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La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942

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La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Empty La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942

Message par F/JG300_Breizh Lun 14 Fév 2011 - 20:46

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942

Le 1er mai 1942, les deux escadres ennemies se trouvent dans la mer de Corail, se dirigeant approximativement l'une vers l'autre, mais sans savoir leur position respective.
Les Japonais marquent, les premiers points lorsqu'ils débarquent à Tulagi, tout près de Guadalcanal.

Le 3 mai, alors que l'amiral Fletcher se trouve à plus de
500 milles nautiques de là avec ses porte-avions, les Japonais
Débarquent par surprise à Tulagi, sans opposition. Fletcher n'apprend la nouvelle que dans la soirée, grâce à un rapport envoyé par Mac Arthur, donc un avion de reconnaissance a repéré Des transports de troupes devant Tulagi. Il décide aussitôt d'attaquer les Japonais avec le seul porte avions disponible pour le moment, le Yorktown. A 27 nœuds,
il se dirige vers le sud de Guadalcanal, d'où il
veut lancer ses avions le 4 mai.

Les Américains ripostent

Le 4 mai juste avant le lever du soleil, le Yorktown fait décoller ses premiers appareils :
12 Devastator, 28 bombardiers en piqué Dauntless et 6 chasseurs Wildcat. Ces derniers n'accompagnent; pas les autres avions vers Tulagi, mais restent en protection du Porte-avions.

Les bombardiers apparaissent au-dessus de Tulagi vers 8h 15 et se trompent complètement dans l'identification des navires ennemis, ce que feront: les pilotes des deux camps pendant toute la guerre, surestimant toujours la taille des bateaux aperçus.

Le navire-amiral de l'amiral Shima, un simple mouilleur de mines, est pris pour un croiseur léger, un transport de troupes pour un porte-hydravions, des dragueurs de mines pour des transports Et des péniches de débarquement pour des canonnières !
Seuls les deux destroyers sont correctement identifiés.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 2112cqx

" Abandon ship! " Le 8 mai 1942, l'ordre est donné d'abandonner l'USS Lexington, en proie a un incendie impossible à maîtriser.
L'équipage descend à la mer le long de cordages et aucun homme ne sera perdu lors de l'évacuation du navire. (The Floating Drydock)


L'attaque se déroule en trois phases : d'abord une escadrille de
Dauntless largue 13 bombes de 500 kg, endommageant gravement:
Le destroyer Kikuzuki, qui est forcé de se jeter à la côte.
Deux petits dragueurs sont aussi mis hors de combat.
Viennent ensuite les avions torpilleurs,
qui lancent 11 projectiles, mais ne touchent qu'un dragueur auxiliaire.

Quant aux 15 dernières bombes de 500 kg de la dernière vague,
elles ne causent que des dégâts minimes. Les avions regagnent leur bord Sans perte et une seconde vague est lancée une heure après, avec 27 SBD Dauntless et 11 TBD Devastator. Un patrouilleur japonais est endommagé et deux hydravions détruits, un faible résultat.
Tous les lancers des avions torpilleurs ont échoué.
Plus tard dans la journée, l'amiral Fletcher envoie sur place quatre chasseurs Wildcat, qui détruisent: trois hydravions, rencontrent et mitraillent-le Destroyer Yuzuki, tuant son commandant et plusieurs hommes d'équipage mais ne lui infligeant que des dégâts superficiels.
Au retour, deux avions se perdent et se posent en catastrophe sur l'ile De Guadalcanal. Les piloter seront récupères ultérieurement.

Enfin, dans l'après-midi, 21 Dauntless lancent une dernière attaque, Coulant seulement quatre barges de débarquement avec leurs 21 bombes de 500 kg. Les résultats de la bataille
de " Tulagi " sont plutôt dérisoires, si l'on prend En compte
le nombre d'avions engagés et l'absence de toute opposition aérienne. Nimitz lui-même parlera de résultats décevants dans un rapport rédigé le 17 juin. A bord du Yorktown, en fait, la joie est à son comble tant les rapports des pilotes sont exagérés, ils pensent avoir coulé deux destroyers, un cargo et quatre canonnières, avoir jeté à la côte un croiseur léger et endommagé sévèrement un troisième destroyer,
un autre cargo Et un transport d'hydravions! Ils pensent avoir détruit ou dispersé l'escadre Japonaise, une profonde erreur. L'ordre est même donné à deux croiseurs d'aller finir l'ennemi à Tulagi, mais Fletcher l'annule au dernier moment, sauvant par là même les deux navires, qui se seraient heurtés aux deux grands porte-avions nippons, alors en route Vers le théâtre des opérations.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu023gr
Le croiseur lourd USS Chicago, photographié au large de la Californie
Environ 40 Jours avant sa destruction par les Japonais, le 30 janvier 1943. (The Floating Drydock)


À la recherche de l'ennemi


Au moment des raids américains sur Tulagi, les porte-avions japonais Étaient trop loin pour intervenir. Les jours suivants, les deux adversaires se cherchent.
Les Américains disposent de renseignements précis mais fragmentaires grâce à leur service d'interception radio et peuvent prévenir Fletcher qu'une escadre ennemie se dirige vers Port-Moresby et qu'elle va bientôt contourner la pointe sud-est de la Nouvelle-Guinée s'il n'intervient pas.

Il ignore la présence dans le secteur des deux porte-avions japonais et n'a pas vent non plus de la tentative de prise en tenailles des Nippons.
L'amiral Takagi ne connaît pas non plus la position de l'escadre américaine et durant la journée du 6 mai, la distance entre les deux tombe à 70 milles nautiques seulement, ce qui est très faible et aurait permis une bataille généralisée. Mais seul un hydravion japonais repère la flotte américaine et son message n'arrivera que bien trop Tard à l'amiral Takagi. Notons que cette date du 6 mai est symbolique, Car elle marque la fin de la résistance américaine aux Philippines, avec la prise de Corregidor par les Japonais.


La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu038pf

L'USS Lexington à été reçu par l'US Navy en 1927, C'est le premier porte-avions américain, construit à partir d'une coque de croiseur de
Bataille. Il dispose d'un armement conventionnel important, avec huit canons de 203 mm, (The Floating Drydock)


Les premiers succès japonais

En vue du prochain rendez-vous de ravitaillement, le pétrolier Neosho Et le destroyer Sims s'éloignent de l'escadre de Fletcher. Ils sont alors repérés par deux avions embarqués japonais, qui les identifient mal, Puisqu’ils pensent avoir aperçu un Porte-avions et un croiseur. L'amiral japonais Hara, qui commande l'escadre de grands porte-avions, décide alors de lancer une attaque généralisée contre les deux navires américains.

Vers 9 heures du matin, le 7 mai, Un avion isolé lance une bombe sur le Sims et le manque de peu. Il est suivi à 10h38 par dix bombardiers qui effectuent une attaque horizontale, sans résultat. Mais vers midi, 36 bombardiers en piqué Aichi Val attaquent, visant principalement le Neosho, qu'ils prennent toujours pour un Porte-avions.

Bien que le Sims avance à pleine vitesse, les Japonais parviennent à l'atteindre de trois bombes de 250 kg, Dont deux explosent dans la chambre des machines. Alors qu'il s'enfonce après quelques minutes seulement, une terrible explosion secoue le navire et tue Presque tout l'équipage. Seuls 16 hommes survivent.

Pendant ce temps, le pétrolier a reçu sept coups aux buts et huit bombes l'ont manqué de très peu. Notons qu'un bombardier japonais s'est jeté sur le navire, probablement après avoir été touché par la DCA américaine. Le Neosho est rapidement en perdition et son commandant ordonne de se préparer à l'abandon, ce Qui ne signifie pas abandonner le navire immédiatement. Ce n'est pas ce que pensent de nombreux marins qui ont assisté à la fin du destroyer Sims. Deux baleinières sont mises à l'eau, ainsi que de nombreux radeaux, tout cela dans une panique qui cause la noyade de plusieurs hommes. D'autres sont rappelés à bord; d'autres encore s’éloignent sur les radeaux : ils connaîtront une mort horrible.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu041ao

Vue des superstructures du croiseur USS Portland Mare Island, Les canons de 125 mm ne disposent d'aucune protection pour les servants. Les pièces de DCA sont nombreuses. (The Floating Drydock)


En effet, un jeune officier fait le point au moment de l'attaque, mais se trompe en se servant de son sextant, Indiquant une latitude de 16°25'S et une longitude de 157°31'E, alors que la véritable position est 16°09'S et 158°03'E. Autant dire que les recherches des survivants ne commenceront pas au bon endroit.

Pendant quatre jours, le grand pétrolier désemparé dérive au gré du vent et des courants. Le message de détresse du Neosho a bien été capté par les Américains, mais les recherches des Catalina ne donnent rien, à cause de l'erreur de sextant. Il n'est finalement aperçu que le 11 mai à midi. Le destroyer Henley le rejoint alors et évacue les 123 survivants encore à bord. Les recherches pour retrouver les hommes à bord des radeaux échouent et le commandant du pétrolier ne rectifie l'erreur de son officier navigateur que le 12. Le destroyer Helm est alors envoyé sur les lieux. Ce n'est que le 17 mai, à trois jours de route de Nouméa, que le navire rencontre un radeau avec quatre moribonds à bord, les seuls survivants d'un groupe de 68 hommes s'étant rassemblés sur quatre radeaux.
L'un des quatre hommes mourra dans les heures qui suivent.

La perte du destroyer Sims et de Fat Lady, surnom du gros pétrolier de la flotte, n'a cependant pas été inutile ; les Japonais se sont trompés De cible, ce qui a évité qu'ils attaquent les Porte-avions américains à un moment où ceux-ci étaient vulnérables, pour des raisons que nous allons voir plus loin.

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Le porte-avions USS Yorktown lors de ses premiers essais, le 1er avril 1937. Construit grâce à l'expérience acquise avec le Lexington d'une part, le Langley d'autre part, II constitue un excellent compromis entre les deux navires. L'Enterprise et le Hornet seront construits sur la
même base, avec autant de succès. Il peut emporter 96 avions. (The Floating Drydock)


Des croiseurs sous les bombes

Tout en restant en arrière pour pouvoir intervenir sans être trop exposé, Fletcher ordonne à l'amiral Crace de se porter avec ses croiseurs à la rencontre du groupe d'invasion de Port Moresby, qui est en passe d'atteindre la passe de Jamard, à l'extrémité sud-est de la Nouvelle-Guinée. Cette manœuvre est très risquée et aurait pu très bien se terminer par un massacre. Mais la Providence en voudra autrement. En effet, à partir de 14 heures le 7 mai, les attaques aériennes japonaises vont se succéder. Il s'agit tout d'abord D’avions torpilleurs, puis de bimoteurs Sally, qui tous manquent leur cible. Peu après, trois grands bombardiers manquent de très peu le destroyer Farragut :
Ils sont identifiés sans erreur possible comme des B-17 Flying
Fortress ! Heureusement, les pilotes de l'US Army ne visent pas très bien non plus. Notons que les Japonais se trompent autant que les pilotes américains quelques jours plus tôt à Tulagi, en revendiquant des victoires absurdes contre les navires attaqués : un cuirassé et un croiseur coulés et un autre cuirassé endommagé. En Fait, aucun navire n'a été atteint et l'escadre de Crace ne comptait de toute façon pas de cuirassé. Cela dit, Crace ne remplira pas sa mission, car le groupe d'invasion de Port-Moresby va faire demi-tour en raison de l'évolution défavorable de la situation.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu074vb

Le porte-avions Shoho, le 20 décembre 1942. Il a été construit à partir de la coque d'un navire de ravitaillement de sous-marins, II peut emporter théoriquement 30 avions, mais au moment de la bataille de la mer de Corail, il emporte 12 chasseurs Zéro et 9 avions torpilleurs
Kate, Sa défense contre-avions consiste en huit pièces de 25 mm et huit canons de 125 mm. Il est capable d'atteindre une vitesse de
28 nœuds. (IWM)


Le Shoho face à son destin

Le 7 mai au matin, alors que se déroulent: les événements déjà mentionnés, le porte-avions Yorktown lance un avion de reconnaissance qui repère deux porte-avions ennemis et quatre croiseurs. Fletcher croit alors avoir affaire au gros de l'escadre japonaise, mais il s'agit en fait du porte-avions léger Shoho et des quatre croiseurs du groupe de couverture. L'Américain ordonne aussitôt une attaque générale contre cet objectif et le Lexington lance le premier ses appareils, suivi du Yorktown, une demi-heure plus tard. A 10 h 30, 93 avions sont en l'air, les 47 restants servant de réserve ou étant des chasseurs de couverture aérienne. A peine les appareils ont-ils décollé que les avions de reconnaissance du Yorktown reviennent à bord. La stupéfaction est grande lorsqu'il apparaît que les aviateurs se sont trompés dans le code secret et qu'ils ont voulu dire
" Deux croiseurs lourds et deux destroyers repérés " et non deux Porte-avions et quatre croiseurs! Cela change évidemment tout, car ce groupe est en fait composé de deux très vieux croiseurs légers escortés de quelques canonnières converties et appartient à l'escadre de soutien du groupe d'invasion de Port Moresby.

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Le croiseur lourd Furutaka fait partie du groupe de couverture Japonais de l'amiral Goto, qui compte trois autres croiseurs lourds et le porte-avions léger Shoho. (IWM)

Cela signifie qu'il ne s'agit pas du gros de l'escadre japonaise, ni même de la force de couverture de l'amiral Goto, mais de cibles sans aucun intérêt ; et Fletcher a lance la majorité de ses avions dans une direction située à angle droit de celle des grands porte-avions nippons.
La situation est d'autant plus grave que depuis le matin, des avions de reconnaissance japonais se situent juste à la limite de portée des canons américains, ce qui signifie que le commandement ennemi est parfaitement informé de la position de Fletcher et de ses deux Porte-avions. A bord de
porte-avions léger Shoho, les avions sont préparés pour une attaque imminente des Américains.

Cela aune autre conséquence : le commandant en chef japonais, l'amiral Inouye, s'inquiète alors pour ses transports de troupes et: leur ordonne de faire demi-tour tant que la bataille décisive contre les porte-avions américains ne sera pas achevée. Le groupe d'invasion de Port-Moresby rebrousse alors chemin.

Par le plus grand hasard, un avion de reconnaissance du Lexington, qui accompagne à haute altitude les avions américains, repère soudain un porte-avions nippon et deux ou trois croiseurs, alors qu'il se dirige vers les cibles sans intérêt du groupe de soutien.
Les avions américains changent alors de direction et se préparent à attaquer Le Shoho. Son commandant les a vus venir de loin et a fait décoller deux. Zéro, qui ne parviennent pas à empêcher les trois premiers avions américains d'attaquer. Ceux-ci ne mettent pas de coup au but, mais une bombe explose si près que cinq appareils du Shoho sont projetés par-dessus bord.

Ce n'est qu'un début, car en moins d'une heure, le malheureux porte-avions léger va être attaqué par 93 avions américains ! Son agonie sera rapide : deux bombes de 500 kg l'incendient et le laissent inerte sur l'eau. Le journal de bord du Shoho indique que le navire, est secoué par des explosions de bombes, de torpilles et: d'avions de son propre bord, qui sautent dans le brasier. À 11 h 31, l'ordre est donné d'abandonner le navire. Il coule dans les cinq minutes. Environ 100 survivants seront sauvés par le destroyer Sazanami.

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L'USS Monaghan (DD 354) à Mare Island. Il sera coulé le 18 décembre 1944. après une carrière bien remplie, (The Floating Drydock)


A bord du Yorktown et du Lexington, chacun attend des nouvelles du raid, mais les communications radio sont mauvaises. Soudain la voix du Lieutenant Commander Dixon résonne claire et forte :

" Rayez un pont plat ! De Dixon au porte-avions :
Rayez, un pont plat ! "
C'est le premier succès américain contre un porte-avions japonais...

Notons que dans leur volonté de couler un " pont plat", les 93 avions ont tous attaqué le Shoho, délaissant les croiseurs lourds qui auraient pourtant fait d'excellentes cibles.

Une soirée confuse

Après cette attaque, les deux porte-avions américains se préparent à en lancer une autre, car Fletcher s'est bien rendu compte que le Shokaku et le Zuikaku n'ont toujours pas été repérés et que leur menace demeure. Mais les conditions météorologiques sont devenues mauvaises, comme les Japonais ne vont pas tarder à se rendre compte.
En effet, l'amiral Takagi a lancé 12 bombardiers et 15 avions torpilleurs du Shokaku et du Zuikaku, pour essayer de trouver Fletcher. Le mauvais temps ne leur permet pas de le découvrir, mais entre deux nuages, ils sont interceptés par des chasseurs américains. Neuf appareils nippons sont abattus, pour la perte de deux Wildcat, dont celui de Paul G.Baker, un excellent pilote qui est tué semble-t-il dans une collision avec un avion, japonais, après en avoir abattu deux autres.

Après la mêlée et dans l'obscurité qui comme née, les autres appareils nippons se perdent. Trois d'entre eux manœuvrent pour se poser sur le Yorktown, mais s'en rendent compte au dernier moment et échappent par miracle au tir américain. Vingt minutes plus tard, la scène se reproduit et cette fois, l'un d'entre eux est abattu.

Le retour des Japonais à leurs porte-avions respectifs est donc très difficile et onze appareils se posent dans l'eau, les six ou sept survivants n'arrivant à se poser qu'à 21 heures, alors qu'ils avaient décollé à 16h30.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu0116cd

Les derniers moments du Shoho bombardé par les avions embarqués américains. Il reçoit en quelques minutes 11 bombes et 7 torpilles.
Lancées par 93 appareils américains. C'est le premier porte-avions japonais coulé pendant la guerre. (IWM)


Les premiers combats du 8 mai


Une heure avant l'aube, le 8 mai, l'amiral Hara lance des appareils de reconnaissance pour trouver la flotte Américaine. Une heure plus tard, il fait décoller 90 avions, car il veut frapper le premier. Mais il prend un risque, car il ne dispose en tout que de 121 avions, ce qui lui en laisse seulement 31 en réserve ou en protection aérienne.

De son côté Fletcher agit de la même façon, ou peu s'en faut et envoie 18 appareils du Lexington à la recherche des Japonais. Il dispose en Tout de 122 avions, soit un de plus que les Nippons.
Un peu moins de deux heures plus tard, un pilote du Lexington repère les deux porte-avions ennemis. Le Yorktown fait alors décoller 24 bombardiers en piqué, 9 torpilleurs et 8 chasseurs, tandis que la Lady Lex envoie 22 Dauntless, 12 Devastator
et 9 Wildcat, soit un total de 84 avions, très proche, donc de celui des Japonais.

Les Nippons sont favorisés par la météorologie :
Les nuages sont nombreux autour de leurs porte-avions et
Des grains les cachent de façon intermittente. A l'inverse,
Les porte-avions américains sont en plein soleil.

Les avions du Yorktown attaquent

Lorsque 39 avions du Yorktown arrivent:
Au-dessus de la flotte japonaise, le Shokaku et le Zuikaku sont
Chacun protégés par deux croiseurs lourds et deux ou trois destroyers, À huit ou dix milles de distance. A leur vue, le Shokaku se met nez au vent pour taire décoller quelques avions de chasse. Dans le même temps, le Zuikaku disparaît dans un grain, ce qui lui évitera toute Attaque. L’assaut américain n'est pas d'une efficacité remarquable :

Les lourds Devastator lancent leurs torpilles de trop loin et aucun n'obtient le moindre coup au but (même s'ils sont trois à le Revendiquer !).

Deux bombes atteignent le Shokaku, l'une à l'avant, qui endommage Le pont et empêches avions de décoller (mais pas de se poser et allume Un incendie d'essence, l'autre à l'arrière, où elle détruit le compartiment De réparation des moteurs d'avions. L'incendie, vu de l'extérieur, est impressionnant, puisque l'amiral Hara, lorsqu’il sort du grain bord du Zuikaku note que son autre Porte-avions brûle furieusement, selon ses propres termes.

Les avions du Lexington ratent leur mission

Si les pilotes du Yorktown n'ont pas été aussi efficaces qu'ils l'espéraient, ceux du Lexington le sont encore moins. L'escadrille de bombardement en piqué ne trouve pas l'ennemi et rebrousse chemin lorsqu'elle commence à manquer de carburant. Les autres parviennent au-dessus de l'escadre japonaise, mais ils ne sont plus très nombreux :

- 11 torpilleurs Devastator ;
- 4 bombardiers en piqué Dauntless;
- 6 chasseurs Wildcat.

Ils arrivent après le départ des avions du Yorktown et la réception est Chaude. Les Zéro abattent la moitié des Wildcat, mais les autres appareils parviennent en position d'attaque.
Une fois encore, les lentes torpilles lancées de trop loin n'ont aucun résultat. Les navires japonais ont tout le ; temps de manœuvrer pour les éviter. Un Dauntless porte quand même un coup au but sur le Shokaku, mais ce lui ci n'est pas décisif. Certes, les trois impacts ont tué 108 hommes et blessé 40 autres, mais le navire n'est pas atteint dans ses œuvres vives et les incendies sont vite éteints. A 13 heures, le 8 mai, le navire quitte sa formation pour rejoindre le Japon, ce qu'il fera
Non sans mal. Il reprendra du service ultérieurement.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu0153iz

Après la perte du Shoho, les Japonais décident de construire d'autres porte-avions légers. Pour cela, Ils vont réemployer des coques de Navires déjà existants. C'est notamment le cas du Kaiyo, construit à partir de décembre 1942 à partir du paquebot Argentina Maru. Il sera
Livré à la marine impériale en novembre 1943 et sera
l'un des rares porte-avions nippons à survivre à la guerre. (IWM)


Les porte-avions américains sous l'attaque japonaise

Tandis que les avions du Yorktown s'en prennent au Shokaku, ceux des deux porte-avions japonais sont arrivés au-dessus de la flotte, américaine et y mènent une attaque nettement plus efficace. Pourtant, les Américains, qui ont Intercepté un message japonais donnant leur position très exacte, s'attendent à une attaque aérienne vers 11 heures. Effectivement, à 10 h 55, le radar du Lexington aperçoit un groupe d'avions ennemis à 70 milles de distance. Par la suite d'une grossière erreur de commandement, il n'y a que Huit Wildcat en l'air à ce moment:
Et ils n'ont plus assez d'essence pour se battre. Ils ne peuvent non plus se poser, car les porte-avions font décoller de toute urgence neuf autres Wildcat, qui tentent d'intercepter une formation infiniment supérieure en nombre.

Autant dire qu'ils n'y parviennent pas. Les 23 Dauntless n'ayant pas réussi à localiser la flotte ennemie sont aussi là et ils essaient, de s'en prendre aux avions torpilleurs japonais :
Quatre avions sont perdus de part et d'autre. L'attaque proprement dite débute à 11 h 18. Les avions torpilleurs
Nippons, bien pilotés, attaquent le Lexington des deux côtés à la fois, de telle sorte que toute manœuvre d'évasion vraiment efficace est impossible. Il semble quand même qu'onze torpilles soient évitées, mais deux autres frappent le porte-avions à bâbord.

Dans le même temps, les Aichi Val de bombardement en piqué attaquent aussi et touchent le navire à deux reprises. Plusieurs bombes explosent à proximité immédiate de la coque, défonçant les tôles de celle-ci. Une explosion coince la sirène du bord, ce qui ajoute encore au chaos et au côté lugubre de la bataille.

Le Yorktown n'est pas épargné, A mais l’attaque à la torpille se développe d'un seul côté, ce qui lui laisse la possibilité de s'échapper, d'autant qu'il vire sur un rayon plus court que le Lexington. L'assaut des bombardiers en piqué ne permet aux Japonais que de marquer un seul coup au but, avec une bombe de 400 kg, qui traverse le pont d'envol près de l'îlot et pénètre Jusqu'au quatrième pont, tuant 66 Hommes d'équipage sur son passage, en déclenchant des incendies, qui Sont vite éteints.
A 11 h 45, la bataille est terminée.

La défense américaine a abattu 30 avions japonais et l3 autres ont été Perdus pour d'autres raisons, essentiellement des pannes d'essence. De leur côté, les Américains ont perdu 33 avions, toutes causes confondues.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu067bu

Ci-dessus : L'USS Chester à Mare Island. La scène se passe en octobre 1943 et le navire a reçu plusieurs radars, un système qui fait cruellement défaut aux Nippons,
(The Floating Drydock)


La fin du Lexington

Au départ des avions japonais, l'amiral Fletcher est plutôt satisfait. Certes, ses deux porte-avions ont été touchés, mais il ne semble pas qu'ils le soient trop sérieusement. Le Lexington, Lady Lex, a pris une gîte de sept degrés. Trois chaudières sont partiellement inondées et les ascenseurs sont en panne ; trois incendies ont pris à bord. Mais le pont est très rapidement réparé et le navire peut faire décoller et recevoir des avions. Après une heure, les équipes de sécurité ont encore amélioré la situation et le navire s'est redressé en ballastant du carburant.
Le porte-avions semble sauvé et l'officier de contrôle des dommages prévient d'ailleurs son capitaine en ces termes :
" Nous avons pu réparer temporairement les dommages
dus aux torpille, les incendies sont éteints et le navire va très bientôt revenir à 1'horizontale. Mais si je peux le suggérer, mon capitaine, si vous devez prendre d'autres Torpilles, choisissez le côte tribord, maintenant ! "
Pour ainsi dire au même moment, une terrible explosion secoue le Lexington de part en part. Des vapeurs d'essence viennent de saucer à cause d'un groupe électrogène qui continuait à tourner. Dès lors, une série d'explosions commence, chacune plus violente que la précédente. A l'intérieur du navire, c'est le chaos et toutes les communications internes sont interrompues. Les pertes sont sévères, y compris le Commander Healy, l'officier de contrôle des dommages.

Curieusement, sur le pont, malgré les secousses, marins et aviateurs ne se rendent compte de rien : les avions continuent de se poser et le navire avance encore à 25 nœuds. A 14 h 45, une nouvelle explosion Majeure secoue le navire. Cette fois, le système de ventilation s'arrête, notamment dans les salles des machines. Le capitaine Sherman, commandant du Lexington, appelle alors des navires voisins pour lui venir en aide.
Les opérations aériennes sur le pont sont interrompues. Les avions qui ne sont pas encore posés reçoivent l'ordre de se rendre sur le Yorktown. Le destroyer Morris vient à couple pour tenter d'éteindre l'incendie, mais celui-ci dévore alors l'intérieur du porte-avions.

À 16h30, le Lexington s'immobilise sur l'eau, toute la vapeur étant Chassée des turbines pour des raisons de sécurité.
Tout l'équipage est appelé sur le pont pour préparer l'évacuation :
Le danger d'explosion des soutes à munitions est en effet très grand. L'ordre d'abandonner le navire est finalement donné à
17 h 07 et les hommes s'exécutent lentement, à contrecœur, car le Lexington est un navire que son équipage adore.

L'abandon du porte-avions s'effectue dans des conditions parfaites ; il Fait beau, la mer est chaude et calme et trois destroyers sont venus à proximité pour recueillir les marins. Aucun des hommes qui sautent par-dessus bord ne se noie. Même le chien du capitaine est sauvé, avec 2735 hommes. Il y a eu 216 tués. A 20 heures, l'amiral Fletcher ordonne au destroyer Phelps de tirer une Salve, de torpilles pour achever le porte-avions, ce qui est fait. Le grand navire coule, sous les yeux désolés de son équipage. Nombreux sont les marins qui pleurent, surtout ceux qui étaient sur Lady Lex depuis sa réception par l'US Navy, en 1927.

La bataille de la mer de Corail 7 et 8 mai 1942 Docu0137gz

Le porte-avions CV5, l'USS Yorktown, en cale-sèche. Il est endommagé à la bataille de la mer de Corail et les équipes de réparation de Pearl Harbor vont faire des merveilles pour le rendre opérationnel à temps pour la bataille de Midway. (The Floating Drydock)

Conclusion de la bataille de la mer de Corail

Dans l'après-midi du 8 mai, l'amiral Nimitz ordonne à Fletcher de quitter la mer de Corail. A peu près en même temps, l'amiral Inouye en fait de même en reportant l'opération de débarquement à Port Moresby au 3 juillet 1942. Cette décision est prise parce que l'amiral japonais n'a plus de parapluie aérien pour protéger ses Transports de troupes : le Shoho a été coulé, le Shokaku rentre au Japon et il est trop dangereux de risquer un porte-avions seul. Cette décision ne plaît pas à Yamamoto, qui envoie un contre ordre et Demande de poursuivre et de détruire ce qui reste de l'ennemi, mais Fletcher est déjà loin et le 10 mai, les navires nippons quittent la mer de Corail à leur tour.

Si l'on prend en compte les pertes des deux protagonistes, il est évident Que les Japonais ont remporté une victoire tactique et ce ne sera pas leur dernière, contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là. Il est clair que la perte du Shoho et des quelques petits navires coulés à Tulagi ne représente pas grand-chose à côté de la destruction du Lexington, du Neosho et du Sims.

Mais les Américains ont remporté une victoire stratégique ; après tout Ils ont empêché le débarquement japonais à Port Moresby, qui était l'objectif principal de l'opération MO. Il y a peut-être plus important, mais il s'agit là de pure conjecture. En effet, le Shokaku, mis hors de combat pour deux mois et le Zuikaku, incapable d'être opérationnel avant le 12 juin en raison des pertes en avions, ne pourront participer à la bataille de Midway. Peut-être auraient-ils apporté aux Japonais, la petite marge nécessaire à la victoire ?

Mais il faut avant tout se souvenir de la bataille de la mer de Corail Comme de la première bataille navale livrée uniquement par l'intermédiaire de l'aviation aucun des navires en action n'a jamais été en contact visuel avec ses adversaires. Les pertes ont été causées uniquement par l'aviation.

Ceci fait de l'affrontement en mer de Corail la première bataille navale de l'histoire moderne. Pearl Harbor l'avait déjà montré, mais d'une façon évidemment à sens unique : les navires de surface traditionnels sont totalement démunis contre l'aviation.

Après la mer de Corail, plus rien ne sera jamais pareil en ce qui concerne la guerre sur mer, une évolution déjà amorcée avec la fin du Bismarck La bataille de Midway va d'ailleurs le prouver dès le mois de juin 1942.



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