YOKOSUKA R2Y KEIUN

YOKOSUKA R2Y KEIUN

Dès les premiers mois de la guerre du Pacifique,
l'état-major général de la marine impériale comprit
qu'il lui faudrait disposer à brève échéance d'avions
de reconnaissance ayant une vitesse et un rayon
d'action bien supérieurs à ceux des modèles normalement
Utilisés. En effet, les énormes étendues
Du théâtre d'opérations et la nécessité de
Découvrir les intentions de l'ennemi jusque
Dans ses bases les plus lointaines dépassaient
les possibilités des avions standards de reconnaissance.
De plus, ceux-ci Ne disposaient pas de la vitesse et de
L’armement leur permettant d'accomplir
Ces difficiles missions maritimes dans
Des zones ou l'ennemi avait inévitableMent
la maîtrise de l'air.
Il fallait donc lancer un programme D’avions capables
de performances inhabituelles afin de parvenir au but
fixé dans
Des conditions de relative sécurité. Toutefois, l'ambition
d'un tel programme
Provoqua de nombreuses discussions
Avant d'en définir exactement les spécifications.
Les événements militaires ailaient en précipiter
la publication. En effet, la demi-défaite de la mer
de Corail en mai
1942. puis le désastre de Midway un
Mois plus tard prouvèrent l'absolue
Nécessité de créer d'urgence cette
Classe d'appareils. Le programme 17 Shi
Fut aussitôt lancé et ce fut l'Arsenal aéronaval
de Yokosuka qui fut chargé de la tâche délicate
de créer un avion capable d'une vitesse minimale
de 666 km/h à 5.000 mètres d'altitude.

Un premier projet, dénommé Y-30, fut
Soumis aux autorités de la marine qui lui
Attribuèrent l'indicatif R1V1 et le surnom
De « Seiun (Nuage Bleu). Il s'agissait
D’un appareil de conception classique
Doté du nouveau moteur Mitsubishi à 24
Cylindres refroidis par liquide et développant
2 500 ch. Mais la lenteur de la mise
Au point de ce groupe, qui ne sera d'ailleurs
jamais terminée, entraîna la conception d'un
autre projet doté cette fois de deux moteurs
Mitsubishi MK10A (Ha.214)
En étoile de 2.400 ch. Dans cette nouvelle
Configuration, le projet Y-30 ressemblait
Beaucoup au modèle Y-20 P1Y1 " Ginga "
De la même firme. Les performances
calculées n'atteignaient cependant pas
les normes requises et le projet fut abandonné.
Toutefois, la marine ne désespérait pas
De trouver une solution au problème posé
Et, par de nouvelles spécifications 18 Shi
Émises au début de 1943, elle suggéra a
L’Arsenal aéronaval de Yokosuka de
reprendre un autre projet qui n'était pas
Destiné à l’ origine à ce genre de mission.
Il s'agissait d'une longue étude remontant
À 1941, prévue initialement pour un futur
Appareil de chasse. Cette affaire avait
D’ailleurs des ramifications encore plus
Lointaines. En 1940, la marine nippone
Avait Importé le prototype de l'avion
Allemand Heinkel He119V4 et l'avait systématiquement
évalué. Si la vocation de
Bombardier du prototype allemand n'avait
Pas été retenue, par contre le principe des
Deux moteurs accolés fonctionnant à l'intérieur
du fuselage avait paru intéressant, car
il dégageait presque complètement l'avant
de la cellule. Ce fut donc dans cette direction
que la firme de Yokosuka travailla.
Sous la direction du commandant Shiro
Otsuki, un projet dénommé Y-40 fut élaboré et
présenté a la fin de l'été de 1944 a la marine,
qui lui attribua l'appellation R2Y1 et le surnom
" Keiun " (Nuage heureux). C'était un monoplan
à aile basse d'aspect classique, mais dont la particularité
résidait dans l'emploi de deux moteurs Aichi Atsuta 30
accouplés côte à Côte en un Ha.70-01 A.23 (YE2H) de 3.400
Ch. installé à mi-fuselage. Ce moteur entraînait
une hélice métallique tractive à six pales par
l'intermédiaire d'un arbre de transmission de 4 mètres de long,
passant naturellement sous l'habitacle. Celui-ci était de ce
fait reporté très à l'avant et recevait sous une large
verrière en goutte d'eau le siège du pilote et celui de
l'operateur-radio-navigateur.
Les gaz d'échappement des moteurs
Étaient canalisés, puis introduits dans un
Turbocompresseur qui les expulsait à
Grande vitesse, procurant un effet propulsif
supplémentaire non négligeable. Il avait été
prévu de monter une cabine pressurisée, mais
cela resta au stade du projet, la marine préférant
s'en tenir aux masques individuels et aux bouteilles
d'oxygène afin de ne pas alourdir exagérément la cellule,
Le fuselage était de section importante et comprenait
une entrée d'air inférieure en avant du centre de gravité
et une autre sur le dos en arrière du groupe moteur.



La voilure à deux longerons principaux et
À profits mince était constituée d'un plan
Central rectangulaire sans dièdre venant
De construction avec le fuselage et comportant
deux entrées d'air de bord, d'attaque et le train
d'atterrissage principal, puis de deux panneaux extérieurs,
trapézoïdaux et en dièdre. Les empennages étaient
fortement inspirés de ceux du P1Y1 " Ginga " de la même firme.
Bien entendu, la position très en arrière des
Moteurs avait entraîné l'emploi d'un train
D’atterrissage tricycle dont la partie avant
S’escamotait vers l'arrière dans la partie
Antérieure du fuselage. L'appareil ne portait
aucun armement et ne comptait que sur sa vitesse
maximale estimée de 720 km/h pour éviter d'éventuels adversaires.
Mais revenons à l'époque où fut présenté
Le projet Y-40 définitif, On était, comme
Nous l'avons déjà dit, à la fin de l'été de
1944 et le Japon venait de subir la grave
Défaite des Mariannes. Le temps n'était
Plus alors à la création d'avions de reconnaissance
à caractère spécial, mais à la
Production d'avions de combat à hautes
Performances dans un climat d'ailleurs
D’affolement Industriel. En conséquence,
Le projet Yokosuka Y-40 fut mis en sommeil
et on intima l'ordre à tous les constructeurs
aéronautiques de pousser les
Fabrications et les études d'appareils de
Combat proprement dits. Ce fut dans cet
Esprit qu'à la fin de 1944, l'Arsenal aéronaval
de Yokosuka proposa l'adaptation
De son projet Y40 en avion d'attaque super-rapide.
La marine impériale fut enthousiasmée et demanda
immédiatement d'accélérer le travail sur ce modèle
« exceptionnel » auquel elle attribua l'appellation R2Y2
et le surnom de " Keiun Kai », tandis qu'elle donnait
le feu vert pour la construction d'un prototype R2Y1,
qui servirait de modèle pour la mise au point
Aérodynamique du R2Y2 Keiun Kai
Mais qu'était-ce donc ce fameux R2Y2
« Keiun Kai » ? C'était la transformation
De la cellule du R2Y1, à laquelle on substituait
un gros réservoir de carburant à la place du
groupe moteur et qui recevait deux turboréacteurs
à flux axial Mitsubishi Ne.330 de 1.320 kgp sous
Se plan central. Le nez de l'avion n'avait évidemment
plus d'hélice et recevait en remplacement une batterie de canons.
De plus, de fortes attaches étaient prévues sous
le fuselage pour l'emport d'une bombe de 800 kg.
La vitesse maximale estimée du R2Y2 était de 800 km/h
au niveau de la mer.




DES ESSAIS PEU CONCLUANTS

Il est bien évident que la version à réaction
de l'appareil requérait de plus amples études
et ce fut naturellement le modèle à moteurs a
pistons qui vit le jour le premier C'est le 27
avril 1945 que le prototype R2Y1 sortit d'usine
Et qu'il entreprit ses premiers essais de
Roulement au sol à Yokosuka sous la direction
du lieutenant commander Teraoka.
Un certain nombre de problèmes furent
Alors posés aux expérimentateurs. En particulier,
la roue avant du train d'atterrissage engendrait
d'importantes vibrations
(Shimmy) et le groupe moteur s'échauffait anormalement.
On parvint à réduire
Ces ennuis techniques, sans toutefois les
Éliminer complètement.
L'appareil fut alors transféré à la base
Aéronavale de Kisarazu et, le 8 mai 1945,
Le lieutenant-commander Kitajima effectua
Le premier vol du R2Y1 Après avoir roulé
Sur environ 400 mètres, l'avion s'éleva en
Traînant derrière lui une fine fumée grisâtre.
La fumée s'épaissit rapidement et devint vite très noire.
Parvenu a environ 1.000 mètres d'altitude,
le pilote Kitajima prit la soudaine décision de couper
l'alimentation des moteurs et de redescendre en vol plané.
Bien lui en prit, car il se posa à peu près correctement
et les équipes au sol arrivèrent juste a temps pour
Combattre l'incendie qui s'était déclaré à
L’arrière des moteurs. Kitajima expliqua
Qu’il s'était vu contraint d'écourter brutalement
le vol en s'apercevant de Sa température subitement
alarmante de l'huile.
A la suite de cet incident, la buse d'entrée d'air
dorsale fut agrandie, mais quelques jours plus tard,
lors d'un essai de roulement au sol, la température
de l'huile monta encore si haut que le feu se déclara
dans le fuselage, détruisant beaucoup d'équipements
et d'organes auxiliaires, et nécessitant le remplacement
complet du groupe moteur. Ce travail d'échange
n'était pas encore terminé lorsque des bombes
américaines détruisirent totalement le prototype
à la base de Kisarazu.
Un second prototype R2Y1 fut mis en
Construction, mais il n'était pas terminé
Lors de la capitulation japonaise. Quant
Au R2Y2, la fin de la guerre le surprit à
Un stade peu avancé de sa construction.
Malgré cet acharnement du sort, force
Est bien de reconnaître que les Japonais
Avaient conçu et construit un appareil
Très intéressant, capable d'une vitesse
Bien supérieure a celle de n'importe quel
Intercepteur. Il est certain que le Yokosuka
R2Y1 Keiun aurait pu, s'il avait connu le stade
de la construction en série. Accomplir des missions
de reconnaissance lointaine avec l'efficacité et
l'impunité pour lesquelles il avait été conçu
à l'origine du projet.

:k:k:

merci beaucoup :k:k: