Première Mission
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Première Mission
Turnhouse, 23 Février 1944.
Fraîchement sorti de l’école de conversion après mon évasion de Belgique et deux années sans toucher un manche à balais, je fais cet après-midi un vol avec le Pilot Officer Gil.
Je découvre le Tempest, véritable monstre de sept tonnes, la moindre poussée sur les gaz déchaîne l’enfer. Les quatre canons sont dévastateurs, je vais enfin pouvoir faire payer les deux années passées à courber l’échine.
Après un vol d’entraînement où nous avons multiplié les exercices de dogfight, je descends tout penaud de mon «destrier». Il faut que je m’avoue que je n’ai vraiment pas cet avion en main, j’ai l’impression de perdre toute ma vitesse dans le moindre virage et de manœuvrer un fer à repasser, mon tir est imprécis et pire que tout, je ne vois rien. Dès la moindre tentative d’esquive de ma cible, je la perds de vue pour la retrouver immanquablement dans mes 6 heures…Je suis une souris pour le chat.
Nous atterrissons et je me concentre pour ramener cette brute d’appareil au sol sans tout casser, il ne manquerait plus que ça…Je descend de mon avion le regard noir. Gil s’aperçoit que je marmonne et me rassure : « Tout le monde passe par là, ça va revenir. Allez viens je t’offre un verre au mess ». Je ne réponds pas, j’imaginais tout autrement mes débuts dans l’escadrille, L’évolution technique des avions et la maîtrise de ces pilotes est extraordinaire, je ne suis tout simplement pas à niveau.
Nous marchons, moi dans mes pensées, Gil volubile parle seul, nous nous dirigeons vers le dispersal quand nous croisons le Wing-Co Harry. Toujours fonceur, il va droit au but : « Alors Pyker ce vol ? » Avant que je puisse répondre il enchaîne « Il me manque un pilote pour une petite opération en France, on nous a signalé quelques chars tigres embusqués et qui canardent nos gars, on part dans 30 minutes, tu seras mon n° 2 ». « Ok Sir, with pleasure ».
Ma réponse a fusé, sans réfléchir, puis un signal d’alarme s’allume dans ma tête, tu devrais lui dire que tu n’es pas prêt, que tu vas les foutre dans la merde au moindre accrochage, ensuite je me dis que si j’ai fait tout ces efforts c’était pour ce jour, cette occasion, vivre ce moment et puis mourir… Dois-je rester à quai et encore une fois voir le navire partir sans moi ? Non, ma décision est prise, je fonce.
30 minutes plus tard, je suis brêlé dans mon Tempest, les armuriers ont ajouté 8 roquettes sous mes ailes, je regarde le Wing-co qui débite ses ordres. Je sens la tension qui monte.
Il annonce le roulage et je mets les gaz tout doucement derrière lui, c’est mon premier décollage avec les roquettes qui altèrent énormément le comportement de nos appareils.
Le wing-co prend son cap et grimpe “like hell” jusque 2900 mètres, il reste à cette altitude afin de rester sur le premier étage du compresseur. J’ai eu un peu de mal à rassembler, je reste silencieux mais entend à la radio que d’autres pilotes trouvent la navigation trop rapide, ces moteurs sabre chauffent terriblement vite, il faut être très économe sur le boost si on ne veut pas se retrouver avec un moteur au bord de la rupture au moment du combat.
La navigation se poursuit, les ordres tombent régulièrement « Cap 220, 80% de puissance, radiateur fermé ». On annonce les Mustangs d’escorte dans nos trois heures, je scrute le ciel et comme d’habitude, n’aperçois rien, je commence à me demander si le Doc ne m’a pas laissé passer les examens ophtalmologique par complaisance…
Après une quinzaine de minutes de vol sans problème, le Wing-Co annonce notre arrivée sur zone et descend afin de trouver les chars embusqués quelque part sous nos ailes. Aucune Flak, ces gars sont des malins, ils ne vont pas se faire repérer en ouvrant le feu trop tôt et trahir ainsi leur emplacement.
Le Wing-co cherche… virant sur sa gauche, je n’ai d’yeux que pour lui, dans la pénombre j’ai faillit le perdre déjà plusieurs fois et ……..Vroof, un Me109 passe au milieu de notre formation sans que personne ne l’ai signalé. Il a sans doute pris trop de vitesse est s’est voilé dans sa ressource, il percute à ma droite dans une gerbe de lumière qui m’éblouit.
Le Wing-Co s’énerve, cet appareil n’est certainement pas seul, il vire sèchement à gauche au moment où je jette un coup d’œil par dessus mon épaule, ces 5/10 de secondes ont suffi pour que je le perde, je fais un cercle et ne le vois plus, je l’annonce à la radio et dans la seconde il répond « Cap 90, 50 mètres ». Son calme m’épate, je prend ce cap et le retrouve presque immédiatement. Je suis à 400 mètres de lui lorsqu’il plonge à gauche sur un Me109, je vire comme un sourd pour protéger ses arrières, un second Me109 remonte, se place derrière mon leader, sans réfléchir, je lui lâche une rafale. Le résultat est immédiat, il se brise en deux, et s’écrase au sol, le pilote n’a pas le temps de sauter. Je jubile, première mission, première victoire, je vais leur montrer comment on devient un as !!! A ce moment ma verrière explose, le manche tremble dans ma main, un autre Allemand s’est glissé derrière moi, j’entend ses canons il doit être très près !!! J’essaie de tourner un tonneau barriqué tout en criant à la radio, une seconde rafale et mes ailerons ne répondent plus, Le Me est là, prêt à m’achever, je me détache, largue le hood et tente d’échapper à la mise à mort, je suis éjecté de l’avion en perdition et mon parachute s’ouvre à quelques mètres du sol.
Je tombe près d’une ferme, les résistants mettent trois semaines à me rapatrier en Angleterre, j’espère lors de la prochaine mission rentrer a bord de mon appareil…..
Fraîchement sorti de l’école de conversion après mon évasion de Belgique et deux années sans toucher un manche à balais, je fais cet après-midi un vol avec le Pilot Officer Gil.
Je découvre le Tempest, véritable monstre de sept tonnes, la moindre poussée sur les gaz déchaîne l’enfer. Les quatre canons sont dévastateurs, je vais enfin pouvoir faire payer les deux années passées à courber l’échine.
Après un vol d’entraînement où nous avons multiplié les exercices de dogfight, je descends tout penaud de mon «destrier». Il faut que je m’avoue que je n’ai vraiment pas cet avion en main, j’ai l’impression de perdre toute ma vitesse dans le moindre virage et de manœuvrer un fer à repasser, mon tir est imprécis et pire que tout, je ne vois rien. Dès la moindre tentative d’esquive de ma cible, je la perds de vue pour la retrouver immanquablement dans mes 6 heures…Je suis une souris pour le chat.
Nous atterrissons et je me concentre pour ramener cette brute d’appareil au sol sans tout casser, il ne manquerait plus que ça…Je descend de mon avion le regard noir. Gil s’aperçoit que je marmonne et me rassure : « Tout le monde passe par là, ça va revenir. Allez viens je t’offre un verre au mess ». Je ne réponds pas, j’imaginais tout autrement mes débuts dans l’escadrille, L’évolution technique des avions et la maîtrise de ces pilotes est extraordinaire, je ne suis tout simplement pas à niveau.
Nous marchons, moi dans mes pensées, Gil volubile parle seul, nous nous dirigeons vers le dispersal quand nous croisons le Wing-Co Harry. Toujours fonceur, il va droit au but : « Alors Pyker ce vol ? » Avant que je puisse répondre il enchaîne « Il me manque un pilote pour une petite opération en France, on nous a signalé quelques chars tigres embusqués et qui canardent nos gars, on part dans 30 minutes, tu seras mon n° 2 ». « Ok Sir, with pleasure ».
Ma réponse a fusé, sans réfléchir, puis un signal d’alarme s’allume dans ma tête, tu devrais lui dire que tu n’es pas prêt, que tu vas les foutre dans la merde au moindre accrochage, ensuite je me dis que si j’ai fait tout ces efforts c’était pour ce jour, cette occasion, vivre ce moment et puis mourir… Dois-je rester à quai et encore une fois voir le navire partir sans moi ? Non, ma décision est prise, je fonce.
30 minutes plus tard, je suis brêlé dans mon Tempest, les armuriers ont ajouté 8 roquettes sous mes ailes, je regarde le Wing-co qui débite ses ordres. Je sens la tension qui monte.
Il annonce le roulage et je mets les gaz tout doucement derrière lui, c’est mon premier décollage avec les roquettes qui altèrent énormément le comportement de nos appareils.
Le wing-co prend son cap et grimpe “like hell” jusque 2900 mètres, il reste à cette altitude afin de rester sur le premier étage du compresseur. J’ai eu un peu de mal à rassembler, je reste silencieux mais entend à la radio que d’autres pilotes trouvent la navigation trop rapide, ces moteurs sabre chauffent terriblement vite, il faut être très économe sur le boost si on ne veut pas se retrouver avec un moteur au bord de la rupture au moment du combat.
La navigation se poursuit, les ordres tombent régulièrement « Cap 220, 80% de puissance, radiateur fermé ». On annonce les Mustangs d’escorte dans nos trois heures, je scrute le ciel et comme d’habitude, n’aperçois rien, je commence à me demander si le Doc ne m’a pas laissé passer les examens ophtalmologique par complaisance…
Après une quinzaine de minutes de vol sans problème, le Wing-Co annonce notre arrivée sur zone et descend afin de trouver les chars embusqués quelque part sous nos ailes. Aucune Flak, ces gars sont des malins, ils ne vont pas se faire repérer en ouvrant le feu trop tôt et trahir ainsi leur emplacement.
Le Wing-co cherche… virant sur sa gauche, je n’ai d’yeux que pour lui, dans la pénombre j’ai faillit le perdre déjà plusieurs fois et ……..Vroof, un Me109 passe au milieu de notre formation sans que personne ne l’ai signalé. Il a sans doute pris trop de vitesse est s’est voilé dans sa ressource, il percute à ma droite dans une gerbe de lumière qui m’éblouit.
Le Wing-Co s’énerve, cet appareil n’est certainement pas seul, il vire sèchement à gauche au moment où je jette un coup d’œil par dessus mon épaule, ces 5/10 de secondes ont suffi pour que je le perde, je fais un cercle et ne le vois plus, je l’annonce à la radio et dans la seconde il répond « Cap 90, 50 mètres ». Son calme m’épate, je prend ce cap et le retrouve presque immédiatement. Je suis à 400 mètres de lui lorsqu’il plonge à gauche sur un Me109, je vire comme un sourd pour protéger ses arrières, un second Me109 remonte, se place derrière mon leader, sans réfléchir, je lui lâche une rafale. Le résultat est immédiat, il se brise en deux, et s’écrase au sol, le pilote n’a pas le temps de sauter. Je jubile, première mission, première victoire, je vais leur montrer comment on devient un as !!! A ce moment ma verrière explose, le manche tremble dans ma main, un autre Allemand s’est glissé derrière moi, j’entend ses canons il doit être très près !!! J’essaie de tourner un tonneau barriqué tout en criant à la radio, une seconde rafale et mes ailerons ne répondent plus, Le Me est là, prêt à m’achever, je me détache, largue le hood et tente d’échapper à la mise à mort, je suis éjecté de l’avion en perdition et mon parachute s’ouvre à quelques mètres du sol.
Je tombe près d’une ferme, les résistants mettent trois semaines à me rapatrier en Angleterre, j’espère lors de la prochaine mission rentrer a bord de mon appareil…..
615sqn_Pyker- Squadron Leader
- Nombre de messages : 1502
Age : 56
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 02/01/2006
Re: Première Mission
Tres sympa ce petit texte.....
Et rasssure toi....
Ton Killboard est déjà mieux fourni que le mien.....
Et rasssure toi....
Ton Killboard est déjà mieux fourni que le mien.....
615sqn_Dubious- Pilot Officer
- Nombre de messages : 354
Localisation : Juan les Pins (06)
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: Première Mission
Le 615 ... : une escadrille de plumes ! Ca c'est assuré ! ;)
615sqn_William- Squadron Leader
- Nombre de messages : 1885
Age : 35
Localisation : A défilement de tourelle
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: Première Mission
Gil volubile parle seul
Bien vu Pyker, et tu n'es pas le seul à l'avoir remarqué
Sympa, ce petit récit !
Re: Première Mission
Très chouette récit! ça donne envie d'essayer le Tempest! Un FW anglais?
S! Pyker
S! Pyker
III/JG26_Ant1- Oberfeldwebel
- Nombre de messages : 163
Age : 62
Localisation : Suisse
Date d'inscription : 16/01/2006
Re: Première Mission
J'espère qu'ils avaient mis en quarantaine leurs poulets à la ferme à cause de la grippe aviaire ; tu vois pas que l'escadrille tout entière chope le virus rapporté du terroir
Sans quoi, chouette récit
Sans quoi, chouette récit
F/JG300_Touch- Oberst
- Nombre de messages : 6383
Age : 57
Localisation : Marne la Vallée, voisin : Mickey !
Date d'inscription : 08/12/2005
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