Petite conversation quelque part dans la Ruhr...
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Petite conversation quelque part dans la Ruhr...
Automne 44. Aujourd'hui, mon Staffel, récemment converti sur Focke-Wulf Fw190D9, a participé à l'interception d'un groupe de bombardiers américains près de Wupperthal.
Le B17 que j'ai abattu a eu raison de mon moteur: il a stoppé net sous les impacts des 12,7. J'ai eu chaud: quelques projectiles ont aussi traversé les parois du fuselage et sont venus casser une partie de mes instruments. J'ai tenté plusieurs fois de redémarrer le Jumo, mais rien à faire: il a son compte...
Sur ma carte, il y a une base de secours à l'ouest de Wupperthal, je suis au sud de la ville que j'aperçois au loin. De grosses fumées noires montent de la zone industrielle, apparemment durement touchée par le bombardement.
Je suis en plané, maintenant à moins de 2000m, et à peine 300 km/h. Je comprends que je n'atteindrai pas la base de secours. Je regarde alors autour de moi: des champs, des forêts, quelques villages...bon dieu le sol arrive vite, il faut trouver un endroit propice. Je passe au-dessus d'une forêt: impossible d'atterrir, c'est la mort assurée. Je vire avec l'énergie qu'a encore mon D9: au sud de la forêt, quelques champs et prairies, des batiments de fermes, des arbres par-ci par là. Merde il y a trop d'arbres, si j'en percute un, c'est fini...
Je commence à ne plus trop avoir le choix; je choisis le coin le plus dégagé, sors les volets, tire doucement sur le manche...putain d'arbres, pourvu qu'il n'y en ait pas un sur ma trajectoire...
J'ejecte la verrière. Enfin, le sol approche, 280km/h, 250...impact. L'appareil laboure le sol, dérape à gauche, les pales d'hélice se tordent, le bruit et les secousses sont infernaux. Enfin il s'arrête, et une grosse fumée noire émane du moteur. J'évacue rapidement l'avion au cas où il prendrait feu, ou si un chasseur ennemi repère la fumée et vient me straffer. J'inspecte la machine: 2 gros trous noirs sur le côté gauche du capot moteur.
Reprenant un peu mes esprits et content d'être entier, je regarde autour de moi: il y a une ferme pas loin, des batiments épars, et...un type juché sur un tracteur, qui arrive vers moi.
C'est le propriétaire de la ferme, visiblement. Il s'approche et descend de son tracteur:
-alors mon gars, tu viens m'aider à labourer???
-désolé M'sieur, j'ai atterri où j'ai pu.
-bah, c'est pas grave. J'espère que les gars de la Luftwaffe viendront rapidement enlever ce machin au milieu de mon champ, çà va me gêner dans mon travail...
-si vous avez un téléphone, je peux contacter la base et les prévenir.
-ouais, on va faire çà. Allez monte sur le tracteur, t'as bien besoin d'un petit remontant.
On arrive au batiment principal de la ferme, bien propre, bien tenue, bien...allemande, quoi. La fermière sort, les bras levés au ciel:
-ben qu'est ce que c'est que ce raffut???
-c'est un avion qui s'est écrasé dans le grand champ derrière, explique le fermier, et je ramène le pilote.
-un pilote de la Luftwaffe?
-ben, qu'est ce que tu crois Greta? tu t'imagines quand même pas que j'aurais ramené à la maison un de ces foutus américains!!!
Rassurée par mon uniforme noir, la brave femme me fait entrer et assoir sur une chaise.
-faut pas se laisser aller mon bonhomme, qu'elle me dit, je m'en vas te chercher des wurzchens et du saucisson.
Pendant ce temps, le fermier attrape une bouteille de schnaps dans un placard et vient s'assoir près de moi, sort deux petits verres qu'il remplit à ras bord et m'en tend un:
-t'as bien besoin d'un remontant mon gars. Allez, avale çà.
Et il s'enfile son verre cul sec, je l'imite.
La fermière revient avec la charcuterie, et je mange de bon coeur.
-alors mon gars; c'est quoi ton nom?
-Tanzer, M'sieu, Kurt.
-Unterfeldwebel, hein? t'es un jeunot. Pas depuis longtemps dans l'armée...
-non, j'ai été affecté à une escadre de chasse au début de l'année.
-et çà, c'est une croix de fer hein? t'as déjà une croix de fer? t'as descendu des avions ennemis?
J'ai la bouche pleine et réponds comme je peux:
-mmmh...18, M'sieur...je crois.
-c'est bien mon gars. Heureusement que vous êtes là, contre ces satanés Terrorflieger à la solde des judéo-américains ou des communistes...
-mmmh...merci, M'sieur.
-tu crois que vous arriverez à les repousser?
-vous voulez...mmmh...la vérité?
-ben...oui!
-...non, je ne crois pas...ils sont trop nombreux.
Le brave gars regarde par terre, puis dit, d'un air désespéré:
-alors, l'Allemagne est foutue....
-bah...Hitler est foutu, oui. Mais l'Allemagne, elle survivra, vous verrez. Et un jour peut-être, encore plus forte qu'aujourd'hui, mais je crois qu'elle devra désormais être pacifique.
La fermière intervient:
-il nous avait tant promis! et aujourd'hui, toutes ces destructions, ces ruines, tous ces pauvres gens qui sont à la rue...quelle misère...
-Ah, cette guerre est un grand malheur (1), renchérit le fermier.
-oui, pour tout le monde, j'en ai peur. Je crois qu'il faudra qu'on en tire les leçons...quand on aura reconstruit l'Allemagne.
-çà, t'as bien raison. J'ai toujours dit qu'il ne faut pas écouter les politicards, il ne travaillent que pour leur propre compte. Ah, çà, quand ils nous promettaient monts et merveilles, tout le monde écoutait leurs discours en levant le bras bien haut... Saloperie de merde...et le Führer qu'est jamais venu apporter un mot de réconfort aux victimes des bombardements (2)... J'espère qu'il l'emportera pas au paradis.
-je ne sais pas. Cà risque d'aller vite maintenant; on a de moins en moins de carburant, les Américains arrivent, ils ne sont même pas à 100km à l'ouest.
-ouaip. Bon, allez, appelle ta base pour qu'il viennent m'enlever ton épave de mon champ. Faudra pas que çà traine, hein?
-je ferai de mon mieux, M'sieur.
Il se lève, et me dit:
-allez, j'm'en vas te ramener avec le camion. Elle est loin ta base?
-euh, non, je dirais 40 ou 50km au sud-ouest.
-ah, quand même! bon, allez grimpe. On y va.
Puis il s'adresse à sa femme:
-Greta, tu rentreras les bêtes! j'ai peur que ces saloperies de machines volantes (3) les affolent. Elles vont encore pas faire beaucoup de lait à ce rythme-là!
Enfin, le camion s'ébranle, et, après une bonne heure de route, voici la grande base. Les avions à réaction impressionnent beaucoup le fermier. Je retrouve les copains: Hammel, Freddy, Diabolo, Golgoth...sont là pour m'accueillir, et m'annoncent que Galland et quelques autres sont encore éparpillés dans la nature.
Le fermier repart, nous salue de la main, et nous lance:
-allez, bon courage, et bonne chance, les gars!
(1): en Allemand: "Ach, das Krieg! Gross Malheur!"
(2): véridique
(3): en Allemand, avion se dit: Flugzeug, soit littéralement: "machine volante".
Le B17 que j'ai abattu a eu raison de mon moteur: il a stoppé net sous les impacts des 12,7. J'ai eu chaud: quelques projectiles ont aussi traversé les parois du fuselage et sont venus casser une partie de mes instruments. J'ai tenté plusieurs fois de redémarrer le Jumo, mais rien à faire: il a son compte...
Sur ma carte, il y a une base de secours à l'ouest de Wupperthal, je suis au sud de la ville que j'aperçois au loin. De grosses fumées noires montent de la zone industrielle, apparemment durement touchée par le bombardement.
Je suis en plané, maintenant à moins de 2000m, et à peine 300 km/h. Je comprends que je n'atteindrai pas la base de secours. Je regarde alors autour de moi: des champs, des forêts, quelques villages...bon dieu le sol arrive vite, il faut trouver un endroit propice. Je passe au-dessus d'une forêt: impossible d'atterrir, c'est la mort assurée. Je vire avec l'énergie qu'a encore mon D9: au sud de la forêt, quelques champs et prairies, des batiments de fermes, des arbres par-ci par là. Merde il y a trop d'arbres, si j'en percute un, c'est fini...
Je commence à ne plus trop avoir le choix; je choisis le coin le plus dégagé, sors les volets, tire doucement sur le manche...putain d'arbres, pourvu qu'il n'y en ait pas un sur ma trajectoire...
J'ejecte la verrière. Enfin, le sol approche, 280km/h, 250...impact. L'appareil laboure le sol, dérape à gauche, les pales d'hélice se tordent, le bruit et les secousses sont infernaux. Enfin il s'arrête, et une grosse fumée noire émane du moteur. J'évacue rapidement l'avion au cas où il prendrait feu, ou si un chasseur ennemi repère la fumée et vient me straffer. J'inspecte la machine: 2 gros trous noirs sur le côté gauche du capot moteur.
Reprenant un peu mes esprits et content d'être entier, je regarde autour de moi: il y a une ferme pas loin, des batiments épars, et...un type juché sur un tracteur, qui arrive vers moi.
C'est le propriétaire de la ferme, visiblement. Il s'approche et descend de son tracteur:
-alors mon gars, tu viens m'aider à labourer???
-désolé M'sieur, j'ai atterri où j'ai pu.
-bah, c'est pas grave. J'espère que les gars de la Luftwaffe viendront rapidement enlever ce machin au milieu de mon champ, çà va me gêner dans mon travail...
-si vous avez un téléphone, je peux contacter la base et les prévenir.
-ouais, on va faire çà. Allez monte sur le tracteur, t'as bien besoin d'un petit remontant.
On arrive au batiment principal de la ferme, bien propre, bien tenue, bien...allemande, quoi. La fermière sort, les bras levés au ciel:
-ben qu'est ce que c'est que ce raffut???
-c'est un avion qui s'est écrasé dans le grand champ derrière, explique le fermier, et je ramène le pilote.
-un pilote de la Luftwaffe?
-ben, qu'est ce que tu crois Greta? tu t'imagines quand même pas que j'aurais ramené à la maison un de ces foutus américains!!!
Rassurée par mon uniforme noir, la brave femme me fait entrer et assoir sur une chaise.
-faut pas se laisser aller mon bonhomme, qu'elle me dit, je m'en vas te chercher des wurzchens et du saucisson.
Pendant ce temps, le fermier attrape une bouteille de schnaps dans un placard et vient s'assoir près de moi, sort deux petits verres qu'il remplit à ras bord et m'en tend un:
-t'as bien besoin d'un remontant mon gars. Allez, avale çà.
Et il s'enfile son verre cul sec, je l'imite.
La fermière revient avec la charcuterie, et je mange de bon coeur.
-alors mon gars; c'est quoi ton nom?
-Tanzer, M'sieu, Kurt.
-Unterfeldwebel, hein? t'es un jeunot. Pas depuis longtemps dans l'armée...
-non, j'ai été affecté à une escadre de chasse au début de l'année.
-et çà, c'est une croix de fer hein? t'as déjà une croix de fer? t'as descendu des avions ennemis?
J'ai la bouche pleine et réponds comme je peux:
-mmmh...18, M'sieur...je crois.
-c'est bien mon gars. Heureusement que vous êtes là, contre ces satanés Terrorflieger à la solde des judéo-américains ou des communistes...
-mmmh...merci, M'sieur.
-tu crois que vous arriverez à les repousser?
-vous voulez...mmmh...la vérité?
-ben...oui!
-...non, je ne crois pas...ils sont trop nombreux.
Le brave gars regarde par terre, puis dit, d'un air désespéré:
-alors, l'Allemagne est foutue....
-bah...Hitler est foutu, oui. Mais l'Allemagne, elle survivra, vous verrez. Et un jour peut-être, encore plus forte qu'aujourd'hui, mais je crois qu'elle devra désormais être pacifique.
La fermière intervient:
-il nous avait tant promis! et aujourd'hui, toutes ces destructions, ces ruines, tous ces pauvres gens qui sont à la rue...quelle misère...
-Ah, cette guerre est un grand malheur (1), renchérit le fermier.
-oui, pour tout le monde, j'en ai peur. Je crois qu'il faudra qu'on en tire les leçons...quand on aura reconstruit l'Allemagne.
-çà, t'as bien raison. J'ai toujours dit qu'il ne faut pas écouter les politicards, il ne travaillent que pour leur propre compte. Ah, çà, quand ils nous promettaient monts et merveilles, tout le monde écoutait leurs discours en levant le bras bien haut... Saloperie de merde...et le Führer qu'est jamais venu apporter un mot de réconfort aux victimes des bombardements (2)... J'espère qu'il l'emportera pas au paradis.
-je ne sais pas. Cà risque d'aller vite maintenant; on a de moins en moins de carburant, les Américains arrivent, ils ne sont même pas à 100km à l'ouest.
-ouaip. Bon, allez, appelle ta base pour qu'il viennent m'enlever ton épave de mon champ. Faudra pas que çà traine, hein?
-je ferai de mon mieux, M'sieur.
Il se lève, et me dit:
-allez, j'm'en vas te ramener avec le camion. Elle est loin ta base?
-euh, non, je dirais 40 ou 50km au sud-ouest.
-ah, quand même! bon, allez grimpe. On y va.
Puis il s'adresse à sa femme:
-Greta, tu rentreras les bêtes! j'ai peur que ces saloperies de machines volantes (3) les affolent. Elles vont encore pas faire beaucoup de lait à ce rythme-là!
Enfin, le camion s'ébranle, et, après une bonne heure de route, voici la grande base. Les avions à réaction impressionnent beaucoup le fermier. Je retrouve les copains: Hammel, Freddy, Diabolo, Golgoth...sont là pour m'accueillir, et m'annoncent que Galland et quelques autres sont encore éparpillés dans la nature.
Le fermier repart, nous salue de la main, et nous lance:
-allez, bon courage, et bonne chance, les gars!
(1): en Allemand: "Ach, das Krieg! Gross Malheur!"
(2): véridique
(3): en Allemand, avion se dit: Flugzeug, soit littéralement: "machine volante".
Invité- Invité
Re: Petite conversation quelque part dans la Ruhr...
Dit à ton paysan de préparer "du alaïl" on arrive...... :)
Re: Petite conversation quelque part dans la Ruhr...
Je ne compte pas me retrouver dans le champ d'une ferme à chaque mission, mais je peux te dire qu'on va bouffer tout le "àlaïl" et siffler tout le schnaps avant que vous arriviez, on vous en laissera pas!!
Non mais, bande d'envahisseurs!!
Non mais, bande d'envahisseurs!!
Invité- Invité
Re: Petite conversation quelque part dans la Ruhr...
RTA_Redfox a écrit:Dit à ton paysan de préparer "du alaïl" on arrive...... :)
"und fin rouge !"
615sqn_William- Squadron Leader
- Nombre de messages : 1885
Age : 35
Localisation : A défilement de tourelle
Date d'inscription : 26/10/2005
Re: Petite conversation quelque part dans la Ruhr...
III/JG26_Tanzer a écrit:Je ne compte pas me retrouver dans le champ d'une ferme à chaque mission, mais je peux te dire qu'on va bouffer tout le "àlaïl" et siffler tout le schnaps avant que vous arriviez, on vous en laissera pas!!
Non mais, bande d'envahisseurs!!
Fallait pas commencer
Re: Petite conversation quelque part dans la Ruhr...
Tu as 1000 fois raison Redfox. Mon post est un peu pour illustrer comment la crédulité des braves gens peut être abusée par des politiciens dévorés d'ambition. Au début, les Allemands pensaient faire le "bien", libérer du joug Tchècoslovaque les Sudètes ou les minorités allemandes de Pologne comme à Dantzig. Mais Hitler avait bien d'autres ambitions, qu'il leur a cachées le plus longtemps possible.
Il ne faut pas écouter les politiciens.
Je me suis aussi amusé avec le personnage du paysan que la présence du D9 dans son champ emmerde bien. Tu imagines si tu retrouvais un D9 dans ton jardin??? 'tain, moi je serais prêt à faire n'importe quoi pour le garder et le faire voler à nouveau!!
Il ne faut pas écouter les politiciens.
Je me suis aussi amusé avec le personnage du paysan que la présence du D9 dans son champ emmerde bien. Tu imagines si tu retrouvais un D9 dans ton jardin??? 'tain, moi je serais prêt à faire n'importe quoi pour le garder et le faire voler à nouveau!!
Invité- Invité
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