LEYTE .1944

LEYTE .1944


Les forces en présence

Japon

Flotte combinée : Amiral Toyoda Soemu
Première flotte : Vice-amiral Ozawa Jisaburo
Seconde flotte : Vice-amiral Kurita Takeo
Force Sud : Vice-amiral Nishimura Shoji et
Vice-amiral Shima Kiyohide.

Force sous-marine : Vice-amiral Miwa

Bâtiments :

Porte-avions :
Amagi, Unryu, Zuikaku, Zuiho, Chitose, Chiyoda, Hyuga et Ise,
Ces deux derniers étant des cuirassés avec un pont d'envol,
Pouvant embarquer 22 appareils Hydravions.

Cuirassés :

Yamato, Musashi, Nagato, Kongo, Haruna, Yamashiro, Fuso.

Croiseurs lourds :

Atago, Chokai, Maya, Myoko, Haguro, Kumano,
Suzuya, Tone, Chikuma, Nachi, Ashigara, Mogami.

Croiseurs Légers :

Noshiro, Yahagi, Oyodo, Tama.

Destroyers :

Shimakaze, Hayashimo, Akishimo, Kishinami, Okinami,
Asashimo, Naganami, Fujinami, Hamanami,
Nowake, Kiyoshimo, Urakaze, Isokaze, Hamakaze,
Yukikaze, Mischishio, Asagumo, Yamagamo,
Shigure, Kiru, Kuwa, Maki, Sugi, Isuzu, Shimozuki,
Fuyuzaki, Suzuzuki, Hatsuzuki, Akizuki, Wakazuki,
Abukuma, Ushio, Akebono, Shiranuhi, Kasumi,
Wakaba, Hatsuharu, Hatsushimo.

Sous-marins :

17 sous-marins



Etats-Unis

IIIe Flotte : Amiral Halsey
Task Force 38 : Vice-amiral Mitscher
Task Group 38-1 : Vice-amiral McCain
Task Group 38-2 : Contre-amiral Bogan
Task Group 38-3 : Contre-amiral Sherman
Task Group 38-4 : Contre-amiral Davison

Task Force 17 (sous-marins) : vice-amiral Lockwood


Groupe ravitailleur : Commodore Acuff

VIIe Flotte : Vice-amiral Kinkaid

Aviation embarquée : contre-amiral T. Sprague
(18 porte-avions d'escorte)

Taffy l : Contre-amiral Thomas Sprague
Taffy 2 : Contre-amiral Stump
Taffy 3 : Contre-amiral C. Sprague
Force de soutien : Contre-amiral Oldendorf
Force amphibie Sud : Vice-amiral Wilkinson
Force amphibie Nord : Contre-amiral Barbey

Force d'éclairage : Capitaine de frégate Bowling

Chasseurs de mines : Capitaine de corvette Leeson
Groupe logistique : Contre-amiral Glover

Task group 71-1 (sous-marins) : Contre amiral Christie

Bâtiments:

Porte-avions lourds :

Wasp, Hornet, Hancock, Bunker Hill, Intrepid,
Essex, Lexington, Franklin, Enterprise.

Porte-avions légers :

Monterey, Cowpens, Cabot, Independence,
Princeton, Langley, San Jacinto, Belleau-Wood.

Porte-avions d'escorte :

Sangamon, Swanee, Chenango, Santee, SaginawBay,
Petrof Bay, Natoma Bay, Manila Bay, Marcus Island,
Kadashan Bay, Savo Island, Ommaney Bay,
Fanshaw Bay, Kalinin Bay, Kitkun Bay, Gambier Bay,
Saint-Lô, White Plains.

Cuirassés :

Washington, Massachusetts, South Dakota,
Alabama, Iowa, New Jersey, Mississippi, Maryland,
West Virginia, Tennessee, California, Pennsylvania.

Croiseurs lourds :

Louisville, Portland, Minneapolis, Australia,
Shropshire, Nashville, Birmingham, Wasatch,
Canberra, Vincennes, Biloxi, Miami.

Croiseurs légers :

Denver, Columbia, Phœnix, Houston, Honolulu,
Blue Ridge, Mobile, Santa Fe, Mt Olympus.

Destroyers :

Plus de 100.


A l’automne de 1944, l’Amérique suit une voie triomphante, la grande interrogation est : Ou porter le prochain coup contre l’empire du soleil levant ? Après maint atermoiements, MacArthur, qui fait des Philippines une affaire personnelle, parvient à convaincre Roosevelt que le chemin de la victoire passe nécessairement par manille. Le débarquement sur les plages de Leyte est prévu pour le 20 octobre. Les japonais qui ont définitivement perdu l’initiative, Devinent certes les objectifs américains mais se montrent incapables de monter une attaque Cohérente avec les reste de la marine impériale. Divisés en plusieurs escadres et abandonnés par une aviation exsangue, les bâtiments nippons manquent néanmoins de peu de rétablir spectaculairement la situation.


La stratégie japonaise
À l'automne 1944

Quand à l'automne 1944, la menace américaine sur le Japon se précise de plus en plus, l'armée impériale se trouve dans une situation délicate.
La reprise des opérations militaires dans le Sud-estAsiatique et en Chine au printemps a absorbé l'essentiel de l'effort militaire japonais, or la flotte américaine est de plus en plus puissante et efficace. Face à cet adversaire redoutable, l'état-major japonais ne semble pas avoir en main les éléments du changement; la marine et l'armée de terre ne savent trop comment défendre l'Empire. Une première guerre a d'Ores et déjà été perdue, celle de la production. Alors que les Américains sortent quasiment un porte-avions par mois, les Japonais n'arrivent pas à Combler leurs pertes; on transforme de vieux cuirassés en porte-avions, les nouveaux modèles d'avions testés et sortis en série sont fragiles et ne peuvent rivaliser avec les appareils américains de la même génération. Une autre guerre est aussi perdue : Celle du ravitaillement et de la sécurité des lignes de communication. Entré en guerre avec plus six millions de Tonnes de navires marchands, le Japon ne peut faire face à une demande croissante en cargos, nécessitée par l'immensité d'un Empire maritime trop étendu et des pertes croissantes. Les Etats-Unis se sont lancés dans une guerre sous-marine à outrance Contre le Japon, une guerre encore plus efficace que celle que l'Allemagne mène dans l'Atlantique. Les Japonais manquent cruellement de bâtiments de protection, l'assistance aux convois est donc symbolique, et le tonnage des navires japonais coulés En 1944 grimpe de manière ahurissante, 300.000 t rien que pour le mois de janvier 1944. Ces succès de la flotte sous-marine américaine renforçaient au demeurant la position des marins qui souhaitaient une attaque directe du Japon par le Pacifique centre.
A ces revers économico-militaires s'ajoutent les défaites purement militaires. La perte des îles Marianne et de la maîtrise de la mer des Philippines, la destruction d'une bonne partie des porte-avions de la marine impériale, complique la tâche des stratèges japonais qui se trouvent dans une situation où Il n'y a plus d'alternative. Aucun abandon d'espace ne peut plus être consenti car toute nouvelle avance américaine menacerait désormais directement les dernières routes maritimes encore à peu près sûres et la ligne de défense intérieure de l'Empire, ce qui
Empêcherait toute résistance à long terme. Désormais, le Japon, privé de ses bases terrestres des îles du Pacifique, est obligé de rechercher une action décisive sur mer. Le 21 juillet 1944, une directive du Grand Quartier Général impérial était adressée à l'amiral Soemu Toyoda, le commandant en chef de la flotte Combinée. Les grandes lignes des opérations "urgentes" à accomplir étaient prévues, l'axe de la défense japonaise précisé. Une grande partie de l'Empire était abandonnée. Les forces des du Pacifique nord-est et central avaient pour instructions d'annihiler l'ennemi au moyen des troupes disponibles. Le secteur du Pacifique sud-est devait consacrer toute son attention à la défense. Le secteur sud-ouest, de Manille à Singapour, devait assurer la sécurité des régions fournissant les ressources, tenir les points vitaux et protéger les mouillages de la flotte. Les forces du Japon, du Nansei Shoto (Okinawa), de Formose et des Philippines devaient prendre "toutes mesures pour créer au Plus vite des conditions permettant de livrer une bataille décisive. En cas d'attaque ennemie, concentrer toutes les forces qui pourront être rassemblées et tenir les points vitaux, en interceptant et en détruisant l'ennemi à l'intérieur du rayon d'action des forces aériennes basées à terre".





Ce plan prévoyait donc l'installation de la plus grande partie de l'aviation de la marine impériale dans les îles s'étendant du Japon aux Philippines. Les navires devaient gagner le Sud-Ouest ou rester à proximité du Japon et intervenir au fur et à mesure.

Des renforts terrestres, venant de Mandchourie, devaient débarquer à Formose et aux Philippines afin de renforcer les défenses de la région. Le 26 juillet 1944, l'état-major général de la marine informait l'amiral Toyoda que le plan d'action définitif Avait reçu le nom d'opération Sho Go" et comportait quatre variantes :

- Sho l; la défense de l'archipel philippin
- Sho 2; celle de Formose et du Nansei Shoto
- Sho 3; la défense du Sud du Japon et de l'île centrale (Honshu)
- Sho 4; la défense du Nord du Japon (Hokkaïdo)

Chaque théâtre d'opération pouvait devenir le lieu d'une bataille décisive, les Philippines apparaissant comme une cible plus que probable après la campagne de Nouvelle-Guinée. L'idée majeure Était en somme de pouvoir concentrer les dernières forces aériennes et navales et de détruire complètement la IIIe flotte américaine dans un ultime sursaut. Ajoutons que l'état-major impérial ne saura que tardivement que la bataille va se dérouler aux Philippines.

Les choix stratégiques américains

C'est tardivement que les Américains purent se mettre d'accord sur les objectifs qui leur paraissaient prioritaires. A ce stade précis de la guerre, les armées américaines pouvaient presque ignorer les Philippines pour effectuer un bond en avant directement jusqu'à Formose ou Iwo Jima et Okinawa.

C'était la solution que prônaient l'amiral King et d'autres amiraux. A Washington, le général Marshall envoyait à la mi-juin une directive demandant au général MacArthur et à l'amiral Nimitz d'envisager la liquidation de la campagne du Pacifique Ainsi que l'esquisse d'un plan d'invasion du Japon.

Le plan ne faisant allusion qu'à Formose et compte tenu de sa croisade personnelle pour la reconquête des Philippines, MacArthur s'empressa de répondre à Marshall en lui écrivant le 18 juin 1944 : "J'ai la conviction profonde que le projet consistant à éviter les Philippines en lançant une attaque directe sur Formose est irréaliste ", avant de demander une audience à Washington, afin d'exposer personnellement son point de vue. Or, Nimitz, pour une fois, soutint prudemment le point de vue de MacArthur. Il estimait qu'un assaut contre Formose sans disposer d'un point d'appui aux Palaos ou aux Philippines était dangereux. Seul l'amiral Halsey se montrait favorable à une autre variante, une opération sur Luçon, au Nord de l'archipel philippin, qui pourrait servir de tremplin à une invasion du Japon par Okinawa.

Marshall répondit à MacArthur en lui faisant remarquer que les sentiments personnels devaient s'effacer devant l'objectif final:
La conclusion de la guerre contre le Japon. MacArthur répliqua en Envoyant en juillet une nouvelle mouture de son plan d'invasion des Philippines, "Musketeer". C'est alors que la politique et l'amiral Nimitz vinrent au secours de MacArthur. La campagne pour sa réélection commençant, le président Roosevelt fut Obligé de constater qu'un abandon des Philippines produirait un mauvais effet, d'autant que certains sénateurs républicains souhaitaient faire de MacArthur un candidat à la présidence. Le général avait la stature d'un héros populaire et son opposition à la Politique interne de Roosevelt pouvait en faire un pôle d'attraction pour les adversaires du Président américain. Ce fut MacArthur qui mit fin lui-même aux spéculations dans une lettre ouverte en déclarant "que bien qu'hostile à la politique de Roosevelt, il ne serait pas candidat, afin de ne pas nuire À l'effort de guerre". Roosevelt respirait et MacArthur resta "chez Lui", refusant obstinément de rencontrer le président à Pearl Harbor. Il faudra un ordre formel du général Marshall pour que finalement MacArthur accepte de quitter son poste de commandant en chef pour venir s'entretenir à Hawaï, le 26 juillet 1944, avec Nimitz et Roosevelt. Délibérément théâtral, il Refusa de se joindre à Nimitz et au groupe d'officiers qui attendaient le Président. Il arriva en civil, en retard, et en empruntant la tête d'un long cortège de voitures, comme pour souligner que s'il y avait un président à Washington, dans le Pacifique, la guerre était conduite par MacArthur.




Des choix stratégiques cruciaux

Roosevelt ferma les yeux sur ce comportement pour le moins outrancier en affirmant à Nimitz et à MacArthur qu'il était ici avec eux "pour déterminer la prochaine phase de la guerre dans le Pacifique". L'amiral Nimitz prit la parole en premier et essaya De démontrer l'avantage de Formose comme base centrale de l'offensive finale contre le Japon. Il prit soin de faire remarquer que la neutralisation des bases aériennes aux Philippines était la condition sine qua non d'une telle opération.


MacArthur entreprit de démontrer l'inverse; mais très habilement, il choisit des arguments relevant d'une éthique politique en insistant sur le fait que les Etats-Unis avaient "l'obligation morale", le devoir de libérer les 17 millions de Philippins sous Le joug avant de s'élancer à l'assaut de la forteresse japonaise. Il attira l'attention de Roosevelt sur les conséquences d'un refus : "L'opinion publique américaine vous condamnerait, monsieur le président, ce serait à juste titre ". Les discussions se prolongèrent jusqu'au lendemain. Finalement MacArthur l'emporta. Le Président ayant émis le souhait de visiter les bases d'Oahu, Nimitz, au cours de la visite, coincé en sandwich entre Roosevelt et MacArthur, s'aperçut au ton complice des deux hommes que ce dernier l'avait emporté. Il restait à faire "avaler" le plan Philippines aux chefs militaires à Washington, en particulier à L’amiral King. Il fallut un mois entier de discussions orageuses pour convaincre ce dernier qu'une attaque sur Luçon pouvait être moins coûteuse. Roosevelt annonça dans une allocution radiodiffusée "son accord complet avec son vieil ami, le général MacArthur". C'était un coup de maître politique, le message était clair pour tous, pour les Japonais comme pour les Américains, Roosevelt ayant réussi à faire coïncider l'annonce de l'invasion des Philippines avec la phase finale de sa campagne présidentielle. Le 8 septembre, MacArthur recevait de Washington la directive fixant au 20 décembre la date des débarquements. Le 12 septembre, l'amiral Halsey ayant signalé à Nimitz l'étonnante passivité de l'ennemi lors des raids aériens sur les Philippines, et le fait qu'il n'y avait pratiquement pas de Bâtiments dans la région, Nimitz transmit ces informations à Marshall, en signalant qu'un assaut sur Leyte qui se transformerait en une campagne de libération de l'archipel philippin pourrait peut-être raccourcir la guerre de plusieurs mois.

Les chefs militaires américains se trouvaient alors réunis avec leurs collègues anglais, à la conférence Octogon qui se tenait au château Frontenac à Québec. Marshall décida donc de câbler une nouvelle date pour le début des opérations, le 20 octobre. MacArthur était alors en mer, accompagnant les forces qui devaient débarquer sur les îles Morotai, ce fut donc son chef d'état-major, le lieutenant-général Sutherland qui prit sur lui de Répondre à Marshall : "Sous réserve de mise au point finale et de modifications avec Nimitz, exécuterons l'opération Leyte, le 20 octobre. " Cette accélération de la guerre dans le Pacifique, comme le souligne justement John Costello, signifiait que les stratèges alliés s'estimaient en mesure de défaire le Japon en Douze ou dix-huit mois, après la fin des hostilités avec l'Allemagne, dont certains prédisaient la reddition à Noël. Une prédiction qui réchauffait l'entente entre les alliés, comme devait l'écrire Churchill après la guerre en parlant de cet été et cet
Automne 1944 : "Tout ce que nous touchions devenait de l'or".




Les Américains conquièrent la maîtrise de l'air


Avant de songer à un débarquement, il convenait de réduire les sources d'opposition potentielles, ce fut une des premières missions de la flotte de l'amiral Halsey, qui à partir du mois de septembre entreprit une série de raids sur les bases aériennes Et les forces navales d'Okinawa, des îles Ryu Kyu de Formose et des Philippines, susceptibles de menacer les futurs débarquements. Formose, de par sa position centrale entre la Chine continentale et l'archipel philippin, constituait un "relais aérien", un véritable porte-avions entre le Japon et les territoires conquis. Le premier raid fut lancé par la Task Force 38 de l'amiral Halsey le 10 septembre. La cible était la grande base aérienne de Davao sur l'île de Mindanao. Ce fut un brillant succès, la 201e escadre de chasse, la seule formation de Zéro stationnée aux Philippines, y perdit la moitié de ses appareils.

La suite de ce raid eut une conséquence tragique pour les Japonais qui annoncèrent à Tokyo que le débarquement avait eu lieu. Il en résulta l'envoi par l'amiral Fukudome des avions de la flotte aérienne de Formose sur les bases de la plaine de Manille. Le 21 septembre, nouveau raid des porte-avions d'Halsey qui croisent à 200 km au large; des centaines d'avions sont détruits au sol, sans que les Américains essuient de pertes graves. Trompé par les rapports erronés des commandants d'unité, l'amiral Toyoda n'eut de cesse d'envoyer des renforts et de détruire les porte-avions américains. Le 10 octobre, c’est les bases d’Okinawa et de l’archipel des Ryu - Kyu qui sont visées, cent-dix appareils japonais sont détruits. Le 11, c'est au tour de L’aérodrome d'Aparri, au Nord de Luçon, d'être anéanti sous les bombes. Dans la nuit, la flotte d'Halsey se rapproche des côtes de Formose, il y a là 17 porte-avions, le fer de lance de la flotte américaine du Pacifique.

A l'aube, les formations américaines décollent et se trouvent face à face avec les avions du vice-amiral Fukudome. C'est une bataille aérienne aussi importante que celle de Berlin en 1945, qui se déroule dans le ciel de Formose et qui oppose près De deux mille avions. En cinq jours de combats aériens, les Japonais vont perdre 507 appareils, 300 autres seront détruits au sol, la 111e Flotte ne perdra elle que 76 appareils. Cette semaine du 10 au 16 octobre est fatidique pour les Japonais; les pilotes Reviennent à leurs bases en criant victoire et les jours suivants, par un phénomène de psychose collective rare dans l'histoire, les communiqués victorieux succèdent aux communiqués victorieux. C'est un nouveau Pearl Harbor! Dans la soirée du 15 octobre, la célèbre "Rosé de Tokyo", Mme Iva lkuko D'Aquino, dont les Américains appréciaient l'émission pour sa musique de danse, déclare même: "Tous les porte-avions de l'amiral Mitscher Ont été coulés cette nuit, en un instant". Apprenant cette nouvelle qui le concernait directement, Halsey, très en verve, devait câbler à Pearl Harbor : "Les bateaux coulés et endommagés de la IIIe Flotte ont ressuscité et se retirent après l'ennemi " ! La réalité était évidemment fort différente, deux croiseurs, le Canberra et le Houston, avaient été endommagés, ainsi que le porte-avions Franklin. L'amiral Halsey les avait laissés exprès en arrière sous la protection d'un Task Group espérant que les Japonais Mordraient à cet hameçon et donneraient une nouvelle occasion aux pilotes de Mitscher d'affaiblir l'adversaire.

Les officiers japonais en avaient rajouté dans leurs rapports, tant et si bien que Toyoda et le Quartier Général impérial se persuadèrent qu'une partie non négligeable de la flotte américaine avait été mise hors de combat. La reconstitution des flottes aériennes japonaises se révéla un casse-tête pour les Japonais qui ne disposèrent au moment où les 800 appareils perdus auraient pu jouer un rôle énorme que des 150 appareils de la 5e Flotte aérienne du vice-amiral Onishi Takajiro et des 450 appareils de La 2e Flotte aérienne du vice-amiral Fukudome Shigeru. C'est au demeurant cette pauvreté en effectifs qui allait pousser les Japonais à organiser des unités spéciales, les escadrilles de Kamikaze dont nous parlerons plus loin.




La concentration des flottes Japonaises et américaines

II convient de souligner que la flotte réunie par Les Japonais :
7 cuirassés, 4 porte-avions, 2 porte-avions hybrides, 20 croiseurs, 29 destroyers, représentait une force non négligeable. Mais cette force était paralysée par les difficultés des armées nipponnes: d'abord, l'absence d'une escadre de porte-avions suffisante et la pénurie de combustible qui devait amener les Japonais à scinder leur flotte, une partie des grands navires devant redescendre jusqu'à Singapour où il leur était encore possible d'obtenir du carburant. Quant à l'aviation embarquée, sa faiblesse était catastrophique, les pilotes n'avaient parfois que quelques heures de vol. C'est cette flotte, reformée en "raclant les fonds de tiroirs, qui va affronter une force américaine qui comporte elle, 12 cuirassés, 32 porte-avions, 23 croiseurs, 100 destroyers protégés par plus de 1200 appareils.

Deux navires japonais appellent un commentaire particulier. Il s'agit des deux super cuirassés, le Yamato et le Musashi. Ces deux monstres de 64 000t, filant à la vitesse de 26 nœuds, possédaient Une artillerie principale constituée de canons de 457 mm, surclassant les 406 mm des cuirassés américains Iowa ou New-Jersey, par exemple. La manie du secret fit que l'amiral Kurita dont dépendaient les deux navires ne connaissait pas
Lui-même le calibre exact de ces canons.

Les deux flottes japonaises, qui allaient devenir trois au cours des opérations, se trouvaient réparties entre la mer intérieure et la région de Singapour. L'amiral Ozawa et les porte-avions, après avoir fait faire le plein de combustibles à ses navires dans le Port de Tokuyama et embarqué 116 appareils, quitta la mer intérieure du Japon le 20. L'amiral Kurita s'arracha, lui, aux délices de la baie de Lingga pour se rendre à Brunéi au Nord de l'île de Bornéo. Là, ses forces devaient se scinder en deux : Kurita marcherait au Nord entre les récifs de Palawan pour Gagner le golfe de Leyte par le détroit de San Bernardino, tandis que l'amiral Nishimura se dirigerait vers l'Ouest, en mer de Sulu, pour gagner les plages d'invasion par le détroit de Surigao; la pince se refermerait alors sur les Américains.



a suivre.....