, je plonge la main dans la poche interne de ma vareuse et je sors un paquet de blondes à moitié écrasé. J’en extirpe délicatement une cigarette que j’allume avec délectation. La pression tombe gentiment. Au loin, j’aperçois la porte de mon bureau, à l’intérieur ma lampe est déjà allumée. Probablement qu’après s’être discrètement assuré que je me portais bien, le fidèle caporal Wilson s’y est rendu dans pour y alimenter le poêle et déposer sur la petit table du fond un plateau avec du thé et quelques gâteaux. A cette idée réconfortante, je pressais le pas.
Wilson se trouvait encore à l’intérieur à mon arrivée.
- Bonsoir Sir, heureux de vous voir en bonne santé. Il semblerait que la journée a été riche en événements n’est-ce pas ? J’ai allumé un feu dans le poêle et déposé votre thé à sa place habituelle! Ah oui ! Vous avez du courrier émanant du Maréchal Park sur votre bureau, et le Commandant Archie a essayé de vous attendre téléphoniquement aujourd’hui! Avez-vous encore besoin de moi Sir ?
- Non ! Merci de votre attention Wilson, vous pouvez disposer!
Le caporal quitta la pièce silencieusement !
Je regardais la lettre sur mon bureau… Qu’est-ce que peut bien me vouloir encore ce vieux grincheux de Park ? Je commencerai par faire mon rapport quotidien et bientôt le cliquetis traditionnel de ma machine à écrire résonna dans la pièce. Une vingtaine de minutes plus tard, alors que j’allais décacheter mon courrier, le téléphone se mit à grelotter.
- Commandant Flower !
- Ici le dispersal, sergent Briggs Sir, le Commandant Archie aimerait vous parler Sir !
- Et bien passer moi la ligne Briggs… je t’écoute vieil ours, qu’as tu encore encore fait de si important, pour m’appeler à une heure pareille ?
Le rire reconnaissable de mon vieux camarade de combat résonna au bout du fil !
- Je suis sûr que tu n’as pas encore ouvert ton courrier, sinon tu saurais pourquoi je t’appelle !
Pendant qu’il parle, je remémore notre passé finalement si proche, mais tellement intense. Bataille de France et d’Angleterre, la Méditerranée et l’Afrique, combien de fronts et d’avions avons nous vus ! Du P40E au Hurricane en passant par les Swordfish et les Gladiator de Malte et puis enfin le retour sur l’Angleterre et les retrouvailles avec le Spitfire ! A l’époque Archie était mon commandant, en fait le second du célèbre Major Gunter, un as volontaire américain qui a fini par joindre la Navy. Puis lorsqu’il a repris le 615ème squadron je l’y ai rejoint et quelques semaines plus tard, j’ai pris le commandement du flight Circus, et ce grâce à Archie qui a intercédé en ma faveur.
Le téléphone coincé entre mon épaule et mon menton je poursuis.
- Mmmh, deux secondes j’ai une enveloppe devant moi… je l’ouvre… et… nous avons rendez-vous… ce soir à 20h00 dans les bureaux du quartier-général à Londre… Nom de Dieu, mais t’as vu l’heure ? Je vais être en retard ! Non mais c’est pas vrai, il croit quoi Park! Que je peux me transformer en lumière en l’espace de deux secondes…
- Du calme Harry, il est 18h15, on a le temps (rire) je suis à l’entrée de la base, tu te changes et ensuite c’est un Lysander qui nous conduira à Londre ! Je te savais en mission cet après-midi, alors j’ai tout organisé !
Respire un coup.
Je soupirais.
- Bon Ok, merci tu me sauve, je me change et j’arrive ! Tu peux me m'attendre dans mon bureau, j’ai du thé chaud et des cookies !
- Du thé et des biscuits… j’y crois pas… tu m’as déjà mieux reçu…
Je pose le combiné et me précipite dans ma chambre pour revêtir mon uniforme de campagne. 15 minutes plus tard, je retrouvais Archie assis devant mon bureau un verre de pur malt à la main. Mon préféré. Je le chariais.
- Et bien vas-y fait comme chez toi.
Il rigola doucement.
- Tu me dois bien ça hein ! Bon on y va ?
Entre temps, je n’avais toujours pas la moindre idée pourquoi Park tenait à nous voir si rapidement. J’interrogeais Archie :
- T’as une idée de ce que nous veux le Maréchal ?
- Non pas la moindre, mais j’ai l’impression que nous serons rapidement fixés !
Le Lysander s’éleva au travers de la couche ouateuse. Les pilotes de ces avions n’ont pas la notoriété des pilotes de chasse, mais ce sont les rois de la navigation, capable de prouesses extraordinaires aux commandes leur petit transport. Aussi, malgré la nuit et la couche de brouillard qui fut bientôt traversée, je restais parfaitement serein. Pendant le vol, nous parlons de tout et de rien, notamment des nouveaux pilotes qui ont récemment rejoint nos rangs. Un gars comme Cheval, d’origine belge. Visiblement un certain âge, mais a réussi à traverser les tests physiques et médicaux avec succès. Il a certainement triché son âge, mais pour nous ça n’a aucune importance, non seulement le gars est un joyeux bout en train, mais il se débrouille plutôt bien aux commandes de son avion et ç’est ce qui compte pour nous.
1 heure plus tard, nous atteignions enfin Londres qui sous le couvre feu, ressemble à une ville fantôme. L’appareil de transport se pose sans un rebond sur la piste bétonnée de Luton. Une Rover aux sièges moelleux vient nous chercher à la porte de la base et fonçant tous feux éteints au travers de la banlieue londonienne nous conduit en direction de Londre. Un peu plus tard, nous retrouvons Picadilly Circus et les rues de la capitale d’habitude si animées. La bataille d’Angleterre a laissé des stigmates profondes et de nombreuses rues sont encore barrées. Stoïques, les londoniens ont conservé leur train de vie tant bien que mal. Quelques minutes plus tard, je suis presque surpris de me trouver devant le quartier général. A l’entrée, du bâtiment nous sommes rejoint par les Commandants Fowly et Ejybe, nos homologues des flight Rhubarb et Ramrod du 615ème. Après nous êtres annoncés au planton, nous voilà suivant un jeune officier au travers des couloirs de l’Air Ministery jusqu’au bureau du Maréchal Park qui nous reçoit jovialement. Il était accompagné de deux autres officiers de haut rang qu’il ne prend pas la peine de nous présenter tout de suite.
- Entrez, entrez Messieurs. Installez-vous, nous avons à parler… Je sais que depuis le début du conflit vous n’avez pas été épargnés. On vous a souvent muté et pas toujours à des endroits faciles et agréables. Mais pour nous, vous êtes des éléments précieux… votre expérience et votre débrouillardise vous seront précieuses pour la nouvelle mission qui vous sera confiée !
Une nouvelle mission ??? Et merde moi qui était si bien du côté de Porstmouth !
Park poursuivit :
- Je vous présente l’Air Commodore Fedwik responsable des forces aériennes britanniques dans le sud est asiatique, et son second le group Captain Dagmoore.
S’adressant à eux.
- Messieurs nous vous écoutons !
Fedwik se racla la gorge, s’approcha d’une grande carte qu'il déroula contre le mur, elle représentait une partie du sud est asiatique.
- Voilà messieurs, comme vous le savez tous, le 07 décembre dernier, les japonais ont attaqué Pearl Harbor et détruit la quasi totalité de la flotte américaine basée aux Philippine. Les japonais ont ainsi ouvert un nouveau front dont on se serait bien passé. Actuellement leur offensive balayent tout sur son passage. Les Hollandais ont quitté Java et Sumatra et nos troupes basées en Malaisie subissent de plein fouet l’offensive Nippones. Percival bat en retraite et Mac Arthur qui affirme avoir 200'000 hommes dont 15'000 américains, compte tenir les Philippines ! Mais les forces alliées dans ce secteur sont terriblement mal organisées. Elle sont démunies de tous, surtout de matériel lourd. Nous sommes complètement débordés de tous les côtés… il y a quelques jours nos cuirassés le HMS Repulse et le HMS Prince of Wales ont été sévèrement touchés… et coulés !
Nous savions que la situation dans le Pacific était dramatique, mais à ce point !
Après s’être épongé le front, Fedwik poursuit :
- Nos Hurricane basés en Birmanie ne peuvent faire face aux « Zéro » japonais supérieurs en tous points à nos chasseurs. Les P40 et les Buffalo néo-zélandais, australien, hollandais et américains ne font également pas le poids et sont taillés en pièces par les forces aériennes japonaises, la situation est dramatique ! …Messieurs, il est temps que nous réagissions ! La Royal Navy a dépêchée dans le pacifique une partie de sa flotte affectée au nord de l’Atlantique! En ce qui concerne la RAF, nous devons à tout prix renforcer notre aviation là bas. Et c’est là Messieurs que l’expérience chèrement acquise par le 615ème prend toute son importance.
Fedwik ouvit le col de sa vareuse et versa 7 tasses de thé qu'il servi à chacun. Tout en remuant son breuvage fumant, il s’approcha de la carte. Avec sa petite cuillère en argent il indiqua un détroit au sud de la côte Birmane. Parlant plus calmement il poursuivit :
- Actuellement, des troupes venant du sud des Indes et tout ce qui a pu être récupéré de l’armée du malheureux général Percival soit environ 14’000 hommes. fait route vers ce petit détroit situé à l’ouest de Kawthaung. Des soldats d’infanterie, du génie, des marins et des mécaniciens qui ont pour mission la construction d’une nouvelle base pouvant permettre à des bâtiments lourds comme des cuirassés ou des portes-avions d’accoster, de construire une piste d’aviation capable de recevoir des bombardiers comme nos Lancaster ou nos Wellington.
Il se retourna vers nous.
- Le 615ème squadron a été désigné pour être la première escadrille a servir sur cette base. Dans un premier temps vous rejoindrez le Caire par bateau et ensuite plusieurs Wellington vous transporterons à Bombay. Depuis là vous vous rendrez directement sur place en bateau. Des Spitfires neufs, des pièces de rechange et une partie du personnel de manutention sont déjà partis. Les avions seront montés sur place.
Il s’approcha de la carte.
- Et bien si ces Messieurs les japonais, veulent s’en prendre à nos bases du sud-est asiatique, qu’ils viennent, nous leur réserveront une petite surprise… si Dieux le veut bien sûr !
Se retournant vers nous :
- Bien Messieurs, maintenant si vous avez des questions je suis à vous. Des ordres écrits et détaillés vous seront remis personnellement avant qu’on se quitte !
Solennel le Maréchal Parks pris la parole.
- Je me rends bien compte ce que vous coûte une telle décision, mais actuellement vous êtes l’escadrille la plus appropriée pour ce travail. Messieurs, je vous remercie d’avance pour l’effort que vous allez devoir fournir ! Votre rôle consistera en premier lieu à protéger la base et nos convois, des agressions aériennes japonaises dans ce secteur.
Que peut on rajouter à cela, rien ! Un ordre est un ordre et après un salut poli, nous quittons silencieusement le bureau notre enveloppe sous le bras. Archie se manifesta le premier.
- Finalement avec ce que nous avons vécu en Afrique, ça ne sera qu’une expérience de plus hein. Et puis Ejybe toi qui te plaint de rhumatismes le soleil te sera bénéfique !
Mais son calembour tomba à plat
- J’ai l’impression que tu ne te rends pas compte qu’on sera à un contre cent Archie ! Si tu as un peu lu les nouvelles ces derniers temps, ce que j’espère, tu devrais savoir que les japonais sont redoutables et que rien ne leur résiste. Ils renversent tout sur leur passage, réduisent à néant tout ce que les Américains, les Australiens ou les Hollandais ont pu mettre sur leur chemin et d’après ce qu’on dit, ils n’aiment pas beaucoup faire de prisonniers. Alors franchement le soleil et ses bienfaits pour mes petits bobos, je ne crois pas que j’aurais vraiment le temps d’y penser !
Sur ce, il s’engouffra avec Fowly dans la voiture et nos deux amis nous quittèrent ainsi.
Archie resta un moment silencieux et quand l’arrière de l’Austin eu finalement tourné au bout de la rue il se décida à parler.
- Je sais bien tout cela… mais il faut bien trouver quelque chose pour nous remonter le moral non !
- Mmh ça sera pas de la tarte… allez on rentre pour annoncer ça aux autres et ensuite je t’offre un verre de mon meilleur whisky, tu sais celui que tu as attaqué totu seul ce soir dans mon bureau !


Dernière édition par le Mar 20 Mar 2007 - 23:45, édité 1 fois
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:22

Il ria doucement.
- Ok, je te suis, j’en aurais bien besoin !

Le voyage, fut long et dangereux, notamment à cause de ces foutus U-Boots qui n’arrêtent pas de s’en prendre à nos convois. Le transit du Caire à Bombay en Wellington fut par contre sans histoire. La ville indienne nous accueilli dans une chaleur étouffante et c’est sans regret que nous avons embarqué sur le HMS Vampire à destination de notre nouvelle affectation que nous rejoignons après 10 jours de mer. Sur place nous sommes subjugués par le travail effectué par nos troupes. En moins d’un mois, ce coin qui n’était que jungle a été transformé en une base opérationnelle comprenant un mouillage pour navire de gros tonnage mais aussi une piste en plaques d’acier perforées aussi large et longue que celle de Tangmere. En plus, à ce jour, les japonais ne se sont pas encore manifestés et il est vraisemblable qu'ils ne sont pas encore au courant de nos nouvelles installations. Le moral remonte, ceci d'autant plus quenosu apprenons que pour la première fois les américains tiennent face au Japonais qui tentent de prendre l'île de Wake. Nous avons hâtes de voir nos Spitfire prêt au combat. Plusieurs avions sont d’ailleurs en cours de montage et quatre sont déjà pratiquement apte à prendre l’air. Nous avons également la surprise de voir décharger plusieurs caisses et conteneurs dans lesquelles sont rangés les éléments permettant de monter une station radar complète ! Notre état-major a visiblement pris très au sérieux la menace ! Deux jours plus tard, les six premiers Spitfire prenaient l’air et faisaient un vol d’essais tout à fait concluant! Un entraînement au tir et des essais parachevaient cette journée fort bien remplie! Nous étions prêt à recevoir les japonais! Ca allait barder !
Depuis l'interception du raid aérien japonais, la tension est montée d'un cran sur notre base. Afin de ne pas perdre en vigilance, les servants DCA se relayent régulièrement et les armuriers vérifient et soignent régulièrement les armes. Des réserves supplémentaires de munitions ont été stockées à proximité des pièces d'artillerie. Notre service de renseignements reste continuellement à l'écoute des nouvelles du front. Williamson reste à son poste 24 heures sur 24. Il a les traits tirés. La fatigue, l'humidité et la chaleur ont eu raison de son flegme légendaire. C'est affreux, rien ne semble n'arrêter l'offensive japonaise et heure par heure on peut suivre l’évolution du front. En ce qui concerne le 615ème, les flight, en patrouilles de trois avions, s’élancent à tour de rôle pour couvrir le secteur. Depuis que les Japonais sont entrés en Birmanie par le Nord-Est, nord nous devons également surveiller l'intérieur des terres ainsi qu'une partie du Golf de Thaïlande. Des observateurs assistés d'indigènes ont été placés un peu partout dans un rayon 50 km de la base. Myitkyina, Mingun et Yvama sont déjà tombés, les troupes japonaises continuent d'avancer sur Yangon. En cas de coup dur, une retraite temporaire a été organisée sur les îles Andaman où une piste de fortune a été préparée en urgence par des troupes venant des Indes. Depuis là, nous pourrions être ravitaillés via le Bangladesh. Pourtant malgré cette situation qui semble de plus en plus tendue, aucun mouvement ennemi n'a été remarqué depuis notre accrochage avec les Japonais. Ainsi, notre petite communauté continue de vivre au rythme des ravitaillements et de l'arrivée de renforts. Ce sont surtout des fantassins qui régulièrement débarquent. De temps en temps, nous avons un pilote qui nous rejoint, le dernier est le WO Rhamirez, un jeune mexicain plutôt sympathique qui a peu d'heures de vol mais qui fait preuve d'une vivacité d'esprit hors du commun. Après quelques heures de formation sous l’aile du sqd leader Fowly, il a intégré le flight d’Ejybe et les accompagne régulièrement lors des patrouilles.
Question sentimentale, Fowly poursuit ses cours de langue avec sa muse birmane. Par contre pour les autres hommes de la base, pas beaucoup d'espoir avec le contingent féminin dont la plupart des filles ont un profil plus proche d'un agriculteur gallois que d'une belle bourgeoise londonienne. Sans compter une agressivité toute particulière vis-à-vis de ceux qui oseraient tenter de s'approcher un tantinet trop près de leurs cantonnements. Le seul à avoir réussi à tirer son épingle du foin, c’est Archie qui fréquente l'exception de ce petit groupe de soldats féminins question physique, soit la responsable de l'infirmerie, le Lt. Gaëlle Angel. Une très belle jeune femme de caractère, mais qui mène son personnel avec beaucoup de verve. Le courant passe plutôt bien entre les deux puisque notre vieil ami s'évertue même à lui apprendre les bases du pilotage sur Spitfire.

Ce jour là, c'est au tour du sqd leader Ejybe de commander la patrouille. Le flight est composé de notre canadien national Pitpit et de Rhamirez qui brûle d'abattre son premier Zéro. Il a pour mission de surveiller le secteur de Beik à la côte Ouest du Golf de Thaïlande. Ils emportent des réservoirs additionnels de 100 gallons. Cela faisait déjà plus d'une heure que la patrouille était en vol, lorsque la radio dans la cabane de bambou se mis à grésiller, c'est un poste d'observation avancé...
- Ici Elephant blanc! Ici Elephant blanc! J'appelle Tigre royal! Tigre royal me recevez-vous?
Le sergent radio Banoon d'origine birmane se précipita sur son microphone.
- Ici, Tigre royal, je vous reçois 3 sur 5 Elephant blanc, parlez!
- Nous signalons la présence de deux hydravions ennemis volant sur un cap 200 en direction de Kawthong! Je répète, signalons la présence de deux hydravions ennemis se dirigeant par un cap 200, en direction de Kawthong!
Notre base étant à moins de 50 km au sud de la ville précitée, il y a du stress dans l'air.
- Ici Tigre royal! Bien compris... Deux hydravions ennemis se dirigent vers Kawthong! Quelle altitude?
- Ici Elephant blanc, entre 500 et 1000 mètres. Ils sont probablement en mission de reconnaissance.
Banoon se retourna vers Williamson.
- Sir, des avions ennemis sont en approche de notre base... deux hydravions!
L'officier de renseignements pris rapidement des notes et s'approcha du deuxième poste radio.
- Ici Tigre Royal! Flight Ramrod m'entendez-vous?
- Red leader, je vous entends 5/5, répondez!
- On nous signale deux avions de reconnaissance faisant route vers Kawthong... altitude entre 500 et 1000 mètres, cap 200. Votre position red leader !
- Red Leader, nous sommes sur un cap retour base, Nord Est, nous nous mettons immédiatement chasse!
Williamson se retourna vers Banoon.
- Restez à l'écoute Sergent et tenez-moi au courant, je vais informer le Commandant Archie en urgence.
Les trois Spitfire faisaient maintenant route plein gaz afin de tenter de couper la route aux avions japonais. Ejybe avait placé son escadrille à 2000 mètres et ses yeux fouillaient avec attention le ciel et le sol. En dessous de lui la jungle birmane, immense tapis vert aux replis causés par quelques collines et striée de cours d’eau, défilait sous les ailes du chasseur britannique.
Soudainement la voix excitée de Rhamirez résonna fortement dans les écouteurs
- Merde alors! Regardez…deux... deux contacts, bas... à 2 heures bas, deux contacts vous les voyez?
Les ailes de son Spitifire se mirent à balancer nerveusement!
- Du calme Rhamirez... oui je les vois! Attention ce n'est pas encore sûr qu'il s’agisse d'avions ennemis! Pit, tu restes en haut en retrait et tu nous couvres! Rhamirez vous venez avec moi.
En vétéran qui connaît son boulot, Pitpit vira sur l'aile et dans un grand virage à droite remonta vers le soleil.
- Et maintenant silence radio, compris Rhamirez!
Le jeune pilote ne disait plus un mot, collé dans la queue de son leader il s'évertuait à effectuer à la lettre ce qu'on lui avait appris!
Les deux Spitfire furent bientôt à portée des appareils inconnus qui s'avérèrent être probablement les deux avions japonais signalés.
- Ce sont bien des japonais, ils sont seuls ! Rhamirez, prenez celui de droite, je prends celui de gauche! Pit tu m'as compris!
- Yes... 5 Sir!
Les deux Spitfire se séparèrent de quelques dizaines de mètres. Juste avant de tirer, Ejybe aperçu que l'hydravion japonais avait le cockpit ouvert et que le pilote était penché en avant regardant vers le sol.
Les canons de 20 mm s'illuminèrent quelques secondes...
Bientôt au bout du panache de fumée noire traçant une arabesque dans le ciel en direction du sol, un brasier illumina la forêt tropicale!
Un instant Ejybe observa rêveur les restes incandescents, le pilote japonais n'avait probablement rien vu!
Le staccato caractéristique des armes de bords d'un Spitfire le sorti de ses pensées. Nom de nom Rhamirez, il l'avait oublié celui là. Il se retourna et aperçu l'avion de son ailier qui s'acharnait sur le deuxième appareil japonais. Des flammes apparaissaient au niveau de l'emplanture de l'aile de l’hydravion orné de ronds rouges, le pilote était affalé sur ses commandes.
- Ca suffit Rhamirez, il a son compte dégagez et attendez qu'il se soit écrasé pour reprendre la formation! Pitpit toujours calme la haut?
- Yes Sir, calme de chez calme, si ce n'est les deux zoziaux japonais qui font des feux de joie dans la jungle!
Les trois Spitfire reprirent leur place initiale dans la formation et se dirigeaient maintenant vers la base qui se trouvait à moins de 15 minutes de vol.
Les deux avions japonais n'avaient certainement pas pu la localiser, mais ils avaient certainement eu le temps d'informer de leur interception!
Une fois au sol, alors que Rhamirez commentait à grands renforts de gestes sa première victoire, Archie et Ejybe restaient graves. L'absence des deux avions japonais ne manquerait pas d’alerter l’ennemi de la présence d’une base dans le secteur.
Le lendemain au petit matin, alors que le sergent Banoon passait en revue les principaux canaux, il s'arrêta sur celui de l'USN, en effet, des pilotes de Wildcat avaient l'air en difficulté. Il interpella Williamson et Fowly qui discutaient ensemble dans la pièce à côté.
- Sir Fowly, Lt Williamson, pourriez-vous venir svp ? On dirait que les américains ont de grosses difficultés! Ils ne doivent pas être très loin on les reçoit fort et clair !
Les trois hommes s'installèrent devant le poste radio d'où sortaient des cris et des jurons!
- Nom de Dieu Tchayk, où es tu, j'en ai un au cul, rappliques!
- J'aimerai bien Gunter, mais je ne vous vois pas…. Et j'ai deux Zéros aux fesses… je n'arrive pas à m'en débarrasser… quelqu'un peu m'aider!
Une voix calme répond.
- Ici Titeuf… J'arrive, il n'y plus que 4 ou 5 Zéros en vol, on devrait pourvoir s'en débarrasser. En espérant qu'ils n'envoient pas de renfort! Lewis t'es toujours là

- Lewis…. Merde j'ai perdu mon ailier!

- Ici Gun, j'ai réussi à semer mon poursuivant… Tchaykaram, je te vois… vire à gauche… je me place… Salaud de japs tu vas voir… Ca y est je l’ai eu t’es clean Tchayk !
- Ici Titeuf, ils rompent le combat… c’est bon !
- De Gunter à l’escadrille… qui est encore en l’air ?
- Ici Tchayk, mon avion est un peu endommagé mais il tient l’air !
- Ok, et toi Titeuf ?
- Mon zing est intact … mais nous avons un sacré problème… regardez le porte-avion… les marins l’évacuent… merde il coule, le bombardiers japs l’ont eu !
- Ici Gunter… on se dirige vers la côte Birmane, avec ce que nous avons en carburant… on devrait pouvoir la rejoindre et se poser sur une plage !
Williamson et Fowly restèrent silencieux. La tentation de leur donner un cap sur notre base était grande, mais le risque de ramener des japonais l’était aussi. Pourtant… Fowly empoigna le micro !
- Ici Tigre Royal, base de la RAF… Les américains en difficulté m’entendez-vous ?
Il y eu un silence puis le commandant du groupe se manifesta :
- On vous reçoit Tigre Royal…
- Ici Tigre Royal… donnez nous votre cap et votre altitude nous vous envoyons une escadrille de Spit en renfort … ils vous ramèneront en sécurité !
- Ici Lt-Colonel Gunter, ce sont des conneries, la RAF n’a aucune base dans ce secteur. Vous essayez de nous attirer dans un traquenard !
- Ici Tigre Royal ! Je comprends vos doutes Lt-Colonel ! Si vous vous décidez, depuis les îles Andaman prenez un cap 110, longez la côte, ensuite, dès que l’on entendra vos moteurs, une fusée rouge sera tirée en l’air !
Les aviateurs américains ne répondirent plus…
De son côté Williamson semblait assez contrarié !
- Mmh, sauf votre respect Sir, vous avez pris un gros risque en leur donnant des indications sur notre position !
- Je sais lieutenant, je sais, cependant ces pilotes sont perdus à des milles de leur base, si nous ne leur offrons pas notre aide, ils risquent gros !
- Je suis d’accord avec vous Sir mais ils n’ont pas l’air de vous avoir cru ! Et si les japonais étaient à l’écoute… les américains iront non seulement se vautrer quelque part dans l’océan, mais en plus, les japs seront sur nous dans moins de deux heures !
Fowly ne répondit rien. Laissant Williamson et Banoon devant la radio, il fit demi tour et s’en alla informer l’Etat-major de sa décision! Juste avant de quitter le local, il s’adressa aux deux opérateurs.
- Je compte sur vous pour m’informer si vous avez du nouveau n’est-ce pas !
Williamson gêné d’avoir oser contredire son supérieur parla doucement !
- Naturellement Sir… ça va de soit !
Environ une heure plus tard, le ronronnement d’avions se fit entendre. Le caporal Gardner, le préposé à la sécurité se tenait prêt à tirer une fusée de marquage attendant l’ordre de Fowly qui a pris la direction des opérations !
- Ce sont les américains, je suis sûr, ils tournent en rond, les japonais auraient directement piqué sur leur objectif… allez-y caporal tirez votre fusée !
Bientôt un flash rouge montant vers le ciel, illumina le bord de la piste. Quelques instants plus tard, trois avions rondouillards, des Wildcat firent leur apparition. A la vue de leurs cocardes étoilées, Fowly soupira un bon coup !
- Ok les gars allumez les feux le long du bord de la piste… bon sang, il y en a un qui fume… engagez les premiers secours allez go go go !
Les véhicules du feu convergèrent vers le bout de la piste mais ils n’urent pas à intervenir. Les trois Grumman se posèrent sans un rebond sur la base anglaise. Alors que l’escadrille d’Ejybe qui avait été envoyée patrouiller dans le secteur « au cas où » atterrissait, les trois appareils de l’USN s’immobilisèrent en bout de piste. L’un après l’autre, les trois pilotes américains mirent pied à terre. Leur commandant, un solide gaillard, s’alluma nonchalamment une cigarette et comme si de rien n’était s’approcha du comité d’accueil avec un grand sourire.
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:23

- Bonsoir messieurs… je suis le Lt-Colonel Gunter, commandant… de ce qui reste de la VMF-211 anciennement basée sur le porte-avion le Tennessee qui a été coulé cet après-midi alors que nous étions en vol ! Bon sang si on m’avait dit que les anglais avaient installé une telle base ici. Je ne l’aurais pas cru !
Archie intervint avec un sourire de coin !
- Héhé, vous avez dû finir par y croire pour être venu jusqu’ici, non ?
- Ben c'est-à-dire que nous étions vraiment short petrol et que si ce n’était pas ici, c’était la prochaine plage. Alors on a longé la côte… comme vous nous l’avez suggéré par radio et puis la fusée rouge nous a donné votre position! Au fait, je ne vous ai pas présenté les deux derniers pilotes de ma défunte escadrille. Le major Titeuf, mon second et le 2nd Lt Thaykaram !
Les pilotes échangèrent de solides poignées de mains. Fowly qui avait également préparé leur accueil pris la parole.
- Bien messieurs, dans l’attente de pouvoir réintégrer l’USN vous êtes la bienvenue sur notre base. Nous vous avons préparé des cantonnements. Ils sont rudimentaires, mais au moins vous êtes à l’abri et un repas vous a été préparé au réfectoire.
Les trois pilotes US s’installèrent avec nous. En fait, leur présence sur notre base durera bien plus longtemps que nous le pensions et ils furent de précieux renforts pour une période qui s’annonçait plutôt difficile, ceci d’autant plus que nous allions devoir bientôt faire face à un nouveau élément plutôt redoutable: la mousson !

Elle a enfin rejoint notre base, et si le ciel qui déverse des torrents d'eau immobilise toutes activités aériennes, il n'empêche pas la garnison de poursuivre son travail de préparation à la défense de la base. De nombreuses positions tirailleurs sont ainsi créées ou renforcées. De nouveaux abris construits selon les méthodes locales avec un enchevêtrement de bambous et de lianes ont été installés ça et là sur la base et permettent à nos avions d'être correctement abrités des intempéries. J'ai une grande admiration et beaucoup de respect pour ces soldats qui défendent leur patrie au bout de la terre dans des conditions très dures. Qui plus est, si nous devions évacuer en urgence, nombreux sont ceux qui laisseraient leur peau dans l'opération pour permettre à nos avions et surtout aux navires de quitter la base en sécurité.
Ce jour là j'étais dans ma hutte en bambou, couché dans mon hamac, digérant lentement un excellent ohn no khaukswe, soit un plat typique de la région composé de nouilles accompagnées d'une sauce à base de poulet et de noix de coco. Des nga yoke thee kyaw, des oignons frits avec des petits piments, avaient accompagné cette nourriture arrosée d'un vin de riz léger et doux. Au début, il est vrai que nous étions quelque peu réticent avec la cuisine locale, mais depuis que nous y avions goûté nous avons totalement adopté les plats birmans, au point que nous en sommes à faire la grimace devant nos oeufs au becon and sausage habituels. Les Birmans possèdent également une variété de thé, notamment le phet gyan, un thé vert absolument excellent, à consommer sans sucre ni nuage de lait.
Tout en me balançant nonchalamment, je caresse d'une main la tête de Jolly Jumper, mon Welsch Corgi Pembroke couché à mes côtés. Je fume doucement ma pipe remplie d'un excellent Black Cavendish qui embaume la pièce et le gramophone de mon père diffuse la symphonie n° 5 en ut dièse mineur de Gustav Mahler. Les cataractes d'eau s'écoulant du toit de feuille de palmier provoquent des rigoles et de grosses flaques dans le sol boueux. Le mur d'eau provoqué par l'abondance de la pluie, m'empêche de distinguer clairement à plus de 20 mètres. Pour moi la guerre est loin, et pourtant les Japonais s'approchent chaque jour un peu plus de notre base. Je pense à Cheval qui a été rappelé en Europe pour rejoindre une nouvelle escadrille entièrement composée de pilotes belges, mais aussi à Archie ou Fowly qui doivent faire leur sieste en charmante compagnie. Ici la guerre est bizarre. En Europe, nous savons où est l'ennemi et lui il sait où nous sommes, cela conditionne un comportement qui est rationnel. Ici, nous sommes rejoint par le climat tropical et nous vivons au rythme de la vie locale. Lorsque nous prenons l'air nous avons autant de risques à rencontrer une formation de 100 appareils que de ne voir personne pendant des heures et des heures.
Suite à l'arrivée des trois pilotes américains, Gunter, Titeuf et Tchaykaram qui ont combattu sur Wake, nous avons pris connaissance des méthodes d'engagement japonaises et ainsi pu mettre au point quelques tactiques. Nous avons averti le plus rapidement possible l'état major américain de la présence de pilotes US parmi nous, mais apparemment, ils ont d'autres chats à fouetter que de venir récupérer leurs pilotes. Dans l'attente nos amis participent activement à la vie de notre petite communauté. Nos mécaniciens ont réparé l'avion endommagé de Tchaykaram et grâce à nos Martlet qui ne sont que des Wildcat rebadgés de la Fleet Air Arm, nous avons la chance de pouvoir disposer d'un petit stock de pièces nous permettant d'entretenir les trois appareils de l'USN. Régulièrement les trois Wildcat partent en patrouille et assurent un tournus de surveillance.
Un échange de tirs d'armes légères me sorti brusquement de ma torpeur. Jolly Jumper se mis à grogner sourdement vers la paroi du fond de ma cahute, je descendais précipitamment de mon hamac, J'extirpais de la gaine, mon Walter P38 ancien souvenir du front de l'Ouest pris sur un officier de la Luftwaffe qui s'était parachuté au dessus de notre base. Le tir tout proche d'une mitrailleuse lourde me fit ressauter. Bon sang cela vient de la forêt. Je suis seul dans ma cabane proche de la jungle, sans aucune possibilité de communiquer avec le reste de la base, je m'accroupis pour éviter un éventuel tir au travers des parois de bambous. Une déflagration toute proche me fait sursauter, des tirs de mortier. Pas de doute, les Japonais attaquent notre base. Toujours penché en avant, je tiens Jolly Jumper par le collier en lui faisant signe d'arrêter de grogner. Il va finir par me faire repérer cet imbécile de clébar. J'essaye d'écouter au mieux pour situer les combats qui semblent redoubler d'intensité, mais voir au-delà d'une vingtaine de mètres du mur d'eau est peine perdue et le battement de la pluie m'empêche d'entendre les bruits proches. Soudainement deux silhouettes apparaissent dans l'opacité, avançant lentement, ces deux hommes semblaient s'approcher de ma hutte. Toujours en tenant mon chien, je me planque derrière une grosse table que je renverse sur le sol. Bordel, je suis pilote moi, pas fantassin. Les deux ombres s'approchent, j'arrive maintenant à distinguer leur arme, des fusils dont le canon est prolongé d'une baïonnette. Merde des Japonais. Ils portent une casquette kaki dont l'arrière est prolongé d'un bout de tissu tombant sur le dos. Dans quelques mètres ils seront dans la cabane. Les deux hommes avancent maintenant leur fusil pointé dans ma direction. Le gramophone diffuse la mélopée du 4ème mouvement. Mon automatique tonne... le bruit dans la hutte est assourdissant. Quatre coups partent, j'ai tiré comme un automate, le recul du P38 a fait trembler ma main. Les deux soldats japonais s'écroulent et leur corps est maintenant inerte dans boue. Une odeur de poudre et d'acier empli la cabane. Mon gramophone continue de diffuser Mahler, ma tasse et la théière fument comme il y a 5 minutes, mais entre temps, deux hommes sont morts. Je ne remarque même pas que les tirs se sont intensifiés. Je suis complètement perdu. Je saisis mon chien sous le bras et je quitte les lieux en courant. Sous la pluie toujours torrentielle, je trébuche dans la boue et sur les deux cadavres, je me relève et me précipite en direction du QG de la base. J'y retrouve quelques soldats, ainsi que Fowly et les pilotes américains. Gunter impassible sous la pluie, sa casquette enfoncée jusqu'au oreilles, tient en main une mitrailleuse que Titeuf alimente au moyen d'une chaîne de munition.
Je me précipite dans le trou boueux et y reste allongé tentant de reprendre mon souffle. Fowly se précipite.
- Ca va Harry? L'avant garde d'une colonne d'infanterie japonaise nous attaque!
- Ouai j'ai vu ça, j'en ai ... abattu deux avec mon pistolet!
Les tirs se sont calmés et quelques minutes plus tard, alors que lourd silence fait place au combat, le soleil fait sa brusque réaparition. Gunter lâche enfin sa mitrailleuse et Titeuf se relève de son bain de boue. Ses gars sont construits en granit ou quoi, ils sont trempés jusqu'aux os et sont crottés jusqu'aux oreilles et ils continuent de mâcher nonchalamment leur gomme comme si de rien n'était. En me voyant essoufflé et vautré dans la gadoue, Gunter s'esclaffe.
- Et bien notre ami british, alors on goûte au côté sombre de la guerre, Houahahahaha!
- Ouai ouai c'est bon ça va hein pas besoin d'en rajouter une couche!
Je suis particulièrement vexé car plusieurs soldats me regardent avec un sourire de coin!
Il continue
- Alors qu'elle odeur à la mort, Mister Harry, ouhahahaha.
La moutarde commence de sérieusement me piquer le nez.
- Ca suffit Gunter, c'est bon! Vous êtes exempté d'en rajouter!
Mais, visiblement mon interlocuteur n'a pas envie de s'arrêter, nos échanges de paroles commencent à devenir houleux et nous sommes prêts à un venir aux mains!
- Haaalte!
C'est Titeuf qui s'interpose
- Pas question de se battre ici. On va régler ça à l'Américaine, par un combat de boxe. Le match aura lieu ce soit à 18h00, avant le souper. Les paris sont ouverts mais en attendant, on encore de l'ordre à faire sur la base et organiser quelques postes de gardes supplémentaires!
On à peine à croire qu'il n'y a pas 20 minutes, un commando japonais faisait une incursion sur notre base. Gunter s'éloigne en me montrant son poing gros comme un melon. Je commence de regretter de l'avoir provoqué!
Un qui n'est pas content c'est Archie. Déjà que les Japonais arrivent à passer au travers de nos défenses sans se faire repérer, mais si en plus deux officiers doivent se donner en spectacle. Malheureusement pour lui, l'événement rend le personnel de la base fébrile et des gars du génie ont déjà montés un ring en moisnde temps qu'il ne faut pour le dire.
Il est 18h00, Ejybe s'approche!
- Tu déconnes pas Harry, j'ai parié 5 Livres sur toi!
A l'annonce de cette somme je saute en l'air.
- Cinq livres???? Mais t'es malade ou quoi, t'as vu la montagne que je vais devoir affronter? Ceci d'autant plus qu'il n'a pas l'air d'en être à son coup d'essais.
- Héhé, t'as pas le choix, Harry, le 80 % de la base a parié sur toi!
Je suis dans une sacré béchamel. Et je m'en rends compte une seconde fois encore quand j'aperçois Gunter en short. La vache, encore athlétique le gars. Qu'est-ce que je vais prendre !
Fowly qui a fini par se rallier à l'euphorie générale, se proclame mon coach. Et pendant qu'on emballe nos mains dans des bandes de tissus, qui remplaceront les gants de boxe qui nous font défaut. Il me barde de conseils.
- Déplaces-toi, t'es plus agile que lui. Vises les pommettes, tu lui fais pisser le sang ça l'aveuglera!
De côté de mon adversaire américain, c'est Tchaykaram qui fait office de coach. Il chuchote des trucs dans les oreilles de son chef qui me regarde l'oeil torve et avec un mauvais sourire.
Ejybe et Titeuf tiennent la caisse des paris qui marchent à plein. Archie toujours un peu la gueule et reste dubitatif devant le spectacle.
Boing! Le sgt Banoon tape dans une vieille casserole pour donner le départ du premier round. Williamson qui fait office d'arbitre donne le signal du départ.
Je suis à peine debout que Gun me rendre dans le lard comme un buffle. Pas le temps d'esquiver et mon nez ressemble à une chouette tomate. Fier de sa manœuvre, Gun se retourne et pavoise les bras en l'air devant un public en délire. Ca me permet de reprendre mes esprits, car s'il m'en avait mis une deuxième je pense que le combat était déjà fini. Titubant, je me tiens au cordage supérieur. Mon adversaire me fait face, il sautille sur place et me fait signe d'approcher. Ce que je fais, mais avec prudence. Il tente un crochet du droit, mais je pare de la main gauche et paf, mon poing droit rejoint sa pommette gauche. Gunter vacille une fraction de seconde ce qui me permet d'ajouter un puissant crochet du gauche dans le foi. Le souffle coupé Gun se baisse, Williamson nous sépare, j'attends le bon moment pour y mettre le coup de grâce, je jubile, yek yek, c'était bien plus facile que je le croyais. Je baisse ma garde, grave erreur, car mon adversaire à de la ressource et pas rien qu'un peu. Un pilote de Wildcat ça sait gérer son énergie et je prends un monumental direct sous le menton. Le paysage se met à vaciller devant mes yeux que j'ai beau cligner des paupières, je ne vois que des petites étoiles blanches danser. Alors que je m'apprête à réceptionner le coup final, le gong me sauve. Oulala, la vache je ne fait par le fier, j'ai le nez qui saigne comme vache qui pisse et je dois faire un effort considérable pour prononcer les consonnes. Bon de son côté Gun a un chouette cocard à l'oeil gauche. Il ne sourit plus non plus. Le deuxième round est entamé. C'est la foire aux tartes aux pêches garnies de pruneau. Au terme de cette partie, j'ai de la peine à voir au travers de mes yeux gonflés. Ma joue gauche à pris une jolie forme bombée et a maintenant une couleur virant du bleu au jaune en passant par le vert. De son côté Gunter évite de sourire car dorénavant il lui manque une dent sur le devant. Son visage est aussi tuméfié que le mien. Fowly me passe une éponge mouillée sur le visage en disant des trucs incompréhensibles auxquels je ne fais qu'hocher de la tête pour faire croire que j'ai compris. Je n'arrive plus qu'à dire "Ok, ok!" à part que sans le cas sans les consonnes, ça donne quelque chose comme "Ohè, Ohè!". Le 4ème round vient d'être lancé lorsqu'une puissante déflagration nous fait ressauter.
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:24

- MERDE LES JAPS! Attaque aérienne, tous aux abris!
Archie s'est précipité vers son avion et déjà le moteur tourne. Personnellement, après mettre renversé le saut d'eau sur la tête, j'ai retrouvé une partie de mes esprits. Je cours... heu que dis-je... je boîte jusqu'à mon Spit qui par miracle a échappé à la première vague des bombardiers japonais. Je suis en short, avec des chaussures de sport, le pied pour piloter. Sur ma droite j'aperçois deux mécaniciens poussant péniblement Gunter dans son Grumman. Visiblement le vieux cachalot à quand même pris. Malgré la gravité de la situation je me surprends à rigoler du spectacle. Les avions décollent dans un désordre infernal. Dans la poussière levée par le souffle des hélices et la déflagration des bombes. Je ne prends même pas la peine de fermer le cockpit et de m'attacher. Faut dire que le passage des harnais sur mon corps tuméfié est tout sauf agréable. Sans parler du pilotage avec des gants de boxe artisanaux, on déjà vu mieux question confort. Ca y est, j'aperçois un Val qui vient de larguer ses bombes. Je plonge dessus, mes canons crachent leurs obus de 20 mm, mais avec mon oeil gauche complètement fermé, je vise comme une savate et ma rafale s'éparpille dans la jungle sans causer le moindre dommage à l'appareil japonais. Wap enclenché, je vire à droite pour prendre de l'altitude... excellente idée, car je débarque en plein milieu de l'escorte de "Zéro", je suis sans casque, donc sans radio et surtout tout seul. Les balles ne tardent pas encadrer mon avion de tous les côtés. De temps en temps, un impact dans la tôle me faire surssauter. Je suis vraiment mal pris et je tente de piquer sur la base pour profiter de notre DCA qui a déjà fort à faire avec les bombardiers et donc ignore royalement les chasseurs qui me poursuivent. Je continue de faire de grands ciseaux, mais ma vitesse baisse toujours plus. A un moment donné, l'avion ennemi le plus proche me dépasse et passe à proximité de mon appareil. Je vois nettement le pilote japonais me regarder au travers de ses lunettes. Il doit s'apercevoir que je suis à moitié nu et sans protection, car il fait une drôle de tête. Il n'aura pas le temps de se poser plus de questions car j'entends soudainement le staccato lié si caractéristique des mitrailleuses de calibre 50. Son avion explose brutalement. Je jette un coup d'œil en arrière et j'aperçois un Wildcat qui plonge derrière les deux Zéros qui me poursuivent toujours. Mais c'est pas vrai, z'ont pas vu que leur chef vient d'être transformé en chaleur et lumière par un Wildcat qui traîne toujours derrière eux ou quoi. Une nouvelle rafale de calibre 12,7 et un deuxième japs se met à fumer! Ah enfin, ils constatent qu'ils sont en mauvaise posture et me lâchent. Il était temps. Mon zing a des trous partout. Je m'éloigne de la zone de combat, le Wildcat sauveur s'approche à ma hauteur. Je fais signe du pouce en haut pour le remercier. Ensuite, je pique un fou rire terrible car il s'agit de Gunter. Et franchement de l'apercevoir avec ses gants et torse nu aux commandes de son zing c'est à mourir de rire. A le voir gesticuler dans son cockpitj'imagine qu'il doit également se fendre la pipe.
La base a été terriblement endommagée par le raid japonais. Et lorsque nous nous posons, il y a des carcasses d'avions qui brûlent un peu partout, des bâtiments et des véhicules détruits finissent de se consumer! Même le ring de boxe a été pulvérisé. Lorsque nous descendons enfin de nos zings, Gun et moi sommes accueilli par le regard noir d'Archie.
- C'était bien le moment d'organiser un combat de boxe sacré nom de d...! Regardez-moi ce gâchis! Allez vêtir vos tenues de vol! Ensuite on se retrouve au dispersal! Nous devons faire l'inventaire des pertes... et probablement organiser l'évacuation en urgence du site. VOUs n'avez pas intérêt d'arriver en boitant ou se plaignant de douleurs, car je suis assez d'humeur à vous saboter vos avions pour vous forcer de rentrer à la nage! ROMPEZ ET FOUTEZ MOI LE CAMP!
Gunter a beau être bien plus élevé en grade, il ne pipe pas un mot et tous les deux nous rentrons penauds dans ce qui reste de notre cantonnement.
Ma hutte est étonnement encore entière, les deux cadavres japonais ont été retirés de l'entrée dans l'après midi, mais des traces de sang démontrent qu'il n'y a pas très longtemps qu'ils ont été évacués. J'ai envie de vomir. Heureusement Fowly rapplique avec un remède de sa grand-mère. Un truc puissanr à l'eucalyptus qui me remet un peu les idées en place. Je prépare ma malle, mais je grade précieusement mon gramophone et mes 78 tours qui me suivront dans mes effets personnels que j'emporterai dans mon avion. Jolly Jumper sort de sa cachette. Je lui caresse la tête.
- Ouai toi aussi tu viendras avec moi mon chien!

Alors que dans jungle toute proche des tirs d'armes automatiques résonnent, les C47, moteurs tournant, sont alignés sur la piste. Bourrés jusqu'à la gueule de tout ce qui a pu être transporté, ils s'apprêtent à décoller. Une partie des blessés ont été répartis dans les 4 transports, le solde a été embarqué sur nos navires qui ont déjà quittés les lieux en direction des Indes… si les japonais veulent bien les laisser les atteindre. Voilà 24 heures que les troupes du général Percival tiennent à distance l'armée japonaise à quelques kilomètres de la base. De temps à autre, un obus de mortier tombe à proximité de la base. Les tirs d'artillerie se rapprochent… il est temps que nous partions!
Archie nous donne les dernières recommandations!
- Les C47 vont rejoindre directement les Indes. Notre rôle constituera à les escorter jusqu'au HMS Illustrious qui fait route vers nous pour récupérer nos chasseurs qui n'auront pas assez de carburant pour suivre les Dakota jusqu'à leur destination.
Il se retourne vers Rhamirez, Ejybe et moi.
- Bon comme prévu… c'est nous qui piloterons les Hurricane… pas question de les laisser dans les mains des japonais. Les avions qui n'ont pas pu être embarqué seront détruits. Les pilotes de Hurricane escorteront les C47, puis … amerrirons à proximité de la flotte qui les récupérera! En attendant, les Hurricane fourniront une protection rapprochée au Dakota, alors que Fowly et les Seafire voleront en avant garde.
Il s'adresse aux pilotes américains.
- Colonel Gunter, Captain Titeuf et Tchaikaram, au nom de la RAF, j'aimerai vous adresser nos plus sincères remerciements pour le renfort inopiné que vous nous avez apporté durant ces quelques semaines. Gunter, êtes-vous toujours convaincu de vouloir tenter de rejoindre le Lexington en mer de Corail!
Gêné, Gunter se dandine un peu:
- Ouai, sûr que je suis convaincu! Nos réservoirs complémentaires devraient nous pouvoir de faire le voyage sans problème.
Le ton de sa voix baisse d'un cran:
- Il nous faudra juste trouver le Lex qui selon mes renseignements est à environ 5000 de la côte de Nouvelle Guinée et fait route vers Midway! Mais j'ai confiance en mes pilotes et leurs capacités!
Archie se retourne solennel:
- Messieurs, à vos avions, Start your engine et que le Seigneur vous protège!
Fowly et le solde des Kiwi's se dirigent vers les Seafire, les pilotes américains sautent dans leur Wildcat et Archie, Rhamirez, Ejybe et moi nous nous dirigeons vers nos Hurricane MkIIC! Ejybe, impassible comme à son habitude s'approche d'Archie
- Es-tu bien sur qu'il soit raisonnable de confier le pilotage d'un C47 à Angel, Archie?
- A t'on bien le choix, il n'y a plus qu'elle pour ce job… et elle a démontré qu'elle savait parfaitement manier un Dakota.
- Oui bien sur, mais l'avion n'était pas chargé de fret quasi une foi et demie de plus que la charge maximale prévue. On pourrait très bien abandonner un Hurricane de plus et l'un d'entre-nous prendre les commandes du transport.
- On voit que tu ne connais pas le Lt Angel Ejybe, ce sont ces blessés qu'il y a la dedans. Si on en avait abandonné un seul, elle serait resté avec lui jusqu'à la fin… De toute façon, c'est trop tard, regardes!
Les Dakota commandé par Williamson, notre officier de renseignements, commençaient de décoller. Angel en deuxième position, freins bloqués faisaient hurler les moteur à plein régime. Lâché d'un seul coup les freins libérèrent le lourd avion qui s'ébranla doucement. Heureusement la piste très longue permettait aux C47 de prendre suffisamment de vitesse avant de lentement quitter la terre tel un majestueux oiseau en direction de l'immensité bleue profonde du Pacifique. Les Seafire commandés par Fowly avaient précédé les transports et tournaient déjà en rond au dessus d'eux pour les protéger. Il était temps que nous nous prenions la relève. Le Rolls Royce Merlin de mon Hurricane MkIIC crachota quelques flamme au démarrage pour se transformer en un épais nuage noire rapidement remplacé par la chaleur des tuyères. Profitant d'un accalmie de l'artillerie japonaise, je suivais au roulage Archie qui dès qu'il fut aligné sur la piste mis les gaz suivi de près par Rhamirez. Je fis de même et mon Hurricane quitta rapidement la planète, derrière moi, Ejybe fut le dernier à décoller… laissant l'infanterie seule avec les Japonais. Dur départ.
Alors qu'au loin les Wildcat de Gunter partent vers leur nouvelle destiné, nous prenons un cap 270 pour rejoindre rapidement les Dakota qui lourdement chargés peinent à prendre de l'altitude. Archie se met à fait des circonvolutions 500 mètres au dessus. Nous restons très attentifs, car le risque de rencontrer la chasse ennemie est très grand. Il y a quelques jours, on nous a signalé qu'un porte-avions faisait route vers la côte birmane. Selon mes calculs, s'il a maintenu son cap, il ne devrait pas être très loin de nous mettant ses chasseurs à portée de notre convoi aérien. La faible vitesse des Dakota nous permets de voler avec très peu de gaz, ce qui nous permet de faire de substantielles économies d'essence qui ne seront pas de trop si nous ne trouvons pas l'Illustrious tout de suite. Le Pacifique absolument magnifique, défile en dessous de mes ailes, le ciel est immaculé, quel endroit de rêve.
C'est Fowly qui nous a concocté la navigation, ça a été très dur pour lui car sa douce vahiné a refusé de le suivre. Même avec l'accord d'Archie et l'insistance d'Angel pour qu'elle l'accompagne dans son C47, elle a préféré resté dans son pays.
La rupture est difficile pour notre ami. Mais nous souffrons tous de cette retraite catastrophique, nous n'oublions pas les soldats restés sur place pour couvrir notre départ et les américains qui ont une chance sur cent d'arriver à rejoindre le Lexington qui se trouve au delà de la Nouvelle Guinée occupée par les Japonais et qu'ils devront traverser d'ouest en est.
J'essaye de ne pas me laisser submerger par mes pensées et reste concentré sur ma mission. Il est vital que les Dakota arrivent à bon port.
Voilà bien 2 heures que nous volons lorsque la voix de Fowly se fait entendre sur les ondes.
- Multiple contacts sur nos 9 heures…. une vingtaine. Ils sont plus bas que nous. Ca ne peut être que des avions japonais. Squadron Rhamrod, virage serré à gauche pour nous placer dans le soleil… trop tard, ils nous ont repéré. Larguez les réservoirs complémentaire et mettez plein gaz, on monte à 5000 mètres pour les attirer loin des transports. A cette altitude ils ne sont pas à l'aise.
Au moment de l'attaque, les C47 sont à 4500 mètres d'altitude. Immédiatement, Williamson qui commande le groupe se met à monter.
Nerveusement, l'Hurricane d'Archie se met à balancer des ailes. Soudainement Ejybe nous interpelle.
- Attention les gars, 4 contacts sur nos 5 heures même altitude. Ils viennent vers nous… ce sont des méchants!
Effectivement, 4 chasseurs volent vers nous, curieusement, on dirait qu'ils n'ont pas aperçu les Dakota qui sont toujours encore en train de monter 500 mètres en dessous de nous. Toute l'escadrille fait maintenant face aux avions inconnus qui ont le soleil pour eux.
La main en visière, j'essaye d'apercevoir quelque chose. Ca y est, ils sortent enfin du soleil… des Ki 43. Le premier passe tout près d'Ejybe mais aucun coup de feu n'est échangé entre les deux avions. Le premier Ki vient vers moi maintenant, j'aperçois nettement sa silhouette dans mon revi, Je donne un peu de déflection et alors qu'il est environ à 300 mètres, je lâche une rafale des quatre canons de 20 mm. L'appareil ennemi se disloque instantanément et tombe vers l'océan. Apparemment les chasseurs ennemis n'ont toujours pas aperçu les Dakota, le combat continue.
- Ne tournez par avec eux et ne descendez pas en dessous de 4500 mètres, au dessus de cette altitude nous conservons l'avantage.
Je vois un Hurricane ouvrir le feu et un deuxième Ki43 se met à fumer noir en piquant vers l'onde bleue. Les deux autres chasseurs tentent de nous attirer vers le bas en piquant, mais nous restons à 4000 mètres et finalement, les avions japonais rompent le combat.
Fowly de son côté n'a pas de perte n'on plus, car les chasseurs japonais ont également rapidement rompu le combat.
Il est certain que les japs ont noté notre cap et notre position et rentrent dar dar vers leur PA pour signaler la présence de notre flotte dans le secteur.
Le silence radio n'a plus raison d'être et Archie tente de contacter l'Illustrious!
- Mère poule de poussin e, m'entendez-vous? Mère poule de poussin m'entendez-vous!
- Ici Mère poule, nous vous entendons clair et fort! Que se passe t'il, nous avons entendu que vous avez des problèmes.
- Ici poussin, nous avons effectivement été intercepté par l'aéronavale japonaise. Nous faisons cap vers vous maintenant. Les éléphants blancs seront tantôt livrés à eux même.
En effet, il avait été convenu avec Williamson avant le départ que si nous étions interceptés en cours de route les Dakota fileraient directement sur un cap 340 en direction de la côte indienne pour y trouver refuge. Les chasseurs quand à eux conserveraient leur cap vers le porte-avions amis.
Je regardais les 4 bimoteurs quitter la formation en direction du continent! Bonne chance Angel!
Entre temps, les Seafire avaient fini par nous rejoindre et maintenant les 16 avions volaient de concert vers notre salut. Vingt minutes plus tard, nous trouvions enfin le sillage de notre porte-avions. Quatre autres navires faisaient route avec l'Illustrious, deux cuirassers et deux destroyers, ça ne sera pas de trop si nous rencontrons les japonais.
- Leader bleu à leader rouge, je demande l'autorisation d'essayer de poser mon Hurricane sur le porte-avions.
Je sais que ma demande est totalement déraisonnable, mais je ne me vois vraiment pas faire un bain forcé. Et puis, je l'aime bien moi mon Hurricane, il mérite quand même mieux que d'être abandonné de la sorte.
La réponse ne tarda pas se faire entendre depuis le contrôle du navire.
- Négatif leader bleu, si vous vous crashez sur le pont, vous mettez en péril tout l'opération.
- Bien compris, j'ai encore assez de carburant pour attendre que tous les Seafire soient posés. Une fois le pont dégagé, je demande une nouvelle fois l'autorisation de tenter le coup. Je suis à peu près sûr d'y arriver!
La voix d'Archie résonne dans mes écouteurs.
- Je suis avec toi Harry. Je demande officiellement l'autorisation au contrôle du navire de nous laisser tenter la manœuvre.
Ca doit tergiverser sec dans la salle de contrôle car il faut un moment pour avoir une réponse.
- Ok, sqn leader Archie nous analysons votre demande, vous aurez une réponse quand tous les Seafire seront posé et parqués dans les cales.
Le temps qu'il fallu au 12 Seafire pour se poser nous sembla éternel. Pendant ce temps Archie place l'escadrille 2000 mètres plus haut en surveillance. Enfin le message tant attendu parvint à nos oreilles!
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Message par 615sqn_Harry Dim 29 Jan 2006 - 2:25

- Ok, pont dégagé… vous pouvez tenter de vous poser. Mais si nous voyons que ça ne marche pas, nous revenons aux dispositions initiales. Une navette est prête à vous récupérer!
- Bien compris mère poule, leader bleu… à vous.
Je coupe les gaz et tout en effectuant un grand virage pour m'aligner sur l'Illustrious, je casse ma vitesse. Lorsque je me présente devant le navire train et volets complètement sortis, je suis encore à 150 km/h, à l alimite du décrochage. Je gère mon approche au gaz et les roues de mon Hurricane finissent par toucher le bout du pont. Immédiatement, je plaque la queue sur le sol, en espérant que l'avion ne rebondisse pas. Je touche les freins par à coup pour éviter le cheval de bois. J'ai bientôt effacé tout le pont. Mon avion est au ralenti, j'aperçois des hommes d'équipage se tenir la tête. Saloperie de saloperie tu vas finir par t'arrêter oui ou merde! Soudainement, alors que je suis au niveau de l'ascenseur, mon avion s'arrête brutalement. Bascule doucement et se met en cheval de bois. avant qmême que j'aie pu réagir, immédiatement des matelots se précipitent avec des élingues et des câbles et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, remette l'avion en position normale. Je décroche enfin mon harnais. Je suis comme pété par la fatigue et la trouille et je n'entends même pas les messages qui défile dans mon casque. Je m'entends juste dire:
- Ca le fait les gars… bonne chance!
On m'aide à descendre de mon avion, j'ai les jambes tremblantes et ma tenue de vol est détrempée. Il y a là Fowly et plusieurs autres pilotes du 615 qui m'aident à quitter la zone d'atterrissage.
- Un petit thé pour vous remettre d'aplomb Sir?
C'est un infirmier qui m'interpelle.
- Heu non pas tout de suite, j'aimerai assister mes camarades si vous voulez bien!
Le deuxième Hurricane à faire son approche est celui d'Ejybe. Il pose son avion avec une douceur et une précision impressionnante et surtout sans casse. Lui aussi n'en mène pas trop large quant il quitte son cockpit. Au tour d'Archie maintenant. Son touché est un plus chaotique et il heurte le château avec son bout d'aile droit. Son Hurricane est légèrement endommagé mais sauvable et il est rapidement dégagé du pont. Rhamirez quant à lui, fait une approche trop basse et son train touche le bord du navire. Le Hurricane fait mine de se retourner, mais finalement il retombe sur le ventre et traverse le pont dans le sens de la longueur dans un effroyable bruit de tôle tordue et s'immobilise heureusement en travers du pont. Notre ami quitte sa carcasse fumante indemne, tremblant mais indemne. Cependant, il est jugé que son appareil est trop endommagé pour être réparé et une grue largue le malheureux chasseur dans l'océan qui l'englouti rapidement.
L'Illustrious et son escorte font maintenant route à pleine vitesse vers Bombay! pas question de se faire prendre à parti par la chasse japonaise.
Le lendemain une heureuse missive nous apprenait que les 4 CR47 avaient pu rejoindre la côte indienne, mais qu'ils avaient du se poser sur une plage. Beaucoup de casse, quelques blessés légers même la mission est finalement réussie pour tout le monde.
Par contre, à ce jour pas de nouvelle de nos amis américains!

Les Kiwi's sur le front du Pacifique, fin de la 1ère partie!

Harry
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