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L'enfant du Tigre

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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:24

Tous les textes concernant cette histoire sont maintenant réunis en un seul post, ça prend moins de place. Wink


mai 1942 13h15- Base de Lakeville, Minnesota - Maison du Lt-Colonel Christopher "Cbal" Bellow.
La Plymouth s'arrête dans un chuintement sur la rue. Le Sergent Spring s'extirpe rapidement de la lourde berline verte aux portières étoilées de blanc et se dirige vers la porte d'entrée.
c'est le Lt-Colonel lui-même qui ouvre la porte.
- Bonjour Sir, un courrier pour vous... de la part de l'Etat-Major de la base. Bonsoir Sir.
Et sans attendre une réponse, le Sergent rejoint son véhicule.
Dans la cuisine, Amélia Bellow a arrêté de faire la vaisselle. Ses jolis yeux bleus trahissent son inquiétude.
- Et bien vas-y ouvre là!
L'Officier américains déchire l'enveloppe, extirpe le contenu qu'il consulte les sourcils froncés.
Amélia reprend, de l'angoisse dans la voix:
- Et cette fois tu vas où ? En Europe? A Honolulu?
La dernière destination est teintée d'une lueur d'espoir car depuis juin 1942 et la bataille de Midway, les Japonais ont pratiquement arrêté les raids sur Pearl Harbord.
Mais au fond-elle même, elle sait que ça ne sera pas là...
Christopher Bellow murmure:
- Kweilin... en Chine.
- La Chine??? Mais qu'est-ce que tu vas bien pouvoir faire là-bas? Les Chinois ne sont pas capable de se débrouiller tout seul?
- Kweilin est une base des AVG du Général Chennault. Tu sais les Tigres Volants dont on parle de en temps aux nouvelles. L'USAAF a décidé de prendre le contrôle des opérations là-bas. Le Sud-Est de la Chine et la Birmanie sont nos futurs théâtres d'opération.
Amélia savait qu'en mariant un pilote militaire, il allait partir au combat, Mais son mari avait déjà donné de sa personne et pas rien qu'un peu.
- Tes supérieurs sont des beaux salauds! Tu n'as pas assez souffert aux Philippines? 50 pilotes, trois survivants dont toi! Il faut que tu meurs donc pour être un vrai héros.
Elle se rend d'un pas énergique dans la cuisine et ferme brutalement la porte derrière elle.
Une petite voix résonne dans le corridor.
- Tu vas aller tuer des Japonais papa?
C'est Duncan, le fils de 5 ans de l'Officier. Il sourit, son fils s'approche et s'assied avec lui dans un grand fauteuil. Bellow respire un grand coup.
- Tu vois Duncan, l'Amérique vit des heures difficiles. Les Japonais nous ont attaqué et maintenant nous devons nous défendre.
Le petit qui a posé sa tête sur l'épaule de son papa reprend.
- T'aura un avion avec une gueule de requin? Comme on voit au cinéma des fois?
Bellow rigole:
- Oui sans doute... en tout cas je te promets que si mon avion n'en pas je lui en ferai peindre une terrible. Ensuite je ferais une photo et je te l'enverrais, ok?
Le petit Duncan reste un moment silencieux.
- ... dits papa... tu ne vas pas mourir hein?
Le Lt-Colonel se racle la gorge.
- Tu vois Duncan, ce que je fais maintenant, c'est pour que non seulement toi, ta petite sœur Cindy et ta maman puissent avoir un bel avenir en Amérique, mais également pour que tous les enfants de ce pays puisse bien y vivre. Si un malheur devait m'arriver, j'aimerai que tu n'oublies jamais ce que je de te dire, ok?
Le fils du Colonel se love dans le creux de son bras et murmure
- Je t'aime papa.
Bataillant pour éviter l'émotion de le submerger, le Lt-Colonel chuchote:
- Moi aussi je t'aime p'tit bout de chou.

Avant le départ pour la Chine, le lt-Colonel Bellow fait connaissance avec ses 30 pilotes. Ils intègrent le 76th FS et il prendra le commandement de la 23ème escadrille. Les vétustes P40B ont été remplacés par des P40E. Un avion, plus maniable, mieux équilibré et plus rapide que les versions B et C. Bellow sait qu'en face, il aura à faire a des pilotes japonais équipés d'avions performants et très manœuvrant. Il a affronté les Zéro Japonais aux Philippines et avait pu constater la totale domination de cet avion sur le Curtiss. Bien sûr, les AVG avaient l'air de bien s'en sortir, mais leurs interventions s'apparentaient plus à des guets apen, des opportunités imposées par le manque de logistique et la faiblesse des moyens, que de réels interventions programmées et planifiées. Tout ceci sera terminé maintenant. L'USAAF a décidé de se donner les moyens d'intervenir avec de gros moyens en Chine, avec tout ce que ça implique... et les pertes qui vont avec. Il sait qu'il devra également faire avec les anciens AVG, pas nécessairement très loquaces. Il n'est pas dit que ceux-ci, des mercenaires, acceptent d'intégrer sans histoire l'USAAF et se plient à la discipline.
En arrivant aux hangars principaux, il a la surprise de rencontrer le Capitaine Redfox, l'un des rescapés de Corregidor. Les retrouvailles sont chaleureuses.
Son effectif est composé d'un mélange de pilotes avec expérience et de débutants sortant d'école. Il a satisfaction de voir que tous sont motivés et sont avides d'aller combattre les Japonais. Le départ est prévu trois semaines plus tard. Le Lt-Colonel Bellow, profite de ce laps de temps pour exercer et revoir quelques manœuvres. Le P40E demande beaucoup de correction au décollage pour contrer le couple du moteur. C'est à cela que les pilotes doivent le plus travailler car la piste de Kweilin et son étroite bande de terre battue n'a pas la réputation d'être facile, la moindre sortie de piste risque de se solder avec un cheval de bois dans le meilleur des cas, aussi, chaque pilote s'applique à décoller de la manière la plus rectiligne possible.
Amélia fait des énormes efforts pour rester digne. Mais souvent le soir, le Lt Colonel la surprend avec des cernes sous les yeux. Il fait comme il peut pour la rassurer. Mais il sait que pour elle, l'attente de son retour sera longue et pénible. Chaque coup de sonnette à la porte, un calvaire.
Lorsqu'il quitte la maison le 06 juin suivant et s'engouffre dans la voiture d'Etat-Major, il n'a aucun regard derrière lui.
Le chemin jusqu'à la Chine est long et ce n'est que le 30 du même mois qu'ils arrivent enfin dans la chaleur étouffante de Calcutta. La partie la plus périlleuse du voyage les attendaient; faire transiter 30 P40 par dessus la chaîne de l'Himalaya jusqu'à Kumming où ils seront ravitaillés une dernière fois avant de rejoindre enfin leur base de Kweilin.
Les avions ont été équipés d'un réservoir supplémentaire. Les réserves d'oxygène ont été doublées et les pilotes ont planqué dans tous les compartiments possibles leurs affaires. Mais il leur est impossible de tout prendre et bien des choses resteront dans les réserves de l'USAAF de Calcuta. Avec un peu de chance un C46 leur apportera le solde de leur matériel personnel, mais c'est grand espoir.
Le 03 juillet 1942 à 07h11, les P40 du Lt-Colonel Chritopher "Cbal" Bellow prennent la route de Kumming. Une longue trotte à effectuer au-dessus du Toit du monde à 9500 mètres d'altitude. Dont un bon bout en plein territoire occupé.
35 minutes plus tard, la formation a atteint son altitude de croisière. A cette altitude, le ciel est d'une limpidité aveuglante, heureusement le soleil est dans les six heures de la formation. Cbal a déréglé son rétroviseur pour éviter que celui-ci ne l'éblouisse. Une carte ouverte sur le genoux droit, il s'efforce de trouver des points de repères, mais à cette altitude tout ce qu'il voit, c'est le Brahmapoutre qui apparaît de temps à autres au travers des couches de nuages et les pics aux neiges éternelles des sommets invaincus par l'homme de l'Himalaya. Majestueux, le Mont Everest est sur sa gauche. Il sait qu'il devra bientôt traverser le col du "w", qu'il décide de prendre par le Nord. Ensuite, il tombera sur la vallée du Yangtsé Kiang qu'il suivra jusqu'aux grandes rizières de Kumming.
Un voix grésillante dans ses écouteurs le sort de ses pensées. Bon sang, quel est ce maladroit, le silence radio a été prononcé.
- Green 4, Sir, 2 contacts sur nos 10 heures environ 1000 mètres plus bas.
Plissant des yeux, Bellow cherche les contacts dans la lumière aveuglante. Malgré ses Ray Ban, il a de la peine à les trouver.
Ca y est, les voilà! Deux croix brillantes volant sur un cap Nord Sud. Des Japonais, il en est sûr, aucun avion américain n'a de raison de voler vers le Sud, vers la Birmanie. Derrière lui, les P40 ont de petits battement d'ailes nerveux.
Il hésite, les deux appareils semblent ne pas se préoccuper d'eux, ils poursuivent leur route sans varier leur trajectoire.
- Ok les gars, nous devons en avoir le cœur net! Rouge et Bleu avec moi, les autres vous restez en altitude. Pour tout le monde quoi qu'il arrive, on ne descend pas en dessous de 7000 mètres. Attention... c'est parti.
Gaz ouvert en grand et pas d'hélice en position combat, le P40 Red Leader bascule sur son aile gauche suivit comme dans un ballet parfait par les 8 autres Curtiss.
- Blue One tu prends celui de droite, je prends le contact de gauche.
En moins de 20 secondes, à plus 450 km/h, les P40 se placent derrière deux gros bimoteurs. L'œil rivé à son viseur, Cbal s'évertue à identifier la cible qui maintenant grossi dans son collimateur. Il a ouvert un cran d'oxygène, mais il sue à grosses goutte, l'image est trouble, bientôt il l'aura overshooté. Non ne pas tirer avant d'être sûr...
- Des Japs ses sont des Japs!


Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 1:31, édité 2 fois
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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:24

C'est Bleu Leader Redfox qui vient d'identifier un "Sally". Joignant le geste à la parole, les traçantes des mitrailleuses convergent vers le bombardiers japonais. Le Lt-Colonel Bellow a fait de même, il a tiré... très très près. En effectuant sa ressource à la limite du voile noir, il remarque qu'un bout de saumon d'aile se sépare du bimoteur qui part en abattée gauche. Un peu plus loin une traînée de fumée noire s'éloigne vers le sol. Bleu Leader a eu le sien. Dans le reste de l'escadrille c'est l'euphorie et Bellow a toutes les peines du monde à rétablir le silence.
Bientôt les trente avions américains ont repris leur route vers le col de "W". Le Lt Colonel jette un coup d'œil sur sa jauge à essence: c'est bon, l'aiguille n'a pas l'air d'avoir beaucoup bougée.
Heureusement, le temps est clair et le passage sur les hautes cimes se déroula sans difficulté. Les P40 pouvaient maintenant descendre vers la vallée du Yangtsé Kiang sur le versant chinois de l'Himalaya.
En dessous de leurs ailes, le paysages a complètement changé. Les grandes exploitations indiennes ont laissé place à un patchwork de petites cultures et de rizières en étage dans lesquelles on peut de temps à autre apercevoir un paysan chinois, cultivant son riz, de l'eau jusqu'à mi mollets. Bientôt la plaine et Kumming apparaissent. L'un après l'autre les chasseurs américains se posent. En ouvrant son cockpit, le Lt Colonel est accueilli par un vent léger et tiède, rien à voir avec la chaleur étouffante de l'Assam indien. Ses pilotes le congratulent ainsi que Redfox pour leur victoire respective. Les mécaniciens et les armuriers s'occupent déjà des chasseurs, il ne faut pas perdre de temps, un raid japonais serait catastrophique maintenant.
Alors que les pilotes se pressent vers une cabane à moitié en ruine et faisant office de mess, au loin "Cbal" aperçoit un vieux P40 à la gueule de requin. Il s'approche de l'avion et constate que celui-ci a beaucoup été bricolé. Des tacons de tôle recouvrent de très nombreux impacts
Un pan entier du revêtement de l'aile a été changé et non repeint. Le capot moteur et l'intrados sont maculés d'huile. En dessous de la verrière figure un nom: Lt Greg Boyington.
- Et là vous, qu'est-ce que vous fichez vers mon avion!
Cbal se tourne vers l'homme, il porte une tenue de vol beige rapiécée à de multiple endroits. Il porte en bandoulière un holster dans lequel un gros colt pend. Bellow répond:
- Bonjour, je suis le Lt-Colonel Cbal responsable du 23me FG, nous allons à Kweilin.
Un oeil fermé éblouit par le soleil, le Lt Boyington le toise de la tête aux pieds.
Bellow se rend compte qu'il a à faire à un des meilleur éléments des AVG. Ce dernier, tout en s'agrippant au fuselage pour monter dans son cockpit lui répond.
- Ah! Alors c'est qui aller prendre le "Panda Bear", le groupe à Hill?
- Heu si vous voulez parler du capitaine Hill, je ne vais pas le relever, si j'ai bien compris, il a accepté de réintégrer l'USAAF. Aussi, j'ai prévu de lui confié un de mes groupes.
Boyington est entrain de se sangler, la tête hors de l'habitacle, il interpelle un mécano de passage.
- Hep Shilling, c'est bon je peux y aller? Tas fais le plein.
En la présence du Lt Colonel Bellow, le jeune mécanicien semble un peu gêné.
- Ben heu ouai c'est bon Greg, j'ai tout fait, reste à savoir si la bobine d'allumage de Zéro tiendra le coup.
Sans rien demander de plus, le Lt Boyington lance le moteur. Il peine un peu et fini par démarrer dans un vacarme épouvantable. Toujours à la tête à l'extérieur le pilote s'adresse au mécanicien
- Et bien tu vois que ça démarre. Ca va tenir tu verras.
Le Lt Colonel criant pour couvrir le bruit du moteur:
- Dites moi Lieutenant, vous allez où comme ça?
Boyington a le sourire malicieux.
- Quelques part dans les contreforts de l'Himalaya .... Au fait, juste un truc Lt Colonel... ne soyez pas trop dur avec les anciens AVG, se sont tous des braves gars qui ont avant tout fait leur boulot.
Bellow acquiesce du chef.
¨- Ne vous en faites pas Boyington, j'y veillerai.
Et cahin caha, le Hawk s'avance jusqu'à la piste avant de s'élancer dans les airs en direction du Sud Est.
Trois heures plus tard, les P40E du 23ème Fighter Group s'envolaient vers Kweilin.
A quelques dizaines de kilomètres de leur destination, le Lt-Colonel aperçu de violents combats dans les collines avoisinantes. 20 minutes plus tard tous les P40 étaient posés et rentrés dans les abris.
Le commandant de la place, le Colonel Straigh informa Bullow de la situation. Les Japonais ne se trouvaient plus qu'à une cinquantaine de kilomètres de la base. L'Armée chinoise, profitant de la configuration du terrain, s'était retranchée dans des abris et retenais les forces nippones depuis maintenant plus de 8 jours.
- Votre arrivée sera une bénédiction pour nous fournir un appui feu. Les C46 ont débarqué plusieurs tonnes de bombes.
Le silence revenu dans la salle d'opération, on percevait nettement le tonnerre de l'artillerie.
Le Lt-Colonel s'inquiéta de l'identification entre les troupes ennemies et l'armée chinoise. En effet, ce qu'il avait aperçu en arrivant était assez confus.
Le Colonel tenta maladroitement de le rassurer.
- Généralement, nos artilleurs tirent des fumigènes rouges pour vous signaler les positions ennemies, sinon il faudra vous fier à votre flaire.
Cette situation était très inquiétante car plus un avion restait à basse altitude sur une zone ennemies, plus les risques de ce faire descendre par la DCA légère, étaient grands.
- Et les AVG Colonel, j'ai aperçu deux de leur P40 là bas, mais nous n'avons pas encore vu les pilotes savez où sont ils?
Straigh paru gêné puis il répondit.
- Vous savez les AVG sont... très épris de liberté, ce sont des gars très courageux, mais la plupart n'aiment pas l'ordre et la discipline. Beaucoup ont démissionné avant votre arrivée. Il doit rester sur la base le Capitaine Tex "Hill" et le lieutenant Harry, qui entre deux cuites à réussi à contracter le paludisme. Il devrait se trouver à l'infirmerie.
Bellow quitta la salle d'opération et parti en quête de l'infirmerie. Quelques instants plus tard, Redfox le rattrapa.
- LT-Colonel, les hommes sont presque tous installés. Mais ce ne fut pas facile tant les infrastructures sont en mauvais état ici. La plupart des cabanons n'ont plus de moustiquaires, le réfectoire est constitué de trois tables et à peu près autant de chaises, posée comme ça, en plein air. La cuisine est juste recouverte d'une tôle ondulé et les sanitaires je ne vous en parle même pas, un porc n'irait pas se vautrer dans le secteur des douches tellement c'est dégueulasse.
Cbal sourit, quelque part ça lui plaît cette situation, il va falloir tout réorganiser, il pourra le faire à sa manière.
- Tu viens Red on va à l'infirmerie rendre visite à deux irrascibles?
- Ouai j'arrive, mais si l'infirmerie est à l'image des chiotes, je préfère être capturé par les Japs que d'être soigné ici.
L'infirmerie n'était heureusement pas l'image des sanitaires de la base. Tenue par des infirmières et un médecin, ceux-ci veillaient à la bonne tenue de l'endroit d'où émanait des senteurs d'éther. Bientôt des cris émanant d'un dispute se firent entendre dans ces locaux. Intrigués, les deux officiers s'approchèrent doucement:
- Non Lieutenant, ce n'est pas tolérable, vous infernal! I.N.F.E.R.N.A.L!
- ... gggg ... heuu.
- Il n'y a pas de heu qui vaille, allez vous remettre au lit et que je ne vous surprenne plus à boire de l'alcool ici où vous allez avoir sérieusement de mes nouvelles, Je suis capable de vous mettre sous morphine si vous persistez à vous mettre dans cet état.
- ...H...Hein... non pas sous morphine M'dame siouplait, je... je veux pas.
- Ah non vous n'allez pas vous remettre à pleurer! Arrêtez de vous agripper à moi et allez vous coucher ! TOUT DE SUITE!
- Geuu... bien compris M'dame.
Le Lt Colonel et le capitaine entrèrent dans l'infirmerie. Une infirmière sortant d'une chambre d'un pas énergique se campa devant eux!
- Qu'est-ce que c'est encore? Les visites sont interdites! Dehors!.
Cbal s'approcha avec son plus grand sourire.
- Madame du calme voyons, je suis le Lt-Colonel Cbal le nouveau patron de la base, enfin pour tout ce qui touche les opérations aériennes bien sûr!
L'accorte infirmière ne se laissa pas démonter.
- Ah oui, Et bien moi je Louise Carpenter, le Lt Carpenter, médecin de cette base. Et ici il n'y a que moi qui commande, alors soyez bref, que voulez vous.
Redfox siffla entre ses dents.
- Mazette, je crois que je vais quand même préférer la détention japs Sir.
Le Lt Carpenter, une poire de lavement à la main, se mit à gesticuler sous son nez l'instrument. Redfox eu un mouvement de recul.
- Non mais écoutez le celui-là! Ca fait bientôt 8 mois que je suis affectée dans ce trou à rats alors je commence à plutôt bien connaître les us et coutumes des pilotes. Ce n'est que grivoiseries et alcool. Non Monsieur je ne marche pas. Si je les avais laissé faire, en moins d'une semaine cet hôpital de campagne aurait été transformé en lupanar.
- Heu doucement Lieutenant avec votre truc là, c'est pas tellement fait pour être pris dans la figure.
Derrière Carpenter qui effectue toujours des moulinets menaçants avec sa poire à lavement, la tête du Lt Harry apparu dans l'encadrement de la porte. Il fait des grimaces dans le dos du médecin, imitant un sergent major entrain d'haranguer une compagnie. Cbal et Redfox ont de la peine à retenir leur fou rire et finalement, elle finit par remarquer le manège. Elle se retourne d'un geste prompt et lance la poire en direction du pilote.
- Fichez-moi le camp au lit vous, où je vous remets dans l'heure opérationnel!
La tête du Lt Harry disparu en ricanant dans la chambre.
Le Lt Colonel reprend.
- Et bien lieutenant, on dirait que vous n'avez pas la vie facile ici. Je vais veiller tout particulièrement à ce qu'on vous fiche la paix. Heuu vous permettez que je vois Harry?
- 10 minutes pas une de plus Lt-Colonel, il a besoin de repos cet homme.
Le deux officiers rentrèrent dans la chambre où il rencontrèrent l'ancien AVG.
- Et bien Lieutenant, une crise de paludisme a ce que j'ai entendu?
Mais l'homme a curieusement sombré dans un profond sommeil et ne répond pas.
- Mmmh je vois, ça m'a l'air assez grave. Je vais informer le Lt Carpenter, il me semble qu'elle est en manque de lavements.
Harry leva une paupière.
- Je vous rappelle qu vous avez dix minutes avant de vous faire jeter à coups de pompes dans le cul, alors allez-y posez moi vos questions.
- Je voulais juste prendre des nouvelles de Tex "Hill", je ne l'ai pas encore vu et je dois voir certains points au sujet de l'organisation ici.
Le Lt Harry ouvra les yeux et releva le torse s'appuyant sur les coudes. Redfox recula devant l'affreuse odeur d'alcool qui émanait.
- Et bien Sir, il doit bien être par là, mais ça fait 5 jours que je suis ici, alors entre deux crises de malaria j'ai perdu un peu le fils des événements.
Redfox repris:
- Ouai c'est ça des crises de malaria suivit de cuites. Vous n'êtes qu'un alcoolique, un alcoolique indigne de faire partie de l'armée des Etats-Unis d'Amérique. Vous n'êtes plus bon a rien ici Harry. On va vous renvoyer au pays pour décuver.
Harry ne sembla pas se démonter.
- Dites donc espèce de petit roquet, jusqu'à avis contraire, je ne fais pas partie de l'Armée des Etat-Unis mais du contingent du Général Chennault. Ensuite... son regard devint noir... nous verrons dans 6 mois d'enfer dans quel état vous serez?
Voyant la situation s'envenimer, Bullow coupa court à la discussion.
- C'est bon Red. Bien Lieutenant, je viendrais prendre des nouvelles de vous bientôt.
Harry se laissa tomber dans son lit.
- Allez crever en enfer!
En quittant l'infirmerie Cbal resta silencieux un moment.
- Il faudra qu'il reste Redfox, il connaissent mieux le terrain, les Chinois et l'ennemi que nous, leur aide nous sera précieuse. Nous avons besoin des AVG.
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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:25

Le capitaine "Tex" Hill tendit une feuille au Lt-Colonel "Seeball" Bullow.
- Il devrait me rester 6 appareils plus ou moins en état de vol.
Le commandant resta un peu sceptique.
- Comment ça "devrait"? "Plus ou moins"? Vous les avez ces avions oui ou non?
Le Capitaine des AVG semblait un peu gêné.
- Ben le problème, c'est qu'à Kweilin, il ne reste que deux P40. Celui du Lt Harry et le mien. Ces deux avions sont troués comme des passoires, réparés avec des pièces d'origine diverses, parfois même japonaises. Maintenant ma liste tient compte des appareils que j'ai vu voler ces derniers huit jours, ceux de Boyington, Shilling et Williamson sont probablement à Loiwing, les autres, répartis entre Lashio et Magwe.
Bellow soupira. Il n'avait pas fini d'avoir des problèmes avec les anciens AVG.
- A ce jour, savons nous enfin ce que deviennent les anciens pilotes de Chennault qui sont restés en Chine? Sont-ils décidé à rejoindre nos rangs où comptent-ils encore jouer avec nous longtemps.
L'ancien AVG adopta une attitude un peu gênée.
- Pour le moment seuls Shillig, Harry et moi avons signé. Je crois que Boyington espère une place dans l'USN, pour les autres je ne sais pas Sir.
- Bon nous n'allons pas nous énerver avec cela. Les P40 chinois encore en état de vol seront avant tout utilisés pour des vols de liaison... pour autant que nous les récupérions. Pour ce qui est des pilotes, à la fin de la semaine, ils devront avoir signé pour le réintégration dans l'USAAF. Passé ce délai, ils iront se faire pendre ailleurs.
Les deux hommes poursuivirent leur discussion jusque tard dans l'après-midi. Quand Bellow quitta enfin la salle des opérations, un vent tiède et agréable balayait la piste. Le soleil descendait gentiment derrière les collines avoisinantes, recouvertes d'une végétation clairsemée. Des senteurs de cuisine chinoise attisèrent son appétit. Il faut dire que cette nourriture était plutôt raffinée et contrastait agréablement avec les traditionnels oeufs au bacon ou autres sachets de soupe lyophilisée, que les C47 transportaient péniblement depuis Calcutta.
Alors qu'il cheminait le regard un peu rêveur, son attention fut attirée par une ombre furtive près des deux anciens P40 chinois rescapés. Il s'approcha discrètement et aperçu un petit enfant chinois debout sur l'aile, observant l'intérieur du cockpit du Curtiss, celui du Lt Harry.
Bellow interpella.
- Hep petit qu'est-ce que tu fais là?
Le petit garçon sursauta, leste comme un chat sauta de l'aile et fila comme le vent. Le Lt-Colonel n'essaya pas de le rattraper.
- Hé! Attends je ne te veux pas de mal.
Mais l'enfant disparu dans les broussailles.
- Vous excitez pas Sir, c'est Li Quang, un petit orphelin venant du village de Sou Chong a quelques kilomètres d'ici. Il traîne souvent vers nos avions. Les gardes le connaissent et lui foutent la paix. Il n'est pas dangereux.
Bellow se retourna et aperçu le Lt Harry appuyé nonchalamment contre un des avions se roulant une cigarette. Il s'approcha.
- Vous le connaissez Lieutenant?
Harry alluma sa cigarette.
- Ouai plutôt. Il y sa sœur aussi, la petites Mo Chong. Leurs parents sont morts il y a trois mois... lors du bombardement de la base. Salauds de japs, ils mitraillent même les civils.
Bellow sorti une blonde de sa poche et se l'alluma.
- Vous n'aimez pas les Japs, hein Harry?
Harry était pâle. Il n'était visiblement pas encore en bonne santé.
- Pour tout vous dire je les hais. Ce sont des êtres sanguinaires, sans pitié. Et puis, vous n'allez pas me dire que vous les respectez après ce qu'ils ont fait à Pearl Habour.
Bellow était un soldat avant tout. Il n'aimait pas avoir d'état d'âme. Il estimait que les sentiments, l'émotion et tous ces trucs affaiblissaient dangereusement le mental des soldats, les rendaient plus vulnérables.
- Je vais vous choquer Harry, mais j'ai une opinion très tranchée au sujet de Pearl Harbor. Nos huiles portent une grosse responsabilité dans ce désastre. Les avertissements n'ont pas manqué, ils ont fait preuve d'un grand dilettantisme.
L'ancien AVG sembla quelque peu surpris par cette affirmation.
- Vous y étiez?
- Non, si tel avait été le cas, je ne serais sans doute pas là pour en parler. J'ai fais les Philippines, j'étais à Corregidor.
Le Lt Harry paru impressionné.
- Corregidor... la vache? Nos gars ont pris dur dans ce coin. On dit qu'il n'y a eu que trois survivants sur tout le contingent de pilotes envoyés là-bas.
Bellow grimaça. Il murmura.
- Oui trois... je suis un de ceux là. Salauds de Japs.
Il se racla la gorge.
- Allons bon... oublions cela vous voulez bien. De toute façon aujourd'hui nous sommes obligés de faire avec ce que nous avons. Vous venez, je vous offre un verre au mess... A moins que ce brave docteur Carpenter ne vous l'interdise.
Harry fit la grimace.
- Carpenter a estimé que j'allais mieux et m'a foutu dehors de l'infirmerie. Saloperie de malaria... Ca sera un café pour moi de toute façon Bellow, j'arrête de boire.
Les deux hommes se mirent à cheminer en direction des cabanons. Le Lt Colonel reprit:
- Du café??? Vous n'allez pas bien Harry. A décharge de cette brave femme, il faut dire que vous n'êtes pas du genre commode comme patient.
Le Lieutenant grimaça.
- Vous avez déjà vu quelque part que l'alcool rendait intelligent Colonel... je suis devenu alcoolique dans ces foutues contrées. Le toubib m'a dit que mon foie faisait une drôle de gueule et que si je continuais à ce rythme, j'allais crever. Ca fait deux jours que je ne bois plus d'alcool, mais je ne tiens plus sur mes jambes. Dieu que c'est difficile.
Bellow constata que c'était sérieux. Harry arrêtait de boire. Il s'arrêta et lui tendit la main.
- Félicitation Lieutenant Harry. Je vous félicite pour votre décision et je vous souhaite la bienvenue dans mon escadrille... je confirme que vous y avez votre place...à moins que vous ne vouliez pas piloter dans mon groupe.
- J'accepte. De tout façon, je n'ai pas le choix... je ne sais pas faire autre chose... piloter et combattre, et vu mon état, il n'y a qu'ici qu'on m'acceptera...
Devant le mess, le Lt-Colonel se ravisa.
- Attendez... allons plutôt dans ma tente. J'ai un excellent thé ramené de l'Assam.
Il voulait surtout éviter le mess à Harry où la bière et le whisky étaient disponibles.
Bellow mis en route un petit réchaud à essence sur lequel il installa une théière. Il laissa l'ancien AVG s'installer sur sa chaise, lui même s'assied sur son lit.
- Dites moi Harry, si on parlait un peu des Japonais et de leurs avions? Vous les avez affrontés souvent?.
Harry se détendit quelque peu.
- Et bien, ici il y a pas mal de bombardiers. Lorsque nous sommes arrivés, ils volaient seuls sans escorte. On en a massacré un bon nombre, avant que les Japonais décident de les escorter. La situation est devenue plus difficile. Nos vieux P40 ne font pas le poids face à leurs chasseurs. On les tient en vitesse, mais dès qu'ils nous aperçoivent, ils se mettent à tourner et c'est foutu. Celui qui se met à tourner avec eux, est mort. De plus, on se bat souvent à 4 contre 1. Ces derniers mois, nous avons plus souvent pris la fuite que combattu.
Cbal s'alluma une cigarette. Il tendit son paquet à Harry qui en extirpa une. Le thé était prêt.
- Parlez moi de ces chasseurs plus précisément Lieutenant.
Harry huma avec une grimace sa tasse de thé.
- Beurk, ça sera dur...
Il sourira et reprit:
- Je pense que les avions que vous avez affrontés à Corregidor ne sont pas les mêmes que ceux que nous avons ici. Aux Philippines, c'était des appareils de l'aéronavale, des Zéros, des vrais. Ici, ce sont des avions de l'armée de terre, ils sont probablement moins bon que les Zéro. Leur armement surtout, ils n'ont que deux mitrailleuses de capots. D'après les rapports que j'ai pu avoir, il semblerait que les avions que l'on trouve à proximité de la flotte japonaise, ont de l'armement dans les ailes, des canons de 20 mm. Ce qui n'est heureusement pas le cas des avions que nous rencontrons ici. Il nous arrive encore de croiser de temps à autre des appareils avec le train fixe pantalonné. Ils n'avancent pas, mais comme tout leurs avions, ils tournent dans un mouchoir de poche. C'est incroyable, on se demande comment parfois ils font.
Bellow l'interrompit.
- A Corregidor, il y avait des avions d'assaut avec le train fixe. Des bombardiers en piqué.
Harry reprit.
- Oui mais moi je vous parle de chasseurs. Les seuls bombardiers que nous rencontrons ici, sont des bimoteurs assez lents et vulnérables.
Le Lt-Colonel saisit la théière et resservit le lt Harry.
- Hé là doucement avec votre mixture Sir... il ne faudrait.. hem... ne pas trop abuser de ces choses là.
Bellow relança la discussion.
- Dites-moi Harry, jusqu'à présent je n'ai entendu que les points positifs de ces chasseurs japonais. Quels sont leurs points faibles par rapport à nos Curtiss.
Harry ricana.
- On est plus vite qu'eux en piqué. En palier ça se tient, en montée, les chasseurs japs sont de vrais balles. Aucune chance de les rattraper ou de les semer. Au dessus de 5000 mètres ils commencent d'être mauvais, à 6000 on les domine, le problème c'est qu'il n'y aura jamais un Japonais assez con pour monter si haut. Sinon, nos P40 ont un meilleur taux de roulis. Avec un peu de vitesse en effectuant de rapides ciseaux on arrive... à retarder l'échéance. Si vous êtes seuls et bas, vous êtes foutus, si vous avez un coéquipier dans le coin, ça peu lui permettre d'avoir le temps de venir à votre secours. J'ai vu que nos nouveaux P40 étaient armés de 6 mitrailleuses de 12,7. C'est un avantage certain, les avions japs sont très mal protégés. Une seule balle à la bonne place et ils crament comme des torches.
Bellow qui avait piloté un P40B aux Philippines connaissait bien l'avion en question. Le P40E était plus rapide, plus stable et surtout mieux armé. Il resta un moment pensif.
Harry poursuivit:
- Les avions japonais sont bons, mais il faut reconnaître que leurs pilotes sont très efficaces. Ils connaissent bien leur machine et surtout ils sont très agressifs. Ils ne refusent jamais le combat, ils ne connaissent ni la fuite ni la peur de la mort.
Le Lt-Colonel s'alluma une nouvelle cigarette. Harry refusa le paquet qu'il lui tendait.
- Je connais tout cela Harry. A Corregidor, j'ai vu des pilotes ennemis se sacrifier en jetant leur Zéro endommagé contre nos navires où nos troupes, plutôt que de s'éjecter derrière nos lignes...
- Ouai, entre-nous, je ferais de même si je n'avais fait rien que la moitié de toutes les saloperies qu'ils font. Ce sont de vrais sauvages. Faut voir le massacre qu'ils ont fait à Nankin en '37. Une véritable horreur, ils ont massacré la moitié de la ville gratuitement. Alors aujourd'hui, z'ont pas intérêt à tomber entre les pattes des Chinois.
Le Lt-Colonel l'interrompit.
- Mmh, vous savez Harry, les Japonais ont une conception de la vie et de guerre qui nous échappent un peu. Ils sont fidèles au Bushido et surtout à leur empereur. Ceci dit ça n'excuse pas leur attitude.
Harry se renfrogna.
- J'en ai rien à foutre de leur discipline de vivre, le code de conduite des samouraïs et toutes les autres conneries concernant le Bushido, si descendre un pilote pendu au bout de son parachute fait partie de leur code de conduite, ce n'est qu'un code de lâches.
Bellow était surpris par les connaissances du Lt Harry.
- Dites-moi Harry, vous me surprenez quand même. Comment avez-vous toutes ces infos?
Harry rigola doucement.
- Avant de venir ici, j'étais correspondant de guerre. J'ai fait Yale. J'avais aussi une licence civile. Quand j'ai su que Chennault cherchait des pilotes, j'en ai profité pour devenir pilote militaire. Ca n'a pas été sans mal. Le Lockheed Electra que je pilotais habituellement dans le civil, me prédestinait plutôt à devenir pilote de C47. Mais à force d'insister, Chennault qui manquait de pilote m'a finalement engagé. Ca n'a pas été facile, au début je n'étais jamais envoyé en mission, c'est ce qui m'a permis sans doute d'être en vie aujourd'hui. Puis le contingent des pilotes s'amenuisant j'ai été engagé, de plus en plus. En mai dernier, j'ai connu ma première victoire sur un bimoteur. Puis quelques jours plus tard, j'ai eu mon premier chasseur, et mon premier saut en parachute aussi. 8 jours de galères avec les Chinois qui m'ont finalement ramené ici. Ensuite plus d'avion pendant presque 3 semaines avant que je récupère celui de Williamson qui n'a pas voulu rejoindre l'USAAF. Pendant mon escapade j'ai réussi à contracter la malaria... et me voilà.
Bellow se leva.
- Encore un thé Lieutenant?
Harry n'était pas encore prêt à succomber aux bienfaits du thé, fut-il de qualité.
- Non, vraiment sans façon. Je crois que je vais me contenter d'eau pour le moment. Votre thé me retourne l'estomac Sir. Si vous me permettez, ça va être l'heure du repas du soir... Je vais vous laisser.
- Ok Lieutenant. Merci de vos informations... ah oui, au fait. Demain matin, j'aimerais que nous soyez mon ailier pour la patrouille matinale, on m'a signalé pas mal de va et vient d'avions de reconnaissance japonais le long des colline B 234 et D 68. Vous vous présenterez une heure avant le départ, que je puisse vous donner quelques explications sur le P40E par rapport à votre ancien appareil.
Harry sourit.
- Bien. compris Sir, j'y serai... Merci de me faire confiance. A demain.
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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:26

Bellow regarda la silhouette s'effacer dans la nuit en direction des cantonnements. Au loin, des bruits de fête émanaient du mess...
Le lendemain, Cbal eu la surprise de trouver dès potron-minet le Lt Harry au mess, les sourcils froncés, penché sur le manuel de vol. Il l'interpella:
- Bonjour Harry, belle journée n'est-ce pas. Alors, vous découvrez votre nouveau P40?
Harry fit la moue.
- Vous m'avez dit hier que le P40E avait la réputation d'embarquer au décollage encore plus que nos vieilles caisses. Je ne vois rien qui figure dans ce manuel, à ce sujet. Je ne trouve rien non plus concernant la vitesse d'approche, de piqué. C'est un peu déconcertant.
Cbal se servi un café et pris un plateau avec un petit déjeuner. Il s'assied à la même table.
- Oubliez ce manuel Harry. Il est incomplet. Comme vous avez pu le remarquer il manque plein d'informations importantes. En résumé, c'est un P40B, plus puissant et plus stable. Ensuite, au décollage, alors que le "B" embarque en roulis, le "E" embarque en direction, à droite. Il faut mettre plein pied à gauche et ensuite relâcher lentement avec la prise de vitesse. En l'air, il est assez stable.
Il poursuit tout en mastiquant.
- A l'atterrissage. Deux problèmes: Le capot plus large que le celui du "B", vous masque la piste et vous êtes aveugles entre 5 et 6 secondes avant de toucher le sol. Le bon truc c'est d'avoir des repères hauts, comme le coin d'un toit de cabane, un drapeau, enfin un truc haut et surtout fixe sur lequel vous vous fixez pour rester aligné. Le deuxième problème, il a une foutue tendance à partir en cheval de bois. Posez en dehors d'une piste balisée et c'est la culbute sur le nez assurée. Si vous devez vous vacher en rase campagne, posez-vous sur le ventre, c'est plus sûr.
Harry, vida d'en trait son café et leva.
- Bon, on y va Sir? J'ai hâte d'essayer cet engin.
Bellow regarda son plat encore plein.
- Heu, je vous propose ceci. Vous demandez aux mécanos de préparer les n° 4 et 5. Vous profitez d'étudier votre tableau de bord. Pendant ce temps, je finis de manger et quand j'arrive si vous avez des questions concernant les commandes ou les instruments de bord, je suis à votre disposition. ok?.
Harry vissa sa casquette sur la tête et pris le chemin de la sortie.
- Ok Sir on y va comment ça. A tout à l'heure.
Le pilote sorti du mess et d'un pas encore hésitant s'éloigna en direction des abris.
Le capitaine Redfox le croisa sur le pas de porte. Il paru surpris de croiser l'ancien AVG.
- Ah tient, bonjour lieutenant, vous êtes bien matinal...
Harry poursuivit sa route en maugréant quelque chose d'incompréhensible.
Visiblement le temps n'était pas encore au beau fixe entre les deux hommes.
Le capitaine rejoint Bellow et s'assied en face de lui.
- Et bien on dirait qu'Harry ne me porte toujours pas dans son cœur. Vous avez vu ? Il a l'air presque en forme. C'est vous qui l'avez convoqué ce matin?
Tout en lisant sa carte, Bellow reprit nonchalamment.
- Oui, nous allons faire un vol d'essai.
Redfox resta sceptique.
- Et que dit Carpenter Sir? Je veux dire à cause de sa malaria bien sûr.
Cbal posa sa carte et sa tasse de café.
- Red! Harry a arrêté de boire et Carpenter l'a jeté dehors de l'infirmerie. J'ai vu son dossier. Il n'y a aucune prescription médicale pour qu'il ne vole pas.
Le Capitaine reprit.
- Vous savez comme moi, que nous prenons un risque de faire voler cet olibrius. Il a arrêté de boire quand? C'est une sacré nouvelle bon sang... je vous parie que dès la première occasion, il succombera à nouveau. Et s'il a une crise de paludisme en plein vol, il va se passer quoi? Nom de Dieu Sir, vous savez toutes les peines que nous avons pour obtenir des pièces de rechange et des avions de remplacement.
Bellow s'insurgea.
- Ca suffit Red, ici c'est moi qui commande et je décrète que le Lt Harry volera avec nous... pour autant qu'il réussisse avec succès le vol d'essais de tout à l'heure. Dans 10 minutes, j'ai rendez-vous avec lui. Je verrai de quoi il est capable. Et maintenant, pour conclure, comme tu le dits, nous sommes loin de tout ici. Entourés de Japonais. Harry a de l'expérience et la moitié de nos pilotes ont tout juste vu un zing japonais en photo. Ces prochaines semaines, nous aurons des pertes, il ne restera que les meilleurs... et les plus chanceux. dans cette situation, son expérience peut nous être précieuce.
Le Capitaine Redfox se résigna.
- Bien Sir, c'est vous le patron ici... je vais essayer de comprendre le risque que vous nous faites prendre...mais dans tous les cas, vous serez le seul à l'assumer.
Bellow qui venait de s'allumer une cigarette, rejeta nonchalamment la fumée, les yeux dans le vague.
- Je ne sais pas Red... mais Harry a quelque chose de fascinant en lui... je crois qu'il mérite à être connu. Je pense qu'il ne boira plus et ... j'espère qu'il ne sera pas victime d'une crise de malaria en plein vol... j'irais voir Carpenter pour trouver un médicament ou un truc qu'il pourrait prendre en cas de problème.
Redfox soupira. Bu son café chaud d'un trait. Il grimaça.
- Bien... il ne reste plus qu'à vous souhaiter bon vol Sir.

Dix minutes plus tard, Bellow trouvait son pilote assis aux commandes du n° 6. Un mécano a côté de l'appareil était prêt à surveiller la mise en route. Cbal s'approcha.
- Alors Harry, des questions?
- Négatif sir, on peut y aller!
- Ok, alors on est parti.
D'un geste tournoyant de la main, Cbal fit signe aux mécaniciens qu'ils allaient mettre en marche. Bientôt les deux Curtiss s'alignaient sur la piste.
Depuis le perron du mess, le capitaine Redfox observa les deux P40 prendre de la vitesse. L'empennage du n° 6 balaya quelques fois la piste, mais une fois la queue soufflée, l'appareil se stabilisa et pris lentement l'air dans l'aile du n° 5.
La voix du Lt-Colonel raisonna dans les écouteurs du Lt Harry:
- Bien, on va prendre un cap 70, j'ai vu un rapport ce matin qui traînait au centre de commandement comme quoi il y aurait des avions ennemis qui font des repérages pour l'artillerie japonaise.
- Ok Sir, je suis derrière vous.
Les chasseurs US se stabilisèrent à 3000 mètres. Après quelques minutes de vol. Le Lt-Colonel Bellow aperçu des battement d'ailes nerveux de l'avion de son ailier.
- Ca ne va pas Lieutenant? Vous semblez nerveux!
- Affirmatif Sir... je déteste voler à cette altitude. Si les Japs nous tombent dessus, on est mal.
- Je vous rappelle que nous nous cherchons des avions qui pointent pour l'artillerie et qui volent nécessairement bas. A 5000 mètres on ne les verra pas.
- Non Sir, mais leur escorte, par contre, nous apercevra gros comme le nez au milieu de la figure. Où on vole bas au ras des arbres, où on vole très haut, mais entre-deux c'est dangereux.
Le Lt-Colonel Bellow hésita.
- Ok, descendons.
Les deux P40 rasaient maintenant la cime des arbres. Passant en trombe au dessus des fortifications chinoises et des positions de tir.
Bellow fut un peu inquiet.
- J'espère que les artilleurs chinois ne nous transforment pas en passoire par accident.
Harry rigola.
- Ne vous en faites pas Sir, ils reconnaissent parfaitement le bruit de nos Allison. Et les Japs ne se risquent pas si bas.
Ils volèrent ainsi une bonne vingtaine de minutes dans un silence monacal à peine troublé par le ronronnement rassurant du moteur neuf. La voix de son leader sorta Harry de torpeur.
- Là... à 1 heure... environ 800 mètres de nous, entre 300 et 500 mètres, un contact. Ca ne peut être qu'un jap, regardez il y a des tirs DCA qui l'encadrent.
Anxieusement Harry observa le ciel plus haut. Il savait qu'ils étaient là... ils devaient être là... c'est comme ça que Spencer s'était fait descendre à peine 3 semaines plus tôt. Il avait vu le "Sally", s'en était approché et quelques secondes plus tard, son avion en proie des flammes, s'était écrasé dans la jungle.
Ses Ray Ban sur les yeux, Harry fouilla anxieusement l'azur. Ca y est! Là... même pas planquées dans le soleil! Deux croix noirs... pas de doute, longues ailes claires prolongées d'un fin fuselage. Des Ki! Des "Oscar", rapides et véloces. Nerveusement Harry ajusta ses lunettes de vol. Il sentait la sueur lui couler du front, elle contournait ses lunettes, insidieuse, elle chatouillait les ailes de son nez, faisait une pause salée aux commissures de ses lèvres et disparaissait le long de sa gorge serrée. Devant lui, le P40 de Bellow montait déjà en direction de l'appareil de reconnaissance. Un bon gros "Sally" bien juteux et vulnérable. Mais là en dessus, au moindre cris d'alerte de l'équipage, deux tueurs étaient prêts à leur tomber dessus.
Harry hurla dans son micro.
- NON! NON! Attendez...Il y a des chasseurs en dessus de nous... n'y allez pas Sir! N'y allez pas!
Mais le Lt Colonel avait déjà mis plein gaz, il était maintenant à moins de 500 mètres du bimoteurs.
- Trop tard, je ne peux plus me débiner maintenant, occupez-vous de ces bandits Harry, je prends le bombardier.
Harry paniqua un instant, il chercha des yeux les deux contacts. Son sang se glaça, les deux "Oscar" descendaient maintenant plein gaz en direction de Bellow.
- Attention Sir, ils descendent.... ils... ils vous arrivent dessus.
- Mais bordel, ne restez pas là comme un âne! Bougez! Occupez vous de ces chasseurs.
Harry épongea de la manche la sueur qui perlait sur son visage. Il observa les deux chasseurs ennemis encore une fois. Apparemment, ils ne l'avait pas vu. Toujours au ras du sol, pour ne pas alerter les pilotes de Ki par un mouvement brusque, il engagea doucement son P40 sur un virage droite ascendant de manière à se trouver perpendiculairement sur la trajectoire des appareils ennemis. En mettant plein gaz, il fut surpris par la vigueur du moteur Allison qui au travers de ses tuyères surchauffées à blanc, crachait toute sa puissance dans un bruit rageur et monstrueux. Le Lt Harry, était aux commandes d'un "Gueule de Requin" et un requin est un redoutable prédateur, cette idée saugrenue le remis d'aplomb! Foutus japs ils allaient voir! Quelques secondes plus tard, les ailes illuminées par six flammes blanches suivies de traçantes rouges, il coupa la trajectoire des deux "Oscar". Les deux pilotes ennemis surpris par cette intervention impromptue brisèrent leur formation. Harry bascula sur dos et pris en chasse l'appareil qui tournait à droite et qui entamait déjà un virage serré pour sortir du champ de tir du Curtiss. Cependant, la manœuvre du pilote américain avait placé le P40 à l'intérieur de la courbe du Ki. Du coin de l'œil, Harry aperçu l'avion qui remontait depuis sa gauche. Au moment où celui-ci fut caché par son capot moteur. D'un geste rageur, le pilote américain tira de toutes ses armes, l'avion japonais passa en trombe devant son nez des morceaux de tôle s'éparpillèrent dans le ciel. Le Ki43 réservoir percé, s'éloigna vers les lignes japonaise...
Harry réalisa soudainement que l'autre chasseur devait être entrain de se placer derrière lui. Il bascula une fois encore rageusement le P40 sur le dos et tira sec sur le manche. A la limite du voile noir, il passa au ras des arbres, cherchant, la tête lourde à trouver l'avion ennemi. Mais celui-ci semblait avoir disparu. Il effectua encore quelques manœuvres évasives, mais le ciel était définitivement vide. Harry finit par réduire les gaz avant que le moteur ne soit en surchauffe. Il ouvrit le radiateur en grand. Il chercha du regard son leader. Il réalisa par la même occasion, que dans sa précipitation, il avait coupé sa radio. Au loin, une longue colonne de fumée montait depuis une rizière. Non, pas ça, la gorge serrée, la main tremblante, il enclencha fébrilement son poste.
- ...ous m'entendez? Harry, Red Two de Red leader? Est-ce que vous m'entendez?
Harry penaud repris hésitant.
- Je... je vous entends sir, j'ai eu... j'ai eu un problème radio. Où en êtes vous avec l'avion de reco?
Une vois soulagée lui répondit:
- Dieu soit loué, j'ai cru qu'il vous était arrivé un malheur. Le "Sally" a été descendu. Et vous, quelle est votre situation.
- Mon avion est intact, et j'ai endommagé un des chasseurs. L'autre a disparu. Donnez-moi votre position que je puisse vous rejoindre.
- Pas la peine, prenez un cap base Red Two. Nous allons fêter ça au mess.
La sueur avait un drôle de goût dans sa bouche. Harry retira son masque à oxygène qui était plein de sang. Il en avait plein sa chemise. Il saignait du nez. Il avait mal supporté son voile noir.
- Une quinzaine de minutes plus tard. La bande herbeuse de Kweilin fit son apparition au fond de la vallée. Le Lt Harry s'efforça de remettre de l'ordre dans ses idées. Il ne s'agissait pas de faire un accident à l'atterrissage. Le P40E descendait gentiment vers la piste. Au loin, Harry pouvait deviner celui de Bellow qui était déjà poussé par les rampants dans une des niches camouflées. Il y avait foule le long de la piste. Probablement que la nouvelle avait été annoncée. Clignant des yeux, le pilote remit ses Ray Ban. Le Curtiss toucha enfin la piste. Un oeil sur la vitesse, Harry plaqua enfin la queue sur le sol et freina gentiment. Il ouvrit son cockpit, l'air frais soufflée par l'hélice lui fit du bien. Devant lui, un mécanicien le dirigeait. les bras croisés, il lui fit signe de tout arrêter. Quand le moteur s'arrêta, le ventre creux, les mains tremblantes, Harry remarqua tout juste le brouhaha des autres pilotes du groupe qui l'attendait à a descente de son avion. Il finit par s'extirper lentement du cockpit. Il avait oublié son visage en sang et les traces qui maculaient sa chemise.
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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:27

Le Lt Tempestino fut le premier à réagir.
- Merde il est blessé! Infirmiers! Infirmiers!
Harry s'efforça de descendre de son appareil avec le plus d'élégance possible.
- Non, non les gars, tout va bien, je me suis juste pris un voile noir trop violent. Je saigne juste du nez, ce n'est rien.
Anxieusement, il voyait déjà le Lt Carpenter courant sur ses petites jambes dans sa direction.
Tex "Hill" s'approcha avec un sourire.
- Et bien Harry, on dirait que ça va mieux?
Harry murmura:
- Ouai merci sir... ça n'a pas été facile.
Un peu plus loin Bellow arrivait le visage radieux!
- Allez! Venez Harry, je vous invite ainsi que les réservistes au bar. Capitaine Redfox! Vous prenez 5 volontaires et vous organisez la patrouille matinale. Moi j'ai déjà donné ce matin!
Le Capitaine Redfox était debout à l'entrée du local radio, un bout de papier à la main.
- Un de nos observateurs déclare avoir aperçu un chasseur japonais s'écraser au Nord de la colline U234. Le pilote blessé a été capturé vivant... une fois n'est pas coutume... par les Chinois. On dirait bien que votre "Oscar" vous sera accordé Harry!
Harry s'éloigna, titubant, en direction des quartiers. Cependant, au lieu d'entrer dans sa cabane, il la contourna et une fois à l'arrière il s'appuya contre la paroi de bois et vomit. Quelques secondes plus tard, il aperçut le petit Li Quang qui le regardait. Harry fut gêné.
- Et bien quoi? Qu'est-ce qui a? T'as jamais vu un type dégueuler? Allez files!
Mais le petit chinois restait là. Harry n'eut pas le cœur à le faire partir. Il se rendit aux sanitaires et se rinça la tête. Il se regarda dans une glace.
- ben mon vieux, heureusement que ta mère ne te voit pas dans cet état, c'est pas brillant...
Le miroir lui renvoyait une image pénible. Lui le tombeur de Rawlin, descendant Cedra Street dans son Auburn Coupé le coude à portière, lui le fils à papa dont toutes les portes s'ouvraient rien qu'à l'évocation de son nom. Il était entré comme ça dans l'USAAF. Puis, une affectation en P36 sur le canal de Panama et finalement les AVG de Chennault. C'était la première fois de sa vie, qu'il n'avait pas de porte de sortie. Qu'il devait assumer jusqu'au bout sa décision. Ici à Kweilin, face aux redoutables Sentai japonais, la peur le tenaillant au ventre, il n'avait pas trouvé d'autres échappatoires que l'alcool. Le whisky que faisait venir Chennault pour ses hommes lui avait permis d'oublier la peur, quand il n'y en avait plus, il y avait l'alcool de riz local; pourvu qu'il y ait quelque chose à boire.
Monter dans son avion, oublier le danger, foncer, ne pas penser à la mort, aux flammes qui vous lèchent le visage, les mains. Les cauchemards qui se succèdent dans les nuits moites, avec en fond sonore, le roulement sourd et lointain de l'artillerie, interrompant le chant des criquets. Le flacon salvateur est là. Le bouchon saute, libérant de l'angoisse pour quelques heures. Mais tout ceci n'est que momentané, les périodes de manque se rapprochent. Il en fallait toujours plus, à chaque fois, plus dure était la chute. Il avait pensé à l'opium, mais heureusement, il n'y avait jamais succombé. En quelques mois, il avait basculé dans l'alcoolisme. Carpenter faisait ce qu'elle pouvait pour le remettre d'aplomb. Finalement, affaibli, il avait été atteint du paludisme ce qui provoqua une longue et pénible hospitalisation. Les AVG avaient été dissous, Bellow et ses pilotes étaient arrivés. C'était affreux, ils comptaient sur lui, il le savait. Le Cpt Redfox n'avait pas fait dans le détail, il avait vu juste le concernant, il lui avait dit ce qu'il pensait et c'était vrai, il n'était qu'une loque. Tout en se rinçant à grande eau froide le torse nu devant les bacs servant à la toilette, il pensait tout haut. Il regarda le petit Li qui était toujours là et qui le regardait en riant.
- Qu'est-ce qui te fait rire hein. Ma gueule ravagée par la trouille?
Harry se mis également à rire.
- Ouai t'as raison Li, ta situation est bien plus dure et compliquée que la mienne et toi tu rigoles alors que je ne fais que me lamenter et que moi, un bon duvet bien chaud et une bonne soupe amoureusement concoctée par ma brave mère m'attendent à Rawlin.
Il s'approcha du petit chinois.
- T'as faim p'tit?
Il fit signe de le suivre.
- Allez, vient avec moi, je vais te trouver quelque chose à bouffer.
Le petit Li Quang le suivit. Ses habits étaient partiellement en lambeaux et il marchait pieds nus. Harry le regarda avec compassion.
- Ouai et il faudra te trouver quelque chose de plus chaud à te mettre.
A la cuisine, il demandait au sergent Moore s'il restait quelque chose à manger. Moore fit la grimace.
- Bien sûr qu'il reste à manger Lieutenant. Mais si vous avez l'intention de nourrir tous les macaques de la région, faudra faire venir deux fois plus de transports de Calcutta?
Harry empoigna le cuisinier par le collet.
- C'est un enfant Moore, un orphelin! Alors vous allez fermer votre grande gueule et vous allez lui donner à bouffer, ainsi qu'à sa sœur, et chaque fois qu'il viendra ici. Et que je ne vous prenne plus à tenir des propos diffamants vis-à-vis des Chinois, c'est clair?
Moore maugréa quelque chose d'incompréhensible. Il prépara deux sandwichs qu'il remit au petit Li Quang.
- Tiens petits... pour toi et ta frangine.
L'enfant prit les sandwichs et fila vers le village au pas de course.
Harry donna une tape amicale sur l'épaule du cuisinier.
- Allez Moore, détendez-vous, on n'est pas à San Francisco ici. C'est pas China Town.
- Je suis de Détroit Sir...
Et le sergent s'en retourna à ses fourneaux.
Harry quitta la cuisine. En passant par le mess. Il aperçu le Capitaine Redfox. Il ne put s'empêcher de l'interpeller.
- Tiens ... Redfox... vous n'êtes pas en vol? Je croyais que Bellow vous avait envoyé en patrouille?
Le Capitaine qui était accoudé lui répondit
- Je ne crois pas que cela vous regarde Lieutenant.
Sans un mot Harry s'éloigna vers la sortie.
Redfox l'apostropha.
- Attendez Harry, venez... excusez-moi pour le ton employé...je vous offre un Coca.
L'ancien AVG hésita une instant, méfiant.
- Allez, ne faites pas cette gueule... venez... C'est Hill qui a pris le groupe pour la patrouille de ce matin.
Harry s'approcha du bar et sans un regard pris la bouteille de Coca qu'on lui tendait.
- Qu'est-ce que vous me voulez Capitaine? Me faire une nouvelle morale... vous voulez que je vous dises... vous avez raison. Je ne suis pas à la hauteur. Je ne suis qu'un jeune branleur qui a toujours voulu plus que ce qu'il pouvait assumer. Je me foutu dans ce piège tout seul et au lieu d'assurer et de me reprendre, j'ai préféré me laisser sombrer dans l'alcool. Je ne mérite pas de faire partie des AVG et encore moins de l'USAAF...
Le Capitaine Redfox resta un instant silencieux, puis il répondit:
- Dites-moi Harry, si vous êtes tout ça, pourquoi avez-vous arrêté de boire? Reprenez-vous Harry! Vous êtes sur le bon chemin. Pour les pilotes de l'escadrille vous êtes un as. Tout a l'heure Bellow nous a expliqué comment vous avez attaqué les deux chasseurs japonais. Vous avez fait preuve de courage et d'adresse, n'oubliez pas, que le reste de l'escadrille ne connaît pas votre histoire, pour nos jeunes pilotes, vous êtes, avec Tex, un exemple.
Harry se mit à rire.
- En exemple Capitaine?!? Si vous m'aviez vu, tremblant comme une feuille foncer sur ces deux chasseurs, tu parles d'un exemple. Je suis mort de trouille à chaque fois que je m'assieds dans mon avion...
Redfox lui coupa la parole
- ... tout comme moi Harry, et comme la plupart des autres pilotes militaires de cette terre. Avec Bellow on était à Bataan et Corregidor, le 10 décembre quarante-huit pilotes frais et motivés, 22 jours plus tard trois survivants. Cinq jours après notre évacuation, les Philippines tombaient.
Après quelques instants Harry murmura.
- Je savais pour Bellow, mais je ne savais pas que vous étiez avec lui Sir. Je vous présente mes excuses, je vous prenais pour un jeune emmerdeur tout juste sorti de West Point.
- Harry.... vous, moi, Bellow et quelques autres vétérans qui traînent dans ce secteur nous avons le droit d'avoir peur... par contre, vis-à-vis des autres gars, nous n'avons pas le droit de le montrer. Vous me comprenez?
Harry but d'un trait sa limonade en grimaçant.
- Je vous comprends, mais vous vous rendez-compte que j'ai une expérience qui se résume à peine à une trentaine d'heures de vol en combat.
- Combien de victoires?
- Et bien avec celle de ce matin, 5, mais deux probables, des "Nate", qu'on m'avait compté généreusement pour que je puisse toucher les primes. Au début, je ne volais pas beaucoup. Je n'avais pas beaucoup d'expérience et il y avait plus de pilotes que de machines. Alors ils étaient réservés aux mentors du groupe. Quand les premiers "Oscar" sont arrivés la situation est devenue plus critique et avec les pertes humaines, j'ai fini pas devenir pilote attitré.
Redfox but le solde de sa canette de bière cul sec. Il posa la boîte en fer blanc sèchement sur le comptoir. Il prit sa casquette avec laquelle il poussa amicalement Harry.
- Mazette 6 victoires! J'en suis encore loin, même si officieusement avec le merdier de Corregidor, je devrais en avoir un bon paquet, mais on avait autre chose à penser que de compter les victoires. Harry, vous arrêtez de boire non? Bon alors, cela veut dire que vous avez pris conscience de votre situation et que vous avez la ferme intention de vous en sortir. Bellow vous fait confiance, alors ne le décevez pas.
Il pris le chemin de la sortie. Il s'arrêta sur le pas de porte.
- Ah, au fait, c'est sympa votre intervention pour le gamin chinois. Vous êtes un chic type. Bonne journée et à tout à l'heure pour le repas de midi. Cet après-midi, vous volerez dans mon groupe, vous prendrez le Flight "B", ce sont des petits jeunes qui en veulent.
Il vissa sa casquette sur la tête et il s'éloigna en direction de la salle d'opération.

- Qu'est ce que vous voulez Lieutenant?
Le Lt Carpenter était entrain de plier des draps devant l'infirmerie avec une des infirmières.
Le ton était sec et Harry était toujours intimidé. Ca bardait avec le toubib. Il bafouilla.
- Je m'excuse de vous demander pardon.. heu... non enfin de vous déranger quoi...
Carpenter lui répondit exaspérée:
- Bon Lieutenant, vous avez fini de tourner autour du pot? Allez-y posez moi votre question. Tient pendant que vous êtes là, vous allez nous aider! Prenez la pile de draps là et suivez-moi. Nous allons les ranger à l'infirmerie.
Sans un mot, penaud, Harry s'exécuta. Trois minutes plus tard, le docteur fermait l'armoire de l'infirmerie d'un geste sec.
- Alors qu'est-ce qui vous amène à l'infirmerie Harry? Où est-ce que vous avez bobo cette fois.
Harry tripotait sa casquette.
- Et bien, je ne viens pas pour moi... pour une fois. Je viens d'abord pour m'excuser de mon comportement, je... j'avais bu, j'étais pas bien, enfin je n'ai pas vraiment d'excuses quoi.
Le lieutenant Carpenter le regarda d'un air méfiant.
- Et bien voilà un revivement subit et surprenant? J'accepte vos excuses Harry...
Elle se retourna quelques instants pour ranger divers instruments et poursuivit.
- Alors vous avez définitivement arrêté de boire il paraît?
- Oui j'ai arrêté, mais je ne suis pas bien, j'ai des tremblements, des sueurs. C'est difficile, mais je tiens le coup pour le moment.
Sans un mot, au moyen d'une clef qui pendait à son cou, Carpenter ouvrit une petite armoire, se saisi d'un récipient en verre contenant des cachets. Elle en sorti cinq.
- Tenez Lieutenant, quand vous n'êtes pas bien, prenez ça. Ca vous calmera.
- C'est quoi comme médicament?
- Morphine! N'en prenez surtout pas avant un vol, c'est plutôt pour la nuit. Ah oui encore un truc, quoi qu'il arrive, ne mélangez pas ce médicament avec de l'alcool... où vous êtes mort.
Harry regarda un peu inquiet, les 5 pastilles blanches dans le creux de sa main. Carpenter lui remis une petite boîte en métal.
- Voilà ne les laissez pas traîner à l'humidité. Pour votre paludisme, Bellow est passé me demandé des médicaments, je n'ai malheureusement rien de préventif. Si vous avez une crise en vol, ne prenez pas ces médicaments. Ils vous feraient dormir. Rentrez au plus vite, posez-vous, ensuite les infirmiers vous conduiront ici, je vous soignerais, ok.
Puis comme son interlocuteur ne faisait pas mine de partir.
- Est-ce que vous avez encore quelque chose à me dire Lieutenant?
Harry hésita. Il était en fait venu pour tout autre chose.
- Et bien, j'aimerais vous solliciter pour un truc heu.. qui sort de votre travail.
Le regard de Carpenter se fit plus méfiant.
- Vous savez ce que je pense des relations entre les pilotes et le personnel de l'infirmerie Lieutenant?
Le pilote sursauta.
- Heu ... oui, oui, bien sûr. Il ne s'agit pas de cela, non en fait, je voulais vous parler du petit Li Quang et de sa sœur Mo. Vous savez les deux orphelins du village d'à côté. J'aimerai un peu m'occuper de ces enfants. J'ai réussi à leur trouver de quoi les nourrir un peu convenablement. Par contre, j'aimerai pouvoir les habiller plus correctement. La saison froide va bientôt arriver et ils risquent de mourir de froid s'ils ne trouvent pas de quoi s'équiper correctement contre l'hiver.
Harry extirpa de son sac à effet, deux pantalons et deux chemises.
- En fait, j'aurais voulu savoir, si vous où l'un des membres du personnel féminin de l'infirmerie n'aurait pas faire quelque chose avec ces deux uniformes... enfin voilà, sinon le cas échéant, j'irais au village voir si trouve un tailleur.
Le visage du Lt Carpenter se détendit, elle esquissa un sourire en lui prenant des mains les pièces d'uniforme et les inspecta attentivement.
- Décidément, vous me surprendrez toujours Lieutenant. Suzanne... heu je veux dire le Caporal Sereno a travaillé chez Lewis avant la guerre. C'est elle qui répare nos blouses de travail. Gardez vos uniformes Harry, vous ne voudriez quand même pas que ces pauvres gosses se baladent en uniforme de l'USAAF. Nous trouverons une solution. Il vous faudrait nous amener les enfants pour une prise de mesures.
Harry exulta.
- Ouai super Carpenter. Vous êtes vraiment une mère pour nous.
Avant qu'elle ne puisse réagir, il l'embrassa rapidement sur le front et fila en riant. Laissant le docteur vitupérer derrière lui.
Le Lt Colonel Bellow regarda une dernière fois la photo. Elle avait été prise quelques jours auparavant par le photographe de la base. On y voyait son P40 arborant fièrement une gueule de requin. Devant lui étaient accroupis plusieurs pilotes. Il y avait Redfox, toujours aussi sérieux, la casquette vissée sur la tête. Harry et son air goguenard des grands jours, un petit nouveau qui était assis sur l'aile de l'avion, Jack Sant- Angelo surnommé "Vylsain" et lui-même. Il retourna la photo et lut une dernière fois les quelques mots qu'il y avait inscrit. "Hello, Duncan, comme promis, je t'envoie une photo de mon avion, un Curtiss P40 avec une belle gueule de requin qui fait peur aux Japonais! Embrasses très fort ta maman et ta petite sœur."
Ton papy qui t'aime.
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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:27

Il glissa l'image dans l'enveloppe qu'il ferma soigneusement. C'était son courrier hebdomadaire, il avait déjà écrit beaucoup de fois à Amélia, mais il avait dû attendre longtemps pour pouvoir enfin envoyer une photo à son petit garçon, cette photographie qu'il avait promise, il y a déjà de longs mois avant de partir à des milliers de kilomètres combattre un ennemi impitoyable.
Il posa la lettre devant lui sur la petite table en bois qui lui servait de bureau, laissant échapper un soupir, les mains sur la nuque, il s'appuya contre le dossier de sa chaise. Pensif, il regarda sa machine à écrire "Hermes" en bakélite noire et le cendrier sur lequel, une cigarette finissait lentement de se consumer. Il réalisa combien il était fatigué. En trois mois, il avait perdu 12 kg, la nourriture était mauvaise, l'eau polluée, la totalité du personnel de la base y compris les pilotes, étaient atteints de la dysenterie. La pauvre Dr Carpenter distribuait des dizaines de boîtes de pastille de charbon censée calmer les estomacs, mais rien n'y faisait. Bellow avait donné des prescriptions très strictes quant à l'hygiène dans la cuisine. L'eau devait être systématiquement cuite avant d'être bue. La nourriture jetée si elle n'était pas fraîche. Un cuisinier chinois secondait maintenant le sergent Moore qui ne sachant plus comment s'en sortir avait ravalé son attitude à connotation raciste. Bellow sourit à sa pensée, il revoyait Moore arriver fièrement dans la cantine transportant pour la première fois des plats remplis d'une odorante cuisine locale. Excellente au demeurant, mais terriblement relevée, ce qui n'avait pas beaucoup plu aux pilotes, qui, la tête toute rouge et le front perlé de sueur, en avait voulu au pauvre cuisinier qui avait déguerpi en vitesse derrière ses fourneaux sous la huée des pilotes. Heureusement, avec le temps, l'aide de cuisine chinois avait finalement compris qu'il devait prendre quelques précautions dans le dosage de certains ingrédients. Après une petite semaine, les derniers réticents avaient définitivement abandonné le lard et les oeufs brouillés moisis, pour la cuisine chinoise, qui somme toute était variée et pas si mauvaise, si ce n'est que l'assaisonnement, même revu à la baisse, avait tendance à rendre le Grand Colomb beau droit, avec l'avantage certain de tuer n'importe quels microbes bien plus efficacement que l'alcool !
Après avoir éteint sa lampe à pétrole, Bellow quitta sa chahute. S'allumant une nouvelle cigarette, il marcha vers le local radio où il trouva le caporal Morland et son traducteur chinois Il les trouva tous les deux attentifs devant leurs appareils respectifs, le casque sur la tête. Le technicien radio lui fit signe. Il avait le regard inquiet.
- Mon Colonel... il y a du mouvement sur la ligne de front sur le Mékong... ça n'a pas l'air de bien se passer pour l'armée chinoise.
Le soldat chinois qui officie devant sa radio retire calmement ses écouteurs et explique, dans un bon anglais la situation aux deux hommes.
- Les Japonais ont passé le Mékong et brisé la ligne de front sur plusieurs dizaine de kilomètres. Ils ont pénétré dans le secteur Sud de Simao.
Bellow ne comprit pas tout de suite ce que cela signifiait.
- Oui, mais bon c'est beaucoup plus au Sud! Pour nous ça ne présente pas un danger particulier.
Le Chinois ajuste ses lunettes rondes avant de répondre.
- Et bien le problème c'est que les communications de l'armée chinoise sont comme d'habitude très mauvaises. Il est ainsi tout à fait possible que l'offensive japonaise a été lancée il y a plusieurs jours, voir plusieurs semaines et nous savons à quelle vitesse évolue l'armée nippone... d'où mon inquiétude Lt-Colonel, ceci d'autant plus que l'état-major de notre armée basé à Sidang, ne répond pas à mes appels...
Bellow réfléchi deux secondes, puis, s'adressant au soldat chinois:
- Est-ce que vous arrivez à atteindre le Colonel heu.. machin truc,je ne sais plus très bien le nom là, vous savez celui qui est attaché à la protection de la base?
Le technicien lui répondit:
- Le Colonel Ho. Oui bien entendu, en ce qui le concerne, pour le moment tout est calme. Ses deux divisions couvrent la base sur environ 3 kilomètres au Sud.

La situation allait effectivement devenir plus tendue pour les AVG.

Le Lt-Colonel "Cbal" Bellow rejoint ainsi sans souci le mess des officiers. Il y retrouva Redfox et DFN conversant au bar tout en sirotant une bière et Harry devant son désormais traditionnel thé fumant. L'intéressé était penché sur une lettre qu'il écrivait avec soins. A l'arrivée de Cbal, il releva la tête.
- Ah Bellow, venez donc goûter ce thé. Je l'ai acheté dans une petite échoppe au village. Le commerçant chinois qui me l'a vendu m'a dit qu'ils appelaient ce thé noir "Tari Souchong", c'est un thé très fumé.
Bellow huma l'air, il dut reconnaître que le thé en question avait une odeur fort agréable.
- Pourquoi pas. Il a l'air fameux votre thé et ça me changera de nos éternelles bières ou verres de whisky.
Tout en consommant tranquillement son breuvage, Cbal s'aperçu qu'Harry n'était pas tranquille.
- Et bien Lieutenant, vous avez visiblement quelque chose à me demander! Allez-y... ou alors voulez-vous que l'on se voit dans mon bureau?
Harry qui tripotait son calot répondit:
- Non... non Sir, ça ne sera pas nécessaire. Je voulais vous parler des enfants chinois... vous savez Li et Mo Quang...ils sont orphelins.
Bellow sourit.
- Oui, oui, c'est très sympa de votre part de vous occuper d'eux. Ils avaient l'air très heureux des habits que Carpenter leur a fait coudre.
- Oui, oui, le Lt Carpenter a été vraiment très sympa. Mais enfin, ce n'est pas là que je voulais en venir Sir, ces enfants me font pitié, et je ne sais pas comment réagir avec eux, le jour où nous auront terminé notre tour d'opération. Je ne voudrais pas les abandonner.
Cbal s'enfonça dans son fauteuil. Il soupira
- Harry... je comprends vos sentiments vis-à-vis de ces gosses, mais que voulez-vous faire. Ils sont d'ici... les emmener aux États-Unis dans un milieu qui leur est totalement étranger? Vous voulez les remettre aux Chinois de Chinatown à San Francisco? On les traitera comme des moins que rien, la fille finira dans un bordel et le garçon sera le groom d'un patron de la pègre. Ils n'ont rien là bas... et honnêtement vous connaissez la proverbiale attitude de la plupart des américains vis-à-vis des portoricains, des chinois ou des noirs. Harry, vous avez déjà fait plus qu'il n'en fallait pour ses enfants. Je ne suis pas sûr que les sortir de leur milieu serait une idée brillante.
Harry paraissait contrarié.
- Oui je comprends, les gens du village ici les ont bien accueilli, mais si les Japonais arrivent jusqu'ici, qu'est ce qui va leur arriver?
Cbal vida d'un trait le fond de sa tasse de thé et se leva.
- Les Japonais ont encore du chemin pour arriver jusqu'ici Lieutenant. Le jour où ils seront à moins de 10 kilomètres de Kweillin, on avisera ok?
Il lui fit un clin d'œil et donna une tape amicale sur l'épaule.
- Allez, je vais me coucher. Demain nous avons une longue journée. Qui prend le premier tour de patrouille demain matin Red?
Le Capitaine qui s'apprêtait également à quitter le mess, s'approcha.
- C'est moi, Harry aura le groupe bleu.
Laissant DFN discuter avec le barman, les trois hommes quittèrent le bar dans la nuit et se séparèrent pour rejoindre leur cantonnement.
Quand Bellow disait que les Japonais avaient encore du chemin à faire avant d'arriver à Kweillin ne croyait pas si bien dire...
Le lendemain, à l'aube, lorsque les pilotes de la première patrouille rejoignirent la salle de briefing, le soleil était encore bas derrière les montagnes avoisinantes. En ce mois de novembre 1942, la température était fraîche le matin et tous les pilotes avaient revêtu leur veste en cuir arborant le traditionnel blood shit dans le dos, soit un bout de cuir ou de tissus comprenant quelques indications pour permettre aux Chinois de les ramener derrière leurs lignes en cas d'éjection.
Le capitaine Redfox effectua un rapide briefing et les 8 pilotes rejoignirent leur avion. Harry grimpa sur l'aile. Ouvrit la verrière et installa son parachute dans le cockpit, le sergent Callaway, les yeux plissés de sommeil, l'aida à s'installer. Une fois sanglé, il passa rapidement la check list pendant que le mécano lui donnait quelques explications sur les dernières réparations effectuées.
- On a changé les conduites hydrauliques du train gauche. Elles pissaient, c'est pour cela que la jambe de train gauche avait de la peine à remonter. Tu verrais ça, on a bricolé un truc avec une conduite piquée sur un bulldozer du génie... les mecs ont fait la gueule tu penses, mais y a des priorité hein!
Tout en rigolant du bon coup qu'il avait fait aux gars du génie, il donna une tape sur l'épaule d'Harry et descendit de l'avion.
Le moteur eut de la peine à démarrer. Harry passa la tête hors de l'habitacle.
- Dits-moi Callaway? t'aurais pas un allumage pour moteur Allison sur ton Caterpillard cannibalisé là?
Le sergent mécanicien se gratta la tête.
- ben heu... je sais pas, il avait l'air de bien fonctionner hier...
- Je m'en fout d'hier, c'est maintenant que j'aimerai qu'il parte!
Le démarreur sifflait dans l'air frais matinal, l'hélice tournant par à coup. Mais rien n'y faisait, le 12 cylindres refusait de prendre vie.
Callaway repris:
- Essayes de débrancher et rebrancher les magnetos à tour de rôle... attends!
Prestement il sauta sur le l'aile et au moyen d'un gros tournevis retira le panneau gauche du moteur. Alors que les autres appareils étaient déjà moteur tournant sur la piste, le capitaine Redfox l'interpella par radio.
- Et bien Harry que ce passe t'il? Ce vieux Boche Buster refuse de démarrer?
Le lieutenant grommela.
- Ouai, comme par hasard après que Callaway ait bricolé des trucs avec des pièces de bulldozer sur le train...
Redfox répondit hilare.
- Mmmh des pièces de dozer, quelle finesse. Tu peux être content qu'il ne t'aie pas installé un train de chenilles à la place des roues. Ouhahaha.
La tête triomphante et noire d'huile de Callaway apparut du compartiement moteur.
- Ca y est Harry! J'ai trouvé. C'est Spring qui avait oublié de reconnecter la boîte à fusibles à l'alimentation générale. Ca me prendra 2 minutes...
La voix de Redfox repris.
- C'est bon Harry, on y va déjà, tu nous rejoindras plus tard.
La mort dans l'âme, il vit les sept P40 prendre leur envol dans la poussière. Il houspilla le malheureux sergent.
- 'acré bordel, tu vas t'activer Callaway, tu veux pas que je descende le brancher moi-même ce putain fils non?
Un tournevis dans la bouche le mécanicien répondit.
- 'est bon est bon, 'ai fini dans 30 secondes... eules 'as comme 'a...
Il remit en place le panneau et tout en s'essuyant les mains sur sa combinaison graisseuse, il descendit de l'aile.
Dans le cockpit Harry fulminait.
Avant de lancer le moteur, il lança un regard inquiet au sergent.
- Dis-donc Callaway, c'est de mon moteur que provient toute cette belle huile noire que tu as sur le visage?
- Ouai, y a une petite fuite au cache soupapes gauche... mais tant fait pas, tant que c'est noir c'est qu'il y a de l'huile. Fermes ta verrière avant de démarrer. Avec tes essais de tout à l'heure, le carbu doit être engorgé et il y a des risques qu'un retour de flammes de carbonise ton joli visage d'ange.
- La ferme Cala, je lance le bazar écartes toi!
Effectivement le moteur engorgé de carburant eut encore un peu de peine à démarrer et lorsque enfin il se décida, de longues flammes oranges s'échappèrent de la prise d'air du capot. Heureusement, le souffle de l'hélice eut tôt fait de les éteindre et le P40 s'éloigna enfin en dandinant vers le début de la piste.
Une petite minute plus tard, il informa son leader qu'il avait pris l'air.
Environ 5 minutes plus tard, le Capitaine Redfox lui donna un nouveau cap de façon à couper la trajectoire de l'escadrille.
Les 7 Curtiss battaient maintenant lentement des ailes dans le ciel pourpre de l'aube. Au loin, majestueux l'Everest paraissait les défier. Tout en bas les vertes vallées entrecoupées des méandres de la multitude de petits cours d'eau. De temps à autres, on pouvait apercevoir des rizières si typique en étage.
Quel paysage magnifique!
Pourtant un cri allait bientôt le sortir brutalement de sa torpeur.
- Nom de Dieu des Japs.... il y a pleins de japs qui nous tombent dessus... dégagez! Dégagez!
C'était Johnny Smith, un jeune pilote qui était arrivé, il y à peine deux semaines. Redfox aperçu les chasseurs japonais, une vingtaine au moins, qui leur tombaient dessus à l'improviste.
- Décrochez! Décrochez! On pique vers le sol, on se retrouve sur un cap 235...
Mais la situation devint très rapidement confuse, les "Oscar" leur tombaient dessus à tout de rôle et même en piqué, Redfox avait l'impression qu'il n'arrivait pas à les semer. Smith avait le n° 7 de la formation. Son P40 brûlant comme une torche, tomba dans un longe courbe ascendante à droite vers le sol. Les pilote du 26th FS n'eurent pas le temps de s'apitoyer sur le sors de leur malheureux camarade. Affairé à se libérer de l'emprise, des chasseurs nippons, le capitaine, le visage en nage, le souffle court, ne pouvait plus donner d'indications à la radio. le P40 n° 5, celui d'un autre nouveau, Samuel Fischer, tombait en flamme, la corolle d'un parachute descendit vers le sol à la suite de l'épave. Les yeux écarquillés à la recherche de ses poursuivants. Redfox eut un frisson dans le dos "Bon Dieu, on va se faire massacrer!" Un Ki43 le dépassa à plein vitesse. "J'y crois pas ils sont dans un phase de b&Z", ce n'est pourtant pas leur truc. Il observa avec plus d'attention le chasseur portant les Hinomaru. Il s'agissait visiblement d'un nouveau modèle. Il n'eut pas plus de temps pour réfléchir sur le sujet, car le chasseur japonais, criblés de balles, s'embrasa et tomba vers le sol. Redfox eut juste le temps d'apercevoir le mufle agressif d'un P40 passant plein gaz au ras de sa verrière.
- Et bien chef, pourriez pas vous annoncer lorsque vous êtes mal pris... c'est que j'ai failli vous descendre moi!
C'était Harry qui venait d'entrer dans la danse.
Redfox réalisa qu'il était effectivement resté muet pendant toute la phase de combat.. la brutalité de l'attaque ne lui avait pas permis de donner des instructions à ses pilotes, si ce n'était de piquer pour tenter d'échapper à l'essaim bourdonnant des chasseurs japonais.
Derrière lui, profitant de sa vitesse, le P40 de son coéquipier remontait vers le ciel.
- Attention capitaine, t' as un autre vicieux qui essayent de se placer, break droit, je vais essayer de l'aligner.
En dessus d'eux, c'était chacun pour soit. Les gars essayaient tant bien que mal d'échapper à l'emprise des chasseurs japonais. Mais à peine ils avaient réussi à éviter les tirs d'un premier appareil ennemi, qu'un deuxième apparaissait. C'était l'enfer!
Bientôt le moteur hurlant au travers des tuyères d'échappement, Harry arrivait à se placer dans les 6 heures du poursuivant de Redfox, mais le pilote japonais était loin d'être un manche et bientôt il breaka brusquement évitant de manière très subtil le tir du pilote américain.
Redfox libéré de son poursuivant, hurla dans son micro.
- Cap 235 pour tous on fonce plein gaz vers la base... allez... allez!
Mais c'était peine perdue. A part le Curtiss de Harry qui le couvrait, aucun pilote ne répondit. En dessous d'eux, de longues colonnes de fumée parsemaient la campagne chinoise...
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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:29

Harry repris.
- Quelle merde Sir... faut aviser la base rapidement, il n'est pas normal que des chasseurs japs soient aussi éloignés de la ligne de front et combattent aussi longtemps...ils doivent avoir une base plus proche de nous.
Redfox s'emporta:
- Ouai c'est bon, j'ai vu ça... ici red Leader à base K11, vous me recevez?
La voix du technicien radio répondit par l'affirmative. Redfox expliqua rapidement la situation. La suite du retour se déroula dans un lourd silence pour les deux pilotes américains. Bientôt un groupe de 6 P40 mené tambour battant par le Lt-colonel Bellow vint à leur rencontre. Cbal interpella Redfox
- Rentrez ravitailler... vous reviendrez plus tard, avec les deux groupes de réserve. Bonne chance.
Bientôt les deux Curtiss se posèrent à Kweillin.
Le capitaine descendit de son avion, il était blanc. Harry s'approcha
- Nom de dieu Harry... tu te rends compte... l'effectif au complet y est passé...c'est de ma faute, je regardais le paysage... putain c'est de ma faute.
Harry l'empoigna par l'épaule.
- Allez secoues-toi Red, ils étaient au moins 20, ils étaient plus hauts! Que voulais-tu faire? tes gars avaient aucune chance et si je n'avais pas eut mon problème au démarrage, on faisait partie du lot tous les deux également.
Redfox se tenait la tête.
- Oui.. tu as sans doute raison... mais tu te rends compte... l'effectif complet ... 6 avions au tas et les pilotes?
Harry reprit la voix la plus rassurante possible.
- Au moins trois on put sauter, j'ai vu au moins trois parachutes. Ils sont derrière nos lignes, les chinois les ramèneront rapidement... allez fais par cette gueule... dans 10 minutes on reprend l'air, faut que tu sois en forme...prends une cigarette.
Les deux hommes s'éloignèrent et pendant que les mécaniciens s'affairaient autour des deux chasseurs, il s'installèrent sur le pont d'un camion, fumant la main tremblante leur cigarette.
Redfox reprit.
- Tu te rends compte que c'est la deuxième fois que je vis ça après Corregidor... mais quand est-ce qu'on va enfin arrêter ces diables de Japonais? Quand est-ce que nous pourrons enfin leur rendre la monnaie de leur pièce? Bon sang Harry, la chance ne sera pas toujours de mon côté... arrivera un jour où j'irais rejoindre Smith et tous les autres en cramant dans mon zing...
Harry lui tendit une deuxième cigarette et il sortit de sa poche une topette en acier poli.
- Tenez... ça fait un moment que je la traîne avec moi... j'ai toujours eu peur d'être en manque, mais là ça va, alors je vous en faits cadeaux... c'est du bourbon du Kentucky... du vrai.
Redfox regarda le flacon avec lassitude. Il l'empoigna et en but une grosse gorgée...
- A la chance alors!
A Kweillin la situation devient préoccupante. L'armée japonaise a lancé une offensive de grand style. Défonçant la ligne de front sur plusieurs dizaine de kilomètres. Les forces du Général Matsui progressent maintenant vers le Nord bousculant les forces de Tchang Kaitchek. Du côté du 26th FG, la situation devient pénible, les missions d'attaque au sol se succèdent; la route de Birmanie est survolée au quotidien et les convois japonais; régulièrement mitraillés, mais à quel prix? Les plus jeunes sont les plus vulnérables. La chasse japonaise récemment équipée de nouveaux chasseurs "Oscar" a comblé le léger avantage que les Curtiss avaient en vitesse et en piqué. C'est ainsi qu'après six jours de combats intensifs, le Lt-Colonel Bellow quitte, fourbu, l'habitacle de son P40. C'est sa troisième mission de journée. Le vol est long jusqu'à la fameuse route de Birmanie. Le réservoir additionnel étant obligatoire, ils ne peuvent pas transporter de bombes. Auparavant, les attaques se faisaient toujours en colonne, en remontant la route serpentant au travers de la jungle. Cette formation les rendant très vulnérables à la DCA. Bellow a revu sa tactique en faisant attaquer ses chasseurs de part et d'autre du convoi pour obliger la défense antiaérienne ennemie à se disperser. Le risque de collision est grand et le drame a été frôlé à deux reprises déjà. A pratiquement chaque sortie, les Sentai japonais sont de la partie. Le patron du 26th FG laisse toujours deux chasseurs en couverture haute, fort heureusement d'ailleurs, car cela les a déjà sauvés quelque fois. Pourtant l'effectif fond, il faut beaucoup de temps pour faire venir de nouveaux pilotes depuis les Indes et son groupe n'est pas le seul à réclamer des renforts. Il y a aussi le problème des pièces de rechange. Les mécaniciens réalisent des miracles en bricolant avec des pièces d'avions japonais ou de camions russes Zis.
La fatigue et la malnutrition rendent les pilotes de mauvaise humeur. Bellow a de plus en plus de mal à tenir un semblant de discipline. Il peut heureusement compter sur son second, le capitaine Redfox, mais ce dernier est devenu taciturne. Le visage fermé, il ne sourit plus. Terminées les grandes séances de rigolades au mess avec DFN ou Harry. Les pertes importantes du groupe pèsent sur son moral.
Silencieusement le Lt-Colonel rejoint le petit groupe de pilotes qui, après avoir remis leur avion aux mécaniciens, marchent lentement vers le dispersal. Le jeune Toni Jackson manque, abattu par un Oscar à basse altitude alors qu'il peinait à rejoindre la formation. Tout le monde l'a entendu paniquer et hurler à la radio, avant qu'un grand silence, ponctué d'un "salaud de japs!" sourd, avait raisonné dans les écouteurs. D'une voix monocorde, Bellow avait donné le cap retour. Harry et Vyl qui étaient en couverture haute avaient chacun abattu un chasseur ennemi, mais même si les victoires continuaient d'être comptabilisées, l'ambiance n'était pas à la fête. Les pilotes font leur rapport habituel, puis, ils vont se changer avant de prendre une longue douche et finalement rejoindre le mess pour un repas rapide accompagné d'une bière ou d'un thé. Le rythme des missions ne permet pas de passer de longues soirées au bar. En général, vers 21h00 les pilotes se retirent gentiment pour écrire ou se coucher.
Le 26th FG compte encore quatorze pilotes plus ou moins en santé et 11 appareils plus ou moins en état de vol.
Fatigués, son parachute à bout de bras, traînant les pieds dans la poussière, Jack "Vylsain" Sant-Angelo, grommelle:
- Pauvre Toni... il n'avait pas la moindre chance... j'aurais dû voir qu'il était à la traîne... j'aurais pu...
Redfox lui coupe la parole.
- Laisses tomber Jack, on a fait ce qu'on a pu... tous. S'il était resté calme et avait écouté le patron, il serait avec nous maintenant.
Vyl reprit grinçant.
- Ouai ... tu veux que je te dise, il n'aurait même pas dû être là. C'était une connerie de l'envoyer faire une mission de cette longueur. Ca devient n'importe quoi...
Le Capitaine s'efforça de rester calme.
- N'en rajoute pas tu veux. C'est comme ça pour tout le monde, y compris pour les nouveaux. Il n'y a pas de discussions, c'est chacun son tour, sauf pour Bellow, Harry, DFN et moi qui nous nous tapons chaque sortie. Alors tu la fermes compris.
Sant-Angelo, s'arrêta et lança son parachute sur le sol d'un geste rageur.
- Ouai... c'est ça, tu la ferme... tu la ferme et tu crèves... voilà tout ce qu'on a le droit de faire ici! Tu soutiens aveuglement le colon, qu'il t'enverrait remuer la merde des chiottes à mains nues que t'irais avec le sourire en répondant "oui chef, oui! J'y vais!". On nous envoie à des centaines de bornes mitrailler une putain de route qu'on sait même pas à quoi ça sert. Tu veux que je te dise Red? Et bien moi j'en ai ma claque de vos saloperies de missions de mitraillage. Je suis pilote de chasse nom de Dieu! Pas gibier. Si j'avais voulu me faire canarder comme un lapin, je serais devenu pilote de bombardiers ou de SBD dans le Pacifique!
Laissant le reste des pilotes pantois, il s'éloigne d'un pas rageur, abandonnant son matériel à même le sol, en direction des cantonnements. Redfox qui s'apprête à le suivre est retenu par Bellow.
- Laisses Red... laisses... je vais lui parler. C'est normal, on est tous au bout du rouleau.
Bellow s'éloigna en s'efforçant de sourire.
- Allez les gars, filez au contrôle annoncer le résultat de vos missions. On se retrouve au mess pour une bière bien fraîche.
Harry s'approcha du Capitaine et lui posa sa main sur l'épaule.
- Allez vient Captain, on va faire valider nos trous dans l'air.
Puis s'adressant à toute l'assistance
- Et ensuite je vous offre une tournée générale d'eau chaude.... mmmh un bon p'tit thé fumé chinois.
Il extirpa triomphant d'une poche de sa combinaison de vol, un petit sachet en tissu qu'il promena sous le nez de Redfox et Rhamirez.
- Sentez-moi ce nectar! Hein que ça vous fait envie? Allez hop je vous invite à fêter ma "jenesaisplus combientième putain de victoire" au mess.
Les gars secouaient la tête en riant.
Redfox lui donna une claque sur l'épaule.
- Ouai et moi j'invite Carpenter pour un slow. Son parfum à la naphtaline me fera oublier toute cette merde!
La rigolade s'intensifia.
Tout ce brouhaha attira l'attention du bon docteur Carpenter dont la tête ornée de bigoudis apparut à la fenêtre de l'infirmerie.
- Lt Harry! Vous avez de nouveau oublié votre médicament contre le paludisme ce matin. Alors vous rappliquez tout de suite où je vous renvoie dard dard dans vos pénates!
Harry fit la grimace.
- Aïe, c'est parti, je vais en prendre pour mon matricule de nouveau.
Il soupira.
- Bon quand faut y aller... faut y aller! Souhaitez-moi bonne chance les gars.
Quelques grivoiseries émanèrent de ses camarades.
Avant d'entrer dans l'infirmerie, Harry se retourna l'index le majeur dressé:
- Oh... hé... les gars, le premiers qui fait encore un commentaire à la con... il n'aura pas droit au thé!
A l'intérieur, une voix le rappelait à l'ordre.
- Alors vous venez ou vous organisez un débriefing sur mon pas de porte?
Harry pénétra dans la salle de soin. En passant devant la porte de la chambre principale, il aperçu le pauvre lt Hering couché dans son lit, le corps bardé de pansements couvrant ses brûlures. Le blessé lui fit un petit signe amical de sa main valide, il pouvait à peine parler.
- ...lut Harry! a va?
Harry s'arrêta sur le pas de porte. Appuyé contre le chambranle, il discuta deux mots avec son camarade.
- Ouai ça va, on a pulvérisé trois convois aujourd'hui et au moins 4 avions japs sont allés au tapis.
Le blessé esquissa un sourire.
- Bien... bien. Des pertes?
Harry resta un instant silencieux, Jackson était de la même volée qu'Hering, tous deux étaient arrivés ensemble à Kweillin. Hering reprit:
-... pas la peine de m'en dire plus Harry, j'ai entendu Vyl gueulé avant... pauvre Toni. J'espère qu'il n'a pas trop souffert.
Harry, la gorge serrée, réentendait les hurlements du pauvre Jackson.
- Non... non... il n'a rien vu venir. Il s'est écrasé dans la jungle, il est mort sur le coup...
Hering baissa le regard, un larme perla sur sa joue avant d'être pompée par le coton de son pansement.
Harry murmura:
- Ils paieront ... ils paieront je te jure.
Il se retourna et sorti sans un mot. Il rejoint Carpenter qui savait se montrer conciliante quand il le fallait.
Sans un mot, Harry s'installa sur la chaise qu'elle lui avait préparée et tendit son bras sur la table d'opérations. Carpenter prit la seringue qu'elle planta d'un coup sec dans son épaule. Harry avait le regard fixe. Tout en injectant doucement le produit. Elle lui parla d'un voix douce:
- Vous ne devez pas craquer Harry, vous m'entendez? Vous ne devez pas craquer. Les nouveaux pilotes ont besoin de vétérans comme vous, comme Bellow, DFN ou Redfox. Si l'un d'entres-vous se laisse aller, alors ça sera la fin de ce groupe de chasse.
Elle retira d'un coup sec la seringue et apposa rapidement un petit coton pour absorber la goutte de sang qui perlait.
Harry la fixa dans les yeux:
- Et vous pensez que ce que nous faisons est juste? Lieutenant?
Carpenter rangea le matériel d'injection. Elle regarda le pilote des AVG:
- Vous savez... tous les hommes de cette terre ont leur défauts, leurs faiblesses et leurs qualités. Tous les hommes de cette terre ont un seuil de tolérance à la douleur et aux difficultés de la vie. En ce qui concerne Bellow, DFN, Redfox et vous, je pense que ce seuil est bien au-delà de la normale. Vous en avez bien trop vu ces deux dernières années pour craquer au premier coup dur. Par contre, là je vous avoue que je suis inquiète Harry. La situation empire de jour en jour. Vous ne l'avez pas remarqué encore, mais la vie des gars de cette escadrille est avant tributaire de vos comportements à chacun. Si l'un d'entres-vous craque, alors tout s'effondrera.
Harry la regardait inquiet.
Elle lui donna une claque dans le dos et reprit son ton habituel:
- Allez hop Lieutenant! Pas besoin de me regarder avec vos yeux de merlan frits! Je sais bien à quoi vous pensez! Vous pouvez oublier, ça restera un fantasme!
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Message par 615sqn_Harry Mer 14 Mar 2007 - 1:29

Harry contemplait sa coiffure ornée de bigoudis et il éclata d'un immense rire.
- Et bien merde alors toubib! Vous êtes une perle formidable, par contre je peux vous rassurer! Si quelqu'un à des fantasmes ici, c'est pas moi, mais bien vous qui n'en pouvez plus de voir ces beaux pilotes dans leur uniforme sexy...
Et il se sauva sous un flot de paroles aimables et le jet d'un bassin réniforme.
Au mess, les cris du Lt Carpenter se firent entendre et les pilotes, le visage hilare eurent juste le temps de s'approche de la fenêtre pour apercevoir le Lt Harry quitter précipitamment l'infirmerie, se retourner faire une courbette au Lt Carpenter qui continuait de l'invectiver debout sur le pas de porte, une main sur la hanche et l'autre tournoyant menaçante au-dessus de sa tête.
Lorsque Harry entra dans le mess tout essoufflé, Redfox qui faisait semblant de ne pas l'avoir vu, dit à ses camarades:
- Vous verrez qu'un jour on mariera Harry et Carpenter.
L'assistance parti d'un grand rire.
- Espèce de faux frère, le premier qui l'a invitée pour un slow c'est pas moi! Allez, alors qui en veut du thé? Barman! thé spécial pour tout le monde! Sauf pour moi comme d'hab.
Bientôt tous les pilotes du 26ème se pressaient autour du bar. Discutant des combats de la journée et des tactiques qu'ils allaient appliquer lors des prochaines missions.
La soirée se termina tard dans la fumée des cigarettes et des barreaux de chaise de Redfox et Harry!
Je suis désolé Bellow...
Le Colonel était assis, pensif au fond de sa chaise les bras ballants de part et d'autre des appuis-coudes. Il rétorqua sur un ton qu'il s'efforça d'être le plus poli possible.
- Vous vous rendez compte que cela fait maintenant quatre mois et demi qu'on est là mon général? Deux mois et demi que mon groupe laminé par les japs, la malaria et autres vermines attends la relève et ne rêve qu d'une chose... rentrer chez lui.
Le Général Stilwell se leva en lissant le devant de son uniforme d'été.
- Je sais Colonel, je sais. Mais ici, rien n'est comme ailleurs. Vous ne faites pas une guerre traditionnelle, mais vous menez un guérilla. Une relève complète impliquerait un très lourd investissement en matière de formation. Vous aurez 13 nouveaux pilotes...
Bellow répondit dubitatif:
- Treize nouveaux pilotes? Pfff un tas de ruffians sortis de je ne sais quel pénitencier de l'armée et dont aucune escadre ne voulait! Et les avions, et les pièces de rechange, qu'est-ce qu'ils vont piloter mes nouvelles superstars? Des bicyclettes réquisitionnées aux Chinois?
Le Général apprécia moyennement l'allusion.
- Je vous en prie Colonel! Laissez-moi finir, vous aurez de nouveaux appareils. Et puis quoi, avez-vous déjà pensé aux fantassins de Wingate qui crapahutent dans la boue de la jungle...
Bellow s'était levé et tremblant se servait un tasse de thé répondit:
- Oui... j'y pense bien sûr et aux Japonais de la gare de Midkina qu'on a rasée l'autre jour à coup de 500 livres, j''y pense aussi, oulala qu'est-ce qu'ils ont dû avoir mal les bridés, vraiment ils ont eu moins de chance que nous...
Stilwell s'emporta:
- Vous m'énervez Bellow, on ne peut jamais discuter avec vous, faut toujours que vous fassiez vos foutus commentaires. Vous vous croyez où? En vacances? C'est la guerre, et je vous rappelle que c'est vous qui n'avez plus voulu de ce poste à San Diego, c'est vous qui est allé trouver Arnold pour qu'il vous sorte de "là". Alors, on vous trouve une place de commandant d'escadrille en Birmanie et maintenant que vous y êtes, vous voulez réintégrer votre bureau? Allons Colonel vous pourriez être conséquent avec vous-même!
A son tour Bellow leva le ton:
- Conséquent avec moi-même??? Vous en avez de bonnes vous! Alors que partout ailleurs où les conditions de vie sont bien plus faciles, l'état-major de l'USAAF s'emploie à relever tous les deux mois ses pilotes, nous, les couillons de services en Birmanie qui nous tapons en plus des Japs, la malaria et toutes les autres saloperies dont vous n'avez même pas idée, on a qu'un droit; rester ici jusqu'à ce que mort s'en suive! Oui parce que vous n'êtes même pas foutu de nous dire quand est-ce qu'on pourra enfin rentrer! Alors vous voyez pour ce qui est d'être conséquent avec sois-même.... pfuiiiit.
Il ponctua les derniers mots de sa phrase par un bras d'honneur
Stilwell soupira et s'essaya lourdement.
- Bon écoutez Bellow... on va arrêter de s'engueuler... je savais que cette nouvelle n'allait pas vous plaire et qu'elle plaira encore moins à vos pilotes. Mais de toute façon ça n'y changera rien, vous devez rester, c'est un ordre de l'état-major, il y a une raison. Wingate fait marche arrière, ses Chindits et ses Gurkas sont au bout du rouleau. C'est important que l'on maintienne la pression sur le secteur couvert par Wingate pendant qu'on prépare une nouvelle offensive et l'aviation doit y prendre une part importante...
A l'extérieur un brouhaha se faisait entendre. Alors que Bellow ne semblait pas y prêter attention, tout en continuant de parler, Stilwell s'était approché de la fenêtre et écarta les persiennes.
- ... vous irez en deux groupes à Mingaladon pour récupérer vos renforts et 32 A-36...
Il s'interrompit quelques secondes, fronçant les sourcils il se pencha un peu plus vers la fenêtre et reprit sur un ton dubitatif:
- Dites-moi Colonel, saviez-vous qu'il y a deux hommes tout nus qui court près du mess?
Cbal qui était encore dans ses pensées répondit évasivement:
- Ben quoi ... qu'est-ce que vous voulez que ça me foute... ils ont sans doute trop chaud...
Il se leva quand même et s'approcha de la fenêtre. Il y vit un spectacle plutôt cocasse. Le Cpt Redfox et le Lt Harry, juste vêtus de leurs chaussures et de leur casquette tentaient tant bien que mal de rejoindre leur tente au pas de course tenant d'une main des habits et de l'autre, empêchant leur couvre-chef de s'envoler. Plus loin, depuis le pas de porte de son infirmerie, trottinant sur ses courtes jambes tout en vociférant, le Dr. Carpenter avait délaissé un jet d'eau avec lequel elle avait visiblement arrosé les deux fuyards et empoigné une mitraillette Thompson dont elle lâcha une courte rafale en l'air.
Stilwell se tassa sur lui-même:
- Mais qui sont ces fous?
Impassible, le sourire goguenard, Cbal répondit:
- Et bien le plus petit des nudistes, c'est le capitaine Redfox, mon second, et l'autre, le long escogriffe, c'est le Lt Harry, un ancien à Chennault. Et là bas... jouant avec la mitraillette c'est... ah ben elle s'approche d'ailleurs de mon bureau, vous allez pouvoir faire connaissance avec ...
En même temps Carpenter fit irruption dans le bureau. La porte s'ouvrit avec fracas, la mitraillette au poing, sans remarquer l'illustre visiteur du chef d'escadrille qui s'écarta imperceptiblement de la ligne de tir, elle s'approcha dégoulinante de transpiration. Bellow termina sa phrase:
- ... le Lt Carpenter, médecin de la base, par ailleurs fort compétent.
Carpenter reprenait son souffle avec peine. Elle avait quelques difficultés pour parler clairement et chaque mot était précédé d'un petit sifflement émanant de sa gorge. Elle se laissa tomber lourdement sur la chaise précédemment occupée par le Général:
- Mon Colonel! Ils l'ont fait! Les saligauds, les dépravés! ILS L'ONT FAIT... et dans mon hôpital en plus... presque sous mes yeux! J'exige ... j'exige la court martiale...
Bellow ouvrit de grand yeux étonnés:
- Mais... mais quoi donc Carpenter? Ce doit être très grave pour solliciter une pareille sentence?
Le brave médecin se leva, les yeux exorbités et l'index en l'air s'apprêta à fournir moult détails du comportement erratique des deux pilotes et de visiblement de celui de deux de ses infirmières..
- Et bien ... ils ont... ils ont fait ... des ... des choses avec Suzanne ... et... et Leslie aussi... heu enfin le Caporal Lewis et le soldat Stevenson ... fort heureusement dans deux chambres séparées, mais des chambres d'hôpital Colonel.... Jésus Marie... il sera dit que j'aurais dû tout vivre ici... aaaah ce Harry et puis le petit là, son copain, le Capitaine Redfox qui ne l'aimait pas au début.... Harry je peux encore comprendre.... mais Redfox! Un garçon de l'Arkansas si bien éduqué si poli... c'est ce Harry qui l'a entraîné! J'en suis sûr, il est incontrôlable. Il faut le fusiller!
Elle serait entre ses doigts potelés la redoutable Thompson comme si elle tenait un crucifix.
Indiquant du chef l'arme le regard inquiet, Bellow tenta de la calmer un peu.
- Heu.. attention là avec vos doigt, serrez pas trop du côté de la détente, j'ai pas envie de passer par les armes...et puis mon toit qui est enfin étanche...
Reniflant gras, Carpenter lâcha enfin son arquebuse qu'elle appuya contre le bureau.
Bellow s'amusait de cette situation, tout autant que Stilwell que Carpenter n'avait toujours pas vu. Cbal reprit l'air innocent:
- Alors Carpenter, dites-moi, je ne sais toujours par ce qu'ils ont fait?
Le brave docteur avait sorti un gros mouchoir avec lequel elle se tamponnait le front.
- Comment est-ce que je vais regarder ces deux filles maintenant qu'elles ont forniqué, hein? Aaaah, les dépravées, mais je suis sûr que vos deux pilotes sont à l'origine de cette dérive... que Dieu me protège...
Elle se signa prestement une nouvelle fois.
Bellow essayait de contenir un fou rire qu'il transformait en toux quand cela devenait trop flagrant qu'il allait exploser de rire. Il reprit le plus sérieusement possible.
- Si j'en crois ce que j'ai vu.... pffff.... ils.... ils l'ont fait avec leurs chaussures?
Carpenter explosa:
- Oui.... avec leurs chaussures aux pieds et même... même qu'ils avaient leur casquette..
Bellow avait de plus en plus de peine à se retenir. Le médecin le regardait l'air méfiant.
- Dites ce n'est quand même pas un sourire que je vois s'esquisser sur votre visage là?
Le Colonel se racla la gorge et se rattrapa:
- Nooon, pas la moins du monde Docteur, allons allons calmez-vous.
S'adressant à Stilwell:
- Mon général, puis-je vous suggérer de servir un petit digestif au Docteur? Juste derrière vous, au-dessus de la machine à écrire, il y a une bouteille pour les moments difficiles.
Amusé le Général prit la bouteille et servi un verre remplit à ras bord. Affalée sur la chaise, les jambes tendu en avant, le Lt Carpenter accepta le verre qu'elle s'apprêtait à écluser d'un seul geste quand, le dos tourné à Stilwell, elle fixa Bellow, le regard inquiet.
- Mon Colonel.. dites-moi que je rêve... mais il me semble bien avoir vu un général derrière moi?
Cbal rigola doucement:
- Non non Carpenter, vous vous pouvez sans autre vous retourner et saluer notre chef de l'USAAF du front BCI, le Général Stilwell.
Carpenter semblait quelque peu hésitante:
- Oh Nom de Dieu!
Et elle vida le contenu de son verre d'un coup sec. Elle ramassa d'un geste prompt sa mitraillette dont la crosse en hêtre était aussi encaustiquée que les poignées de porte de son hôpital. Elle fit demi-tour s'arrêta à la hauteur de Stilwell qu'elle dévisagea une seconde:
- Vous avez raison mon colonel... c'est bien un général.
Le yeux fixes, elle donna deux petites tapes sur l'épaule gauche de Stillwell et murmurant:
- ... c'est bien un général....
Elle quitta le bureau les épaules voûtées. S'arrêtant sur le pas de porte elle se retourna une dernière fois l'index menaçant:
- Et la prochaine fois qu'ils viennent faire étalage de leur zizi chez moi, je les descends personnellement...
Et elle ferma la porte d'un coup sec.
Stilwell soupira:
- Et bien ... vous avez une sacré équipe Cbal... si vous permettez, je vais également me servir un verre...
Joignant le geste à la parole il remplit deux verres.
- Santé Colonel... je vous ferais parvenir une bouteille depuis les Indes... promis.
Son verre vidé, le Général ajusta sa casquette et ses lunettes de soleil et s'apprêta à partir à son tour. Il était pensif:
- Ecoutez Colonel...allez chercher les A-36 à Mingaladon. Vos pilotes sont tous aguerris, la conversion ne prendra pas beaucoup de temps. Les renforts sont déjà formés... j'aimerais que dans deux semaines vous soyez opérationnels... vous pensez que ça soit possible?
Le Colonel Bellow était fatigué il eut un geste de découragement:
- Pfff ... comme si on avait le choix... bien sûr que nous serons opérationnels dans deux semaines Sir .... et nos vieux P40 on en fait quoi?
- Tous les avions en état de vol devront être rapatrié en deux fois à Mingaladon, de sorte à conserver un groupe opérationnel quoi qu'il arrive, ensuite vos anciens appareils seront engagés en deuxième ligne au 80th FG qui est basé aux Indes.
Quelques minutes plus tard, alors que Stilwell s'apprêtait à monter dans le DC3 il interpella Bellow:
- Ecoutez Colonel, les A36 sont excellents. Tous ceux qui ont eut cet avion en main en pensent le plus grand bien. Vous ne serez pas déçu croyez-moi... tenez encore... disons jusqu'à fin mai. Ensuite, vous avez ma parole que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous sortir de là vous et votre groupe. Ca vous va comme ça?
Cbal ne savait plus trop à quel saint se vouer.
- Comme je vous l'ai dit mon Général, je n'ai pas le choix... pour les Mustang c'est vrai qu'on en dit beaucoup de bien. Pour la relève, vous dites fin mai, je vous crois, si je suis encore vivant nous verrons bien jusque là... Bon voyage mon Général.
- Vous survivrez Cbal... à bientôt!
Et la porte se ferma dans un claquement sec
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