LES GROUPES EMBARQUÉS DANS LA GUERRE SINO-JAPONAISE

LES GROUPES EMBARQUÉS DANS LA GUERRE SINO-JAPONAISE

Lorsque l'on contemple une carte de Chine, on se demande réellement comment, avec ses ressources limitées, le Japon
Peut alors prétendre écraser cet immense pays. Il ne fait aucun doute que les dirigeants nippons, plus précisément la clique des militaires qui prend peu à peu les rênes du pays, est complètement irresponsable. Parmi cette clique, les officiers de l'état-major de la 3e Flotte, sis à Shanghai, qui sous prétexte de protéger les nombreux citoyens japonais du secteur, font preuve d'une réelle inconscience qui va étendre le conflit, initialement limité à la Chine du nord, au reste du pays.

Le 7 juillet 1937, suite a un incident mineur, les troupes japonaises et chinoises s'affrontent sur le pont Marco Polo, au sud-ouest de Pékin. Rapidement, les militaires japonais saisissent l'occasion de transformer l'affrontement en une véritable guerre.

Dès le 11 juillet, l'Armée et la Marine Impériales se partagent les tâches : l'Armée s'occupe du nord tandis que la Marine est
Responsable des opérations dans le centre et le sud de la Chine. Contrairement à ce que l'on peut penser, cette guerre sans nom surprend la Marine Impériale (et donc ses unités aériennes), en pleine « croissance », contrainte de participera un conflit continental.

Le banal incident du Pont Marco Polo, ouvrage en pierre gardant
le dernier accès à la ville de Pékin, encore aux mains des
Chinois, donne l'occasion au Japon d'en découdre avec la Chine. Cet
Incident se déroule le 7 juillet 1937 et ne concerne au début que
['Armée Impériale. L’état-major de la 3e Flotte, se trouvant plus au
Sud à. Shanghai, suit évidemment de près les événements. Les résidents nippons sont nombreux dans la ville et les tensions entre
Chinois et Japonais sont palpables. Début août, alors que Pékin est
Assiégée et sur le point de tomber, un jeune officier de la Marine
Impériale provoque une dispute à Shanghai qui dégénère. Le conflit
Débute réellement le 13 août, lorsque les troupes de marine nippone
Se heurtent aux forces chinoises sur place. Le lendemain, des avions
Chinois attaque les navires nippons ancrés sur la rivière Huang-pou.
La Marine Impériale est déjà mobilisée pour faire face à cette nouvelle guerre, même si les effectifs des groupes embarqués ne sont
Pas complets. Depuis la mi-juillet, ces groupes s'entraînent très
Activement au Japon, à Omura notamment. Les porte-avions Hosho
Et Ryujo forment la 1e Division tandis que le seul Kaga compose la 2e Division, Ces deux unités sont intégrées à la 3e Flotte. Le tableau ci-dessous donne l'effectif (que nous croyons théorique et approximatif) des groupes aériens de ces porte-avions, pour lesquels il faut faire quelques remarques. Certaines sources donnent en effet les unités de chasse du Ryujo et du Hosho équipées de Nakajima A2N l (chasseur Type 90) tandis que d'autres mentionnent le A4N l (Type 95); nous penchons plutôt pour cette seconde hypothèse, plusieurs témoignages de pilotes la confirmant, tout comme les rares photographies de l'époque. Remarquons également qu'en 1937, ces groupes sont encore équipés d'avions aux performances dépassées.


* Les sources concernant l'effectif aérien de ce porte-avions diffèrent toutes, même si elles sont assez proches ! Les chiffres ci-dessus sont donc donnés à titre indicatif, notre choix étant guidé par les témoignages.




Le Kaga quitte le Japon le 11 août, afin d'escorter des convois de
Troupes vers le continent. Les navires de la 1e Division s'en vont le
Lendemain de Sasebo, prenant la direction de la Chine, où ils parviennent le 13 vers 08 h 00. Le fait que les porte-avions soient ancrés assez près de Shanghai, indique le peu de cas que font les Japonais de l'aviation chinoise. Malheureusement pour le groupe aérien du Kaga, le premier combat n'est guère un succès...


Il est bien sûr très difficile de relater tous les combats aériens
Menés par les groupes embarqués nippons ; les archives sont peu
Nombreuses et seuls des témoignages permettent d'en donner un
Aperçu. La mission essentielle des avions japonais embarqués est de
Détruire l'aviation chinoise sur ses bases. Le 14 août, la météo est
Exécrable, un typhon empêchant toute opération aérienne des frêles
Biplans dans le secteur. Le lendemain, les choses s'arrangent un peu.
Dés l'aube, on s'active sur le porte-avions Kaga, ancré à quelque 220
Km au sud-ouest de Shanghai et les avions sont chargés de bombes.
Le décollage a lieu à 05 h 30. Ce sont 16D1A1, 13B3Y1 et 16B2M2
Qui s'envolent lourdement chargés et sans escorte de chasse ; le
Rayon d'action des chasseurs est insuffisant et leur absence sera
Lourde de conséquence.

Pour les B3Y1, la météo, mauvaise, ne leur permet pas d'atteindre
Nankin qu'ils doivent bombarder ; les avions font donc demi-tour et
Rentrent au porte-avions.

Les 16D1A1 doivent bombarder Sou-tchéou mais le mauvais temps
Les contraint à s'orienter vers le second objectif constitué par le terrain d'aviation de Chao-chin, situé plus au sud. Mais la chasse chinoise veille et des Curtiss Hawk III et Northrop 2E interceptent les biplans japonais qui doivent rapidement se délester de leurs projectiles au hasard. Les avions japonais se défendent bien mais ils sont moins maniables que leurs adversaires. L'avion R.-206, piloté par le PM Imamura est pris pour cible par plusieurs chasseurs, dont les tirs blessent mortellement le mitrailleur, le PM Nakakoshi ; ce dernier a déjà touché quelques avions ennemis. Le D l Al d'Imamura est transformé en passoire mais le pilote parvient à rentrer sur le Kaga, grâce aux cartes de son mitrailleur, qu'il doit aller chercher dans le poste arrière, en tenant plus ou moins le manche. Le PM Nakakoshi décédera trois jours après. On ne connaît pas le total des pertes nippones en D1A1 mais elles sont .suffisamment sévères pour qu'il soit désormais interdit de sortir sans les chasseurs.



Malheureusement, le front étant trop éloigné et aucun terrain n'étant encore disponible à terre, les avions doivent poursuivre les opérations depuis les navires. Le groupe de B2M2 n'a guère plus de chance, bien au contraire. Leur objectif est Hang-tchéou et les biplans nippons se sont organisés en deux groupes (chutai) de 8 avions. Vers 08 h 40, le premier groupe commence à bombarder le terrain d'aviation (Shien-Chao), lorsque les chasseurs Hawk III du 4th PG {Pursuit Group ou groupe de chasse, composé des 21, 22 et 23 PS) du colonel Kao Chi-Hang passent à l'attaque. Ils sont au nombre de 21 et ne font pas de quartier. Le CC Iwaï, commandant des avions-torpilleurs du Kaga, se trouve à la tête du premier chutai et il est abattu par plusieurs appareils. Il est tué, comme son adjoint, seul le troisième membre de l'équipage parvenant à se parachuter. Aucun des 8 avions du groupe d'Iwai ne revient au bercail ! Quant aux avions du second chutai, il semble qu'un seul soit finalement perdu, effectuant un atterrissage forcé dans une rizière. Les autres rentrent au porte-avion s mais troués de balles et avec des blessés à bord, Les chasseurs chinois revendiquent d'ailleurs 17 victoires mais ce nombre est exagéré, comme c'est souvent le cas durant les combats aériens.

La leçon est très dure à accepter pour les Japonais, mais il est évident que le B2M2 est complètement dépassé et qu'il ne faut surtout
Ne pas envoyer ce type d'appareil sans escorte de chasse.

Le lendemain matin, 16 août, c'est au tour des groupes aériens des
Hosho et Ryujo (respectivement des D1A1 et B3Y1) d'entrer en
Action, Dès 04 h 00, les avions décollent, chargés de bombes de 60
Kg et se dirigent vers plusieurs terrains d'aviation ennemis de
Shanghai. Les bombardiers se séparent en deux groupes ; les D1A1
Du Ryujo, ayant à leur tête l'EVI Hideo Nishiwaki, prennent pour
Cible le terrain de Hia-King (80 km au nord-ouest de la ville). Ils sont
Interceptés par des Hawk III, ce qui les oblige à larguer leurs bombes
Dans la nature ; ils revendiquent 2 chasseurs chinois mais on ne dispose d'aucune confirmation chinoise.



Le second groupe, en fait les avions du Hosho emmenés par le LV
Mamoru Seki, ne peut trouver son objectif à cause du mauvais temps

Les avions se replient donc sur un autre terrain de Shanghai où ils ne
Placent aucune bombe au but. Tous rentrent ensuite au porte-avions.
Durant l'après-midi, les D 1A 1, emportant cette fois une bombe de
250 kg, doivent aller bombarder un pont ferroviaire situé entre
Shanghai et Sou-Tchéou ; le mauvais temps contrarie encore le projet et les avions rentrent bredouilles.

Sur le Kaga, l'activité débute à 03 h 00 du matin, lorsque 12 D l Al,
12 B3Y1 et 4A2N 1-3 quittent le pont d'envol. Ils se dirigent vers Sou-Tchéou. Le temps est plus clément et les bombardiers, qui se séparent en deux groupes, arrivent sur l'objectif après une heure de vol. La. D.C.A. chinoise est assez violente mais la mission est accomplie.

Le D1A1 de l'EV Nanno est touché au cours du piqué, mais le pilote
Largue sa bombe avant de s'écraser au sol.
Le premier combat des chasseurs du Kaga a lieu le même jour. L'EVI
Chikamasa Igarashi engage quatre avions ennemis, non loin de
Kiangwan : les adversaires sont des appareils de reconnaissance et de
Bombardement léger et l'issue ne fait aucun doute. Les Chinois perdent un Vought V-65 Corsair ainsi que deux Douglas O-38.
Le lendemain matin, les bombardiers en piqué du Ryujo reçoivent
Pour mission d'aller détruire le quartier-général des forces chinoises
De Shanghai. La mission est délicate, car l'état-major chinois s'est installé dans le bâtiment du département du commerce, situé au cœur de la ville, exactement où se trouvent la plupart des représentations
Étrangères. Il vaut donc mieux qu'aucun projectile ne soit lancé au
Hasard. La mission est donc préparée avec le plus grand soin, sous
L’œil attentif de l'as du bombardement en piqué, Jitsuyoshi Kuramasu, qui mènera l'assaut. L'attaque se déroule dans de bonnes conditions et Kuramasu, aux commandes de son D1A1 HO-261 (avec Yutaka Matoba comme navigateur), met au but la bombe de 250 kg sur le bâtiment ; les biplans ne subissent aucune perte et rentrent tous au porte-avions sans encombre.



a suivre.....

Le coup de Pearl Harbor a pour but de donner à la flotte nippone une écrasante supériorité rendant possible les conquêtes territoriales.
La flotte appareille aussitôt pour s'entrainer. Cette fois, l'amiral Yamamoto sait qu'il ne peut plus reculer. Il est condamné à réussir. C'est pourquoi il exige le maximum de ses pilotes, qu'entraîne le capitaine de frégate Fuchida.
Lorsque ces ultimes manoeuvres sont achevées, Fuchida optimiste, est reçu à bord. du cuirassé Nagato par le capitaine de frégate Sasaki, de l'état-major Air de la flotte combinée.
_ le comandant en chef est il satisfait des résultats de l'entraînement?
_ Non, Fuchida.
_ Non? je ne comprends pas! Les exercices me semblent concluants.
_ L'amiral reste préoccupé. Il dit que les lancements de torpilles sont exécutés de trop loin.
_ La sécurité Sasaki...
_ Il s'agit d'un exercice de guerre. Il n'y a pas de sécurité dans la guerre!
_ Bien. Si le commandant en chef n'est pas satisfait, les pilotes ne le sont pas non plus. Puis-je voir l'amiral?

Quelques heures plus tard, Fuchida, qui maitrise mal son émotion est reçu par Yamamoto.
_ J'ai entendu dire, amiral, que vous n'étiez pas satisfait de la flotte aérienne d'attaque.
_ En effet. Vous ménagez trop les pilotes et les avions. Vous avez oublié que l'entraînement est une forme de l'héroisme!
_ Bien. Pouvons nous recommencer les manoeuvres avec les porte-avions?
_ Allez-y et cognez à bout portant. L'exercice commencera le 4 novembre à l'aube. Il durera autant qu'il le faudra.
Cette fois-ci les pilotes prennent tous les risques. Attaques des bombardiers torpilleurs en rase-vague, piqué hallucinant des bombardiers, ressource au ras des mâts. On déplore quelques morts dont les appareils se sont "plantés", mais trois jours plus tard, quand Fuchida se présente devant l'amiral, il s'entend décalrer:
_ Maintenant, je suis satisfait. Je suis sûr que vous réussirez.